Un sensation de flottement et une perte de vision, comme je l'ai déjà plusieurs fois ressenti. Que ce soit sur l'île volante ou bien dans le bagne, j'ai déjà eu ce genre de sensation, pourtant, je suis persuadé que c'est bel et bien la première fois que j'emprunte un fluide spatial. Je suis déçu par cette impression de "déjà-vu". Mais quand ma vue revient à la normal et que mes pieds touchent enfin quelque chose, la déception s'estompe. Le décor qui s'offre à moi est tout sauf banal. Une pièce immense au sol fait d'un marbre d'un couleur de fort mauvais gout, vide de tout mobilier, éclairée par de nombreuse chandelles. Pourquoi construire une aussi grande pièce si elle ne sert à rien. Etaient-ils vraiment obligés faire une pièce aussi grande pour un simple fluide ? Bon d'accord ces fluides ont une certaines importance, mais à Oranan ils sont parqué dans un sous-sol miteux!

M'enfin je n'ai pas le temps de m'occuper de la décoration, je suis là pour des choses bien plus importantes. C'est alors que mon regard se pose sur une femme relativement séduisante qui se tenait devant nous. Son allure et sa prestance, et sans doute son mutisme lui donnait une aura étrange, occultant toute autre présence dans cette pièce. Peu m'importe les nombreux autres guerriers qui se trouvent tout autour de nous, j'ai du mal à détacher mon regard de la guerrière.

Quelques secondes passent et pourtant, la demoiselle ne daigne toujours pas ouvrir la bouche. Je me décide donc à entamer la conversation.

"Euh, vous comptez rester silencieuse et immobile comme ça ou vous allez vous décidez à me dire où on est et ce qu'on est censé faire ? Pas que ça me gêne, mais je doute qu'on soit là pour vous admirer."

Et pourtant, bien que je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de m'intéresser à la gent féminine, je pourrais sans aucun doute rester des heures à la regarder...Et mon cœur se serre...Pourquoi?!

Mon premier voyage interplanétaire se passe sans encombre. En revanche, mon premier atterrissage manque de me faire chute comme un ivrogne après un concours de boisson. En effet, le premier de mes pas trébuche et si l'archer sans arc n'était pas là je me serais viandé comme jamais, me ridiculisant auprès de toutes les personnes présentes dans la pièce. Je me redresse l'air de rien, adressant des signes de mains aux samouraïs disposés autour de nous avant d'enfin me rendre compte de la richesse de l'endroit.

Une pièce faite de marbre, parcourue par des colonnes. Pas de fenêtre, les seules sources de lumières sont produites par des chandelles sur les murs. C'est en cherchant la sortie que mes yeux tombent sur une magnifique Ynorienne aux traits fins et à la peau de porcelaine et aux cheveux noirs.

Je donne un léger de coup de coude à celui qui s'adresse à elle de façon si impoli en lui jetant un regard qui signifie clairement « Mais qu'est-ce que t'es en train de foutre ? » en lui chuchotant.

"Ce n'est pas comme ça qu'on parle aux femmes bordel, laisse-moi faire !"

J'incline la tête dans sa direction avant d'adresser mon plus beau sourire à la guerrière.

"Excusez-le il est un peu brutal. C'est pour ça que le capitaine m'a demandé de le surveiller." Je marque une pause m'avançant de quelques pas et tend la main. "Je suis Xël, enchanté ! Vous savez où est-ce qu'on doit se rendre ?"

La tentative d'intimidation d'Armelle fut un échec... Celle-ci semblait tout à fait calme comme ci, elle avait déjà vu de tel choses. Le conseillait était d'accord pour fournir de l'équipement à la seule condition que cela reste raisonnable. Elle allait quand même pouvoir profiter de cette offre. Elle laissa l'humaine entamer un long monologue écoutant d'une oreille les conseils en matière de guerre. C'est en l'écoutant parler du fluide en direction de la planète d'Oaxaca que Marla réalisa une des solutions les plus évidentes.

Mais pourquoi gardez-vous ce fluide ouvert? Il vous suffit de le fermer et plus rien ne viendra de ce monde... Si vous souhaitez reconquérir une planète entière, je vous souhaite bon courage...

Elle réfléchit une seconde quant à la nature de ce monde, plus de magie, une divinité supplémentaire qui était probablement une ancienne. Des ressources à extraire...Marla voulait exploiter ce monde...

Les pierres précieuses...Vous ne m'avez pas fait par de leurs particularités, votre homologue de la milice dans l'autre monde disait que celles-ci étaient spéciales. Des recherches magiques dessus mais de quel genre?

Marla se moquait du coté militaire de sa mission, elle préférait se concentrer sur la récolte d'information par le biais des cultures, bibliothèques, légendes et autres. Elle voulait savoir ce qu'elle pourrait emmener avec elle comme denrée rare... Une nouvelle espèce d'araignée? Des poisons? Des richesses? Tout cela commençait à lui monter à la tête et une simple pensée vis-à-vis de ses dons perdus la firent redescendre. Elle ferrait cela en temps et en heure.

Lorsque le conseiller annonça qu'il ne pouvait pas déléguer une mission diplomatique, elle eut envie de sourire, mais elle n'en fit rien. Elle se contenta de finir son thé en écoutant le conseiller.

(Je me demande pourquoi ils ne veulent pas, le conseiller lui-même pourrait le faire. Ils préfèrent laisser la parole de leur peuple à de parfaits inconnus. Bon après tout peu importe, il faudra choisir un chef parmi les aventuriers sinon on avancera jamais. On ne va pas faire une réunion à chaque fois que l'on veut faire quelque chose. Cela va être une guerre où la rapidité de notre groupe sera une grande force par rapport à une armée. )

Armelle avait accepté le fait que les troupes d'Oaxaca débarqueraient, et que les aventuriers ne seraient pas prêts à faire quelque chose rapidement. Elle n'en dit rien du tout calculant comment ils pourraient se débrouiller. Le conseiller ne voulait pas plus se mouiller, il fallait réagir autrement.
Au fur et à mesure de la discussion, le conseiller devenait de plus en plus agacé à la situation. Il voulait sûrement en finir. Elle ne posa pas d'autre question jugeant tout cela inutile, on devait se débrouiller entre aventuriers. Tout dépendra donc de la façon dont les aventuriers vont évoluer ensemble.

"Je vous remercie pour votre précieux temps conseiller. Je crois qu'il va falloir attendre les autres aventuriers, à moins que vous vouliez faire les testes avant ? "

"A gauche, en bas et à droite ! C'est noté ! Merci bien !"

J'adresse un dernier sourire au samouraï avant de replonger mes mains dans les poches et de me diriger d'un pas nonchalant vers la sortie, au pas de la porte je me tourne vers le baroudeur qui m'accompagne et pointe du pouce la direction à prendre.

"Alors l'ami, tu t'amènes, je ne vais pas attendre toute la journée !"

Je me marre en m'adossant à l'encadrement de la porte, attendant qu'il passe devant, après tout, ma tâche est de le surveiller. Je m'adresse encore une fois au samouraï qui semble imperturbable.

"Est-ce que vous auriez une salle d'eau dans le coin ? J'ai fait un long voyage et je commence vraiment à sentir mauvais..."

Je hausse les épaules en laissant une grimace gênée apparaître sur mon visage.

Sans même que son visage ne change d'expression, la séduisante Ynorienne nous écoute. Et comme si elle n'avait strictement rien entendu de nos dires, elle nous explique ou nous rendre. Je reste quelques secondes à la fixer quand elle retourne à sa place, jusqu'à que je me fasse interpeler par le clodo. Il me lance le même genre de petite pique que moi auparavant, sans oublier de rire. Etrangement, et même si initialement je ne désirai pas sa présence, je commence à l'apprécier. Cette joute verbale me rappelle celles que j'ai avec Ezak, mais le clodo est plus...calme? Oui c'est le mot. Alors que je m'avance vers lui, je me décide à lui tendre la main.

" On risque de passer un certain temps ensemble visiblement. Il vaudrait peut-être mieux que l'on se présente non ? Je suis Karz."

C'est vrai, je ne peux pas continuer à l'appeler le clochard, ou le pouilleux indéfiniment.

C'est avec un air ravi que je sers la paluche du dénommé Karz.

"Xël ! C'est pas pour me déplaire mec, j'avais peur de te voir faire la tronche toute la journée."

Après un rire franc je réponds au samouraï qui, je crois, a mal pris ma question.

"Ouais, je comprends ! Pardon ! Je vous laisse euh... surveiller... ce truc ! A plus !"

Aussitôt dit, aussitôt fait, je m'avance dans le couloir, siffle d'admiration en apercevant la vue depuis la fenêtre et me permet une petite boutade en remarquant que les murs sont toujours faits de marbre.

"Ils ont les moyens les Ynoriens, s'ils n'ont pas de salle de bains correct c'est qu'ils ont tout claqué dans des salles vides en marbres."

Je ris pour ponctuer ma phrase avant de descendre les marches de l'escalier indiqué. Je sifflote, prenant mon temps pour descendre jusqu'au rez-de-chaussée, les mains dans les poches jusqu'à arriver en bas et prendre à droite.

"Ca doit être ici."

Je hausse les épaules et sort de ma poche ma main droite pour toquer à la porte en criant.

"Petit déjeuner !"

Armelle hocha la tête lentement en poussant légèrement sur sa tasse. Elle se leva lentement en hochant la tête.

"Fort bien, cela sera fait conseiller. Je vous suis."

Elle se dit qu'elle ne devrait pas parler au nom de la shaakt. Elle tourna alors son visage vers elle pour avoir sa réaction. Fin prête à suivre le conseiller, elle commença à marcher à sa suite.

Tout comme le capitaine de la milice nous l’avait conseillé, nous avions formé une chaîne, unis main dans la main. Ma Bella et moi à une extrémité et ma douce Rosie et son ours à l’autre, les deux nouvelles rencontres entre nous deux. Après nous avoir répondu qu’il devait demeurer en fonction à la milice d’ Oranan pour le recrutement, Atsukiko déposa une boule de lumière sur mon épaule.
Nous franchîmes ainsi les portes, sans incident, sans douleur aucune pour pénétrer dans une grande pièce où les seuls mobiliers s’avéraient à être des candélabres d’acier.

La boule de lumière, ayant accompli son rôle, s’estompa. Avant toute chose et avec toute la délicatesse dont je sais faire preuve, je lâchai la main toute chaude et moite de ma jeune compagne et lui murmura tout aussi doucement :
« Ce fut un plaisir pour moi ! »

Cela dit, j’observai ce nouveau lieu où plus d’une dizaine de mercenaires silencieux tenaient compagnie à des colonnes carrées de même essence que le plancher. Tout en entraînant Bella à ma suite, je marchai sur le plancher de marbre rose et m’approchai de la seule porte bien gardée par le plus ravissant samouraï qu’il m’était donné de voir. Les cheveux aussi noirs que son regard, la tête haute, elle était belle à voir.

Trop obnubilé par cette beauté froide, je n’avais pas remarqué le jeune homme à la chevelure singulière qui me précéda dans les présentations. Voulant à tout prix faire connaître ma belle voix de ténor à cette magnifique guerrière, je trouvai tout de même quelque chose à raconter.


« Pour ma part, je suis Mathis ! Je rajouterais aux paroles de mon compagnon de route que c’est le capitaine Atsukiko de la milice d’Oranan qui nous as envoyé ici. » Tout en souriant à ma jolie vis-à-vis, j’attendis patiemment sa réponse.

J'ai à peine le temps d'apercevoir le Capitaine de la milice poser une petite boule lumineuse sur l'épaule de mon voisin, que déjà, nous atterrissons dans une vaste salle rosée. Durant le trajet, j'ai fortement serré la main de mes compagnons de route, trahissant légèrement le stress qui me gagnait. Mathis me glisse son contentement d'avoir voyagé à mes côtés. Je prends ça comme de l'ironie de sa part, parce qu'honnêtement, qui pourrait apprécier avoir le dos de la main lacéré de traces d'ongles féminins? Je souris néanmoins à cette petite parole qu'il m'adresse.

La clarté de l'immense pièce dans laquelle nous nous tenons contraste énormément avec la froideur et l'humidité de la cave dans laquelle nous étions tous il y a quelques secondes à peine. Le marbre rose qui couvre la pièce du sol au plafond est à peine éclairé par quelques rayons de soleil, passant timidement au travers des meurtrières.

Tout autour du fluide, se tenaient droits et autoritaires, des samouraïs, armés jusqu'aux dents. Je suppose qu'ils sont là pour veiller sur le fluide.

(Eh bien... L'endroit est plutôt bien gardé! Pas la moindre fenêtre, des hommes partout...)

Non loin de l'unique porte de la pièce encadrée de quatre gardes aux yeux bridés se dresse une femme. Peu avenante, elle nous barre la route de sa naginata. Tandis que les hommes qui m'accompagnent la saluent à coups de rodomontades, je me contente de lui adresser un petit signe de tête plus discret lorsque son regard sombre.

(Ces deux-là se ruent sur la chaire féminine comme des mouches sur du crottin!)

La femme samouraï m'impressionne énormément. La seule image féminine que j'ai jamais eue est celle de ma mère, qui a dévoué sa vie à l'éducation de ses enfants et à la tenue de son foyer secret. Ici, elle a de la prestance, de l'autorité, de l'allure, de l'élégance! Qui sait? Peut-être qu'un jour, je lui ressemblerai! Je ne parviens à détacher mon regard d'elle, que lorsque j'aperçois une silhouette légèrement en retrait par rapport à elle. Un homme se tient là. Il ne porte pas le même type d'armure que les gardes aussi droits que des piquets. Son physique est différent, également. Peut-être est-ce un voyageur, lui aussi ayant répondu à la détresse d'Oranan.

Le voyage fut des plus extraordinaires. Ce fut comme passer dans un brouillard épais sur l’océan et de découvrir que celui-ci cachait un horizon insoupçonné. Sans douleur et sans effet étrange. Juste comme ça, en marchant, ils étaient ailleurs. La magie rendant toujours Rosie un peu perplexe.

L’endroit était vaste et beau. Du marbre rose, des colonnes et des samouraïs tout aussi bien armés les uns que les autres. Cela avait de quoi intimider. Tant de guerriers pour une si petite bande disparate. Par chance il n’y avait pas vraiment d’agressivité ou de quoi que ce soit de potentiellement dangereux dans leurs geste. Juste rien. Des hommes placides, fidèles à leur poste. Mais il y en avait tout de même un qui se distinguait des autres. Une femme. Une magnifique guerrière qui leur barrait ce que Rosie devinait comme étant le chemin à prendre. Tehero et Mathis lui firent honneur de se présenter respectivement.

Rosie sourit discrètement, s’appuya légèrement sur Mérové et observa la scène. Oui, elle reconnaissait bien son Mathis, toujours fidèle à lui-même. Brave homme prêt à servir les nobles et ravissantes donzelles. Et apparemment, plus elles avaient l’air féroce, plus il tombait sous le charme. D’ailleurs, elle avait aussi fait grand impression sur Tehero. Tous deux se présentèrent dans la plus grande des politesses.

Il fallait tout de même leur accorder que la femme en question avait de quoi plaire. Froide et solide comme les colonnes de marbre qui parcouraient les murs, elle imposait sa présence de par sa beauté et sa prestance. Un visage fin et pâle percé de deux yeux de jais aussi brillants que sa chevelure de soie. Toutefois Rosie n’avait que faire des jolies minois, c’était plutôt son attirail qui avait de quoi impressionner autant de par ses couleurs royales que de par ses infimes détails. Malgré tous, son attitude restait à être jugée. Sa froideur pouvait être synonyme de force, de sagesse et de patience mais aussi d’arrogance et de dédain.


La semi-elfe choisit de rester muette, laissant l’opportunité à leurs confrères de s’exprimer auprès de la samouraï. Elle verra bien au moment venu si elle doit agir d’une quelconque façon. Elle jeta plutôt un regard vers Keya qui elle aussi, à l’air qu’elle affichait, avait remarqué la soudaine attention que portait ces messieurs à la magnifique guerrière. Il lui brulait d’échanger quelques mots avec elle, mais quoi?


Rosie se contenta de soupirer et de gratouiller Mérové juste au-dessus de ses yeux, comme il aimait qu’on le fasse. Il semblait avoir bien vécu son passage vers ce nouveau monde, même qu’il semblait émerveillé, reniflant abondamment l’air.


( L’air à changé ) Se serait dit Mérové s’il avait pu réfléchir avec nos mots. Tout semblait avoir à peu près la même odeur, mais il y avait une note subtile qu’il n’aurait jamais pu identifier. Quelque chose qu’il n’avait jamais senti auparavant. Ce monde lui semblait soudainement plus inconnu qu’il ne l’eut cru aux premiers abords. Il se leva même une fois lentement sur les pattes arrière, conservant tout de même une position assise, pour renifler l’air un peu plus en profondeur et redescendit aussitôt au sol. Il ignorait si c’était une bonne chose ou une mauvaise. Il dirigea plutôt son museau vers une odeur plus rassurante : Rosie qu’il connaissait par cœur, mais aussi Keya. Il trouvait qu’elle sentait la forêt. Mérové aime la forêt.