<< AuparavantJe remerciai le vieil homme en lui donnant la somme réclamée puis nous reprîmes le chemin de l’auberge. De retour à l’intérieur, Wyrlan m’entraina dans ma chambre, préférant que je ne sois pas en permanence à la vue de tous. Il voulait discuter avec moi de mon périple mais je fus bien incapable de lui dire ce que je comptais faire et je lui demandai s’il connaissait des moyens que j’améliore mes compétences magiques, pour me débarrasser des sbires de Kisp s'ils me retrouvaient et à long terme de Mère, mais ça je le gardai pour moi. Il réfléchit quelques instants puis sortit une carte d'Imiftil, la déplia et pointa du doigt les villes en fonction de ces paroles.
- Le plus évident que je connaisse est l’université de magie de Tulorim, là-bas tu pourras avoir des cours sur la maîtrise et l’utilisation de la magie et pas seulement la tienne, mais aussi quelques autres. Mais c’est un cursus global qui n’est pas fait pour être individuel et il est très rare qu’un professeur ou le recteur prenne un apprenti. Il y a aussi la bibliothèque qui doit avoir des ouvrages sur la magie mais si tu cherches à améliorer ta pratique, ce n’est guère indiquer. Il y a des magiciens errants qui prennent parfois des apprentis mais le tout est de tomber sur eux, ce qui n’est pas évident. J’ai entendu parler de mages à Hidirain qui pourraient convenir … ou d’une pyromancienne à Exech, qui serait extrêmement douée et qui prendrait de temps en temps un disciple. Ce sera un long voyage quel que soit ton choix.- Parle-moi de cette pyromancienne s’il te plaît, aller à Exech ce serait peut-être le plus simple, et j’aimerai passer par Tulorim pour aller visiter mon père…Il ne releva pas mais je vis ses sourcils se hisser légèrement. J’avais ce projet depuis un moment, visiter la tombe de Père, autant "profiter" de l’occasion. Il n’avait pas beaucoup d’informations sur cette pyromancienne, juste qu’elle était assez connue sur place. J’hésitai un moment puis me décidai, j’irais voir cette femme en lui demandant de m’en apprendre plus sur la magie du feu. Wyrlan me proposa un itinéraire qui permettrait de brouiller les pistes quant à ma destination, au cas où quelqu’un chercherait à me suivre pour me retrouver, ce qui était très probable. Il me rallongeait le voyage mais il était improbable. Je pris une des fioles que je venais d'acheter et en bu le contenu tandis que Wyrlan rangeait la carte. J’avais encore du mal à réaliser ce que j’allais faire, mais je l’avais décidé, je devais assumer.
Vyrl arriva en milieu d’après-midi et je l’accueilli avec joie. Nous discutâmes de son retour dans son village avec sa sœur et je lui demandai où étaient ses parents tandis qu’il risquait sa vie pour retrouver sa sœur.
- Ils voulaient venir, mais ma mère a mis au monde mon petit frère il y a à peine un mois, elle ne peut donc pas quitter la maison trop longtemps et mon père ne voulait pas la laisse seule, il lui arrive encore d’avoir quelques faiblesses. Crois-moi, tous les deux enrageaient de ne pas pouvoir venir et mon père a failli engager des miliciens pour la retrouver. Mais ils ont hâte de te remercier tu sais. Je n’ai dit à personne que tu es une Shaakt, ils seront encore plus surpris quand tu arriveras.Il avait dit la dernière phrase en souriant et je levai les yeux au ciel, un vrai gamin, il n'était pas possible. Nous discutâmes un long moment, mais je ne pus me résoudre à lui dire que je comptai disparaître de la région pour un long moment. Cette pensée devint encore plus douloureuse lorsque j’imaginai sa réaction et je préférai me taire. Il passa le reste de la journée avec moi. Lui parler me faisait du bien, je n’avais jamais vraiment fréquenté de personne de mon âge, ou du moins une équivalence, et c’était très agréable. Il comptait rester jusqu’au lendemain avant de repartir en milieu de journée, ce qui nous laissait que peu de temps, mais je m’en accommoderai. Bizarrement son regard me donnait une impression étrange dans la poitrine et j'avais envie de... de quoi exactement ? Je chassai ces pensées mais elles revenaient sans cesse et je dus me maîtriser une bonne partie de la journée pour ne pas l'enlacer subitement.
Le soir, il mangea avec nous malgré le regard glacial que Fyly lui jeta. Je savais qu’elle n’avait pas digérer ce qu’il avait fait, mais elle s’abstint de tout commentaire, à mon grand soulagement. L’ambiance n’était donc guère au beau fixe mais ils tous firent un effort, probablement parce qu’ils ne voulaient pas que je me sente mal. Après le repas je rejoignis Vyrl dans sa chambre sous le regard curieux de Fyly qui me fit un clin d’œilme faisant rougir. Grâce à elle je me sentis mal à l’aise en rentrant dans la chambre. Je sortis de ma poche la petite broche en argent que je lui avais dérobée et lui tendis. Il eut l’air étonné mais ne la prit pas.
- Je pense que je me sentirai mal en la reprenant, je vais essayer d'oublier ce que j'ai fait à ce moment là. Garde-la, elle t’ira bien mieux qu’à moi.Je ne me fis pas prier et l’attachai sur ma robe au niveau de la poitrine. Elle était vraiment jolie, ça me ferai un souvenir... quoique je n'avais pas forcément envie de me souvenir de beaucoup de choses de cette ville. Je le remerciai avec un sourire et je le vis rougir. Nous passâmes un moment à discuter mais je vis bien qu’il attendait quelque chose… et moi aussi, j’avais le cœur qui battait la chamade. J’en eus vite marre et me rapprochai de lui, posant ma tête sur son épaule en soupirant.
- C’est vraiment nul qu’on se soit rencontrés comme ça.Il rigola doucement mais il acquiesça. Peut-être que si nous nous étions connu autrement, les choses auraient pu… tourner différemment. Je fermai les yeux et il passa son bras autour de ma taille. J’avais envie de me serrer contre lui… Mais il le fit pour moi, ce qui m’alla très bien. Je le sentis se rapprocher et le laissai faire, j’avais envie qu’il le fasse.
- Je … je peux ?Je levai les yeux au ciel en soupirant. Bon sang mais quel ... il ne pouvait pas sentir ces choses-là ? Il dut prendre ça pour un oui car il s’approcha jusqu’à m’embrasser doucement. Je pense que c’était aussi nouveau pour lui que pour moi car aucun de nous deux ne savait trop quoi faire. Mais il prit les devants à ma grande surprise et m’enlaça tandis que je lui rendais son baiser. Il n’essaya rien de plus, ce dont je lui fus reconnaissant, se contentant de m’embrasser tendrement. Au bout d’un moment je m’écartai de lui en me mordant la lèvre. Nous étions tous les deux écarlates et un fou rire nous vint. Nous nous étions tellement mis la pression qu’il nous fallait un exutoire. Une fois calmée, je l’embrassai de nouveau. Il se sentit obligé d’ajouter quelque chose.
- Je … c’était…- Ne dis rien, je sais, j’ai ressentis la même chose.Je passai une partie de la nuit ainsi, blottie contre lui, à discuter. Il me raconta sa vie au village, avec sa famille, ses amis et des anecdotes qui me firent souvent rire. J’évitai scrupuleusement de discuter de mon passé récent, me contentant de dire que mon père était mort et que je ne connaissais pas ma mère. Cette soirée me fit oublier momentanément presque tous mes soucis. Je me levai à regret, lui volant un baiser avant de regagner ma chambre où Fyly m’attendait, un sourire aux lèvres, évidemment.
- Aloooors ?Je me sentis rosir jusqu’aux oreilles mais je ne me démontai pas.
- Tu sais très bien, tu nous as écoutés non ?Elle prit un air outré.
- Mais je n’écoute pas aux portes voyons… Il embrasse bien ?Là mon visage devait être écarlate car elle éclata de rire mais elle arrêta de me taquiner, se contentant de me regarder me laver et me changer avec un sourire. Une fois propre, elle me coiffa de nouveau les cheveux avec une tresse puis me demanda si j’allais le rejoindre dans la nuit. Là je bafouillai comme une idiote, la faisant rire de nouveau. A quoi elle pensait ? Elle redevint sérieuse mais ses yeux pétillaient toujours de malices.
- Je n’ai pas aimé qu’il te vende comme ça, mais bon tu as l’air de tenir à lui et il a l’air de savoir se faire pardonner.Tu comptes toujours partir malgré cela ?- Oui, je n’ai pas changé d’avis. Il part demain et je partirai le jour suivant, je passerai le voir pour lui dire au revoir et je continuerai après ça.- Tu n’es pas obligé de souffrir à ce point Yli, nous pouvons…Je la coupai sèchement.
- S’il te plaît Fyly, je ne veux pas en parler.
Elle n’ajouta rien et je m’en voulus immédiatement. C'était moi qui avais décidé, je ne devais pas m'en prendre à elle. Je m'excusai, penaude.
- Désolé, je n’aurai pas dû te parler comme ça.Elle vint à côté de moi et me caressa la tête.
- Ce n’est rien, je sais que tu as fait un choix difficile, j’aurai simplement aimé que ça se passe autrement.- Moi aussi …Elle sourit et nous discutâmes un peu avant d’aller dormir. Je ressassai un long moment ma soirée avec Vyrl avant d’enfin trouver le sommeil.
Je passai la matinée suivante avec lui avant qu’il ne reparte dans son village. J’avais beau savoir que j’allai le voir le lendemain, j’eus un pincement au cœur en le voyant partir, serais-je vraiment tomber amoureuse aussi vite ? D'accord il était gentil, beau et... j'abandonnai, je n'arrivais pas à avoir un avis objectif sur lui, je devais penser à autre chose et Wyrlan m'en donna l'occasion. Je passai un moment avec lui, remplissant mon sac de choses utiles tandis qu'il me donnait des conseils. Une corde, de quoi faire du feu, des rations de voyage, une gourde d’eau, un sac de couchage et tout le nécessaire pour voyager, y compris une tenue de rechange « au cas où », qui ressemblait aux vieux vêtements que j’avais dû jeter, et quelques autres bricoles. Mon sac et mon itinéraire étaient prêts et je passai l’après-midi avec le groupe, profitant des derniers moments ensemble pour nous chamailler et jouer au jeu de cartes dont je ne comprenais décidément rien, ce qui fit beaucoup rire Thorgrim qui s’amusa à me taquiner à chaque fois que je posai une carte, le fourbe. Bolir voulu faire un bras de fer sans que je ne comprenne pourquoi et insista tellement que je cédai pour lui faire plaisir. J’ai rapidement regretté l’idée quand il serra ma main à m’en briser les phalanges devant les visages hilares de Thorgrim et Fyly qui se gardèrent bien de m’aider.
Le soir venu je pris un rapide dîner avant d’aller me coucher en même temps que le soleil, les autres me souhaitant bonne nuit et assurant qu’ils m’accompagneraient à la sortie de la ville le lendemain, ce qui me rassura un peu. Je comptais partir de nuit pour ne pas attirer l’attention, il valait mieux que j’ai quelques heures de sommeil avant de partir mais il fut long, très long à venir.