L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 2 Juil 2011 11:53 
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La ronde incessante des personnes présentes ressemblait à des nénuphars tourbillonnants emportés par un cours d’eau et noyait dans un flou psychologique la sauvageonne. Le brouhaha des discussions autour d’elle, voir des pensées, étaient insoutenables.

Thalo s’approcha d’elle se pencha légèrement et lui débita une tirade dont-elle n’en saisit pas le sens. L’expression générale de l’Humoran afficha plusieurs émotions avant de reprendre un masque d’indifférence. Il fit une pause et repris, en se morfondant en plates excuses.
Elle lui répondit d’un sourire mi-figue, mi-raisin, jeta un œil discret à sa protégée.


Thalo, je… je ne vous en veux plus… enfin je crois… ce qui à été fait ne peux être changer, Zewen œuvre en cachette, il devait en être ainsi.

Un petit silence, elle se mordillait les lèvres, tête baissée, les nattes ayant fait un voile devant son regard, cachaient son trouble et ses questions. Quand elle reprit parole c’est d’une petite voix chevrotante qu’elle réitéra cette interrogation :

Thalo, je ne peux pas croire que nous soyons les bienvenus ici. Partout je ressens la tension, la peur règne dans ce manoir lugubre.
Pourquoi toutes ces femmes, ces larbins toutes plus malheureuses les unes que les autres, qui transpirent la peur ? … Tssss !


Il ne répondit pas, n’ayant pas plus de réponse et parce qu’Heartless s’approchait. Déjà l’armure rejoignait la mage, sans se retourner l’esprit préoccuper un appel basic et un serment.

Alors qu’elle levait la tête, observait la pièce dans tous ses recoins, la main importune qui se posa sur son épaule déclencha un frisson dans toute sa personne et une réaction vive. Les paroles chuchotées à son oreille, à caractère rassurante, ne lui apportèrent aucun réconfort. L’humoran tourna la tête doucement, tendue comme un arc et décocha au capitaine un sourire carnassier sans joie. C’est avec dégoût qu’elle attrapa avec deux doigts griffus la main posée sur son épaule avant de la rejeter. Elle s’approcha de lui, le saisit par ses vêtements, l’attira contre elle et à son tour lui souffla ses mots avec une certaine véhémence :


Maître des illusions, puissent vos actes agir avec autant de brio et d’efficacité que l’est votre langue bien armée pour l’effronterie, la manipulation et le mensonge. Votre parole est assez mielleuse pour endormir un serpent des forêts, pas l’hôte de ce manoir.
Mais pour l’heure, si votre appétit va au-devant des apparences, c’est que votre avenir ne tient peut-être qu’à votre estomac. Ne serait-il pas envisageables que les mets sous vos yeux aux aboient ne soient pas aussi savoureux qu’ils n’y paraissent ?
Vous nous avez mené dans une ombre de Thimoros, une tombe qui pourrait tous nous ensevelir. Au moindre faux-pas, vous croupirez dans le meilleur des cas dans un puit sombre où votre âme en oubliera même ses origines.
Alors cessez de jouer le sauveur, vous et votre second n’avez aucune opportunité d’agir.


(((Jamais, je n'ai autant parlé en une seule fois et surtout tenu de tels propos. La main du capitaine a été déclencheur de ma colère comme la rupture d’un barrage. J’en remercie Gaïa la lumière, elle qui manque tant en ce lieu. Le pauvre capitaine en a fait les frais, il s’en remettra. Nark, à cet instant essaye de conseiller son acolyte de me faire sortir, comme si je n’étais pas assez grande pour m’occuper de moi ? … « Idiots » )))

Etrangement N’Kpa avait l’impression que la température de la grande salle c’était élevée, bravant les courants d’airs glacials qui s’insinuaient entre les fissures des murs pourtant épais. Elle avait l’impression que des laquais alimentaient sens cesse la grande cheminée. La pelisse de fourrure rejoignit le sac en bandoulière, découvrant l’Humoran dans sa splendeur sauvage peu vêtue.

Elle repoussa le pirate et s’éloigna de quelques pas vers une porte entrouverte, non gardée, repérée plus tôt. La maîtresse s’était installée, invitait tout le monde à l’imiter. Elle se sentait seule au milieu de cette kyrielle de gens étrangers et les quelques bougies allumées par-ci par-là ne donnaient pas plus de gaieté à l'ensemble. Du bruit provenait de la pièce, ce qu’elle y vit était surprenant.
Elle jeta encore un œil dans la bibliothèque. La précipitation de la guerrière antipathique à ramasser les parchemins qui étaient restés ça et là éparpillés sur quelques petites tables, n’échappa pas à la semi-elfe. Un rouleau eut la malencontreuse mauvaise idée de vouloir échapper à la prédatrice. Il roula sous un gros meuble, se faisant oublié…


(Ho ! tous ses parchemins, rouleaux et livres ! … Thilytanataë, mon vieux maître tu avais raison, ça existe et c’est magnifique. )

L’humoran s’éloigna, d’un pas de velours, scrutant chaque issue possible…
Dans la grande salle, les conversations diverses s’étaient engagées. C’est avec une très grande hésitation et une longue observation de la chaise, qu’elle prit le soin de s’assoire. Ses yeux ronds, comme des soucoupes à la pupille fortement dilatée, scrutaient inlassablement toute opportunité de prendre la tangente.

Une porte claqua, N’Kpa sursauta.

Soudain, alors que la jeune femme s’imprégnait de la situation et imaginait un instant au moins prendre quelques fruits, pour calmer la guerre que lui jouait son estomac, son cœur sembla s’arrêter. Si elle avait pu blanchir, exsangue, elle serait devenue aussi pâle que la Shaakt.

katalina sortait de la bibliothèque encadrée par trois zombies en armure à la croix rouge. Interprétant l’entrée discrète des nouveaux gardes sûrement sous la férule de la vilaine, comme la preuve de ses doutes, la panique refit surface alors que rien ni personne n’en faisait cas.
Sa haine envers cette matrone paranoïaque augmenta d’un cran sur l’échelle des personnes qu’elle voulait ne plus voir. Elle chercha donc une aide et parcourut l’assemblée, trop occupée à s’empiffrer. Thalo n’était plus là, elle ne l’avait pas vu disparaître. Si Rosa était seule, c’est qu’il n’était pas loin et donc absent depuis peu.


(Par Gaïa, j’avais raison, l’étreinte se resserre ! Suis-je la seule à voir ça ? …)

La jeune femme capta une résonance étrangère à sa volonté comme attirée par un charme hypnotique et porta soudaine son attention sur Erzébeth, au moment où celle-ci arrachait un grain de raisin avec un geste dédaigneux, comme une mante religieuse qui décapite son prétendant. Celle-ci observa le petit grain oblong, le fit rouler entre ses doigts, avant de le gober entre ses lèvres purpurines.
La Baronne d’un geste discret fit s’ébranler une des dames, cantonnées à la périphérie de la zone faiblement éclairée. Celle-là même que Thalo s’était enquis. La jeune femme brune aux yeux marron saisit un plat de fruits, s’approcha d’elle une grappe à la main le visage souriant et avenant.


Hum ! Damoiselle, je m’appelle Teresa, la maîtresse semble avoir remarqué que vous aviez peut-être envie d’une douceur. Ces fruits vous sont offerts de bon cœur et elle me prie de vous dire que vous êtes la bienvenue. Elle s’excuse si les mesures un peu… excessive de notre KATALINA vous intimide, mais rien ne vous sera fait. Si vous avez besoin, appelé moi.

L’Humoran pencha la tête, il lui sembla avoir eut l’impression que la jeune femme, quand elle prononça le nom de Katalina y mettait plus de ton. Teresa semblait moins perturbée, plus détachée. Son regard était franc et son sourire réel. L’humoran fit un tour d’horizon s’assurant qu’elle n’était pas surveillée.
A ce moment la Baronne s’était levée et avait rejoint Rosa lui tendant une main secourante. Elles étaient trop loin pour entendre ce qu’avait dit l’hôtesse. Seuls les heaumes imperceptiblement avaient suivi les mouvements.
N’Kpa timidement prit la grappe tendue. C’était peut-être là une occasion et elle ne se retint pas…


Oui, je… enfin namasté Teresa… Pourquoi cette femme (elle désigne Katalina d’un hochement de tête) se sent-elle le besoin de tant de méfiance et de haine ? Pourquoi que des femmes ?

La jeune servante tressauta. Il ne devait pas être coutumier de poser de telles questions, surtout devant tout le monde et justement en compagnie de celle qui faisait l’objet de ses interrogations. Elle en imputa l’excuse à l’éducation étrangère de la sauvageonne. L’étiquette, la raison et la survie dépendaient beaucoup de ce que l’on savait taire, dissimuler et utiliser à bon escient.
Teresa s’approcha un peu, ayant conscience d’avoir un brin de confiance acquise.


Eh ! bien si cela vous intéresse, je ne pense pas que Dame Erzébeth, n’y voit d’inconvénient à ce que vous admiriez ses collections.

((( Je lance un clin d’œil à la servante, elle m’invite d’un geste, je tique et comprends. Toutes les deux, presque comme deux amies de longue date, deux sœurs, on se dirige donc vers la bibliothèque sous les regards inquisiteurs de la garde sombre. Je me renfrogne et pourtant affiche un visage enfantin de ma personne ; je tire la langue à un colosse de marbre noir qui, presque imperturbable, n’esquisse qu’un « grrr ! » provenant sûrement d’une de ses origines lointaines de canidé. Je pouffe et me dépêche de rejoindre mon guide. Teresa repousse la porte derrière elles et fait un signe de silence l’indexe sur sa bouche.)))

Voilà, vous pouvez voir ici des ouvrages datant de temps anciens, historiques, littéraires, artistiques, philosophiques, portulans et certains relatant de traités de magie…

Elle baisse la voix et se rapproche de l’Humoran.

Erzébeth il y a de cela quelque temps a subi une tentative d’assassina. Katalina s’en ai voulu et ne commettra plus l’erreur de laisser la Baronne sans protection. Katalina, n’est pas une mauvaise personne. Pour votre deuxième question, je ne pourrais y répondre.
Toujours est-il que, vous pouvez faire confiance à la maîtresse de ces lieux, je pense qu’elle vous accueille avec une certaine joie, qui rompt un peu notre isolement, même si cela ne plais pas à tout le monde.


N’Kpa écoutait d’une oreille et regardait avec émerveillement les rayonnages de livres et parchemins. C’était par pure curiosité, elle se doutait de ne pouvoir déchiffrer un seul de ses ouvrages. Elle ne savait pas lire le commun, si tenté ils étaient écrit en cette langue. Cependant les enchaînements d’arabesques des écritures et les illustrations qui les ornaient étaient un art qu’elle appréciait. Le rouleau égaré lui revint en tête, tout en écoutant la servante, elle s’approcha de sa cachette, la pelisse de fourrure chuta et le rouleau disparut.
Elle sourit à la demoiselle.


Namasté, Teresa, c’est beau et un jour j’aimerai savoir reconnaître les signes sur les rouleaux… J’ai besoin de prendre l’air, pourriez vous m’aider ?

Teresa comprit et sourit.

Suivez-moi, je vais vous emmener à un petit jardin.

Elles quittèrent la bibliothèque traversèrent la grande salle, sous le couvert des parties non éclairées, évitant la soupçonneuse Katalina, passant devant des gardes frappés d’un faut mutisme. Teresa s’engagea dans un petit couloir, Et elle débouchèrent dans une petite cour, une sorte de cloître entouré d’arches en pierre. En son centre, une fontaine savamment sculptée contrastait avec le château si lugubre dans une harmonieuse composition au milieu de parterres de plantes, de fleurs diverses. Le froid de la nuit sous la lune montante surprit la servante.
Teresa frissonna et claqua des dents en quelques secondes, N’Kpa inspira avec volupté l’air frais, nullement troublé par la température.
Derrière elles, une sentinelle plongée dans le noir des arcades, sous les ordres de Katalina observait les deux femmes.


Reposez vous, je reviens vous apporter une collation…

N’Kpa profita de l’absence pour faire un tour du patio et petit à petit se détendit. Les rafales frisquettes qui la léchaient par moments la ravigotèrent. L’homme ne bougea pas d’un poil, telle une statue de marbre, emmitouflé dans son armure, son manteau sombre et sous son heaume. Il craignait que la femme qui passait de l’autre côté des arcades ne l’aperçoive ou ne le sente.
Il était heureux de ne pas avoir été de garde la journée, croulant, suant sous la chaleur du début d’été. Il préférait être là, ce soir et ne pensait pas être dérangé, juste au moment où il allait allumer le brûlot de sa pipe, les donzelles avaient débarqué.
Il maudissait ces troubles faits qui avaient débarqué à la nuit et qui lui faisaient rater sa partie de dominos, les paris avec ces collègues et le gobelet d’ale fermenté.
« Encore une idée de la Baronne… Au moins Katalina, elle, ne faisait pas confiance à l’engeance présente. » Pensa t-il.
Il venait de réaliser que la seconde leur avait demandé de se méfier de la sauvage, elle avait un comportement suspicieux, avait-elle dit.
La mauvaise expérience avec les vagabonds et surtout la femme que les Zalinas avaient trucidée restait trop fraîchement en mémoire de la Katalina. Concours de circonstance ou pur hasard celle-là même qu’il devait surveiller était là devant lui.
Du coup, il pouvait l’admirer de plus prêt. « Beau brin d’fille, mais beurk ! elle est pleine de poils… Chuis sûr que ça ne déplairait pas à Caliss hu ! hu ! hu ! »

Teresa revint quelques minutes plus tard les bras chargés d’un plateau couvert de victuailles et un broc contenant un liquide fortement épicé.


Voilà, mangez au calme, je vous ai apporté de la bière d’Ale, reposez vous, je préviens la maîtresse que vous êtes ici pour qu’il n’y ait pas de malentendu. Je ne peux rester en votre compagnie, je reviendrais dans quelques minutes ou venez nous rejoindre quand cela ira mieux.

Elle salua l’Humoran, lui sourit et s’en alla. N’Kpa s’installa contre le muret de la fontaine, dans son dos l’eau chantait sa ritournelle enivrante.
Elle huma ce qu’avait apporté la demoiselle, s’empiffra une fois rassurée, dans le même moment, elle sortit le rouleau caché dans sa pelisse. Avec précaution, elle déroula l’objet et parcourut les lignes, dessins et illustrations.

Bien évidemment, elle ne put lire les écritures, à part certaines tracées en Elfique comme les noms des objets et du personnage. Mais elle s’attarda sur les représentations. Il s’agissait de trois objets, un arc, ou d’un bâton, un carquois et une épée. Le porteur était banal voir même insignifiant, sauf la présence d’un loup hors norme à ses cotés…

… L’homme ne la voyait plus, il la savait assise au sol derrière la fontaine. Il n’osa bouger, même si des fourmillements et des crampes le harcelaient.
« Que fait-elle ? »

La soif taraudait le gosier de la sauvageonne, le pichet était tentant. Sa curiosité la poussa plus loin dans sa découverte. Elle attrapa la cruche renifla le contenu parfumé, y trempa les lèvres.

(Humm ! Etrange breuvage, j’aime les épices, mais peu l’arrière goût. Peux-tu faire confiance à Teresa ?… )

Elle se résigna à tenter l’expérience. Mais peu habituée voir pas du tout à boire de l’alcool, celle-ci lui monta très vite à la tête et elle dodelina du chef.

Le besoin de bouger poussa le gardien à se déplacer. Le cliquetis des pièces d’armures fit échos sous le porche. Il se maugréa et retint son souffle. En homme d’arme aguerrit, il grimaça dans son casque, s’immobilisa, tendit l’oreille, même si le heaume le gênait.

N’Kpa fit un bon, ses yeux ronds scrutaient d’en dessous la fontaine la provenance des bruits. Son odorat huma l’air, mais le patio avec ses vents changeants et la fragrance des fleurs ne lui apprirent rien. Elle avait mal à la tête, voyait trouble. Elle se releva avec mal s’accrocha au rebord de la fontaine et ficha un coup de pied dans la cruche qui alla se fracasser. Elle titubait, avait du mal à garder son équilibre et une forte envie de vomir… Elle fit quelques pas en direction de la sortie, se tenant le crâne.


(Par Gaïa, tu es stupide ma fille, je ne sais pas ce qu’il y avait là-dedans, tu t’es faites avoir, ce n’était pas le lieu pour assouvir ta curiosité maladive. )

Elle avança, la tête lui tournait et s’effondra, inconsciente.

L’Homme sortit de l’ombre un rictus sous son casque, fit l’inventaire des reliefs du repas, aperçu le parchemin, le ramassa et s’approcha de l’Humoran.
Il la retourna d’un coup de botte et la dévisagea sous un rai de la lune.
« Qu’est ce dont cela ? » Ce demanda t-il en déroulant le parchemin. « Quel gâchis, une si bonne Ale, on ne supporte pas l’alcool donzelle ? Peut-être que ce rouleau intéressera la Baronne ? »
Il quitta le lieu, emprunta le couloir en direction de Katalina.

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Dernière édition par N'Kpa Ithilglî le Lun 4 Juil 2011 21:16, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 2 Juil 2011 17:39 
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La réponse de la féline était... plus violente que ce à quoi Heartless s'attendait. Après l'avoir agrippé par le col et traité de langue de vipère, de menteur, de manipulateur. Ce genre d'insultes, il y était habitué. Pour lui, c'était le prix à payer quand on voulait se démarquer des autres. Les utiliser comme tremplins pour sauter plus haut. Mais, étrangement, il ne voulait pas penser à elle, à Nark, à Rosa, à Mazhui et compagnie simplement en tant que faire-valoir, pas après avoir plaisanté avec eux autour d'un feu chaleureux et d'un repas grillé. Ces gars-là l'avaient rejoint de leur plein gré pour leurs propres raison, et c'étaient eux plutôt que lui, qui s'en servaient comme d'échasses. En soi, ce n'était pas une mauvaise chose, ça les liait. Il avait besoin d'eux pour échapper à la solitude, l'oppressant ennui, à la peur aussi. Ces gars-là, ils avaient besoin de lui car ils croyaient en quelque chose, souvent un rêve, un but, leur utopie. Il ne fallait pas s'y méprendre : pas d'amitié entre eux, juste de vagues rêves enlacés tortueusement sur la même route. Heartless entendait à peine les mots cruels de l'Humoran, son seul œil regardait dans le vague. Quand elle le lâcha, il s'extirpa de ses pensées puis rejoignit les autre près de la table, reprenant peu à peu possession de son sourire narquois aussi naturel que détestable.

La baronne s'assit en bout de table, puis ses invités l'imitèrent, prêts à bondir sur la nourriture. Le borgne attendait le début du repas avec un regard suppliant, puis, voyant qu'Erzébeth avait déjà fait main mise sur une grappe de raisins, il se jeta comme un fauve sur la bouffe. Mazhui, qui était près de lui, et d'ailleurs non loin de la baronne qui captivait son attention, se permit d'émettre un petit gloussement amusé lorsqu'il vit un poulet entier, ou plutôt le plat sur lequel reposait le poulet à la place de son assiette. Déjà l'ingrat avait arraché une cuisse et se pressait de l'engloutir, sans même remarquer derrière lui le retour de Katalina, cernée par des gardes en armure pas vraiment amicaux, chargés de s'assurer qu'aucun visiteur n'importune la maîtresse des lieux. Ce fut quelques instants plus tard, après un long récit du borgne qui désignait la vie de la populace à Tulorim ( le prix surélevé de l'alcool, les bastons de taverne, le comptoir des femmes de joie dans les sous-sols du théâtre... ), que les premiers exploits du marin d'eau douce emplirent la salle d'un air de décadence et de ridicule, largement mis en avant par les mimiques du borgne, qui frappait sur la table ou imitait les différents personnages de son conte absurde...

- A Tulorim encore, y'a pas si longtemps, je passais mes journées dans le bar à putes dans le sous-sol du théâtre. Je rentre dans le bordel et là je vois... un turban... euh... un homme du désert, le peuple des Dunes je crois, ... s'assoir à ma table ! Et là... je sais pas comment on en était arrivé arrivés là, mais on a fait le pari idiot que je gagnerais une partie de cartes les yeux bandés. Je vous raconte pas comment c'était le chaos autour de la table, surtout que les autres joueurs étaient pas du genre sympathiques. Alors on avait eu un peu de mal à me faire accepter dans la partie mais on leur a fait croire que j'étais un turban aussi... mais avec un voile quoi... enfin ils y connaissaient rien les mecs, et j'ai réussi à participer. Bon au début, c'était pas très facile, hein, je voyais pas du tout mes cartes, mais vous savez comment c'est... Plop plop dans les manches et le tour était joué ! Je me souviens plus très bien de la suite mais on a du détaler comme des lapins ! Le pire, c'est qu'on s'est fait un paquet de tunes comme ça, et ouais !
Pis après une fuite héroïque... le Turban m'a chopé par le col, y voulait sa part, l'ingrat. Alors je l'ai chopé par le drap et je l'ai cogné trois fois contre le sol avant de partir avec le magot !


C'était un peu son humour à lui. Après trois verres de vin, sa mémoire s'était un peu embrumée et il en avait quelque peu inventé la chute, d'accord, mais ce que personne ne savait, c'était que tout ça, à part la bagarre, c'était vraiment passé. D'ailleurs, Gallion Thunderhead était présent ce jour-là, mais Sirius avait pris soin de l'écarter, il valait mieux éviter les sujets qui fâchent quand on était à la table d'une baronne. L'alcool et les victuailles avaient quelque peu vrillé son estomac et le borgne s'excusa sobrement pour sortir de table, il avait besoin de "prendre l'air" à l'extérieur. Mircalla, qui en revenait à peine, lui montra la direction, Heartless la remercia tout aussi brièvement avant de s'éclipser jusqu'au jardin nocturne. Un garde de Katalina, qui faisait sûrement sa ronde, trouva l'ivrogne en train de... "dessaouler" d'une manière des moins propre, entre deux fougères. Boire et manger trop vite, ça faisait souvent tout ressortir par le mauvais trou. Le larbin d'acier portait un vieux parchemin à la ceinture et une bouteille de vinasse, ce qui alimenta encore le mal du malade.

- Hé, vous là ! Que faites-vous ?!

Sirius sortit la tête de l'ombre et montra son visage bleuit par les maux d'estomac, la situation se révéla assez compréhensible pour lui épargner les soupçons de l'armure noire qui jeta un regard dégoûté sur les immondices laissées par le sale invité. Ses jurons ne trouvèrent nul réponse du coupable déjà loin. Heartless avait rejoint la fontaine, ou la brise passagère rendait le vent nocturne plus frais et plus doux pour les narines en feu du borgne. Il tenait entre ses mains un long parchemin, volé au sous-fifre de la conseillère, car il y voyait des motifs familiers. Il n'eut pas le temps de l'ouvrir, il fut surpris par les ronflements d'agonie de N'Kpa, allongée près d'une petite flaque d'alcool. Celui contre qui elle avait déchaîné sa colère posa le parchemin près de l'eau puis s'accroupit près d'elle pour la réveiller, avec de petites secousses. N'obtenant nulle réponse, il la porta jusqu'à la fontaine et la reposa contre le rebord, puis il s'installa sur le sol à côté d'elle. Il ne parvint pas à stabiliser sa tête qui tanguait dans tous les sens alors il la plaça sur son épaule. Les deux êtres se soignaient côte à côte de leurs maux respectifs. La chaleur de la chevelure rousse contre sa nuque était... plaisante, mais il se borna à ne pas penser tordu, après tout ce n'était qu'un gros chat. Mais N'Kpa, affalée contre la pierre, ronflant plus fort encore que l'eau, lui faisait penser à un enfant gonflé d'innocence. Un gamin qui ne connaissait rien à la vie et qui se contentait de son maigre univers, voilà ce qu'elle lui rappelait, sa propre enfance.

Une innocence qu'il avait perdu depuis longtemps, et chaque souvenir qui revenait se faisait plus douloureux que le précédent. Ça aussi il l'avait en quelque sorte sacrifié sur l'autel de ses rêves... innocents eux aussi, dans le sens le plus noueux du terme. Heartless se saisit du bout de parchemin au-dessus de sa tête puis l'ouvrit. Il mit un certain temps à reconnaître l'illustration mais les premiers mots lui avaient fait comme un choc électrique...

- La mer, qu'est-elle ? Que signifie la mer pour nous, marins ? Une grande étendue d'eau, comme le dirait si bien le commun des mortels, une sorte de lac géant englobant le monde entier ? Non, aucun bon marin ne vous répondrait ça, la mer n'est pas qu'eau, non non non, vous vous méprenez, le mot "mer" ne désigne pas seulement l'eau, c'est bien plus vaste, bien plus profond, et cette riposte simpliste à une question banale vous semblera enfantine, injustifiée, ignorante. Que représente la mer pour un homme qui passe sa vie à l'arpenter ? Un chemin ? Un terrain de jeu ? Une demeure ?

Et là le capitaine du navire vous rira au nez, si fort que vous vous sentirez ridicule d'avoir fait une telle remarque, il vous répondra : "Qui dit mer, dit bateau.". Vous rougirez d'ignorance, la réponse vous choquera par sa simplicité tout d'abord, puis vous fera découvrir un monde bien différent du vôtre terrien. La véritable demeure d'un marin n'est pas en mer, mais bien sur le pont d'un navire. Il y mange, bois, dort, travaille, il y vit et ça le rend heureux car il ne peut plus envisager d'autre vie. La sentez-vous ? La mer... Vous sentez le vent marin qui vous caresse le visage ? Le chant des mouettes ? La fraîcheur de l'eau baignant vos pieds ? Voyez-vous la mer ? Que voyez-vous ? De l'eau à perte de vue, une simple marée sans fin ? Non, vous y voyez, comme moi, un nouveau monde, rempli d'embarcations aussi variées que les marin qui les arpentent. Pêcheurs, marchands, pirates, tous vivent sur un navire, et c'est le navire qui vit sur l'eau alors qu'eux vivent sur le navire. Un marin a des jambes, il peut marcher sur terre alors qu'un bateau ne peut se déplacer que dans l'eau. Un navire reste dans l'eau par nécessité, un marin, par choix.


Il se surprit à en lire le début à voix haute. Il conclut sa lecture raccourcie par le titre du manuscrit.

- Le Prince Marchand, d'Urlik Ramhazan...

Cruelle coïncidence, malicieux coup du destin. Il s'en souvint, cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas lue ou entendue, cette histoire, mais il se rappelait de chaque ligne comme si il les avait écrites lui-même. Oui, c'était un des nombreux bouts de papier qui le forgea et lui donna soif de rêves. La lecture qui lui faisait sa mère avant de le coucher. Sa mère, une mère dont il avait oublié le nom, dont il avait renié l'existence. A croire que chaque mensonge refaisait surface avec le temps, et en particulier ceux que l'on se fait à soi-même. Il ne savait pas pourquoi le garde tenait ceci dans sa main, et il ne cherchait pas à le savoir. L'histoire, il la connaissait par cœur, celle d'un prince sans nom qui s'évada de son royaume pour partir à l'aventure, en mer. Au terme de chacun de ses voyages, il rapportait de nombreux cadeaux pour les pauvres et les opprimés, des richesses exotiques à la valeur pourtant inestimable. Les gens commencèrent à le vénérer puis l'appelèrent le Prince Marchand. Il était constamment accompagné d'un loup, un animal que lui seul avait réussi à domestiquer. Le nom de ce loup était Sirius.


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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Dim 3 Juil 2011 16:27 
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Fâcheux, son protecteur s’isolait pour le repas. Elle oubliait toujours ce détail évident. La table riche et distinguée n’échappa pas à la règle, Thalo réussit à trouver le moyen de manger en paix. Malheureuse Rosa, délaissée, désabusée et livrée aux regards des autres, ce qui devait passer pour un apaisement du chien de ventre se changea en épreuve intolérable. Sa sottise lui manquait déjà, à juger la qualité des plats et elle n’y voyait plus que des amas de nourriture stérile pour son estomac. La shaakt voulait courir, s’abriter contre le métal familier de son armure et s’y reposer. Cependant, elle n’avait pas à se plaindre car son angoisse se canalisait sous l’appui de son bâton. Oublier la dépendance, ce besoin, le doux bois qui caressait ses paumes, il ne fallait en aucune façon craquer. N’kpa s’était laissée emporter et elle en payait le prix. Heartless vint lui souffler son haleine probablement fétide des conseils stupides, Nark lui prodigua un conseil Ô combien chaleureusement énervant ; à vous pousser à repeindre cette pierre froide ; et une servante vint l’emmener prendre l’air. Ecart, Rosa serra son bâton contre elle. Puis comme pour se faire croire que derrière serait meilleur, paix à ses jambes, elle se retourna et… se crut morte, la baronne et trois gardes lui tenaient tête. L’elfe sombre ne put retenir un léger écarquillement des yeux qui toutefois pouvait passer pour de la simple surprise. Cette attention semblait bien réelle, que voulait-elle ? La mage finirait-elle défouloir pour de vieux et douloureux souvenirs que son peuple avait laissé ? Son esprit se mit à répéter la même négation dans sa petite tête, non, non, non… Il ne fallait pas crier, la maîtresse des lieux allait parler, la sorcière se devait de chasser l’image douce de cette sérénité, une fois le gouffre de ses crise franchi. La noble femme se remit à la fixer comme pour la mettre à l’épreuve, quelle désagréable habitude. Une étrange invitation perça le silence puis après avoir repris un visage moins perplexe, la mage répondit.

« Si quelque chose me trouble ? J’imaginais les banquets moins silencieux, plus animés… » Un temps « Vous… joindre ? Je suppose. » Il fallait s’assoir, son imagination voyait déjà le vide « Je n’ai pas autant de choses à raconter que notre chef de groupe. »

La peur guida ses lèvres vers une approbation polie, la main de la baronne vers la table des convives. Ce contact la raidit, derrière ses fidèles cachés sous l’acier la toisait. Fallait-il encore se sentir bienvenu ou pouvait-on commencer à se défendre sauvagement ? S’incommoder, Rosa allait respecter les usages de cette cruelle personne.

Un modeste espace, voilà qui ferait l’affaire. Après avoir bien vérifié que nul ne pouvait le voir, Thalo ôta son casque. Face à plusieurs plats laissés, il ne put refuser de se servir sans plus de cérémonie. Tout en mangeant, le guerrier réfléchit aux peurs de N’kpa. Quelque part, elle pouvait avoir raison : cette baronne bien qu’hospitalière, cachait avec difficulté une certaine froideur, mais de là à cracher sur l’offre qu’elle leur donnait ! Il ne pouvait s’y résoudre, tout croyant de Gaïa devait croire en la bonté d’autrui. La qualité du repas confirmait sa thèse, ces mets délicats apaisèrent le ventre de l’homme d’arme. Au final, un verre du fameux ténébreux, une portion d’Harney cuit et quelques fruits en particulier ces fameux raisins de vignes en treilles furent engloutis en quelques minutes. Le protecteur avait retenu la leçon, il n’allait pas laisser la mage seule plus longtemps. Il remit son casque et se hâta de rejoindre l’elfe noire qui devait déjà se faire un sang d’encre.

Rosa s’assit avec délicatesse sur un fauteuil proche de la baronne. Les autres se restauraient déjà, elle allait faire de même hélàs, son appétit s’étouffa d’avantage lorsque la sorcière vit à quel point le reste du groupe se ruait sur les plats, plus particulièrement son capitaine. Déroutant porc, répugnant être, abject bâfreur, sa vue fit grimacer l’elfe. Mais que voyait-elle ? Ou plutôt quelle horreur déroutait ses oreilles ? Sans s’arrêter dans l’entretien d’une image dégoûtante, le pirate refaisait l’affreuse narration de ses exploits mais cette fois dans un registre émétique. Nul doute possible, Heartless cherchait bien à pousser l’hôte à bout et à déchaîner sa colère. Très astucieux, la mage le regardait de ses yeux affligés. Il se servait d’avantage en vin, surement pour trouver une vérité située ailleurs que dans ses souvenirs et finit par sortir de table. Si Erzébeth commandait à ses hommes de l’écarteler ou de le bouillir vif, la mage laisserait un soupir de soulagement poli souffler et n’y verrait aucune objection. Son capitaine se montrait comme un spectacle de mauvaise farce trop proche du quatrième mur, amusant pour les coquins, désert pour les autres. Rosa se tourna alors vers la baronne, espérait-elle chasser l’ennui par tous les moyens ? Un numéro pour chacun peut être ? Ses histoires n’étaient pas aussi joviales que celles de Sirius et la sorcière se savait incapable de les rendre amusantes. Cela semblait être le moment idéal pour que la sottise de son armure se manifeste. Pourtant, elle n’entendait pas le cliquetis rassurant, juste les bruits des couverts. Cette grande table avait le pouvoir de l’intimider, elle se força à goûter un verre de vin. Son palais se montra brusqué, jamais habitué, elle put retenir un étouffement mais pas le plissement de ses yeux. D’une voix maladroite qui était la meilleure manière pour elle de se montrer respectueuse, la shaakt commença :

«Pardonnez-moi, dame Erzébeth, mais qu’est-ce qu’une humble mage comme moi, perdue et peu mondaine, peut vous apporter dans votre si riche demeure ? »

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 4 Juil 2011 23:06 
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« Qu'est ce que je disais... Elle a peur. »

Dans son fort intérieur, Erzébeth poussa un énième soupir d'une profonde lassitude à la vue des réactions que pouvaient provoquer ce lieu et sa garde. Elle y avait tout à gagner au final, car Katalina disait sans arrêt qu'il valait mieux susciter la peur que l'amour. La Baronne ne croyait plus qu'en la peur, l'amour, celui de Mircalla ou de la jeune Roséa finalement retrouvée, n'était qu'une fleur ayant perdu sa plus subtile saveur.

Les animations de table, qui en réalité étaient l'office des chantres, furent cette fois-ci faites par le chef du groupe. L'odieux borgne à l'odeur douteuse s'était rué sur les denrées comme la misère sur le pauvre monde. Les craintes de la seconde au sujet des manières de la table et de la préséance étaient fondées. D'ordinaire, on aurait fait cesser ce manège intolérable rétablissant l'ancienne coutume que le chantre vienne animer le repas de récits héroïques et de longues tirades qui avaient toutes pour but de faire voyager et rêver les invités, encore une fois, l'exception confirmait la règle et l'envie de capturer Heartless pour en faire le chantre du domaine passa l'espace d'un court instant dans l'esprit de la Baronne. (gentil bouffon...)

Pensive, elle reportait toute son attention sur le discourt lancé par l'homme qui, alimentait par le vin, fit naitre un rictus amusé aux lèvres de la femme qui en riait à ses dépends. La charité offerte méritait bien un moment de ridicule, et le ridicule toujours imprévisible amuse lorsqu'il ne vexe pas.
Katalina, rentrée quelques instants plus tôt observait la bouche presque bée le manège de l'homme à ses côtés. Le sourcil se releva dans une mine d'étonnement carabiné, si Erzébeth et Mircalla n'avaient pas offert le couvert, elle aurait immédiatement ordonné l'arrestation de celui qu'elle considérait comme plus répugnant qu'une compagnie de pourceaux pour en faire de la confiture.

Lorsque l'amusement fugace laissa la place à la paranoïa, elle lança son regard au niveau des portes, ne voyant plus Teresa sa chambrière qui escortait la femme fauve. Ce fut la Shaakt qui, en répondant, empêcha la Baronne de se lever pour aller voir elle même. Erzébeth en avait presque oublié son invitation à partager une conversation avec la Dame Aqamaq tant elle fut obnubilée par ce si rare spectacle que représentait à ses yeux l'Humoran.

« La diversité voyons...» Répondit-elle sans même s'en rendre compte. Sa réponse précipitée, offerte par l'instinct se valait en fait peu commode à la préséance que l'on pourrait croire assimilée à une Baronne. Enfin, elle comprit que sa réplique était trop comparable aux objets que l'on changeait à loisir lorsque l'on s'en lassait. Dans un sens, ce n'était pas si faux, mais brusquer une si nouvelle personne n'étant pas son but premier, elle se ravisa sans plus attendre d'un sourire qui aurait pu être sincère : « Je ne suis pas plus mondaine que vous, l'image de la noblesse ne veut pas dire, chez moi, que l'on reste indifférent aux autres. Vous faites effectivement partie de ceux qui méritent de ne pas subir mon indifférence et... »


Erzébeth fut interrompue par l'entrée fracassante d'un prêtre de Yuimen qui visiblement, perdait ses voeux tant il était rouge de colère. A ses frusques, se tenaient trois servantes portant les couleurs du temple de Kendra Kâr, elles suivaient la jeune Roséa, l'enfant qu'Erzébeth, Silmeria lorsque ce nom était encore sien, avait arrachée des entrailles de sa mère lors d'une tempête avant que celle-ci ne succombe à l'immense souffrance occasionnée par l'accouchement. La tension montait en elle, Roséa n'était plus un bébé depuis le temps qu'elle l'avait abandonnée dans ce chariot bâché de fluides qui allait déposer ses stocks au temple. Mircalla était allée en personne lui conter ce qu'Erzébeth avait bien voulu lui dire, en définitive, la Baronne était strictement incapable à cette heure de savoir si la petite était rongée de colère ou si elle mourrait d'envie de retrouver celle qui, quatorze années plus tôt, lui avait sauvée la vie. Sous sa petite cape orange, l'enfant aux cheveux d'or attendait tandis que le prêtre braillait à tut-tête qu'il était intolérable de le faire attendre si longtemps entre ces murs glacés sans même avoir l'amabilité d'allumer un feu, il constata également que la femme avait eu l'outrecuidance d'inviter à sa table des inconnus alors que pour tout repas, on leur avait offert un bouillon de poule et quelques morceaux de pains. En réalité, Erzébeth méprisait les hommes de foi. C'était une des raisons pour laquelle elle avait laissé Katalina elle même s'occuper de l'accueil. Sa seconde n'appréciait pas les enfants pour deux sous, mais elle avait assuré qu'elle ferait un effort pour éduquer Roséa. Erzébeth ne se doutait en rien qu'il s'agissait surtout d'un moyen de faire d'elle une fille à son image, au grand jamais Katalina ne tolérerait une gamine aux manières douteuses, et question d'éducation, le caractère de la seconde se pouvait être légèrement incompatible. Bonne chose était que Mircalla restait en secours pour assister la brune qui ne cessait de regarder la petite. On distinguait assez mal son visage, l'ombrage de la pièce et celui octroyé par son capuchon rendait toute description de sa jeunesse très complexe. Seules ses mèches blondes dépassant de sa toilette trahissaient un détail de sa personne.

Erzébeth colla son dos au dossier de l'assise. Elle regardait l'homme devenu rouge par la colère se lancer dans des sermons stupides au sujet des priorités qu'on accordait, et qu'il n'était pas question que des inconnus prennent la place de ceux qui avaient été à juste titre, préalablement invités. Enfin, il argumenta que lorsqu'elle lui avait écrit dans une des lettres qu'elle prendrait soin de lui «  indiquer le chemin » il n'avait jamais osé imaginer qu'elle aurait fait jalonner les allées de cadavres d'orques empalés sur des pieux de quatre mètres.

« Quelle horreur, je vous le dis, c'est monstrueux, comment pouvez-vous vous sentir capable d'éduquer cette enfant de Yuimen alors que vous joignez l'horreur à chacun de vos faits ! »

« Oops... Mauvaise réponse Môssieur-le-tout-rouge »

La réaction se fit brusque et inattendue. La garde se déplaçait en silence tandis que les servantes, accompagnée et sous l'ordre de Mircalla, allèrent conduire les suivantes du prêtre et Roséa dans une pièce située plus loin. Expliquant qu'elles devaient être fatiguées de leur voyage, on leur fit dresser de quoi se sustenter et se reposer... Loin des cris qui auraient pu survenir.

Les doigts de la femme glissaient sur les accoudoirs à l'images de serpents albinos donc les ongles, laqués de noir représentaient les têtes vicieuses prêtes à se saisir d'un rongeur dans l'espoir de s'en repaître. Erzébeth se dressa devant le sourire de Katalina.

« Mais... Où les emmenez-vous, il suffit, nous rentrons, je jure devant Yuimen que si...»
« Pour votre gouverne !» Trancha Erzébeth ; « Cette enfant n'est en vie à ce jour que par mes mains tachées du sang de cette horreur que vous craignez tant, Yuimen n'est rien sur ces terres, et vous ne méritez pas, Monseigneur, de pouvoir jurer devant quoique ce soit, quant bien même cela soit un de vos pâles Dieux. Vous venez de me porter offense ! Allez donc les rejoindre, vos Dieux... » souffla-t-elle d'un ton beaucoup plus bas...

Le visage de l'homme se décomposa immédiatement. Le crâne chauve perla de sueur et ses yeux s'écarquillaient voyant que les hommes d'armes avançaient vers elle. Rapidement, la garde lui saisit les poignets pour le faire disparaître aussi vite derrière la porte qui menait au laboratoire et la fontaine. Le prêtre de Yuimen n'était maintenant plus qu'un souvenir sauf pour certaines, il fallait en juger ça aux regards médusés des servantes fraîchement arrivées qui constataient que les odieuses rumeurs étaient fondées.

Sous les exclamations du prêtre, la garde le traîna dans les corridors sombres jusqu'à la fontaine. De là, ils allaient le conduire aux geôles humides pour punir ce « porc » de cet affront terrifiant à l'hospitalité de la femme. Ils croisèrent Teresa qui eut son regard affolé en voyant la scène, connaissant la Baronne, elle comprit immédiatement que l'homme avait certainement osé prendre Yuimen pour témoin de quelque chose, ce n'était pas chose à faire... Il l'appris à ses dépends.

Usant ses forces pour tenter de s'extirper des poignes de fer, un des soldats en eut assez et lorsqu'ils fut à portée de la fontaine, de tandem, le frappèrent au ventre, pliant leur infortunée victime avant de plonger son visage boursouflé dans l'eau glacée de la fontaine de pierre. Les vagues occasionnées par la panique glissèrent sur l'eau, répandant le liquide froid sur les dalles de pierre. Trop occupés par l'office nocturne qui visait à calmer l'énergumène, la garde n'avait pas vu l'humoran et le fier chef de groupe dissimulés dans l'ombre des nuages qui cachaient la lune... Les spasmes se firent enfin sentir, sous le cuir et le métal, les soldats purent ressentir les palpitations musculaires qui indiquaient que l'homme n'en pouvait plus, qu'il était proche de la perte de connaissance. Une main plongea et alla saisir le front du vilain pour lui extirper le visage de l'eau. Il respira à plein poumon l'oxygène qu'il ne pensait plus connaître lors d'un court instant, avant d'être de nouveau traîné sur les dalles de pierres avant de disparaître avec les deux soldats en noir, derrière une porte de bois...

Pendant ce temps, Teresa était venue à la hâte prévenir Erzébeth que l'humoran était à côté de la fontaine en train de déjeuner, du moins, c'était ce qu'elle pensait. Trop préoccupée par cet événement dont elle se serait bien passée, Erzébeth était irritée. La présence des invités n'était désormais plus qu'un simple passe temps, et la tueuse allait appliquer les lois de Keresztur. Son doigt se pointa vers une jeune fille, affectée au service de Katalina elle même, la gamine n'avait pas plus de seize ans, des longues tresses blondes tombaient sur chacune de ses épaules et elle sursauta, ses grands yeux vers s'ouvrirent en grand, le regard affolé.

« Toi ! Dis moi tout le bien que l'on pense de moi hors de ces terres !»
La chambrière se recula, elle connaissait que trop bien le « jeu du mensonge » comme l'appelait sa maîtresse. La gamine aux cheveux blonds posa une main sur sa poitrine, essayant de se ressaisir malgré le regard terrifiant de Katalina, faisant mine d'être assurée, elle répondit enfin, après un court instant :
« Ho.. On me disait que vous étiez une baronne très pieuse, très aimée... Chose dont on me faisait l'écho. »

« ... mauvaise pioche »
Erzébeth sembla alors se calmer, même si dans son regard se terrait toujours une rage incontrôlable prête à bondir sur la pauvre enfant. Elle se recula de quelques centimètres avant de finalement s'assoir de nouveau.
« Ha... Vraiment. » dit-elle d'une voix plus douce. « Dame Aqamaq, avez-vous eu le même écho que notre amie ?»

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La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mar 5 Juil 2011 10:15 
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Diversité et intérêt, voilà ce qui pouvait l’amener à une table de marque. On n’avait pas idée de finir assise dans une pièce remplie de fous, affamés et violents. L’ennui de cette baronne semblait colossal, un monstrueux abysse prêt à engloutir une misérable petite Shaakt. A quelques touches de décorations près, des mâles en tenue d’esclave et on atteignait l’image d’un banquet de la Matriarche, mauvaise femme. Plus Rosa observait la scène, moins elle sentait sa faim, les nausées allaient suivre éventuellement. La maîtresse des lieux parlaient beaucoup moins cependant, aucun commentaire sur le temps, ni de talent pour nourrir de vaines conversations, pas même une étincelle d’inspiration. Cette femme se présentait vide pour le peu de rhétorique que l’elfe noire disposait à sa survie. Souvenir précipité, la jeune sorcière parvenait à revenir entière des terribles repas avec sa faculté de résoudre les énigmes de sa patronne déchue, à poursuivre le fil de sa pensée lorsque la vieille veuve se lançait dans des réflexions saugrenues. Voulait-elle parler de la mémoire, de la nature, de la condition, tout cela passait. Cependant face au mutisme, à la réplique distante, la mage séchait. Il ne fallait pas regretter la déchéance du clan, stupide nostalgie intempestive. Finalement ce fut un prêtre qui lui épargna la prise de parole. Le pieux vacarme lui permit de souffler, elle qui méprisait tant le bruit humain. Le doux cliquetis revint.

« Pardonnez mon absence, mais je mourrai de faim. J’ai raté quelque chose ? Pourquoi ce clerc hurle t-il ? »

« Oh… Tu reviens. Je t’en prie. Assieds toi. »

« Certes… Eh bien, Pas très loquace le personnage… »


Sa sottise rebâtissait la sérénité de la shaakt pas à pas malgré la proximité de la baronne sermonnée. Thalo écoutait attentivement et fut surpris au fur et à mesure que l’homme de foi justifiait sa colère assourdissante. Il passa de l’amusement à l’immobilité perplexe. Outre le fait que son indignation provenait d’un traitement de faveur qui piquait son orgueil, face à des voyageurs aux apparences relativement humbles, rendait la chose peut être… cocasse ? Le guerrier si dévoué fut consterné lorsque le prêtre fit mention des pals. Rosa y voyait un manque de goût, l’humain à ses côtés y voyait un profond dégoût. Un argument de plus en défaveur de l’hospitalité, la sorcière ne voulait en aucun cas finir empalée, c’était la mauvaise saison… Et son capitaine qui jouait les odieux idiots. La shaakt se persuada qu’une pomme de la coupole de fruit devant elle devait être très appétissante soudainement. Elle la porta vers ses lèvres, comme une enfant qui craignait que ses dents ne supportent pas puis la laissa tomber lorsque la dame des lieux prit la parole, elle n’aimait plus du tout les pommes. Rosa leva la tête, le wiehlenois n’appréciait nullement les propos que tenait son hôte. Ses blasphèmes malmenèrent son bras et il se sentait à deux doigts de défendre le prêtre ridiculisé. Amusant sentiment, orgueil naissant derrière des remparts, comme il se montrait aisé de se placer haut lorsqu’on possédait un fief. Même les petits Sindeldis n’échappaient pas aux vanités, encore moins avec un bâton d’effets dans les mains, quatre laquais et voilà l’excès !

« Vous permettez…? J’aimerai prendre l’air comme tout le monde. »

« Non. Surtout pas. L’atmosphère est palpable, pas l’ombre d’un doute. J’étouffe
mais je ne bouge pas. »

« Je fais vite. »

Sans cérémonie, une nouvelle fois, il s’éloigna de sa protégée. Certes, un prêtre qui jure sous l’effet de la colère était bien maladroit. Cependant, la baronne ne lui inspirait plus du tout confiance. Des écarts de foi pouvaient à ses yeux être tolérables, mais cracher ainsi sur les Dieux, s’en moquer avec une aisance fort contestable, cela l’homme d’armes ne se sentait nullement en mesure de tolérer. Si cette femme empalait les orcs pour le plaisir, alors le guerrier avait de bien bonnes raisons de s’inquiéter du sort de cet homme. Ses craintes furent fondées, Dame Erzébeth semblait s’être entourée d’une garde aussi incrédule que ses méprisables paroles. Une fois arrivé, il assista à la noyade du prêtre. Courroucé, Thalo refoula sa colère pour le moment. Il les suivit jusqu’à une porte qui probablement menait aux cachots. Il regretta son armure mais Gaïa pouvait bien le punir s’il restait passif. L’héros improvisé la laissa derrière quelques végétations proches de la fontaine mais comme toujours garda son casque. Désormais plus discret, l’homme pensa alors aux probables conséquences de son acte. Sa protégée risquait des représailles, la mort n’était pas loin et pas des plus rapides. Néanmoins, une légère cécité nourrie d’idéaux et de ressentiment pestèrent contre sa peur et l’incitèrent à foncer tête baissée. Il espérait le pardon de la shaakt mais pour l’heure, il agissait pour Gaïa et Yuimen. Maudite concupiscence ! Toutes ces objections que la baronne avait proféré ne portait que sur elle même, il ne fallait en aucun cas que ce prêtre paye pour son impiété. Thalo prit une bonne inspiration puis ouvrit discrètement la porte… L’homme marmonna :

« Malheur des incrédules… Entendez ma plainte, Gaïa. Si jamais je ne reviens pas, que quelqu’un prenne ma place pour sauver Rosa. »

Infini rien. Le guerrier partait jouer dehors, au mépris de tout. La sorcière écoutait d’une oreille la terreur de la baronne, la lassitude s’enracinait si fort. Elle posa ses yeux sur une maîtresse qui jouait avec ses esclaves, une vraie petite prêtresse de Caix Imoros cette baronne. L’infortunée servante était une marionnette prête à éclabousser pour impressionner le petit monde. Quel contrat avait-elle devant elle ! De la terreur, la baronne voulait de la terreur. Les remparts ne suffisaient-ils plus ? Il fallait la peur du troupeau à l’intérieur. Malheureusement, ce petit manège retomba sur la sorcière qui ne pouvait plus apprécier sa passivité tranquille. Changement de refrain, des échos, elle voulait des échos. Pour une shaakt qui trainait derrière un passé troglodyte, un clan enfermé dans un abri souterrain , sculpté pour durer ou emmurer ses habitants vains, le vent n’apportait que de vagues images du monde extérieur.

« Je viens d’ailleurs. De loin. Cet écho n’a pas traversé les montagnes. Mais même pour moi, la chose est risible, du moins pour le peu qu’il m’ait été accordée de voir. »

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Dernière édition par Rosa le Mar 12 Juil 2011 12:19, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mer 6 Juil 2011 19:24 
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Un formidable combat était engagé dans son crâne. Thimoros aidait de ses ombres une femme brune à l’air incertain et au regard froid à attraper la cause de ses tourments. Chaque membre de la petite troupe qui avait trouvé refuge chez la baronne, faisait l’objet d’une chasse. Une formidable veuve noire tissait ses toiles et se rapprochait du borgne avec tant de dégoût et d’obstination que le guignol, tout à son élucubration artistique, n’attachait guère d’importance au danger qui couvait dans son dos. Déjà les images de ses compagnons empalés sur de longues lances aux pointes en barbillons, obscurcissaient un avenir devenu plus qu’incertain. Les murs noirs de la citadelle vacillaient, prison à ciel ouvert, occultaient parfois la lune sous un voile jeté par Oaxaca, l’univers tout entier autour d’elle tournoyait comme une roue gigantesque et l’entraînait à sa suite, comme prise dans une tornade.
Une musique enivrante et des rires sarcastiques, moqueurs enflammaient des hordes monstrueuses toutes hilares, sous l’égide d’un petit bonhomme joufflu au teint aviné qu’elle reconnu être Kubi, le dieu de l’ivresse…




Elle sentit dans une lointaine réalité des paroles et une voix connue. N’Kpa s’y accrocha comme à un fil d’Ariane et suivit la piste portée par ce lien.
Elle ouvrit un œil, l’estomac se rebiffa et une forte nausée la secoua et envahie sa bouche d’un rejet sulfureux. Elle se tourna et vomi…

Elle resta là, la tête dissimulée sous le collier de nattes rouges, haletante. Un second spasme et tout son corps rejeta l’immonde produit à l’origine de son malaise.
Elle n’avait pas encore pris conscience d’avoir pour compagnie le Capitaine qui juste à côté souriait de la déconfiture de celle qui l’avait injustement accusé de tous les maux de leur aventure.

Encore à quatre pattes, sentant une présence, doucement, elle tourna une tête déconfite en direction de la respiration difficile qui l’avait attirée. Voyant sa mine grisâtre et ses yeux de merlan frit, elle se posa sur son séant et se mit à rire d’un joli rire cristallin.


Oh Heartless, que Thilytanataë mon vieux maître me foudroie, ma curiosité m’a fait commettre une stupidité et en voilà le résultat. Mais je constate que pour toi l’aventurier aux grands airs ce n’est pas mieux !

La jeune femme s’agrippa à la fontaine, à genoux d’abord, puis se releva en douceur et plongea toute sa tête dans l’eau froide. Dans une gerbe d’eau lancée par les tresses, elle éclaboussa le pirate et expulsa un cri rauque à la lune, sorte de feulement en contraste avec son apparence si féminine.
Ses épaules et sa poitrine furent secouées d’un second rire que l’enceinte du cloître répercuta en échos. Ses réflexes abusés par l’alcool, le son la surprit. Titubante, debout devant le pirate, les pattes écartées, ses oreilles s’aplatirent avant qu’elle ne tombe littéralement à plat ventre en travers des jambes étendues du borgne, toujours adossé au parapet de la fontaine.
Dans cette position étrange, innocemment, elle se mettait à la merci d’une des addictions de l’homme, mais n’en avait pas conscience.
Elle se détendit s’appuya sans ménagement sur les guiboles, louvoyant de son corps comme un serpent pour aller s’asseoir à côté du pirate déchu. Un coup de coude amical dans les côtes, un sourire béa, un hoquet :


Dis, si tu es là, c’est que tu as fini tes pitreries, où c’est la mégère de cette masure qui t’a fichue à la porte ?… A moins que ce soit la Dragonne au cheveux sombres à la garde glaciale ? … Non laisse moi deviner… Hips ! … pardon ! Rôôô, ça me brûle ! … En bon prince bien éduqué, tu t’es dit qu’il était tant de sortir vider ton outre qui te serre d’estomac pour survivre à ta débauche ?… Hips ! Gnnneuuu ! …

Soudain, ses oreilles se redressèrent, elle attrapa par le col Heartless et tant bien que mal l’attira sous le porche dans l’ombre. Elle lui fit signe de faire silence. Quelques secondes plus tard débarquèrent trois gardes noirs tenant ferment un homme tonitruant, chauve vêtu simplement. N’kpa à genoux tenait le bras de Heartless et ses griffes, par réflexe, entamèrent l’épiderme du pauvre bougre. Son regard reflétait l’angoisse et la peur, surtout lorsque excédés par les beuglements de la victime les guerriers lui plongèrent la tête sous l’eau jusqu’avant les dernières secondes fatidiques.
Ils sortirent l’infortuné trempé, silencieux et le traînèrent jusqu’à une petite porte dans l’ombre du porche avant de disparaître. On pouvait suivre dans le gravier blanc contrastant avec la pierre noire, les traces de la lutte humide.
N’Kpa déglutit, tourna une tête médusée, au regard exorbité vers son collègue de cachette.


Je… Tu vois ? J’avais raison … il faut partir d’ici au plus vite, ou nous allons terminer comme ce bonhomme entre les mains de ses pantins en armures… Sa voix changea petit à petit pour prendre un timbre plus colérique, exaspéré. C’est un piège et tu nous y as fourré les doigts dans le nez… Alors comment comptes tu nous aider pour que nous puissions sortir de là en un seul…

Une fois de plus un hoquet interrompit sa tirade. Elle attira de nouveau Heartless au sol sans terminer sa phrase. La masse imposante et brillante de Thao fit irruption sous la lune descendante. Il fila vers la poterne, cliquetant comme les rouages d’une machine infernale. Pas de discrétion pour l’armure de la Shaakt.
N’Kpa, tourna un regard interrogateur à son voisin, cherchant une réponse à un épisode qu’elle n’avait pas suivit.
Déjà Le guerrier avait fait demi-tour et avec une dextérité durement acquise par des années de pratique, il ôta son encombrant attirail. Tout bas, à l’oreille de Heartless :


Que c’est-il passé et que fait-il ? Il a abandonné Rosa… Est ce qu’il connaît l’homme embarqué ?

Bien sûr, ses questions seraient sans réponses. Heartless n’en savait pas plus qu’elle. Dans le stress, la raison la rendait plus vive, plus alerte, malgré son estomac qui lui jouait des tours et son équilibre précaire. Elle lutait avec sa conscience, savait ou sentait le devoir d’aller directement s’informer auprès de l’homme.

((( Si jamais j’avais été en compagnie de mon vieux maître, il m’aurait incendié d’avoir commis l’idiotie de boire ce breuvage qui réduit à l’esclavage du saint Kubi tout être qui s’en éprend. Mais voilà, je voulais essayer, je voulais connaître. Comment comprendre ou parler de choses si on ne sait pas de quoi il s’agit ? Je l’entends me dire : « Tu es mal ma petite, Saint Jerì te guérira si jamais je te pardonne ton imprudence et ta bêtise. Ensuite, je constate que ta couardise n’a d’égale que ton manque de jugeote. Ma fille n’est-ce pas le grand guerrier qui semble avoir eu pour toi un peu de respect et de compassion ? » ... un silence...
« Alors s’il doit se mettre en danger, il serait utile que tu saches pourquoi, quels en sont les risques et comment a-t il fait pour quitter la table sans avoir à sa suite sa protégée ? Je ne m’explique pas son attitude. Ensuite, tu prendras ta décision en toute connaissance de cause. Files… » )))


Le temps qu’elle discute et cogite, Thalo avait dissimulé dans les fourrés son bien. Sa tête tourna au moment où elle entendit l’anneau sur la porte rebondir sur le bois. Thalo avait disparu. C’est avec un air médusé qu’elle interrogea le pirate, lui tenant l’épaule avec force et griffes, inconsciente dans son état d’affolement et des restes de l’alcool que son geste était douloureux.

Heartless, il … il est entré par là pour suivre les gardes ?

Elle désignait la porte du bout du nez.

On … on ne peut pas le laisser allez tout seul ! dit-elle chuchotant sa phrase pour se rassurer.

La jeune femme tout existée, accroupi devant le pirate, dandinait d’un pied sur l’autre dans une extrême indécision. Elle cherchait le regard de l’homme, avec le besoin de s’assurer qu’il ne la lâcherait pas. Dans le sien était lisible la détermination d’agir et vite.

Alors elle se leva, s’appuya contre le mur, la tête lui tournait, elle ferma un instant les yeux et souffla. Elle tira à elle le pirate sans lui laisser le loisir de trop réfléchir… Allait-il suivre ou prétexterait-il de vouloir allez chercher du renfort dans la personne de Nark ?

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Jeu 7 Juil 2011 22:34 
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Et paf, une flaque dégueu sur le sol, laissée par une N'Kpa à peine réveillée, ressentant le besoin pressant de faire ressortir l'alcool qu'elle avait ingéré. A peine avait-elle repris ses esprits qu'elle se mit à délirer devant Heartless, comme n'importe quel ivrogne du bordel de Tulorim dont il avait conté les mœurs à la table de la baronne, ce qui n'était pas sans gêner le borgne, surpris par une telle réaction à la boisson de la part de l'Humoran. Enfin, après lui avoir adressé des paroles perdues dans les ténèbres de l'alcool, elle acheva de dessaouler en plongeant la tête dans la fontaine. Après une sorte de beuglement sonore étranger à ces lieux, elle se laissa tomber entre les jambes tendues de Sirius, qui, au lieu d'en profiter comme si elle avait été une catin, se sentit gêné au point de ne pas profiter de cette occasion sur une personne si innocente. Innocente ? Plus tellement en fait, car après s'être rassise à ses côtés, elle le frappa "amicalement" dans les côtes ( elle l'avait explosé plutôt ) puis copia son fameux sourire de faux vainqueur. Franchement, tout cela était des plus déroutants, Heartless se dit qu'il ne reverrait probablement plus jamais la bière de la même manière...

- Dis, si tu es là, c’est que tu as fini tes pitreries, où c’est la mégère de cette masure qui t’a fichue à la porte ?… A moins que ce soit la Dragonne au cheveux sombres à la garde glaciale ? … Non laisse moi deviner… Hips ! … pardon ! Rôôô, ça me brûle ! … En bon prince bien éduqué, tu t’es dit qu’il était tant de sortir vider ton outre qui te serre d’estomac pour survivre à ta débauche ?… Hips ! Gnnneuuu ! …

Elle parlait comme Heartless, bougeait comme lui, elle lui avait piqué son air narquois et son regard malicieux, à croire qu'elle avait réussi à le mimer parfaitement en s'inspirant de quelques gouttes de vinasse, peut-être car il était le seul ivrogne qu'elle ait jamais rencontré ou observé, en tout cas ça l'effrayait. Mais heureusement, son instinct animal reprit le dessus et, flairant quelque chose d'inhabituel, elle recouvra un instant sa lucidité puis attira le borgne avec elle dans l'ombre pour observer une scène déplaisante. D'autres gardes en armure noire surgirent, agrippant un gueulard qui se disait prêtre du dieu Yuimen puis, lassés par ses sermons, le noyèrent dans l'eau de la fontaine, avant de repartir avec sa carcasse désœuvrée vers un coin inconnu de l'immense château. Peut-être avait-il insulté la baronne ? En tout cas cela avait le mérite de susciter la curiosité du borgne. Mais le plus inquiétant était encore à venir, car juste après les armures des soldats d'Erzébeth vint celle de Thalo. Sur ses gardes, le gardien de Rosa semblait suivre avec attention le prêtre captif. Dans un souci de discrétion, il se dévêtit de son armure, ne gardant que son casque, pour entrer à son tour dans le sombre dédale, armé de son épée. Ses intentions étaient obscures, mais ses actions étaient claires, il voulait partir à la rescousse du croyant en Yuimen, abandonnant sa protégée par la même occasion. Et Heartless savait à quel point ce genre de conduite pouvait leur attirer les foudres de leur hôte.

Devançant l'indécision de N'Kpa, il trottina seul pour suivre Thalo, et ne s'arrêta que pour lancer son parchemin à la semi-elfe.

- Tiens-moi ça, et attends ici ! Surtout ne bouge pas !

Il se hâta vers la porte par laquelle avaient disparus les armures noires, mettant un point d'honneur à y aller seul, sans vraiment savoir pourquoi. Il avait pris une décision irréfléchie, il n'avait pas le temps d'y penser, il ne comptait pas rester les bras croisés en attendant que ce gros bêta se fasse attraper à cause de croyances inutiles. Était-il soucieux pour lui ? Il se bornait à se dire "non", mais il savait que cela l'attristerait de perdre un compagnon de route, et de s'en sentir responsable car il n'avait pas bougé le petit doigt. Et puis, le borgne était bien plus discret que ce tas de ferraille, et le prêtre l'avait sûrement mérité aussi... peut-être. Merde, pensa-t-il, alors qu'il pénétrait lui aussi dans le couloir mal éclairé par quelques torchettes faiblardes, qui ne lui inspirait rien de bon quand à la situation du prêtre. Les bruits de pas du cortège cible résonnaient en continu entre les murs, arborant des portes en bois délabré tous les dix mètres, probablement des cellules. Après une courte errance silencieuse, Heartless aperçut le faible éclat du casque de Thalo, guettant près d'une porte la troupe qui entrait avec leur proie dans l'une de ces petites salles. Lorsqu'ils eurent fermé la porte derrière eux, le guerrier se décida à agir, surgissant d'un pan de mur avant qu'une main puissante l'eut agrippé l'épaule et le cloua contre la pierre, la flammèche d'une torche éclaira le visage du borgne, visiblement en colère contre le pieux chevalier.

- Hé là ! Tu crois faire quoi ici ?

Le visage de Thalo était dissimulé sous son heaume, et il en était autant de ses émotions. Seul le timbre de sa voix les trahissait, difficilement.

- Heartless ?

- Réponds-moi ! Tu voulais faire quoi ?!

- Ce ne sont guère tes affaires, vil gredin, et je pourrais même te renvoyer la question.

- C'est à cause de ce prêtre ?

- Je te l'ai déjà dit, ce ne sont pas tes...

- Tu voulais le sauver, j'ai pas raison ? Tu t'rends compte que tu risques de tous nous faire buter si tu te fais choper ?!


Un long silence, les yeux de Thalo se détournèrent de celui de Sirius, pour chercher une excuse, se justifier, l'ignorer.

- Et Rosa alors ? T'y penses ?!

- ...

- Tu crois que j'ai pas remarqué vot' petit manège à vous deux ? Ça te fais rien de la laisser seule ?!

- ...


Thalo s'enfonça dans le mutisme, c'était comme si Heartless parlait à un mur. Il détestait parler dans le vide, il se raisonna. Après tout, c'était ridicule, il n'avait pas besoin de cet idiot, il pouvait bien le laisser se faire tuer, le donner en pâture à la baronne, après tout qu'en avait-il à faire des ses soi-disant compagnons ? Sous une colère sans objets, Sirius se prêta à ces réflexions morbides, avant d'aller à l'encontre de ces pensées puériles. Il bouscula Thalo et prit sa place, le visage assombri par cette lutte intérieure, il ne savait pas pourquoi il allait à l'encontre de ses principes, de son profit, il ne réfléchit pas, et lança froidement à Thalo.

- Fais chier !

Tout commença par un coup de tête, comme une caprice de gamin. Heartless souffla un grand coup et laissa s'échapper un grossier râle d'agacement, puis il se dirigea d'un pas décidé vers la porte qu'il frappa trois fois avec force.

- Hé, les gars ! Y'a un fou furieux casqué qui veut foutre le bordel ! Sortez ou ça va barder !

Ce renversement de situation déboussolait le guerrier, qui au début ne savait pas comment le prendre, mais lorsqu'il entendit les jurons provenant de derrière la porte, il bondit tel un jaguar sur Heartless pour le faire taire. Il n'arriva pas à lui bloquer la parole, cette vermine se débattait comme un sanglier furieux . Thalo, mu par la panique et révolté par la traîtrise, l'insulta de tous les noms :

- Cloporte ! Traître ! Tu me poignardes dans le dos !

- J'vais me gêner tiens ! Ho, là dedans, vous vous grouillez, oui ?!!


Tandis qu'ils se mettaient claque sur claque, l'on entendit le clic de la serrure dans laquelle on tournait une clé. Ni une, ni deux, les tourtereaux de la haine enfoncèrent la porte et firent irruption dans la salle en cognant le malheureux qui s'était vu confier la tâche de les foutre dehors. Alors que trois autres hommes en armure noire, ainsi que le prêtre de Yuimen menotté contre le mur, regardaient avec surprise cette étrange scène, les deux hommes continuèrent à se chamailler. Retenant de justesse un Thalo prêt pour la castagne, Sirius continua à lui gueuler dessus, lui mettant sur le dos toutes sa frustration :



- Tu crois aller où comme ça, espèce de poulpe décérébré ?!

- Où je vais ? C'est toi qui nous a attiré dans toute cette... mascarade !

- Hola hola, pas si vite ! C'est ta copine qui m'a suivi, j't'ai jamais rien d'mandé à toi !

- Tu penses sincèrement que je pourrais laisser Rosa à des barbares comme vous ?

- J'suis pire que toi peut-être ?!

- Oui ! Tu n'es qu'un infâme charognard qui dépouillerait même un enfant dans la rue !

- Et toi une chiffe molle qui se laisserait dépouiller par un enfant dans la rue !

- Vipère !!

- Poule mouillée !!

- Calmez-vous un peu !
intervint l'un des soldats, médiateur de l'impossible.

- SILENCE !

... hurlèrent-ils à l'unisson, envoyant chacun leur poing se fracasser contre le visage du parasite qui tomba au sol, le nez en sang. Ses acolytes dégainèrent leurs épées pour une réponse armée et se précipitèrent vers les fauteurs de troubles. Ce danger imminent suffit à arrêter ne fut-ce qu'un temps la dispute entre les deux ouragans, qui, bien que désarmés, étaient bien assez agités pour représenter un danger. Heartless, le plus agile des deux, partit à la rencontre de l'un des adversaire et évita de justesse le coup d'estoc en décalant son corps sur le côté avant d'abattre lourdement son coude sur le heaume du garde. Ce dernier fut stoppé net dans sa charge, à tel point qu'il en recula d'un pas. Sirius, de son côté, avait du mal à bouger son bras droit engourdi par le choc avec l'acier. La contre-attaque ne se fit pas attendre, le soldat repartit à la charge, brandissant son épée avec la ferme intention de trancher cet avorton. Pas de chance pour lui, Heartless avait eu, de son côté, un bon professeur en la personne de Nark. Se remémorant en l'espace d'une seconde leur dernière leçon sur le désarmement, il l'appliqua à la lettre. Tout d'abord, se rapprocher le plus possible de l'ennemi, au corps à corps, pour bloquer ses mouvements, puis le soumettre. Cette partie-là fut quelque peu modifiée par le borgne qui, après s'être collé à son assaillant, profita d'une faille de son armure pour lui coller un coup de pied "là où ça fait mal". Éventré par cette envie de vomir atroce qui tenaillait ses entrailles, le sbire de Katalina se tordit de douleur, laissant le champ libre à son fourbe adversaire qui lui saisit le cou pour aplatir son couvre-chef contre le mur. Les vibrations causées par le choc et répercutées par son heaume lui vrillèrent les tympans, la botte de Sirius qui frappa son visage acheva de le mettre à terre.

Heartless profita de cet instant pour souffler et enfin se poser la question fatidique "Mais qu'est-ce que je suis en train de faire ?". Le borgne avait agi d'abord sur un coup de sang dans le but de réveiller cet abruti de Thalo, puis il s'était engagé sans trop le savoir pourquoi dans ce combat... cette bagarre plutôt. Oui, ça ressemblait plus à une bagarre de taverne qu'autre chose, dont on oubliait la cause mais qu'on devait finir jusqu'au bout. Le guerrier semblait de cet avis, s'étant saisi d'une arme, il n'utilisant pourtant que le côté plat de l'épée, car il n'avait pas l'intention de tuer. En même temps, ça aurait été la dernière chose à faire pour aggraver leur cas... Sirius ressentit une sorte de jouissance lorsqu'il vit ce simplet enfin en action, échangeant passe sur passe, utilisant sa forte carrure pour dominer son adversaire, mettre de plus en plus de poids dans ses attaques, le pirate l'avait pris pour un lâche, il était rassuré, ce n'était pas le cas. Mais pas question d'arrêter là les brimades :

- Et bien, c'est mou tout ça Thalo ! Allez, tu frappes comme une fillette !

A son désarroi, le gardien était retourné dans son mutisme habituel, trop concentré sur sa tâche pour se permettre d'entrer dans le jeu de Heartless. Derrière le borgne, l'autre homme, celui qui avait le nez complètement défoncé, se releva et agrippa son épée, prêt à prendre en traître celui qui avait contribué à la démolition de son faciès. Rempli de haine, il se rua dans un cri enragé sur le vaurien qui, dans un réflexe félin, roula sur le côté en prenant soin de s'emparer de l'arme de celui qu'il avait déjà mis à terre. Sirius s'écarta ensuite avec précaution de son adversaire pour ne pas subir sa riposte in extremis et pour prendre le temps de l'observer, encore une leçon de Nark. Et il avait raison, car ce mec n'avait pas un physique de demi-portion, une vraie armoire à glace. Il tenait une imposante épée à deux mains, avec une lame dentelée, pas de la rigolade pour le désarmer. Le gros balourd chargea pour découper le borgne dans le sens de la longueur, ce dernier trouva le bon moment pour bloquer le coup en appuyant sur le plat de son épée avec sa deuxiême main, une bien vaine tactique car la lame se brisa lors de l'impact et Heartless fut projeté contre le mur, à la merci de l'ennemi. Ce dernier, dans un élan de sadisme, planta son arme au sol puis enserra le borgne entre ses bras puissants pour le soulever au dessus de sa tête, et le plaqua au sol avec la férocité d'un tigre. Pauvre Sirius, il croyait avoir nettement entendu ses os craquer à l'impact...

Le bourreau, dans un rire sadique, s'apprêta à retirer son épée du sol, mais Sirius, par chance, trouva près de lui la pointe de son arme brisée, et la planta dans le mollet du malotru qui gémit de douleur. Le mal qui rongeait sa jambe alimenta sa rage et, sans réfléchir, il agrippa le voleur par le col pour le soulever jusqu'à ce qu'il n'eut plus les pieds sur terre. Mais Heartless, dirigé uniquement par ses instincts au combat, se servit du pommeau de l'épée enfoncée dans le sol comme d'une plate-forme pour bondir au visage de son agresseur et le coincer dans une prise de tête. Heartless serra aussi fort qu'il le pouvait pour étouffer ce cou de taureau qui se fatiguait de plus en plus vite, jusqu'à tomber sous son poids, face la première. Lorsque Thalo en eut fini de son côté, il contempla un tableau peu commun, celui de David assis sur un Goliath exténué. Il n'osait même pas imaginer quel stratagème tordu le borgne avait mis au point pour remporter la victoire...


En quelques minutes, un nouveau tableau s'était construit : une vaste pièce, plongée dans un bazar des plus chaotique. Au bord du cadre, une rangée d'hommes en cotte de maille, ligotés comme des saucissons, plus loin un prêtre qui, lui, n'avait pas changé, toujours menotté au mur du fond. Sur le sol, des épées, des bris de lame, des heaumes, des pièces d'armures, un peu de sang, et au centre, deux intriguants personnages, assis à même le sol, exténués par un combat aussi hasardeux que bordélique. Heartless et Thalo se tournaient le dos, boudeurs. Comme d'habitude, ce fut le borgne qui brisa le silence de la scène.

- Alors, tu vois ? Un jeu d'enfant. Et la mégère en saura rien, pas vrai les gars ?

Une rangée de victimes lui répondit par des bruits d'insultes étouffées, provoquant l'hilarité du bouffon.

- Allez, vous faites pas d'bile, les mecs, on reprendra la route demain matin, on est pas méchants, savez, juste un peu... hein.

- ...

- N'empêche Thalo, t'aurais pu y mettre plus de cœur, c'est moi qui ai fait tout le boulot.

- Toi ? Je te rappelles que tu t'en es mêlé sans mon accord et que tu as tout mis à sac.

- Ohh... on est énervé à ce que je vois, Thalo nous pique une crise ?

- ... Tais-toi, j'en ai assez de t'entendre.


Puis le guerrier s'enferma à nouveau dans sa prison de mutisme, il n'y avait plus que les beuglements du prêtre pour briser le silence. Las de l'entendre gémir, Heartless s'empara des clés puis défit les menottes du pauvre homme, qui lui adressa ses "sincères" remerciements, avant de leur demander comment ils avaient prévu de l'aider à sortir, ou de lui faire don de quelques victuailles utiles. A cela le borgne, pas vraiment fana de religion lui répondit sur un ton presque hautain :

- Démerdes-toi, bouffon, j'fais pas dans la charité.

Puis il s'en alla, fier de lui, laissant le prêcheur de la parole de Yuimen se débrouiller par ses propres moyens ou mendier auprès de Thalo. Sirius soupira, puis partit rassembler ses affaires, laissant les épées dans la salle, ne prenant qu'un coutelas pour ne pas éveiller les soupçons. Il poussa la porte défoncée, réarrangea son visage pour ne pas paraître trop amoché, fit tanguer son dos blesser, puis lança ces quelques mots à Thalo.

- C'était... marrant. Tu vois, quand tu veux... Moi j'y vais, fais pas trop attendre ta shaakt adorée.

Sans accorder un regard de plus à cet étrange gardien, qu'il pensait pleutre, mais à tort fort heureusement, Heartless franchit le pas de la porte et laissa la salle telle quelle.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Ven 8 Juil 2011 23:30 
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Thalo mangeait en privé, sans que le jeune guerrier sache pourquoi. Heartless faisait compte de ces aventures à Tulorim. Le capitaine devait changer quelque peu les faits, les exagérant certainement. Que voulez-vous, ces gens d'Imiftil sont réputés pour cela. Ils disent même qu’un brachyu de Moura aurait un jour bouché le port de Tulorim. Après avoir vidé plusieurs pichets de vin, Heartless s’en alla vider ses tripes dans quelque sombre endroit du château. Erzebeth avait engagé la conversation avec la coléreuse shaakt.

Quelques instants après le début du repas, alors que Thalo était déjà revenu à la grande table, un prêtre de Yuimen se présenta, accompagnée de plusieurs jeunes filles. Il cria beaucoup, sans que Nark ne puisse comprendre ne fut-ce qu’un mot. La baronne devint rouge de colère et le prêtre fut emmené. Sûrement dans les cachots, avant une possible exécution. La maîtresse des lieux voulait encore montrer que son pouvoir dans sa baronnie était absolu. Elle interrogea une des domestiques sur ce qu’on pensait d’elle en dehors des quatre murs du château. La jeune fille, apeurée, répondit craintivement. Une lueur de haine brilla dans les yeux d’Erzebeth, mais elle disparut rapidement.

C’était plus que Nark pouvait en supporter. Enfermer un prêtre insolent, cela était passable. Mais torturer mentalement une servante par plaisir, c’était inadmissible. Le guerrier voyait les larmes dans les yeux de la gamine, à peine plus âgée que lui. Elle les essuya rapidement et discrètement, ne voulant montrer aucun signe de faiblesse. Thalo avait encore une fois quitté la table. Pour lui aussi, ce spectacle cruel et inhumain était insupportable.

Le jeune homme s’excusa auprès de la baronne et quitta la table. Il déambula dans les couloirs du château, découvrant beaucoup de pièces obscurs et mystérieuses. Partout, des gardes en noirs montaient la garde, même si cela ne semblait pas nécessaire.

Après quelques minutes à marcher dans les couloirs déserts (excepté les gardes), il trouva une silhouette en pleurs. Il s’approcha doucement et reconnut l'une des nombreuses servantes. Des cheveux bruns coiffés en chignon encadraient un visage d’une blancheur immaculé. Un nez en trompette, une bouche pulpeuse et des yeux bleus-verts complétaient ce portrait. Elle devait avoir une vingtaine d’années, mais semblait plus enfantine et innocente. Des courbes voluptueuses semblables à celles de sa maîtresse épousaient sa tenue de servante. Elle était très belle et son innocence la rendait plus magnifique encore, plus pure. Pourquoi pleurait-elle ? Nark n'en avait aucune idée, mais la baronne semblait être ici la cause de toutes les souffrances.

Elle ressemblait à une jeune femme dans un conte qu’on lui lisait lorsqu’il était petit : Pâle-Peau et les sept hommes forts. C’était l’histoire d’une demoiselle dont la grand-mère, une sorcière, était jalouse et voulait faire mourir en lui faisant manger une banane empoissonné. Les sept hommes forts rentrèrent de la mine de charbon où ils travaillaient quand ils la trouvèrent. Ils la mirent dans une coffre de bois jusqu’au moment où une jeune femme d’une beauté éclatante lui donne des souliers de cristal et lui donne une pomme qui se transformait en carrosse. Non, cette partie venait d’un autre conte. Peu importe.

Nark s’approcha doucement. La jeune fille ne l’avait pas remarqué, pleurant dans un mouchoir en tissu. Il souleva l’une des boucles brunes et glissa à la beauté, d’une voix la plus tendre possible :

« Mais que vous arrive-t-il, gente demoiselle ?

Elle posa sur lui un regard rempli de détresse. Nark fut prit d’une bouffée de tendresse et enlaça la jeune fille. Celle-ci eut un autre sanglot, puis un autre.

« Chut, ça va aller, ça va aller. Calmez-vous. Tout est finit, je suis là. »

Il berça la servante, qui se calma peu à peu. Quand elle eut fini, le guerrier l’interrogea :

« Ca va mieux ? Je suis Nark, second du capitaine Heartless »


Elle hocha la tête et répondit à l’homme :

« Je suis Irina. Merci de m’avoir consolé. Ma sœur est celle qui a été interrogée par Madame. J'ai eu très peur pour elle.»

« Je vous en prie Irina. Je n’ai fait que mon devoir. »

A cet instant, la jeune fille l’embrassa. Un simple baiser. Elle jeta un coup d’œil alarmé pour vérifier qu’il n’y avait aucun garde à proximité. Cela laissa le temps à Nark de dire une unique syllabe avant qu’Irina ne s’empare de nouveau de ses lèvres. Il savait qu’il était inutile de résister et il sentait déjà le désir montait en lui. Il s’abandonna donc aux baisers de la belle. Après quelques minutes de baisers passionnées, elle poussa une porte qui s’ouvrit sur une chambre luxueusement décorée, semblable à celle d’un roi. Un immense lit à baldaquin s’y trouvait. Une magnifique coiffeuse plaquée or, avec un miroir immense. Mais avant que le guerrier ait le temps de regarder plus attentivement la chambre, Irina le poussa sur le lit, avec un sourire sensuel. Oublié, la servante innocente.

Les caresses se firent de plus en plus pressantes, les baisers bestiaux. Nark s’abandonna finalement au corps d’Irina. Après l’amour, la belle s’endormit dans ses bras. Le guerrier, quant à lui, regarda une dernière fois le corps nu de la servante avant de se rhabiller. Sur un porte-manteau, il trouva une cape de soie noire, qu’il mit. Il quitta ensuite la chambre, traversant le château d’un pas vif pour retrouver ses compagnons.

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Nark, enchanteur de niveau 6, à la recherche de son passé perdu.


Dernière édition par Nark le Ven 26 Aoû 2011 21:47, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mar 12 Juil 2011 03:16 
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« Dame Aqamaq, vous dites la vérité, en revanche, la servante sera empalée pour son mensonge. »

La nouvelle tomba comme un couperet, le visage de la jeune femme qui se faisait semblant d'être rassuré s'écroula comme un château de cartes lorsque la sombre garde vint s'emparer de son corps figé de peur. Sans plus de cérémonie, le rituel de la mise à mort se déroula avec une abominable fluidité, trahissant que ces mises à mort étaient pour le moins fréquentes entre ces murs. La Baronne voulait ses sujets à son image, c'était pour cette raison qu'elle se débarrassait de celles qui trompaient les règles imposées. Le mensonge était l'un d'elle, puni de mort. Le léger murmure de panique s'éleva un temps, Katalina reposa ses couverts, légèrement contrariée de n'avoir pu traumatiser légèrement la jeunette avant qu'elle ne soit exécutée. Dès lors qu'elle eut été trainée en dehors de la salle, on entendit les hurlements paniqués résonner derrière les lourdes portes.

La Laide-les-Maines flottait sur le rivage, imposant navire, elle n'était surveillée que par une poignée de pêcheurs qui profitaient d'une pause nocturne pour s'attarder autour d'un pichet de vin et de quelques jeux de cartes. Sur la rive, les bateaux inconnus accostaient, le sable humide calait les embarcations silencieuses qui vomissaient sans plus attendre les hommes avides de sang. Les barbares relançaient un assaut, loin des lignes de gardes qui les attendaient dans les plages plus couvertes. Cette feinte ennemie n'avait pas été attendue, face aux troupes, un simple village de pêcheur sans défense.

Ils lancèrent l'assaut.


Quelques kilomètres plus à l'Est, la grande salle du château se valait déjà plus animée. Erzébeth était ravie d'avoir fait preuve de pouvoir et de justice, mais la peur de briser le crédit dont elle venait de faire preuve à ses hôtes la poussait à se montrer plus froide encore. La main qui se posait sur l'épaule de la Shaak avait des allures de caresse de serpent.

« Bienvenue sur mes terres... Sachez que vous êtes bien loin de la justice que vous connaissiez, restez aussi longtemps que vous le souhaitez, mais gardez-vous du moindre faux pas que je ne saurais tolérer ni pardonner. J'ai dit ! »

Mircalla en aurait soupiré, si elle n'était pas aussi accoutumée à ces excès de punition. Longtemps on se souvenait des actes cruels de la Baronne qui selon beaucoup, profitait de son pouvoir, certaines mauvaises langues parlaient même de complots étranges forgés avec le Duché de Blanchefort. Plus au Sud, les paysans facilement effarouchés prétendaient même qu'elle préparait un complot pour renverser les nobles des alentours afin d'accroitre davantage son pouvoir. Ceux à quoi elle répondait invariablement qu'il ne s'agissait que de divagations de paysans fatigués par le travail et l'alcool.

On fit apporter la suite du repas, mais plus personne ne semblait avoir l'envie ni la tête à quoique ce soit d'autre que de se taire et de profiter de l'instant présent. La moralité des servantes s'arrêtait à cela désormais, elles craignaient toutes d'être confrontées aux jeux maudits de la tueuse à tel point qu'elles en apprirent à apprécier la moindre bouchée de pain. Teresa, la chambrière personnelle d'Erzébeth voyait plus loin, car si elle se montrait violente, elle n'hésitait pas à récompenser lorsqu'il était mérité.

Quoiqu'il en était, la soirée avançait et les visages se fatiguaient en même temps que les esprits. Le feu ravivé avait chauffé les pierres de la grande salle tandis que la jeune servante, soeur d'Irina arrachée à ses tenues était jetée dans l'herbe givrée par les cavaliers. Deux soldats détachèrent le pieu trainé par un des hommes à cheval et commencèrent à enfoncer les pelles dans le sol. La jeune femme transpirait, salissant sa tunique de coton abîmée dans la poussière. Elle n'arrivait plus à crier, aussi, ses suppliques n'étaient plus qu'un gémissement poussé par les larmes qui refusaient de sortir. A quatre pattes, les yeux plissés elle grattait le sol de nervosité et de peur. La main gantée tira son épaule... Le pal était prêt à être dressé, la coutume voulait qu'en fonction du crime, celui-ci était émoussé ou non en fonction du crime. La pointe vicieuse de celui-ci indiquait qu'elle mourrait rapidement et aussi, ne devrait point trop souffrir.

Ses grands yeux rougis restaient fixer la pointe cruelle avant de s'évanouir pour la dernière fois...

Lydia, bras droit militaire de la Baronne fit son apparition, elle entra dans la grande salle accompagnée de sept soldats. Captif au milieu d'eux, un grand homme au torse musclé à outrance, de larges épaules sur lesquelles tombait de longs cheveux blonds abîmés et dans lesquels s'emmêlait de nombreuses herbes.

« Erzébeth... Revenue victorieuse du raid sur les hommes de la mer, j'apporte un prisonnier assez particulier, car celui-ci comprend et parle notre langue. Un messager, sans doute, cependant, aucun des parchemins en sa possession ne concerne quelque chose d'intéressant, profit de pillage probablement. Selon moi, il y aurait d'autres de ses semblables tout aussi " cultivés " sinon plus... » dit elle d'une voix douce tout en laissant une sacoche de cuir contenant plusieurs parchemins tomber au sol, la plupart t'entre eux roulèrent dans différentes directions.

Face à cette nouvelle, Katalina et Erzébeth se figèrent de tandem. Cette chance inouï de pouvoir enfin savoir où se terraient ces infâmes brigands, ces terribles flibustiers qui harcelaient les côtes et tuaient les paysans, communément appelés " barbares " par les troupes en raison de leur violence épatante, ces hommes allaient peut-être enfin être contenus grâce aux secrets que pourrait bien renfermer la caboche de ce prisonnier.

Chose plus surprenante, un des soldats d'Erzébeth était également entravé, celle-ci en froissa les sourcils, ne comprenant guère la raison de l'entrave qui retenait les poignets du soldat de l'armée. Le jeune homme en armure ne faisait pas partie de l'escadron de Lydia, ce n'était par ailleurs encore qu'un jeune soldat en formation, le signe des Iliès sur l'armure en était la preuve, encore loin du symbole de Malina ou de Zalina, sceau suprême de l'armée d'élite qu'elle se tuait à former.

Lydia ne prit pas la peine d'attendre la moindre question, elle expliqua sa cérémonie que le soldat avait été enclin à la panique lors du combat, et qu'après avoir abandonné sa position pour reculer, il avait été arrêté. Cependant, face aux terribles affrontements qui avaient causés la perte de douze hommes et quatorze montures blessées, Lydia avait décidé de ne pas ruiner encore le moral des troupes présentes en faisant exécuter le jeune soldat.

La mine basse, le regard sagement dérobé, il se trouvait à la gauche du barbare tout aussi silencieux que lui. Pour les avoir combattu à plusieurs reprises, la Baronne savait combien il était difficile de contenir ces forces de la nature. Aussi, l'envie de lui faire arracher les membres ne vint pas la première, si elle pouvait soigner le mal par le mal elle le ferait...

La peur des hommes est souvent causées par l'inconnu, un enfant a peur du noir lorsqu'il ne sait pas ce que les ténèbres ont à cacher, les soldats ont peur des rumeurs que l'on accorde aux autres soldats, non des soldats eux même. Selon cette théorie, elle prit la parole :

« Et bien soit, que ce soldat arrache au prisonnier les aveux concernant l'emplacement de leur port et de leurs troupes. S'il venait à échouer, sa famille suivrait sa tragique mort... Vous avez jusqu'à l'aube. Gardes ! Conduisez ces deux hommes dans le cachot en compagnie du prêtre de Yuimen, la torture du barbare sera son dernier divertissement, maintenez ce monstre en vie, que le soldat apprenne que son si terrifiant adversaire n'est rien d'autre qu'un assemblage de chairs que l'on défait si aisément... »

« Sage décision... Qu'est ce qui t'as poussé à la trouver ? »

« C'était dans un des livres de Mircalla, il était dit que lorsque le corps n'est plus qu'une prison, l'âme s'en échappe et meurt. Dès lors, le corps suit et meurt également. Et juste avant ce phénomène, l'homme est brisé, c'est à ce moment là qu'il parlera... Je le sais. »

Cèles ne répondit pas, car en réalité, elle savait bien que le terrifiant blond parlerait, mais sa véritable question était du fait qu'Erzébeth n'avait pas fait exécuter le soldat. Ne comprenant qu'à moitié cette décision, elle se contenta d'observer dans son esprit complexe les différentes raisons de son choix.

Lydia alla s'assoir à proximité de Rosa, non loin d'Erzébeth et jeta sa main vers une coupe d'eau. Assoiffée par ses combats, la belle générale avait su garder un certain style triomphal comme à son habitude. Satisfaite de sa mission accomplie, encore plus ravie par la décision d'Erzébeth quant à la chance offerte à son novice, elle profita de ces rares instants de repos.


Le village de pêcheur sombrait sous les flammes, les hommes et les femmes tenaient de se cacher dans les caves, derrière les baraquements, là où l'illusion de pouvoir s'en tirer vivant se faisait, ils y allaient. Les barbares ne s'encombraient pas plus de prisonniers que le faisait la Baronne, un ou deux tout au plus pour servir d'esclaves, mais la plupart connaissaient la mort. Le village embrasé éclaira la nuit, le nuage de fumée aspirait la lumière comme une succube assoiffée. C'était ça... La fumée et les flammes vue par la garde donna l'alarme. Sans plus attendre, quatre cavaliers partis de différent points de garde s'en allèrent jusqu'au château pour donner l'alerte. Disciplinés et organisés, les soldats officiers ordonnèrent que l'on prépare les troupes les plus proches en attendant les ordres concernant l'assaut...

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Ven 15 Juil 2011 10:11 
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L’homme n’avait pas attendu, ni répondu à toutes ses questions. Il lui jeta le rouleau de parchemin, sortit son grand jeu de scène d’une voix de conquérant autoritaire et paternel : - Tiens-moi ça, et attends ici ! Surtout ne bouge pas ! Il c’était enfoncé par la petite porte sans même se retourner, dans le ventre de cette citadelle macabre.
Oh bien sur, le pirate éprit d’un fort taux d’alcool, son courage semblait décuplé, probablement par l’entraînement des longues nuits passées dans les bouges des ports fréquentés. En cet instant, sa démarche était bien plus assurée que celle de l’Humoran dépitée. La bouche entrouverte, les yeux encore fixés sur la porte, sa main crispée sur le parchemin, son esprit cogitait les conséquences d’un acte aussi téméraire, pour ne pas dire suicidaire.


(Quelles options as-tu ma fille ? Où tu suis le borgne et Thalo et ce qui suivra sera sans doute des représailles de la part de l’hôtesse ou pire de l’affreuse noiraude. Ou tu files avertir Rosa discrètement, que son bras droit va au-devant de gros prob… )

Elle n’eut pas le temps d’aller plus loin qu’un cri féminin, strident et horrible, empli d’horreur et de détresse fendit l’air comme le gel réduit les moellons, avant de disparaître engloutit par les entrailles insondables du château.
Son échine n’était plus qu’un fleuve de poils hérissés. Rien de plus, pas un son, pas un bruit à part le clapotis de la fontaine ne vint troubler le cloître fleuri. Même si l’endroit était un havre de paix et de sérénité, la peur qui transpirait de chaque recoin empêchait N’kpa de s’ouvrir à ses sens et de s’en abreuver.
Il fallait faire vite, chaque minute perdue était une porte ouverte à la catastrophe. Le guerrier et le borgne risquaient leur vie pour une peccadille, une saute d’humeur et la jeune femme était certaine que cela n’en valait pas la peine. Alors revenant à la réalité, enflammée par un estomac capricieux et un équilibre précaire, elle s’approcha de la fontaine, plongea une fois de plus sa tête dans l’onde glacée, s’ébroua et prit avec circonspection la direction de la porte qui menait à la grande salle, laissant derrière elle les traces humides de son passage.

N’Kpa se glissa dans la grande salle comme une ombre et longea le mur afin de s’éloigner de l’encadrement de la porte la rendant trop visible. Arrivée dans un recoin, elle se calla contre une colonne à l’abri des regards. Une chaleur étouffante à présent régnait dans l’antre et bien des choses avaient changé.
Une jeune femme blonde était en train de s’expliquer devant la noiraude et l’hôtesse. Derrière elle un géant hirsute à demi nue, entravé était encadré par sept gardes noirs. Un jeune homme en armure la tête baissée humblement, lui aussi prisonnier, attendait résigné une sentence d’un tribunal improvisé. L’ambiance n’était pas meilleure et même pire. L’Humoran pouvait ressentir les tensions, les peurs que transpiraient la kyrielle de servantes paralysées, silencieuses et prostrées à la périphérie de la scène. Que s’était-il passé pour mettre en si grande torpeur toutes les caméristes ?

N’Kpa chercha Teresa, celle-ci était absente ou invisible, par contre Rosa se trouvait aux cotés de la Baronne, trop prêt à son goût pour pouvoir l’atteindre et lui parler en toute discrétion. Il allait falloir affronter les regards et peut-être pire.
Nark brillait par son absence. Seul restait le mage silencieux, attentif et circonspect, qui observait le théâtre joué devant ses yeux. Il ne semblait pas tout à fait dans son assiette et une moue de dégoût était lisible sur ses traits.

Tout en faisant son rapport, la jeune femme générale des armées de Keresztur laissa choir avec dédain une sacoche de cuir d’où s’échappa un monceau de rouleaux.
L’un d’eux roula jusqu’aux pieds de l’Humoran. Avec une lenteur calculée, sans perdre de vue le théâtre, l’objet disparut et rejoignit sa besace. Ça faisait la deuxième fois qu’elle subtilisait ses précieux documents. Pourquoi cet intérêt soudain ? Elle n’en savait rien, juste une pulsion de curiosité sans arrière-pensée puisqu’elle ne savait pas lire.

Doucement, elle reporta son attention sur l’échange. Chose curieuse, si la Shaakt était mal à l’aise, Rosa assise, c’était formée un masque d’indifférence, juste trahit par sa position lourdement avachie sur son bâton salvateur. Elle donnait l'impression de n'être plus présente, absorbée dans des pensées bien lointaines. Imperceptiblement elle se mettait en retrait, reculant de quelques pas la chaise.

Sans attendre de se faire interrompre Lydia égrenait les faits concernant le jeune homme, soldat déchu de son statu, comme elle comprit, pour un sursaut de lucidité face au danger.
La sentence vint alors plus tranchante qu’un couperet. Ignominieusement la Baronne condamnait le soldat à soutirer les aveux du barbare sur sa vie et celle de sa famille, en compagnie de l’homme emmené précédemment, un prêtre de Yuimen?
Le ton était donné, tous les moyens étaient bons et la torture énoncée sans aucun complexe. Vu le laps de temps et l’heure bien avancée de la nuit, le pauvre soldat n’avait que peu de chance de gagner le salut de son existence et celui de son engeance.
Une envie de vomir assaillit la jeune Humoran et toute les fibres de son corps réagirent. Elle se mit à trembler et claquer des dents. Dans l’antre de Keresztur la menace, la peur et la mort étaient le fil conducteur d’une autorité de détraquées. Elle mit du temps à sortir de son apathie, son coeur tambourinait dans sa poitrine, le sang battait ses tempes et son souffle était rapide et court.


((( A cet instant je me suis demandée si Erzébeth n’était pas un rejeton de la maudite Oaxaca. J’en restais bouche bée, horrifiée, naïve que je suis de croire le monde aussi ordonné que ma forêt d’origine. Pourtant, j’en ai déjà eu des aperçus, mais là, j’ai l’impression de toucher le fond de l’abjection. Je ne suis pas préparée à ça et si ma petite voix, porte-parole de ma conscience et garante de ma survie ne me met pas en garde, je sauterai toutes griffes dehors sur la Baronne pour lui faire avaler sa langue, son arrogance et son infamie. Une colère sournoise ourdie des envies de meurtres... Je me force à oublier... à ravaler ma haine grandissante contenue par la peur qui me donne des nausées. Heureusement mon intuition me ramène à la réalité et exprime aussi ma colère que je ne traduirai pas par décence... Tiendrais-je jusqu'au bout?... )))

(Par Yuimen, Thalo et Heartless… ils vont se faire chopper comme un lièvre au collet à la sortie de son terrier. Que puis-je faire ? Baronesa mapahamak’ka, ikawea at ang iyong pangkat’ng mabaliwea, tulungan ninyo ako Tilytanataë mahanap ang tapangea na sumulong! )

N’Kpa, sortit son poignard de son dos et le glissa dans sa jambière resserra les liens. Elle souffla avant de reprendre une longue inspiration, calmer son coeur, ferma les yeux pour se concentrer. Une boule oppressait son estomac, elle avait la bouche sèche. Pourtant, ce n’était pas le courage qui lui manquait, elle l’avait déjà prouvé. Ici cependant, trop d’incertitude, de facteurs inconnus noyaient son esprit dans une confusion titanesque.
Les soldats sortirent à grand bruit entraînant leurs prisonniers vers le petit cloître d’où elle venait.

Quand elle rouvrit les paupières, la belle générale avait rejoint la table, juste à coté de Rosa. Celle-ci était toujours trop prête de l'hôtesse et n'avait pas bougé plus que ça. La noiraude roulait des yeux, pensive, méditait-elle ce que la Baronne avait dicté et, était-elle du même avis, ou bien avait-elle espérer assouvir une passion sadique en s'occupant personnellement de l'interrogatoire ?
Un dernier regard autour de la salle, les gardes n’avaient pas bougé, les domestiques non plus.

Alors elle se jeta dans l’arène se coulant en silence comme un reptile sur une branche. Elle avait très chaud, l’âtre attisé « dégueulait » sa fournaise comme un volcan. Elle contourna la table de loin, s'approcha profitant d’un plat de fruits à sa portée, elle s’empara d’une pomme et croqua à pleines dents dedans. Nonchalamment elle continua de progresser pour se rapprocher de la Shaakt, ses sens en alertes prête à bondir hors d’atteinte en cas d’agression. Le temps sembla ralentir sous l’influence du contenu imaginaire d’un sablier géant, les voix lui parvinrent étouffées.

Enfin elle était juste derrière sa cible… Une légère hésitation, elle n’était pas une tueuse mais l’idée de sauter sur la Baronne sous le nez de la noiraude et de la générale, lui ouvrir la gorge, sentir le goût âcre du sang tiède et la vie palpiter quelques seconde encore, lui briser enfin la nuque d'une torsion rapide du cou, effleura deux secondes sa conscience. En deux bonds, elle aurait pu être sur elle…


((( Non, contient toi ma fille, tu n'es pas la pour ça et en serais-tu capable?... Concentre toi sur ton projet initial... )))

Elle chassa le démon qui polluait son esprit, évita tous les regards de peurs de trahir ses pensées ou de tomber sous un charme machiavélique.
Elle savait le temps extrêmement compté et probablement leurs actions futures déterminantes pour leur survie.


Rosa ? Thalo et Heartless ce sont mis en grand danger… Nous le serons aussi dans quelques instants… il faut agir… debout, on s’en va !

En un éclair elle avait fredonné ses quelques mots à l’oreille de l’elfe et tirait avec insistance sur sa tunique de sa main gauche griffes sorties, nerveuse et tendue comme un arc.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Ven 15 Juil 2011 15:05 
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La mort l’avait frôlée, pour si peu de choses. La pièce se changeait en conte ou en histoire fantastique aux traits cauchemardesques. La baronne semblait quelque peu en manque de poivre et se donnait les airs d’une reine tyrannique que les légendes créaient si bien. Ainsi une servante allait expirait d’un claquement de doigt pour un murmure maladroit. Rosa ne connaissait pas les despotes mais celle ci se montrait en surplus de valets. Vouliez-vous un pal ? Volontiers, je renversai une tasse de thé il n’y avait pas plus tard qu’une heure. Pourtant, Le peuple éphémère ne se voulait pas tolérant des chaînes insupportables, des lois injustes. Comment pouvait-elle maintenir une terreur aussi longtemps ? Les récits parlaient de plèbe embrasée pour des sottises, alors une baronne monstrueuse à la fois vipère et femme. La shaakt conclut que la petite étincelle n’était pas encore arrivé, la mauvaise récolte qui rendrait les usages de la noble intolérables. L’empaleuse risquait fort de finir empalée, même l’elfe noire trouvait ces lois injustes. Si elle n’était pas forte, elle ne serait pas crainte ? Vilaine petite sindel, elle ne craignait que trop ou ignorait les dangers des jacqueries, dans les deux cas sa méthode ne faisait qu’en alimenter une. Certes, les lois pouvaient être injustes mais qu’on montrait aussi clairement leur véritable nature par le biais d’une torture capricieuse alors les coquins, les pauvres imbéciles se rendraient compte tôt ou tard de leur ordre bafoué par une force sans justice. Une pareille recette d’inconstance politique lui donnait mal au crâne. Cela lui rappelait encore son séjour chez les siens, cet équilibre si intenable où les prêtresses jouaient avec des hordes de chiens esclaves qui courbaient l’échine, prêts à mordre. Si cette femme de pouvoir se mettait à hurler une invitation pour la Shaakt de jouer au croquet, la déesse araignée aurait surement de quoi rire pour longtemps. Rosa observa la servante partir, elle semblait si résolue ou soumise aux usages. Dès que le bruit des portes claqua, cette courtoisie mal placée s’effaça apparemment de l’esprit de la pauvre fille pour une perception plus nette de ce qui l’attendait, elle se mit à crier. Un son bien trop familier, la sorcière s’en détourna pour observer les nouveaux plats. Cependant la baronne toujours soucieuse de sa présence, vint titiller la mage d’une main sur son épaule. Cette dame lui parla d’une justice qu’elle connaissait, mais laquelle ? Celle des hommes, celle des elfes noirs ? Rien ne se présentait certain pour les délires d’une paranoïaque. Ce serpent affolée la menaçait même, comme si l’envie de planter un poignard traversait l’esprit d’une mage assis à sa table. Voilà un lieu bien trop familier que Rosa voulait quitter, ils dinaient dans un infect cachot.

Où était passé son bouclier ? Il prenait bien trop de temps pour un tour dehors revigorant. Elle ne voulait plus jouer avec cette baronne aux airs de matriarche, surtout qu’elle commençait à se permettre des contacts, peut-être qu’elle avait d’autres semblables vices. L’ennui pouvait exprimer quelque chose de bien plus pernicieux. La sorcière eut un frisson. Elle ne pouvait commettre la maladresse de sortir comme son groupe naïf, pâle copie d’un équipage qui pas le moins du monde ne paraissait pâlir de la tradition d’empalement dans le palliatif palace. La sorcière se frotta les yeux nerveusement, elle voyait des pieux partout. Le plus innocente fourchette se montrait désormais un accessoire de torture et Thalo qui ne revenait pas !

« Puisse Nasri vous venir en aide, prêtre. Je ne puis vous assister d'avantage sans manquer à mon serment. Je suppose que les gardes n’ont pas encore eut vent de votre châtiment, courrez vite à la sortie et fuyez vite ce lieu maudit. »

Le prêtre vit enfin de la foi dans cette forteresse. Il se leva désormais apaisé par cette occasion inespérée puis accorda une bénédiction discrète au guerrier. Le fidèle de Gaïa n’y vit aucune objection mais le pressa ensuite à sortir et lui indiquer la direction de la sortie. Heartless venait de précipiter les choses, raillait comme un fieffé imbécile et désormais ils se condamnaient à de terribles représailles. Le prêtre pouvait survivre, néanmoins qu’adviendrait-il de Rosa ? Si seulement la déesse soucieuse guidait ses pas ! Précipitation stupide, le wiehlenois pesta contre le manège dont le capitaine l’avait entraîné. Un misérable lâche sans honneur qui se mêlait de tout à la manière d’une sangsue voilà un portrait parfait. Un bleu qui trainait des années d’inexpérience et d’esprit impertinent, c’en était trop à ses yeux. Enfin, Thalo ne voyait plus qu’un retour auprès de la mage, la tête basse. Sa rage envers Sirius ne lui permettait pas de trouver une idée pour protéger la shaakt de ce déboire . Déjà, il fallait remettre son armure...

Un murmure, son esprit flanchait déjà ? Non, la voix était familière, N’Kpa venait lui tenir compagnie. Ce qu’elle apportait fut néanmoins désagréable à entendre. Son protecteur avait fait son écervelé, Peur d’en perdre un autre.

La figure du père l’avait détachée, les chaînes tombèrent sur la sorcière. La liberté semblait lourde mais l’elfe lui tendit une main décidée. Ils s’aventurèrent dans ce qu’il restait du foyer, des ombres inanimées, des messages désespérées sur les murs immaculés. L’air manquait, mais le père forçait sa marche. Plusieurs fois ils s’arrêtèrent, des mouvements cauchemardesques les effrayaient. La porte de la prison se montra finalement devant eux, il lui adressa un dernier regard puis s’estompa lorsqu’elle eut le dos tourné. Ce qu’elle cherchait se trouvait de l’autre côté. Son esprit voulait entrer, la porte s’ouvrit et il fallait désormais affronter les maléfices, gardiens de cet endroit déserté.


L’Humoran la saisit par le bras, bouleversée Rosa se laissa emporter. La scène de la baronne ne semblait plus être qu’un écho. Les bruits de pas qui résonnèrent dans les longs couloir la calmèrent. La mage se réappropria son corps comme il fallait, juste à temps pour faire face à un guerrier surpris de les voir débarquer.

« Épouvantable petite puce… Qu’est ce que tu as fait ? »

« Je me suis rangé dans l’avis de dame N’Kpa. Je ne veux plus rester un instant de plus dans ce château. »

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 16 Juil 2011 17:48 
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Rosa, Thalo et N'Kpa se retrouvèrent dans les couloirs, tous partants pour fuir la demeure de la baronne. Heartless, pendant ce temps, songeait lui aussi à écourter leur séjour chez elle et partit à la recherche de Mazhui, qui était resté dîner seul avec la pâle suceuse de sang. Après le départ précipités des deux femmes, le borgne fit son entrée, sans les croiser, aussi fût-il surpris de ne voir qu'un seul visage amical. Depuis sa petite escapade nocturne avec Thalo, une autre inconnue avait rejoint la table, sirotant son vin avec un sourire fier, une femme-soldat, quoi de plus étrange ? Sirius voyait difficilement une femme mener des hommes sur un champ de bataille, mais il interrompit le flot de pensées parasites qui envahissaient son esprit pour se concentrer sur Mazhui. Heartless prit place à côté de l'Ynorien, comme si de rien n'était.

- J'vous ai manqué ?

Il était assis juste en face de la dame en armure, qui venait de se rendre compte de la présence de deux invités, loin d'être aussi riches et raffinés que de coutume. Elle appela Mircalla qui chuchota quelques mots à ses oreilles puis, ne voyant point l'intérêt de demander de plus amples explications à Ezrébeth, se remit à boire goulûment, comme si elle n'avait pas entendu le vaurien en face d'elle. Sirius se rapprocha de Mazhui pour lui murmurer :

- Où sont les autres ?

- Partis, je n'en sais pas plus.


L'ambiance autour des mets était glauque, silencieuse. Les servantes apeurées se taisaient, à tel point qu'aucune conversation n'était audible entre les convives, seuls les cliquetis des couverts brisaient ce lourd mutisme. Et c'était ce genre d'atmosphère qui rendait cette scène invivable, réaniment en chacun des invités le désir de partir, vite et loin. Heartless se remit à questionner Mazhui.

- C'est bizarre ici...

- Et comment, à peine sommes-nous arrivés que la baronne a donné l'ordre d'exécuter trois personnes, voire quatre.

- Quoi ?

- Et il me semble que l'origine de cette tension provient des attaques de barbare dont sont victimes les plages de la baronne.

- Des pirates ?

- Je n'en sais rien.


Mazhui était de marbre devant la cruauté de la maîtresse des lieux. Il la supportait, non, il s'en accommodait plutôt, il la voyait comme un modèle. Sa richesse, sa puissance, sa réussite, il était... admiratif. Il analysait sous tous les angles l'hégémonie de la baronne. Ses fondements, ses méthodes, son autorité mais aussi sa cruauté et sa fragilité. Un règne basé sur la crainte était pour lui une méthode viable d'accéder au pouvoir, mais pas d'y rester. Le sage homme prédit intérieurement qu'un jour, Erzébeth tomberait de son piédestal de cadavres. L'arrivé soudaine de Nark, qui réordonnait ses guêtres à la hâte, brisa l'indécision du borgne : ils devaient partir, rester trop longtemps en ces lieux aurait été du pur suicide. Il se leva et dit à la baronne, tut en réajustant sa ceinture :

- Baronne, désolé de dire ça comme ça mais on ne peut pas rester ici plus longtemps. On a d'la route à faire et on voudrait pas vous gêner plus que ça alors que vous avez déjà quelques... problèmes de baronne. Mais la bouf- euh, le repas... était très bon.

Mazhui se leva à son tour de son siège et inclina la tête en signe de respect envers leur hôte, tandis que Heartless tentait de convaincre Nark de partir promptement.

- Nark, lève-toi on doit y aller, vite. Ça sent le roussi.

Sirius se précipita presque vers la porte lorsque Katalina lui adressa ses paroles acides :

- Tâchez de ne pas vous faire tuer par l'un de ces gorilles barbares en cours de route. Ce serait gênant.

Le mot "Gorille" résonna dans la tête du borgne, un éclair traversa sa mémoire et un fil invisible le tira jusqu'à la baronne. Il en avait presque oublié l'objectif premier de son vagabondage. L'air tiède de Kerezstur avait infecté son esprit, son envie de vengeance reprit le dessus. Il se rassit tout près d'Erzébeth et lui posa une question qui lui cisaillait le cœur. Son œil furieux transperça la baronne de part en part, une flamme brûlant d'une sauvagerie presque sanguinaire contrastait avec le bleu de son iris. De la place de la baronne, on pouvait facilement ressentir l'ébullition de son sang, comme une agression, une aura menaçante alors qu'il semblait calme et posé en extérieur. Sa débauche apparente se changea en impartialité, il en vint droit au but.

- Dame Erzébeth, une question avant de partir, répondez sincèrement, s'il vous plait. Avez-vous entendu parler d'un certain Gallion Thunderhead ?

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Dim 17 Juil 2011 22:43 
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Nark arriva dans la grande salle à manger qui avait accueilli une nouvelle arrivante, assise à côté de la place vide de Rosa, la mage shaakt. Une jeune femme soldat, blonde, belle, au teint pâle. Vêtue d’une armure de combat, elle devait être Lydia, qu’un serviteur avait annoncée au début du repas. Mais le jeune homme, qui venait de goûter au plaisir de la chair, ne s’intéressa pas à la jeune générale. A sa grande surprise, il vit son capitaine attablé au côté du savant Mazhui. Ils discutaient et le borgne semblait être étonné des propos de son ami. Nark vint les rejoindre et glissa à l’oreille de son capitaine :

« Mon ami, je peux te dire que les femmes sont meilleures qu’à Kendra Kâr ! »


Le guerrier éclata de rire, puis s’arrêta après une dizaine de secondes en comprenant qu’il était le seul à rire et qu’il avait l’air idiot. Il attrapa une pomme rouge qui avait l’air délicieuse et y mordit à pleines dents.

«J’adore cet endroit Heartless. On ne pourrait pas rester quelques jours de plus ? »

A peine avait-il dit ces mots que son capitaine se leva et lui annonça qu’il devait partir. Nark se renfrogna :

« Partir ? Hors de question. »


Le regard du pirate lui fit comprendre qu’il devait immédiatement quitter les lieux. Le second avait apparemment raté plusieurs choses pendant qu’il batifolait avec Irina. Le jeune homme se leva et suivit le borgne qui s’excusa rapidement, puis se dirigea vers la sortie. Il revint vers la baronne pour lui dire quelques mots que le bretteur ne put entendre. Katalina glissa quelques mots au second :

« Faites attention aux barbares, ça serait bête que vous mourriez. »

Son ton était ironique et un sourire moqueur étira ses lèvres. Elle devait être contente que les étrangers quittent enfin le château. Keresztur ne devait pas avoir souvent de visiteurs, mais cela devait satisfaire la jeune femme. Nark ignora sa phrase, pensant que l’indifférence énerverait la conseillère. Il répondit plutôt :

« Quand allez-vous nous rendre nos armes ? Le contact de mes rapières me manque et j’ai l’impression d’être nu sans elles. »

Il se tourna ensuite vers Mazhui et lui dit :

« Que s’est-il passé pendant mon absence ? »

« Une servante a été condamné à être empalé pour avoir tenté de flatter sa maîtresse, un barbare va être torturé par un soldat qui doit lui arracher la vérité avant l’aube sinon quoi sa famille mourra. Mais j’ai l’impression que c’est habituel ici. »

Nark en resta sans voix. Quatre personnes allaient peut-être mourir au château ce soir sans aucune vraie raison, excepté le barbare. Le guerrier se tourna vers la baronne, qui discutait avec Heartless. Comment pouvait-on être aussi cruelle ? Qu’est-ce qui avait amené la maîtresse des lieux à être comme cela ? Quel était son lourd passé ? Autant de questions qui n’auraient jamais de réponses. Personne ne pouvait décider de la vie ou de la mort de chaque individu selon son humeur. Ce pouvoir était réservé aux Dieux.

Nark comprenait maintenant pourquoi son capitaine désirait quitter les lieux. Peut-être la Baronne avait l’intention de les assassiner pendant leur sommeil ? Cette vipère était capable de tout, d’après ce que disait Mazhui. Le guerrier voulait dorénavant se retrouver le plus loin possible d’elle, de son château et de sa baronnie. Il ne voulait plus jamais voir ou entendre parler de cette sindel.

Nark attendait désormais avec impatience la fin de la discussion entre Erzébeth et Heartless, désirant quitter la forteresse lugubre et retrouver ses précieuses rapières.

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Nark, enchanteur de niveau 6, à la recherche de son passé perdu.


Dernière édition par Nark le Ven 26 Aoû 2011 21:48, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 18 Juil 2011 02:00 
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Ce qui frappa en tout premier lieu l'attention d'Erzébeth, c'était le manège incessant des longs va-et-viens au travers des portes. Sa paranoïa lui montait presque à la tête, Katalina quant à elle jugeait avoir assez de gardes dans la pièce, quant bien même la présence de Lydia se voulait rassurante, la Baronne maintenait son attention fermement scellée sur l'étrange humoran au comportement des plus douteux.

Le borgne qui avait refait surface suite à son divertissement dérangeant adoptait également une attitude qui lui mit la puce à l'oreille. Ces changements de comportement et ces absences dans ses propres murs n'étaient pas agréable, surtout pour elle qui aimait tout contrôler. Mieux valait prendre garde, se disait-elle tout en figeant son éternel regard las dans une langueur méticuleusement calculée.

Un détail intéressant : l'homme quitta vivement son rôle de triste sir, pitre du village pour toiser la femme d'un ton sérieux. Sa question suscitait néanmoins une interrogation profonde, piquée au vif, Erzébeth fronça les sourcils en réfléchissant.

« Un Galion ? Vous êtes donc marin ? » Sa curiosité ne cessant de croitre, elle préféra ne rien dévoiler quant à ses trois navires pour quitter la salle de dîner afin de retourner dans son laboratoire, là où se trouvaient la totalité des parchemins de rapport maritimes. Car en effet, chaque équipage se devait de recenser le moindre bâtiment marin croisé en mer. Si un des trois bateaux d'Erzébeth avait un jour croisé la route de ce galion, il était forcément dans un des parchemins. « Je suppose que votre question mérite bien réponse, permettez-moi de me retirer un instant... »

Sans un mot, sans un regard, la femme quitta à la hâte le grand salon devenu surchauffé. Quelque chose lui flanqua un fantastique haut-le-coeur et elle cru un instant, qu'elle allait défaillir, périr d'un arrêt cardiaque ou d'une autre abomination que réserve le corps. Il n'en était rien, les couloirs étaient déserts, mais quelque chose dans l'air les rendaient hostiles. Quoique ce n'était pas dans l'air ambiant, mais bien dans le sien, quelque chose qu'elle n'était plus que jamais, seule à ressentir. Celes s'agitait, comprenant ce qui se passait, elle ne pu rien dire, rien avouer quand au mal qui la rongeait car une force obscure plus puissante agissait sur sa propre Faera.

La porte de son laboratoire s'ouvrir brusquement, emportant avec elle une vasque de verre et plusieurs livres. Elle tomba à quatre pattes tant la nausée lui fut violente. Il n'y avait aucun témoins à son malaise, sinon les miroirs qui eux voyaient. Sa vision se troublait, son estomac se retournait dans une remontée acide intolérable et elle eut l'espace d'une seconde, l'impression que son âme se scindait en deux. Durant les quelques secondes de calme, elle pu reprendre son souffle, plaisir rare de savoir qu'elle se sentait mieux, son esprit n'en était pas pour autant calmé.

« Silmeria...»

La voix si douce et familière lui fit vibrer les tympans. Le silence pensant qui s'en créa à la suite rendit l'atmosphère des plus pénibles, son coeur lui battait les tempes et elle était maintenant victime de sueurs froides. Rampant comme une miséreuse jusqu'à son miroir... Agrippant son meuble de ses doigts crochus, elle tira sa carcasse malade jusqu'à son reflet. Les cheveux noirs en bataille, la peau pâle... Jusque là rien ne changeait vraiment si ce l'était son maquillage qui avait coulé.

« Tu m'as manqué...»
Dès lors, une vibration trop connue lui déchira l'échine... Partant du bas de son dos jusqu'aux épaules, même le bout des doigts, si peu accoutumée à un ressentiment aussi puissant, elle manqua de défaillir. La pupille reflétée par la surface de verre lisse quitta sa belle couleur verte pour se teinter de pourpre, et enfin du violet qui annonçait le retour de Hrist, la Frémissante.

Son corps n'était déjà plus le sien. Elle en avait perdu le contrôle, Hrist s'en était accaparé. Son alter-ego le plus sombre était maintenant de retour, pour qui, pour quoi, elle n'en avait pas la moindre idée. La seule chose que Silmeria était capable de ressentir n'était que la puissance compacte, presque malléable de la colère de la femme qui s'était emparé d'elle. Son humour corrosif refit surface avec elle, d'abord elle se ria du nom que la Sindel s'était approprié, l'ancienne Baronne de ces terres portait le même, Silmeria avait désiré un titre symbolique, Hrist souhaitait déjà le briser. Non avide de la richesse et de la vie de château, la femme ténébreuse trouverait forcément un intérêt à une si riche demeure. Quoique c'était plus les troupes et les armes qui titillaient l'attention de Hrist.

Son corps était déjà fatigué, Silmeria n'était plus accoutumée à la place que prenait sa compagne éthérée dans son âme - à supposer qu'elle en ait encore une -

« Souviens toi, nous avons toutes un rôle à jouer... Et il commence maintenant...»
« Ca promet de bonnes soirées.»
« Halte à la conversation Cèles, Silmeria n'est déjà plus capable de répondre. Refaire surface m'a demandé tant d'énergie que j'ai dû puiser dans son cercle vital. »
« Elle en est presque morte, je crois. »
« Je sais, mais rassure toi, sans sa vie je ne suis plus rien. Toi non plus d'ailleurs, elle va reprendre ses esprits d'ici quelques heures, sois sans crainte pour ta seconde maîtresse. »
« Quelqu'un arrive ! »

Les bruits de pas dans le couloir coupèrent court à la conversation et sans plus attendre, deux gardes passèrent la porte à la hâte. Très agité, le premier soldat portait une combinaison fourrée, signe qu'il venait d'une patrouille, le second en revanche était un des gardes de Lydia, chargé il y a peu, d'accompagner le prêtre de Yuimen aux cachots.

« Les barbares, une centaine ! Ils tentent de prendre la plage est, là où la Laide est en flotte ! Le capitaine est coincé à bord avec une trentaine de têtes d'équipage... Le village est déjà en cendre, à l'heure où je vous parle. »

Hrist tourna lentement le visage vers les deux soldats qu'elle voyait dans son miroir, ses doigts parcouraient la surface oubliée des objets, la douceur du parchemin, la dureté de la cire séchée, la chaleur d'une bougie et le contact glacé et sinistre de ses armes. La soie sur ses épaules était un contact particulièrement agréable, mais ses titres d'arme lui manquaient déjà. Le second soldat interrompit le dialogue :

« Baronne, le prêtre... n'est plus dans le cachot. Des signes de lutte partout, le soldat Caliss dit avoir été sauvagement agressé par un borgne et un homme casqué... Les hôtes de la soirée, pour être clair. »

« Comment ?! Un instant,» répondit-elle choquée. Elle ne s'attendait pas à ça pour fêter son retour, mais c'était selon Celes, une excellente façon de reprendre du poil de la bête, car au bout de longs mois d'absence, Hrist avait raté de nombreuses choses, et la Faera augurait avec succès qu'elle n'en approuverait pas la moitié.
« Un problème à la fois... En premier lieu, le plus important, le château. Faites arrêter tous les invités... S'ils résistent, tuez les. »

Les soldats répondirent en claquant les bottes d'acier, tristes pantins dont les ficelles avaient quittés les mains d'une paranoïaque pour jouer entre les doigts d'une entité sanguinaire qui n'avait de goût que pour la destruction. Hrist souriait intérieurement, lovée en elle, l'esprit de feu la Baronne Erzébeth qui n'occupait pas plus de place qu'un foetus. Le premier soldat avait fait venir du renfort. Le principal coupable étant le borgne, il allait en être la première cible. Les autres suivraient, ou non quoiqu'il en était, tous étaient liés par le même sort.

La grande salle était pleine de garde, Lydia n'était pas au courant du complot qui se tramait. La garde principale ne tarda pas à remédier à cela. Tandis que Hrist songeait à repousser les troupes à l'aide de cartes et de vieux recueils traitant d'anciennes stratégie de bataille, les officiers de Zalina se rassemblaient.

L'humoran était, par son comportement des plus suspecte selon l'avis de Katalina. La seconde n'avait d'ailleurs en rien manqué le rassemblement et avait quitté la salle au cas où les choses tourneraient au vilain. Lydia de par son devoir resta en position, à côté de la Shaak.

Une main tomba sur l'épaule d'Heartless renommé le " borgne " et la voix tonna derrière le casque de métal :

« Nous avons l'ordre de vous arrêter. Rendez-vous sans condition... Vous n'avez pas la moindre chance de vous en sortir. »

Dès lors la phrase terminée, les lances tombèrent, pointant les lames en forme de feuille d'olivier, prévues pour passer les armures les plus renforcées. Les soldats tentèrent d'acculer l'humoran à la porte, quant au borgne, il était déjà presque coincé. Son second à proximité connaîtrait le même sort, quant à la Shaak, un soldat s'approcha et tenta de lui confisquer son bâton... Le message passa rapidement, sans même avoir fait sonner le tosquin, le château était en état d'alerte. Il n'y avait eu aucun mort, mais le fait d'avoir délivré un prisonnier relevait de la trahison, qui était punie de mort ou d'esclavage.

Le jeune homme aux manières plus vouées à la préséance fut lui, traité avec plus de douceur, un homme, un seul s'étant contenté de poser sa main sur son épaule par derrière, menaçant l'être de son épée. L'arrestation était presque complète, s'ils venaient à résister, les choses prendraient assurément une proportion plus tragique, à moins qu'ils ne réussissent à s'enfuir, malgré toute la garde et au détriment du véritable labyrinthe des couloirs.

Hrist, dans le laboratoire caressait la pointe cruelle de la Scélérate en fouillant dans les archives de celle qu'elle nommait autrefois : " la Belle ". Puisant dans sa mémoire, elle vola et rattrapa le temps perdu, tout ce temps où elle était hors d'âme. La voici maintenant revenue...

La Frémissante...

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mer 20 Juil 2011 00:15 
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«… Tu as libéré le prêtre ? »

Une phrase bercé par de l’exaspération. Certes, elle éprouvait une certaine compréhension mais l’acte méritait de lui faire manquer d’air. Cette foi venait encore troubler la dramaturgie, ce prêtre était destiné à mourir mais l’homme d’acier perturbait la coutume. Voilà le faux pas que la baronne ne pouvait tolérer. Rosa se frotta les yeux d’un doigt, le visage arboré d’un sourire froid. Comment pouvait-elle se sortir d’une telle catastrophe ? La shaakt ne pouvait ni compter sur le charisme d’un chef ni la force d’une armée pour sortir de ce château dépravé. Finir en invitée empalée ne lui plaisait guère, elle leva les yeux sur l’armure désolée. Lui non plus ne semblait pas avoir la moindre idée mais il cherchait plus à apaiser la petite colère qui flambait chez la sorcière. Pourtant elle ne scanderait pas sa furie, c’était inutile pour l’heure. La mage se mit alors à regretter de ne pas pouvoir le traiter comme un esclave, l’abaisser à une simple coupable pensée. Tout aurait été plus simple.

« On l’emmenait vers une mort certaine. Ce prêtre s’est rendu coupable de sermon, ce dont la baronne devrait prendre en considération. Méritait-il la torture ? J’ai fait ce que Gaïa enseigne… Je vous prie de vous hâter avant de retomber dans les griffes de cette femme. »

Son regret pouvait désormais plier à souhait son estomac. Ils se tenaient ici sans sure issue. Trois désarmés face à une maîtresse cruelle qui avait une meute à lâcher. La garde allait rappliquer d’une minute à l’autre pour les neutraliser et le guerrier disposait d’un fourreau vide pour les protéger. Il ne voyait aucun sacrifice utile pour le salut de l’elfe et l’humoran. N’kpa pouvait bien fuir mais Thalo savait que Rosa ne voudrait pas. La peur ne la faisait pas courir, au contraire, elle se tétanisait. Son malheureux passé la présentait désespérée et fataliste face au danger insurmontable. Malédiction ! S’il tenait une lame dans ses mains, le combattant pourrait s’offrir un sort honorable. Comment le royaume Kendran pouvait-il tolérer pareil vassal ? Peut-être que le prêtre sortait de la forteresse… Qu’il dénoncerait pareils agissements et son aide n’aurait pas été vaine. Les deux jeunes femmes l’observaient sans mot, ce fut la shaakt qui répliqua sur un ton acerbe.

« Qu’est ce qu’elle connaît de tes usages ? Cette baronne m’a parlé de justice d’une bien maladroite manière. Pourquoi veux-tu raisonner avec un tyran ou encore le défier ? Ton impudence « légitime » va nourrir son ennui. De plus et… Surtout, je n’ai pas la force de fuir pour finir avec deux ou trois carreaux dans les omoplates. En réalité, je déteste courir. Nous allons jouer une autre carte, j’ai ton contrat et la folle envie de te réprimander. Pour le reste nous blâmerons notre cher capitaine. »

Un bien piètre plan mais il se présentait mieux qu’une fuite imbécile. Rosa serra son bâton comme pour y chercher ses futurs mots.


« Dame N’Kpa, vous pouvez fuir discrètement. Nous vous avons déjà assez causé d’ennuis. »

L’elfe sombre dévisagea un temps la visière de son casque.

« Après tout, tu peux partir avec elle. Un esclave qui voulait s’affranchir, voilà ce que tu peux être. Heartless paiera pour toi et tu reviendras chercher ce qui reste de moi. »

« Je ne peux v… »

Un ton sec, la sorcière porta alors le masque de toutes ces peurs. Celui de la véritable shaakt, manipulatrice et intimidante, elle le pétrifia un instant.

« Si. C’est une excellente idée. Je suis une affreuse esclavagiste, ça la fera bien rire. Décampe, idiot. Tu perds du temps que les arbalètes aviseront d’user d’une meilleure manière. »

« Je… Tacherai de faire vite… Que Gaïa veille sur vous… »

Pris de panique, il obéit machinalement.

L’humoran pouvait bien suivre, Rosa ne regardait plus. Elle regagna la salle du banquet ou l’agitation avait atteint son comble. Le capitaine était mis aux arrêts, de façon bien officielle pour un bouffon de la sorte. L’alarme retentit, les deux dont la fortune pouvait encore sourire ne disposait plus de beaucoup de temps. Un garde aperçut la shaakt et s’approcha.

« Dame, je vais devoir vous reprendre votre bâton… Les ordres vous savez. »

« Eh quoi ? Je m’absente pour prendre l'air lorsqu'à mon retour je vois tout ce chaos et vous voulez m’arrêter ? Je ne tire pas de magie de mon bâton. Si vous voulez une prisonnière coopérative laissez mon appui. »


Fatigué ou compatissant, trop fainéant ou compréhensif du sort qui l’attendait, le garde se contenta de la conduire avec les autres déjà maintenus en respect. Sa maîtresse lui confisquerait plus tard après tout si ça lui chantait. Elle venait de se jeter paisiblement dans les serres de cette sale petite pie de baronne. Quelqu’un saignerait pour ça…

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