Rosie prit les devant, demandant aux passants où trouver un navire. On lui indiqua bien vite une embarcation de taille suffisante pour transporter la petite expédition. Une femme aux airs de pirate les interpella depuis le pont, demandant ce qu'ils voulaient faire dans les contrées du sud, qu'elle savait ravagées par la guerre.
Soulager de retrouver un but, Azra s'avança. Il ne connaissait rien aux navire, et nul doute que celui-ci ne pourrait pas contenir une armée si le seigneur d'Andel'Ys venait avec eux. Mais après tout, il pourrait bien se trouver des navires lui-même... donc cela devrait faire l'affaire.
Le jeune homme déclara sobrement.

« La guerre... c'est justement par là que nous allons. Si la destination vous fait peur, vous pourrez nous débarquer avant, mais nous devons de toute façon nous y rendre. Lorsque l'ennemi sera devant les portes de cette ville, il ne sera plus temps de l'arrêter... »

Une remarque prudente. Il attendait la réponse. Il n'avait aucune confiance en cette inconnue et préférait en apprendre plus avant de rentrer dans les détails...

Comme prévu et prévenu déjà par Fan-Ming, les hommes-pâles ne bougeraient pas leurs troupes pour sauvegarder une ville de magiciens. Cela rappelait à Marla le comportement de son peuple à plus grande échelle. Mais la guerre et les coups bas étaient permanents chez les shaakts, chez les créatures de la surface, il y en avait plus rarement. Puis les prisonniers, pourquoi confierait-il le contenu de ses geôles? Il risquait également que parmi eux se trouvent, des personnes ravies de sortir de leur prison et de retourner leurs lames contre Andrel'ys.

Mais une idée perfide fleurit dans l'esprit de la shaakt, Faerlynle s'agita dans sa gorge et son esprit, elle s'était mise à rire doucement.

Je n'ai jamais parlé de gracier les personnes se trouvant dans vos geôles. Mon peuple traitre ses prisonniers en esclave, nous les shaakts sommes connus pour obtenir ce que nous voulons par tous les moyens. Seulement les convaincre reviendrai à divulguer à un ennemi peut être déjà présent dans vos geôles. Le risque est encore plus grand si vous prisonniers ne sont pas de votre race. Ensuite leur promettre de ne plus rester en ce monde une fois la guerre finie risquerai de ne pas en satisfaire.

Marla se mit à fouiller dans les poches secrètes de son piwafwi et en sorti la petite fiole de poison en émettant un petit rire sonore. Elle la tint distinctement entre ses doigts montrant qu'il n'y avait pas de danger.

Pour accomplir correctement la tâche qui est mienne et frapper fort les forces ennemies, tout en respectant votre souhait de ne pas voir ces bandits se retourner contre vous, je vais devoir vous tuer.

Un sourire malin éclaira le visage de la prêtresse, elle allait devoir jouer prudemment et tout expliquer au général des homme-pâles. Elle s'empressa d'ajouter avant que quiconque ne bouge.

Cette fiole contient un poison issu de Yuimen, il provoque des démangeaisons extrêmes pour l'infecté, il se grattera jusqu'au sang, il n'est pas rare pour mon peuple d'utiliser de tel subterfuges. Ainsi, vous aurez l'occasion de me jetez dans vos prisons où je me mêlerai en toute discrétion avec les prisonniers. Dans quatre jours, vous me ferez sortir pour m'interroger ou torturer selon votre bon plaisir. On pourra organiser une évasion massive de vos prisons, comme je ne connais pas votre ville, je vous laisse le soin de diriger cette évasion dans un endroit...Adéquat pour tout le monde. Pas de perte pour vous.

Elle fit une pause, laissant juger le général du pour et du contre de l'idée. Elle allait prendre des risques, se faire passer pour un agent d'Oaxaca. Cela allait ravir plus d'un dans le groupe.

D'ailleurs, je tiens à votre discrétion sur ce projet général, je ne veux pas que quelqu'un soit au courant de ce...scénario...

Sa faera ne put s'empêcher d'approuver cette idée.

( Une belle toile Yathrin, j'aime beaucoup ton idée, je me demande comment tu vas faire si rien ne marche.)

(Je vais avoir besoin de toi Faerlynle...)

Sirop, en s'enfermant dans sa bulle de fantasmes, ne s'était pas rendu compte qu'il avait lentement dérivé vers l'arrière du groupe. Tout comme il ne s'était pas rendu compte de l'individu qui s'était approché de lui sans bruit. Ce dernier, parla d'une voix horriblement traînante et dégoûtante qui eut le mérite de sortir brutalement Sirop de ses projets mentaux. Celui-ci leva les yeux vers l'inconnu non sans tenter de dissimuler un mouvement de recul et répondit précipitamment, une main sur la poitrine :

"Pouh ! Vous m'avez fait peur, par Kubî... Pour répondre à votre question je suis de la race des Hobbits et m'appelle Sirop Papum de la comté de Shory, peut-être avez-vous déjà entendu parler de m..."

Alors il remarqua la pléthore d'effrayants ustensiles que le mariolle avait à son tablier et un instant plus tard, le sac dégoulinant de sang posé à ses pieds.
Ni une ni deux, le Hobbit se sentit soudain très mal entouré tandis qu'une vague de stress commençait à faire battre son petit cœur à toute allure.

"Ç...Ça c'est du matos ! Vous êtes barbier ou un truc du genre ?" demanda-t-il, avec sur le visage, le sourire le plus forcé de la création.

Il pointa ensuite fébrilement du doigt le lugubre sac et déglutit difficilement :

"Chasseur, peut-être ?"

J’avais tout dévoilé en prenant bien soin de lui expliquer que nous leur apportions notre aide et non l’inverse. Cette façon de voir les choses ne constituait pas un mensonge puisque la ville d’AndelY’s serait sans aucun doute la cible de la troupe d’Oaxaca lorsque celle-ci aurait dévasté le sud de Aliéanon. Il était donc à mon avis dans leur intérêt d’aider les habitants du sud à stopper l’invasion et ainsi préserver leur ville intacte.

Par la grimace que fit notre guide, je compris que tel n’était pas leur opinion. Il m’expliqua qu’Astidenix n’avait pas l’intention de s’impliquer dans cette guerre et qu’il n’y avait pas moyen de le faire changer d’idée. L’archer avait probablement raison, mais nous ne pouvions abandonner aussi vite, il fallait tout de même faire une tentative puis ensuite songer à un plan alternatif.

« Pardonnez-moi mon insistance, hum… Gayit ou Arbeyit ? »

Puis m’adressant toujours à ce dernier, mais parlant suffisamment fort pour que le capitaine et la princesse entendent et interviennent s’ils le désirent, je poursuivis mon idée.

« Vous semblez bien connaitre Astidenix, je ne vous ferai pas l’affront de douter de votre parole, ni de votre opinion. Cependant, je ne veux pas davantage sous-estimer le charisme du capitaine Hirotoshi ici présent. »

Dis-je tout en désignant l’officier haut gradé de Fan Ming. Cela dit je proposai au su nommé :

« Si vous êtes d’accord, je vous laisserais vous et la princesse rencontrer Astidenix, pour ma part, je resterais à l’extérieur afin de tenter de recruter d’autres gens. »

Puis me retournant légèrement vers notre guide, je continuai

« Astidenix refuse de participer à cette guerre certes, mais sa décision fait-elle l’unanimité dans la ville ? Y a-t-il un autre dirigeant que je pourrais contacter et qui serait prêt à nous accompagner ? Connaissez-vous des gens assez courageux et comprenant l’enjeu de cette mission pour l’avenir de votre ville ? Vous-même pourriez vous regrouper plusieurs poignées d’hommes et nous accompagner ? »
Plus à l’arrière, un individu assez gringalet aborda notre petit Sinari, tous les deux semblèrent commencer une conversation, mais je ne m’en préoccupai point et j’attendis les réponses du capitaine Hirotoshi, de la princesse et du guide-archer.

Alors que les marins dirigèrent le regard de Rosie vers l’embarcation où une femme lui répondait déjà, Azra sembla enfin reprendre ses esprits et devança Rosie dans sa réponse. Elle dû se contenter donc de tourner lentement la tête vers le nécromancien qui s’approchait, non sans un peu de ressentiment dans les yeux. Elle aurait apprécié qu’il lui laisse la parole puisqu’elle avait fait les premiers pas. Mais ce qui est fait est fait et la jeune femme s’en remit à écouter ce que l’autre jeune homme avait à répondre, en se replaçant les cheveux sur sa tête, le regard perdu à l’horizon.

Elle ne discernait jusqu’alors que la forme d’un immense lac. Voulant comprendre, elle mit à chercher une embouchure, un chemin vers une rivière, un fleuve ou même l’océan, mais avec cette brume… Elle était toutefois demeurée attentive à la conversation et lorsqu’Azra fit mention de peur, Rosie sourcilla légèrement. Elle reporta ses yeux vers ce dernier et la femme à qui il s’adressa. Elle trouvait peu judicieux de sa part de mentionner un propos aussi fort que la peur et prendre le risque d’effaroucher cette femme qui n’avait pas, aux premiers abords, l’air d’une personne qui a peur. Le jeune homme avait des propos bien sombre, tout à son image.
Rosie décida de faire avancer les choses en venant aux faits. Si cette femme ne pouvait pas les amener il faudra chercher ailleurs et la nuit afficherait bientôt ses premières étoiles. Le temps leur manquait. E

« Et quel serait votre prix pour nous faire descendre le fleuve malgré le lieu ou nous nous rendons? Si nous comptons que nous sommes cinq ou six personnes de plus au groupe derrière nous, croyez-vous être en moyen de nous embarquer tous ? »

Andel’Ys – Maison d’Astidenix.

Aux paroles de l’elfe noire, le dirigeant de la cité fronça les sourcils, d’un air grave et sévère. Il attendit toutefois la fin de son discours pour émettre, à son tour, son avis. Il se tourna toutefois face à Ginfan, resté non loin de la shaakt, et ayant tout entendu de son plan extravagant. Il lui fit signe de partir.

« Laisse-nous. »

Le soldat ne se fit pas prier, et quitta la pièce, qui retomba dans le silence le plus absolu, pendant qu’Astidenix soupirait, une main sur le front. Lorsqu’enfin il fut prêt à répondre, après une réflexion de plusieurs secondes, il se leva de toute sa stature, fière et forte, malgré l’âge que ses traits laissait paraître. Il posa un regard d’acier sur l’elfe noire, et répondit enfin, froid.

« Ce plan n’a aucun sens, à mes oreilles. En vous laissant m’attaquer, je montrerais un signe de faiblesse qui va à l’encontre totale de l’image que je me dois de donner en tant que dirigeant militaire de cette place forte. SI en plus cet acte provoque, au final, une évasion, cela montrerait des failles qui ne devraient pas exister dans notre système. Oh vous seriez certes traitée en héroïnes de ces prisonniers libérés, peut-être, mais ils auraient encore plus de raison de se retourner contre moi, contre Andel’Ys. »

Il fit rouler ses yeux.

« Au moins, en les graciant, j’aurais eu la pitié de certains. »

Il s’avança un peu vers Marla, traînant son énorme masse derrière lui.

« Je pourrais vous faire jeter en prison rien que pour la menace que vous avez commise à mon égard. Vous avez été imprudente de parler ainsi devant Ginfan. Il est fidèle et brave, donc je pense pouvoir compter sur son silence, mais vous n’en saviez rien. »

Il pointa la shaakt d’un doigt accusateur.

« Je ne peux en aucun cas me fier à une étrangère qui laisse de côté des détails si cruciaux dans un plan qui, en plus, n’est pas sûr de marcher. Alors les vôtres utilisez des subterfuges et des tromperies… J’en suis fort aise. Ici, nous préférons affronter nos ennemis en face. Et c’est ici que nous attendrons les nôtres, à l’abri de nos murailles. Et ils s’y écraseront comme la cascade sur la pierre. »

Il soupira à nouveau…

« Mais avant… avant il va falloir de vous usiez de vos… subterfuges, pour trouver une raison d’échapper à la prison après m’avoir ouvertement menacé. »

Andel’Ys – Grand-Place.

Le petit homme aux habits ensanglantés lorgnait toujours Sirop de son air malsain. Pour toute réponse à ses questions, il annonça :

« Chirurgien-barbieeeer. Jamaiiiis encore je n’ai tranché de chair de… hobbit. Est-ce teeeeendre ? »

De l’autre côté du groupe, l’archer faisait de son mieux pour répondre à Mathis.

« Gayit, pardonnez mon incivisme. Faites ce que bon vous semble, concernant Astidenix et son peuple, mais sachez qu’ici, tout le monde se rangera à sa décision. Il est très respecté, à Andel’Ys. Des hommes braves, vous en trouveriez à la pelle, par ici. A commencer par mon frère et moi. Mais nous ne quitterons pas Andel’Ys sans l’aval de notre chef. »

Il fit mine de réfléchir, puis haussa les épaules, et poursuivit.

« Quant à un autre dirigeant, je ne vois pas bien de quoi vous voulez parler. La Reine Pâle est la dirigeante du Royaume, mais elle n’est guère présente, ici à Andel’Ys. »

Hirotoshi prit alors la parole.

« Je crois qu’il vaudrait mieux que vous nous accompagniez voir ce général. Vous venez de Yuimen, un autre monde… Votre voix pèsera lourd, car votre dévotion est grande, de venir de si loin pour protéger ce monde… »

Andel’Ys – Port de pêche.

La demoiselle regarda Azra avec un œil rieur.

« Peur ? Ah ! Jamais vous n’entendrez personne dire que le capitaine Charkere a peur. Qu’importe l’ennemi, il n’a pas de navire, et sur les flots, je suis imbattable. »

Elle se tourna alors vers Rosie.

« J’pourrais le faire. J’pourrais, mais il me faudrait une bonne raison d’aller vers la guerre. Ça, puis une proposition honnête pour payer le trajet. »

Elle regarda la troupe de brigands, et grimaça.

« On va être serrés si on grimpe tous dans la même barque. Mais j’peux en fournir jusqu’à trois… Si la proposition les vaut. »

Elle attendait une offre, à n’en pas douter.

[Marla : XP : 0,5 (post) + 0,5 (tentative de plan)
Rosie : XP : 0,5 (post) + 0,5 (tentative de marché)
Azra : XP : 0,5 (post)
Mathis : XP : 0,5 (post) + 0,5 (tentative de recrutement)
Sirop : XP : 0,5 (post)]

Son plan fut exposé, le général Astidenix dont la mine s'assombrissait au fur et à mesure d'explication prit la parole quand Marla eut fini d'exposer un plan insensé. Il congédia Ginfan, pour se retrouver seul avec la shaakt. Il soupira, puis se leva, prit la parole en posa son regard froid sur la shaakt. Il exposa les points faibles du plan de la shaakt; points qui n'étaient faibles que d'un point de vue, Marla avait tout à gagner dans ce plan, elle ne doutait pas le moins du monde de la réussite de celui-ci.

Puis il s'avança vers la shaakt, menaçant celle-ci de la jeter vraiment dans les geôles pour l'avoir menacé. Rangeant la fiole dans les plis de son piwafwi, voyant que son plan était avorté. Il était même persuadé que les forces ennemies se briseraient sur les murailles de la ville. Seulement la prêtresse avait déjà vu plus loin que le général haïssant la magie. Maintenant l'homme pâle voulait vraiment l'envoyer en prison mais sans plan...ou alors bluffait-il pour un plus grand réalisme?

( Je ne vois pas en quoi je te serai utile ici yathrin...)

Marla ne fit pas attention à la faera et se préparait à bondir en arrière pour mettre de la distance entre elle et le général si son plaidoyer était un échec.

Pour menacer quelqu'un général, il faut avoir l'intention de nuire à la personne, hors je voulais simplement créer un simulacre. Au cas où nous échouons, ce que je crains de plus en plus au vu du nombre d'alliés en direction du front, vous serez un des derniers bastions pour détruire et mettre à mal l'armée d'Oaxaca. Donc vous nuire n'est pas dans les intérêt que je sers.

Elle fit une petite pause puis reprit comme-ci rien ne s'était passé.

Si je fais exprès de vous attaquer la maintenant, je n'aurai pas d'allié hors de vos geôles pour éviter que vous perdez des hommes. J'aurai pu le faire dès mon entrée, mais je voulais prouver ma bonne foi auprès de vous et ainsi mettre hors cause le groupe qui se trouve dans les murs de votre cité. Ils ne savent rien de mon entreprise.

La voix de la shaakt était neutre, elle ne voulait en aucun cas déclencher un combat maintenant, l'homme-pâle avait l'avantage, l'arme à la main et elle, à découvert, risquant de se blesser inutilement.

Si vous pensez que ce stratagème est trop dangereux, j'aurai une autre chose à vous demander général. Je voudrais un guide pour traverser la forêt de Jollarsyth et rejoindre l'autre extrémité de celle-ci. Il reviendra vers vous une fois la forêt traversée pour compléter vos rangs. Je doute que l'armée ennemie soit déjà en train de monter vers nous après un seul jour de siège sur Esseroth.

Marla fit une autre pause laissant une nouvelle fois le général prendre le pour et le contre de ses paroles.

Son commentaire sembla amuser la femme, qui s'estimait impossible à rattraper sur un navire. Il faillit lui préciser que l'ennemi avaient sûrement des magiciens, mais se retint. Ils avaient peut-être quelqu'un pour les aider, il fallait en profiter.
Rosie, toujours aussi posée, demanda le prix pour embarquer tout le monde, pour se heurter à la réponse que c'était possible, en fonction du prix.
Azra se sentait de plus en plus dépassé. Il avait beau se plaindre tout le temps, l'action lui allait bien mieux que les tractations ! Qu'attendait donc cette femme ? Il n'avait pas la moindre idée du prix d'un voyage...

« Hé bien, j'aurais bien deux ou trois objets à vous offrir contre le transport de ma modeste personne... Malheureusement, mon amie a oublié de compter certains amis... »

Il jeta un regard gêné à Egregor, Karin et les bandits, qui restaient silencieux derrière.

« Nous serons en réalité près d'une trentaine. Plus si le seigneur Astidenix nous accorde son aide, mais j'ose espérer que dans ces conditions, nous pourrons bénéficier d'un transport gracieusement offert. Étant donné l'importance de la mission... enfin bref. Si vous n'avez pas assez d'embarcation, pouvez-vous nous indiquer quelqu'un qui aurait de quoi nous emmener ? Ou peut-être un de vos confrères pourrait ajouter ses navires aux vôtres... »

Plus il parlait, plus Azra sentait que les négociations allaient être dures. Qui, dans le groupe, pourrait bien avoir de quoi affréter toute une flottille de navires ?
Il se demanda comment elle allait réagir devant la notion d'importance de la mission. Il y avait fort à craindre qu'elle demande encore plus, aussi, il préparait déjà ses arguments...

Penser aux autres et s’oublier soi-même, ce n’était vraiment pas dans mes habitudes, mais cette fois-là ce fut le cas. Ce n’est en fait que lorsque l’archer déclina son nom que je réalisai que je ne m’étais pas davantage présenté. J’avais expliqué les enjeux de notre mission, sans omettre de nommer les deux représentants de Fan Ming ainsi que leur fonction, mais j’avais négligé de me nommer.

«Vous êtes immédiatement excusé d’autant plus que je suis coupable du même tort. Je me prénomme Mathis, fils de Marcus, originaire de Kendra Kâr, cité blanche de Yuimen. »

Contrairement à ce que je pensais, le dénommé Astidenix était très respecté de son peuple. Même si les braves hommes ne manquaient pas sur AndelY’s, ils ne s’opposeraient pas à la décision de leur chef. Je n’avouai pas le fond de mes pensées, mais force m’était de constater que je m’étais trompé. Lorsqu’à Gayit avait fait allusion au côté entêté de son patron, j’avais supposé que le choix de ce dernier à ne pas participer à la guerre ne faisait pas l’unanimité.

« Et bien, il ne nous reste plus qu’à convaincre votre chef ! »

Lui répondis-je aimablement.

« Vous avez raison capitaine, je vous suis de ce pas, espérant que ma présence sera aussi convaincante que vous l’espérez. »

Je me permis ensuite d’interrompre la conversation sans doute culinaire, si je me fis aux quelques mots qui parvinrent à mes oreilles, que Sirop entretenait avec l’homme au tablier ensanglanté.

«Tu viens Sirop ? Tu mangeras une autre fois ! »

Tout en me tournant vers la porte de la demeure, je jetai un bref coup d’œil à l’individu qui discutait de victuailles avec Sirop. Ses vêtements souillés ne m’inspiraient guère, je ne connaissais pas les mœurs du petit hobbit, mais pour ma part, je n’aurai jamais daigné m’asseoir à la même table que ce sinistre individu.

C'est avec détermination que je fis un pas en avant vers la porte de la maison qui nous était présentée à la suite de la princesse et du capitaine Hirotoshi.

La jeune femme écouta Azra parler et pour une fois se sentie soulagée qu'il prit la parole car elle avait besoin de réfléchir. Il énonçait bien des soucis qu'elle même n'avait pas vraiment prévus et elle avait aucunement pensé à demander ces quelques précisions supplémentaires au Capitaine Hirotoshi.


Il fallait donc trouver quelque chose qui allait convaincre le Capitaine Charkere que le voyage valait la peine au point où même les biens matériels perdraient un peu de leurs importances.Rosie n'aimait pas particulièrement jouer les poètes, car elle trouvait parfois que cette façon d’envoûter les gens et de les entraîner dans de monstrueux plans avec de jolis mots n'avait rien de tout à fait honnête. Toutefois, la femme qui se trouvait devant elle, semblait n'attendre que ça que de se faire convaincre. La semi-elfe en prit alors l'initiative. Pendant qu'Azra se débrouillait du mieux qu'il le pouvait, elle préparait ses mots. Elle n'était pas assez bonne oratrice pour improviser ainsi un discour qui se devait éloquent.


« J'ai effectivement oublié l'éventualité que nous soyons plus à nous joindre à ce périple et que comme l'a mentionné mon confrère, nous aurons alors peut être besoin de plus. Toutefois, ce n'est pas encore le cas et nous savons pour sûr que les gens présents ici feront partis du voyage.»


Rosie s'arrêta un instant, jugeant ce qu'ils avaient à offrir pour le voyage. Azra dans sa réponse plus tôt, ne semblait pas non plus être certain de ce qui pouvait être proposé. Elle ne savait plus vers où aller et pourtant, elle aurait bien dû savoir que le côté monétaire allait surgir. Elle en regretta presque soudainement de ne pas s'être proposée à une tâche qui demandait moins d'interaction et de marchandage. Aurait-elle crut qu'Azra aurait sut le faire sans elle? Elle commençait à se laisser gagner par la nervosité.



«Donc, dans tous les cas, nous avons besoin de vos services.»


C'était maintenant qu'on allait savoir quel genre de personne était le Capitaine Charkere.


« J'ai toujours été la première à dire que la guerre est une chose terrible. Toutefois, on ne pourra jamais nier que c'est la guerre, aussi monstrueuse soit-elle, qui a créé nos plus grands héros. C'est elle qui apporte les plus grands honneurs car c'est elle et ses horreurs qui marquent l'histoire. Alors, ceux qui la défi s'y gravent à jamais. Si contribuer à sauver des vies, des royaumes, tout un univers et ses gérétations futures ne sont pas des assez bonnes raisons pour vous, la gloire que cela vous apportera en est une autre qui mérite d'être tenu en compte. Il n'y a pas d'assez grandes richesses qui équivaudra un tel honneur.»


La gloire et la reconnaissance. Voilà des choses au nom desquelles Rosie ne s'était jamais battue jusqu'alors. Elle préfèrait se convaincre que ce qu'elle choisisait de faire, elle le faisait car c'était ce qui était, sensé, juste et bon de faire. La réalité était plutôt qu'elle le faisait parce qu'elle était une âme perdue qui préfèrait se sacrifier pour ceux qui en avait toujours une, plutôt que de tenter de s'en reconstruire une nouvelle. Croire qu'elle usait de ses talents pour aider ce monde était plus facile pour elle que celui d'accepter qu'elle ne pouvait faire face à son propre désastre.

Rosie eut un regard pour Azra. Sachant que la gloire ne fait généralement pas vivre, elle devait trouver quelque chose. L'effort du nécromancien sur le sujet c'était avéré un peu fade, elle devait donc prendre le relais.

«Pour ce qui est d'une offre nous serions intéressés à connaître vos intérêts. Sachez que nous sommes venus d'un tout autre univers pour prêter main forte. Donc ce qui à de la valeur pour nous, n'en à peut être pas ici et je tiens à parvenir à une offre raisonnable. Des vivres, des hommes, des armes, de la monnaie, un marché, des objets Yuimenniens...»


Rosie ne pouvait se cacher qu'elle souhaitait ardemment que cette femme soit celle qui les guidera jusqu'à leurs destins.

(Un peu d'optimisme ne nous ferais pas de mal.)

Elle tenait donc à arriver à quelque chose avec elle.. même si elle avait l'impression que jusqu'alors elle ne savait pas elle même encore ce qu'elle tentait de faire.

« Chirurgien-barbieeeer. Jamaiiiis encore je n’ai tranché de chair de… hobbit. Est-ce teeeeendre ? »

Sirop sentit son cœur s'emballer contre sa poitrine tandis que ses yeux s’agrandissaient de stupeur. Posait-t-on vraiment ce genre de question ici, à Andel'Ys ? Mais où diable étaient-ils tombés ?
Le Hobbit se décala d'un pas sur le côté le plus discrètement possible et chercha les mots pour formuler une réponse adaptée à cette question quelques peu anormale. Tâche qui s'avérait ardue.
"Chirurgien-barbier" ! Il était quand même tombé sur un "Chirurgien-barbier"! Et le reste de son groupe qui papotait tranquillement avec le stupide archer qui les avait conduit jusque dans cette maudite place grisâtre sans se douter le moins du monde du calvaire qu'il vivait...

"Ma foi, c'est une...hem ! Question intéressante à laquelle je ne me suis jamais...

Et alors, par le plus doux vin du dieu de la fête et de la débauche, la mélodieuse et si parfaite voix de Mathis retentit alors, le sortant à la perfection de ce joli guêpier sanguinolent dans lequel il s'était involontairement embourbé et éclairant son visage enfantin.

"Ah, désolé l'ami mais le devoir m'appelle... " lâcha Sirop d'une voix soulagée et même joyeuse."On discutera peut-être une autre fois."

Ou jamais.
Après quoi, il trottina vers les autres :

"Eh, vous allez jamais croire ce que ce taré vient de me demander..."

La capitaine Charkere affirma qu'elle n'aurait aucune peine à les prendre tous, se permettant même de qualifier Azra de 'maigrichon'. Le jeune homme serra les dents tandis qu'une nouvelle vague de migraine indiquait la colère de son hôte intérieur.
Sans surprise, la femme était aussi très réaliste et le beau discours de Rosie ne lui fit guère d'effet. Elle persista néanmoins, mais le jeune homme n'avait guère d'idée pour l'aider dans ce sens.

« Vous savez, marmonna le nécromancien. Ce n'est pas pour nous qu'on fait ça. On pourrait aussi bien rentrer chez nous et laisser votre ville se faire raser... »

Il soupira d'un air théâtral.

« Mais si vous y tenez, on peut essayer de trouver un terrain d'entente. Avec un détail, tout de même : nous venons d'un monde plein de magie, et il me semble que votre peuple n'aime guère cela. N'avez-vous pas peur de la nature des cadeaux que nous pourrions vous faire ? »

Mieux valait avancer doucement sur ce terrain. Hélas, il n'avait que peu d'objet de valeur dont il puisse se séparer sans risquer le future de la mission...

La porte s’ouvrit et deux hommes nous attendaient non loin du seuil. Le premier ressemblait à un garde. Il était équipé d’une solide armure, de deux longues épées et son visage était camouflé sous un épais casque nasique. Pour ce qui est du second, il arborait des cheveux longs bien peignés, une barbe bien entretenue, une haute stature solide et la fière attitude d’un guerrier. Il avait l’allure que je me figurais du maître de la maison. J’allais précisément lui demander, par pure forme, s’il était bien Astidenix, mais il ne m’en laissa point le temps, prenant les devants nous expliquant que son maître était en réunion et qu’il nous faudrait patienter si on désirait le rencontrer.

Quoiqu'un peu surpris et déçu, je n'en fis rien paraître. Je hochai la tête et tout en lui faisant un signe de salutation, je lui répondis aimablement :


« Pas de souci, nous attendrons. Je me prénomme Mathis, fils de Marcus, originaire de Kendra Kâr, cité blanche de Yuimen. Et voici le capitaine Hirotoshi, la princesse Honoka, sa garde du corps, et Sirop originaire de Yuimen, lui aussi. »

Je m’arrêtai un court moment afin de lui laisser le temps de saluer les personnes que je venais de lui présenter, puis je poursuivis:

« Nous avons fait le voyage depuis Yuimen, nous sommes bien capables d’attendre quelques minutes de plus. La guerre à laquelle nous venons vous apporter notre aide ne se terminera pas d’ici à ce que votre chef nous reçoive. »

En fait, je doutais que Astidenix soit vraiment en réunion. Je croyais plutôt qu’il était tout simplement en train de roupiller ou encore qu’il filtrait ainsi toutes ses visites afin d’accueillir seulement celles qu’il jugeait dignes d’un entretien avec lui. J’avais donc fait exprès de mentionner nos origines et le but de notre visite. Agissant ainsi, j’espérais piquer la curiosité de cet homme brun et avancer le moment de la rencontre avec son officier supérieur.

En attendant sa réaction à mes propos, je jetai un regard circulaire sur la pièce dans laquelle nous étions. Petite et faiblement éclairée, vraisemblablement le hall d’entrée, elle était sobre si l'on oublie les murs décorés d’armes de toutes sortes.