L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mer 23 Mar 2011 21:40 
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Un second choc vient frapper de plein fouet la position d'Erzébeth tandis qu'elle s'attardait à se relever, encore sous le choc des échanges précédents. Tisis avait repris un avantage considérable et les lames au clair rendaient maintenant le combat mortel. Arrêter était une option envisageable, elle ne souhait pas non plus assister à une mort, à supposer que ce ne soit pas la sienne.

Tisis rangea son arme, celle de la Baronne était aussi viciée du sang divin de la jeune femme qui s'était montrée plus qu'à la hauteur de ses espérances. Non seulement capable d'être combative dans une situation imprévue, elle avait pu garder son calme et endurer les coups, la souffrance, le piège et l'imprévue. Lydia était fière de sa nouvelle guerrière. Katalina avait envie de vomir en voyant Tisis glisser son épée au fourreau. Cèles ne manqua pas de dire une ânerie. Erzébeth elle, retira son casque, l'air glacé embrassa sa peau, la chaleur étouffante du coton s'en alla comme un nuage de fumé et elle se sentait libre. La tête encore compressée du métal, elle reprenait tout ses esprits sentant le sang engluer ses cheveux noirs.

Lydia et Katalina s'approchèrent. La vicieuse bouscula Tisis pour récupérer la Scélérate, l'oeil mauvais, elle aurait souhait que les choses aillent plus loin; visiblement avide de sang, presque autant que la Baronne elle même. Ou peut être que tout ceci n'était qu'un sinistre jeu qui visait à s'accorder les douces faveurs d'Erzébeth. Ceci était peu connu, mais si elle inventait des punitions d'une cruauté hors du commun, elle savait aussi se montrer généreuse, parfois même à outrance. Mais personne n'osait le lui dire de peur de finir frit dans l'huile avant d'être accroché par les tripes à la muraille du château lors d'un fort vent d'Est.

Non, d'autant plus qu'Erzébeth s'ennuyait de plus en plus, elle avait même dans l'idée de créer un hôpital pour observer les maladies qu'on ne trouve pas dans le château, celles qu'elle nommait : maladies paysannes. S'instruire était sa tasse de thé, sa seule occupation si on enlevait la torture et l'armée.

Là était venu le temps de récompenser son adversaire, à l'image du marchand dont la vertu fut récompensée, elle dit à Tisis qui fut vite rejointe par Lydia :

« Ne dites pas de sottises, lors d'un combat il n'y a ni gagnant ni perdant. Pas plus de victoire que de défaite, si vous êtes encore en vie, ce n'est jamais que pour mieux périr plus tard. Vos efforts sont visibles et rapides. Il ne sera pas dit que je ne récompenserai pas un tel investissement. Lydia, à partir de ce jour, Tisis portera le titre d'intendante à ma garde. Une poignée de soldats seront sous vos ordres. A supposez que vous respectiez ceux de Katalina... »

La brune tressaillit lorsqu'elle entendit son nom dans les propos d'Erzébeth. Elle ne perdait pas son sourire à faire doucir de l'acide et se tourna vers la jeune nouvelle gradée de Keresztur, le regard bien décidé à faire regretter le rang, et ce amèrement.

Lydia posait les mains sur les épaules de Tisis, presque protectrice, maternelle, elle ne cachait que moyennement le fait qu'elle n'appréciait en rien Katalina, d'autant plus que le fait qu'elle soit sa supérieure légitime ne lui plaisait en rien, rien du tout.

Les gardes attendaient en bas, Erzébeth était ravie, rendant à Katalina ses sourires - en moins cruels - et invita les quatre femmes à partager quelques mets et boire pour fêter l'évaluation positive de Tisis. Elle pourrait choisir accompagnée de Lydia quels soldats viendraient sous ses ordres, la Baronne ne souhaitait pas les attribuer arbitrairement, voulant que chaque soldat s'entende parfaitement avec son supérieur - à l'exception du duo acide Lydia et sa conseillère - afin d'être le plus performant et réactif possible...

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mer 23 Mar 2011 22:49 
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La baronne ne refusa pas d'interrompre l'affrontement, visiblement satisfaite de l'issue de celui-ci. Elle se débarrassa de son casque, libérant des cheveux collant de sang et la sueur. Tisis fit de même, respirant de nouveau l'air frais des montagnes, tandis que lentement son cœur reprenait un rythme normal.

Après avoir ramassé son écu, elle descendit les marches de pierres, ces simples escaliers qui s'étaient révélés être un piège mortel quelques instants auparavant. Lydia et la conseillère les rejoignirent, la dernière semblant visiblement furieuse que plus de sang n'ait pas été versé. C'était à se demander comment Erzébeth pouvait s'entourer de quelqu'un d'aussi dérangé, car si elle suivait d'aussi mauvais conseils, elle courrait à sa ruine. Cela n'était pas le problème de Tisis, certes, mais il serait dommage que son alliée nouvellement trouvée ne s'enfonce dans une crise grave par la faute de cette femme.

La baronne énonça son contentement, refusant la victoire sous prétexte que toutes deux avaient survécu. Comme récompense, elle annonça que l'adolescente prendrait l'intendance de sa garde, quelques hommes étant sous ses ordres tant qu'elle suivrait ceux de Katalina. La conseillère sembla vibrer de plaisir malsain en entendant cela, comme si on avait donné une souris à un chaton cruel. La souris en question se contenta d'acquiescer en signe d'assentiment. Au fond, peu lui importait: monter en grade dans une armée étrangère était même plutôt ridicule, mais tant qu'elle pourrait s'améliorer, elle continuerait ce jeu. Sa prestation à l'arme avait prouvé l'utilité de l'entrainement qu'elle avait suivi, énième dette qu'elle avait contractée envers Lydia.

L'archère avait d'ailleurs posé les mains sur les épaules encore tendues de son apprentie, ne semblant pas à l'aise avec la proposition de la baronne. La main de Tisis se leva par réflexe, comme pour aller saisir celles de son amie. Elle interrompit le geste cependant, dirigeant ses doigts vers son abdomen qui malgré tout la faisait souffrir. Lydia, s'en rendant compte, entreprit de délacer l'armure de coton, libérant la jeune fille de l'étreinte chaude et presque insupportable du cuir et du tissu matelassé.

Tisis put observer la marque de la lame, légère mais piquante. La baronne proposa alors de prendre une collation pour "fêter" la réussite de la Dame Chevalier à ce dangereux test. Ce serait aussi l'occasion de voir quels soldats viendraient sous ses ordres, ce que Lydia pourrait lui conseiller à merveille. Entre temps, quelques soins leurs furent prodigués, les estafilades n'ayant pas été profondes, grâce aux armures.

Il fut ainsi choisi neuf hommes, qui n'étaient pas les plus talentueux mais qui seraient les plus difficiles à contrôler par la jeune fille. Lydia lui avait en effet exprimé que lorsqu'elle mènerait ses hommes au combat, il ne serait pas évident de se faire respecter. Mieux valait commencer par le plus difficile pour que sur le terrain elle sache y faire. Elle lui avoua aussi qu'elle-même avait des problèmes de discipline avec ces recrues et qu'elle avait déjà songé à durcir leur traitement. Une nouvelle épreuve que Tisis accepta sans rechigner un instant.

La jeune fille posa le verre de vin que l'on lui avait servi: un vin d'Imiftil, bien moins corsé que ceux de Blanchefort, mais une bonne cuvée néanmoins. Le combat semblait loin à présent, pourtant la tension n'avait pas totalement disparu, sans doute du aux nouvelles obligations qu'elle avait acceptées. L'alliance lui coûtait cher, elle espérait vraiment que cela en vaudrait la peine.

Elle demanda finalement à la baronne:

"Maintenant que les hommes ont été choisis, j'imagine que mes attributions seront plus opérationnelles que le pur entrainement. Qu'attendez-vous donc de moi?"

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Jeu 24 Mar 2011 22:48 
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Les derniers propos de Tisis marquèrent comme un silence entre Katalina et Erzébeth. La Baronne était résolue à lui confier quelque chose d'assez important pour marquer l'accord et bien sûr, montrer qu'elle ne se moquait en rien d'elle. Durant les jours derniers, des nouvelles étaient apportée à Katalina par Lydia, lorsqu'elle le jugeait nécessaire, Katalina allait le rapporter à son tour à Erzébeth même si cette dernière était entêtée à vouloir tout savoir. D'un côté, qui aurait pu le lui reprocher.

« Tu devrais faire attention tout de même, Katalina n'est pas aimée. »
« Tu disais toi même que pour obtenir le succès il fallait éviter la popularité... »
« Je ne l'aime pas du tout du tout. »
« Elle a un air d'orque... »
« Un orque ? Avec les poils, l'odeur de merde et la...»
« Un air ! J'ai parlé d'air, pas d'attributs encombrants. Elle a un air... Non, les orques sont primaires, grognons et affligés d'un humour de fosse de purin. Elle a l'air primaire, grognonne mais aussi quelque chose de pire... Cupidité, solitude, méchanceté... Urgence, faim, amertume, perversité... »
« Tu es restée trop longtemps toute seule, toi !»
« Qu'importe, elle est de bon conseil malgré ses apparences. »
« Je t'en parle parce que... J'avais envie de t'en parler ! Cette femme m'intéresse. »

La femme serpent vint avec un plan détaillé d'une partie de la région. Quelque part après les croisements de chemins marchands, là où commençaient les sous-bois, les régions plus difficiles.
Elle expliqua qu'un petit groupe de brigands avait été identifié par les éclaireurs de Marina. Le problème était qu'ils retenaient la fille d'un riche marchand relativement influent sur Bouhen qui avait fait la demande qu'on mette tout en place pour récupérer la prunelle de ses yeux. Les longs doigts blancs de Katalina rampaient sur la feuille jaunie de parchemin indiquant chronologiquement le déroulement de son opération, elle envisageait que les archers au nombre de six se tiennent à portée du chemin tandis que les cavaliers sèmeraient la déroute dans le camps. Espérant que les ravisseurs s'éclipseront le plus vite possible et se feront arrêter par les soldats dissimulés sur le chemin.

Erzébeth se gratta la tête, raser un camp de fortune c'est facile, on claque des doigts, une volée de flèches en flammes. Mais soigner par contre... Il fallait sauver la fille, de préférence ne pas ramener un cadavre encore fumant collé aux toiles de tente embrasées. La conseillère tira une légère grimace en montrant un second parchemin. Cette fois-ci, une lettre du Prêtre de Yuimen qui était venu au château. Celui-ci ayant eu vent de l'affaire s'était empressé d'écrire à Erzébeth pour lui demander de ne pas trucider tout ce qui vivait dans le campement.

« On se demande pourquoi, s'pourtant pas ton genre ! »
« Maintenant, il va falloir écrire des excuses à chaque fois que je fais tuer un bandit ?! »

Erzébeth pensa à voix haute son plan, imaginant que le mieux aurait été de dissimuler des archers et d'envoyer un missionnaire pour parlementer. Ainsi, les brigands auraient été piqué de curiosité, juste assez pour sortir des tentes ainsi, trahir leur nombre. Le rapport des éclaireurs indiquait pourtant clairement qu'il y avait sept hommes, mais il suffisait que l'un ou plusieurs d'entre eux soient partis à la chasse ou ravir quelqu'un d'autre... Et une fois qu'ils étaient tous présents, les tirs pouvaient commencer... Dans les jambes pour blesser.

« On devrait s'y rendre dès maintenant... Katalina ! Quel temps il fait ? »
La jeune femme ouvrit le loquet de fer et senti un petit vent glacé qui gratouillait les flancs du château, chatouillait les nuques de soldats de faction le long des fortifications et s'insinuait dans les tentes des bohémiens au pied des roches.

« Ciel dégagé, peu de vent...»
« Pourquoi tu ne la gardes pas simplement pour te dire le temps qu'il fait ?»
Erzébeth n'aimait pas particulièrement travailler sur carte, elle savait que les brigands étaient trop près de la frontière de ses terres pour agir plus tard, ça devrait se faire sur l'instant et pas une heure à perdre. Cependant, les idées contractées dans l'urgence risquaient de faire perdre la vie des vilains et de la mioche de riche. Elle soupira et demanda à Tisis :

« Alors ? Semblez-vous toute indiquée pour mener cette sortie à bien avec moi ? »

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Jeu 24 Mar 2011 23:50 
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"Si je puis vous venir en aide de quelque manière que ce soit, j'en serais heureuse. D'ailleurs, s'il vous faut un émissaire, je suis sans doute toute indiquée: je ne suis pas encore connue sur vos terres, les brigands relâcheront sûrement leur garde en ma présence. D'autant plus s'ils me croient extérieure à votre baronnie."

L'air des montagnes était frais, mais comme l'avait si bien dit Katalina il n'y avait que peu de vent. Tisis était déjà en maille, portant des armes qui n'avaient rien à voir avec Keresztur, ce qui pour ce cas précis était parfait. La mission en tant que telle n'avait pas l'air des plus évidentes ceci dit: il faudrait approcher un repère de presque une dizaine de brigands qui avaient enlevé la fille d'un marchand influent. Pourquoi le marchand ne voulait pas payer la rançon était un mystère, mais de peu d'importance pour le cas présent. Il fallait piéger les bandits et ramener la fille vivante.

La troupe qui fut choisie pour la mission délicate n'était bien entendu pas la nouvelle de Tisis, celle-ci devant se forger sur des terrains moins critiques pour les relations du château. Les hommes étaient parmi les meilleurs archers du domaine et il y avait fort à parier qu'ils arriveraient effectivement à tirer dans les jambes des ennemis. La lettre du prêtre de Yuimen était toutefois un sacré ennui, l'idée même d'épargner des brigands n'ayant pas traversé l'esprit de la future duchesse avant que la baronne ne lui transmette cette triste information. A côté de cela, il aurait suffi que ces mêmes brigands aient eu le malheur d'uriner sur la porte du temple pour que leur avis de mort ne soit prononcé.

Bientôt elles quittèrent la route menant à la forteresse, se rapprochant des chemins marchands. Les terres étaient calmes, mais, malgré le ciel dégagé, paraissaient toujours aussi sinistres. Seules les deux nobles étaient à cheval, les archers rejoignant un autre chemin, devant discrètement de mettre en place autour du camp pour pouvoir intervenir quand la Dame Chevalier leur donnerait le signal.

Assise sur Caelia, Tisis tentait de concocter une fable suffisamment crédible pour que les maraudeurs se laisse flouer. Elle n'avait bien entendu pas d'or et pourrait difficilement faire croire qu'elle apportait la rançon. Plusieurs scenarii lui passaient par la tête, mais il faudrait qu'elle se décide.

La fin de la matinée s'annonçait bien longue...

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Ven 25 Mar 2011 03:34 
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Le temps leur était compté, le lieu de rapt était à quelques minutes à cheval. Lydia et ses archers affectés prirent une autre route. Ils allaient s'arrêter quelques lieux plus loin du campement là où Marina avait localisé les ravisseurs pour tendre l'embuscade. Erzébeth était donc accompagnée de Tisis et Katalina protégées de six Ieles à cheval.

Les propos de Tisis lui revinrent en mémoire, le fait est qu'elle soit Baronne pouvait attirer des problèmes à cause de ce simple titre. Aussi la garde, même pour une sortie aussi expéditive pouvait paraître dérisoire face à des ravisseurs motivés. Néanmoins, elle avait insisté sur le fait que personne ne doivent voir les archers sur les routes, leur présence trahirait le plan de manière trop flagrante. Un échec conduirait à la mort de la jeune fille et sa mort à la perte d'un marchand influent qui n'enverra personne sur des terres aussi peu sûres. En clair, le châtiment devait être exemplaire, fort, juste, et sans aucune pitié.

« Hey ! Si elle meurt la gamine, on pourra toujours essayer de lui refiler Tisis en échange... Comment ça non ?»

Calpurnia galopait entre les fourrés, éclatant les flaques d'eau, les branches grattaient ses flancs, si les pendards avaient pris soin de se terrer dans un terrain aussi escarpé, c'était bien pour s'offrir le luxe de pouvoir se planquer en cas de pépin. Même s'ils devaient s'attendre à ce que les choses tournent au vinaigre.

Un soldat mit pied à terre pour partir en reconnaissance, le cheval n'étant pas le meilleur moyen de se rendre très discret. Cette petite excursion laissa aux femmes tout le temps de penser secrètement à l'opération qui se déroulait sans même avoir été convenablement pensée.
« Cèles... Tu le sens comment ? »
« Bin, lorsqu'on tire des flèches il y a toujours un risque, mais c'est pas comme si il y avait toujours un risque n'est-ce pas. »

La nature vivait malgré le sauvetage, on vit passer quelques écureuils dans les arbres, le chant des oiseaux et le murmure des arbres. Elle savait apprécier particulièrement ces moments là, la vie de château n'avait rien à envier au reste du monde, cependant c'était si reposant que de se laisser perdre dans toute cette vie... Encore plus lorsqu'on a pas la tête occupée à savoir comment on punira les scélérats d'ailleurs, mais chaque chose étant bonne à prendre, en ce jour elle n'y fit pas plus attention.

Le soldat revint enfin, il annonça qu'ils étaient effectivement sept, la plupart dans les tentes de fortune. A la fois discrète et facile à transporter, ils étaient peut être sur le point de lever le camp à en juger les affaires rassemblées près des mulets. Le signal pour les archers : un sifflement, c'était soit Katalina soit la Baronne qui le lanceraient à Lydia. Tisis n'étant pas en mesure de lui donner des ordres tant au niveau expérience que hiérarchique.

« Tisis, prenez deux hommes avec vous. Katalina a pris soin de rassembler une bourse, cependant, elle est remplie de plaquettes de métal. De la fausse monnaie. Faites en sorte que tous sortent à découvert... Si vous y tenez toujours, je ne vous force en rien.»

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Ven 25 Mar 2011 12:19 
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Tandis qu'un soldat partait en reconnaissance, Erzébeth annonça que ce serait elle ou Katalina qui donnerait le signal, non Tisis. La jeune fille n'avait pas compté que les deux femmes seraient en vu du campement, ce qui ne lui paraissait pas la méthode la plus discrète imaginable. De plus, elle n'avait aucune confiance en Katalina, ce qui dans une telle situation n'était guère confortable. Le mieux serait qu'elle s'en sorte sans avoir recours à l'aide des archers, ce qui ne serait pas une mince affaire.

Lorsque l'éclaireur revint, il confirma la présence de sept hommes, à priori bientôt prêts à partir. La baronne tendit une bourse remplie de métal à Tisis, lui demandant si elle était toujours prête de faire ceci. La jeune fille saisit le faux argent, acquiesçant du chef avant de donner un coup de talon, se dirigeant vers le campement accompagnée de deux gardes.

Les trois cavaliers entrèrent dans le sous bois, des restes de neige craquant doucement sous les sabots. L'air n'était pas chaud, Tisis ayant encore un peu de mal à s'habituer à ce climat si différent de celui de Blanchefort. Elle n'avait pas de temps à perdre en contemplation cependant, hâtant le pas de Caelia jusqu'à ce que le repère des brigands soit en vue.

Il ne fallut guère longtemps pour qu'une sentinelle ne la repère, saisissant un arc et appelant quelques uns de ses comparses. Tisis s'approcha nonobstant, faisant signe aux gardes de s'arrêter avant l'entrée du camp, qui en effet devait bientôt être levé. Les deux hommes se regardèrent incrédules, la baronne leur ayant dit de venir avec elle. Ils ne pouvaient hélas pas contredire l'émissaire devant les bandits sans dévoiler une supercherie, décidant donc d'obéir.

L'adolescente respira un grand coup avant de descendre de monture, s'approchant à pied, les mains écartées. La bourse était resté sur la jument, il aurait été dommage qu'en se faisant fouiller à l'entrée les maraudeurs ne découvrent l'absence de rançon.

"Qui va là! Un geste et je tire!
-Je suis la Dame Chevalier Tisis, de la maison des Hasadire de Bouhen. Conduisez moi à votre chef."

Les trois brigands qui avaient mis le nez dehors se regardèrent, ne connaissant probablement pas la famille des Hasadire. Ils échangèrent quelques mots, celui qui s'était déjà exprimé allant se renseigner dans la grande tente, avant de ressortir, faisant signe à la jeune fille de venir. Ils étaient tous les trois habillés en haillons, armés seulement d'arcs de mauvaise facture et de longs poignards. Une hache de bucheron était posée contre une souche, la seule arme décente que la jeune fille repéra. C'était à se demander comment ils avaient réussi à capturer une fille de bourgeois avec si peu de moyens.

"Donne moi ton épée.
-Non. Si j'avais voulu m'en servir, ne crois-tu pas que j'aurais pris un peu plus d'hommes avec moi?
-Peu importe. Donne...
-Cela suffit, laisse la entrer!"

Une voix forte venant de l'intérieur avait couvert le débat, le maraudeur ne sachant trop quoi dire. Tisis passa devant lui, ouvrant le panneau de toile rêche et entrant dans la tente principale. L'intérieur était des plus spartiates, quelques ustensiles en bazar, des chiffons qui servaient sûrement de matelas ainsi que les restes d'un maigre repas. Deux "gardes" étaient debout, la regardant avec méfiance, la main sur la garde de leurs poignards.

Sur la couche improvisée se tenait un homme d'une trentaine d'années, un peu mieux habillé que les autres et auprès de qui reposait un sabre. A côté de lui se tenait la fille du marchand, qui n'avait pas l'air d'avoir été violentée. Elle n'était même pas attachée, seul son regard inquiet trahissait sa détention.

Le chef parla, faisant signe à Tisis de s'asseoir en face de lui, sur de la toile de jute. Elle préféra rester debout:

"Que nous vaut l'honneur de votre visite, en ces lieux si reculés et inhospitalier?
-J'ai comme l'impression que vous savez parfaitement pourquoi je suis là.
-Je vois... Vous avez la rançon?"

La jeune fille acquiesça du chef, tandis qu'un silence s'était établi. L'homme la dévisagea, semblant se rendre compte qu'elle mentait éhontément, avant d'éclater de rire. Les deux autres hommes avaient des sourires gênés, la fille du marchand restant de marbre. Finalement l'homme répondit à son interlocutrice:

"Et combien d'argent dans cette rançon? Cent yus? Mille yus? Cinq mille peut-être? Qu'en dîtes vous, mademoiselle Brachore, combien votre père est-il prêt à payer pour votre retour?"

Les mains de Tisis étaient moites. Elle ne s'était pas attendu à ce qu'il réponde de la sorte, pensant simplement tomber sur un brigand ignare qui sauterait sur l'or à l'annonce de celui-ci. Peut-être que les événements n'étaient pas aussi simples que l'on avait bien voulu lui faire croire.

"Dîtes moi, Mademoiselle des Hasadire de Bouhen, combien de vos hommes nous encerclent actuellement, prêts à tirer dès que nous mettrons le nez dehors? Six? Peut-être sept, un pour chacun d'entre nous? Dîtes moi donc..."

La main de l'adolescente était crispée, prête à dégainer s'il le fallait, même si dans cette configuration elle avait toutes les chances de se faire tuer. L'entrainement avec la baronne lui avait prouvé à quel point les dagues pouvaient être mortelles, quand elles étaient bien maniées.

"Ils sont neuf.
-Ah! Je le savais! Et ils envoient une gamine faire le sale boulot? Mais voyez-vous, mon enfant, je ne vais pas vous prendre en otage pour nous faire un laisser passer, ne vous en faîtes. Je n'aime pas les prises d'otage, c'est sale et souvent plus dangereux pour les ravisseurs que pour les pauvres victimes.
-Et bien dans ce cas, j'imagine que Mademoiselle Brachore est tout à fait libre de partir. Ce serait une fin idéale pour chacun d'entre vous, ne pensez-vous pas?
-La Damoiselle Chevalier reprend du poil de la bête à ce que je vois! C'est bien, j'aime les gens qui ont de l'esprit! Mais voyez-vous, si notre amie ici présente s'en allait de cette tente et rejoignait vos gardes, je signerais par là-même mon arrêt de mort. Ceci dit, je ne suis qu'un vulgaire maraudeur, alors soyons fou et signons le, cet arrêt de mort. Mademoiselle Brachore, vous êtes libre de partir!"

Un autre silence s'installa, Tisis ayant de plus en plus de mal à comprendre les motifs du brigand. La fille du marchand ne se leva pas, restant figée, comme tétanisée. Il lui montra gentiment la sortie, sans prononcer un seul mot. Rien n'y fit, la fille ne se leva pas, désespérant la future duchesse.

"Savez-vous pourquoi Mademoiselle Brachore ne veut pas partir? Non? Je vais vous le dire: elle n'a pas été enlevée et il n'y a jamais eu de rançon. Elle est venue de son plein grée, mieux, elle nous a payé pour que nous l'aidions à fuir son père. La pauvre enfant ne peut en effet pas se marier sans attirer les foudres sur sa famille, n'étant plus pucelle. Savez-vous pourquoi Mademoiselle Brachore n'est plus pucelle? Il faudrait pour cela le demander à son père, lui demander pourquoi il aime voir la chair de son sang nue le soir, pourquoi il aime poser ses mains sales sur son corps. Pourquoi il la viole, comme une vulgaire servante, une vulgaire truie. Pourquoi il l'a engrossée."

A ce dernier mot le regard de l'adolescente se posa sur le vente de la fugueuse, qui était en effet légèrement arrondi. Toutes les certitudes de la jeune fille s'étaient envolées en un instant. Elle pensait simplement récupérer la fille d'un marchand enlevée par des maraudeurs, mais au lieu de cela elle se retrouvait avec une jeune femme potentiellement victime d'inceste et de viol, fuyant comme elle le pouvait sa famille dérangée. Et elle devait empêcher cette fuite, sans quoi la baronne perdrait des convois supplémentaires, ce qui n'était bien entendu pas acceptable pour leur alliance.

"Est-ce vrai?"

La jeune fille confirma du chef, détournant un regard plein de honte. Que se passerait-il si l'on venait chez Erzébeth en l'accusant d'avoir enlevé Victoire? Qu'on la passait au fer pour ensuite rendre la sœur du duc à son frère scélérat? Elle ne pouvait que comprendre la situation, mais elle n'avait hélas pas de solution idéale.

"Dîtes moi, Damoiselle Chevalier, vous êtes bien jeune vous aussi. Vous devez comprendre mieux que personne cette jeune fille. Qu'allons-nous donc faire? Allez vous nous faire exécuter et la rendre à son père? J'imagine que vous ne pouvez malheureusement pas nous laisser fuir, le pouvez-vous? A moins que...
-Cessez de jouer et parlez.
-A moins que nous ne fassions un échange d'otage. La jeune fille repart seule, quant à moi je repars avec vous.
-Et en quoi cela aiderait Mademoiselle Brachore? A part vous faire demander une vraie rançon, cette fois-ci."

Le brigand se gratta le menton mal rasé, cherchant une réponse convaincante à la question soulevée par Tisis. Ce fut pour la première fois la victime de tous ces événements qui prit la parole, d'une voix tremblante:

"Vous pourriez peut-être tuer mon père?
-C'est hors de question, interrompu Tisis. Nous ne pouvons tolérer la mort d'un marchand suffisamment fou pour commercer avec les terres de Keresztur.
-Mon frère, Arthur, est l'héritier de la famille, mais il a confiance en moi. Il m'a aidé à partir et il voulait tuer Père. Si vous m'aidez, je vous promets que le commerce continuera sur ces terres."

Le brigand souriait, affichant deux rangées de dents jaunies par l'alcool, le tabac et la dure vie des routes. Tisis ne savait quoi faire. Elle ne pouvait risquer d'être prise pour otage, mais c'était là la solution la plus juste. L'idée même de condamner une femme à pareil traitement la révoltait. Elle avait toujours le souvenir de la prostituée qu'elle avait conduite à la mort. Elle avait sur la conscience le ravage de ses fiefs par des hommes qu'elle avait fait envoyer, qu'elle avait choisis elle-même. Mais cette fois, la cruauté ne mènerait à rien de plus grand, cela ne sauverait pas son duché, cela châtierait simplement une jeune fille qui, comme elle, n'avait rien demandé.

"Et bien soit. Vous allez sortir et vous prendrez mon cheval, vous faisant accompagner des deux gardes. Vous expliquerez que j'ai accepté d'être otage pour que votre vie soit sauve, mais que je vous ai fait comprendre que j'avais un plan. Quant à vous, monsieur le brigand, avisez-vous de me flouer et les châtiments de la baronne sembleront être une promenade de santé, par rapport à ce que je vous ferai endurer."

Le chef et la gamine acquiescèrent, la seconde se levant et se dirigeant vers la sortie. Elle remercia le bandit pour tout ce qu'il avait fait, avant de partir. Les deux gardes avaient l'air tendus, tout comme l'homme.

"Vous avez bien du courage, Damoiselle Tisis."

La jeune fille sourit de manière sardonique, tandis que les maraudeurs finissaient de préparer la levée de camp. Comme prévu, elle partit avec eux, espérant juste que les flèches ne seraient pas tirées quand elle serait au milieu.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Ven 25 Mar 2011 17:55 
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« Donc, pour résumer. Je confie cette mission simple à Tisis, elle devait faire en sorte de faire sortir les malfrats, mais au lieu de ça, elle se met dans une tente et échange sa place avec l'otage... Quelqu'un a-t-il une explication ? »
« Tu sais, quand je parlais d'échanger les deux, j'étais loin de m'imaginer que tu le prendrai à la lettre. »

Katalina semblait outrée, le visage bas, elle pinçait l'arcade de ses deux yeux dans une moue consternée. La gamine engrossée attendait bêtement sur le cheval de Tisis qui était maintenant hors de vue et de tir, le danger aurait été de commencer à abattre les soldats dehors, à supposer qu'on puisse les appeler ainsi.

« Vous savez, ils ne sont pas si...»
« Ta gueule !» trancha Erzébeth visiblement accablée par ce changement brusque de situation. Selon la Baronne, elle n'avait pas à se mêler des affaires qui ne la concernaient pas, elle était déjà assez occupée par le cas de Keresztur et des bandits pour assurer protection d'une gamine enceinte par son père à la fois riche et influent sur le commerce. Comme il souhaitait peut être que ce petit secret de dessous le draps soit gardé confidentiel, il avait effectivement demandé aide afin que personne ne puisse faire le rapprochement... Ignoble mais malin, en fin de compte.

La demoiselle enceinte était entourée des deux gardes médusés qui avaient pour ainsi dire, plus trop intérêt à la ramener suite à ce grotesque incident.
« Erzébeth, ils s'apprêtent à lever le camp. Devons nous lancer l'assaut immédiatement ou attendre qu'ils soient sur les routes ? »
« Attendons que Tisis soit dehors...»
« Mais non, ils sont pas si... »
« Ta gueule !»

Quelques mètres plus bas, les hommes levaient effectivement le campement, on entendait les mules s'agiter lorsqu'on les chargeait, l'eau versée sur le feu, le bois qui craquait. L'activité battait probablement son plein. Ils profitaient de la situation pour s'éclipser avant qu'une décision ne soit prise. Erzébeth ne pouvait sacrifier Tisis, comment Victoire de Blanchefort le prendrait en apprenant que sa protégée avait été morte d'une flèche dans la glotte alors qu'à la base, elle avait une mission simpliste. L'inconnu posait toujours des problèmes lorsqu'il s'agissait de prendre des décisions sur le tas. Elle demanda à Katalina ce qu'elle en pensait, ce à quoi elle répondit que le mieux aurait été d'envoyer un cavalier au château ramener un groupe d'archers, plus nombreux pour couvrir le terrain et les routes. Elles ne pouvaient pas laisser Tisis s'envoler en compagnie de malfrats, ça non plus Victoire de Blanchefort aurait du mal à l'avaler.

Comment assurer une alliance si elle n'était pas capable d'assurer la survie d'une seule personne. Le mieux aurait été de décocher les flèches lorsqu'ils en viendraient à défaire la tente où elle était cachée avec les trois autres hommes qui manquaient pour compléter le groupe de sept. Une flèche dans la jambe afin de les conduire à la justice.

« Si mon père meurt, mon frère pourra s'occuper du commerce !»
« Ta gueule...» siffla Katalina. Elles ne souhaitaient pas que les bavardages stériles de la jeune engrossée trahisse leur présence exacte. C'est aussi la raison pour laquelle elles reculèrent de quelques mètres, si les hommes quittaient le camp en leur direction, elles auraient déjà taillé la route et pourraient suivre les malfrats. Erzébeth elle, était partagée entre l'envie de rendre la gamine, mais au suite de l'histoire, elle devait considérer que telle ou telle action ne nuise en rien aux relations commerciales. Qu'était-ce une vie face aux fortunes que le commerce pouvait apporter pour nourrir femmes, enfants et vieillards...

Elle l'aurait volontiers sacrifiée, mais il lui fallait en savoir plus.
« On devrait attendre que ta graaaaaande chevalière s'en sorte toute seule ? Ou bien qu'elle s'éclipse de la tente, espérant qu'elle ne se mettra pas sur la route d'une flèche. »

« Dis moi, quel est ton prénom ?»
La jeune femme, visiblement vexée fit une mine boudeuse et croisa les bras en répondant :
« Appelez-moi Ta Gueule, ça vous évitera de changer de registre !»

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Ven 25 Mar 2011 19:33 
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Les hommes s'attelèrent à lever le camp, Tisis restant seule avec le chef dans la tente et ses deux gardes. Le brigand avait voulu qu'ils se mettent à la tâche eux-aussi, mais la jeune fille le lui avait déconseillé: si six hommes étaient au même endroit, l'attaque aurait certainement eu lieu.

"Quel est votre nom?"

Tisis avait parlé de manière distraite, s'efforçant de penser à autre chose qu'au moment de tension se rapprochait à grands pas. Malgré son flegme, le chef n'avait pas l'air des plus rassurés non plus, sachant pertinemment que tout se jouerait en un instant.

"On m'appelle Gabriel, par là d'où je viens. Et vous, comment vous appelez vous? Vraiment j'entends.
-Tisis suffira.
-Je m'en doutais. Les bouhannais roulent d'avantage les r que vous. J'espère que vous avez tout de même de la valeur pour les soldats qui nous attendent.
-Je l'espère aussi..."

Finalement, celui qui avait accueilli la Dame Chevalier entra, avisant que tout était prêt pour le départ. Tisis énonça que le signal des troupes était un sifflement, qui viendrait probablement du nord. Elle suggéra aussi à Gabriel de garder une lame sur sa gorge, les archers n'étant pas des débutants. Elle frémit cependant en sentant l'acier froid contre sa peau, la mémoire de la nuit tragique lui revenant: un homme avait essayé de la violer, avec une arme similaire.

Pourtant beaucoup de choses avaient changé. Elle se sentait plus forte, plus sereine. Elle prenait des décisions, douloureuses parfois, le contrôle de sa vie lui revenant de plein droit. Là encore elle jouait avec le feu, mais c'était là sa nouvelle existence, dangereuse et faîte de pas vers l'inconnu.

Gabriel et elle sortirent, les hommes étant très inquiets, craignant pour leur vie qui risquait d'être forfaite en un instant. Tous étaient prêts à plonger sur le sol au moindre sifflement, se dirigeant lentement vers les bois, à l'opposé du château qu'il leur fallait fuir au plus tôt. L'adolescente espérait vraiment avoir fait le bon choix, chaque muscle de son corps étant extrêmement tendu.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Ven 25 Mar 2011 22:01 
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« Erzébeth, on a comme un problème.»
« Quoi alors ? Un troupeau de phacochère nous chargent, ou le soleil en profite pour s'éteindre ? »

Visiblement agacée, Erzébeth ne semblait même plus donner crédit aux dires de sa conseillère. Ta-Gueule n'avait pas dit mot depuis quelques instants, et voilà qu'on lui annonça que Tisis était effectivement retenue en otage, lame sous la gorge tandis que les brigands couvraient leur fuite.

« Tu vois ce que ça fait que de travailler avec des personnes qui ne sont pas préparées ? »

Effectivement, Cèles avait raison, faire équipe avec quelqu'un de pas assez qualifié pouvait transformer une simple opération de récupération en une opération de sauvetage plus complexe mettant en danger plus d'une vie. Ta-Gueule portait l'enfant de son père, si c'était vraiment le cas, elle pouvait le faire chanter, lui qui avait demandé discrétion quant aux actions. Cependant, elles n'en étaient pas encore là. Tisis s'éloignait petit à petit dans un groupe d'hommes sur les nerfs, leurs regards ça et là trahissaient leur grande connaissance de la menace, à croire que Tisis aurait trahi les plan d'Erzébeth. Katalina se vit confier la responsabilité de Ta-Gueule qui recommençait à prétexter qu'ils n'était pas si mauvais en fin de compte, ce qui lui valut encore une fois la réponse attendue.
« Ta gueule ! »
« Ta gueule ! »

L'éventualité d'un assaut était risqué, d'autant plus que le terrain boisé rendait les chevaux plus lents, ils auraient le temps de les entendre arriver, d'où l'intérêt de siffler au moment venu. Erzébeth s'avança avec Calpurnia sur quelques mètres, elle n'avait pas fait attention au sac de toile qui pendait sournoisement dans l'arbre.

« Vous devriez faire attention ! Ils ont posé des... Oui c'est bon je sais, ma gueule. »

La patte noire de sa monture craqua une branche de bois qui actionna une petite poulie qui actionna à son tour une branche souple qui détacha le sac de toile qui, porté par un poids mort et une cordelette tendue fondit vers la Baronne qui se disait intérieurement qu'elle venait de faire une belle connerie. Le sac lui heurta le visage à tel point qu'elle en tomba de sa monture. Ses yeux piquaient affreusement, le sac contenait un mélange de craie d'albâtre, de poivre rouge, de cendre et de sable le tout plus ou moins mélangé dans une substance brune et collante qui évoquait la sèche.

Les cavaliers s'approchèrent rapidement oubliant toute discrétion à la vue de la femme empêtrée dans cette substance poisseuse. Deux d'entre eux observèrent si d'autres sac n'avaient pas été dissimulés dans les branches.
« Tu sais... ça te donnerait presque un charme d'être gluante. »

La rage explosait chez la femme qui pleurait tant le poivre brûlait ses yeux. Elle jurait dans toutes les langues, tombant quatre fois alors qu'elle essayait de se redresser.

« Mon cheval ! Faites moi remonter sur mon cheval, crèvecul !»
« Mais madame ! Vous ne tenez plus debout.»
« Sur un cheval je suis assise que je sache !»
« Mais... Vous tenez pas assise non plus !»
« Attachez moi alors ! »

Dès lors que la poisseuse Erzébeth était remontée sur Calpurnia, Cèles avait redoublé ses moqueries, Katalina craignait la colère qui s'annonçait, les gardes eux remontaient également à cheval, et Ta-Gueule répéta :
« Si vous m'aviez écoutée... »
Inutile de préciser la réponse qui s'en suivait. Erzébeth plissait les yeux, essayant de distinguer des formes et des couleurs alors que tout était brouillé dans une véritable soupe de larme, le soleil éblouissait ce qui n'était vert-brun mélangé dans une masse informe.

« Ils sont où ces sales cons ? Où sont-ils ! »
« L'ennemi ? Là ? Juste devant vous, Erzébeth. »
« A l'attaque ! »

C'est alors que les cavaliers qui formaient la garde tiraient les épées au clair et fondirent sur les pendards sous le sifflement de Katalina auquel Lydia répondit.
?
!

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Ven 25 Mar 2011 22:34 
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La troupe entendit la charge bien à l'avance, des cris et des hennissements se faisant entendre distinctement. Ce n'était assurément pas les hommes de Lydia, l'archère étant d'une discrétion à toute épreuve. Tisis ne saisissait pas pourquoi la garde de la baronne avait ainsi décidé de se faire entendre. Le but n'était clairement pas d'effrayer les maraudeurs, ni de les surprendre.

Le sifflement vint d'une bonne soixantaine de pas, les hommes de Gabriel se jetant aussitôt à terre, alors qu'une volée de flèches se perdait dans les fourrées. Le chef du groupe avait entrainé la jeune fille dans sa chute, la protégeant de son corps. Il murmura un remerciement à l'oreille de la jeune fille, avant de se redresser, sonnant la dispersion de ses hommes.

Ceux-ci filèrent dans sept directions différentes, s'abritant des flèches du mieux qu'il le pouvaient. Tisis roula sur le côté, s'abritant elle-même, peu confiante en entendant que les cavaliers chargeaient. Ce n'était pas prévu et lui paraissait insensé vu le terrain accidenté: les chevaux risquaient de se blesser et il serait difficile d'entamer une poursuite.

Un cri se fit entendre, l'adolescente voyant un des brigands s'effondrer contre un arbre, une flèche plantée dans sa joue. Un second homme se fit pourfendre à l'épée, tandis qu'un des gardes faisait une chute de cheval plutôt violente, manquant de se briser le cou. La vision ne marqua étonnamment pas Tisis plus que cela, comme si elle s'habituait à voir la mort frapper. C'en était presque inquiétant...

La jeune fille vit aussi passer la baronne, empêtrée dans un liquide visqueux, criant des ordres à s'en déchirer les poumons. La rage de celle-ci la choqua, témoignant à quel point son alliée pouvait être instable en temps de crise. Elle se releva finalement, les flèches ayant arrêté de pleuvoir pour que les soldats ne risquent rien.

A partir de là Tisis n'avait plus aucun contrôle des événements, mais elle était convaincue qu'elle n'aurait pu faire mieux. Il fallait seulement que Gabriel s'en sorte et accomplisse sa triste mission, ce qui relevait plus du vœu pieu que du réalisme. Ceci dit, c'était à lui que la fille Brachore s'était adressée: soit ce serait lui qui succèderait, soit ce serait personne.

Lydia rejoignit son amie, lui demandant ce qui lui était passé par la tête. L'adolescente lui résuma en deux mots l'accord, l'archère ne se montrant pas plus convaincue que cela. Elle conseilla même à la jeune fille de seulement parler de la lettre du prêtre, ne s'attardant pas sur les promesses de commerce futur. Si celles-ci se réalisaient, la baronne serait au courant bien assez tôt et pourrait juger de l'efficacité de son choix. Si cela ne se réalisait pas, elle ne perdrait pas la face.

Alors que la traque continuait, Tisis retourna auprès de sa jument, sous le regard de la fille du marchand. Elle lut dans celui-ci un désespoir terrible, qu'elle ne connaissait que trop bien. Il faudrait veiller à ce qu'elle ne mette pas fin à ses jours...

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 26 Mar 2011 03:10 
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L'assaut dura une poignée de seconde, les volées de flèches avaient assez dispersés les soldats pour qu'ils ne puissent plus faire effet de masse. Il n'y avait plus de force, plus de bloc, plus d'impasse. Hrist disait autrefois : Se battre à plusieurs, c'est la clef de nombreux combats. Ensemble, vous êtes forts, vous pouvez former un poing, seul, vous n'êtes qu'un doigt, et ne pouvez saisir ni frapper.

Mais Hrist n'était plus là, étrangement, Erzébeth sentait une présence en elle, non pas celle de Cèles mais bien la Frémissante qui n'avait plus refait surface depuis des semaines. Katalina s'était précipitée au galop vers Tisis et Lydia pour savoir si elle n'avait rien. Préoccupée par les raisons qui avaient pu pousser la jeune femme à un tel acte, son geste avait suscité de nombreuses questions quant au danger que pouvait représenter le dénommé Gabriel qui venait de se rendre, trois de ses hommes étaient morts. Un d'eux était blessé, une flèche barbelée dans le genou. Il ne fallait pas être guérisseur pour savoir qu'il ne pourrait jamais plus courir. Les quatre tiraient une drôle de tête voyant que c'était la Baronne elle même qui avait pris le piège en pleine face. Ils baissèrent la tête en choeur tandis que les soldats les conduisaient jusqu'au château. Erzébeth quitta l'endroit, laissant Tisis à la bonne garde de Lydia et de sa conseillère. Elle avait besoin d'un brin de toilette.

Les archers quant à eux, quittèrent leurs caches, descendant des arbres, sortant des buissons. Ils aidèrent à transporter les affaires de brigands et récupéraient les flèches perdues. Résolue à faire flamber les forêts, la Baronne pestait contre cette saloperie qui lui avait ruiné sa robe et ses cheveux... Tous collés, ça lui donnait l'impression d'avoir un seul et unique énorme poil sur la tête. Rageuse, elle gagna immédiatement la salle des bains à son arrivée au château; bousculant les servantes à son passage.

L'eau chaude, le contact liquide dissolvait cette immondice qui avait passé trop de temps dehors à macérer entre les feuilles. La robe allait être rattrapée, du moins elle l'espérait que les dégâts occasionnés ne soient pas irrémédiables. Et puis, une robe c'est bien plus simple à réparer qu'un corps humain. Ils auraient pu mettre autre chose, des piques, des lames... Non, à l'inverse ils auraient pu mettre de la fiente de troll qu'il n'y aurait pas eu de différence quand à la texture poisseuse. Ce piège était idéalement placé mais pas mortel. Les quatre hommes étaient dans la cour du château, enchaînés tandis que Lydia, Katalina, Tisis et Ta-Gueule s'entretenaient dans la grande salle du château.

***


« Mais qu'est ce qui a bien pu vous passer par la tête, échanger votre place avec cette... Femme ! Votre vie a-t-elle si peu d'importance à vos yeux ? Ou votre jugement est-il peut être plus mauvais et affecté que nous ne nous l'imaginions !? »

Katalina était bien moins contrariée que sa Baronne, mais le fait est que la mission avait mal tourné pour elle tant que pour les trois gars qui patientaient dans des caisses en bois qu'on aille les flanquer sous cent livres de terre. Elle levait le doigt en l'air s'exclamant qu'elle aurait pu en faire partie elle même, et que l'alliance aurait très mal commencé, si ce n'était qu'elle en aurait été rompue, car pour mémoire, elle rappela que seul le sang de Tisis figurait sur le pacte, l'absence de celui de Victoire rendait le document bancal, trop facile à briser. Personne n'aurait prouvé la bonne foie de Tisis si elle venait à mourir, et le sang est pareil pour tout le monde... Sa servante n'aurait pas eu un ton assez lourd pour assurer de preuve, encore moins cet imbécile de barde qui ne se faisait plus entendre, et c'était tant mieux.

« Il est vrai que ce risque était inconsidéré... Mais Katalina, aucun de nos homme n'a été blessé lors du combat. »

« Là n'est point la question ! Admettons, ils savaient bien que vous étiez avec nous. Vous aviez donc plus de valeur que cette femme qu'il détenaient. Vous étiez par conséquent une otage de meilleure facture si je peux me permettre cette expression... Comment être sûre que ce n'était pas un piège pour vous tenir réellement en otage et pour assurer leur sortie...»

***


Erzébeth se fit apporter la robe noire aux brodures rouges, elle ressemblait presque à celle de Katalina, seul un oeil affuté aurait remarqué les différences de symboles aux manches ainsi que le textile qui n'était pas le même. Elle appréciait les toilettes de ce genre, sa colère tombait peu à peu, maintenant rassurée d'être en vie et de savoir que personne chez elle n'avait perdu la vie, elle s'apprêta à rentrer dans la salle, là où les femmes débattaient sur ce qu'il serait judicieux de faire aux prisonniers.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 26 Mar 2011 10:52 
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Tisis écouta avec un intérêt feint les réprimandes de Katalina, ne cherchant pas à lui justifier ses actions. Elle était peut-être encore jeune, avait beaucoup à apprendre, mais certainement pas de cette femme qui ne suscitait en elle aucun respect. Son choix avait été risqué, elle n'avait pas compté sur une charge aussi dangereuse, mais elle savait qu'elle n'avait pas eu tort. Elle n'avait que peu de valeur en terme de rançon, une femme chevalier étant un otage bien moins bon et bien plus dangereux qu'une fille de marchand. La femme serpent était dans l'erreur, Gabriel ne savait pas qu'elle était importante aux yeux de la baronnie. La meilleure preuve de sa bonne foi était sa gorge, qu'il n'avait pas tranchée lors de l'attaque.

Elle reprit part au débat lorsque vint la question du traitement des prisonniers. Des brigands se devaient d'être exécutés, ou en tout cas, s'il fallait vraiment respecter les vœux du prêtre, emprisonnés. Pour Tisis il était nécessaire que la maraude soit durement sanctionnée, le problème étant que les dits maraudeurs n'en étaient pas vraiment. Tout au plus avaient-ils abusé de l'hospitalité des bois et avaient braconné, mais comme la jeune fille était venue de son plein grée, il ne s'agissait pas d'un rapt.

L'adolescente espérait seulement que la baronne entendrait raison. Elle avait vraiment eu l'air en rage, ayant été victime d'un des pièges que les bandits avaient placés autour du camp, si bien que Tisis se demandait si elle n'allait tout simplement pas les faire égorger pour cet affront.

La fille de Brachore était peu à peu rentrée dans une catatonie, entendant les propositions de traitement qui serait fait aux bandits, devenant pâle et cessant tout dialogue. Il était clair pour Tisis que la jeune bourgeoise ferait n'importe quoi pour ne pas retourner chez son père, mais maintenant que sa fuite avait échoué, les solutions se raréfiaient.

Erzébeth revint dans la salle, s'étant débarrassée de la mélasse. La dernière proposition de Katalina avait été de rendre les bandits au marchand en question, afin qu'il se salisse les mains lui-même. Ce serait cruel pour eux, mais personne ne pourrait accuser la baronne de partialité et de cruauté. Tisis convenait que c'était une solution efficace, mais qui ruinerait définitivement les chances de la fille de Brachore.

Elle ne trouva malheureusement aucun argument pour contredire cela. Il faudrait juste que l'enfant survive jusque là...

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Dim 27 Mar 2011 03:36 
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Si il y avait bien une chose qu'Erzébeth n'appréciait guère, c'était tomber au beau milieu d'une conversation entamée. Elle ignorait les débuts et les positions de chaque personne aussi, elle se permettait le luxe du silence pour quelques secondes, le temps que Cèles fasse un bref rapport de ce qui pouvait être dit ou pensé par chaque personne. Ta-Gueule était particulièrement mal, elle savait pertinemment que sa vie allait se jouer sur l'instant de cette décision - Retournerait-elle ou non affronter le courroux de son père ? -


« Considérez mes chères... Cette fois-ci je crois que rien ne presse et qu'agir dans l'urgence ne servirait à rien de bon. »

Elle ne semblait pas en vouloir pour rien à Tisis, de même que Katalina ne se permettait pas de sermonner fortement la nouvelle alliée du domaine. Elles étaient toutes dans le même problème qui était le commerce et la justice. Ta-Gueule était victime de crime qui insupportaient la Baronne. Cependant, pour le bien de centaines de vie, le commerce ne devait pas être planté pour une seule âme. Toutes ses terres valaient bien un sacrifice, qu'était-ce une vie face à des centaines d'autres ? Ne sachant trop comment réagir, elle se tourna vers la fenêtre. Le soleil était déjà haut, les rayons bienfaisants réchauffaient sa peau fraiche et pâle.

« Elle pue la peur... La renvoyer chez elle signerait sa mort, et la mort du commerce si on ne la rend pas. »

Erzébeth avait bien une idée, mais si elle venait à déraper, son plan magnifique se transformerait rapidement en nid à emmerdes pour tout le monde. Un coup à ruiner le commerce en plus de ses terres et elle ne se voyait pas tellement demander une somme au Roi qu'elle évitait depuis le début, ça aurait été le monde à l'envers. Il lui fallait un plan droit, pensé et carré.

« Ridicule ! Quand c'est carré ça tourne pas rond... »

La Baronne souriait dans le vide en écoutant les sottises de sa Faera qui visaient à la réconforter. Katalina n'était pas de mauvais avis, Tisis avait tendance, dirait-on, à choisir l'option la plus improbable, chose qui ne révulsait pas forcément les femmes présentes dans la pièce. Lydia aurait été concernée également comme troisième personne la plus importante du château à cette heure.

Si seulement Mircalla pouvait être là songeait Erzébeth. Or, la jeune Noble n'était que trop absente, et ce depuis des semaines et des semaines. Erzébeth se sentait moins seule, mais c'était cette présence unique qui lui manquait. Comme si les autres eussent-été vides de tout.

« Dites moi, Ta-Gueule, ma petite. Vous disiez que votre frère hériterait de ce commerce qu'est celui de votre géniteur... Comment prendrez-vous la mort de votre père ? »

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Dim 27 Mar 2011 06:32 
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Tisis avait sous-estimé la baronne. Celle-ci ne semblait pas en colère contre elle, davantage concentrée sur la solution que le passé. C'était là un point positif que la future duchesse était heureuse de trouver chez son alliée. La proposition de celle-ci alla d'ailleurs dans le même sens que sa négociation passée dans la tente, laissant un blanc dans la grande pièce.

Cependant, elle avait été perturbée aussi par le surnom que la femme avait donnée à Mademoiselle Brachore, un nouvel indice quant à son origine sociale. Tisis n'en montra rien, mais plus elle côtoyait la baronne, plus elle doutait de sa noblesse. Ce n'était pas un mal en soi, mais le savoir pourrait toujours être utile, dans le futur.

La fille du marchand répondit enfin, ayant repris un semblant de couleur à l'évocation de la mort de son violeur de père:

"Je... J'en serais triste, bien évidemment, mais la vie continuerait malgré tout. La succession est prête, la famille ne risque rien d'un deuil aussi tragique."

Elle avait dit tout cela en observant Tisis, le regard plein de sens. Elle semblait se faire à l'idée de devoir tuer son père, car de toute façon, au point où les choses en étaient, c'était elle ou lui. Est-ce que les bandits seraient utilisés à cette fin, c'était là une autre question qu'il faudrait éclaircir. La Dame Chevalier s'exprima sur ce point:

"Je pense qu'il serait très malvenu que l'on soupçonne votre baronnie, d'une manière ou d'une autre, d'un crime aussi odieux. Cependant, s'il arrivait que les bandits n'aient pas été capturés et aient agi en leur compte, rien ne vous impliquerait. Je vous avoue que la discussion avec leur chef m'a démontré qu'ils sauraient s'adapter, pour survivre, à des mesures drastiques."

Le message était très clair et profitable pour la baronnie: non seulement ils auraient sauvé la fille d'un riche marchand, mais en plus ils auraient gagné, par un hasard des plus fortuits, de nouvelles opportunités commerciales. Le tout sans avoir les mains sales, la responsabilité incombant à Gabriel. Tisis pondéra néanmoins ses propos:

"Bien sûr, je suis certaines qu'il y aurait des lames plus efficaces et plus sûres, mais avec un risque plus important dans le cas peu probable de l'échec."

Si la sœur du duc de Blanchefort avait eu beaucoup de mal à envoyer des hommes ravager ses terres, ordonner la mort de ce monstre ne lui posait aucun cas de conscience. Elle savait qu'elle aurait du hésiter, que cela ne ressemblait pas aux pensées d'une jeune fille, mais elle se sentait trop proche du désarroi de la victime pour nuancer sa volonté. Non, un tel monstre devait périr, il ne pouvait en être autrement.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Dim 27 Mar 2011 16:50 
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« Tu commences à devenir une vraie femme politique toi, dès que tu fais quelque chose, tu t'arranges maintenant pour que ça puisse être utile à tes terres. Fut un temps, tu aurai simplement tué le père en échange de quelques Yus... »

Le fait que la jeune Ta-Gueule ne soit pas outrée de l'éventualité n'était pas dérangeant pour deux sous, elle préférait tout de même s'assurer qu'il ne s'agisse pas là d'un piège vicieux dressé par quelqu'un dont elle ignorerait les mauvaises intentions.

« Tisis, je crains que l'idée ne soit pas très intéressante. Pour rien au monde je n'enverrai ces quatre hommes remplir cette mission délicate. On parle d'un meurtre... Pour varier un peu les conversations.

S'ils se font attraper, ils seront torturés et finiront bien par trahir qu'ils viennent d'ici. »


En effet, Erzébeth n'était jamais rassurée lorsqu'il s'agissait d'envoyer des personnes non expérimentées sur le terrain. Le risque était trop important, surtout que le pourceau était assez haut placé pour influer ou non le commerce sur ces zones. Et encore une fois, l'idée de faire appel au roi ne faisait que rebuter la Baronne qui cherchait une solution. Soit l'homme viendrait récupérer la fille de lui même, et là il aurait été facile d'ordonner aux troupes de l'escorte de le tuer; déguisant ça comme meurtre de la part des brigands en question.

Une fois ceci fait, ils pourraient être relachés à simple condition qu'ils parlent de ce meurtre comme le leur, et qu'ils disparaissent des terres de Keresztur. Tout ce plan allait à totale contradiction envers la justice appliquée par Erzébeth, Lydia approuvait cette idée, Katalina prévoyait déjà de faire exécuter les malfrats malgré l'aide qu'ils pouvaient apporter.

Cependant, ils avaient protégés une fille alors qu'ils auraient facilement pu abuser d'elle, ils avaient une valeur morale supérieure à celle du père... Erzébeth n'étais pas obligée d'intervenir, elle n'était même pas sensée être au vent de la situation. Mais les choses furent différente. Sans plus attendre, elle demanda à Katalina de rédiger une lettre au marchand, lui indiquant que sa fille était en sécurité au sein du château, et qu'il n'avait plus qu'à venir la chercher.

Lydia se chargerait de la capture de l'homme, il serait soit exécuté par les soins de la Baronne, sinon tué s'il venait à résister à l'assaut. Il viendrait sûrement avec sa garde personnelle. C'était à Lydia de s'assurer qu'ils restent loin du convois, assez longtemps pour faire croire à un assaut, incendier la carriole, simuler des morts et une pagaille. Une fois ceci fait, les prétendus brigands agiraient en leur nom, quittant les terres avec une petite somme et de quoi passer la forêt.

Tisis se chargerait de la protection de la jeune Ta-Gueule, Erzébeth quant à elle préviendra elle-même les prisonniers de leur destin. Elle rêvait déjà des tortures destinées au marchand pour cet acte abject...

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La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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