Lindeniel a écrit:
La vile servante, sortie de sa transe passive d'admiration béate et apeurée du cristal en proue d'appareil, vint vers l'elfe blanc avec un air contrit et présenta de vaines excuses à celui-ci, qui se contenta de la toiser avec malveillance et supériorité. Il l'invita alors à le suivre dans les escaliers. Elle allait enfin faire ce qu'on lui demandait de faire, elle allait enfin faire son boulot, l'unique chose à laquelle elle servait. La peur ne devait pas lui poser trop de problèmes, à cette pimbêche, puisque penser ne lui était pas nécessaire dans la tâche qui lui était donné d'effectuer, le but de sa vie était le service, et non la crainte... Que ferait-on d'un objet si celui-ci se mettait à penser et à avoir peur de jouer son rôle? Une marmite accepterait-elle de s'asseoir encore sur le feu brûlant qui consommait son être? Certes non, et c'est pourquoi on la jetterait vulgairement, devenue inutile... Il en était, pour Lindeniel, de même pour cette servante qui se devait de rester avant tout à sa place d'inférieure et à satisfaire les moindres désirs et ordres des passagers de l'Aynore.
Elle s'engouffra dans l'escalier qu'ils avaient monté quelques minutes auparavant et l'elfe blanc la suivit de sa démarche noble, jetant un dernier regard écoeuré aux personnes présentes sur le pont, effrayées dans l'idée de perdre la vie à cause de la négligence du personnel de bord... Lindeniel savait, lui, que Zewen veillait sur lui, et qu'il ne pouvait rien lui arriver, fut-ce qu'il devienne l'unique survivant d'un carnage accidentel dont le capitaine défunt pourrait se gausser d'être le responsable auprès de Phaïtos aux Enfers...
A l'étage inférieur, un remue-ménage semblable à celui du pont avait envahit la salle. Chacun des voyageur voulait accéder par quelque moyen frauduleux d'accéder au pont, ce qu'empêchaient tant bien que mal deux Sindel qui retenaient la foule de leurs bras. Arrivé à leur hauteur, et voyant son passage gêné par ces deux malandrins, il prit une voix autoritaire et les somma froidement de le laisser passer.
« Gardes, laissez-moi donc rejoindre ma cabine, puisque votre voeu est que personne n'accède au pont... Quand à vous, voyageurs peureux, à quoi bon monter sur le pont... Voudriez-vous devenir les spectateurs inertes de votre propre mort? Ne soyez donc pas stupides et rejoignez vos places, vous ne pouvez rien faire là-haut hormis gêner encore plus que vous ne le faites déjà... Allez, fi, fi, laissez moi passer!!! »