<--- Portes de la Cité --->(((Hors Role Play: Passage du "Il" au "Je", pour m'essayer à la première personne.)))La nuit ayant presque posée son voile sur la ville, j'avais décidé de remettre ma visite à cet Ivaris au lendemain, et je m'étais précipité vers l'auberge, par peur de ne point trouver de table où me restaurer et de chambre pour dormir. Ce qui me frappa quand j'arrivai devant l'auberge fut l'écriteau.
("Auberge de l'Au-Delà", quel nom effrayant, ça ne donne guère envie de s'y arrêter.)Malgré tout, je pris mon courage à deux mains et entrai. L'établissement était fait tout de bois et de pierres, et l'intérieur était modestement décoré. L'atmosphère était agréable et les odeurs de plats me donnaient l'eau à la bouche. En revanche, on ne pouvait pas dire que la pièce était bondée. Seule une poignée d'individus étaient attablés, tantôt devant une bonne assiette, tantôt devant une bonne pinte d'un liquide brun clair.
J'observai plus en détail la clientèle. Au milieu de la pièce se trouvait deux hommes plutôt imposants qui parlaient forts et gesticulaient beaucoup. Ils étaient peu habillés, sûrement des ouvriers ayant fini leur journée de dur labeur. A leur droite se trouvait un couple, qui par leurs regards vers les deux costauds semblaient incommodés par tant d'incivilité. Ce devait être un couple de riches en voyage, à en juger par leurs tuniques et leurs parures clinquantes. Enfin, un peu plus loin dans le fond se trouvait un homme, ou peut-être une femme, car son visage était dans l'ombre d'une capuche large, et une grande cape cachait la majeure partie de son corps. Sans que je puisse en être certain, j'avais la désagréable impression d'être observé par l'étrange individu depuis mon arrivée et cela me mis assez mal à l'aise.
"Bienvenue à l'auberge de l'au-delà mon bon monsieur. Que puis-je pour vous?"Je sursautai au son de la voix rauque qui m'interpellait. Mon observation des lieux m'avait tellement absorbé que j'étais resté planté à côté de la porte sans bouger, et je n'avais pas vu l'homme d'un certain âge s'avancer vers moi.
(Ce doit être le tenancier.)"Euh bonsoir. Tout d'abord j'aimerai prendre un bon repas, puis une chambre où passer la nuit, s'il vous en reste.""Installez-vous, ma femme va prendre votre commande. Pour ce qui est de la chambre, comme vous pouvez le voir, ce n'est pas la grande affluence ce soir, donc il m'en reste effectivement une pour vous.""Liniä! Nous avons un client!" cria-t-il en direction de la cuisine.
"Mon nom est Tengu, et ceci est mon auberge." dit-il en me tendant la main.
"Bentaro, enchanté." répondis-je en lui serrant.
Je m'installai à une table non loin de l'entrée, de façon à avoir la porte en vue à ma gauche, et tous les clients en face de moi. Quelques secondes plus tard, la dénommée Liniä s'approcha de moi.
"Vous désirez monsieur?""Je suis désolé je ne suis pas d'ici, que proposez-vous?""Oh non je vous en prie c'est à moi de m'excuser. Comme boisson nous avons du Brol, un alcool moyennement fort, et de la légumeuse, une sorte de soupe froide. Comme plat nous proposons des brochettes de souris et du cochon boueux.""Très bien, je prendrai un bol de légumeuse et une assiette de cochon.""Je vous amène ça tout de suite!"Elle repartit en direction des cuisines et je reportai mon attention au centre de la salle, où le ton était encore monté. Les deux colosses s'étaient maintenant levés et hurlaient maintenant plus qu'ils ne parlaient. Le sujet de leur discorde semblait être une femme que l'un aurait courtisé alors que l'autre l'avait en vue. Ils étaient maintenant le centre d'attention de tout le monde et Tengu faisait de son mieux pour les calmer mais rien n'y fit, un pugilat éclata. Les deux hommes se frappèrent violemment de leurs poings, faisant tomber les assiettes qui se brisèrent et renversant tables et chaises. Le couple détala sans demander son reste et quitta l'auberge, tandis que le personnage encapuchonné n'esquissa pas un geste. Je me levai, peu confiant mais ne voulant pas laisser ces deux brutes tout démolir et gâcher mon repas.
"Vous ne voulez pas aller vous battre dehors et laisser les honnêtes gens se reposer?" les apostrophais-je.
Ils se tournèrent vers moi et j’eus l'impression d'être un rôti de sanglier tout chaud que l'on agiterait devant des loups affamés.
"Qu'est-ce qu'il veut l'avorton? Tu ne vois pas que l'on est occupé?" grogna l'un d'eux.
"C'est qu'il sait parler le vilain. J'en tremblerais presque." ripostai-je en tentant de cacher la peur qui me submergeait.
Autant je me sens de combattre des animaux sauvages sans trop de crainte, autant je me sens faible et sans défense face à des hommes comme eux. Sans plus de politesse, le deuxième homme s'approcha de moi et essaya de me tatouer la marque de son poing sur mon visage. J'esquivai habilement d'un pas de côté et lui assénai un coup de genou dans les côtes, mais j'eus juste l'impression à sa réaction de l'avoir chatouillé. Il attrapa alors ma jambe, me ceintura et me souleva du sol sans effort. Son compagnon s'était rapproché et, après m'avoir craché au visage, me déposa délicatement son poing au creux des reins. J'eus le souffle coupé et tombai par terre au moment où la porte de l'auberge s'ouvrit sur deux gardes, probablement alertés par le couple.
"Laissez cet homme tout de suite! Je vous arrête tous les deux pour désordre dans un lieu public. Veuillez me suivre tranquillement où je serai forcé de recourir à la manière forte et cela ne fera qu'aggraver votre cas." intervint le premier garde en attrapant l'un des deux hommes tandis que son collègue fit de même avec l'autre.
"On dirait que l'avorton a de la chance aujourd'hui." me lança narquoisement celui qui m'avait frappé.
"Merci messieurs les gardes, et désolé du dérangement." s'excusa l'aubergiste.
"Voyons nous sommes là pour ça Tengu, et puis où nous rassasierions-nous si ton auberge se faisait détruire hein?" lui répondit l'un des deux d'un air entendu.
Le petit groupe sortit alors de l'auberge et tout redevint calme. L'aubergiste et sa femme se précipitèrent vers moi, inquiets. Je me relevai péniblement, la vue brouillée par la douleur.
"Monsieur, est-ce que ça va?" me demanda Liniä.
"Ça pourrait aller mieux, et ne le prenez pas mal mais je ne ferai pas honneur à votre cuisine ce soir." lui dis-je en souriant.
"Pourriez-vous m'aider à monter dans ma chambre monsieur? Je crains que mes jambes ne me supportent pas jusqu'en haut.""Mais bien sûr. Et merci pour votre acte de bravoure. J'ai craint que sans vous ils ne fassent encore plus de grabuge."Nous montâmes donc à l'étage et, après avoir déposé mon épée courte, mon arc et mon carquois contre le mur, m'écroulai sur le lit en remerciant l'aubergiste. Je m'endormis rapidement, la fatigue finissant par l'emporter sur la douleur.
***************************************
Au matin, ce furent les rayons du soleil qui filtraient par la fenêtre qui me réveillèrent. Cette bonne nuit dans un bon lit m'avait remis d’aplomb et toute douleur de ce qui s'était passé la veille m'avait quitté. Je me relevai, m'étirai, et observai la petite pièce. Deux fenêtres sur le mur de gauche éclairaient la pièce et une petite commode se trouvait sous une des fenêtres. On pouvait admirer au mur quelques cadres représentant des natures mortes et dans un coin siégeait une petite table de chevet ou reposait une bougie à moitié consumée.
Je me levai, passai dans la petite salle d'eau attenante et me lavai le visage dans une bassine prévue à cet effet. Je rattachai ensuite mon carquois et mon arc, remis mon épée à ma ceinture, sortis de la chambre et descendis l'escalier menant à la salle principale. Liniä me vit et me salua chaleureusement.
"Je vous sers quelque chose monsieur?""Puisque je n'ai rien mangé hier soir, je vais me rattraper en prenant cette fameuse légumeuse et un morceau de cochon boueux.""Installez-vous, je vous apporte ça!"Je me mis à la même table qu'hier, non content de pouvoir enfin déguster un bon plat. La serveuse et cuisinière revint avec une assiette fumante et un bol, et les déposa devant moi.
"Bon appétit." dit-elle en s'inclinant.
Je m'étais levé assez tôt et la salle était vide. Rien d'étonnant là dedans puisque, de surcroît, quand j'étais monté dans ma chambre la veille nous n'étions que deux clients. Tengu non plus n'était pas là. Il était sûrement parti chasser de quoi cuisiner ou bien couper du bois pour la cheminée. Je reportai mon attention sur le petit déjeuner que l'on m'avait servi, et j'avalai goulûment le tout. Je ne voulais pas paraître impoli envers mes hôtes, mais j'étais pressé de trouver le dénommé Ivaris. Je me levai, me dirigeai vers le comptoir et sorti ma bourse pour payer la nuit et le repas.
"Oh non non monsieur, gardez votre argent. Après ce qui s'est passé hier vous ne nous devez rien.""C'est hors de question que je ne vous donne rien. D'ailleurs, le repas était délicieux."Je déposai 18 yus sur le comptoir et sortis de l'auberge, après un dernier signe pour Liniä.
<--- Habitations --->