Cromax a écrit:
La réaction du médecin à mes mots est presque un aveu. Il devient pâle, et se confond en essais vains d’explications foireuses qui ne trouvent pas l’aboutissement que le traître avait espéré en les prononçant. Mais alors que je m’apprête à lui répondre, ne le lâchant absolument pas pour le moment, resserrant même encore ma pression sur les deux côtés de sa nuque, Seldell pète un câble et hurle à Lillith d’arrêter, avant de se jeter violemment dessus pour le frapper. Heureusement, Lothindil les sépare rapidement, plus prompte que moi pour intervenir, plus disponible aussi dans ses mouvements… Il faut dire, elle ne tient pas un traître au bout de son bras, elle-même si l’instant d’après, elle ligote Cheylas au sol, arrangeant le problème de l’éventuelle fuite de l’elfe grise.
Je rage intérieurement contre ce maudit rouquin qui a frappé mon amant, dont le visage est marqué des stigmates du coup qu’il a reçu, et dont le sang coule maintenant le long de la lèvre. Très vite, la rage monte en moi, et la situation dégénère du côté de Seldell. Enragé et ne me préoccupant plus de ce côté, je désire finir l’histoire du médecin avant de voir le reste. Je l’empoigne, plantant mon regard dans le sien.
« Tu vas avouer avec précision ta traîtrise, Arevoès, et tu vas le faire parce que ta vie sera en danger si tu refuses. J’espère m’être bien fait comprendre… »
Puis, je le lâche, m’en désintéressant comme d’un vulgaire insecte. Je veux aller maintenant m’occuper du cas de Seldell, et me retourne vivement vers eux, quand soudain Bogast me retient. Je me retourne vers lui en me débarrassant de son étreinte, le gratifiant d’un regard sombre et plein de haine. Ah bon, lui aussi défend les traîtres ?
Mais au bout d’un instant, alors que la petite Keynthara, restée discrète jusque là, intervient en sautant sur le rouquin rebelle, lui donnant un ultimatum sentimental existentiel auquel il répond comme un enfoiré, le chef de troupe me laisse aller à ma colère, et je déchaine celle-ci avant que quiconque ait pu m’en empêcher à nouveau.
J’arrive près de Seldell qui ne me voit débouler vers lui d’un air rageur qu’au dernier moment, juste avant que mon poing droit vienne s’écraser impitoyablement sur sa joue gauche, avec toute ma force, tous mes assentiments du moment. Alors qu’il reçoit le choc de plein fouet, je le laisse encaisser en lui parlant d’une voix agressive et froide, sèche, mais raisonnée.
« Chien ! Tu frappes un innocent pour défendre une traitresse, tu défends la vie de Cheylas, cette parjure à notre cause, celle qui aurait amené la ruine sur le monde, les ténèbres et la mort partout, en menaçant d’en prendre d’autres, qui n’ont pour seul but que l’accomplissement de cette mission juste et pacifique ! Tu oses parler d’égoïsme, toi, le plus égoïste d’entre nous, prêt à sacrifier des vies pour préserver ce qu’il connait et ce qu’il aime, même si c’est à tort ! Tu ne vaux pas mieux qu’un traître, car tu es un lâche, un poltron, et un faible ! »
Je le laisse alors digérer mes paroles, prêt à riposter sévèrement s’il n’a pas compris la leçon…