L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Ven 22 Juil 2011 16:53 
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... Derrière eux il y avait du remue ménage, des bruits d’armures, des chaises renversées et des voix… Le groupe avançait, fébrile, tout au moins pour l’humoran, dans les couloirs sombres qui les mèneraient vers la porte de leur salut. Difficile était d’apercevoir l’expression du guerrier derrière son casque. Mais, N’Kpa sentait bien une tension qui muait les deux personnes dans un silence partagé.


(((Soudain ça éclata avec une question courte et cinglante de l’elfe sombre. L’abcès venait d’être crevé et c’est comme si le monde c’était arrêté autour d’eux. Ils se morfondaient tous deux en vaine discussion, quand l’urgence nous clamait de ne pas traîner.
Oh ! il y avait bien un seul point ou je partageais l’avis de la Shaakt : Sur l’interprétation de la notion de justice de la Baronne et les sentences. Bien qu’en cet instant présent, je ne sache rien de ce qui c’était passé dans la grande salle pendant mon absence.
Encore heureux d’ailleurs, car probablement n’aurais-je pas fait demi-tour pour prévenir Rosa… j’aurais sûrement filé… Enfin… je crois.

La jeune femme était dans ses cogitations, lorsque qu’elle une portion de leur échange.

(((QUOI !?! que viens de dire Rosa ? Elle renvoie Thalo… je n’ai toujours pas compris ce qui les lie tous les deux, mais leur duo était devenu au fil des jours comme indissociable, immuable, une sorte de couple en osmose, alors que je n’avais même pas osé poser la question à l’un ou l’autre pour comprendre.
Elle allait se livrer à la Baronne ? .

L’écho de la voix de Thalo me demandant de partir seule sonnait encore dans un arrière-fond de panique et de confusion dans mon esprit.

Et là je ne sais comment, revirement de situation, celle qui avait tant besoin de son armure, de son soutien, le renvoyait, lui demandait de fuir ? J’avais l’impression d’entendre un verre éclater par terre, ou quelque chose de pareil.

Je ne suis pas guerrière et une partie de moi-même, celle du côté de ma mère, je peux supposer, semblait se révulser à se battre pour le seul fait de guerroyer. La simple idée de donner la mort gratuitement ne m’était pas concevable.
Par contre défendre mon intégrité et ma liberté valait bien une entorse à ce premier principe de non agressivité. Et là justement, nous étions en plein dedans.)))

Une trompette retentit plongeant soudainement en torpeur la semi-elfe. Ses yeux s’arrondir et déjà derrière eux retentissaient les bottes d’un groupe de soldat. « FUIR ! 3 voilà le maître mot qui hantait son esprit.
La Shaakt sans un regard fit demi-tour. N’Kpa poussa avec violence le géant pétrifier et le guida sans aucun problème à travers les couloirs. Que pourrait-il faire, lui à qui l’on avait couper les griffe, nu sans l’âme d’acier que pouvait tenir sa main puissante ? Tout au plus serait-il à même de frapper fort de ses poings, le temps de quérir l’arme d’une des soldatesques de la noiraude.Etrangement la pièce par laquelle ils étaient tous entrés était silencieuse et vide. N’Kpa entrebâilla l’huisserie, écouta les sons extérieur. Rien ne l’alarma encore que le silence était plus pesant que s’il y avait eu de la vie. L’escalier à doubles niveaux était désert et donnait au-delà sur la cours intérieur du manoir.

L’air froid du petit matin les ravigota, alors que le jour n’avait pas encore pointé son nez. Devant eux la cours était encore plongée dans l’ombre de la nuit et à quelques coudées la porte salvatrice leur tendait ses bras bien fermée derrière la herse.
Thalo allait s’engager, lorsque le bras de la jeune femme l’arrêta. En haut sur le chemin de ronde des sentinelles étaient sur le qui vive et pointait leur arbalète sur l’espace vide qui les séparait du porche.
La vue nyctalope de la jeune femme était un atout, elle tira la manche du guerrier pour qu’il se baisse à portée de voix.


Nous arrivons trop tard ils sont alertés mais, si nous sommes discrets, nous pourrons longer le mur hors de vue des archers.
Par contre, j’aperçois une porte dans la muraille sous l’escalier qui monte au guet au-dessus de la herse. Il est possible qu’il y ait du monde, mais je ne les vois pas.
Suivez moi…


A son tour il la retint en homme d’arme aguerri aux pièges et aux évidences stratégiques. Il lui expliqua pourquoi l’idée n’était pas bonne. Toujours dans son style et sa politesse bien à lui :

"Dame N’Kpa, nous ne pourrons pas passer ici, trop de monde et trop de facteurs inconnus risquent de nous précipiter à une fin inéluctable, comme le suggéra Rosa. "

Il était évident que l’homme n’était pas totalement résigné à abandonner le fief de sa dévotion ou du moins de rompre sur un coup de tête irréfléchi son contrat. N’Kpa en frémit consciente de l'orage qui frappait l'esprit du guerrier. Elle acceptait cependant le courage qui qui lui faisait défaut. Elle se forgea une image théâtrale pour le pousser jusqu’au bout et s’assurer de sa conviction. Il ne fallait pas qu’au dernier moment il abandonne et rebrousse chemin.Alors, elle se tourna vers lui l’air renfrogné, les poings sur les hanches et plongea ses yeux iridescents dans la fente du heaume.

Thalo, avec tout le respect que je vous dois, vous avez reçu un ordre et vous devez vous y tenir, nous passerons par le haut, j’ai ce qu’il nous faut pour passer.

Il se tu un court instant hocha la tête puis reprit avec insistance :

" Hum ! c’est de la folie… comptez sur moi !"

Elle sourit en tapotant sa besace, bien remplie, confiante.
Alors, elle s’engagea suivant la muraille sur sa gauche, passa des écuries et arriva devant l’escalier qui menait aux hourds du chemin de ronde. Un regard en arrière, le guerrier avait suivi et se débrouillait plutôt bien. Une échauguette prenait place à l’angle même du mur au bout du couloir en bois couvrant le chemin.
L’homme par instinct se tourna dans leur direction, abasourdi il hésita sur ce qu’il devait faire. La jeune femme bondit en avant et d’une magistrale poussée des deux jambes, elle le propulsa à la renverse. Sous le choc l’homme heurta le merlon, son casque raisonna mais ne suffit pas à le sauver. Il s’effondra assommé. Thalo la rattrapa et la prit par le bras :


"Bravo demoiselle, mais attention, la chute du garde n’aura peut-être pas été inaudible. Prudence… Me voilà au moins armé. "

Le baudrier et la lourde épée changea de propriétaire. Il se saisit de l’arbalète et du carquois, jeta l’ensemble sur son épaule. Un signe du menton, il était prêt. La jeune femme prolongea alors sa progression et atteignit au bout du passage la tour convoitée. Au passage elle c’était saisi d’une torche éteinte. De son sac de tissus, elle sortit une corde attacha le bois huileux et avec précaution fit le tour du merlon coinçant l’ensemble savamment et facilement détachable. La corde fut jetée par-dessus le créneau.

Allez-y je passerai derrière vous, attention de garder la corde bien tendue et ne donnez pas d’à coups ou vous auriez la surprise de finir les quatre fers en l’air, dans le meilleur des cas.

Elle sourit un petit air goguenard peint sur sa figure. A l’air libre la jeune femme revivait et s’ouvrait enfin à l’espoir de sortir de se piège qu’elle n’avait que trop ressentit.
Thalo répondit à l’affirmative d’un mouvement du heaume. Avec bien des difficultés, une peur bleue, peu habitué à jouer les équilibristes pendus au bout d’une corde, il enjamba le parapet sous les conseils de l’humoran. Il avait enfin son postérieur dans le vide qu’un carreau ricochait tirant une étincelle de la pierre au dessus de sa tête.
N’Kpa en eut le souffle coupé une onde hérissa le poil de son échine, ses yeux s’arrondirent. Elle se ratatina sur elle-même. Sa main tremblante farfouilla sa jambière à la recherche de son poignard, en vain.


ALARME ! Fugitifs sur le mur sud !

L’homme laissait son arme de trait pendre sur à côté, s’armant de son arme tranchante. La cavalcade retentissait déjà dans la coursive des deux cotés, le piége se refermait sur leur tour de Babel. [/i]

"Par Gaïa ! aidez moi à remonter ! " Entendit-elle en périphérie du potin des gardes.

Il était trop tard, elle ne pouvait pas perdre l’initiative en aidant l’armure de Rosa. Il devrait se débrouiller tout seul.

Le premier garde trop confiant arriva en courant sur l’Humoran ramassée sur elle-même. Au moment où il laissait tomber son arme, elle roula sur le coté, se redressa et sauta toutes griffes dehors sur le second arrivant surpris. L’homme encaissa une valse de coups qui ne lui occasionnèrent aucun dégât protégé par son armure, mais déséquilibré et prit au dépourvu dans sa course, il bascula en arrière et chuta au bas de la muraille dans un cris d’horreur. Le son mat en bas et le craquement ne laissait que peu d’espoir à sa survie.
Le troisième larron allait abattre sa masse d’arme sur le crâne de la demi-elfe qu’un hoquet le secoua la pointe de la lame de Thalo venait de le cueillir sous les côtes dans la partie molle et fragile du ventre. La masse retomba dans un « cling » assourdissant. Le garde les yeux exorbités observait dans un dernier soubresaut la pointe sanguinolente qui dépassait de son abdomen. Dans se lapse de temps qui sembla durer une éternité, N’Kpa par réflexe avait levé les bras au-dessus de sa tête.
L’homme tomba raide. Derrière Thalo, le premier revenait à la charge que le guerrier expérimenté esquiva d’une parade du plat de sa lame. De sa masse, il pesa sur celle-ci en avant déséquilibrant le milicien qui pour échapper à la chute lâcha son arme. L’homme prit un formidable uppercut gauche sur la tempe. Ses pensées en furent troublées, pour ne pas dire bousculée et secouée. Il compta même pas les étoiles qui accompagnaient son inconscience tombée du ciel.


"Vite dame N’Kpa, ne restons pas là, fuyons, d’autres arrivent !"

La jeune femme se reprit sauta sur le mur avec prestance et se coula comme l’eau le long de la muraille accrochée à la corde. Thalo suivit cette fois avec plus de souplesse et d’empressement et de réussite, la mort aux trousses décuplant les capacités.
N’Kpa donnait un coup à la corde, la torche se décrocha laissant tomber le fil.
Thalo à quelques pas en arrière, laissait son destin troubler ses pensées dans l’affligeante constations d’un manquement à ses devoirs. Ne faisait-il là pas une erreur qu’il aurait du mal à remédier ?

Au-dessus cela s’agitait, la réalité l’obligea à aider l’Humoran à rouler la corde. Ils s’enfuirent en plongeant dans les bois environnants...
Bien calé contre le merlon, dans la fente de l’archère le soldat retenait sa respiration. Il était arrivé un peu trop tard, mais il avait eu le temps de préparer son arbalète et pointait l’éclat meurtrier de son carreau sur l’un des deux fugitifs. A si courte portée, il ne pouvait pas manquer sa cible, même dans le jour naissant.
Il avait choisi la fille, s’il la blessait, l’homme ne l’abandonnerait pas et cela le ralentirait, voir pour la sauver, si la blessure était fatale, il se rendrait tout de suite et sans combat.
Déjà que deux de ses camarades venaient de rendre leur âme à Thimoros par leur faute !I faisait confiance à Katalina ou à la Baronne pour leur faire payer. Le jour à venir serait divertissant, il n'en doutait pas et la bière coulerait en récompense.
L’ordre avait été passé de la capturer l'HUmoran en vie, mais bon si le destin voulait qu'elle périsse, ce n'était pas un cas de conscience pour lui. Katalina semblait la vouloir vivante, pour un projet qui restait sombre et en gros il n'en avait cure, sauf si cela lui rapportait quelque chose...

La flèche siffla quelques secondes,
« CHTUNK ! Ouch ! » les deux cibles disparaissaient dans le sous-bois…

Quelques minutes plus tard, un garde pénétrait dans la grande salle où le reste du groupe était retenu, la Baronne n’était toujours pas revenue et la tension était grande.
Lydia et Katalina se tenaient là, l’une une mine radieuse grâce à la tournure des choses, l’autre attendait, affichait un masque de marbre.
La seconde ouvrit la bouche pensant que le garde viendrait la voir directement. Après tout elle avait donné l'ordre de ramener la douteuse Humoran en vie, mais...
Le garde se dirigea penaud vers Lydia et fit son rapport désastreux en messes basses. La générale se tourna vers la noiraude qui, un sourcil relevé l’interrogeait du regard…

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 23 Juil 2011 14:28 
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Comprenant la gravité de la question du borgne, la baronne prit la peine de s'éclipser elle-même dans son laboratoire à la recherche d'un document pouvant le mettre sur la piste. Heartless était tendu mais il se disait que tant qu'Erzébeth fouinait dans ses bouquins, il n'aurait rien à craindre, grossière erreur... A peine cinq minutes plus tard, l'étau s'était déjà refermé sur les infortunés visiteurs de Kerezstur. Sirius sentit des mains puissantes bloquer ses mouvements et des lances se pointèrent vers sa tête, il n'avait aucune chance, une dizaine de soldats de la baronnie l'encerclait et le menaçaient d'esquisser le moindre mouvement, il avait été bien trop long à attendre. On lui somma de se rendre gentiment, Heartless n'eut même pas la folie de les mettre au défi, il avait compris à quel point sa situation était désespérée. Mazhui et Nark subirent le même sort, mais ils étaient mieux traités que le borgne, le plus suspect d'entre tous. Pris au piège, il espérait quand même au fond de lui que le reste du groupe allait parvenir à s'enfuir, là aussi il se leurrait. Ses espoirs s'écroulèrent comme un château de cartes à la vue de Rosa, qui venait de débarquer comme si de rien n'était, s'abandonnant aux griffes et aux crocs des gardes qui, conscients de sa pure et simple reddition, ne lui prirent pas immédiatement son support. La vue de la Shaakt foudroya Sirius de questions sans réponses et de remords, il perdit le contrôle de lui-même pendant un instant et se leva brusquement de son siège, hurlant à Rosa :

- Mais qu'est-ce que tu fous ?! Barre-t...

Un autre bras puissant lui agrippa le crâne et le coinça sur la table, les lances taquinant sa gorge, Heartless se retrouvait dans une position inconfortable et humiliante, comme un animal qui se débattait avant de se faire conduire à l'abattoir. Mais Rosa était venue se livrer seule, peut-être envisageait-elle de faire gagner du temps aux autres ? Sirius se déplut à croire à un sacrifice altruiste lorsqu'il entendit le rapport d'un des soldats à la poursuite de Thalo et N'Kpa, faisant part de son cuisant échec à dame Lydia. Il y avait au moins quelque chose de positif dans tout ça, mais le pire était à venir. Alors que deux d'entre eux avaient réussi à s'extirper de cette prison de pierre, les quatre autres s'étaient réservés un sort bien obscur...

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 23 Juil 2011 19:25 
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Nark ne pouvait plus attendre. Il ne voulait plus rester cloîtrer entre les quatre murs du château de Keresztur. Il était lugubre, sombre, étouffant et une ambiance de mort y régnait. C’était une prison dont il était impossible de ressortir. Le jeune homme ne pouvait comprendre pourquoi il voulait y rester quelques minutes plus tôt.

(Sûrement aveuglé par les délices de l’amour.)

Et voilà que Heartless, si pressé de partir, attendait maintenant la baronne, qui était partie vers un lieu inconnu. Le guerrier suait à grosses gouttes et l’angoisse lui comprimait l’estomac. Cela sentait le coup fourré. Elle était partie trop longtemps pour que cette absence soit anodine. Nark avait l’impression que les gardes se rapprochaient d’eux doucement, les enfermant dans un étau qu’ils ne pourraient briser. Voilà que l’épéiste devenait paranoïaque. Il essuya son front avec un bout de tissu et se frotta les yeux, que la transpiration piquait. Il devait sûrement suer autant que Heartless le jour où les deux hommes s’étaient rencontrés à l’auberge de la Tortue Guerrière. Mais à cette époque, le capitaine avait subi une malédiction de la part de Meno.

Puis Nark se rendit compte que les gardes l’encerclaient réellement, que ce n’était pas un tour de son imagination. Mais il était déjà trop tard : son arme brandie, un garde noir ligota un jeune guerrier désarmé et désemparé. Ce dernier regarda autour de lui et vit son capitaine arrêté à son tour, ainsi que Mazhui. Quelques secondes plus tard, Rosa arriva et se rendit. Etait-elle devenue folle ? Et où était Thalo ? Leur couple était fusionnel, le protecteur et la protégée était en symbiose. Si la mage avait décidé de se rendre, il serait évident que l’homme en armures l’aurait fait également. Alors qu’ils étaient toujours dans la grande salle, plusieurs hommes quittèrent la pièce pour aller arrêter les fugitifs. Le grand guerrier et l’humoran avaient donc réussi à s’échapper. Nark comprit qu’il devrait compter sur lui-même pour réussir à fuir. Thalo combattait en face en face, jamais il n’entrerait discrètement dans le château pour libérer la shaakt et, accessoirement, ses compagnons. Quant à N’Kpa, elle s’enfuirait sûrement de la baronnie en laissant le petit groupe à son triste sort. Elle ne les connaissait pas assez pour risquer sa vie en tentant de les libérer.

Nark demanda un verre d’eau qu’on lui servit dans un verre en grès. Il s’aspergea avec son contenu. L’eau fraîche ruisselait sur son visage, le réveillant de l’état de torpeur dans lequel il était. Le jeune homme guettait maintenant l’instant où une ouverture se créerait. Il la prendrait, s’enfuirait, pour ensuite revenir sauver ses amis.

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Nark, enchanteur de niveau 6, à la recherche de son passé perdu.


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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 25 Juil 2011 02:09 
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Localisation: Derrière Cromax
« Disparue ?!» Piailla Hrist, la surprise avait été telle que sa voix flancha et elle toussa pour faire passer la révélation et l'incompréhension. Celle qu'elle considérait comme une bête sauvage avait finalement de la ressource, pour avoir provoqué la mort de deux soldats et s'enfuir dans les sous bois qui longent la bordure du domaine... D

Le garde sagement au garde-à-vous sur le pas de la porte répondit qu'il valait mieux ne prendre aucun risque et lancer une traque pour les empêcher de nuire à la réputation du domaine.

La femme désapprouva sur le champ. Selon elle, la réputation n'était pas importante, surtout celle du château qui n'était pas le sien. Repousser l'assaut en revanche serait un défi qu'elle relèverait avec le plus grand des plaisirs. Elle avait tellement de hargne et de colère à dépenser qu'une invasion d'une centaine de guerriers ne serait pas de trop pour la défouler et lui servir d'exutoire. Cèles comprit et se ficha un coup de pied au cul mental. Elle réalisait finalement que la compagne Éthérée de Silmeria n'avait cure des hommes qu'elle haïssait et qu'elle s'emparerait de la moindre occasion pour les envoyer à la mort. Ce fut sa première pensée. Il y avait la contre évidence qui était dans les livres, Hrist cherchait un moyen simple pour contrer une invasion marine. A supposer que tous ne soient pas sur les plages, le village déjà rasé était la preuve que certains avaient débarqués.

Hrist se laissa tomber sur un long divan où gisaient des parchemins poussiéreux. Elle renvoya le garde. Ses dents mordaient les lèvres pourpres qui avaient récupéré une couleur à la suite du malaise de Silmeria, toujours disparue dans ses propres entrailles. Tout en caressant une fiole tout droit tirée de sa robe, elle demanda à Cèles ce que contenait le verre noir... La petite Faera comprit immédiatement où voulait arriver Hrist et se lança cette fois-ci deux coups de pied au cul mentaux avant d'expliquer précisément les effets du poison. Il ferait tomber quelqu'un dans un coma profond instantanément mais si on ne mettait qu'une quantité infime, il provoquerait juste une légère brulure ou une démangeaison.

Hrist méprisait ces vêtements, elle soupirait d'extase en voyant diverses pièces de son ancienne armure - celle de Silmeria - dans le laboratoire de la blonde. Le contact de la Scélérate ne suffisait pas à apaiser la soif de sang de la femme. L'ensemble de son passé se reflétait dans l'armure sur laquelle elle posait déjà main basse.
Les vieux gestes reprenaient lieu, comme une pièce de théâtre que l'on réessayait après de longues années, timidement, les lanières de cuir noir s'enlaçaient et les corsets se serraient, la jupe noire par dessus les jambière pour conserver la féminité de la Baronne - ne pas éveiller les soupçons... Pas encore... Pas trop -

Hrist quitta le laboratoire, équipée et armée, fin prête à envoyer ses troupes sur les plages de Keresztur.

La grande salle ne ressemblait plus à rien, on aurait pu désormais la confondre avec une prison, le borgne arrêté, son second, la Shaakt également maintenue en respect à côté du dernier compagnon de la bande d'inconnus. Lydia avait fait préparer les soldats, les chevaux étaient nourris et les troupes crevaient d'envie de repousser ces assauts incessants. Car il y avait du nouveau. Le jeune soldat avait su arracher à l'aide de pinces et de fers les aveux du barbare. Katalina s'était éclipsée; laissant à la générale tout le plaisir et le devoir de présenter un rapport à celles qu'elles croyaient toutes être : La Baronne de Keresztur.

La porta s'ouvrit, lentement, dévoilant l'armure violette de la femme. La garde tenait en arrêt les prisonniers, tenant en otage toute tentative de fuite à l'aide de lances et d'arbalètes. Dans la cours principale, le charivari des armes et des montures retentissaient. Les bruits de pas synchronisés faisaient trembler le sol et enfin, le silence. Tous n'attendaient plus que Lydia et Hrist.

La jeune blonde se tourna vers la Frémissante, prête à lui dévoiler le rapport express avant de partir à l'assaut.
« Voici donc, les barbares viennent par la mer, avec de lourdes embarcations. Cependant, les rivages sont trop dangereux pour de tels navires, c'est pourquoi ils s'arrêtent sur une petite île à quelques lieux des plages. Là, ils ont dressé un avant poste de fortune. Palissades de bois pour l'essentiel de la fortification. Ils accostent à l'aide de barques, sans risque de se perdre dans les récifs. Et ainsi, ils ne se font pas remarquer par les navires Kendran. Qui d'ailleurs, selon nos sources, ignorent tout des attaques sur nos terres. Trop occupés avec les Orques à l'Est.»

La tueuse semblait ravie, tellement qu'elle chercha même du regard le soldat arrêté qui avait su arracher cette vérité si vite. Lydia semblait alors embarrassée, répondant que dans sa furie pour sauver sa famille, il avait tellement " lardé " l'homme que la honte lui fut insupportable et qu'il s'était ôté la vie. Hrist souria alors, persuadée de l'éternelle faiblesse de l'espèce humaine, elle répondit simplement

« Et bien.. Donnez sa solde de la semaine à sa famille, et ajoutez y quatre Yus de ma réserve personnelle.»

Cèles se flanqua un énième coup de pied au derche, tant les faits évidents du goût pour la désolation et le gaspillage de Hrist s'accumulaient. Cessant alors toute pensée parasite, une porte s'ouvrit, la même par laquelle Hrist était rentrée plus tôt, cette fois-ci, un garde et... Le prêtre de Yuimen.

« Par quelle folie !? Êtes-vous devenue démente ?» se perdant dans un long monologue mettant en valeur les vertus de la foi et de l'amour, le clerc remuait, allait à ses paroles de longs et amples mouvements de bras rendant à son crédit un caractère pathétique et désabusé d'excité cherchant opiniâtrement ses mots et ses prétextes.
Il jeta un regard autour de lui, voyant les invités aux arrêts, il cessa ses mouvement brusques pour se poser, et demander enfin d'un ton plus calme :
« Qu'est-il arrivé à vos ye... Qu'importe, les barbares vous harcèlent, la foi peut vous aider à trouver la paix. Vous allez nous relâcher, n'est-ce pas ? »
« Vous relâcher ?» miaula Hrist, sentant un sourire pas du tout sadique naître sur son visage.« Pas question, en profiter, ça oui !» Et en moins de temps qu'il n'en fallait pour planter une lame au fond de la gorge d'un homme, le prêtre de Yuimen se roulait à terre, perdant son sang à gros bouillon, se tuant à essayer de colmater l'ouverture de ses doigts avant de défaillir sur les carreaux froids de la grande salle de Keresztur.

Le liquide épais roula comme par magie vers la femme. La mare de sang s'étendait en de petits filets semblables à des serpents qui s'approchaient de plus en plus vite, allant sucer les pans de la cape noire de Hrist, l'abreuvant d'une chaleur apaisante qui lui extirpa tout sentiment de faiblesse et de fatigue, alimentant par la même occasion la santé de Silmeria, toujours incapable de parler.

Hrist ordonna que les suivantes du prêtre soient démembrées et que l'on fasse brûler leur charrette sur les routes en bordure de Kendra Kâr pour faire croire à une attaque. Si l'on trouvait son corps mort loin du domaine, elle n'aurait qu'à mentir sur le crime qu'elle venait de commettre. La Frémissante reprenait déjà du poil de la bête, rien ne l'arrêterait dans ses projets obscurs et inconnus.

La femme cruelle plongea alors son regard violet dans l'oeil unique du chef de groupe et dit d'un ton presque solennel.

« Votre crime réclame sentence, vous êtes donc arrêtés et allez être envoyés sur le champ aux plages, en première ligne... Peut être ferez-vous preuve d'autant d'aptitude au désastre que dans mon château. »

Hrist, avant d'entrer avait décapsulé le poison portant le doux nom de spiritueux mortuaire, elle ne cherchait pas à tuer, mais bien à faire très peur. Le chef de groupe friand des putes Tulorienne n'avait pas l'air d'être une réelle lumière, le cerveau fatigué par les trop nombreuses beuveries et les coups reçus sur le crâne lors de bagarres de tavernes.

Essuyant le sang de sa lame, elle en frotta maintenant le bouchon de la fiole de poison. Le liquide semblable à un sirop épais et sombre teinta le violet de la Scélérate.
« J'ai, de toute évidence, conscience que vous n'êtes pas à cet instant très disposé à nous aider, mais sans cela, votre chef ne recevra jamais l'antidote de ce poison. »

Vive comme un serpent, elle avait saisi la main du borgne nommé Heartless et avait entaillé la surface de sa chair à l'aide de la lame empoisonnée. Elle savait que l'effet aurait été fulgurant si seulement elle y avait ajouté plus de ce nectar funèbre. Ce qu'elle recherchait c'était une petite nécrose, celle qui allait tantôt prendre effet sur la coupure. Ses jours n'étaient pas en danger, mais personne n'en savait rien...

« Maintenant, je sais que vous particulièrement, Heartless, y mettrez tout votre coeur... »

***


On fit armer les hommes, Lydia grimpa sur sa monture brune, derrière elle un chariot de fer et de fonte contenait les captifs, comme des poules qu'on envoyait au marché... Sauf que le dénouement était un peu plus différent. Hrist reconnut la robe noire de Calpurnia. Fière de renouer avec son passé, elle cavala suivie de près par les hommes de l'armée jusqu'aux plages. Le jour se levait à l'Est, l'Ouest à l'inverse était plus sombre. Les arbres morts semblaient être peints à l'encre, contrastant avec le ciel qui lui, se teintait doucement d'un bleu froid et délicat lorsque les lourds nuages gris ne venaient pas s'interposer.

Les plages se repéraient de loin, les côtes trop escarpées faisaient de cette crique navigable un endroit de prédilection pour les pêcheurs qui y avaient installé un village paisible... C'était vrai avant cette nuit; du moins.

Il était maintenant en flammes, les hurlements de guerre des terribles guerriers de la mer retentirent à tel point qu'aucun oiseau n'osait chanter en cette matinée. Les colonnes de cavaliers se formaient. L'escadron de cavalerie de Malina comptait parmi les fiertés militaires du domaine. Lydia avait mis au point une technique de combat à cheval qui permettait aux hommes d'une première ligne de tirer à l'arbalète une salve, et de recharger tandis que d'autres derrière eux tiraient à leur tour. L'art était bien sûr de tirer et recharger sur une monture lancée au galop. C'était l'intérêt du nombre, cette cavalerie déversait et vomissait des dizaines de carreaux tranchants, une véritable pluie de fer sur l'ennemi... Cependant, l'occasion de lancer pareil assaut n'avait pas encore eu lieu. Tous étaient excités, les arbalètes clinquaient et les carreaux étaient armés.

Les tambours de peau de bête des barbares raisonnaient. Le village à feu et à sang grouillaient de cette engeance tandis que sur la mer, la Laide illuminée de torches combattait, on y voyait quelques barques ennemies autour tentant de lancer des grappins pour accéder au pont... C'était à considérer plus tard, le capitaine Von Klaash était capable de se défendre, il fallait récupérer le village et empêcher les hommes d'accoster.

Devant la cavalerie à l'arrêt, les archers de Lydia arrivèrent avec une non-chalence contrôlée et lancèrent une salve à la lune scintillante. Les longues pointes en croix tombèrent alors comme une pluie divine sur le village où des hurlements de douleur et de rage retentirent. Le chariot des prisonniers avait été vidé, on avait rendu leurs armes et les captifs se tenaient face à la Baronne. A leur droite, la cavalerie attendait le signal pour lancer l'assaut. Les lanciers étaient là pour faire respecter la distance entre les prisonniers et la Baronne. Menaçant sans arrêts les anciens invités devenus esclaves de guerre.

« Mes chers, si vous passez la matinée, vous serez alors embarqués à bord de mon navire la Laide-les-Maines pour vous rendre sur l'île de ces arriérés. Si encore une fois là bas, vous survivrez, alors vous aurez montré votre valeur, et serez laissés sains et saufs. Si vous périssez, personne n'entendra parler de vous... »

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La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mar 26 Juil 2011 10:58 
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C ‘était fait, le capitaine pouvait bien brailler, elle ne regretterait pas son geste. N’kpa devait probablement avoir quelques pirouettes pour son protecteur et réussir une évasion en catastrophe. La cause de leurs maux revenait. Cependant cette femme semblait changée, déjà par une armure fâcheuse, son corps exaltait autre chose. Encore de l’horrible violet, ses petits globes infects avaient changé de couleur. Droguée ou possédée, il fallait déduire que ses névroses alimentaient des choses bien plus regrettables qu’un simple ennui de cour. Que dirait-Thalo ? D’abord le guerrier ferait un geste vague de la main, à peu près comme ceci, elle le dessina dans son esprit puis il soulignerait l’ironie d’une shaakt qui n’aimait pas le violet. Mais il n’était pas là ! Le contraste se dégageait librement. Son violet devait surement être plus beau, moins évocateur que celui de cette furie. Le regard tourmenté des siens raisonnait dans ce corps multiple, la baronne ou ce qui se présentait comme telle bavassait avec son général.

Le prêtre fut rapporté. Hésitante, entre désabusée ou amusement, Rosa se satisfit que son bouclier ne se tenait pas à son flanc. Carnassière à souhait, la dame des lieux lui laissa des secondes de peur avant de faire l’office d’un bourreau ou d’un boucher. Pas un ne broncha dans les rangs, encore une coutume, l’elfe comprenait décidément mal la nature humaine. Elle observa donc vaguement surprise cet accès de violence inouï, d’absence de foi pour une si jeune Sindel. La shaakt posa les yeux sur le prêtre, elle le regarda comme du savoir perdu avec une certaine amertume. Cet homme venait de mourir le cœur serré mais l’âme probablement apaisée. Du moins ce fut ce qu’elle croyait, les dogmes de Yuimen se montrait nullement familiers. Pourquoi Thalo s’était-il démené à vouloir le faire sortir de là… Pour un tel résultat. Quel gâchis, finir dans des mains capricieuses et emmener avec soi sa suite, elle voulait bien voir tout ce désordre s’écrouler. Néanmoins son cœur à elle s’arrêta là incapable d’en exprimer plus pour en revenir à sa propre survie. La baronne mourrait si cela ne tenait qu’à la sorcière, toutes ces vagues qu’elle se permettait de faire, pour l’heure la jeune elfe sombre allait soit mourir comme le reste soit tomber dans un autre caprice.
Le sort des prisonniers donc, la maîtresse de ce château faisait à nouveau l’étalage de sa justice. Pour avoir un esclave en fuite qui s’était rendu coupable d’avoir libéré un homme de culte, Rosa devrait se battre pour sa petite campagne, même chose pour Heartless qui avait fait échappé le prêtre et parce qu’il était stupide, Nark et Mazhui qui eux la faisait bien rire. Quel droit bien simpliste, cela semblait plus alléchant qu’une mise à mort mais la mage ne pouvait s’imaginer que le château manquait cruellement d’un bailli compétent. Tous ces livres lus, toute cette soif de connaissance bafoués par un tyran, cela irritait quelque peu. Thalo n’était pas là. Rosa s’appuya donc sur son bâton comme pour combler ce vide de raison. On poignarda son capitaine, enfin une bonne nouvelle, il allait mourir empoisonné d’une main blessée. A la bonne heure et à son aise, ce borgne pouvait bien crever, il n’en resterai pas moins bouffon et peut être l’amuser une dernière fois. La sorcière songea à s’expliquer devant leur oppresseur, lui expliquer qu’un esclave de mauvaise qualité n’était nullement une raison de punir le maître. De songes en songes, elle s’avisa de jouer au jeu de la baronne car elle sentait la chose bien vaine devant le traitement qu’elle réservait aux prêtres ou à tout ceux qui ne jouaient pas son manège.

Un cage ! Dans une cage ! Enfermée avec trois rats envahissant sous des barreaux asservissant, elle allait craquer. Bâtarde de Sindel, elle allait brûler pour ça. Ca devenait irrationnel, déraisonnable et étouffant. Impossible de penser correctement au contact des trois autres et ses quatre murs. Ses ongles se plantèrent dans son bâton. La shaakt se sentait complètement trahie, plantée dans le dos par ce traitement. Elle guetta sa respiration, afin de percevoir le moindre signe de crise. La vue des imbéciles suffisait à l’empêcher de se montrer affaiblie. Quatre murs de métal, froid et dur, elle détestait ça, elle haïssait ça. Le moindre de ses soupirs n’était plus que des vapeur douloureuse d’une prochaine éruption. Elfe grise faiblarde et sotte, elle ne l’avait que trop piétinée. Cette ordure la trainait dans les jeux de tensions raciaux. Prise dans ses vagues, dans les pulsions d’une petite noble, Rosa voulait de la stabilité mais il n’était plus là, non parti, envolé, sa présence sacrifié pour sa survie. Ca ne pouvait pas être pire, dénaturé, répétitif et destructeur à souhait. Une boucle incessante se présentait, retrouvailles et séparations , illusions puis malheurs, paix puis douleur et la rancœur, rancœur, rancœur… On ne devait pas l’enfermer, les prisons sont des instruments qu’elle ne voulait plus voir. Ca la rongeait de voir des fers, des cellules… Obscure et silencieuse. Elle voulait la libérer, partir de ce lieu maudit mais une fois qu’elle vit la liberté, qu’elle ouvrit la porte… Elle n’était plus là, le tricot maternel servit à mettre un terme à l’existence de son emmurée … son emmurée… Toute cette chose, Rosa en avait assez, des milliers de fois.

L’air libre. L’odeur fit remarquer que le répit n’allait être que temporaire. La guerre sévissait. Un lancier la poussa, jugée trop prêt de la baronne. Elle observa alors le champs de bataille pour éviter de céder à l’envie de lui dévisser la tête. Des pillards amateurs qui semblaient avoir oublié de se retirer ou une force d’invasion qui pensait peut être que la baronne ne trancherait pas dans le vif dans ses villages, faisait face à un ost prêt à tuer tout ce qui bouge. Rosa observa la première salve de tir puis en revint à la sindel sanguinaire. Elle pensait peut être qu’elle allait faire charger une shaakt. Elle se tourna ensuite vers le capitaine.


« Alors. Vous. Vous trouvez un moyen de nous éloigner de cette jeune peste sans charger comme un soldat complètement abruti et j’oublierai que vous êtes un parfait imbécile. »

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mer 27 Juil 2011 00:27 
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Plaqué de cette manière contre la table, l'œil de Heartless ne pouvait contempler rien d'autre que le ceinturon de l'un de ses bourreaux. Et avant même de se rendre compte de quoi que ce soit, il sentit un frisson répugnant lui parcourir l'échine, ce genre de frisson qui vient des tréfonds de l'esprit, cette peur animale. Des doigts froids, des griffes glacées effleurèrent sa main et la retournèrent sur le dos. Le soldat qui obstruait son champ de vision laissa sa place au visage de la baronne, enfin, Sirius, de si près, avait eu bien du mal à reconnaître ses traits, déformés par une sorte d'esprit malin, source d'une telle brûlure hivernale. Les deux yeux d'Erzébeth le firent frissonner de nouveau. Il vit ce qu'il aurait dû déceler plus tôt, ce magnétisme presque infernal, qui attire puis rejette le désordre, le chaos, tout le malheur du monde. La sympathie qu'il éprouvait pour cette personne entourée mais solitaire, cloîtrée dans l'ennui de son château, disparût, une haine muette la remplaça. Les têtes coupées dans d'atroces souffrances, qu'une certaine personne, image floue du passé, se plaisait à collectionner avec leurs expressions de peur, n'étaient rien face au visage de cette calomnie, rien, même une étagère de ces têtes paraîtrait douce en comparaison du visage de la face cachée de cette lune fânée : Hrist.

Heartless crut, ou sut plutôt, l'espace d'un instant voir le visage d'une autre personne, mais dans son ignorance, il se disait "Erzébeth".

- Votre crime réclame sentence, vous êtes donc arrêtés et allez être envoyés sur le champ aux plages, en première ligne... Peut être ferez-vous preuve d'autant d'aptitude au désastre que dans mon château. J'ai, de toute évidence, conscience que vous n'êtes pas à cet instant très disposé à nous aider, mais sans cela, votre chef ne recevra jamais l'antidote de ce poison.

Elle se releva, et le borgne entraperçut à ce moment là la fiole de poison qu'elle sortait de ses vêtements, le liquide noirâtre n'inspirait pas la confiance mais la peur. Cette peur se libéra sous la forme d'un cri de douleur atroce lorsqu'il sentit la lame empoisonnée entailler la paume de sa main. Il ressentit une brûlure insupportable qui s'estompa sur le moment, les cellules mortes ne ressentaient plus la douleur, et cette absence de douleur rimait avec terreur. Heartless, la tête toujours pongée bien profond dans le bocal dans lequel nageait ses rêves de gloire et de fortune, s'inquiéta pour le devenir du poisson qu'il était. Son "incroyable aventure" allait elle se finir ici ? Allait-il mourir du venin de la vipère de Kerezstur ? Il le croyait, sans savoir qu'il se leurrait encore. On laissa sa blessure saigner, la fiole revint entre les serres de Hrist, la Frémissante, qui déclara au reste du groupe, épargnés du sort douloureux de Sirius :

- Maintenant, je sais que vous particulièrement, Heartless, y mettrez tout votre cœur...


...


"Grat. Grat. Grat..." faisait Nark qui se grattait la joue.
"Frot. Frot. Frot..." faisait Mazhui qui dépoussiérait ses vêtements.
"Grrr. Grrr. Grrr..." semblait faire la silencieuse Rosa, renfermée dans son cocon de grogne.
"Bam. Bam. Bam..." faisait la tête de Sirius Heartless contre la grille de fer.

Le pauvre borgne était désespéré, il cherchait dans sa tête ce qui lui restait de sa logique pour trouver un moyen de se sortir vivant, surtout lui, de cet horrible faux pas, se cognant la tête inlassablement contre la paroi de leur cage d'acier, dans l'espoir de voir germer des idées nouvelles, en vain bien sûr. Il se cachait à lui-même sa main droite pour éviter que surgisse une nouvelle vague de désespoir. Mazhui exprimait sa rancune contre Heartless autrement qu'en boudant comme la Shaakt, sa colère était à son image, calme et taquine, mais acide. Il le nargua, tout en gardant ce faux air calme et limpide, d'une voix douce et assassine.

- Mon cher capitaine pirate, seriez-vous à court d'idées ? Nous comptons tous sur votre intelligence inouïe et votre sagesse divine...

- C'est ça... C'est ça...


Les murmures incompréhensibles de Heartless trahissaient en quelque sorte son manque d'options, mais il arrêta soudain son manège tête-barreaux, il avait, semble-t-il été foudroyé par un Eurêka providentiel :

- Je crois que j'ai une idée !

A ce moment là, il focalisa l'attention de son public, qui, même si il n'était pas convaincu par l'annonce du borgne, était prêt à considérer n'importe quelle idée, même folle à lier. Mazhui réagit en premier, surpris d'un tel sursaut d'intellect de la part de celui qu'il considérait non pas comme un idiot complet, mais comme... un idiot plus ou moins complet.

- Oui, alors ?!

Un bref silence, la tension monta lentement pour retomber à plat suite à la reprise du "Bam bam bam", trahissant l'obscurité même de la "solution" de Heartless, qui ressurgit des abîmes de l'improductivité. Il se fit une place au centre du groupe, bousculant un peu tout le monde, et mima son plan avec sa seule main valide, ou du moins la seule dont il pouvait supporter la vue :

- Je sais ! Rapprochez-vous, écoutez bien. Alors eux... Voilà, on attend un peu dans la cage et au milieu de la nuit, je sors de la cage et je pique l'antidote à Eriza-Erzo-Erizbe-... peu importe. Ensuite, je vous fais sortir avec moi, on pique le chariot et à nous la liberté !

Mazhui était à l'image du groupe qui entourait le "cerveau du groupe" : incrédule.

- Très bien, c'est un plan convenable si l'on s'y prend bien. Mais comment compte-tu nous faire sortir de cette cage ?

Le regard de Heartless avait changé d'expression, il ne hurlait plus "Eurêka !", il beuglait "Kézako ?". Désireux de poursuivre son plan génial jusqu'au bout, il prit une grande inspiration ( qui s'apparentait plutôt à un hennissement de cheval blessé ) puis reprit ses mimiques :

- Haaaaaah.... Au milieu de la nuit, je sors de la cage et je pique l'antidote à Zanzibar...

- Rah ! Il n'a pas d'idée !
s'exclama Mazhui, las de cette incompétence.

Soudain, la cage s'ouvrit. Loin d'être la voie de sortie du groupe, c'était leur chemin à l'abattoir, tenu par deux lanciers qui les hâtaient de sortir sans entourloupes. Le groupe s'extirpa de leur maigre prison de fer et, devant eux, se dressa un tableau de mauvaise augure. Le ciel était déchiré entre jour et nuit, un village en feu sous le chevauchement des nuages grisâtres complétait cette fresque lugubre, à l'aube du carnage. C'était un champ de bataille, et ils étaient aux premières loges. Derrière le groupe, la baronne de Kerezstur arborait son armure mauve, encadrée par ses lanciers qui tenaient le borgne en joue.

- Mes chers, si vous passez la matinée, vous serez alors embarqués à bord de mon navire la Laide-les-Maines pour vous rendre sur l'île de ces arriérés. Si encore une fois là bas, vous survivrez, alors vous aurez montré votre valeur, et serez laissés sains et saufs. Si vous périssez, personne n'entendra parler de vous...

- Un navire ?

Heartless semblait avoir été guéri par ce seul mot, navire. Il se bornait à ignorer les funestes présages dont leur faisait par la meneuse sanguinaire, il n'entendait plus que ce mot : navire. Il plissa l'œil pour enfin apercevoir la Laide, le fier galion d'Erzébeth, une lueur d'espoir, le seul échappatoire. C'était clair, ils devaient survivre, ne serait-ce que jusqu'au lever du soleil, et Sirius serait guéri du poison qui le rongeait et pourrait avoir cette infime chance de poursuivre ses ambitions. Il se recula comme si il allait défaillir, mais les pointes charognardes de la seconde ligne de lancier l'en dissuadèrent. On leur jeta leurs armes et le borgne se servit dans le tas. Il se rendit compte trop tard qu'on ne lui avait pas enlevé le poignard d'argent qu'il avait subtilisé après leur rixe à Kerezstur pour sauver cet empaffé de prêtre. Il se retourna pour admirer une nouvelle fois la soi-disant Laide-les-Maines, tout en réajustant les armes à sa ceinture. Ce fut à ce moment que Rosa la grognasse sortit de ses gonds. Contenant son envie de tout faire cramer, elle s'en remit à la seule personne ( à part peut-être Hrist ) qui arrivait à sourire en regardant au loin.

- Alors. Vous. Vous trouvez un moyen de nous éloigner de cette jeune peste sans charger comme un soldat complètement abruti et j’oublierai que vous êtes un parfait imbécile.

"Foncer comme un imbécile", c'était pourtant la base du plan tout neuf que Heartless venait d'échafauder. Il écarta Rosa d'un geste "je-m'en-foutiste" et se retourna, affrontant le regard des lances, pour demander au conducteur du chariot qui les avait amené ici.

- Messire du chariot, oui vous. Qu'en dites-vous, vous me prêtez votre chariot et moi je vous donne la main de cette ravissante shaakt garantie pure vierge !

- Hé, silence ! Il n'y a pas moyen que je te donne mon chariot, t'entends ? C'est à ça que ça sert les premières lignes, à garder le chariot en état. Alors faites ce que Dame Erzébeth de Kerezstur vous ordonne de faire et allez-y à pied ! Grrr !

- D'accord, c'est pas grave, merci quand même !


Heartless se retourna avec un sourire malsain sur le visage, d'abord pour s'être moqué de Rosa au visage pâle mais aussi car il pensait à son plan douteux. Il se rapprocha de Nark, qui avait largement plus la cote que lui auprès des dames, et lui refila discrètement un petit objet sphérique qu'il dissimulait dans ses guêtres depuis leur fuite de Kendrâ Kâr. Il lui murmura le plus bas possible ses indications.

- Psst ! Nark ! Fais-moi plaisir tu veux ? A mon signal, non, au signal de cette vipère ( il désigna Hrist d'un mouvement de la tête ), tu allumes la mèche et tu me jettes ça sur la troisième ligne de front derrière nous, près de la baronne, compris ?

Puis il repartit du côté de Rosa et Mazhui, justifiant ce va-et-vient par des petits gestes anodins et des exclamations du genre "Ouh, j'ai peur, tu me protégeras hein ?" ou bien "T'en fais pas, on s'en sortira." pour leur murmurer entre deux répliques :

- Vous, préparez-vous à monter sur le chariot si vous voulez pas que ça chauffe pour vos fesses !

Après tout, il valait mieux mourir en ayant essayé de mettre au point un plan complètement dingue plutôt que crever sans avoir essayé, non ?

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mer 27 Juil 2011 23:50 
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Les choses empiraient à vue d’œil pour le petit groupe dorénavant composé de Heartless, Rosa, Mazhui et Nark. Le capitaine avait été empoisonné par la baronne. Sa main, où la blessure avait été faite, était rapidement devenue noirâtre, comme la peau de la shaakt. Le jeune guerrier ne pouvait plus s’échapper maintenant que le borgne était en danger de mort. S’il s’enfuyait, Heartless mourrait à cause du poison.

Mais avant cela, tous avaient été encore une fois témoin de la cruauté apparemment sans limite de la baronne. Elle avait exécuté de sa main le prêtre de Yuimen et semblait s’en être délectée. Jamais Nark n’aurait cru voir une personne aussi sadique, surtout une baronne. Au fond de lui, le fils de marchand eut de la pitié pour elle. Qu’avait-elle accomplie ? Chaque jour la rapprochait de la tombe, même si elle était encore loin. Etait-elle satisfaite ? Portait-elle un regard d’amour sur ne serait-ce qu’une seule chose ? Elle s’entourait de guerriers pour se protéger des assassins et elle avait des guerriers pour surveiller ces guerriers et débusquer les traîtres. Mais qui guettait le guetteur ? Cette existence était tout bonnement pathétique.


***



Les quatre captifs furent transportés en chariot, enfermés dans une cage minuscule. Nark attendait. Le temps lui semblait long, comme si une seconde était une minute et une minute une heure. Il sentait l’angoisse des chevaux et des hommes qui sentaient la bataille proche. Tout à coup, Heartless cria avoir une solution miracle. Tous se rassemblèrent autour de lui et écoutèrent le plan du capitaine. Aucun ne semblait convaincu, mais c’était déjà mieux que rien. Mais comme tous le pensaient, l’idée du borgne était décevante et ne leur servait à rien. Autant dire à une poule comment pondre. Nark soupira. Pourquoi risquait-il sa vie pour un imbécile pareil ? Alors que le découragement laissait place à la colère et que le guerrier était sur le point de hurler sur son ami, la porte de la cage s’ouvrit.

Ils étaient à quelques centaines de mètres d’un village côtier. Les maisons brûlaient toutes, le feu se transmettant d’une hutte à une autre. L’aube naissait et le ciel pourpre était de la même couleur que le feu. Une centaine de barbares vêtus de peau de moutons et autres leur faisait face. L’armée de Kerezstur se composait de plusieurs centaines de cavaliers armés d’arbalètes et portant une épée au côté. Nark récupéra ses rapières et s’échauffa, se préparant au combat qui allait bientôt suivre. S’ils survivaient à cette journée, ils pourraient quitter la baronnie. Les barbares devaient être des guerriers puissants, mais qui attaquaient à l’instinct, sans aucune stratégie. De plus, ils ne portaient aucune armure, ce qui les rendait vulnérables à souhait.

La baronne apparut alors encadrée deux lanciers. Son armure mauve ne lui allait pas, contrastant avec ses cheveux noirs. La protection semblait être le vestige d’une existence passée, les ruines d’une ancienne vie. Elle ouvrit la bouche et ses paroles envahirent l’esprit de Nark :

"Mes chers, si vous passez la matinée, vous serez alors embarqués à bord de mon navire la Laide-les-Maines pour vous rendre sur l'île de ces arriérés. Si encore une fois là bas, vous survivrez, alors vous aurez montré votre valeur, et serez laissés sains et saufs. Si vous périssez, personne n'entendra parler de vous..."

La renommée. Voilà l’unique raison pour laquelle le dernier des Lounge avait entrepris cette folle aventure. Il voulait que son nom soit connu de tous à travers les océans, qu’il soit élevé au rang de légende. De Kendra Kâr à Pohélis en passant par Caix Imoros et Khonfas, son nom serait dans toutes les bouches dès qu’il dirait un mot.

Il quitta ses pensées ambitieuses pour voir un Heartless ébahi au simple mot de « navire ». Au moins il était heureux, ce qui n’était pas le cas de tous. Nark reprit son entraînement et intercepta le regard d’un jeune soldat d’une vingtaine d’années. Il transpirait à grosses gouttes et sa peur se sentait à travers son épaisse armure.

« Détends-toi mon garçon. Nous avons tous peur de mourir. Mais la peur est une chose qui peut-être positive, comme le feu. Sous contrôle, elle te réchauffe. Sans contrôle, elle te brûle et te tue. Fais bien attention à la peur. »


Il était étrange que Nark dise cela à un homme plus vieux que lui. Le cavalier le regarda et il assimila ses paroles. Puis il sourit et rabattit la visière de son heaume, se préparant à l’assaut. Derrière l’épéiste, Rosa lança une pique au borgne. L’ironie et la méchanceté gratuite était les passions favorites de la shaakt, mais la réponse de Heartless montra que lui aussi se débrouillait dans ces deux choses.

Celui-ci vint le voir pour lui donner quelque chose dans la main. Un objet sphérique fait de fer noir, avec une mèche sortant d’un petit trou. Puis son supérieur lui chuchota :

« Psst ! Nark ! Fais-moi plaisir tu veux ? A mon signal, non, au signal de cette vipère (il désigna Hrist d'un mouvement de la tête), tu allumes la mèche et tu me jettes ça sur la troisième ligne de front derrière nous, près de la baronne, compris ? »

Avant que le jeune guerrier ait compris ses paroles et lui dise qu’il n’avait qu’à le faire lui-même, le borgne partit du côté de Mazhui et Rosa. L’objet que le marin avait donné à son second lui rappelait quelque chose, mais il ne saurait dire quoi. Il réfléchit quelques instants avant qu’il ne se le rappelle. C’était l’un des objets volés à l’armurerie de la milice lors de leur fuite des cachots. Ainsi donc c’était une arme, méconnue si Nark n’en avait jamais entendu parler. Ce dernier s’assit sur le chariot et attendit le signal de la baronne, sans penser une seule seconde qu’il n’avait rien pour allumer la mèche.

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Nark, enchanteur de niveau 6, à la recherche de son passé perdu.


Dernière édition par Nark le Ven 26 Aoû 2011 21:50, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Jeu 28 Juil 2011 01:37 
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« Quel est ton présage, Cèles ?» soufflait la tueuse, elle prêtait de plus en plus attention à la Faera, lui vouant un intérêt presque proche de l'oracle, contrairement à Silmeria qui lui, lui préférait son côté pratique pour répondre aux questions sans trop d'intérêts.

« En s'y prenant bien et en motivant les hommes... Une réussite. Mais nous avons l'avantage du nombre.»
« Celui de la préparation également. La plupart sont encore sur leurs rafiots...» Hrist cessa ses pensées obscures. Les bracelets noirs des assassins de Kendra Kâr allaient lui être d'une aide précieuse pour connaître la situation de la Laide-les-Maines, située à quelques centaines de mètres de là. L'ordre fut donné aux lanciers qui se rassemblèrent autour d'elle. Hrist se concentra, les mains ouvertes, paumes vers l'avant, les yeux clos, elle sentait alors son ombre se détacher d'elle et abandonner son corps. Toute la matière laissée sur place rendait cet aura de ténèbres légère et véloce... L'ombre de la tueuse fusa vers la mer, la vision auréolée de violet et de noir ne laissait pas voir de nombreux détails, mais elle pouvait voir à souhaits les hommes déjà en déroute dans le village, tentant de s'enfuir sur la côte pour se rassembler. Enfin la plage, à une vitesse faramineuse, elle accosta à bord du navire où Von Klaash, au coeur de la bataille, tranchait, évicérait dans des hurlements et des insultes odieuses. Partout autour de lui, ses mercenaires montraient preuve d'une agressivité débordante, tous animés par la violence et la brutalité du capitaine, ils repoussaient l'assaut...

***


Dès lors que ses esprits lui furent rendu par la magie noire, elle caressa le flanc tiède de Calpurnia. La monture hennissant doucement, elle remuait ses oreilles lorsque ses longs doigts virent se déposer sur celles-ci. La monture de la Baronne était bien différente des chevaux que l'on trouvait dans ces terres. Les autres cavaliers disposaient de canassons plus propices aux assauts rapides qu'au longs combats à portée. C'était d'ailleurs, là que reposait toute sa technique.

« Faites sonner Malina. Repoussez les vers la mer. Formation en U. Ne laissait aucun échappatoire. Les lanciers et la Shaakt suivront et achèveront les blessés. » Dit elle en désignant Dame Aqamaq de son arbalète.

« Et ces trois... Moui, les trois iront dans le village s'assurer que personne ne s'y trouve. Par la suite, tous seront envoyés sur la plage pour repousser les barques. »
Hrist se plaça un peu plus à droite du front. De là, on pouvait remarquer que derrière la fumée épaisse du village, les barbares se retiraient vers la mer. La pluie de flèche ayant certainement calmé leurs ardeurs, ils n'étaient pas réputés pour être des lâches. Ce stratagème ne présageait rien de bon et Hrist eut un sourire de Troyen face à un cheval de bois.

Le cor de Malina résonna. Le hurlement lugubre résonna dans le ciel, présage de l'assaut immédiat. Malina était composée de cavaliers rapides, capables de tirer sur une cible mouvante à l'aide d'une arbalète et de laisser celle-ci pour un assaut à l'épée lorsque c'était nécessaire. Les premières lignes se mirent en avant, suivie des secondes.

Calpurnia se cabra brusquement, Hrist cria à Lydia :

« Seconde salve, nous attaquons. Suivez-nous avec l'infanterie. »

La générale lança un signe d'approbation de la tête, puis, suivie de ses nombreux archers, elle banda l'arc à la lune et déclencha de nouveau une pluie de fer tandis que Hrist courrait à l'assaut suivie de près par les soldats, prête à lancer la caracole. Les chevaux pouvaient galoper vite jusqu'à ce qu'ils arrivent sur les galets et sur les rocs, là, la vitesse de la cavalerie chuta mais tout l'avantage était dans cette manoeuvre, il fallait justement attendre que les barbares soient sur la plage car à vive allure, la précision des cavaliers étaient anéanties. C'était donc au pas que l'on chargea la vermine. Hrist arma son tir et lança un carreau qui alla se perdre parmi les nombreux autres lancés par ses sbires. Tous tournèrent sur la gauche ou la droite afin de se replacer dans les derniers rangs. Le deuxième rang de cavaliers exécuta le tir et s'en retournèrent en arrière. A mesure qu'on entendait la détente brutale du crin sur l'acier, et que les carreaux affutés et ciselés par les maîtres forgerons perçaient les chairs, les hommes étaient de moins en moins nombreux à courir.

Néanmoins, ils avaient plus de ressource que Hrist l'imaginait. Car devant eux, s'étaient déposés de larges planches de bois, semblable à un bouclier capable de couvrir quatre personnes de taille normale, soit deux ou trois de ces forces de la nature. La dernière salve de carreaux ne toucha rien, si ce n'était le doigt qu'un des soldat avait oublié de retirer en tenant la planche, que le carreau avait sans doute arraché.

Dès lors, la formation de la cavalerie n'était plus propice aux tirs, emportés par leur élan, les hommes à cheval étaient maintenant trop proches des barbares qui usèrent des lances de bois et des boucliers pour tenter de renverser les chevaux. Ceux qui sortaient du panneau de bois étaient presque immédiatement tranchés à l'épée et percés de dizaines de tiges de fer. Malgré leur faible nombre, ils se défendaient férocement et parvinrent même à renverser quelques chevaux. Lorsqu'Hrist vit le premier cavalier tomber à terre, et lorsque la meute d'hommes lui tombèrent dessus pour l'achever alors qu'il hurlait de douleur, elle arma son second tir qui alla frapper directement le bras d'un guerrier. Emporté par le choc, il recula de quelques pas, portant sa main à la blessure ensanglantée pour resserrer le carreau froid et l'arracher, faisant couler encore plus de sang...

« Tu... aurais peut être dû l'empoisonner celui-ci. Non ? »
« Inutile. Son destin est clos... » miaula Hrist tout en s'approchant de l'homme à l'aide de sa monture. Le guerrier jouissait d'une taille imposante qui lui valait presque d'être à la hauteur du cheval de la tueuse, il n'en était pas moins blessé et son bras handicapé lui serait un atout qu'elle savait totalement défavorable et qui le conduirait à sa perte. De peur pour Calpurnia, c'est au milieu du manège incessant des cavaliers tirant et frappant sur tout ce qui bougeait que Hrist mit pied à terre. Sa garde descendit presque en même temps qu'elle, mais voyant le jeu auquel elle jouait, ils se contentaient de couvrir ses arrières.

Hrist tira la Scélérate qui était de loin, son arme de prédilection. L'homme faisait bien cinquante centimètres de plus qu'elle. Les souvenirs de Silmeria qu'elle avait scrutés montraient que la Douce avait peiné à mettre au tapis l'un de ces monstres de guerre. Celui-ci, observait la jeune Baronne d'un air chargé de mauvaise haleine et s'approcha d'elle en étant aussi rassurant qu'un cheval mal achevé. L'épée tomba de façon ascendante dans le sable, ne récoltant que du vent et un triste sifflement dans l'air qui trahissaient l'esquive de la Frémissante, il reçu pour toute récompense qu'un coup porté avec la garde de la dague directement sur la blessure infligée quelques instants plus tôt.

Cependant, et après des mois d'absence, elle en avait presque oublié que certains hommes dans le champ de bataille développaient leurs instincts et leurs réflexes ce qui lui valu un revers du point qui alla se perdre directement dans son armure. En clair, son armure était d'une légèreté effarante pour conserver la suavité de ses déplacements, elle avait senti le coup et ca ne lui avait pas plut des masses. Lorsqu'il fit tourner son épée au dessus de sa tête pour frapper horizontalement, elle se baissa, malgré sa blessure, il n'en restait pas moins très combatif. Autour d'elle, le carnage opérait, les blessés agonisaient au sol dans leur propre sang, les chutes étaient dangereuses, tant pour les cavaliers que les barbares tant le sol était escarpé et criblé de flèches. A une petite centaine de mètres, les lanciers arrivaient, prêts à achever ceux qui étaient encore en vie malgré la caracole et finir le travail des cavaliers de Malina, qui à son grand soulagement, comptaient que très peu de perte.

Son attention se portait maintenant sur son colosse, l'homme était le dernier des siens sur une vingtaine de mètres à la ronde, entouré des soldats qui regardaient la femme s'amuser ou presque. Les plus suspicieux maintenaient malgré tout une arbalète invariablement pointée sur l'homme. Celui-ci savait que quoi qu'il advienne du combat, il se solderait par une mort certaine.

Il lui restait l'opportunité de s'emparer de sa cible d'une seule main pour tenter de la mettre au sol, ce fut d'ailleurs une idée. Sans aucune technique particulière, il s'avança dangereusement pour ouvrir une main d'ogre prête à écraser la femme. D'un réflexe, elle ordonna à Cèles de faire jaillir un serpent du néant, et d'une flamme noire aux reflets violets, s'extirpa du néant en un fragment de seconde un reptile vicieux qui bondit sur sa cible avant de disparaître en fumée... Cela avait été suffisant pour l'ogre d'avoir assez de surprise pour retirer sa main et cesser de menacer Hrist...

Dans un dernier espoir de mourir avec honneur, il tenta de bousculer la femme d'un coup d'épaule, sa vivacité avait eut raison de son attention et porté d'un élan trop fort, elle lui entailla la cuisse d'une frappe brève et précise, jusqu'à l'os. Il tomba sur le roc, hurlant et portant ses deux paluches démesurées à l'ouverture béante que la tueuse venait de lui gratifier. Le combat était terminé; lasse de recharger son arbalète, elle s'empara de celle d'un cavalier pour pointer le carreau cruel à quelques centimètres de la tête de l'homme, dans un dernier regard cruel, elle lui sourit.

Ce fut le dernier souvenir qu'il emporta avec lui.

La menace venait maintenant de la mer. Les embarcations grotesques approchaient, les tambours résonnaient et les " Hoou-haa " des barbares en train de ramer les accompagnaient. Le soleil éclairait de plus en plus la mer et le ciel, les étoiles se dissimulèrent derrière ce voile nébuleux qui se teintait du bleu triste et froid des matinées de l'Ouest. Les voiles étaient faites de peau, le vent était nul, rien ne bougeait, les fanions des cavaliers restaient pendus dans le néant, de même que les capes...

Ce fut cet élément qui donna à Hrist le signal pour ruiner leur avancée. Si le vent venait de dos, ils arriveraient plus vite grâce à la force de la nature et celle des rameurs. Mais si une terrible bourrasque leur rentrait dans le lard par le devant, ils se retourneraient pour la plupart.

« C'est vrai ! Il faut être stupide pour mettre une voile aussi grande sur une embarcation aussi petite. D'ailleurs ils sont aussi trop nombreux dedans, près de dix par rafiot... Il y en a quatre encore. »
« J'en vois cinq... »

Von Klaash hurla à bord de la Laide. C'est alors que les mercenaires ayant repoussé l'assaut se mirent tous ensemble à la proue du navire et jetèrent tout ce qui passait à portée de main, harpon, tonneau, brique, sac de plomb, cadavres... Une pluie écœurante s'effondra sur la fragile embarcation qui ne supporta pas plus le poids et craqua sur sa largeur...

« Humph... »
« Nous disions donc quatre. Dis moi, Von Klaash, il ne craint pas l'extinction de voix. Chaque fois qu'il est sur ce navire, il hurle. »
« Pour être sûr d'être entendu de tous... Cessons donc, l'heure est venue de noyer nos arrivants. »

La formation des lanciers arriva sur la rive, Lydia accompagnait quelques archers, prête à déverser une pluie de fer et de bois sur les hommes au premier signe. Hrist en décida autrement... Elle mit une botte dans l'eau, puis une autre... Les vagues heurtaient le métal et le cuir de ses bottes... La fraicheur de l'air dépourvu de tout vent... De nouveau elle mit une main en avant, paume ouverte vers une des embarcations situé à dix mètres d'elle. Les bracelets de la Sylphe brulèrent d'une faible lueur violette avant de faire éclore un énorme courant d'air qui alla gonfler les voiles à l'envers ce qui provoqua irrémédiablement la chute de deux barques par le fond...

Hrist se tourna face aux prisonniers et les lanciers... « J'ai trouvé motivation qui ne saura vous échapper. Votre esprit sera sous mon joug l'espace de quelques instants... Le temps de tuer ce qui arrive. » fit-elle d'une voix qui n'augurait rien de bon. Elle méprisait les mages, mais jugeait la magie utile malgré tout. Ses doigt caressèrent alors la rune de combat et resserraient la pression. Lorsque la magie opérerait, tous crèveraient d'envie de se ruer au combat... Elle resta devant eux, les bottes encore humides, la cape et la robe flottant dans l'air, toujours sous l'emprise du sortilège.

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 30 Juil 2011 10:55 
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Il allait oser la toucher. Ce porc pensait peut-être que la shaakt l’empêchait de faire ses bouffonneries correctement. Il avançait sa main pour la pousser. Furieuse ou dégoûtée, Rosa frappa d’un geste sec ce bras indésirable. Hors de question, ce capitaine n’aurait jamais le droit d’avoir un contact sur la mage. Il pouvait amuser la galerie, ça serait sans elle. La sorcière évita donc son impertinence pour se décaler d’un pas laissant ce bon à rien ignare faire ses singeries. Oui, un sale petit animal mal dressé, elle voyait en Heartless un mépris que l’elfe pensait enfoui. Il avait un don, celui d’attirer les ennuis ou de faire des catastrophes. Ce pirate prenait un air qui allait vite redonner à la veuve noire son masque de mauvais augure. Ça aurait pu s’arrêter là mais il poursuivit le spectacle. Trop vexé d’être traité en imbécile, ce pour quoi il devrait s’admettre selon elle, le primate proposa de l’échanger contre un chariot probablement un de ses faux plans pour de fausses solutions. Méprisable insecte, elle fit mine de le toiser silencieusement, néanmoins ses yeux cachaient la bile noire que la shaakt nourrissait à sa vue. Il allait souffrir, mais même aux pieds de la mort ce bouffon offrirait une pitrerie à Phaïtos. La douleur physique était donc inutile, la souffrance viendrait de son faible esprit. Pourriture…

Lorsqu’il revint, une lueur fonça vers lui ou peut-être vers le village. La sorcière ne prit pas compte le conseil qu’il donnait car pour cette bataille, elle se débrouillerait seule. Cette boule de feu se présentait comme un avertissement à l’adresse de ce capitaine trop puéril, dans un langage qu’il pourrait comprendre. Oh, s’il pouvait se la manger d’ailleurs, ça l’amuserait peut être. Un garde attira son attention :


« Vous venez avec nous. On a du sale boulot à faire. »

Il désigna la cavalerie qui ravageait les pillards. Les lanciers avançaient, perplexe la mage suivit à contre cœur. La curieuse besogne s’afficha : réduire au silence les ennemis agonisant. L’elfe sombre surprise qu’on la charge de faire l’office des corbeaux, s’offusqua quelque peu. L’arrogance de la petite Sindel venait la piquer d’avantage alors que la stupidité de son capitaine lui pesait déjà tant. Les mains fébriles tentèrent de ralentir des piques qui s’enfonçaient dans leurs tripes. Ceux qui avaient la force de ramper se firent briser la colonne vertébrale. Obéissant à souhait, les hommes de la baronne achevaient sans remord discernable. Thalo y verrait encore du déshonneur révoltant. Rosa avançait le cœur une nouvelle fois serrée par l’odeur du fer mélangé au sang encore fumant. Voilà donc le champ de bataille, un tableau indescriptible tant les sens semblaient dépassés. Des armes pulvérisées, des corps piétinés, des lamentations désespérés, le fracas éloigné, un sol liquide et remué, encore des cadavres à enjamber… Un soldat brailla à la mage de tuer un blessé à ses pieds. Elle se tenait face à un ennemi qui n’était pas le sien, qu’elle ne connaissait pas. L’homme tenait sa jambe, figée par un carreau dans le genou. La blessure ne pouvait pas le tuer si on la traitait. Surpris de ne pas voir une armure qui l’aurait éventré, le vaincu resta immobile comme pour mieux voir ce que les dieux lui apportait. Résolu, il attendait sa mort honorable. Ce petit être n’avait pas plus d’une vingtaine d’années, aveuglé par quelque nature guerrière souhaitait un sort incompréhensible pour une elfe centenaire. Rosa ne bougeait pas. Pourquoi s’abaisserait-elle à assouvir les caprices de la jeune baronne ? Elle avait assez d’ombres dans ses cauchemars et celui-ci la regardait bien trop. Son regard s’imprégnait dans son esprit. Le guerrier ouvrit la bouche, les mots arrivèrent peu après.

« Les esclavagistes travaillent pour la femme guerrière. Pourquoi tu ne me tues pas, shaakt ? »

« Je n’aime ni l’asservissement ni cette femme guerrière. Qu’est-ce que je peux faire pour rendre la fin moins amère ? »

« De l’eau… »


La mage lui donna sa gourde. Sa perception s’arrêta sur le blessé qui apaisait sa soif. L’horreur du champ de bataille s’atténua un instant, jusqu’à ce qu’un lancier remarque le décor silencieux. Il planta sa lance, furieux de voir que la prisonnière n’obéissait pas. Le barbare expira dans un souffle presque inaudible. Son corps inerte tomba lourdement. Rosa fut surprise de cet instant soudain, elle en avait pourtant vu d’autres mais celui-là semblait avoir la conversation intéressante… Vanité, elle pensait discuter et oublier cette pièce intenable. Une salle de torture se montrait déjà bien assez évocative. Le soldat tenta de la forcer à faire ce qu’il faisait si bien.

« La baronne veut qu’on tienne le rythme et en aucun cas qu’on fasse des prisonniers ! »

Elle ramassa un poignard d’un des morts, les réflexes se montraient parfois surprenant, l’acier virevolta dans l’air pour se poser contre son bras. La sorcière d’un regard noir s’immobilisa en direction du garde. Il observa la lame et se tût. Un mutisme anima l’échange entre les deux protagonistes. La sorcière ne bougeait pas, le lancier recula doucement puis rejoignit ses compagnons. Rosa aurait préféré qu’il insiste, juste pour voir si elle craquerait. Elle garda l’arme puis s’empressa de rejoindre le régiment macabre

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Dernière édition par Rosa le Lun 1 Aoû 2011 17:31, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 30 Juil 2011 11:27 
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… L’odeur âcre d’un fort incendie et de chairs calcinées leur avait pris les narines bien avant de tomber sur le spectacle qui s’offrait à eux.
Les deux chasseurs les avaient quittés depuis une bonne heure, trop discrets et peu désireux de se trouver pris à parti dans un conflit dont-ils se moquaient, trop près de la propriétaire sanguinaire du manoir. C’est avec le plus grand regret que Wulfar le plus jeune des deux, du abandonner l’image de la sauvage qui venait, pendant quelques heures, de traverser le cours de sa vie et enflammer son cœur et son esprit.
Thalo et L'Humoran étaient prévenus de ce qu’ils trouveraient …

Du haut de la falaise, les deux fuyards abasourdis contemplaient la scène désolante de la bataille terminée. Là, un petit village de pêcheurs, ravagé, finissait de ce consumer dans l’indifférence la plus totale ? Les quelques familles hagardes, survivantes étaient regroupées un peu à l’écart sous la protection, ou la surveillance de soldats. Loin en arrière, un énorme et lourd chariot métallique lançait des reflets lugubres, toujours attelé à deux gros percherons. Une intendance vaquait à leurs occupations aidant le ballet incessant des brancardiers et médecins.

Alors que la majorité de l’Ost était regroupée sur la grève de galets, des troupes éparses, arpentaient les ruines finissant le macabre travail. La politique du Manoir de Keresztur n'était pas de s'encombrer des blessés ou de faire des prisonniers. Le nuage de fumées obscurcissait par intermittente un soleil faiblard naissant et apocalyptique. Au large des barcasses à voiles triangulaires tournaient autour d’un gros galion. De petites formes s’agitaient en tous sens sur les différents ponts. Parfois des cadavres tombaient et venaient grossir les débris polluants l’onde.
Sur la plage, les pieds dans l’eau une femme en mauve, la Baronne, se donnait en spectacle entourée d‘une aura maléfique. Elle faisait des gestes, justes avant que la mer ne déchaîne des flots tumultueux qui engloutirent les quelques barques bondées de barbares meuglant leur frayeur. L’effluve de la magie noire empestait l’air.

Thalo, derrière sa visière de métal semblait chercher avec angoisse celle qu’il croyait avoir trahi. Il était difficile dans les allées et venues, les décombres et les corps qui jonchaient les galets de savoir si la frêle Shaakt avait survécu.
D’où ils étaient les sons leur parvenaient lointains et déformés. Les nattes de la jeune femme flottaient devant son visage qu'elle ne cherchait même pas à chasser, poussées par une brise maritime trop fraîche pour la saison. Son expression était sombre. C’était la première fois qu’elle assistait à la déchéance humaine en si grand nombre. Des nausées comprimaient son estomac qu’elles refoulaient le plus fort possible. Une larme glissa le long de ses joues, ses oreilles étaient abattues comme celle d’un chien que l’on réprimande.
Dans un besoin de réconfort enfantin, sa main chercha celle du guerrier qu’elle serra avec force. Sans s’étonner l’homme comprenait comme un grand frère ce besoin et le lui rendit sans ambages.
En homme d’arme que ce genre de spectacle n’étonnait plus, sans regarder l’Humoran il la pressa de l’urgence de la situation et du danger de rester comme ça, deux cibles bien découpées sur un ciel matinal.


Dame, nous ne pouvons rester là. Ce n’est pas ainsi que nous retrouverons le borgne et les autres… surtout Dame Aqamac pour qui je m’inquiète tant. dit-il à voix basse.

Voyant sa compagne d’infortune hypnotisée, avec une certaine douceur, il l’attira à lui sur la piste qui les avait menés sur le promontoire.
Toute la difficulté serait de s’approcher du village et de se glisser sans se faire occire par l’armée. De plus son épaule était douloureuse et les soins, même si efficaces, n’occultaient pas la jeunesse de la blessure. Il faudrait des jours, des semaines pour qu’il retrouve l’usage correct de sa main gauche et la souplesse de son bras. Il le savait que trop bien et ne souhaitait pas risquer d’avoir à se battre sans pouvoir assurer la sécurité de la demoiselle. Il serra les dents… Mais ce qui obnubilait tout son esprit et même s’il priait souvent Gaïa, c’était de pouvoir conjecturer ce qu’était devenue la fragile personne, charge légère sur son bâton salvateur, qu’il avait abandonné à la furieuse Baronne.

Les arbousiers et plantes sauvages agrippées au sol rocailleux pauvre luttaient contre les éléments dans un combat acharné au cours des saisons. Les herbes hautes du plateau fouettaient leurs jambes sous l’action du vent. Un couple de faisans sauvages s’ébroua fila devant le duo pressé, en caquetants furieux d’êtres dérangés. Cela ramena à la réalité N’Kpa tirée par un Thalo angoissé de ne pas retrouver sa muse.


Thalo… Thalo Pas si vite, où va-t on, qu’allons nous faire ?

On va chercher Rosa et filer d’ici… Je ne peux croire, imaginer ne serait ce qu’un seul instant, que part ma faute, elle ait pu succomber à cause de la Baronne ou sur ce champ de bataille. Si c’est le cas, je…

Il ne finit pas sa phrase, laissant en suspend la sanction d’un tel échec, d’une telle trahison à tous ses serments, si étrangers pour l’Humoran.
N’Kpa le regardait de ses grands yeux couleur miel. Elle cherchait à capter derrière la fente de ce casque obscure une expression qui l’aurait aidée à comprendre ou deviner le sens profond de cet engagement. Mais rien ne transparaissait ne transpirait, si ce n’était une forte détermination d’aller jusqu’au bout.


Thalo, promettez moi de ne pas faire de choses idiotes ? Je vais vous aider à retrouver Rosa. Le jeu est dangereux et avec le jour naissant ne nous aidera pas, mais nous pouvons avec un peu de prudence essayer.

Oui et vous, vous ferez, quoi qu’il arrive, comme je vous le dirais, ou vous le demanderais, n’est-ce pas ?
Si jamais, cela tournait mal, je vous en conjure de ne pas jouer l’héroïne, allez-vous-en, protégez-vous.
Je crains que si vous tombiez dans les griffes de cette femme malade, vous ne deveniez un sujet d’expériences, de souffrances et de jouissances, comme une bête de foire. Je vous dois déjà tant que cela me serait insupportable de ne pouvoir vous venir en aide… Compris ?


Elle hocha du chef, sourit, sans plus.
Le couple mit quelques minutes pour rejoindre les rochers et les abords du village. En leur faveur, ils abordaient par les restes de hangars fumants et de bateaux de pèche qui pointaient leurs infrastructures squelettiques, calcinées, comme les côtes d’un monstre gigantesque vers un ciel blafard, et des tas de filets.
Avec répugnances, Thalo désigna un groupe de cadavres. Deux soldats de Malina et trois barbares jonchaient enchevêtrés au milieu des poutres qui finissaient de se consumer. Le groupe avait dû se trouver piégé lorsque les espars leur étaient tombés dessus.

Il s’approcha courber en deux, sortit les deux malinois de dessous les décombres. L’un d’eux rendit son âme à Phaitos, l’autre, déjà était sur le chemin…


Nous allons tant bien que mal revêtir leur uniforme de base et prendre leur lance. Je sais que cela ne sera pas facile pour vous, mais ce sera notre seule chance de pouvoir déambuler au milieu des ruines sans trop attirer l’attention. Etes vous d'accord ?

Thalo, je… euh … oui…


Avec répugnance elle enfila les frusques pitoyables, mélange d’odeurs puantes de sueur de fumé, trouées et ensanglantées. Thalo l’aida à poser un casque trop grand, lourd et inconfortable sur un chignon de nattes. Le pire fut de lui faire enfiler des bottes ce qui lui extirpa quelques sourires taquins de la déconvenue de la pauvre femme.
Lui ressemblait à un soldat ayant pris de l’embonpoint dans un costume trop étroit. Il ne fallait pas qu’une inspection trop proche les prenne au dépourvu.
Deux choses restaient difficiles à changer. La face de L’humoran et le Heaume posait dilemme. Il attrapa le menton de la jeune femme, plongea son regard gris, sourit.


Vous êtes magnifique. Dit-il un air goguenard… On va se sépare pour plus de chance et l’on se retrouve là.
Juste essayez de marcher droit, sur de vous, le visage baissé comme si vous cherchiez quelque chose par terre. Si on vous adresse la parole. Feintez de n’avoir pas entendu et éloignez vous le plus vite possible…


La jeune femme tenait maladroitement le lourd pilum et se tordait un peu les chevilles dans des bottes trop grandes.

Oui… enfin je crois, le plus dur est de marcher avec des bottes…

Le géant rigola sous son heaume.

Bien mettons les capes, cela nous dissimulera un peu plus. Bonne chasse et … merci, que Gaïa vous protège, allez-y j’arrive…

Il devait mettre le casque de la garde Malinoise et ne pouvait enfreindre le premier de ses serments à la vue même de N’Kpa.
Il la regarda un pincement au cœur conscient de lui en demander beaucoup. Déjà elle avançait en zone découverte un peu gauchement, mais plus déterminée que d’apparence. Elle disparut derrière les premières ruines des huttes…

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 30 Juil 2011 23:13 
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[comic]Au grand dam du borgne, aucune explosion ne vint gêner la Baronne, à part bien sûr la flammèche qui brûla son arrière train, envoyée par une Rosa irritée par son simple contact, mais cela ne lui aurait pas permis de s'enfuir en emportant l'antidote si précieux. Cette dernière lança l'assaut après avoir confié aux trois hommes prisonniers la "lourde" tâche de faire le ménage dans le village brûlé et, à première vue, désert. Heartless fit quelques grimaces à Nark qui ne savait quoi faire pour allumer la mèche de l'objet, puis on lui piqua le dos.

- Hé ! La Baronne vous a donné un ordre !

- Compris compris ! On y va !

Sirius n'avait pas le choix. Ils descendirent la pente à pieds, le pas lourd, surveillés par deux soldats experts de la lance, et contraints par le poison, du moins, c'était le cas de Sirius. Mazhui, Nark et lui traversèrent un champ de bataille désert en comparaison avec la baston générale menée par Hrist. Rosa était plus loin, on lui avait incombé le travail le plus ingrat : l'exécution des blessés, fussent-ils alliés ou ennemis. Le village était pareil, désert des vivants, paradis des cadavres. Sur leurs visages étaient gravés leurs dernières expressions, leur peur, leur colère, leurs regrets... C'était une vue pénible mais indispensable aux yeux du borgnes. En les voyant, il se rappela qu'il n'était pas invincible, car personne ne l'était. Il était sur le point de finir comme eux, pire qu'eux, il allait mourir et pourrir dans la boue, sans même l'honneur du soldat, le seul lot de réconfort qui attendait les guerriers tombés au combat. Il compara les cadavres des deux camps, mais n'y trouva point de fierté dans leurs yeux révulsés, la mort ne leur avait rien apporté. Aussitôt après avoir examiné de près ce spectacle lugubre, Heartess hâta le pas, il ne voulait pas que sa "légende" se termine de cette manière, ça jamais. Sa seule fierté se trouvait dans la vie, et il voulait la poursuivre coûte que coûte. Les deux lanciers qui les surveillaient étroitement s'étaient éclipsés, à croire que pour eux, la vue des entrailles de leurs compagnons d'armes leur donnait seulement l'envie de pisser. Mazhui l'éclairé, qui voyait là la clé de leur salut, fit signe aux deux autres prisonniers de s'approcher et leur chuchota, plein d'espoir :

- Zewen nous tend les bras. Si on continue par là, on pourra s'éloigner ni vus ni connus du massacre et, par la même occasion, d'Erzébeth. En êtes-vous ?

La réponse du borgne était prévisible, il ne prononça qu'un strict "non" avant de partir rejoindre ses geôliers. A la liberté, il préférait encore la vie. Si il restait en vie, il verrait sans doute une aubaine dans la Laide-Les-Maines, source de milles promesses, quitte à travailler pour cette vipère de baronne, il réaliserait ses rêves, laissant aux autres tout le loisir de se faire la malle. Lorsqu'il arriva jusqu'à la cachette des deux soldats, il ne vit pas que de l'urine sur le mur, il y avait là même plusieurs litres de sang déversés sur la place. Et l'auteur de cette tuerie se trouvait juste derrière lui. Heartless fit un bond en arrière : c'était un géant. Un colosse qui, à sa ceinture, promenait les trophées de ses batailles, des cadavres. Parmi eux étaient reconnaissables les armures ensanglantées des pantins de Hrist, il n'en avait fait qu'une bouchée, et il voyait en Sirius le moyen de se dégourdir les articulations. De nulle part, il sortit ce qui s'apparentait à une énorme planche cloutée, déformée par les coups violents de l'ogre humain, la mascotte des barbares, reléguée au second plan. C'était un animal, et le contact du regard qui s'effectua entre lui et Sirius n'en était que plus sauvage. Le borgne était comme un chat face à un lion, privé d'une de ses pattes, son instinct était sûr d'une chose : le lion n'allait pas le laisser partir comme ça, ni même lui laisser le temps d'appeler à l'aide.

Dans un cri de guerre qui glaçait le sang, l'imposant golem frappa avec sa force non-contrôlée, armé de sa massue improvisée. Le coup frôla de près la tête de Heartless qui, à peine après avoir dégainé son épée, se vit désarmé par le souffle qu'avait provoqué la frappe, la lame partit au loin pour finalement se heurter contre un muret loin d'une dizaine de mètres. Le géant gloussa de rire, il se moqua de ce petit ver de terre à peine foutu d'utiliser convenablement son épée, puis réajusta un des cadavres à sa ceinture. Sirius, clairement dominé par son adversaire, se sentit même obligé de lui demander la permission de reprendre son arme, tout en gardant une main avisée sur le coutelas caché dans sa chemise.

- Euh... je peux ?

- GHUAAAH ! fut la seule réponse de l'ennemi.

Le barbare brandit sa planche meurtrière avec la folle envie d'écraser ce drôle d'oiseau, mais l'arme se brisa contre le sol sans rien avoir écrasé d'autre qu'un cadavre en décomposition. Heartless avait esquivé avec des réflexes de félin et prit appui sur l'arme du troll pour lui sauter au visage. Ce qui s'ensuivit était un rodéo pittoresque, et si David était un dresseur et Goliath le cheval ? Ledit Goliath se débattit férocement pour désarçonner le David, mais Sirius se défendait comme un beau diable et refusait de lâcher prise, même avec un bras infirme et douloureux, il vendrait chèrement sa peau. Malheureusement, pas assez cher, car sa monture, non dénuée de cervelle, bondit en arrière pour écraser le jockey contre un mur. Les entrailles du borgne remuaient comme lors d'un jour de fête bien alcoolisé et l'envie de vomir sur le visage de l'ogre était difficilement répressible. Engourdie par le choc violent, la carcasse de Heartless s'étendit comme un linge sur les larges épaules du géant, qui lui saisit la nuque pour la briser proprement. Son sens du toucher réveilla Sirius qui, sentant le danger imminent, bascula vers l'avant et, dans un coup lancé au hasard, entailla la nez de son adversaire qui le balança au loin comme une vieille chaussette avant de se tenir le visage ensanglanté. Le borgne n'avait rien de cassé, aussi réunit-il ses dernières forces pour handicaper les appuis de cette montagne menaçante, mais ses côtes se brisèrent suite à la collision avec une arme inconnue, le propulsant cinq mètres plus loin, il cracha son sang. Les trophées du barbare savaient se montrer utiles, l'un des lanciers d'Erzébeth avait été utilisé comme une massue contre l'ennemi, plutôt astucieux de la part d'un tel ogre.

Sirius se releva péniblement, les jambes tremblantes, il était comme une cloche qu'on venait de sonner. Constatant la pleine forme apparente du golem, il soupira, exténué d'un effort si vain. Le barbare s'était emparé du second corps pour attaquer avec deux massues. Les dés n'étaient pas joués pour autant. A ses pieds, Heartless ramassa une lance qui appartenait aux nouveaux gourdins du balafré et, tentant de se remémorer la fois où un athlète avait fait son show dans le fameux bordel de Tulorim, s'improvisa lanceur de javelot et, dans un geste hasardeux, balança le projectile qui toucha bel et bien le géant, mais pas avec la pointe...

- J'suis pas fait pour ça...

Heureux de voir s'opposer à lui telle résistance, le troll frappa des mains ( ou du moins avec celles de ses victimes ) et émit le même gloussement amusé. Sirius ne perdait pas espoir, il était toujours concentré sur sa survie aussi bien au poison qu'aux assauts ennemis et chercha une arme du regard : il en trouva deux. Il y avait, de part et d'autre de "l'arène", la dernière lance à sa portée et son vieux cimeterre, juste à côté de lui. L'ennemi se préparait à attaquer avec une de ses massues de chair. Heartless se saisit rapidement de sa lame et esquiva l'agression ennemie d'une roulade bien placée avant d'arriver jusqu'à la lance. Ne pouvant se résoudre à utiliser son autre main de peur de perdre tout courage, il immobilisa son épée entre ses dents et se saisit du javelot avant de foncer comme un fou furieux en direction de l'ogre, en imitant ses beuglements par la même occasion, ne provoquant que l'hilarité du barbare qui fit usage de son autre marionnette en armure. Le rire du géant fut de courte durée, le borgne était déjà dans les airs, il s'était servi du javelot pour faire du saut à la perche ( ça aussi il l'avait appris du malabar à Tulorim ) et se hisser à hauteur de tête du colosse. Il lâcha la lance et agrippa au crâne de l'obstacle immuable. La lame de son épée glissa d'entre ses dents pour, à la fin, embrocher net le crâne du barbare, qui regardait dans le vide, l'air béat. Ce cadavre là avait beau être resté debout plus longtemps que les autres, il n'y avait que la bêtise dans son regard. Les deux adversaires s'écroulèrent, l'un mort, l'autre à bout de souffle.

Les minutes passèrent et Heartless sortit enfin de sa torpeur. Il se griffa l'abdomen pour oublier la douleur des os fêlés et sortit son arme du cadavre géant dans une gerbe de sang, avant de repartir vers le front, là où attendait Erzébeth, qui n'avait fait qu'une bouchée des envahisseurs...

...



Sur la plage, les rangs s'étaient reformés, et Sirius s’infiltra parmi eux comme une anguille blessée, adressant un regard de vainqueur à la baronne de Kerezstur, bien qu'il n'ait pas accompli grand-chose. La baronne avait les pieds dans l'eau, derrière elle, les embarcations des barbares préparaient leur débarquement imminent. La mer allait bientôt être rouge sang. D'ailleurs, Hrist en était avide, de sang. Peut-être jugeait-elle ses soldats trop mollassons, pas assez enclins à faire couler pour elle des marées pourpres et sales, alors elle décida de les "stimuler" un peu. La magie noire fit son effet instantanément, le tyran se saisit d'une pierre runique aux motifs d'une écriture lointaine et libéra les ombres de la guerre.

- J'ai trouvé motivation qui ne saura vous échapper. Votre esprit sera sous mon joug l'espace de quelques instants... Le temps de tuer ce qui arrive.



Le temps s'arrêta à ce moment là. La pierre magique était un fléau de perversion qui contaminait les âmes en face de la Frémissante. Elle contenait la clé de l'esprit des hommes, et le conjuguait avec le mot "guerre". Personne n'en réchappa. En un instant, les pires sentiments, les monstres qui sommeillaient en chaque être se réveillèrent. Chacun pleurait presque, subjugué par la violence de leurs pires souvenirs, de leurs sentiments les plus obscurs. Haine, jalousie, regrets, colère, convoitise, tristesse et peur... toutes ces choses avaient transformé les pauvres soldats d'Erzébeth, les plongeant dans une rage folle, une folie meurtrière, une soif aride de sang. Heartless, affaibli, tomba à genoux, la rune faisait son effet sur lui et faisait ressurgir toutes les souffrances de son passé, sa rage dissimulée, ses peurs invaincues... Il entendit une nouvelle fois cette voix familière.


"Moi ? Un monstre ? Et toi, Sirius ? Écoute-les donc ! Ils hurlent ton nom ! Ton nouveau nom ! Ce nom maudit que tu t'es ensuite infligé toi-même !"

"Heartless."

"Heartless !"


"Heartless !!"

"HEARTLESS !!!"



Son sang semblait bouillir dans ses veines, son cœur était prêt à exploser, on aurait dit que son liquide vital allait deux fois plus vite que la normal. Ses doigts se crispèrent de tics, son œil unique s'injecta de sang à tel point qu'il passa du bleu marin au rouge le plus sanglant. Cela ne venait pas que de la rune, c'était en lui.


"Tu vois maintenant, Heartless ?!"


Oui, il voyait. Le monde autour de lui avait changé, comme si un voile pourpre s'était dressé entre lui et la mer, qui était devenue un immense océan sanglant. Les voiles des embarcations étaient devenus des nuages menaçants perchés au dessus d'alligators géants. Il se souvint maintenant d'où lui venait ce surnom, qui était une cicatrice qu'il avait gardé pour lui, symbole de sa culpabilité, de ses remords, d'un monde qu'il voulait fuir. Maudite soit Erzébeth, pour avoir éveillé en lui cet instinct sauvage qu'il avait gardé sous scellés depuis si longtemps.

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Dernière édition par Heartless le Sam 8 Oct 2016 16:22, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mar 2 Aoû 2011 00:34 
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La marée montait. Cette matinée avait été témoin du massacre de la plage. Les hommes, encore enragés, observaient avec pour certains un large sourire de satisfaction la plage écumante de sang et d'organes flottants et bullant sur le rivage de sable et de pierre.

Les ombres grandissaient sur la mer rouge, les débris de bois et d'armures mortes claquaient de temps en temps au rythme matinal des vagues insouciantes. Malina était grande victorieuse, mais il n'y avait de ça, rien d'étonnant en dépit du nombre si important pour repousser un assaut. La Laide-les-Maines s'approchait de la plage, Von Klaash allait faire accoster le navire de façon à recevoir les ordres mais également sa précieuse cargaison de chair fraîche comme il l'appelait.

Silmeria reprenait peu à peu sa vie. Lovée dans l'enceinte secrète aux auras violets de Hrist, elle savait déjà que sa place était moindre. La Frémissante, son ancienne amante éthérée allait rattraper le temps perdu. Consort de la discorde, Hrist, observait d'un visage morne ce spectacle dévasté. Derrière elle les troupes se reconstituaient. Les prisonniers de nouveau entravés n'avaient plus qu'à patienter jusqu'à l'aboutissement de leur triste destin. Lydia s'approcha d'un pas aussi silencieux que le permettait les débris abondants au sol. Elle avait coutume de rejoindre la Baronne à la suite des assauts, c'était toujours ensemble et dans un pieu silence qu'elles observaient de concert le résultat. Dans ce mélange de joie et d'amertume, Lydia constatait avec de plus en plus d'effroi la puissance du chaos et la violence. La générale faiblissait malgré son passé forgé d'un continuel entraînement militaire, sa force de caractère s'effritait et elle n'était plus capable de dire mot face au silence qu'elle s'imposait elle même. Rompre le silence, voilà bien quelque chose de désormais impossible dans la Baronnie.

Les lanciers rapatriaient les carcasses sans vie sur la rive, ce à l'aide du crochet disposé sous la lame des lances. Les corps dérivaient et s'entrechoquaient. Le désastre pour certain, justice rendue pour Hrist. Le torturé au château avait parlé d'une île, la mission de Von Klaash était de la trouver et de réduire en cendre tout ce qui s'y trouvait. Si les hommes du Nord perdaient leur avant poste, le seul et unique moyen de trouver refuge au milieu de la mère déchaînée, ils n'auraient plus d'autre solution que de s'arrêter.

L'imposante Laide s'approchait, elle aurait bien obscurci le ciel si le soleil ne l'éclairait pas de face, le bois noir et les voiles rouges qui arboraient le signe noir de Keresztur rendait le navire à la fois magnifique et unique. Bien que sa capacité d'équipage et de Fret soit moindre en comparaison de L'Élégance, Silmeria appréciait particulièrement ce navire.

« Capitaine Von Klaash...» souffla Hrist en voyant la silhouette de l'homme qui descendait accompagné de quelques marins peu avenants dans une chaloupe.

Tous les regards se portèrent sur la triste embarcation, elle venait chercher son dû pour le voyage, les hommes de Malina n'appréciaient guère le capitaine, trop fou à leur goût. Ancien mercenaire à la réputation qui ferait rougir de honte un bâtiment entier de putains et truand des mers aussi sauvage que vicieux. Rien d'étonnant que cette alliance entre la Baronne et ce fléau des mers.

Von Klaash posa la botte sur le sable. Il boitait légèrement sur la gauche, blessure suite à un ancien combat. Sa longue veste de cuir noir encore humide de sang des barbares lui tombait jusqu'aux genoux, ses bottes impeccablement cirées jusqu'aux cuisses donnaient à l'homme une image d'ombre sur patte sur laquelle un tricorne parfaitement posé sur des cheveux mi-longs et bouclés coiffés avec grande négligence. La maigre barbe du capitaine-mercenaire donnaient un aspect encore plus féroce à cet homme qui portait un réel arsenal. Un sabre à la ceinture, une rapière sur une autre qu'il avait posé jusqu'à sa taille, une écharpe qu'il avait transpercé d'un nombre incalculable de dagues. En définitive, cette armurerie sur patte pesait bien plus de métal que de chairs et d'os. L'homme ouvrit la bouche et fit ce qu'il savait faire le mieux.

« Haaa ! Foutre de crevures ! Chiens galeux des mers ! Ces pourritures de barbares sont de grosses merdes, pas combattifs, même plus de plaisir à les écorcher vifs ! J'ai une trentaine de ces lascars à bord ! Mes marins ont pour consigne de retirer les entrailles des morts pour pendre les blessés avec ! Foutre de...»
« Suffit ! Lorsque ces excès vont sembleront assez obscènes... Peut être pourrions nous parler de ce qui nous conduits ici. Suivez-moi. » trancha la Frémissante, peu décidée à supporter plus longtemps l'odeur de l'homme.

Cèles demanda non sans une certaine voix moqueuse, comment un homme pouvait-il puer autant alors qu'il vivait entouré d'eau. Quoique les bains d'eau de mer avaient pour seul effet de ruiner les cheveux et recouvrir la peau d'une pellicule de sel qui ne tardait pas à assécher le corps et rendre les hommes malades. Alors si en plus un crétin décidait de la boire...

En écoutant les consignes de la femme, Von Klaash tira de sa veste une petite gourde de cuir, buvant une longue rasade de cet alcool qu'il faisait lui même, il en proposa une lampée à la femme en lui fichant le goulot sous le nez. Elle refusa sur le champ. On dit que l'alcool du mercenaire était de sa création. Fait à partir d'algues récupérées sur la coque du navire avec de l'eau de mer et du fiel des intestins de ses adversaires vaincus.

Hrist poussa un soupire d'éolienne en pensant aux quantités de cet alcool nauséabond et puant qu'il allait pouvoir produire avec le pont ensanglanté et l'île. Von Klaash était fou, trop exposé au soleil et à l'alcool, trop de coups sur la tronche en combat, néanmoins ses seules facultés intactes étaient les suivantes : boire sans ivresse, violence sans pitié, vocabulaire sans préséance et un côté collectionneur d'armes.


Il inspecta alors les prisonniers et son attention se porta de toute évidence et sans surprise sur le borgne.

« Haaaaaaha ! Sale glaviot sur patte ! Barbu gringalet ! Tu ferais pas peur aux rats qu'on a sur le navire ! Je vais te mettre au pas moi mon petit gars, tu vas ramper sur le pont à en perdre tes genoux ! Le fouet rattrapera tes retards ! Crois moi bien que je sais le manier, le fouet qui va te foutre à terre ! » Meugla-t-il en palpant des ses doigts rudes la carcasse du chef de groupe. Hrist s'approcha et moqueuse, répondit :
« Le capitaine sait parfois faire preuve d'éloquence... »

Le mercenaire sembla péter une durite face au visage du borgne, peut-être lui évoquait-il un ancien membre d'équipage, un adversaire, quoiqu'il pu en être, Hrist aurait été prête à parier le château et ses habitants que c'était le cache-oeil qui était la cause de sa colère subite.

Il saisie les deux épaules du prisonnier pour le secouer comme s'il s'agissait d'un abricotier.

«
Ne vous en faites pas... Il est très joueur C'est juste sa façon de vouloir devenir votre ami... Il est gentil au fond... Allez, doucement... Venez. »
miaula Hrist d'un clin d'oeil tout en posant une main sur l'épaule du mercenaire qui sans plus de cérémonie quitta la plage en frappant du pied le précieux bâton sur lequel s'appuyait la Shaak.

« Par ailleurs, vous n'aurez pas à souffrir du poison. En réalité, la dose était tellement infime qu'elle n'aurait pas provoqué plus d'une cloque. »
Les prisonniers furent tous conduits à bord de la Laide... Sous le regard appuyé de la frémissante qui savourait enfin le départ de ces tornades qui lui avaient causé tant de problèmes dans le domaine. La garde qui les escortaient était essentiellement composée des lanciers, certains avaient même une attitude et une marche étrange, le regard sagement dérobé, particulièrement un. Mais les troupes sous la fatigue et rassurés d'être encore envie, étaient trop pressés de rentrer, peu préoccupés de toutes façons par ce qui pouvait bien se passer... Et même pour une prime de 100 pièces d'or, pas un aurait souhaité foutre l'ombre d'un poil de pied à bord du navire tandis que Von Klaash s'y trouvait...

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La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


Dernière édition par Silmeria le Lun 8 Aoû 2011 01:13, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Ven 5 Aoû 2011 09:40 
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… La jeune femme ne s’était pas retournée. Elle tenait son lourd pilum peu rassuré et progressait avec prudence au milieu du champ de ruines et de désolations. Des dizaines de cadavres jonchaient la grève, parfois enchevêtrés, d’autres empennés de flèches de Keresztur n’avaient pas eu le temps de comprendre d’où venait le danger et c’étaient faits faucher en pleine action. Elle détourna son regard de ces visages sans vie. Les hommes de Keresztur foisonnaient tous accaparés par leur tache odieuse de terminer le travail commencé. Elle avançait et un groupe se gaussait devant une victime. L’un d’eux se tourna à ce moment et l’interpella. N’Kpa tressaillit et détourna sa route. Un fort remue ménage et des cris effroyables provenaient d’une bâtisse plus près de la plage, les soldats s’y précipitèrent. Elle souffla et continua son inspection.
Soudain devant elle un soldat croisa son chemin. Elle baissa alors la tête et fit mine de chercher quelque chose. Il lui donna une tape, qui la secoua sans un mot, et continua son chemin sifflotant. Elle se dégonfla comme une baudruche, tremblait comme une feuille, le casque trop lourd lui tombait sur les yeux, les bottes la gênaient au plus haut point. Elle s’était déjà tordu les chevilles plus d’une fois. De l’accoutrement guerrier s’étaient celles-ci qui l’handicapaient le plus. Elle releva la tête, et aperçut comme par enchantement, le but de tant de risque. La Shaakt était debout, un air hagard, un poignard à la main, devant un nordique qui ne bougeait plus, un soldat hilare, la pointe de sa lance dégoulinante, s’éloignait.
La jeune femme jeta un regard en arrière espérant apercevoir Thalo et profitant d’un désert humain, tenta le rapprochement.

Il lui fallut un temps incroyablement long pour rejoindre la compagne de Thalo. Quand elle arriva, Rosa prenait la direction de la plage où était regroupée toute l’ost de la Baronne.


Pssst ! Rosa?… c’est moi… je suis avec Tha…

HEY ! dis donc toi là ! que fiches-tu là dépêches toi de rejoindre les rangs où je vais t’apprendre à lambiner !
Quant à toi la Shaakt, je filerai bon train la Baronne vous rassemble pour votre villégiature en compagnie de ce bon Von Klaash Ha ! Ha ! Ha !… Je vous accompagne dés fois que l’envie de nous quitter promptement vous venait à l’idée. Ce serait dommage de manquer une si belle occasion de partager un brin de votre vie avec le capitaine de la Laide. Hu ! Hu ! Hu !… Allez, marchez droit ! Et toi suis-moi, pour la peine tu seras volontaire pour accompagner « Madame » sur le rafio !…


La jeune femme sursauta le sergent, bougon faisait le tour du village pour s’assurer que tout était en ordre. Elle ne pouvait plus s’échapper, ni faire demi-tour, piégé par son propre déguisement.
Ils arrivèrent sur la plage, alors qu’un sombre vaisseau noir, aux voiles rouge sang vomissait une coquille de noix à huit rameurs, où trônait sur sa proue debout un énergumène des plus étranges.
Rosa fut regroupée avec Heartless, le mage et Nark. Les quatre prisonniers n’en menaient pas large, encore moins lorsque apparut le dément endimanché dit Von Klaash, armurerie sur pied boiteuse, caricature d’un épouvantail à l’haleine nauséabonde et au « chaillots » aussi défroqués, noirs que l’était son accoutrement de carnaval.
Pendant ce temps, des troupes regroupaient sur la plage des monceaux de cadavres, tiraient de l’eau les corps inertes portés par la houle.
N’Kpa désignée volontaire, se trouvait propulser dans les premiers rangs, juste assez prêt, ou trop du tableau qui allait se dérouler.

La Baronne reçut avec dédain à peine dissimulé le mercenaire marin, qui dévoila la quintessence même de son éducation au long cours.
La Baronne dans son armure étrange, les invita sans ménagement à la suivre à l’écart.


(Par Gaïa NON ! où suis-je tomber encore? Thilyt. mon vieil ami, aide moi une fois de plus à trouver la force de survivre à ça.)

L’Humoran au milieu de l’escorte baissait la tête et priait de ne pas avoir une défaillance, tant la lourde lance, l’armure et les bottes lui ruinait toute énergie. Une rafale de la mer porta aux narines le fumet du capitaine et la jeune femme crut en tourner de l’œil.

(Comment peut-on vivre à proximité de cette épave qui pue le chancre et l’alcool?… )

Hrist énumérait ses consignes à sieur capitaine, qui d’une oreille feignait enregistré, alors que son attention était prise par la fiole dont le contenu douteux et tout aussi fielleux que son haleine glissait au fond de son gosier.
Les instructions terminées, il commença une inspection des prisonniers et se prit d’amitié soudaine ou simplement trouvait-il un intérêt pour notre Heartless qui, à côté, était un cadeau de pain béni.
Une fois de plus, le groupe goûta de son verbiage des plus luxueux et la Baronne en bonne conseillère moqueuse en rajouta une couche.
En d’autres circonstances, N’Kpa ne doutait pas que les bourrades musclées du furieux loqueteux au cerveau fêlé auraient été accueillies avec une certaine connivence par notre héros. Mais il était peu probable que pour l’instant le personnage fît l’unanimité.

Prise au piège elle aussi, la jeune femme eut pitié malgré tout de son amie Rosa quand le tyran de la Laide ficha un coup de pied dans son bâton. La jeune frêle femme se raccrocha tant bien que mal à son voisin et maugréa. Le sort en était jeté, tout le petit groupe allait embarquer sur le sombre vaisseau sous la tutelle d’un fou et d’un équipage de tueurs psychopathes.

N’Kpa chercha dans les rangs, en lançant de légers regards dans tous les sens, l’aide auquel elle se raccrochait, Thalo ne devait pas être loin, elle le souhaitait ardemment. La survie du groupe dépendait de leur propre faculté à rester libre de leurs mouvements. Elle ne savait pas comment s’en sortir et rien que le fait de jeter un œil à l’embarcation au large, la faisait paniquer.


((( Quand j’étais plus petite, je rêvais de pouvoir avoir la chance de partir sur un grand bateau aux voiles blanches et découvrir des lieux que même mon imagination n’arrivait pas à simuler, bercée par les histoires que les adultes nous contaient…
Je ne pensais pas faire mon baptême en tant que faux soldat sur un sombre vaisseau, gouverné par un fou puant et sanguinaire, entouré de mâles tous plus dangereux les uns que les autres.
Que Yuimen veille sur nos vies…)))

Les prisonniers, furent emmenés sans trop de ménagement par quelques marins. N’Kpa, suivit le groupe de soldats dont elle faisait du coup partie, baissa la tête le plus humblement possible, trébucha maladroitement lorsque Silméria du haut de son destrier inspectait du regard avec satisfaction l’éloignement des trublions qui avaient pimentés sa longue soirée et donner un peu d’activité dans son manoir lugubre.
La jeune femme tressaillit à son manquement de tenue. Il était difficile pour elle de tenir une posture si souvent apprise et répétée par les soldats qui l’entouraient. Elle sentit de surcroît le poids de l'attention qu'exerçait la Baronne et se mordit les lèvres pour ne pas y réagir et lui sauter à la gorge. Réfréner l’instinct bestial de son croisement nourrissait toute son attention en cet instant.
Deux barques entre temps avaient accosté. Les soldats furent répartis sur les deux frêles esquifs, alors que les prisonniers, eux, avaient l’honneur de prendre celle du capitaine.
Les visages autour de la jeune femme étaient tous plus fermés les uns que les autres, tous baissaient la tête. Ils se demandaient sûrement quelle faute commise méritait une telle punition. Il était de notoriété dans les rangs, que servir sur la Laide était pire que trouver la mort sur un champ de bataille. Alors, eux qui avaient survécus au premier, réussiraient-ils sur la seconde.

Le silence morose entrecoupé par le rythme lancinant des rames qui fendaient la surface était propice au souvenir. N’Kpa lâcha un soupir, le sort en était jeté et la masse impressionnante du vaisseau à plusieurs ponts qui se rapprochait l’éloignait de plus en plus de la liberté qui lui était si chère.
Une seule chose la rassurait, Thalo n’était pas loin, dans l’autre barque, elle en était sûr. Pour l’instant, son esprit vagabondait un long moment sur les deux jours passés…

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Dim 7 Aoû 2011 02:37 
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Le silence flotta sur le village. Un mutisme que la mage avait déjà perçu, les morts pullulaient. L'image de ces foyers brulants ne la réchauffait guère, les lanciers continuèrent leur office. Certains y prenaient du plaisir. Quant à la shaakt, elle faisait mine de ne jamais voir les survivants. Elle passait telle une âme en peine, un fantome qui ne peut que s'affliger du tableau. La sorcière voyait des mains levées vers le ciel à perte de vue, des machoires ouvertes qui ne soufflaient plus et cette odeur de charnier, de calciné... Rosa profita d'un moment d'inattention des gardes pour entrer dans une maison épargnée des flammes. L'ambiance y était plus calme, l'unique salle de cette chaumière putride semblait abandonnée. La mage se laissa tomber sur un tabouret qui grinça bruyament puis elle ferma les yeux, un instant. Soudain, la porte souvrit avec fracas, un homme qui se tenait les côtes. Paniqué, il se mit à hurler à la vue de cette ombre en robe noire qui rendait sa cachette futile. Lorsque la sorcière se releva, le fuyard était déjà parti. L'elfe le vit à peine, encore un jeune aveuglé peut -être. A la sortie, elle manqua de peu les chasseurs qui ne manquèrent pas de lui rappeler son poste. Silencieuse, la solitaire abandonnait tout espoir à la vue d'un énième agonisant qui se faisait achever. Pourtant une voix familière vint la réveiller de ce cauchemar. La mage se retourna et vit une étonnante silhouette en armure. N'kpa et ses mots doux se tenaient en face d'elle. Elle voulait sourire mais s'avisa, le sergent les ramena à l'ordre. Thalo pouvait être tout proche, la shaakt voulait désormais y croire.

“Où tu crois aller comme ça toi ? C'est par là que ça se passe !”

Le guerrier se tapa métaphoriquement la tête avec sa langue. Il venait presque de faire faillir son improbable infiltration. Aucune trace de dame Aqamaq parmi toute cette pagaille. Jusque là sa capuche menait bien son rôle, personne ne relevait son casque non règlementaire. Le Wiehlenois songea à coller ceci sur le dos d'un barbare farceur qui avant de mourir maudit le fruit de son pillage, cependant la chose se présentait dur à avaler, même pour lui. L'armée de la maudite baronne s'occupait de balayer la plage, Rosa ne devait plus être très loin. On lui ordonna de trainer un cadavre comme les autres, il s'éxecuta d'un signe de tête puis imita ses collègues improvisés. Le sien avait péri d'un coup de lame dans la machoire. La chose fut ardue, sa blessure ne cessait de le lancer à chaque mètre franchi. Il serra les dents, il le fallait. Le protecteur aperçut la maladroite humoran, il se précipita dans des prières infinissables pour qu'aucun ne le remarque. Un officier remarqua l'écart.

“Alors on veut plus faire le ménage ? On préfère voir ce taré de Von Klaash, cette outre dégueulasse ? Tu vas être exaucé soldat, tu feras parti des volontaires !”

Une merveilleuse nouvelle, assurément !

Le nouveau bourreau se présenta, plus agréable à entendre que la baronne mais insoutenable à la vue et au nez. L'elfe avait échappé à la tuerie finale mais pas à ça. Il beuglait à n'en plus finir en particulier sur leur incapable de capitaine, choqué par quelque chose. Elle s'en moquait. Son protecteur la cherchait et sa raison allait revenir. Si la shaakt écoutait un vague souvenir, elle serait jovialement impatiente. La sorcière garda son masque, le capitaine la brusqua et son équilibre bascula. Des bras la soutinrent , familiers et doux pour un lancier du tyran. Rosa voulut voir son bouclier, rien. Des soldats qui se ressemblaient tous. Sa voix murmura de façon presque mystérieuse :

“Je vous cherchais.”

“Thalo... Regarde cette cellule qui nous attend. Je t'avais dit de décamper... Avec N'kpa.”


Un temps.

"Tu es blessé..."

“Je préfère servir une dame qui ne griffe pas. Vous allez bien ? Je suis désolé pour ...”

“La ferme !”


Sa sottise la refaisait un peu vivre. On la poussa dans la première barque, lui dans la suivante mais cette fois, elle pouvait le voir. Quelque part, Rosa éprouvait également de la gratitude pour l'humoran qui se méfiait auparavant. Ce sauvetage rien que pour elle ne la laissa pas de marbre en particulier à cet instant où elle se sentait si affaiblie. La scène semblait si désespérée pourtant. Son bouclier montrait un signe de faiblesse, la fuite fut plus dangereuse qu'elle ne l'imaginait. S'il tentait quelque chose, cette plaie allait probablement tout faire rater.

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Dernière édition par Rosa le Lun 8 Aoû 2011 12:59, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 8 Aoû 2011 08:48 
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[HRP] Pour des raisons de longueur j'ai découpé les posts qui vont suivre. C'est un flash back de ce qu'il c'est passé entre le moment où N'Kpa et Thalo ce sont sauvés du château de Keresztur et celui où ils sont revenu sur la plage de la bataille pour retrouver Rosa et le reste du groupe.




… N’Kpa était épuisée, elle n’avait pas beaucoup dormi depuis des jours. Le balancement de la barque sur la houle matinale la rapprochant du géant des mers, l’engourdissait, moment propice aux souvenirs…


***


… Une tente basse en peaux d’ours, un petit feu de conifères en son centre répand une odeur de pin et trois vieillards réunis pour une palabre véhémente sur le sort de deux étrangers ramenés tantôt.
Dans un coin, sous la garde d’un chasseur et d’un jeune homme, N’Kpa assise en tailleur cramponnait nerveusement un Thalo affaiblit, assoupit par sa blessure, la lourde tête dans son casque posée sur ses jambes.


Hvad skal vi gøre med disse to?

Det er sandt, kan vi ikke huse dem i lang tid, med risiko for at pådrage sig vrede på Mighty.

Come on! Baronesse har travlt med barbarerne, og har ikke brug for os.

Goderic Ja, men hvis hans spioner opdager, at vi har flygtninge fra os, vil vi ikke tøve med at straffe.

For Gaia, levede vi lykkeligt før ankomsten af den gale. I dag skal du skælver som vildsvin, fordi din usle liv hænger fra hans venlighed ?

Selvfølgelig har vi skælver, gamle fjols, fremtiden for vore familier og vore unge er på spil.

Gamle bouque dig selv! De vil gøre gøre og handle derefter. Velkommen de to lande. Vi har mistet fornemmelsen af værdier og gaven er liv ... hvorfor? Fordi en udløber af Phaitos terrorisere dine døtre og dine møgunger og lander i den gamle palæ?
Pfff ...


Hum! Theoderci du tager dig og dine ord er sårende, men der er en vis sandhed i, hvad du siger.

Åååh! Sandheden? ... Nan, han siger dumme ting og han bliver senil dyr, fordi kvinden er smuk, han håber at se dens genfødsel entant kræfter.

Ah, ja, GOSH! Det god en! Du ... du synes, jeg har ikke set dig ogling hendes bryster og posterior. Vi kunne have set dine øjne flygte for at få din grimme Noggin til at passe i hendes tøj!

Le jeune homme se pencha vers l’Humoran, huma discrètement son parfum sauvage. Son cœur s’emballait, son épiderme frissonnait dans l’espoir d’un contact avec le pelage soyeux de la jeune femme. D’une voix posée, discrète, il donnait les noms et traduisait les pourparlers des membres du conseil « vénérable » :

Là c’est Athalaric le juste : Qu’allons nous faire de ces deux-là ?

Theoderic l’emporté : C’est vrai, on ne peut pas les abriter longtemps au risque de s’attirer les foudres de la Maudite.

Goderic le sage : Allons ! La Baronne est occupée avec les barbares et n’a que faire de nous.

Altharic : Oui Goderic, mais si ses espions découvrent que nous avons des réfugiés chez nous, elle n’hésitera pas à nous en punir.

Theoderic : Par Gaïa, nous vivions heureux avant la venue de cette démente. Aujourd’hui vous tremblez comme des marcassins parce que votre vie misérable est suspendue à sa mansuétude ?

Athalaric : Bien sûr que nous tremblons, vieille teigne, l’avenir de nos familles et de nos jeunes est en jeu.

Theoderic : Vieux bouc toi-même ! Ils sauront se débrouiller et agir en conséquence. Accueillons ses deux étrangers. Nous avons perdu le sens des valeurs et le cadeau qu’est la vie… pourquoi ? Parce qu’un rejeton de Phaitos terrorise vos filles, vos mioches et se terre dans le vieux manoir ?
Pfff…

Goderic : Hum ! Theoderic, tu t’emportes et tes propos sont blessants, mais il y a une part de vérité dans ce que tu dis.

Altharic : Ooooh ! Vérité ? … nan… il dit que des bêtises il devient gâteux et parce que la femme animale est jolie, il espère revoir renaître ses forces d’entant !

Theoderic : Ah, ben ça alors ! Elle bonne celle-là ! Tu… tu crois que je ne t’ai pas vu reluquer ses mamelles et son postérieur. On aurait pu voir tes yeux s’échapper de ta vilaine caboche pour aller se glisser dans ses hardes !


En d’autres circonstances les disputes des anciens l’auraient amusés. Elle se souvenait du conseil de sa tribu, un peu similaire et parfois les dérapages auxquels elle avait pu assister.
Pour l’instant la jeune femme bouillonnait de rester là, à perdre un temps précieux qui aurait pu aider à soulager un Thalo blessé. Et lorsque le jeune homme Wulfar le chasseur traducteur, posa une main peu innocente sur sa cuisse, elle le fustigea d’un regard plus sombre que l’âme de Hrist. Son sourire s’effaça et la main se retira vite. Dans le stress c’est dans sa langue qu’elle interpella les membres du conseil :


Sye jou ya prankea yako, wala kuonea kuwa m’butu huyoae ni majeruhea na mahitaji ya dharura na wasiwasae?

Il n’était pas nécessaire de traduire pour comprendre sa colère. Quelques secondes de silence pesantes et des regards mi-figues, mi-raisins, mirent la jeune femme mal à l’aise. Les vieux se regardèrent tour à tour et Goderic prit la parole.

Bare, stoppe din barnlige, se på dig? Det ligner to unge vildsvin i kamp af brunsten.
Jeg besluttede ... Hum ! Vi behandler mennesker. Så vil jeg spørge jægere vi har bragt dem tilbage til grænsen Lands Kersztur.
Vi kan ikke løbe risikoen ved at holde dem. Baronesse er på krigsstien mod barbarerne i nord. Det kan faktisk sende spioner eller anmode om mindre behagelige.
Go! ...



Le jeune homme, reprit sa traduction, à la satisfaction de N’Kpa : Il suffit, arrêter vos gamineries, regardez vous ? On dirait deux cerfs en pleine bataille du rut.
J’ai décidé… Hum ! je pense que l’étrangère nous rappelle à notre bon sens.
Wulfar fit un clin d'oeil à la jeune femme
Nous allons soigner l’humain. Ensuite, je demanderai aux chasseurs qui nous les ont amenés de les reconduire à la frontière des terres de Keresztur.
Nous ne pouvons prendre le risque de les garder bien sûr. La Baronne est sur le pied de guerre contre les barbares du nord, mais elle pourrait bien nous envoyer effectivement des espions ou une demande moins agréable.
Allez ! …



La jeune femme était satisfaite, les choses avançaient et Thalo allait recevoir les soins dont-il avait besoin...

Tout avait commencé quelques heures auparavant…

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