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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Dim 26 Mai 2013 23:17 
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La pièce était silencieuse. Quelques lamentations venaient surgir du tréfonds des couloirs mais rien d'autre ne venait réellement perturber le lourd et pesant silence qui s'offrait aux dirigeants de Keresztur. Les sbires de Von Klaash semblaient prendre un malin plaisir à voir les habitants se faire envoyer à la mort. Katalina et Erzébeth s'inquiétaient pour la sécurité du domaine... Mais pas autant que la leur.

On fit entrer les voyageurs. Ils s'agglutinaient sur le pas de la porte mais aucun d'eux visiblement n'avait été capturé. Lydia avait été plus subtile que les gardes et les avait juste cordialement invités au domaine. La générale entra la première, souriante et légère comme à son habitude. Derrière elle se tenaient les voyageurs qui entraient doucement. Ils avaient sans doute croisé la route des prisonniers condamnés à mort, les moins stupides avaient du comprendre que quelque chose se tramait. Erzébeth buvait affalée, fatiguée du spectacle une fiole d'absinthe noire trouvée dans le butin des Shaakts.

L'oeil las, elle observa la troupe poussiéreuse qui avait au premier coup d'oeil, subit un très long voyage. Sa gorge brûlait à cause de l'alcool odieusement fort mais elle n'avait pas le coeur à se contenter de confit de roses et de lait tiède.

Katalina allait prendre la parole, mais le groupe s'agitait et une femme à la chevelure aussi noire que la nuit bousculait et jouait des coudes pour se faire une place nette au devant de la salle. Faisant preuve d'une audace toute particulière et nouvelle, elle exigeait de savoir qui commandait sur ces terres et annonça qu'elle avait attendu un traitement plus particulier.

Le silence retomba. Personne ne répondait. Katalina leva un sourcil d'un air interrogateur. Lydia se contenta de hausser les épaules. Erzébeth eut une expression semblable à sa seconde. Tous venaient de loin et aucun n'avait sans doute entendu parler de l'emprise de la Baronne de Keresztur.

Von Klaash éclata de rire, il riait si fort qu'il s'en tenait les côtes et ses sbires ne tardèrent pas à l'imiter. Sous l'hilarité générale, la garde se rapprocha des voyageurs. Erzébeth se leva avec une mine visiblement peu enthousiasmée. La jeune femme qui s'était plantée devant eux ne manquait pas d'assurance. Elle semblait jeune pour une humaine, de ravissants yeux bleus donnait une profondeur extraordinaire à son visage parsemé de cheveux sombres.

« Je suis celle que vous cherchez. Erzébeth. La Baronne de ces lieux. Soyez donc les bienvenus sur mes terres, laissez y un peu du bonheur que vous apportez. Sachez que vous serez tous traités avec considération et respect tant que vous êtes vous mêmes respectueux et honnêtes. Aussi, pour avoir oublié de nous saluer, je ferais exécuter un de vos compagnons. Capitaine... »

Von Klaash cessa de rire. La garde tira les épées au clair et les portes se refermèrent brusquement. Les traits du capitaine changèrent brutalement. L'homme au rire sonore à l'haleine chargée d'alcool s'approcha du seul nain de la pièce. Il accrocha le robuste gaillard par les cheveux avant de l'envoyer tomber à la renverse sur le carreau noir et dur du sol glacé de la pièce.

Les dirigeants ne bougeaient pas, trop habitués à ce spectacle, on vit presque Katalina bailler tant elle s'ennuyait. Le nain grommelait et se relevait aussi vite qu'il lui était possible, prêt à dégainer une arme. Un des sbires de Von Klaash lui flanqua un coup de botte entre les omoplates, le déséquilibrant davantage, il tituba face au capitaine qui tira son sabre en hurlant d'une voix rauque. Il frappa de haut en bas le nain, le tuant sur le coup. Le demi-homme avait gardé une expression d'horreur sur le visage, figée à jamais dans ses traits.

« Merci capitaine. Maintenant que nous sommes quittes et que l'affront est oublié, que me vaut le plaisir de votre venue ? »

Von Klaash ricanait dans son coin, il se baissa et fouilla les possessions du nain ensanglanté.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 27 Mai 2013 00:18 
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Pas un clampin pour me répondre… Ça commence à me courir sur le haricot cette manie de m’ignorer. Jamais cela ne serait arrivé à Exech… Et je n’étais qu’une pute !
La blonde hausse les épaules, genre elle n’en sait rien… Et les deux autres femelles me regardent avec des yeux de merlan frit. Je soupire et le gros porc se met à rire, les vapeurs d’alcool me remontent aux naseaux. Sa troupe de copains fait de même… J’ai l’impression de me retrouver au Serpent… Quand les sous-fifres se sentaient obligés de suivre leur chef. Pitoyable.

Finalement, une des femmes se lève. Une elfe, une saleté d’elfe ! Enfin, ça pourrait être pire, elle n’est quand même pas trop laide. Un p’tit sourire l’arrangerait un peu… faudrait voir si j’peux pas arranger ça en quelques mouvements de doigts…
Bordel… Elle parle bien ! Ça m’a l’air d’être une vraie ! J’ai rien compris à son nom, encore un foutu nom elfique qui sonne aussi bien que si un garzok parlait la bouche pleine.
J’suis pas sûre d’avoir compris mais j’pense qu’elle veut tuer un des bouseux avec moi. J’peux pas m’empêcher de froncer les sourcils et de jeter un coup d’œil vers eux. D’ailleurs, la bonne femme a à peine fini de parler que les portes se ferment et nous voilà bloqués dans cette grande salle.
J’arrive pas à savoir si longues-oreilles blague ou pas. Par contre, les forains et le gars aviné prennent ça bien au sérieux. Les premiers se resserrent pendant que le deuxième arrête de rire et se lève.
Elle peut franchement tuer comme ça ?! Le gros se pose pas la question et se dirige vers le petit groupe. Moi, j’bouge pas. Si j’ai bien appris quelque chose à Exech c’est que, pour survivre, faut pas contredire la personne qui tue… voire, mieux, qui fait tuer.

Le nain se retrouve claqué au sol. Si l’elfe espère que je vais faire quoique ce soit pour le sauver, elle peut se fourrer le doigt dans l’œil. Ils se démerdent, j’leur ai jamais demandé de venir. D’ailleurs, personne ne bouge, pas même quand le poilu se retrouve à nouveau claqué au sol… et encore moins quand l’alcoolique se met à hurler et fourre le nain… avec son épée, bien évidemment. Les ménestrels retiennent un cri. Je ne devrais pas mais ça m’amuse de voir la rousse paniquer.

Le sang coule si rapidement autour de lui… Comment un être aussi petit peu autant saigner ?! Je reste à fixer le nain pendant que l’elfe se remet à parler. Je ne l’écoute pas vraiment mais je capte les derniers mots.
Elle me demande ce que je fous ici. Après ce que je viens de voir, je réalise qu’il va me falloir reprendre mon masque de catin. Ne pas la vexer et attendre de connaître ses goûts avant de faire la maligne.

« Le plaisir de visiter un château, baronne Ervebezetz ?
La possibilité de prendre un bain, je dois avouer, m’a aussi traversé l’esprit… Mais je ne voudrais pas abuser de votre hospitalité. »

Je jette un nouveau coup d’œil vers le groupe et le corps encore un peu plus raccourci.

« Si je peux me permettre, vous devriez le retirer… Le sang a tendance à tâcher. »

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mar 28 Mai 2013 04:08 
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Von Klaash ne retira rien de bien folichon du petit cadavre ensanglanté. Rien que quelques coutelas et des babioles qu'il trainait de ses voyages. La troupe était rassemblée sur elle même, apeurée par le meurtre soudain et inattendu. Le capitaine laissa le corps à même le sol et s'en alla s'assoir, dans un calme morbide, sur la chaise qu'il venait de quitter, peu avant l'entrée des visiteurs.

La jeune femme brune, la première a avoir crevé le silence ne semblait pas perdre le nord, elle n'avait pas été particulièrement choquée par l'exécution, encore moins du fait qu'elle en était responsable de par son manque de politesse. Elle se rattrapa tout de même, en écorchant au passage le faux prénom de Silmeria.

La Baronne lança un sourire distrait. Elle savait parfaitement que son domaine était loin d'être une attraction et que les voyageurs ne s'y arrêtaient que rarement, préférant largement l'hospitalité de Bouhen à quelques lieux de marche. Lydia s'approcha et lui dit au creux de l'oreille.

« Ce sont des menestrels. Il est fort probable que les hommes présents soient déjà allé à Tulorim, mais aucun d'eux ne répond à celui qu'on cherche. Trop âgés. »

La tueuse semblait plus qu'amusée par les remarques déplacées de la jeune inconnue. Contrairement au reste de l'assemblée, elle n'hésitait pas à prendre parole même en cette situation tendue. Elle provoqua chez la Baronne un second rictus lorsqu'elle lui expliquait qu'il vaudrait mieux le faire évacuer avant qu'il ne pourrisse le sol.

« Et bien. Quelle assurance. Ici nous apprécions l'honnêteté et la droiture. Vous êtes tous ici chez vous, voyageurs. Mais sachez vous garder du moindre faux pas que je ne saurai tolérer ni pardonner. Les servantes vont préparer de quoi vous reposer. Après le voyage, j'imagine qu'un repas chaud sera également le bienvenu...»

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Dernière édition par Silmeria le Sam 3 Aoû 2013 02:29, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mer 29 Mai 2013 00:44 
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C’est pas la politesse qui les écorche ici… Pendant que je réponds à sa question, la blondasse chuchote je ne sais pas quoi à l’oreille de l’elfe. Elle sourit et je n’arrive pas à savoir si elle se fout de ma gueule ou si elle apprécie ma réponse.
Elle aime la droiture et l’honnêteté. C’est bizarre parce qu’ils me paraissent tous, ici, assez proches des gars d’Exech… Donc plutôt biscornus et malsains. Du coup, elle a pas tort, je suis un peu chez moi ici. Et même mieux, parce que les draps doivent être propres !
Elle finit par annoncer un repas chaud qui me fait saliver d’avance. Je suis prête à suivre toute personne pouvant me guider… Mais j’ai l’impression d’être la seule motivée.
Les bouseux sont toujours figés. La rousse pleure pendant que chapeau la garde contre lui. L’abruti me ferait presque mal au cœur à fixer le cadavre comme ça. À croire qu’il n’a jamais vu de mort… Ou que c’est la première fois qu’il perd quelqu’un qu’il connait. On a l’impression qu’il essaie de comprendre ce qu’il s’est passé.
Je jette un coup d’œil à la Baronne, lui fais un petit signe de la main, comme pour demander la permission, et m’avance lentement vers le groupe. Là, je fixe le grand dadet et j’ai l’impression de revoir la gamine du Serpent.

« Cherche pas à comprendre. Accepte juste ce qu’il vient de se passer et plie toi à ses règles. »

Je reste avec le groupe et attends qu’une servante nous montre le chemin pour la suivre. Je serre mon baluchon et palpe ma dague… J’sais pas dans quoi je m’embarque, mais je sais que je ne peux pas fuir pour le moment.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Ven 31 Mai 2013 01:49 
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« Soit. Notre jeune amie Teresa se fera un plaisir de vous conduire aux chambres offertes aux voyageurs et hôtes appréciés. » Répondit-elle en réponse au signe de la jeune femme.

L'inconnue à la chevelure d'ébène semblait mener le groupe, à supposer qu'il y avait un meneur mais son caractère marginal intéressait Erzébeth, ou pire encore, la rendait curieuse. Contrairement aux réactions que partageait le groupe, elle ne semblait pas affectée par la mort du Nain, mais dans l'esprit de la tueuse, il se pouvait que comme elle, cette femme n'appréciaient pas les Nains, aussi la mort du petit-être poilu n'était pas si dramatique.

La garde se dispersa. La menace ne semblait pas de taille maintenant que nombre de ces ménestrels étaient encore sous le choc du hurlement de Von Klaash. Teresa passa la porte, la jeune femme aux yeux bleus et au chignon blond impeccablement serré derrière sa tête observa la scène d'un oeil inquisiteur et piqua une petite grimace en voyant la flaque de sang et son auteur. Cela dit, rien de plus. Teresa était maintenant accoutumée à ce type de spectacles. La jeunesse de Keresztur se formait dans l'horreur.

Elle invita presque joyeusement les voyageurs apeurés à la suivre, leurs nouveaux quartiers se trouvaient à l'aile supérieure. La maîtresse des lieux veillait à toujours garder des chambres de libre pour les invités surprises.

Alors que la jeune blonde, Teresa, quitta la salle bientôt suivie des voyageurs, Erzébeth céda à la curiosité et lança un banal :

« Vous ne vous êtes pas présentée, jeune femme. D'où venez-vous ? »

Puis elle reprit une petite gorgée d'absinthe noire avant de se rassoir, décidée à en savoir plus sur ces visiteurs venus de loin.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Dim 2 Juin 2013 13:09 
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Cette elfe me fait un peu penser à la Main Rouge. Elle tue pour marquer son territoire et se montre serviable juste après. Elle a l’esprit de travers… et, avec des gens comme ça, il faut l’avoir aussi. D’ailleurs, j’pense que tous ceux qui bossent ici sont atteints. La boniche, une blondasse encore, jette à peine un coup d’œil à la mare de sang avant de nous inviter à la suivre.
Un bain, bordel, j’en rêve. J’ai de la crasse au point d’en avoir des croûtes… partout surement. Faudrait que j’arrange ça avec mon cocher… il est pas trop laid.

Enfin, elle finit par enfin sortir de la pièce, tandis que je reste à regarder le nain et le petit groupe d’habitués encore présents dans la pièce. Ils s’en foutent totalement de ce qu’il s’est passé. Ça devrait me répugner… mais je n’y arrive pas. Je me sens vraiment bien ici. Ça a un côté rassurant. Et, même si je ne veux plus être une pute, retrouver cette ambiance familière me fait du bien.

Grandes-oreilles attend que je sois pratiquement sortie pour me demander qui je suis. J’aime pas cette question. Je ne sais jamais quoi répondre… souvent, pour les putes, on mélange qui elles sont et ce qu’elles font. Les hommes voient l’occasion de se vider… et les femmes nous jalousent. Quelle bande de connes… si elles savaient.
Je ne me souviens plus exactement de ce que j’ai dit à la blondasse en armure. C’est con parce que j’trouve que je m’en étais bien sortie. Quoiqu’il en soit, la baronne attend ma réponse et je suis sûre que mentir ne va pas être une bonne idée. Les gens comme elle peuvent toujours tout savoir.

« Je suis une ancienne pute d’Exech et j’ai égorgé et émasculé la main droite de mon chef de clan pour me barrer.
J’sais pas si c’est une bonne idée de vous le dire… Par contre je suis sûre que vous vous en foutez que j’ai été une pute ou que j’ai égorgé quelqu’un.
Je peux disposer ? »

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mer 5 Juin 2013 23:09 
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La jeune femme répondit avec une aisance et une assurance déconcertante pour une voyageuse victime de ce triste spectacle. Erzébeth écoutait attentivement ses paroles dans le silence le plus profond. Tous étaient attentifs à la voix de l'étrangère et le silence se fut. Jusqu'à ce que Von Klaash se mit à rire brutalement.

« HAHAHA ! Hey ! Vous entendez ça les gars ? On demande de mettre l'grappin sur un mouflet de Tulorim et vl'a qu'on se faire ravitailler en viande fraiche. Un festin pour les vieux maqu'raux qu'vous êtes. » Puis il cracha. Et but. Bruyamment même. Et il alla s'assoir. En silence.

Erzébeth répondit à sa demande de congé d'un sourire amical.

« Et bien... Quelle franchise. Cela fait de vous une personne rare et vous honore. Faites ce que vous avez à faire, revenez me voir lorsque vous le souhaitez. Vous êtes ici chez vous. »

Erzébeth se perdit alors dans ses songes. Elle fatiguait. Elle était lasse mais personne ne devait le savoir où même le remarquer. Hrist était disparue emportant avec elle Cèles et elle se sentait de moins en moins capable d'endurer tout ce qu'elle faisait. Les Shaakts, les assassins, les espions, la Sororité qui envoyait du monde pour la tuer, et maintenant voilà qu'elle paniquait et mettait à mort toute personne dont elle n'était pas sûre de la fiabilité. Elle craignait pour sa vie, même si elle faisait passer ça pour de la protection, celle de Katalina, Lydia, ses suivantes, Erzébeth craignait pour elle. Sa survie depuis sa mort à Omyre était sa seule obsession.

Lydia demanda aux hommes de Von Klaash de débarrasser le corps. Face à l'hésitation des deux solides loups de mer, la générale soupira et finalement, ordonna. C'est la mine vexée que les deux hommes de main du capitaine ivre mort allèrent soulever le nain en prenant bien garde de ne pas en perdre un bout au passage. Tout ce qui se passait autour d'elle semblait loin. Tout ce qu'elle redoutait actuellement était qu'on perce le dossier de sa chaise avec une épée ou que la porte s'ouvre brusquement et qu'un carreau d'arbalète ne vienne crever sa poitrine.

Instinctivement, elle sera entre ses doigts la bague du tueur qu'elle avait fait jeter par la fenêtre de la plus haute tour du château. Alors qu'elle serrait la bague serpent, elle crut un instant la sentir bouger, comme si le reptile de fer s'était glissé entre ses doigts. Lorsqu'elle regarda le bijou, il n'avait pas bougé, rien. Son esprit dérangé et épuisé lui jouait des tours mais à la fenêtre, le lierre venait de tomber. Mort.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 8 Juin 2013 00:44 
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J’aurais peut-être pas dû répondre… Je vais encore devoir écarter les cuisses à de gros porcs pour survivre. À croire que je ne sais pas faire que ça. Et, cette fois-ci, hors de question de l’étriper.
Je souris à l’ivrogne, comme si je le remerciais de son compliment, et me tourne vers la baronne. Ma présentation lui plaît. C’est bien ce que je pensais, elle s’en tape de mon nom… elle voulait juste savoir ce que je suis, pas qui je suis. Elle est folle et elle doit avoir peur. Ou elle est juste folle, j’en sais rien. Toujours est-il que je dois la jouer fine. Pour le moment, elle me tolère, pourvu que ça dure.
Finalement, je peux suivre le groupe et nous nous dirigeons à l’étage où quelques chambres sont à disposition des visiteurs… comme si elle en avait souvent.
Je réclame une chambre individuelle… hors de question que je partage quelque chose avec les bouseux. Je pourrais en prendre une avec ma garde-robes sur pattes… mais j’ai envie d’être seule.

La coincée du cul me dépose devant une porte en bois, assez simple, et continue son chemin avec le reste du groupe.
Je rentre dedans et on peut dire que le décor ne change pas trop de ce que j’ai pu voir jusqu’à maintenant. De grandes tentures rouge sang cachent en partie les fenêtres peintes en noir. Ça resplendit la joie de vivre.
Sur un côté se trouve le lit à baldaquin, comme dans la chambre d’honneur du Serpent Rouge. Je me laisse tomber dessus et continue de regarder autour. La chambre est assez grande pour avoir un petit bureau, une armoire, un coffre et une étagère. C’est amusant, à chaque fois que je vois un bureau je me demande si un jour je l’utiliserai pour autre chose que me faire culbuter dessus.
Je me relève pour ouvrir l’armoire, sait-on jamais… Mais il n’y a rien d’autre que du linge de maison. Les étagères sont vides mais il reste le coffre. Qui est tout aussi vide. Déprimant, comme l’ambiance ici.

Je suis bloquée dans un château à tendance flippante, avec une elfe dérangée, accompagnée d’une troupe de manchots… Comment j’ai fait pour me retrouver dans cette situation ? Je ne vois même pas comment en profiter, j’suis sûre que si je fais un pet de travers Ervebezemachin va me découper pendant qu’un de ses porcs se soulagera en m’utilisant…

Silencieusement je me dirige vers le mur et y colle mon oreille. Les voix sont étouffées mais j’entends quelques mots, ou bouts de phrases.

« …est mort ! »
« Qu’est… faire ? »
« J’en… rien… partir… »
« …veux… toi… si ?! »

Je reconnais les voix de Carotte et Chapeau. Ils ont peur, ils vont rien faire à part crever s’ils se calment pas.
J’en ai marre d’attendre, je ne sais même pas ce que j’attends. Après tout, Madame Sourire nous a dit de faire ce qu’on voulait…
J’entrouvre la porte et sors la tête lentement. Personne dans le couloir, je sors et me dirige vers la partie du couloir que je ne connais pas. Je ne peux pas m’empêcher de serrer ma dague laissée dans ma sacoche. C’est stupide, je ne sais pas m’en servir… À chaque fois que je passe devant les portes, j’entends brièvement des mots ou des sons, les autres vont inonder leurs chambres avec leurs larmes s’ils continuent comme ça.
Finalement, j’arrive au bout du couloir. Il se poursuit à gauche et se termine par une porte à droite. Cette fois-ci, je n’entends rien à l’intérieur… Je ne devrais probablement pas mais je peux pas m’empêcher de poser ma main sur la poignée et vérifier si je peux y entrer.

« Je peux vous renseigner ? »

Je sursaute et me retourne. Une boniche est plantée devant moi, je ne l’ai pas entendue venir la conne !

« Erm… Oui… Je… Je cherche les bains. Je pensais avoir une bassine en chambre... mais je n’ai rien trouvé. »
« C’est par ici, Madame. »

Elle se retourne et s’enfonce dans le couloir, je n’ai pas d’autre choix que de la suivre. J’me demande si elle se doute que je voulais fouiller et, surtout, si elle va le dire à sa maîtresse.
Rapidement, elle s’arrête devant une porte épaisse et joliment travaillée. Elle la pousse et je découvre une pièce qui change complètement de tout ce que j’ai pu voir jusqu’ici.
Sitôt à l’intérieur, quelques jeunes filles viennent autour de moi et me déshabillent avec habileté. Pendant ce temps, d’autres remplissent d’eau chaude une bassine en cuivre, haute et large. L’art de vivre peut, ou a pu, exister ici.
Totalement nue, je plonge un pied dans l’eau et le retire aussitôt.

« Mais c’est bouillant ! Vous voulez me bouffer après m’avoir faite cuire ?! »

J’ai à peine le temps de finir ma phrase qu’une autre rajoute de l’eau, froide peut-être, j’espère en tout cas. Je retente là où elle a versé… c’est un peu plus supportable. Je fais de même avec le deuxième et finis par m’assoir dans le bain. Juste à côté, se trouve une petite table avec quelques pierres ponce, des gants de toilette, des flacons à couleur de pisse et un savon dont je me saisis avant de le plonger, lui aussi.
La plupart des filles sont restées et me regardent ; J’me demande à quoi elles pensent. J’ai l’impression qu’elles pourraient me sauter dessus à n’importe quel moment et j’ai rien… Mes affaires ! Je me redresse et regarde autour avant de les apercevoir sur un tabouret, non loin. Pas une boniche n’a bougé quand j’ai eu mon petit coup de frayeur. Elles attendent que je me lave, je pense… tout simplement.

Je me savonne rapidement et commence à me rincer comme je peux avec l’eau qui a viré au marron clair, mais une servante arrive avec un broc d’eau chaude, j’en ai des frissons. Le chaud de l’eau qui se refroidit si rapidement à l’air. Je me lève pendant qu’elle finit de me rincer et qu’une autre me tend de quoi me sécher.
La baronne a pas l’air commode mais je dois avouer que ses boniches sont douées. Une fois encore, je ne peux pas m’empêcher de repenser à la gamine, Éléa… Je me demande quand ils commenceront à la souiller.

« Nous avons quelques tenues à vous prêter, le temps que nous nous occupions de votre robe. Souhaitez-vous que l’une de nous vous aide à vous coiffer ? »

Elles sont tellement polies ! Ça n’a rien de rassurant… on dirait la dernière journée d’un condamné. Pourtant, j’accepte. Si je dois crever, autant le faire en étant belle et en ayant pris soin de moi.
Petit à petit, les boniches quittent la pièce. La bassine a été vidée et on m’a confié une longue robe noire. Finalement, il ne reste dans la pièce qu’une femme brune, assez âgée, et moi. D’un mouvement de la main elle m’invite à m’installer devant un grand miroir et à peine suis-je installée qu’elle commence à démêler ma longue chevelure.

Au bout de quelques minutes de silence, je décide d’entamer la conversation.

« Ça lui arrive souvent, à votre maîtresse, de faire trucider les gens comme ça ? »
« La Baronne sait se faire comprendre. »
« Ah bah ça… j’en doute pas ! Et ça fait longtemps que vous êtes là ? »
« Quelques années déjà. »
« Ah. Vous aussi vous avez appris à survivre avec des fous. »

Et à nouveau le silence. Le temps va être long dans ce château. Je la remercie une fois qu’elle a fini et lui annonce que je vais retourner en chambre.

Une fois sortie, j’hésite à continuer mon exploration de l’étage mais je crains trop de me refaire surprendre et de ne pas trouver d’excuse. Je redescends donc vers la salle principale mais n’y rentre pas, continuant à me promener à travers le couloir jusqu’à arriver dans une bibliothèque aux hautes et longues étagères. Je me demande si l’elfe a lu tous les livres entassés ici. J’en prends un, l’ouvre et je ne vois rien d’autre que ces lignes remplies de formes bizarres auxquelles je ne comprends rien. Je parcours l’allée centrale et me retrouve devant un bureau sur lequel sont disposés des petits coffrets et des feuilles utilisées ou non.
Je veux ouvrir un des coffrets mais je me fige dès que j’entends le bruit de la porte. Paniquée, je me colle contre une des étagères, légèrement cachée dans la pénombre.

« Tu penses qu’elle le retrouvera ? »
« J’en doute, elle ne sait même pas de qui il s’agit. »
« Elle est tendue en ce moment. Je me demande comment tout ça va finir. Et c’est pas avoir des étrangers dans le château qui va aider… »

Mes cheveux dégoulinent encore et je ne peux pas m’empêcher d’essuyer une goutte qui coule le long de mon dos… et de taper, par la même occasion, contre l’étagère.

« T’as entendu ? »
« Oui… Il y a quelqu’un ? »

Et merde ! Fallait forcément qu’ils s’en rendent compte ! Je fouille dans ma sacoche pour en tirer ma cape que je dépose sur moi à la hâte et quelques feuillets s’envolent légèrement au passage.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 17 Juin 2013 17:49 
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« Je crois que cette bague renferme de nombreux mauvais présages... » Murmura-t-elle doucement. Certains avaient essayé de l'écouter mais elle s'en moquait, elle se leva et quitta la pièce alors que les dernières feuilles de lierre mort tombaient comme une pluie sinistre devant ses carreaux.

Sortie dans les couloirs, elle vit Katalina, la brune silencieuse l'attendait. Elle cachait quelque chose, Erzébeth le savait, elle connaissait assez bien Katalina pour le comprendre au premier regard. Le demi-sourire de la seconde ne cachait rien quant à ses intention, elle venait de trouver quelque chose qui allait plaire à la Baronne.

Katalina inclina doucement la tête, invitant sans mot dire Erzébeth à la suivre jusqu'à la bibliothèque. Il n'y avait presque personne hormis les allées et venues furtives des gardes et des suivantes. Le parfum lourd et opaque des vieux livres et parchemins, le cuir usé et la poussière prenaient le dessus sur le parfums des fleurs fanées et piquaient le nez de la tueuse.

« Ce qui va suivre devrait vous enchanter... Vous savez combien j'aime lire les parchemins anciens. Je sais aussi à quel point vous n'aimez pas faire usage de la magie. Je vais vous dévoiler un secret, même si vous n'êtes pas encore prête pour le maîtriser, il vous sera utile. Le savoir est important, savoir c'est pouvoir, et le pouvoir corrompt. Vous devrez juste en accepter un prix. »

« Pas des moindres, je suppose. » Souffla Erzébeth. Certes elle avait été piquée par la curiosité, mais elle avait également une sensation étrange, comme si Katalina lui offrait une étincelle d'espoir.

Un espoir avec un arrière goût de sang.

La seconde de la Baronne venait de la conduire dans un alcôve peu fréquenté de la bibliothèque, là où étaient rangés les vieux documents trop usés pour être lus mais qui méritaient tout de même qu'on jette un oeil parfois, sur ce qui était encore lisible. Un rébus de propos obsolètes qu'on gardait comme un trésor impossible à jeter.
Katalina avait tiré un document gris, perdu entre deux grosses tranches de cuir noir et dessiné au couteau.

« Le prix à payer sera votre âme. Vous n'aurez plus rien de bon et serez rejetée des autres comme une pestiférée. Vous n'aurez pour seul refuge que l'exil jusqu'à ce que vous trouviez ceux qui, comme vous, un jour on souhaité en avoir trop. »

Elle lui tendait le livre. Le grimoire poussiéreux. Erzébeth ne pouvait pas regarder Katalina dans les yeux, l'attraction de l'ouvrage était trop puissante et il appelait sans arrêt les yeux verts de la belle.

« Et... Comme je ne suis pas prête ? »
« Vous finirez par l'être. Votre entêtement sera aujourd'hui votre plus grande victoire, mais demain probablement une malédiction. Je l'ai lu un jour mais j'ai renoncé à son butin. A situations désespérées... »

«Mesures désespérées... »

Ses doigts effleurèrent le livre et une sensation nouvelle lui réchauffa la poitrine. Comme si après les dires de Katalina, elle venait de se sentir rassurée. La brune fuya la pièce et laissa sa Baronne silencieuse seule avec son trésor et sa perte.

Erzébeth caressa le livre de longues secondes, comme si elle craignait de l'ouvrir, bien qu'elle ne soit pas particulièrement réceptive à la magie, Katalina avait prévenu qu'il s'agissait là de quelque chose de contre nature. Puis un bruit inconnu lui creva sa concentration. Elle posa le livre sur l'étagère.

Elle s'en alla au grès des couloirs de poussière.
Deux gardes discutaient, inquiets du sort de la Baronne. Derrière un corridor se tenait une femme qui portait une tunique marquée du domaine. Une servante trop curieuse ? L'ombre qui espionnait les conversations des deux soldats se faisait discrète, elle recula après avoir heurté un panneau de bois qui en résonnant, avait trahi sa présence.

Erzébeth l'observait de derrière, elle s'attendait à ce que les gardes trouvent la servante et que dans sa frayeur, elle se confonde en excuse, comme elles le faisaient toujours car les gardes du domaine montraient peu de douceur et de pitié face aux indiscrets.

Cependant, la Baronne ouvrit grand les yeux, la jeune inconnue, la servante ou espionne venait de se recouvrir d'une cape de dissimulation pour disparaître sans se faire voir de la garde. Et dans un réflexe malsain, Erzébeth tira son aiguille de ses cheveux et d'instinct, frappa.

Elle avait cru à une espionne, une servante maladroite qui écoutait aux portes. Lorsqu'elle vit le visage, elle comprit qu'il n'était nulle menace, la jeune femme à la gorge épinglée à la bibliothèque par son aiguille d'argent n'était autre que la voyageuse venue à ses portes le jour même, celle a qui elle avait offert ce qu'elle voulait en échange d'une tenue irréprochable. La belle avait abandonné sa tunique pour prendre celle du domaine. De dos, Erzébeth ne l'avait pas reconnue, aveuglée par sa paranoïa elle avait planté son aiguille d'argent dans la gorge de la jeune femme.

Les gardes arrivèrent. Silencieux et plus ou moins surpris.

Erzébeth, elle, observait avec un arrière goût rance le poids d'une vie qu'elle allait traîner.


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Meurtre avec accord commun confirmé devant Gm : Kahlyndra

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mer 26 Juin 2013 01:16 
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« Elle l'a enfin fait... »

Les jours souvent se suivent mais ne se ressemblent pas. Non loin de Keresztur, traînait un mal étrange. Lent et affamé, un oeil fauve aux reflets de violettes posait son regard sur le château qui se dessinait au travers d'une nuit sans lune. Un cri et un vol de corbeaux apeurés virent crever le silence de la nuit.

La pluie tombait et détrempait la terre.

Ygör, sa femme enceinte et son fils avaient quittés le domaine de Keresztur. Le père et son fils poussaient sur une montée leur chariot pour aider la monture. La boue et la fatigue avaient rendu la tâche ardue et Gylaine, sa femme ne leur était d'aucun secours. Le ventre rond, elle passait sa main pour apaiser son bébé lové dans sa chair. Au bout de nombreux efforts, le chariot avalait enfin les derniers mètres de la pente.

« Père, nous n'aurions pas mieux fait de rester au village ? »

Mais le vieux père avait déjà répondu qu'il devait se rendre à Kendra Kâr pour faire venir au monde son enfant. C'était la volonté de sa femme et avec tout son amour, il voulait l'exaucer. Il n'était pas question qu'elle accouche sur la route, dans la boue et le froid. Gylaine aurait son enfant à la cité blanche.

Les corbeaux volaient bas, en dépit des violentes rafales de vent. Un éclair perfora les nuages noirs et le fils cru voir dans le flash une ombre figée, droite, noire, située entre deux arbres. Mais lorsque la lumière fut retournée dans le néant, il ne restait plus rien.

« Père ! Le temps est trop vilain. Et j'ai cru voir une ombre nous épier. On va tomber dans un coupe-gorge ! »
« Assez ! J'ai élevé un homme ! Pas une lopette, alors tais toi et continue à pousser ! Grmbl... Avoir peur des ombres... » Termina-t-il en grommelant. Ils s'avancèrent du mieux qu'il leur était possible, trainant les jambes couvertes de boue, l'eau ruisselante sur leurs longues tuniques de cuir et de lin.

« A ton regard froid, je vois quelque chose de bien plus violent que cet orage... »
« Nous avons été... Abandonnées. »
« Prises au piège de son propre esprit... »


Gylaine reçut un coup de pied. Son enfant s'agitait. Dans la tiédeur de son ventre, le petit être ressentait une terrible menace, comme si toute son innocence et sa pureté était en alerte face à un mal tentaculaire, plus noir que le jais. Menace que les caresses d'une mère ne suffisait pas à apaiser.


Sur la route, ils tombèrent sur un petit autel dédié à la Déesse Rana. Bien que ni le père ni le fils se furent de fervents croyants, ils calmèrent la monture un court instant le temps de se placer devant l'autel. La mère restée dans le chariot.

Le monde était jeune et les dieux aussi
Les hommes rampaient encore et ne poussaient que des cris
Personne n'aurait pu distinguer hommes et animaux
Si Rana n'était pas venue de là haut

Ô Rana, universelle sagesse
Ô Rana, la plus grande des déesses
Ô Rana, flottant dans les airs
Ô Rana, à jamais je te vénère


Dans leurs paroles, ils désiraient ardemment la bénédiction de la Déesse pour continuer leur chemin. L'ombre épiait. L'ombre était affamée.

« Trahie... Je vous maudis. Tous. Tous les humains m'ayant trahie.

Les Dieux aussi !

Vous allez connaître... Ma colère et mes souffrances ! »


« Et les serpents sortirent de l'éternel sommeil... »

La prière des deux hommes s'arrêta. Ils reculèrent, les yeux horrifiés. Trébuchant dans la boue et les flaques, poussant des hurlements terrifiés. La statue de Rana pleurait du sang. Autour d'elle, là où étaient déposées des fleurs en titre d'hommage par les voyageurs, rampait des serpents noirs aux yeux luisants.

Le père entra dans le chariot. S'en suit alors un terrible hurlement, plus fort que l'orage. Et ce n'était pas lui qui criait. Mais toutes les créatures infâmes, tous les monstres, les orques, les gobelins, les abominations qui hurlèrent pour lui. Car l'ombre que son fils avait cru voir était là. Sa femme entre les cuisses de l'inconnue, la terrible brune aux cheveux trempés qui tombaient en petites mèches sur son visage, sous sa capuche sombre, souriait, les lèvres couvertes de sang. Sa langue parcourant une lame vrillée aux reflets violets.

Gylaine fixait le vide, une tranchée encore sanguinolente parcourait sa gorge, son ventre ouvert était vide et le petit être mort gisait entre les doigts crochus de la femme, auteure de ce meurtre ignoble.

Lorsqu'elle prit enfin la peine d'observer le mari, le visage totalement décomposé, elle lui jeta un sourire. Car l'inconnue avait les traits d'une femme connue. Au loin, Erzébeth avait ouvert le livre, lu les phrases anciennes et maudites. Elle avait perdu son âme. Et seule son âme servait de refuge éternel à Hrist.

La Frémissante avait son corps. Un double de la Baronne. Les traits, la voix, mais ses yeux n'avaient rien de doux, et le vert de lierre qui habillait son bel iris n'étaient plus qu'un pétale de violette fanée.


Au matin, le ciel était gris. Sur les routes quelques voyageurs criaient devant un spectacle terrifiant. La garde fut alertée, celle de Kendra Kâr, celle de Bouhen et celle de Keresztur. On criait partout que des voyageurs avaient été massacrés devant un autel. Que le corps d'un enfant mort, volé du ventre de sa mère avait été offert à une statue de Rana.

Le vent ne souffla pas ce jour là.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 5 Aoû 2013 04:22 
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La pluie tombait. Si le vent lui ne soufflait plus, la pluie continuait inlassablement. Keresztur était au bord du gouffre et une époque allait prendre fin. Dans une taverne de village, à la lueur de quelques bougies, quatre hommes s'étaient entaillés la main, jurant sur le sang de faire tomber Erzébeth du pouvoir.

Mais les jours s'étaient écoulés, il ne restait plus que trois des hommes. Le premier avait été trahi. Envoyé à la mort, comme un vulgaire signal qui alarma la Baronne. Devenant paranoïaque, elle avait fait renforcer la garde partout. Les patrouilles synchronisées et régulières pataugeaient dans la boue des villages.

Au pied d'une auberge, caché dans l'ombre d'un tonneau et d'un chariot, un jeune garçon tenait fermement une dague. Il observait les soldats passer, il attendait, avec l'hésitation des débutants, la bonne occasion. Plusieurs gardes en armure noire passaient sans faire trop attention. La nuit était déjà bien consommée et l'ombre qui enveloppait le jeune homme était épaisse, même pour les torches qui accompagnaient les soldats de la Baronne.

L'eau ruisselait sur le garçon, ses pensées le submergeaient. Un garde se tenait non loin de lui, situé à quelques pas, une dizaine, voire plus. Il n'avait pas tellement notion de la distance, trop occupé à serrer le manche de son arme. Le jeune homme observait du mieux qu'il le pouvait les armures, essayant d'en trouver le point faible, sous les aisselles ? La gorge ? Et s'il se retournait... Le garde avait une épée et un solide entrainement, lui n'avait que sa dague et ce qu'il pensait être de la rage. Il hésita trop longtemps, et le garde s'en alla.

« Quand je pense que c'est vous qui comptez tuer la Baronne... »

La panique lui fit voir trouble quelques instants. Une voix de femme sortie de nul part, qui en disait déjà long sur ce que l'espionne devait savoir à son sujet. Le jeune homme observa, à gauche, à droite, et identifia enfin la personne, adossée au muret de pierre, à sa gauche. Il ne l'avait pas entendue se faufiler jusque là.

« Hey... Qui êtes-vous ? Et.. Et mais comment vous...»

L'ombre se détacha lentement. Elle avançait petit à petit. La personne était de taille moyenne, portant de hautes bottes noires maculées de boue, une sorte de tenue noire difficile à identifier tant elle était cachée d'une longue cape dont la capuche dissimulait le visage de la femme.

« Franchement, je ne suis pas sûre que vous soyez de taille face à un garde... Même par surprise. »

Le jeune homme se releva brusquement, manquant de faire tomber le tonneau. Il pointa son arme vers l'ombre et déclara, le visage crispé :

« Pas un pas de plus ! Sinon... Gare à vous étrangère !»

L'ombre avançait toujours. A la lueur des torches, il distinguait doucement un visage qui lui semblait familier.

« Sinon quoi ? Vous chercherez à me tuer ? Vous auriez plus de chance en appelant la garde. » S'en suivi un ricanement cristallin et autour de son arme, alors que la femme n'était qu'à deux pas de lui, il vit s'enrouler un serpent noir aux yeux de braise qui sifflait en sa direction.

Il renversa le tonneau en tombant à la renverse. Le jeune homme venait de tourner de l'oeil.

--- --- ---


Lorsqu'il ouvrit de nouveau les yeux, il se trouvait le cul enfoncé dans un tas de sacs de farine. Un cagibi. Un placard ouvert qui donnait sur une pièce ou deux personnes parlaient. Un homme, dans l'ombre, qu'il connaissait bien et une autre voix, une voix de femme. Il reprenait ses esprits petit à petit et se leva, pensant avoir été volé par une étrangère et que son compagnon l'avait retrouvé et ramené ici.

Il manqua de tourner de l'oeil une seconde fois. La femme devant lui, bien que ses cheveux fussent blond lorsqu'elle tua sa mère, il reconnu bien ce visage, aux traits fins et gracieux, complètement aux antipodes de la cruauté qui se cachait derrière, ces yeux fins et hautains, cette bouche souvent pincée qui ne crachait que du dédain et de la haine.

« Vous ! »

Avant même que son compagnon n'eut le temps de réagir, le gamin s'était précipité vers la femme, debout, en bout de table sans arme, juste armé de sa colère...

Mais la femme était plus rapide, et sa rage ne suffit pas. Elle donna un coup de botte dans une des chaises qui se renversa, le fauchant dans sa course et il tomba sur le ventre, le souffle coupé, déboussolé. L'étrangère lui agrippa les cheveux et le bras droit qu'elle tordit dans son dos. Il cria de douleur, son bras lui donnait l'impression de céder. Elle lui écrasa le visage sur la table. Son compagnon se leva et frappa du poing sur la table.

« Assez ! Edmund ! Hrist ! Enfin, lâchez cet enfant, il mérite des explications, pas une humiliation. »

« Si c'est ce fils de paysan que vous envoyez tuer la Baronne, il connaîtra bien plus qu'une humiliation, croyez moi, jeune maître. »

Elle continuait à exercer une pression sur le bras du jeune homme. Paralysé, il comprit sans comprendre que son compagnon et protecteur était de mèche avec cette odieuse femme. Lorsqu'elle le lâcha, Hens, son ami, lui expliqua en détail tout ce qu'il méritait de savoir. Comment Hrist s'était immiscée dans leur petite coalition pour renverser le pouvoir. Car Hrist avait menti.

Elle s'était présentée comme la soeur jumelle de la Baronne. Que le seul moyen de les reconnaître était les yeux et l'usage de la magie, Hrist faisait apparaître avec l'aide secrète de Cèles la vermine alors que Silmeria elle, n'avait aucun usage magique. De mensonges en mensonges, elle avait su gagner un semblant de confiance, ce genre de confiance que l'on offre que lorsqu'on a plus le choix. Mais elle n'était pas dupe non plus. Hrist voyait dans le regard de Hens qu'il se méfiait de cette femme venue du néant, il n'en avait jamais entendu parler et cette apparition soudaine lui semblait suspecte.

Edmund était le rejeton adoptif d'Hens. Silmeria avait égorgé - sous l'influence de Hrist - sa mère. Au détour de la conversation, Edmund confia que sa mère allait acheter des plantes médicinales pour soigner son père, malade. Et que faute de soin, il avait fini par trépasser devant ses yeux. Et qu'après avoir perdu père et mère en l'espace d'une semaine, il avait décidé de se venger de la tueuse. Hens quant à lui, venait de marier deux jeunes enfants. Deux rejetons de la campagne. Sa grande fierté. Grâce à cette alliance, Hens allait pouvoir obtenir une ferme plus grande, une association avec un fermier puissant de la région de Tulorim. La dote offerte à sa fille était sa propre ferme. S'octroyant des parts juteuses sur les bénéfices de la ferme commune.

La maison dans laquelle ils festoyaient donnait sur la baie de Tulorim. Le vin coulait, la raison aussi. Les deux jeunes mariés, la jeune femme enceinte, profitaient d'un peu d'intimité sur le bord de la côte. Les invités, noyés dans leurs occupations n'avaient pas pris garde au danger. Tulorim était en émeute, et une ombre malveillante se glissait sur la côte. Elle tua l'homme et la femme enceinte, sans la moindre raison. Sans la moindre explication. Les parents virent horrifiés la scène de loin. Impuissants.

Plus tard, Hens se fit chasser de sa propre ferme. Sa fille morte et sa dote volée, il fut ruiné. Dans un concours de circonstance, il croisa la route d'Edmund et c'est par cette ennemie commune que leur alliance se forgea.

« Et vous... Hrist. Qu'est ce qui vous pousse à vouloir votre soeur morte ? »

La Frémissante jeta un sourire.

« Elle... A cherché à m'enterrer. Mais la vengeance viendra de là où on a tenté de la cacher...»

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 12 Aoû 2013 14:31 
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La nuit était fraiche. L'eau tombait sur les toits mais leur chant incessant sur les tuiles n'empêchait pas Hrist de dormir. La cabane était sommaire, meublée de tables et de chaises massives, une marmite bouillonnait dans l'âtre, il s'y trouvait des restes de haricots et de mouton. Elle était en chien de fusil, épuisée de cette nouvelle vie dans un corps qui était cette fois-ci, le sien.

Hens dormait d'un oeil. Bien que Hrist soit au fond de coeur le meilleur espoir à ce jour pour se débarrasser de la Baronne, il préférait éviter de la laisser seule. Il avait prétexté avoir besoin d'un endroit au sec et au chaud, confortablement couché sur de la paille et des peaux de vaches pour ses vieux os. Hrist quant à elle ne se souciait peu de sa présence, elle dormait profondément, presque insouciante.

La nuit se fit plus agitée. On entendit des chevaux, la lumière des torches passait devant les fenêtres comme des éclairs furtifs et les acclamations ne tardèrent pas à réveiller la totalité du village, les plus curieux sortirent tandis que les plus soucieux préféraient se cacher sous le lit. Hrist bondit hors du couchage, elle savait que ces terres n'étaient pas victime de pillage ou de vol, et que la raison du vacarme n'avait qu'une seule explication, les soldats de la Baronne.

Hens lui somma de se cacher quelque part, il passa la porte pour essayer de comprendre les raisons de ce charivari.

Les chevaux éclaboussaient la boue, quelques gardes enfonçaient des portes pour s'engouffrer dans les maisonnées torches à la main. Quelques femmes hurlaient, on entendit des enfants pleurer, arrachés à leur sommeil. Quelques cabots putrides aboyaient férocement devant les allées et venues régulières de chevaux. Hrist grimpa sous les fondations de la charpente, une cavité sous le renfoncement de la chaume qui lui permettait de jeter un oeil dehors, au travers des ballots et des tuiles.

Il s'agissait de soldats ordinaires, la garde classique mais quatre cavaliers se tenaient en retrait, en formation autour d'une silhouette plus fine montée sur un cheval noir qu'elle reconnut sans peine, Calpurnia, la monture de la Baronne. Les soldats qui l'entouraient faisaient partie de sa garde, le détachement de soldats qui portait le nom de Malina.

Hens se fit maitriser par la garde, au même titre que tous ceux qui se trouvaient dehors. Les hommes et les jeunes garçons furent tirés hors des maisons et présentés à la lumière des torches.

La femme en retrait accompagnée de sa garde s'avancèrent jusqu'à être complètement visibles par la lumière des flammes. Katalina. C'était Katalina elle même qui accompagnait la garde. Hrist en fut elle même surprise, si la seconde de la Baronnie prenait ces investigations en main, c'est que la menace était prise très au sérieux. Les exclamations des villageois se turent face à la jeune femme, elle toisait les hommes encore en tunique de lin, sans chausses ni même de sabots, la plupart avaient encore le cul à l'air et les femmes restaient cloîtrées dans les maisons, sous bonne garde.

« Et bien... Le tri sera rapide. Les villageois d'un côté, les voyageurs de l'autre. »

Sous l'ordre envoyé à la volette, les soldats tirèrent par le col les hommes arrachés aux auberges, les autres, propriétaires des maisons furent envoyés à part, plus à l'écart car Katalina ne s'intéresserait qu'aux voyageurs. Dont un particulièrement.

« Bien. Est-ce qu'un dénommé Hens et Edmund répondent à l'appel ? »

Hrist eut un léger frisson. Quelqu'un avait vendu la mèche, les deux hommes n'avaient pas été prudents et avaient dû se montrer en ville en même temps, peut être que par mégarde ou sous l'influence du vin, l'un d'eux avait avoué être venu de Tulorim. Les racontars faisant bon train et la nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre.

Hens fit un pas en avant, mais bien qu'elle balayait les autres voyageurs du regard, elle ne reconnu chez aucun d'eux la carrure du jeune Edmund. Il n'était pas dehors.

« Vu votre âge, j'imagine que vous êtes celui que l'on nomme Hens. Vos voyages depuis Tulorim ont-ils été agréables ? »

Mais il ne répondit pas à la femme, c'était peut être la meilleure chose à faire. Quelques années plus tôt, Katalina avait ordonné que l'on exécute un homme qui lui avait répondu avec insolence.

« Vous avez été vus sur les routes avec un jeune homme. J'aurais besoin de savoir où il se trouve, si vous m'aidez à le trouver, je me montrerais plus clémente à votre égard. »

Hens ne répondit rien. Il baissa les yeux et rompit le contact visuel avec la femme, fixant la boue et les flaques d'eau à terre. Visiblement anéanti par cette arrestation, il avait assez d'intelligence pour comprendre que cette arrestation n'aurait pour lui, qu'une seule issue, quoiqu'il fasse, et qu'elle se solderait par la mort.

Katalina serra si fort les rennes de son cheval que même Hrist pu entendre le crissement du cuir entre ses doigts. Elle descendit de sa monture et se planta devant Hens. Le plus insoutenable chez Katalina, c'était ses yeux. On aurait dit de l'eau tant ils avaient de reflets, mais le marron sombre qui se terrait sous cette surface donnait une profondeur de regard hypnotique, même la courbe de ses yeux avait quelque chose de souple mais également, de sévère.

« Ne soyez pas ridicule vieil homme. Retournez d'où vous venez, continuez votre vie au soleil, non loin des plages, rentrez chez vous et jouez aux cartes avec vous amis mais je veux le jeune homme. C'est pour lui que je viens. Si je ne rentre pas avec lui, c'est votre vie que le bourreau prendra... En attendant que je le trouve. »

Elle lui agrippa le menton, lui releva le visage et plongea son regard dans le sien.

« Et croyez moi... Je trouve toujours. Je ferais exterminer les villages les uns après les autres, mais je le trouverais. Où... Est... Le... Jeune homme ? »

Mais Hens, garda un silence de mort. Il n'avait pas ouvert la bouche une seule fois et connaissant Katalina, Hrist comprit que ce geste venait de clore la sentence. Elle le ferait cuire, probablement à petit feu si elle le pouvait et tôt ou tard, Hens finirait par craquer et parler. Jusqu'à quand un homme peut-il endurer le fer ?

Katalina remonta à cheval, puis elle quitta le village accompagnée de sa garde. Le reste de la troupe se rassembla et on fit attacher Hens à une corde à l'arrière d'un cheval. Ils s'éloignèrent. Hrist observait l'homme disparaître dans la pénombre au détour d'un sentier. Bientôt, elle n'observait plus que la nuit noire sous le crépitement de la pluie sur la boue. Les villageois étaient rentrés chez eux sans faire de vague, trop pressés d'oublier ce qui venait de se passer.

Hrist savait ce qui attendait le vieil homme, et mieux valu pour lui qu'il meurt en chemin.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 12 Aoû 2013 16:23 
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Elle avait besoin d'eau glacée. Erzébeth... Silmeria savait que quelque chose touchait à sa fin. Ses humeurs devenaient de plus en plus étranges, elle restait parfois calme, pensant que les choses allaient s'améliorer, puis entrait dans un état de peur panique, allant se réfugier dans ses quartiers, seule ou sous bonne garde. Parfois elle aurait voulu pleurer, crier mais tout ce que son corps lui autorisait, c'était un simple tremblement de mâchoire et quelques larmes furtives. Cloîtrée, elle s'énervait, elle repensait à toute sa vie, son passé, le bien, le mal. Qui était-elle vraiment ?

Elle ne savait pas. Silmeria restait dans un bain d'eau froide. Ses muscles tremblaient mais elle se sentait en vie, bien plus vivante que lorsqu'elle parcourait les couloirs. Et ce livre. Quelque chose avait changé. Le vieux grimoire qu'elle lisait lui offrait une porte de sortie.

Lorsqu'elle plongeait ses yeux dans les lignes ancestrales ancrées dans le cuir, elle y voyait d'anciennes gravures représentant des monstres amicaux créés par la seule force de l'esprit d'un homme, un esclave spirituel doté d'une force puisée du néant. On y voyait également la perdition, la perte de l'âme. Elle commençait à croire que ses humeurs venaient de là, est-ce que son âme existait toujours ? Pouvait-elle vivre sans ?

Mais qu'est-ce donc que l'âme ?

On frappa à la porte de la salle de bain. Personne n'avait le droit d'y entrer. Pas même les suivantes, Silmeria voulait se débrouiller. Elle ne voulait pas qu'on puisse la voir, ni même savoir qu'elle pleurait lorsqu'elle s'enfermait parfois, sous l'eau glacée.

--------


Hens était arrivé au château. Katalina avait dirigé l'interrogatoire, elle avait pu en tirer quelque chose, sous le fer et la douleur, le vieil homme avait enfin avoué, même s'il ne s'agissait pas d'informations capitales, il trahissait effectivement son lien avec Edmund, l'assassin recherché. C'était un aveu suffisant. La peine serait la mort, bien sûr, mais il existe plusieurs façons de tuer un être.

Hens transpirait, un filet de bave coulait le long de ses lèvres, la tête penchée, la fatigue et la douleur eurent raison de sa force. On lui enfila une petite chemise de lin qui cachait les brûlures et les écorchures, mais bientôt celle-ci fut maculée d'auréoles et de sang. Dans sa demi-inconscience, il vit Silmeria. Son but ultime. Celle qui autrefois ruina sa vie et celle de sa famille. Et ce ne fut pas son seul crime.

Silmeria l'observait sans bruit, tel un oiseau curieux, elle savait que ce n'était plus une menace, toutefois, elle ne souhaitait pas lui parler, elle voulait rester en dehors de son existence, c'est pour ça qu'elle avait laissé à Katalina les joies de l'interrogatoire.

Machinalement, les hommes rangèrent le matériel de torture. Une odeur désagréable flottait dans l'air, un mélange de sang et de sueur le tout baignant dans une atmosphère moite et tiède.

« Empalez le au village dans lequel vous l'avez trouvé. Un empalement de temps en temps... Ca laisse croire qu'on a le contrôle de ce qui se passe. »
(« Même si c'est un mensonge... »)

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 12 Aoû 2013 23:08 
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Hrist s'était glissée un peu avant l'aube hors de la chaumière. Aucune nouvelle du jeune Edmund jusqu'à présent, peut-être avait-il était capturé par la garde dans la foulée, quoiqu'il fut de son cas, la Frémissante préférait éviter de rester au même endroit, en vue de sa ressemblance exacte avec la Baronne, sa présence ici était un risque énorme, principalement pour elle en ces heures sombres ou la femme n'était pas en odeur de sainteté.

Non loin de la ville, elle avait trouvé en arrivant un maison abandonnée, le chemin qui y conduisait n'était plus emprunté, le sentier battu était désormais recouvert de plantes qui rendaient le pistage difficile. Bien qu'elle fut en ruine et que le plafond fut défoncé, la cave était abritée, bien qu'humide et chargée d'odeur nauséabonde, Hrist y était plus en sécurité qu'ailleurs, aucun garde ne serait venu fouiller ici.

Les pluies fréquentes avaient presque inondé la cave, seul demeurait une partie encore sèche, mais elle avait de quoi se reposer et rester à l'écart en attendant que la situation se décante. Elle apprenait également à connaître ce corps nouveau.
Lorsqu'elle parasitait l'esprit de Silmeria, elle avait bien sûr les signaux de douleur, de fatigue mais son esprit était désormais le seul à contrôler le corps, comme si elle perdait une assistance précieuse. La tueuse restait silencieuse.

Hrist resta de longs instants à penser, ressasser ce qui venait de se produire et essayait de trouver une solution à ce problème. Puis elle finit par s'endormir, assise, le dos collé aux parois de pierre de la cave.

« J'ai l'impression qu'on passe nos vies dans des caves et des maisons pourries. Tu vas me faire regretter la belle époque où on prenait le large et où l'on parcourait les terres. On voyait du monde, de nouveaux paysages, de nouvelles odeurs de.. Oui, je sais, je me tais. Il y a un rayon de soleil dehors, profite. »

Hrist tira un sourire, sa Faera était installée sur ses genoux repliés, la créature avait adopté une forme de femme, pas plus haute que la taille d'une, réplique de Hrist elle même, la seule différence était que la Faera elle, suintait la magie et ses fluides d'ombre et de feu coulaient et tombaient en petite pluie colorée à chaque geste et déplacement de Cèles.

« Allez, allons chasser des coins-coins ! Ca te fera pas de mal de tuer un truc de temps en temps, si si, tu as grise-mine. Je vois dans tes yeux que le meurtre te manque, même s'il ne s'agit que de canard, rester le ventre vide va t'empêcher de réfléchir correctement.»

L'aube. Les nuages étaient encore omniprésents mais on découvrait des pans de ciel bleu et au loin, le soleil, rond et rouge jetait ses rayons sur le monde émergeant peu à peu de son sommeil.

Hrist ferma les yeux et leva le visage vers la voute céleste. La tiédeur se fit sentir, elle appréciait la fine caresse du vent et la douceur du soleil sur sa peau. Dans les cieux, elle pouvait entendre les oiseaux qui volaient dans de différentes directions, quelques corbeaux qui s'en allaient chercher les restes d'animaux écrasés par des chariots, les faisans qui s'éloignaient des villes et quelques pigeons qui eux, rejoignaient Bouhen.

La forêt et sa végétation dense la séparait de Keresztur et elle se trouvait à bonne distance du village où Hens fut capturé. Ce qu'elle ignorait, c'était ce qui se déroulait au même moment dans ce village.

Presque insouciante, elle se dirigea seule vers le cours d'eau non loin où elle pourrait trouver une truite ou un canard.

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


Dernière édition par Silmeria le Mar 13 Aoû 2013 23:56, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mar 13 Aoû 2013 14:48 
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La nature s'éveillait doucement, le parfum des fleurs picotait le nez de la femme, au même titre que la fraicheur nocturne titillait sa peau et ses sens. L'abandon du terrain depuis des années l'avait rendu sauvage, il était difficile de s'y retrouver et elle manqua de trébucher sur des ronces à de nombreuses reprises.

« Et bien bravo, le premier pisteur compétent qui passe par ici n'aura aucun mal à voir que tu t'es vautrée dans les orties. »
« J'ai rien de cassé, si ça peut te rassurer. »
« D'accord, mais si tu tiens pas debout, j'aime autant te dire que tu ferais mieux d'abandonner la chasse aux canards, mange plutôt des racines, profite d'être par terre. Tseuh. »

Mais quelques " coins coins " sauvages tirèrent les deux chasseuses de leur plaisanterie. Hrist n'avait rien de bien propice à la chasse, mis à part une lame et les branches et bâtons qu'offraient la nature.

Le bruit du cours d'eau se fit de plus en plus proche, et au travers des herbes hautes, elle vit sans tarder quelques volatiles le bec enfoncé dans le plumage, endormis pour la plupart, sauf quelques canards qui s'étaient jetés à l'eau faire un brin de nage.

--------


« Tu m'écoutes jamais. Quand je dis que le sol est glissant, c'est pas pour les merles, c'est pour que tu ne glisses pas comme une avinée et que tu tombes à la flotte. »
« J'ai quand même un canard. »
« Il est venu se suicider, pas d'autres solutions, avec ton plongeon tu as fait fuir la totalité des animaux à des kilomètres à la ronde, lui a juste bien voulu se faire tordre le cou. »

C'est glacée et trempée jusqu'aux os, pleine de boue jusque dans les plis de sa tenue que Hrist retournait vers la maison abandonnée, elle empruntait un chemin différent mais une présence la troublait, elle avait le sentiment de ne pas être seule, d'être observée.

Ses instincts la poussaient à ne pas s'arrêter, faire comme si de rien n'était mais elle gardait un oeil furtif sur ce qui l'entourait, la présence d'arbres et de broussailles rendaient facile la tâche de toute personne qui voudrait se dissimuler dans les fourrés. Hrist comprit rapidement que s'il y avait effectivement quelqu'un, ce n'était pas un garde mais il restait encore la possibilité d'un tueur, un violeur, un voleur ou pire...

Ce n'est qu'en arrivant qu'elle comprit. Edmund. Il avait traqué Hrist, probablement dans l'idée que c'était elle qui venait de vendre Hens, le garçon avait le sang chaud et il cherchait certainement à venger cette trahison avant de retrouver la totalité de son sang froid. Mais le souvenir du jeune homme cherchant à lui sauter dessus pour la tuer de ses mains seulement, la veille, rendrait toute tentative pour le calmer laborieuse.

Elle s'arrêta.

« Depuis combien de temps est-ce que tu me suis ? »

Pour seule réponse, des bruits de pas, démasqué, son traqueur se jeta vers elle, sans un cri mais Hrist était formée au combat tandis que le jeune garçon fonçait tête baissée, elle pu entendre durant quelques courtes secondes qu'il passait au craquement des brindilles, au bruit de feuilles et finalement au bruit de succion repoussant causé par la boue. D'un geste vif, elle fit volte-face et repoussa son agresseur d'un coup au visage. Il tomba à terre, sur le dos, prêt à se relever d'une traite.

C'était bien Edmund, il avait fait tomber son poignard dans sa chute.

« Tu... Tu m'as frappé avec un canard, sale carne ? »
« Si ça peut te remettre les idées en place... Tu es venu pour ? »
« Pourquoi je suis venu ? » Dit-il en se relevant laborieusement, massant son menton endolori et décrottant ses vêtements couverts de boue.
« Hens croyait en ton histoire, mais moi pas ! Maintenant qu'il est mort, j'ai toutes les raisons de croire que tu es responsable, tu nous as vendu ! Tu n'étais même pas à l'exécution ce matin ! Son corps était déchiré par le bourreau, et quand ils lui ont enfoncé le pal pour le lever, j'ai vu son visage ravagé par la douleur. La seconde voulait donner l'exemple, le pal n'était pas affûté, il était plat, ça a duré des minutes... Une éternité. »

Il se pencha brusquement, ramassant son arme, Hrist ne lui répondait pas. Elle restait droite, le canard mort pendait inutilement au bout de son bras. Edmund se redressa et lança de nouveau son attaque sur Hrist, elle esquiva, le jeune homme était empêtré dans la boue visqueuse qui remontait jusqu'à ses chevilles. Hrist semblait moins gênée que le jeune assassin, forte de son expérience, elle restait l'observer. Il était rouge de colère, la mâchoire serrée, les lèvres pincées, ses yeux criaient vengeance et on lisait une certaine rage sur son visage.

« Je ne suis pas persuadée que me tuer soit une solution. Tu ferais quoi après ? »

« Hens mérite vengeance ! »

Bien que manquant de technique, le garçon frappait avec force et vitesse. Ses assauts désordonnés forcèrent néanmoins Hrist à reculer pour se mettre à bonne distance, il était très difficile de sauter sur son adversaire à cause de la boue, mais battre en retraite et arriver dans les broussailles était tout aussi dangereux à cause des branches mortes et des ronces qui pouvaient faire chuter l'un ou l'autre, le laissant aux bonnes grâces de son adversaire.

Hrist lâcha sa prise de chasse, elle ne cherchait pas à raisonner le garçon, de toutes façons, elle estimait ne pas en avoir besoin pour ses projets. Un tempérament de feu, s'il n'est pas scellé dans un mental solide est un danger. Dans son état, Edmund s'en serait pris à n'importe qui, et la tueuse estimait qu'elle eut de la chance qu'il ne se soit pas attaqué aux gardes lors de l'exécution.

Elle lui bloqua le bras pendant qu'il cherchait à la poignarder et lui envoya son genoux dans l'estomac. Il s'affaissa et tâcha de reprendre son souffle. Elle, retirait lentement son arme, la Scélérate de son fourreau de daim, sans un seul bruit.

« Il est plus facile de toucher un organe vital en frappant de bas en haut, non de haut en bas. Je te laisse quelques chances de me toucher, cette leçon sera bien ta dernière, jeune maître. »

Il bondit férocement sur la tueuse, le visage crispé de colère, c'était tout juste s'il venait de reprendre son souffle. D'une main il accrocha les hanches de la tueuse, de l'autre il cherchait à lui enfoncer son arme dans le corps. Elle réagit tout aussi rapidement, saisissant le poignet du jeune garçon et esquiva du mieux qu'elle pu l'attaque portée par son arme. Edmund termina à terre une fois de plus, mais cette fois-ci, il avait senti une résistance sous sa lame.

La femme le toisait tandis qu'il était de nouveau couvert de boue. Elle portait sa main gauche sous les côtes et Edmund vit le long des doigts blancs de la femme du sang couler. L'armure de Hrist n'avait rien d'exceptionnellement solide. Le cuir mêlé de tissus était léger et fin, peu chaud et résistant mais souple, n'entravant aucun mouvement du fait qu'ils soient en petites plaques superposées pour épouser au mieux les courbes du corps de la femme.

Hrist était presque amusée, ça pouvait se lire sur son visage. Elle ne dit rien, Edmund se pinçait les lèvres, il avait frappé trop bas pour toucher le cœur. Quand bien même, le maigre filet de sang indiquait que la lame n'avait pas mordu assez profond et qu'il ne s'agissait que d'une blessure légère, peut être même trop superficielle pour la déranger au combat, mais il voyait un bon début. Dans un espoir inconcevable, le jeune assassin espérait en porter d'autres qui blesserait la femme avant de pouvoir lui asséner un coup fatal. Ou même s'il venait à perdre la vie, une infection pourrait avoir raison d'elle.

Toutes ces informations traversèrent rapidement son esprit, toutes les possibilités nouvelles que lui offrait l'adrénaline gonflèrent rapidement son mental et il relança un nouvel assaut mais cette fois-ci, infructueux et douloureux.

Hrist était plus rapide qu'il ne l'avait imaginé, il avait tenté de la frapper au visage mais le volte-face de la femme et l'élan qui avait poussé le garçon en avant firent qu'il la dépassa rapidement, et que la tueuse se retrouvait derrière lui. Hrist n'exprimait pas plus d'émotions que le canard mort, elle lui accrocha le col et, l'entraînant en arrière, fit glisser sa lame le long de l'oreille du garçon. Il a repoussa très rapidement.

Dans sa colère, il ne semblait pas sentir la douleur, l'oreille avait été fendue sur la largeur et le sang coulait le long de sa joue. Rendant au garçon un visage plus violent et mauvais.

La respiration du garçon était forte, la pluie recommençait à tomber et le chant des goutes sur la cime des arbres s'éleva dans les cieux gris.

N'ayant cure des conseils de la tueuse, il frappa de nouveau de haut en bas, mais elle lui attrapa le poignet de sa main non armée, étant prête à lui envoyer de nouveau un coup de genoux dans le ventre. Edmund avait eu un sursaut de bon sens et de sa main valide, empêcha le genoux de la femme de toucher au but, déstabilisant quelque peu la femme, mais de fil en aiguille, ils tombèrent tous deux sur le côté dans la boue criblée de pluie.

Hrist était sur le dos de tout son long, Edmund lui y voyait une opportunité incroyable et poignarda vers son visage, avec toute la force qu'il lui était possible. La Frémissante roula sur le côté mais la boue avait collé à son corps et rendu l'esquive plus lente et la lame s'enfonça profondément dans les mèches de cheveux collées. Elle piailla de douleur face à la sensation de pincement et, se retournant, lui envoya une poignée de boue en plein visage. Il cria.

« Encore un qui n'a pas appris à fermer les yeux... Ca pique la boue dans les yeux, tu crois ? »

Hrist s'était déjà relevée et le pincement aux côtes commençait à lui faire croire que l'adrénaline lui avait laissé croire qu'il ne s'agissait que d'une coupure légère, l'entaille devait être plus profonde que ce qu'elle pensait, elle retira la dague du jeune homme de la boue, quelques uns de ses cheveux se mêlaient encore à la lame maculée de terre.

Tout en se massant l'arrière du crâne, elle alla jusqu'à la lourde porte de bois de la maison, elle y enfonça la dague du garçon et s'en alla l'attendre à l'intérieur.

« A mon signal... »

Edmund convulsait dans un réflexe défensif, en bougeant il espérait que Hrist ne tente pas de lui porter un coup mortel, de peur de recevoir elle même un retour violent. Lorsqu'il pu de nouveau voir quelque chose, elle n'était pas dehors mais la porte ouverte et la dague plantée dedans, il comprit immédiatement qu'il fallait en finir, qu'une fois dans la maison, il n'y aurait plus d'issue.

Il passa rapidement la porte, de crainte qu'elle ne soit cachée derrière pour lui tendre un piège. Le toit défoncé laissait assez de lumière pour la localiser sans peine, debout au milieu de la pièce, face à lui.

Les longs cheveux noirs de la tueuse avaient été ramenés en arrière, encore collés par la boue, le sang luisait sur le ligne noir. Edmund se précipita vers elle, le sol n'était pas boueux et il profita de la vitesse que lui offrait ses jeunes cuisses.

« Maintenant. »

Edmund vit face à lui, tomber du plafond sur son visage, en pleine face, une énorme araignée, si grosse et si proche qu'il en voyait tous les détails, les crochets velus et les petits yeux noirs qui dépassaient d'un corps hideux et poilu, s'accrochant du mieux qu'il lui était possible, l'horrible bête avait l'espace d'un court instant, pris le dessus dans l'esprit du jeune homme. Tentant de la chasser sans pour autant s'arrêter, il eut une vive douleur soudaine dans le corps.

L'araignée fondit en cendre. Encore une fois, il s'agissait de magie, il s'était fait avoir au même titre que le serpent noir qui était apparu au bout de sa dague la veille.

Hrist était derrière lui, le menton d'Edmund entre les doigts de la femme qui lui relevait la tête, l'autre main maintenait fermement la Scélérate, plantée juste en dessous du foie du garçon.

« Je crois que nous en avons terminé... Ta blessure n'est pas mortelle, mais ce que je te réserve le sera... »

Edmund s'évanouit de nouveau, emporté par la douleur et les murmures de la femme qui avait eut le dessus.

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Dernière édition par Silmeria le Mar 13 Aoû 2013 23:58, édité 1 fois.

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