Les rues de la citéJe poussais la porte de l'auberge, et put enfin voir à quoi elle ressemblait. C'était un bâtiment assez propre. De toute façon, je n'avais pour standard que ma maison qui était sale comparé à cette auberge. On s'y sentait bien dès qu'on entrait. Il n'y avait presque personne dans l'auberge, sûrement dû au fait qu'il était très tard, et que tout le monde était allé se coucher. Mais bon, il y avait l'aubergiste, et sa femme (enfin je pense que c'est sa femme). Je m'avançais donc vers le comptoir, sans espoir de trouver des informations brillantes sur mes cibles. J'étais fatigué, non seulement par la petite animation dans les rues, mais je devais aussi réfléchir à comment m'y prendre pour arriver à avoir une par une ces abominations qui ont brisé ma vie.
"Bonjour messire, qu'est-ce que je vous sers ?" Sa voix était aimable et elle convenait parfaitement pour un aubergiste.
"Rien du tout, aubergiste. Je désire seulement un abri pour la nuit.""On va te préparer une chambre. Liniä ! Prépare une chambre pour le jeune homme s'il te plait."Il m'examina de près. J'avail l'impression qu'il me connaissait. Mais je n'avais jamais été à Yarthiss avant ce jour.
"Tu sais, mon petit, je me souviens de toutes les têtes qui sont passées dans mon auberge. Tu me fais penser à Aaron, serais-tu son fils ?"Alors oui, il m'avait reconnu. Enfin, il avait reconnu les traits de mon père sur mon visage.
"C'est vrai, je suis son fils.""Tu lui ressembles beaucoup. Il passait de temps en temps ici, c'était un type bien. Je suis désolé ...""Il ne faut pas. Je ne dirais pas que j'ai oublié, mais bon ... Il faut continuer à vivre.""Dis-moi, ta venue en ville n'aurait pas un rapport avec ceux qui l'ont tué ?""À la base, non. Je suis venu ici pour trouver des informations sur ceux qui ont pillé et brûlé ma maison. Et j'ai ensuite appris que ces mêmes personnes avaient tué mon père. Donc oui, je veux les retrouver, et les réduire à néant.""..." Il resta silencieux quelques secondes.
"Abandonne. Trop de gens ont péri en les traquant. Ils ont tué huit gardes, dont ton père, qui était quand même un sacré combattant. Et tu veux les affronter seul ? Non, mon petit. Laisse faire les professionels. Tu es trop jeune pour te lancer dans une telle aventure. Pourquoi tu ne sollicites pas l'aide d'un chasseur de prime ? Ou même d'un assassin, eux arriveraient peut-être à s'en débarasser. Mais toi, tu n'as pas assez d'expérience, et tu es trop jeune. Ils sont très intelligents. Jamais personne n'a su qui ils étaient, ni d'où ils venaient.""Je les trouverais. Et je les aurais un par un, jusqu'au dernier."J'avais perdu tout le calme et la bonne humeur suite à ma rencontre dans la rue. Je me rappelais mon objectif.
"Tu t'engages vers une voie bien sombre ... Une dernière fois, je te demande d'abandonner cette idée. C'est trop dangereux.""Je n'ai rien à perdre. Ils m'ont tout pris. Je leur prendrais tout."Sur ces paroles, il y eut un long silence. Puis la femme de l'aubergiste revint.
"Votre chambre est prête, monsieur.""Bon, sur ce, je vais me coucher. Bonne nuit à vous."Et je me dirigeais vers ma chambre, entendant l'aubergiste dire à sa femme :
"Pauvre garçon, il se dirige droit vers la mort ..."Je répondis à voix basse, sachant que je serais le seul qui entendrait ces mots :
"Oui, vers leur mort."Je m'installai donc dans mon lit, fermai les yeux et m'endormai. Je ne fis pas de rêve, et dormit plutôt mal. Je réfléchissais à ce que m'avait dit l'aubergiste. Faire appel à une aide ? Hors de question. Je m'occuperais seul de cette affaire. Même si cela devait me prendre plusieurs années, je n'abandonnerais pas.
Je me réveillais assez tôt le matin, vérifiais que tout était là (on ne sait jamais), et descendit. Là, je pouvais observer l'auberge sous une autre forme, pleine de vie. Il y avait nombre de gens qui buvaient des chopes de bière, rigolaient, plaisantaient, certains même dansaient sur des tables... Une ambiance digne d'une taverne, quoi. Mais bon, danser ivre sur une table au matin, fallait être sacrément alcoolique pour y arriver. J'arrivais au niveau du comptoir, et commandais du lait . Je ne voulais pas goûter à l'alcool, il y avait des exemples dissuasifs dans la taverne, et la seule bonne boisson que je connaissais c'était le lait (il y avait aussi le sang, mais bon ... je pense pas qu'ils en aient et ça aurait fait un peu tâche). Une fois servi, je m'assis à une table, au fond de l'auberge et dans l'ombre. Il y avait du monde dans l'auberge, et être isolé me rassurait. Je me méfiais de tous les gens présents. C'était un réflexe que j'avais développé. Un peu à cause de mon isolement, je l'avoue. Je rangeais les animaux dans trois catégories : Les proies, les prédateurs, et ceux qu'il ne faut pas embêter (comme les hérissons, j'aime pas les hérissons). Pour moi, avec les gens, c'était pareil.
Tout à coup, un homme m'aborda et dit :
"Hola, mon brave ... Tu ne bois pas d'alcool ?""Non.""Alors tu n'es pas un homme. Viens, essaye." Il me tendait sa chope de bière.
"Je n'en veux pas. Laissez-moi tranquille.""Trouillard. Lâche."Je n'aimais pas qu'on me traîte de lâche.
"Ah bon ? Alors tu ne connais pas mon histoire.""Tu ne vas quand même pas me dire que tu es le pauvre enfant d'Aaron ? L'aubergiste n'arrête pas de raconter cette histoire, en disant qu'il est un modèle ... Tout le monde sait que c'est que des salades, son histoire. Mais si cet enfant existait, alors il aurait mon respect. Survivre à tout ça ... Enfin bref. Pourquoi tu me regardes comme ça ?""À ton avis ?"Il n'avait pas l'air stupide, et semblait avoir compris que c'était moi.
"Je suis désolé ... Mais sincèrement, tout le monde pense que cette histoire a été inventée par l'aubergiste pour avoir de la clientèle.""Bah, les gens peuvent croire ce qu'ils veulent, moi je sais la vérité.""Il dit aussi que tu poursuis les enflammeurs. c'est vrai ?""Oui. Et ne me dis pas d'abandonner. Chaque fois que je parle de ça, on me prend pour un fou suicidaire.""Alors je te prendrais simplement pour un fou."Hummm... Joli phrase. Je commençais à l'apprécier, ce gars là.
"Si tu as besoin d'aide, je veux bien t'aider. Je ne suis pas un combattant, mais j'ai tendance à laisser trainer mes oreilles un peu partout. Je suis au courant de pas mal de chose.""Tu sais quelque chose à propos d'eux ? C'est la seule chose qui m'intéresse. Le reste, garde-le pour d'autres.""À ce qu'on dit, ils seraient partis vers le sud."J'aurais pu m'en douter, de ça. Ma maison est au sud de Yarthiss. J'avais donc pris du retard sur eux.
"Ils font route vers Dehant. Ils commençaient à avoir des problèmes ici. Là bas, il y a moins d'habitants, ce sera plus simple pour eux de semer la pagaille sans trop risquer de riposte.""Donc, si j'ai bien compris, ils vont vers Dehant, et veulent s'installer pour voler et terroriser la population ?""C'est ce qu'ils faisaient plus ou moins ici, mais à cinq ils n'étaient pas assez nombreux."Une idée me vint alors à l'esprit.
"Et tu sais si ils cherchent de nouveaux membres ?""Eh bien, ma foi ... Si tu fais tes preuves, ils pourraient être intéressés."Alors, c'était décidé. J'allais faire en sorte qu'ils m'acceptent. Puis les tuer un par un, rejetant les soupçons sur d'autres que moi.
"Je te remercie grandemant pour ton aide. Grâce à toi, je peux partir dès maintenant de cette ville."Il restait là, à me regarder. On aurait dit qu'il attendait quelque chose de moi. Il n'espérait quand même pas que je le paye, non ? Et je remarquais un petit détail. Sa chope n'avait pas bougé depuis qu'il me parlait. Je regardais les deux idiots qui dansaient sur la table, prit une grande inspiration, et vida la chope de mon informateur d'un trait. Le goût était étrange, mais pas désagréable.
"Voilà, T"es content maintenant ?""À la bonne heure !!! T'es vraiment un homme, toi !"Et il s'éloigna de moi en riant. Je regardais toujours les deux idiots sur leur table, et les vit essayer de boire leur chope tout en continuant de danser. Puis le drame arriva : L'un d'eux tomba de la table, renversant deux badauds, et provoquant une certaine confusion dans l'auberge. Je rigolais en les voyant s'accuser les uns les autres, puis, quand la rixe commença, je décidai de m'éclipser pour partir vers Dehant.
Les rues de la ville