Lothindil a écrit:
Je me mets en route, faisant attention à d'éventuelles toiles qui pourraient me faire chuter. Dans mon cou, je sens le souffle saccadé de Cheylas.
(Tant qu'elle souffle, c'est qu'elle vit, à défaut d'autres choses.)
(Certes, j'espère que tes soins suffiront.)
(Moi aussi, il faudra que je recommence le sort ce soir, en espérant que nous ne croisions ni moustiques, ni araignées géantes.)
J'avance tant bien que mal à travers la forêt. Le sol, loin d'être égal et plat, est caillouteux et traître quand on porte une charge tel que la mienne. Sachant où je veux aller, et bien décidée à sauver la vie de l'assassine, j'avance droit vers où je veux, menant le groupe ainsi d'un pas leste bien que moins agile qu'habituellement.
(Lothindil, il faut faire attention!)
(Pourquoi donc?)
(Le sanctuaire est juste à coté d'ici.)
(Je sais, il me sert de repère, je risque d'avoir besoin de toi pour la suite.)
(Tout de suite serait le mieux, évitons le lac, ça serait mieux pour tout le monde...)
Je laisse alors Lirelan me guider à travers bois. Elle nous mène tous ainsi, même si je dois mettre tout mon esprit dans cette communication. Mon visage fermé n'invite pas les gens à me parler. Dans ma tête résonne un appel, mais je lui ferme mon esprit. Je sais que c'est le sanctuaire, mais je sais aussi qu'il m'est fermé. Seul celui du désert du Naora m'est ouvert, je le sais désormais.
(Il me faudra donc retourner sur Naora, pour y voir le sanctuaire.)
(Tu n'auras pas que le sanctuaire à voir là-bas.)
(Ah? tu penses qu'il y a d'autre choses à faire là-bas?)
(Voir ta famille par exemple.)
(Pouah... Ce qui reste de ma famille ne m'intéresse pas!)
(Ca tu n'en sais rien.)
(J'irais à Tahelta puis au sanctuaire, ça sera déjà bien!)
(Ne te crois pas capable de prédire ton futur.)
(Parce que tu sais mieux que moi peut-être?)
(Tu veux savoir?)
(Oui... dis-moi ce qui m'arrivera!)
(Ca je ne peux le faire...)
(C'est parce que tu es certaine de te tromper n'est-ce pas?)
(Non. Je n'ai pas le droit.)
Dans mon coeur, l'appel du sanctuaire diminue, nous nous en écartons. J'éclate de rire quand je réalise que nous approchons de la clairière aux gorilles. Ils sont partis d'ailleurs, sans doute plus loin dans la forêt.
Tel un retour dans le passé, nous retraversons la forêt, remplie de ronces blessantes que j'écarte avec de douces paroles. Tel Nuilë parlant aux arbres près de l'ermitage, je parle à voix hautes aux plantes qui s'écartent pour laisser passer la compagnie. A coté de moi, Elo pousse de grand cri, peut-être d'étonnement, peut-être d'inquiétude.
Nous finissons par arriver à la clairière où nous avions été attaqués par les garzoks, il y a déjà plusieurs jours de cela.
Je préfère la contourner malgré l'heure, n'ayant guère envie de manger parmi les mouches. Lirelan nous guide vers une autre clairière où nous pouvons nous arrêter, du moins le temps d'une pause. Rapidement, je dépose Cheylas qui, malgré son poids plume d'elfe, commence à peser sur mes épaules après plusieurs heures de marche.
"Nous avons été attaqué près d'ici, il y a plus de 10 jours, par un groupe d'orc assez nombreux. Je vais voir s'il n'y a pas quelque chose à récupérer de potable sur place. Si vous vous sentez le coeur à m'accompagner, venez!"
Déchirant un bout de ma tunique, je m'en fais un masque pour le nez, m'attendant à une odeur épouventable.
Je m'avance jusque là, faisant une route à travers bois. Comme je m'y attendais, la clairière est dans un état infect. Des restes de cadavres orques jonchent le sol, dégageant une odeur à remuer les intestins de n'importe qui. Cependant, je me penche pour chercher n'importe quoi d'intéressant: armes, bourses de yus, armures, tentes,...
Je récupère des restes de tissus sur les tentes, toujours utiles d'avoir du tissus dans le sac, même si ceux-là vont mériter un fameux lavage avant d'être utiliser, mais c'est en fouillant les orques que je trouve des choses intéressantes:
un petit pot d'onguent (Faudra que je vois ça avec Arévoès), Un parchemin encore scellé (Ne l'ouvre surtout pas... C'est de la magie sombre!) et une outre de vin (Toujours utiles, pour saoûler les gens.).
Lassée de chercher parmi les morts, je retourne dans le clairière, auprès des autres. Je prends le temps, après m'être lavée les doigts avec des herbes, à manger un peu de ce qui traîne dans mon sac.
"Vu nos réserves, il va être temps d'arriver au bateau!"
Elo me regarde manger ma viande, avec une forme de dégoût et me tends une grosse poignée d'herbe que j'accepte avec plaisir, lui retendant une autre poignée qu'il s'empresse de manger. Je fais de même, tranquillement, jusqu'à présent les herbes que me donne le petit sont conmestibles pour nous aussi. Enfin, je finis par réattacher Cheylas, non sans lui avoir donné à manger, elle semble être encore faible, mais consciente.
"Pardonne-moi si c'est pas confortable, mais j'ai fait ce que j'ai pu..."
C'est étrange, j'ai pitié d'elle et de sa faiblesse, et une envie de la protéger.
(Elle n'est pas ta soeur Lothi!)
(Non, mais elle je peux la sauver...)
Cheylas toujours sur mon dos, je reprends la route, jusqu'à l'orée de la forêt. Nous avons marché toute la journée et derrière moi se couche le soleil.