Vedd a écrit:
Je me sentais plus en sécurité à l'arrière du groupe, loin de l'Orque et loin du milicien. Tandis que Maylee marmonnait à propos de la route que nous devions suivre, je marchais en observant un monde nouveau pour moi. Le sentier me paraissait abrupte. La forêt trop sombre. Le ciel trop grand. Je sentis que je me recroquevillais face à ces immensités. Je ne connaissais pas la nature. J'avais déjà oublié pourquoi j'étais ici parmi ces guerriers. Que n'étais-je resté dans la Riche et Blanche ! D'ailleurs, ces bois devaient regorger de bestioles sauvages. La nuit tombait sous forme d'une brume glaciale. Les derniers rayons du Soleil chauffaient à peine les doigts engourdis que je cachais dans ma veste. Je marchais tête baissée, soufflant des volutes claires dans l'air nocturne. Jamais il ne faisait si froid dans les rues kendrannes. Dans cet environnement, j'étais complètement dépendant des personnes qui m'entouraient. Seul, je n'avais aucune chance de survie en un pareil milieu. L'or et le pain chaud ne poussaient pas dans ces arbres. Je pressai le pas, comme par peur de me faire distancer par le groupe. Pourtant derrière j'entendais sans cesse la lame de la femme rousse glisser dans le fourreau. Elle, qui fermait véritablement le peloton, était en bien pire état que moi. Devant, la troupe discutait. Ils semblaient joyeux et bien s'entendre. À présent j'avais reconnu le personnage de mon rêve. À ce milicien qui nous guidait j'avais rattaché Sirendor. Ils n'étaient qu'une seule et unique personne, mais je n'avais pas l'intention de l'approcher. Je n'avais pas besoin d'un milicien dans mes affaires. J'allais rester avec Maylee qui semblait savoir ce qu'elle faisait. Je resongeai à cette elfe dont j'avais rêvé. J'étais embarqué dans cette histoire de cauchemars dont les bruits couraient à Kendra-kâr. La Porte des Songes, avait-elle dit... Oui, c'était bien cela. J'étais avec une troupe de mauvais rêveurs qui voulaient arrêter l'épidémie. En vain, je cherchai un lien avec la voix que je voulais retrouver. Et je continuai de marcher, les pieds gelés, le souffle bruyant, dans le crépuscule qui nous menaçait.