L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mar 13 Aoû 2013 18:26 
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L'eau était froide, Hrist laissait son corps nu flotter et descendre au fond de la rivière à mesure que l'air qu'elle respirait emplissait sa poitrine. Son armure était crevée et sa peau blanche arborait maintenant une coupure rouge sous le sein. Elle grimaçait en enfonçant l'aiguille à matelas et le fil tressé qui servirait à coudre sa plaie.

Cèles assise sur un jonc observait sa maîtresse, la tête enfoncée entre les mains, toutes deux gardaient le silence.

------


« Qui est cet homme ? »

Silmeria ne lui accorda qu'un regard distrait. Le garçon, jeune chasseur de la région avait fait sonner le haro pour déclarer avoir vu un mort. D'ordinaire, on ne présente pas chaque témoin funèbre à la Baronne, mais le garde avait estimé que l'information pourrait intéresser Silmeria.

« Un jeune chasseur, Baronne. Il a donné l'alerte en voyant un corps pendu dans la forêt. Un corps qui correspond à l'individu recherché. »

Immédiatement, l'intensité prit le dessus, Silmeria se tourna vers le jeune garçon, un gamin plus qu'un homme en réalité, avec un fichu sur la tête, une houppelande rapiécée et des chausses de cuir craquelés.

« Il dit vrai, Baronne. J'étais dans la forêt, les animaux étaient difficiles à débusquer alors je ramassais des glands et d'autres fruits tombés par terre, mais en levant les yeux, j'ai vu un corps pendu dans les branches, trop haut pour s'être tué tout seul, le bougre. »

Silmeria se caressa quelques instants le menton. Si l'assassin de Tulorim s'était fait tuer, par qui ? Et que fichait-il dans la forêt ? Et quelle drôle de façon de tuer quelqu'un si ce n'est pas pour qu'il se fasse voir. Qui voudrait ça ? Un avertissement ou un service rendu ? Est-ce que c'était bien la garçon en question, ou un autre ?

« Bien sûr, que le garde dit vrai... Que désires-tu, en échange de ce service rendu, mon garçon ? Si le pendu s'avère être celui que je recherche, tu seras récompensé, sinon, tu seras mis à mort pour m'avoir dérangée. »

Le garçon leva un regard ahuri vers la femme. Il commençait à triturer ses doigts et balbutiait qu'il ne demanderait que de quoi nourrir sa famille. Silmeria trancha, on releva le garçon et l'envoya attendre dans la Cour principale.

Silmeria entourée de sa garde montèrent à cheval, accompagnés du jeune homme qui ouvrait la voie. Arrivés dans la forêt, le garçon s'agitait, il espérait en priant que le pendu soit bien celui qui était recherché, même s'il ne jugeait pas noble de se voir octroyé des biens en raison de l'identité d'un mort, il trouvait ça profondément immoral mais pas autant que de se voir tué s'il ne s'agissait pas pour la Baronne d'une " bonne nouvelle ".

L'espace d'un instant, Silmeria pensait qu'ils étaient perdus, que le garçon ne retrouverait pas son chemin ou bien qu'il ai voulu se rendre intéressant et crier au haro. Cependant, il pointa du doigt un pan de chemin.
« Ici ! C'est là que je m'étais arrêté, on voit encore des traces de sangliers sur l'écorce des arbres, je me souviens de cet endroit, le corps est juste à côté de ces fourrés. Là ! Regardez ! »

Effectivement, il y avait un corps suspendu, il tournait le dos à l'assemblée, Silmeria pu distinguer ses cheveux, il semblait avoir la même taille. Les mains étaient noires à cause du sang qui s'y accumulait, les bras pendaient inutilement le long de ce corps sans vie. Privé de toute intimité, on lui avait retiré ses vêtements, son corps était couvert de saletés et de feuilles. Un soldat mit pied à terre et entama l'escalade de quelques branches pour mieux voir.

Il déclara qu'il était mort probablement avant d'être pendu, que la boue et les feuilles trahissaient qu'il avait été trainé dans la forêt avant d'être pendu. L'écorce abîmée sur une grosse branche supérieure laissait croire que la corde avait été tirée du bas de l'arbre, et que ça n'avait pas nécessité une force surhumaine pour le hisser et le maintenir fixé, quand bien même il ne fut pas imposant.

Le vent souffla, brusquement et le corps tourna vers Silmeria, comme pour saluer les cavaliers et la Baronne. Les yeux encore ouverts fixaient le vide. Silmeria vit quelque chose d'écrit dans la chair du garçon.

« Telrum Firin ? C'est de l'Elfique. Je ne sais pas à quelle race d'Elfe ce dialecte appartient. Vous connaissez la signification ? »
« Ca signifie : Mort Douce. Descendez-le, mettez le corps en terre et la tête en sac pour les chiens. » Brusquement, elle tira les rennes de Calpurnia et alla vers le jeune garçon qui triturait toujours maladroitement ses doigts. Il la regardait, le visage plein de peur.

« Je ne doute plus de toi mon garçon. Reste avec la garde, ils t'escorteront jusqu'à ta maison, demain tu recevras dix lapins et quelques légumes pour ta peine. En attendant, offre aux tiens un repas chaud. » dit-elle en lui jetant une petite bourse. Et elle disparu au grand galop, suivie de près par la garde.

Le soldat qui venait de grimper tira sa dague et coupa la cordelette de cuir qui crissait contre les branches, lorsque le corps chu, d'autres le rattrapèrent quelques mètres plus bas pour l'étendre sur le sol. L'un d'eux ferma les yeux mais la rigidité cadavérique l'empêchait de réussir convenablement à les clore. Le message était taillé au couteau, une entaille avait déformé son oreille et également une, plus profonde, sous les côtes, avait été cautérisée avec un objet chauffé, à en croire les cloques de la peau.

La trace sombre sous son cou indiquait qu'il avait été pendu vivant ou presque, contrairement à ce que pensait le soldat, le calvaire du jeune homme avait été plus long que ce qu'on pouvait croire.

« Ironique non... Se voir gratifié de " mort douce " après avoir enduré un tel calvaire. Je l'envie pas. »

------



L'eau tapotait sur les cuisses de Hrist, le sang avait été nettoyé et son corps boueux n'était plus qu'un souvenir.

« On a fait un grand pas en avant... »
« Arriver au bout ne sera pas chose facile, surtout depuis que nous sommes seules. C'est quoi le prochain plan ? »

Hrist se laissa couler doucement, son corps glissait sur la vase et les graviers et elle se laissa porter par l'eau claire.

« Ma Maîtresse est une étoile de mer... J'aurais tout vu. »

Hrist releva la tête en ricanant, les moqueries de Cèles lui avaient toujours plu, mais sa comparaison avait quelque chose qui se rapprochait du plan de Hrist.

« Je vais faire évoluer un peu les choses, Silmeria est entourée de Katalina, Lydia et de Von Klaash. Sans eux, elle a moins d'influence donc moins de pouvoirs. Je vais nous débarrasser de Von Klaash. »

« Von Klaash ? Si j'avais des poumons je me serais étouffée, comment tu comptes faire ? Tu pourrais ne pas t'en sortir avec une simple coupure, Von Klaash est malade, dangereux, endurci par des années en mer, d'une tolérance à la douleur incroyable et comme si ça ne suffisait pas, il est entouré de matelots tous aussi dangereux... Tout ça au milieu de la Laide-les-Maines... Quel beau navire quand j'y repense. »

« Je sais bien tout ça, mais il doit y avoir une solution. C'est vrai que s'en prendre à lui sur son... Sur MON navire serait du suicide. »

« D'autant plus qu'en mer, ils doivent pas en voir beaucoup des femmes. Je plaindrais presque les morues des ports lorsqu'ils mouillent à Bouhen. »

Hrist ne dit rien, elle fouilla dans les linges derrière elle, les habits d'Edmund renfermaient peut être quelques informations données par Hens. Elle vida les poches mais il n'y avait rien, de la ficelle, des chutes de cuir tanné et une petite bourse. Aucune arme.

« Y'a quoi d'dans ? »

Hrist délassa la petite cordelette de cuir qui fermait la bourse, puis, en regardant son contenu, lança un petit sourire à sa Faera.

« Quelques pièces et trois petites fioles de verre. Aucune inscription dessus. Je ne pense pas être capable de deviner au nez de quoi il s'agit. Tu veux goûter peut être ? »

« Non. Et puis ce garçon n'avait pas toute sa tête. Qui sait ce qu'il s'amusait à transporter ? »

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Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 17 Aoû 2013 14:42 
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« Allons-y. Il y a quelques villages sur le chemin de Bouhen, on pourra s'y approvisionner en route. »

Hrist laissa derrière elle la carcasse de son canard, les restes d'un feu de bois et d'une paillasse de mousse arrachée aux bords du cours d'eau. La journée était déjà bien entamée mais elle s'était bien reposée et avait parfaitement récupéré de ses mésaventures passées. Le temps était clair, pas de nuage annonciateur de pluie battante qui viendrait la tremper jusqu'aux os sur la route. Elle emboîta donc rapidement le pas sur les petites routes de campagne.

Toujours alerte, elle prêta attention aux bruits qui l'entourait mais ce fut bien ce qui lui fit comprendre que quelque chose ne tournait pas rond. On entendit des cloches. Sonner, encore et toujours. Il ne s'agissait nullement de cérémonie religieuse, ni d'appel au Haro, mais le fait qu'elles sonnent constamment piqua en elle une curiosité étrange. Se trouvant encore au milieu d'une végétation dense pour la saison, elle avança plus vite encore jusqu'à surplomber un petit pan de terrain qui donnait sur un village entouré de moulins.

Une fumée s'élevait dans le ciel.

« Hm. Un incendie. Il s'agit juste d'un incendie, une maison a dû prendre feu à cause d'une cheminée encrassée. Ca arrive souvent. »

« Je crois que tu as parlé trop vite... Regarde les moulins. »

Les toitures dodues du village étaient toutes amassées à un endroit, cependant, les paysans qui y vivaient avait des moulins situés à la sortie du village, sur les versants les plus élevés. Le village en contrebas était dans une cuvette où la fumée stagnait.

Ce qui alarma Hrist plus que la fumée, c'était les moulins. Il n'y avait personne autour. Certains étaient à l'arrêt, silencieux et les lourdes meules de pierre ne grondaient pas, d'autres étaient laissés à leur sort, battant solitaires, la meule grondait et faisait trembler le sol sans jamais produire de farine.

« Regarde, dans le fossé. »

Sur le versant de la route Hrist venait de voir la carcasse d'un animal. Elle s'approcha de lui, retournant la charogne du bout de sa botte.

« Un cabot... Je ne sais pas de quoi il est mort. Probablement une malad... »

L'animal était un chien de berger. De là où elle venait d'arriver, la Frémissante n'avait pas pu profiter d'un panorama total, ne donnant que sur les moulins et le village, Hrist était passée devant un troupeau de moutons décimés. Les bêtes paraissaient sales, abandonnées, perdues. La grande majorité des moutons étaient morts, recouverts de mouches dans un pâturage. Les autres, maigris et pitoyables trainaient douloureusement leur corps moisi d'un endroit à l'autre, certains avaient même des pattes invalides et, d'un effort incroyable rampaient à l'aide de deux ou trois pattes.

Les mouches étaient omniprésentes, on entendait un bourdonnement incessant et la tueuse pouvait voir ces insectes répugnants attaquer même les moutons encore vivant, collés à leur museau, les yeux et la croupe encrassées de bêtes.

« Nouvelle du jour, bonjour, si tu voulais acheter du mouton pour ton repas, je pense que tu ferais mieux d'essayer la volaille... »

« Je vais voir dans ces chaumières en dehors de la ville ce qui s'y passe. Il doit bien y avoir quelqu'un pour me répondre. »

Hrist descendit vers les premières habitations, non loin des moulins, longeant l'enclos aux moutons. Alors qu'elle passait à côté d'eux, pas un bêlement ne se fit entendre, toutes les bêtes encore vivantes étaient à l'agonie.

Les maisons elles, semblaient moins délaissées, sur la boue devant les pas de porte se trouvait encore quelques empruntes de pas et de roues. La porte de la première maison elle, était entrouverte.

Hrist entra, toquer à la porte n'avait rien donné, même lorsqu'elle demanda d'une voix claire si quelqu'un se trouvait à l'intérieur.

L'odeur était forte, tiède et acre, elle releva sa cape pour s'en cacher le visage, d'une main elle maintenait fermement le tissus sur le nez pour empêcher l'odeur de l'agresser. Les yeux commençaient à piquer, la pièce baignait dans le noir, le foyer était éteint. La maison n'était pas bien grande, seul le foyer central empêchait de voir la source de cette abomination. Une femme. Ou plutôt une momie, desséchée, ridée et son corps était dans une position tellement tordue qu'on aurait pu prédire qu'elle avait succombé à d'atroces souffrances. Mais pire encore. Les yeux et la bouche de la femme étaient recouverts d'une croute noire. Du sang.

Hrist eut un violent haut le coeur et sortit à toute vitesse.

Après avoir fait quelques pas dehors, un vertige vint la prendre, elle vomit devant la maisonnée.

« La peste... Bon sang c'est la peste. »

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Les yeux rougis par son vomissement, Hrist observait adossée à un muret la scène. Ce n'était pas un incendie, ni une attaque. Non, c'était bien pire. La fumée était du souffre que les hommes faisaient brûler dans les rues. Les vapeurs jaunes suffocantes s'élevaient au grès des vent mais toutes les rues baignaient dans un nuage jaunâtre. Les hommes défilaient, des sacs sur la tête, portant des corps enveloppés dans du lin pour les entasser sur des brouettes et des chariots. Quelques autres portaient des sceaux remplis de goudron et marquaient des inscriptions sur les portes des maisons contaminées par la pestilence.

Aucun ne prêtèrent attention à Hrist qui regardait, consternée, la pile de cadavres grossir.

« De ce village bientôt, il ne restera rien. Partons, on a encore de la route à faire et avec un peu de chance, on trouvera un village ou un chasseur sur la route. »

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 14 Oct 2013 14:32 
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[:attention:] [:attention:] Sale et sanglant [:attention:] [:attention:]



La journée avait été assez calme. Les rumeurs quant aux assassins s'estompaient dans les esprits et la Baronne elle même semblait reprendre quelques couleurs et un soupçon de joie de vivre. Les citoyens avaient cessé d'être harcelés par les soldats et les patrouilles avaient vu leur nombre réduire considérablement. Bref, c'était presque la postérité à Keresztur.

Mais si l'on dit que le malheur des uns fait le bonheur des autres, c'est qu'il y a une raison. Souvent fâcheuse pour ceux qui en subissent les conséquences, comme ces trois elfes noirs qui sortirent d'un poulailler, couverts de fiente et de plumes dans un vacarme de bois cassé et de caquètements étonnés, sous le regard de Lydia qui était à la tête d'un groupe de gardes pour se rendre à un poste avancé.

En moins de temps qu'il fallait pour arrêter trois elfes noirs visiblement surpris et mal à l'aise, le trio malchanceux termina sa course au château. Et sa vie, par la même occasion.

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« Celui-ci fait au moins le poids d'un poney... Qu'est-ce qu'ils.. C'est de la fiente ? »

« Justement... Tout le problème est là. Ils viennent d'un poulailler. Les trois. Ils sont sortis quand nous passions la route, les arrêter n'a pas été un problème ils étaient trop occupés à... »

« Des voleurs de poules en définitive. »

« Pas exactement. Comme je vous le disais, ils étaient trop occupés à remonter leurs... Chausses. »

« ... »

Silmeria observait Lydia en essayant de comprendre. Sa vie de meurtre et de barbarie lui avait ôté dans le même mouvement l'occasion de satisfaire quelques uns de ses besoins primaires et Lydia adressa un petit signe de tête vers les trois elfes noirs qui, semblait-il, se sentaient un peu merdeux.

« Le propriétaire de la ferme affirme que la plupart de ses poules sont mortes. Et pas de la scarlatine. »

Indignée, Silmeria se tourna vers le trio mal-barré et croisa les bras, jetant des son regard deux tonnes de mépris. Une par oeil.
« Mais vous agissez comme des bêtes vous ! Faites les enfermer. D'ailleurs je suis d'humeur guillerette. J'ai envie de m'instruire un peu quand à l'anatomie. »


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Les deux elfes restant, bâillonnés et entravés observaient en pleurant et tremblant Silmeria, confortablement assise sur un morceau de graisse pondérale. Elle se lavait les mains dans une petite écuelle et méditait quant à ce qu'elle venait de faire.

« C'est quand même amusant tout ça. Votre compère disait que la raison pour laquelle il était si gros, était son ossature lourde. Pourtant, maintenant qu'il est dépecé, on dirait que son squelette est tout à fait normal. »


A côté de la Baronne, pendait un corps en lambeaux, elle avait retiré la peau, gratté les tendons et arraché d'un seul morceau toute la partie grasse de son ventre jusqu'à sa poitrine, les doigts avaient été grattés jusqu'à l'os, les muscles déplacés, elle s'était débarrassé de tout organe et centre nerveux en jetant négligemment les restes sanglants par dessus son épaule. Il y avait plus de l'Elfe noir par terre que ce qui restait sur le squelette maigrichon qui pendouillait à ses fers. Silmeria avait fait un meurtre tellement sale qu'un médecin légiste aurait employé le terme " tartiné ".

Bien sûr, la Baronne d'ordinaire si coquette s'était défait de ses toilettes luxueuse, une simple tunique de jute et pieds nus, elle s'occupait des autres victimes avec une patience d'araignée. Armée d'une seule et unique lame en acier, elle réussit à infliger aux deux survivants les termes : oblitérés, découpés, râpés, tranchés, lardés, sectionnés, entaillés, ciselés, hachés, écorchés, cassés...

Lorsqu'elle en avait terminé, à savoir le lendemain, elle s'était frotté les yeux, la peau encore encroûtée de sang, fatiguée, la tueuse partait se coucher et déclara seulement qu'il fallait découper ce qui restait pour les faire sécher et nourrir les poules avec.

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De son côté, Hrist qui venait d'échapper à la peste trouva enfin un village de pêcheur, une auberge et bu un lait de moules. Une fois dans sa chambre elle passa la nuit à apprendre à ses dépends que l'animal le plus dangereux pour l'homme était le coquillage pas frais au lieu du dragon noir en colère.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mer 20 Nov 2013 03:11 
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« HEY LA MARIE ? Où c'est qu'elle est encore passée, hey Björn ? T'as pas vu la grosse ? Non ? Alors pousse toi. MARIE ? »

De son côté, une tenancière d'auberge qui puait le poisson beuglait de la cuisine. Son époux, tenancier de l'auberge également, se frayait un chemin entre les poivrots endormis pour trouver sa femme.

« Ha ! Enfin, te voilà Tidiou. Va donc voir la dame étrange qu'est venue hier. J'aime pas trop sa tête, mon p'tit doigt me dit qu'elle a quelque chose à cacher. Et bouge-y ton cul de jument ! Pas qu'ça à glander. »

La tenancière trop habituée aux jurons et remarques déplacées grimpa les marches grinçantes sous son poids. Elle avait pas oublié la femme en question non plus. Faut dire que dans une taverne de pêcheur, une femme aux longs cheveux noirs, propres, souple et discrète dans ses manières, sa façon d'avancer... Ca puait.

Elle ouvrit la porte de la chambre après avoir frappé quatre fois.

Là aussi ça puait.

Hrist était pâle comme un cul d'Elfe blanc, les lèvres et le contour des yeux noirs, un peu de vomis était étalé sur sa paillasse.
--- --- ---

« Crois-en ma vieille expérience... L'a cannée, la bourgeasse. Prends-y sa bourse quel'qu' part. Faudrait-y voir à la dégager sans faire de vague. J'aime pas bien que la garde vienne mettre son blair par ici. »

De fait, ce qu'on croyait être le cadavre de Hrist termina raide et froid dans une toile. Les tenanciers avaient pour coutume d'expédier les cadavres restants après une rixe ou morts dans leurs glaires. Ce qui était le cas de cette dernière, mais ça, c'est ce que la vieille expérience du tenancier pensait.

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« Sa vieille expérience se trompe. Elle peut même pas tomber dans une sorte de malaise profond sans affoler la population... »

C'est à l'arrière d'un chariot qu'elle voyageait vers on ne savait où. Aux rennes, un homme, probablement braconnier, derrière lui, avec Hrist, son fils. Son fils n'avait visiblement jamais été en contact avec une femme, ce qui précipita quelque peu la suite de cette mésaventure.

Hrist était dans un coton effroyable. Des visions kaléidoscopiques de cauchemars lui trottaient dans la tête, l'intoxication aux coquillages lui avait engourdi les méninges mais pas les sens, elle continuait à ressentir ce qui lui arrivait mais comme beaucoup de personnes plongées dans un profond sommeil, elle assimilait ça à son rêve dément.

Le gamin posait les mains sur les cuisses de la femme, juste au dessus de ses bottes, palpait sa chair. Remonta jusqu'au cou, il caressa doucement le visage de la femme, toujours un rien pâlotte.

Puis, visiblement choqué, il fit un petit bond en arrière.

« Père... Ca ronfle pas les morts ? »

Aucune réponse.

Le gamin se rapprocha, persuadé d'avoir entendu un petit gargarisme, un ronflement, bref, quelque chose qui ne viendrait pas des roues du transport, du bois qui grince, pas même un pet de cheval, ni de son père. Non, non. Il était sûr, ça venait de la femme.

Le garçon s'approcha encore, son souffle heurta les lèvres de la femme. Les aléas du terrain firent qu'une roue passa sur un nid de poule, faisant trembler le chariot, rapprochant davantage le garçon et fit cogner la tête de Hrist sur une planche en bois.

« HA ! Enfin debout. N'ouvre pas les yeux tout de suite... Mais ne te rendors pas non plus. Tu es dans de beaux draps. Ha, tu es aussi sur le point de découvrir l'amour, haha. Non vraiment, tu veux pas que j'invoque un vilain serpent ? Une pluie de citrouilles ? Une tornade de rats pesteux ? Non, pas la peste, j'ai oublié que tu n'aimais pas ça... »

Hrist ressenti alors une gigantesque gueule de bois. Une nausée extraordinaire et surtout, une sensation étrange qui lui courait la poitrine. Une sensation étrange qui avait la forme d'une main.

Elle se dressa d'un bond, augmentant son malaise. Elle ne fut pas agressée par la lumière du jour comme la nuit était déjà tombée, mais le gamin en fasse d'elle venait d'avoir la peur de sa vie.

« MORTE VIVANTE !!!! »

Son père se retourna brusquement, l'air aussi paniqué que les chevaux qui se cabraient à la suite des hurlements du fils.

« Prends-y l'arc, crénomduneputeenbois ! C'doit pas vivre ces saloperies ! »

Les hurlements intempestifs eurent l'effet d'un étau, d'un marteau et son enclume, voire même de toute la forge, pour la tête de Hrist. Quoique face à deux bouseux, la tueuse avait toujours quelques ressources, lorsque les chevaux paniqués avaient fait trembler tout ce qui tenait à peu près debout sur le chariot, Hrist vit quelques flèches rouler et en envoya une directement dans l'oeil du gamin aux mains baladeuses.

Puis, elle s'enfuit aussi rapidement qu'elle en était capable, traînant une nausée, un engourdissement général et une forte fièvre. C'est à dire qu'elle n'alla pas très loin.

Et qu'elle reçut une flèche dans le dos avant d'entendre les deux paysans paniqués s'enfuir au loin en invoquant toutes les Divinités qu'aucun esprit malin ne viendrait chatouiller leurs orteils la nuit.

Hrist resta à même le sol pendant la nuit. Même pendant une partie de la matinée pour les matheux. Tête contre sol, la poussière avait asséché le peu de salive qu'il lui restait au fond du gosier et dans un bref moment de lucidité, elle venait de réaliser à quel point elle était mal barrée.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mer 27 Nov 2013 04:54 
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Lorsque Hrist ouvrit les yeux, la première chose qu'elle aperçut fut cette étrange créature. Ca devait être l'aube, le froid et l'humidité ambiante trahissait que le soleil, même timide n'avait pas évaporé les rosées de ses rayons. Hrist était dépassée par la fièvre mais elle crut voir une créature recouverte d'écorce et de branches qui l'observait avec ce qui semblait être de petits yeux incrédules. Dictée par ses instincts, elle tira son arme que la créature n'avait pas jugé bon de lui retirer. Elle agita sa lame en de larges mouvements face à la chose qui reculait lentement dans un grincement de bois et de bruit de feuilles.

« Que me...»

Son arme bien que forgée dans un métal classique lui semblait bien plus lourde. Son bras tomba doucement à mesure que ses forces lui faisaient défaut. Sa main était poisseuse et couverte de sang, ce même sang qui coulait de son bras et s'échappait de sa blessure. Elle avait beau être adossée à un tronc, dans un mouvement désespéré de fuite, elle tomba face contre terre et chavira dans un délire de fièvre et de cauchemars.

Jusqu'à son réveil, il n'eut rien hormis de petits fragments de lucidité qui ne vinrent à son esprit. Des brèves images et quelques sons, la nature, les hurlements d'animaux mais toujours ces bruissements et ces branches qui craquaient ou se frottaient entre elles.

Lorsque la tueuse pu enfin ouvrir les yeux, ils n'étaient pas encore tout à fait capable de voir ce qui se dressait devant elle, en silence. Ce ne fut qu'au bout de quelques minutes qu'enfin, elle distingua la créature. Non pas vêtue de branche et d'écorces, comme quelques illuminés qui vénèrent les arbres et se revêtissent de leurs écorce, cette chose qui l'observait était un arbre. Un arbre vivant, un tronc, des nœuds, de petits yeux et le tout confiné dans un bordel de feuilles et de petites branches.

La femme n'était pas dupe, ne connaissant pas cette race, elle chercha de nouveau à s'enquérir de son arme. Rien à sa ceinture, ce n'était qu'après une courte observation de l'arbre qu'elle pu remarquer que la dague pendait à l'une de ces branches.

(« Elle a sans doute retiré mes armes après que j'ai tenté de l'attaquer... De toutes façons, je doute qu'elles me soient plus efficace qu'une bonne torche vu cet être. »)

Sortant peu à peu d'un empâtement fiévreux, la femme réalisa que son bras ne saignait plus, qu'il avait été nettoyé et par dessus le marché, qu'il ne lui faisait plus souffrir. La flèche cassée qui avait été extraite de sa chair pendait également au milieu des branchages de la chose. Elle lui avait confectionné un pansement à base de large feuilles épaisses et odorantes.

« Crrrrenez le temps de recouvrer vos forces, petite chose. » La voix de la créature venait de captiver l'attention de Hrist qui détourna immédiatement les yeux de ses soins pour les fixer dans ceux de l'arbre.

« Vous êtes... Un arbre vivant ? »

« Crrr. Tous les arbres sont vivants. »

Sa voix s'assurait, elle se posait et avait presque un caractère qu'on qualifierait " d'humain " ce qui lança quelques frissons à Hrist.

« Et d'ordinaire, ils ne sauvent pas de frêles demoiselles en détresse... » Dit elle d'une voix plus forte en tâchant de se relever sans réveiller de douleurs. Elle devait être adossée sur ce tronc depuis bien longtemps, son dos sembla se réveiller et quelques fourmillement traversaient sa peau.

« Crrr. C'est une bien bonne fortune pour vous alors. Ici vous êtes entourée de ce que vous nommez les arbres, mais ils ne vous viendront pas en aide. Ce ne sont que des cousins éloignés à qui Yuimen n'a pas donné le droit de pouvoir se mouvoir comme nous le faisons. Nous, les Oudios. »

« Voilà un nom que je n'entendais que dans les légendes... Pardonnez mon offense. D'ordinaire, lorsqu'une créature me traine dans les bois, c'est rarement pour me mettre à l'abri de quelques menaces et encore moins pour me soigner. »

« Bertrambaum. C'est ainsi que mes frères me nomment. Frêne épineux dans la langue commune de ces terres. »

Hrist leva un sourcil amusé et lança d'une voix douce :
« Vous semblez drôlement cultivé. »

« Crr. Nous autres jouissons d'une longévité qui offre par expérience de nombreux savoirs. Pour ma part, je m'intéresse particulièrement aux humains. Les rois, les mariages, les religions. Savez-vous que vous et moi partageons sans doute la même religion ? »

« Croyez-moi, Bretran.. Bret. Hm. Croyez-moi, j'en doute. Vous veniez de mentionner Yuimen. Je ne vénère aucun Dieu. »

Bertrambaum se redressa, du moins, autant qu'il était possible à un tronc de bois de se dresser. Il déplia ses branches, ou plutôt, déroula de petites branches qui semblaient faire office de doigts, bien qu'il n'en possède bien plus que tout bipède, à la connaissance de Hrist.

« Vous m'êtes fascinante petite chose. Mais comme les Dieux ont été les premiers à inculquer quelques valeurs aux vivants, auxquelles croyez-vous ? Certainement pas à la courtoisie car vous ne vous êtes toujours pas présentée. »

Hrist resta observait les "doigts" noueux se poser lentement sur sa main. Bertrambaum avait un bras très long et doté de plusieurs petites branches qui elles semblaient inanimées. Elle tenta de cacher sa gêne par un sourire amusé.

« Pardonnez-moi je vous prie. C'est la première fois que je vois votre espèce, j'étais trop... Fascinée que j'en oublie mes manières. Hrist Rozindulat. Je vis sur ces terres. Ces mêmes terres qui m'auraient vu mourir sans votre bonté. »

Elle tenta de se relever, maladroitement et en prenant appui sur tout ce qui était possible, encore engourdie et ankylosée par ses mésaventures, elle fit au mieux pour se tenir le plus droit possible face à Bertrambaum.

« Ce en quoi je crois, c'est la mort. Toute chose vivante connait une fin. Vous m'avez arrachée aux griffes de la mienne. J'ai donc une dette de sang envers vous. »

L'Arbre se redressa, mesurant toutes ses branches, il dépassait Hrist de plusieurs centimètres et il la toisait de toute sa hauteur, l'air perdu.

« Dette de sang ? Crrr. »

Hrist lui jeta un sourire. Elle s'approcha un peu, son sourire prenait des traits plus sournois.
« Laissez moi vous instruire quant à la dette que je vous dois.»

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mer 27 Nov 2013 17:13 
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Bertrambaum observait la ligne d'horizon. Dressé sur un roc surplombant Bouhen, Keresztur et les autres terres, il ne bougeait pas. Hrist derrière lui se frottait les mains pour se réchauffer, le ciel était tombé de plusieurs crans et l'ambiance dans les bois était lourde et humide. Les soins proférés par l'Oudios étaient efficaces mais ils ne l'avaient pas privée de sa fatigue, contrecoup de la fièvre qui aurait dut être mortelle.

La tueuse lui avait expliqué en quoi consistait la dette de sang. Elle lui avait offert ses services pour supprimer quelqu'un pour lui avoir sauvé la vie, suite à quoi, Bertrambaum s'était isolé dans un pieu silence. Hrist mâchonnait une racine caoutchouteuse et crachotait de petits bouts d'écorce par terre. Faute de mieux à se mettre sous la dent, son passé lui avait au moins enseigné à trouver quelque chose de comestible en milieu sauvage.

Elle se releva, plus facilement cette fois, ses jambes n'étaient plus engourdie, il ne restait qu'une fatigue tenace dont elle ne viendrait à bout qu'après une bonne nuit dans un lit sec après un repas chaud.

« Avez-vous pris une décision ? »

Il se tourna vers la femme et lui dit :
« Tous les arbres sont mes cousins. Certains plus éloignés mais le peuple des Hommes a tendance à être trop gourmand. Il veut toujours plus que ce qu'on lui offre. La vénalité fait autant de ravage dans le coeur des hommes que les hommes n'en font sur les forêts. »

« Vous avez probablement raison. Mais je ne vais pas tuer tous les bûcherons de la région. Je n'offre qu'une seule mort. »

« Vous êtes bien singulière, petite chose. De nombreux bois ont été rasés pour la production des bateaux de Bouhen. Notre peuple est pacifique, nous n'entrons pas en guerre et ne créons pas de conflit. Je ne connais pas le nom de la personne qui est derrière la déforestation, mais prenez le en échange de la vie qui vous est offerte. Je ne veux cependant pas savoir quand ce sera fait. Vos logiques me sont étrangères, je souhaite ne pas prendre part à tout ceci. »

« Alors qu'est ce qui vous fait croire que je tiendrai parole ? »

« Vous l'avez dit vous même. C'est la seule chose en laquelle vous croyez. »

Hrist souriait. Chose qui était rare, elle savait qu'elle devait beaucoup à cette créature. Chaque dette serait effacée mais elle ne pourrait pas oublier cette aide venue d'ailleurs. Aussi silencieuse que son compagnon, elle observait l'horizon à son tour.

Le soleil calfeutré derrière son épais manteau de nuages grisonnants, l'ombre céleste pesait lourdement sur le monde qui lui paraissait plus bas. Mais ce n'était pas le paysage qui attirait le plus son attention, il y avait à quelques lieux en dessous de son nid d'observation, une colonne qui marchait. Des soldats et des cavaliers. Trop nombreux pour être les hommes de la Baronne, ils n'en portaient pas non plus les bannières. C'était des hommes du roi de Kendra Kâr.

(« J'ignorais qu'il y avait des orques dans la région. Il y a là assez d'hommes pour tenir un siège. »)

Hrist eut un bref sourire avant de comprendre que les hommes se dirigeaient en fait vers le château de Keresztur. Assurément, elle n'avait pas prévu ça. Silmeria non plus.

--- --- ---

Au château Lydia venait de passer les portes de la grande salle en trombe. Silmeria se tourna brusquement vers sa générale, Katalina surprise également par cette interruption fit de même.

« Des soldats royaux. Partout. Dans les villages, ils ont débarqués ce matin à Bouhen et on avancé à pas cadencé jusqu'à nous. »

« Et les espions ? Pourquoi en sommes-nous informées que lorsqu'ils sont à nos portes ?! Baronne !? »

« Jamais été informée de quoique ce soit au sujet du roi. Combien sont ils ? »

« Tout le problème est là... Des centaines. Probablement même quelques milliers. »

« Je vois que la précision est de mise... »

Un silence plongea la pièce. Toutes s'étaient préparées à cette éventualité mais espéraient secrètement qu'en temps de guerre, le roi n'aurait envoyé qu'un avertissement. Au lieu de ça, les hommes du roi se pressaient à sa porte, armés et venaient la chasser, si ce n'était pas pire.

« Combien d'hommes sont encore au château ? »

« Les vingt hommes de la garde rapprochée, deux cent soldats armés et équipés, quatre-vingt-dix cavaliers. A cela vous rajoutez les soldats de Malina ce qui nous fait cent hommes confirmés et formés sous mes ordres. »

« Fidèles ? »

« Jusqu'à présent ils l'ont été. Face aux soldats royaux, je ne peux rien assurer. »

Toutes restèrent à nouveau silencieuse. Silmeria savait que Keresztur était imprenable de deux côtés en raison de sa situation géographique, les rocs escarpés et abîmés rendrait toutes tentative dangereuse pour les assaillants en raison des ronces et des crevasses, et la nature irrégulière du terrain rendait les manœuvres de cavaliers impossibles et ralentissait trop les hommes qui seraient alors en proie aux archers.

Elles lâchèrent l'une après l'autre des soupirs d'éolienne. Acculées, au pied du mur, il ne restait plus qu'à se rendre ou inscrire l'histoire d'un énième château assiégé parce qu'il aura refusé de se rendre.

« Envoyez un émissaire. Et ramenez le leur. Je veux m'adresser à eux. »
« Pas de surprise... Vous allez demander un émissaire et leur renvoyer sa tête ? Culotté.»

« Je voudrais être la première à lancer les hostilités, naturel. Après tout ce sont nos invités. »

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mer 27 Nov 2013 17:54 
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Un cor sonna bientôt aux portes du château. Un homme se tenait là, avec une petite escorte de trois hommes. Il ne semblait pas armé, et ne portait aucune protection armurée, contrairement aux trois colosses qui l’accompagnaient, tout caparaçonnés d’acier.

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Une fois trois longues sonneries effectuées, l’homme se mit à beugler.

« Moi, Ergos Latrille, Diplomate au service de sa Majesté Solennel VI, Roi de Kendra Kâr, souhaite avoir une entrevue avec la Baronne Silmeria de Keresztur, dirigeante de ce château. »

Et il attendit…

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mer 27 Nov 2013 18:24 
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Avant même que Lydia n'eut passé la porte, un son de cor résonna dans l'air. Silmeria n'eut même pas le temps de se préparer, elle avait déjà à sa porte les négociateurs... Drôle de nom, la Baronne savait parfaitement qu'ils n'étaient pas là pour négocier mais pour limiter palier à tout débordement. C'était elle qu'on venait chercher, ainsi que tous les hommes qui l'avaient suivie.

La tueuse soupira. Derrière elle, les deux servantes tremblaient. Katalina restait grave et Lydia s'était plantée comme une lance à l'entrée. Les quatre gardes armés de la pièce eux, restaient immobiles.

« Sortez, à l'exception de ma petite Ursula. Apportez-moi des verres, du vin. Ce sera peut être mon dernier verre si c'est un assassin travesti en beau-parleur. »

Un garde en armure passa la porte tandis que les femmes sortaient.

« Baronne ! Le cor du roi. Quatre hommes se tiennent devant la grand' porte. Devons nous ouvrir ? Quelques archers sont sur les remparts, prêt à les chasser. »

Silmeria entendit de nouveau le cor vibrer dans l'air. Elle s'arrangeait un peu, cette visite inattendue n'avait rien de mondain mais elle préférait avoir l'air convenable, c'est toujours plus difficile de tuer quelqu'un qui semble humain, chose apprise par son expérience malheureuse à Omyre.

Ursula brossait les mèches et essayait, à l'aide d'une tige de buis, de bouffer quelques-unes de ces mèches. La servante avait la mine basse, rongée par l'inquiétude.

«Maintenant, sortez ma petite. Soldat, ouvrez les portes. Mettez un sac de toile noire sur la tête de chacun d'eux. Je refuse qu'ils voient l'intérieur de ces murs. »

On disposa le vin sur une petite table, non loin de l'âtre qui crépitait doucement. Le vent de l'hiver à venir léchait déjà les carreaux épais des rares fenêtres de la pièce. A mesure que le soleil déclinait, les bougies remplaçaient sa lumière divine par une tiédeur tamisée.

Silmeria ne portait pas d'armure. Une simple robe rouge avec quelques motifs en cuir qui avaient plus pour but d'être décoratifs que protecteurs. Elle ajusta une mèche rebelle et inspecta ses cheveux. Elle ignorait encore quoi faire, même si sa volonté lui ordonnait d'arracher la tête de ces hommes et de les renvoyer de là d'où ils venaient sur une lance, une belle brochette en guise de bienvenue, ses sens s'alarmaient. Elle se doutait bien que le roi n'avait pas envoyé ses meilleurs soldats ici, trop occupés avec le front. Mais quelque chose lui chatouillait l'esprit. Le danger que l'on pressent mais que l'on ne voit pas est celui qui trouble le plus.

Il y avait deux chaises à la table près de laquelle elle se tenait. Elle fit un signe de tête aux gardes de la porte.

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Dernière édition par Silmeria le Jeu 10 Avr 2014 18:19, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 2 Déc 2013 20:12 
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Par la fenêtre, Silmeria put voir les hommes du roi parler avec les gardes et les soldats qu’elle avait envoyés à leur rencontre. Mais ils restèrent près de l’entrée, alors que ceux-ci revenaient voir la Baronne. L’un d’eux, revenant dans la salle où la sindel se trouvait, prit la parole.

« Madame, ils refusent qu’on leur mette les sacs sur la tête, et disent qu’ils resteront dehors jusqu’à être reçus par vous-même, en personne. »

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 2 Déc 2013 23:14 
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Dans la salle principale du château, la Baronne faisait les cent pas. Allant de la table à la fenêtre, de la fenêtre à la table. Elle ne cachait pas son impatience à rencontrer ceux qui se présentaient à ses portes.

« Comment a-t-il dit s'appeler, déjà ? »

« Ergos Latrille, il me semble, Baronne. »

« Fantastique. Voyons ce que ce Latrille aura à proposer. »

Elle retourna à la fenêtre. Le ciel s'assombrissait de plus en plus et voilà que quelques gouttes venaient marteler les toits et faire fumer les torches et les feux. Un bref moment d'absence, et voilà que le soldat plus tôt envoyé à la rencontre des soldats du roi revint.

Il revint mais bredouille. Sans aucun intendant à sa suite. L'homme expliqua brièvement la raison. Silmeria l'écoutait avec le calme étal d'une casserole de lait portée à quatre-vingt-dix-neuf degrés.

« Non mais je crois rêver. C'est à moi de me déplacer ? C'est outrageant. »

« Les archers sont toujours en position, Madame. »

« Vous savez. C'est insultant. J'ai fait préparer le vin. Refuser est un affront et je n'aime pas tellement les affronts. »

(« De toutes façons, je ne suis pas sotte, ils viennent ici pour disperser mes soldats, rendre les paysans et les richesses au Roi et me désosser dans le même mouvement. Autant leur donner une raison. Enfin, une raison de plus. »)

Elle retourna à la table dressée et bu une gorgée de ce vin. Bien qu'elle n'appréciait pas particulièrement ce breuvage, il était coutume d'en proposer aux visiteurs. Même hostiles et insultants, ces quatre hommes restaient des visiteurs. Elle gratta un peu le bord de la coupe avec ses ongles, les yeux plongés dans le liquide rouge.

« Faites venir le marchand de Kendra Kâr qui moisit dans les geôles. »

« Madame. » Le soldat inclina la tête, il avait souri à la demande de sa Baronne, comme s'il avait déjà compris ce qui allait se passer.

Silmeria elle, retourna à la fenêtre. Elle semblait irritée, elle répétait que c'était incompréhensible, qu'on ne commençait pas des négociations par une insulte. Comment cet intendant pouvait prétendre donner des ordres à la Baronne. Silmeria se doutait bien que fort d'être l'intendant du Roi, il avait derrière lui une armée qui prenait camp non loin du château, prête à la prendre d'assaut sous peu. Ou bien peut être qu'ils allaient laisser les habitants du château s'affamer lors d'un blocus et attendre que les gardes ne soient poussés aux limites de l'allégeance et n'égorge Silmeria dans son sommeil. La tueuse n'écartait aucune hypothèse. Tout était possible car au jeu de la guerre, il n'y avait pas d'interdit.

Elle réfléchit davantage.

Après tout, il s'agissait tout de même du Roi, il ne pouvait pas cracher au visage de la morale et de l'humanité, chose que Silmeria n'hésiterait pas à faire. - Du moins, c'est ce qu'elle pensait -

Le marchand fut traîné, encore entravé de fers, jusqu'aux bottes de la femme. Silmeria demanda une large coupole d'eau et un des sacs qui était destiné aux visiteurs.

« Soldat, vous irez expliquer à ce Latrille ou je ne sais qui, qu'on ne demande pas à une Baronne de se déplacer. Qu'ici personne ne me donne d'ordre. Que les négociations se feront en cette pièce autour du vin que j'ai préparé pour lui. Et faites venir Von Klash ! Sur le champ ! »

Le marchand avait la mine bouffie de ceux qu'on arrachait aux lieux sombres, de petits yeux plissés par l'agressivité de la faible lumière de la pièce, les joues sales ratatinées autour de petites lèvres gercées et noircies. Il protégeait son visage de ses doigts gras qui s'agitaient presque par spasme alors que, furieuse, la Baronne s'approchait de l'homme, armée d'un couteau de table.

Bien qu'il fut à genoux, entravé de lourds fers, elle l'envoya à terre d'un violent coup de botte droit à l'estomac et lorsqu'il fut totalement sur le dos, elle s'installa à califourchon sur la poitrine de l'homme et commença à lui entailler le visage. Elle semblait prendre son temps à l'ouvrage et les hurlements apeurés de l'homme laissèrent vite place à des cris de douleur.

Ce ne fut qu'au bout de quelques minutes de travail douteux qu'elle se releva, les mains pleines de sang qu'elle fit immédiatement tremper dans la coupole d'eau qu'elle venait de demander. Elle jeta le couteau dans un coin de la pièce.

« Relevez le. »

Les gardes relevèrent le marchand, son visage était ensanglanté mais il ne manquait rien, Silmeria ne lui avait pas arraché le nez ou la langue, elle avait écrit quelque chose sur le visage de l'homme. Le sang de ses doigts se diffusait dans l'eau cristalline. Elle avait l'air plutôt satisfaite et on entendit alors un bruit de porte claquée à la volée et un pas lourd et maladroit, comme un gigantesque corbeau aviné.

« PAR LES BURNES D'UNE SIRÈNE ! ON S'AMUSE SANS MOI ICI ? HAHAHAHA. HO, HEY. DU VIN EN PLUS. ON FÊTE QUELQUE CHOSE ? LE DEPUCELAGE DE KATALINA ? »

« Von Klaash, les hommes du Roi sont à nos portes. Ils ont l'intention de prendre nos biens et les rendre au Roi. Quand je dis " Nos biens " je parle aussi de la Laide. Notre navire. »

Von Klaash s'arrêta sur le champ. Il ouvrit de grands yeux et sembla totalement désemparé face à la nouvelle. Mais chez ce genre d'homme, l'hésitation face aux sentiments laisse souvent place à la colère et il serra le manche de son sabre et pointa de l'autre main l'homme enchaîné.

« LUI... C'est un homme d'Roi ? »

Silmeria garda le silence un court instant, juste pour savourer les prochains mots qu'elle s'apprêtait à dire.
« Oui. Décapitez cet homme. Mettez sa tête en sac et envoyez le à Latrille. Comme ça, il y aura un affront dans chaque camp et nous serons quittes. »

Elle ne s'était même pas retournée pour observer, on entendit le chuintement de la lame de Von Klaash, la respiration saccadée du marchand et un bruit de chairs sectionnées.

« C'marrant ces inscriptions. Trop de sang, du mal à lire. Er. Eg. Ergo quelque chose. »

« Il est écrit : Ergos Latrille. Un cadeau de bienvenue. »

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 9 Déc 2013 13:29 
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Le paquet morbide fut apporté au messager, qui l’ouvrit et en détourna aussitôt le regard. Son escorte et lui firent alors demi-tour sans demander leur reste, et disparurent de la vue directe du château de Silmeria. Cependant, une apparition se fit bientôt, juste devant la baronne, en la personne d’Ergos Latrille. Ou du moins son image, qui, brouillée de quelques interférences, adressait la parole d’un ton éploré à la maitresse – temporaire – des lieux.

« Dame Silmeria, Vassale du comte de Bouhen, lui-même sous le pouvoir du Roi de Kendra Kâr Solennel VI, vous êtes accusée d’homicides volontaires, de trahison envers la couronne, d’abus de pouvoir, d’usurpation de terres, de manque de respect au clergé de Yuimen, de cruauté, provocations et d’autres crimes par trop innombrables. Moi, Ergos Latrille, suis venu vous rendre visite pour vous sommer de quitter cette résidence pour vous rendre aux troupes royales présente pour votre arrestation. Vous êtes présentement déchue de votre rang, et n’avez plus aucun pouvoir sur le domaine de Keresztur, des villages alentours et des troupes de Kendra Kâr autrefois sous vos ordres. Faites amende honorable, et vous aurez droit à un jugement public en la Cité de Kendra Kâr. Refusez, et vous mourrez ici, entre ces murs. Voilà les termes de notre accord. Ils ne sont pas négociables, bien sûr. »

L’image resta encore quelques instants, immobile. Sans doute pour entendre la réponse de l’intéressée…

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 16 Déc 2013 01:03 
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Silmeria restait à la fenêtre. Elle observait sous le noir grandissant le quatuor s'éloigner. Elle plissait les yeux pour observer leur marche sous la pluie et les perdit enfin, enveloppés dans un noir trop insondable.

« Tant pis... » souffla-t-elle enfin avant de se tourner vers la salle où se tenait Von Klaash à proximité du cadavre qui continuait lentement à se vider de son sang.

Bien qu'elle semblât calme, Silmeria s'agitait intérieurement. Elle craignait un traître ou une rébellion dans la garde. Mais quelque chose la rassurait, c'est qu'en décampant, l'intendant n'avait pas encore vu le visage de la Baronne, elle commençait à envisager l'idée d'arracher la langue d'une servante et de l'habiller comme elle avant de la faire porter par la garde jusqu'au camp tenu par les officiers du roi. S'il était question de camp, bien que le château soit relativement bien fortifié contre des fantassins, elle ignorait encore totalement de quoi était constituée l'armée royale qui se tenait à ses portes.

Une apparition pour le moins inattendu figea au beau milieu de la salle. Von Klaash recula d'un pas, portant la main au sabre avant de remarquer qu'il s'agissait que d'un reflet magique lancé par un homme. Sans même l'avoir correctement distingué de sa fenêtre, Silmeria reconnu tout de suite l'intendant royal qui lança un court monologue qui confirmait ses craintes.

Si elle n'était plus considérée comme Baronne, il fallait faire un geste pour se soulager de toute personne pouvant mettre en péril sa vie. A quoi servirait de se protéger temporairement des soldats à l'extérieur si elle n'était pas à même de se garder d'un éventuel coup de couteau dans le dos.

Elle observa un instant l'image apparue. Au départ, elle pensait qu'il ne s'agissait que d'un message, toutefois l'homme semblait attendre un retour de réponse, peut être que sa magie agissait comme le faisaient ses bracelets de l'Ombre, sauf que lui pouvait être vu et entendu.

« Vous êtes venu me rendre visite ? Je connais un marchand qui aurait encore la tête sur les épaules si ça avait été le cas. Vous connaissez donc mes activités... Je dirais, moralement discutables. Et après ? Me rendre pour être traînée à un gibet et y moisir ? Non merci. Vous vous en doutiez. Toutefois, acceptez tout de même ce geste. Je vais vous envoyer mes servantes et les valets, ne gardant que le strict minimum. Et maintenant que je ne suis plus Baronne, comme vous le souligniez non sans un certain plaisir, je l'imagine, mon Capitaine ici présent va passer le message que tous les soldats sont libres de quitter les lieux, emportant avec eux le solde qu'il leur revient. »

Par ce geste, Silmeria savait qu'elle se retrouverait avec moins de soldats, hormis les plus fidèles, elle se savait plus en danger ici entourée de trop de monde qu'à l'extérieur, au milieu du camp adverse désarmée. Maintenant, elle s'approcha de l'homme que la magie déportait jusque dans son domaine et lui dit, plus bas cette fois :

« Parmi toutes ces enfants se trouve ma servante personnelle, Ursula. A aucun moment elle ou une autre de mes servantes n'a été mêlée à un des crimes commis ici. J'en suis la seule responsable, un homme qui revendique tant d'honneur saura, j'en présume, mettre ces jeunes oies à l'abri et leur assurer sécurité. Maintenant, il n'est plus question de discuter les arrangements. Je tiendrai tête avec ce que les Dieux Noirs voudront bien me laisser. Marchez maintenant. »

Puis elle tourna le dos à l'apparition et se dirigea vers la porte qui menait au couloir de ses appartements.

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Dernière édition par Silmeria le Jeu 10 Avr 2014 18:32, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Jeu 19 Déc 2013 19:11 
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L’apparition attendit la réponse, et répondit à son tour, une fois celle-ci passée.

« Nous les réceptionnerons sans leur faire de mal, vous avez ma parole. Et les soldats fidèles au Royaume pourront eux aussi quitter cet endroit de mort sans crainte de représailles. Ils étaient, après tout, sous vos ordres personnels. Je vous propose une nouvelle fois de vous rendre sans faire couler le sang des vôtres et des nôtres. Un geste noble qui saura, j’en suis sûr, trouver grâce auprès de sa majesté le Roi. Vous échapperiez alors à la potence. »

Et sans même attendre de réponse, il disparut en un « POUF » à l’origine inconnue, laissant le silence tomber dans la salle. Le capitaine des soldats de l’ex-baronne s’approcha :

« Bien, madame. Que doit-on faire ? »

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 28 Déc 2013 21:48 
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Les dernières paroles conclurent l'inévitable. « Potence ».

Silmeria observait l'illusion se dissoudre dans le vide, un grand rien laissé derrière ces mots si ce n'était que le poids des conséquences de toutes ses actions qui lui sautait aujourd'hui à la gorge.

Cette morsure froide avait un nom, Kendra Kâr, précisément son Roi. Il avait envoyé finalement ses hommes faire le sale travail. Avec les conflits actuels, Silmeria avait pensé à tort pouvoir gagner un peu de temps, mais il était désormais trop tard. Le capitaine de la garde vint demander quels étaient les ordres. Elle recula doucement, prendre une de ces coupes d'argent pleine de vin à côté de la cheminée. Le métal chauffé par le foyer lui mordit doucement les doigts, elle réalisa qu'elle avait froid. Le vent soufflait dans la cheminée et faisait tourbillonner dans l'âtre quelques étincelles.

Elle buvait de petites lampées tout en fixant le capitaine.

« Comme dit. Rejoignez votre femme et vos enfants, si vous en avez. Et quant bien même. Passez le message. Aucun homme ici n'est plus obligé de se battre pour moi. Les hommes auront jusqu'à demain matin, après quoi, je crains qu'ils soient piégés. Faites moi un rapport concernant les volontaires avant de partir, si vous estimez qu'il est juste que vous partiez. »

Le silence semblait assez pesant dans la pièce. Ses sens en alerte, Silmeria ne savait pas quand et comment le danger allait venir, et surtout de la main de qui. Si les soldats entraient par centaine dans l'enceinte du château, tous seraient vite débordés. En fonction de l'armée à disposition du Roi, il pouvait raser le domaine en une bonne matinée. Il fallait trouver quelque chose. Quelque chose d'audacieux.

« Von Klaash. Vous êtes maintenant à ma garde personnelle. Félicitations. »

Elle observa la fenêtre. Peut être une dernière fois, pourrait-elle voir les horizons de Keresztur avec un peu de dignité. Une seule certitude, elle ne serait pas traînée devant un gibet.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 6 Jan 2014 16:39 
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Bataille de Keresztur.


L’ordre était donné, et le capitaine partit faire circuler le dernier ordre officiel de sa maîtresse en tant que servante de Kendra Kâr. Un ordre qui l’honorait, sans doute, puisqu’elle faisait là ce qu’elle n’avait jamais fait du temps de sa gouvernance : épargner des vies. Il ne resta bien vite plus que Silmeria, Von Klaash, Lydia et Katalina (HJ : ce sont les 3 PNJ dont tu peux encore entièrement gérer et jouer les réactions).

Les minutes passèrent, par dizaines, alors que la nuit tombait petit à petit sur le château. Perchée près de sa fenêtre, elle avait vu de nombreux hommes quitter le château, libéré de ce serment qui les liait à elle. Son règne de tyrannie n’avait sans doute pas beaucoup plu à ces hommes qui profitaient de l’occasion pour fuir vers leur salut, sous la protection de Kendra Kâr. Autant qui pouvaient désormais potentiellement gonfler les rangs de ceux qui se dressaient contre Keresztur. Et ils ne seraient pas les moins déterminés.

Lorsqu’enfin la nuit fut tombée, le capitaine, respectant ses ordres, revint faire son rapport.

« Madame. Il n’y a plus assez d’hommes pour tenir le château. Une cinquantaine de soldats, voilà tout ce qui vous reste. Mais de ceux-là, tous vous suivront où que vous alliez. Désormais, ils sont tout comme vous traîtres à Kendra Kâr. Ils sont vôtres… et c’est à vos ordres qu’ils répondront. »

Il sembla hésiter à poursuivre, mais prit son courage à deux mains.

« Je ne suis pas de ceux-là, madame. Je vous reste fidèle, malgré tout, mais pas pour que vous vous laissiez aller dans une bataille perdue d’avance. Je vous en conjure, remettez-vous à eux, ou tentez de fuir. Je vous accompagnerai… Mais je ne suis pas prêt à mourir ici. »

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