L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: L'auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Dim 7 Oct 2018 21:08 
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On n'arrête pas le progrès


Je payai donc les 114 Yus au vieil homme et vis ma bourse se flétrir, me faisant soupirer. Je le remerciai et sortis de la boutique. J’étais très contente de mes achats et avait hâte de les essayer. La signification de la rune me laissa un peu perplexe, que faire d’une rune de glace moi qui maîtrisais le feu ? J’espérai que Wyrlan pourrait m’aider sur ce coup. J’allais donc directement à l’auberge et en arrivant je vis que la salle était presque vide et qu'il n'y avait aucune trace du reste du groupe. Je montai donc dans ma chambre pour me changer. La tenue était incroyablement confortable et le tissu était bien plus agréable que ce que je portais avant. Je n’étais pas très à l'aise avec la longueur de la robe, mais j’allais devoir faire avec, question d'habitude. Alors que j’essayais d’arranger mes cheveux en utilisant l’eau de la bassine comme miroir, Fyly entra dans la pièce. Je lui fis un petit signe et elle s’arrêta un instant en me détaillant d'un air approbateur.

- Cela te va bien, on dirait vraiment une petite mage maintenant. Tu essayais de te coiffer ? Tu veux de l’aide ?

- Je veux bien, c’est un vrai capharnaüm là-haut, je ne m’en sors pas.

Elle m’aida donc à rendre ma coiffure un peu plus présentable et je lui racontais ma sortie en solitaire en me concentrant sur la boutique de Niran qui fut de loin la chose la plus intéressante à raconter. Elle me coiffa une longue tresse qui m’arrivait au milieu du dos, qu’elle assortie d’un ruban bleu, et me conseilla de la porter sur le côté pour ne pas gêner le capuchon. Une fois cela fini, nous descendîmes dans la grande salle où Wyrlan était en train de lire un livre volumineux. Fyly alla commander une boisson pour chacun et je m’installai en face de lui, ressortant le parchemin qu’il m’avait rédigé, essayant de voir si je pouvais trouver des pistes pour mon exercice magique. Wyrlan leva les yeux de son bouquin.

- Alors ? Tu as trouvé tout ce que tu voulais ?

Je lui montrai la fiole et ma tenue et lui expliquai la signification de la rune en racontant brièvement ma rencontre avec le vendeur. Il sourit lorsque je lui montrai ma déception sur la rune mais il affirma que je lui trouverai une utilité en temps voulu. Il me conseilla d’ingérer le contenu de la fiole le soir-même et de voir si je sentais un changement le lendemain. Bolir et Thorgrim entrèrent dans l’auberge peu après. Thorgrim avait l’air d’humeur particulièrement mauvaise et se disait outré par la qualité de la forge de cette ville. Visiblement la visite chez le forgeron ne s’était pas très bien passée mais Bolir relativisa, affirmant que Thorgrim n’est qu’un vieux grincheux qui n’aimait que les objets de fabrication naine et que pour lui tout le reste était de la camelote. Un coup d’œil rapide à Fyly et Wyrlan me confirma qu’ils pensaient tous la même chose que Bolir. Les deux comparses quittèrent la table pour aller chercher des bières et je me replongeais dans ma réflexion. La fin d’après-midi puis la soirée passèrent ainsi sans que je ne trouve une idée très viable. Lorsque le soleil disparut totalement, je décidai d’aller dormir, anticipant l’entraînement que Bolir allait m’infliger le lendemain. Je bus la fiole juste avant de dormir, attendant un moment que quelque chose se passe mais comme rien ne vint je me couchai.

Le lendemain, à mon grand étonnement, ce fut Wyrlan qui vint me réveiller pour m’emmener m’entraîner. Il voulait que je puisse m’exercer à maîtriser ma magie et avait négocié avec le gérant pour que nous puissions utiliser la cour, et avec Bolir qui me dispensait d’entraînement aujourd’hui. Je me levai en vitesse et le rejoignis en bas. Il avait commandé un déjeuner succinct que j’avalai en vitesse avant d’aller dans la cour. Il m’expliqua que nous allions reprendre l’exercice que nous faisions sur le trajet jusqu’à Yarthiss mais que j’allais aussi devoir réfléchir à un sort. Je fus un peu surprise par ce dernier point, alors que c’était lui qui me disait de ne pas aller trop vite.

- J’ai bien compris que tu voulais progresser et même si je ne pense pas que te forcer soit une bonne idée, te freiner serait encore pire. Donc tu vas progresser, mais sous ma surveillance.

Je fus surprise mais en même temps ravie et je le remerciai chaleureusement avant de commencer. Le résultat n’était guère différent de celui que j’avais eu lors du voyage mais je notai tout de même que je me fatiguais un peu moins vite en utilisant la magie, ce que Wyrlan mit sur le compte de la fiole que j’avais ingérée la veille. Plutôt efficace ces fioles ! Après un certain nombre de tentatives, Wyrlan décréta la fin de l’entraînement et m’apprit que je ferai ça tous les matins et que j’avais interdiction d’essayer de le faire seule le reste de la journée. J’acceptai cette contrainte, préférant de toute façon que Wyrlan soit là pour me conseiller. Le reste de la matinée je le passai à réfléchir avec lui à un sort différent et à visualiser comment l’utiliser. Il retint deux idées que j’avais eu : un jet de flamme continu, qu’il pensait efficace pour me protéger au corps à corps et peu complexe et donc parfait pour un début, et une boule de feu qui se scindait dans sa trajectoire, qu’il trouvait plus complexe mais efficace si j’étais dans une situation où il y avait plusieurs adversaires. Il fut cependant très clair.

- Tu n’essayeras pas de créer un de ces sorts tant que tu n’auras pas une plus grande maîtrise de ta magie. Ne me regarde pas comme ça, s’il suffisait de réfléchir à un sort et de s'entraîner sans capacités, n’importe qui pourrait créer n’importe quoi. Une part non négligeable des essais se soldent par des échecs et des blessures graves ou des morts atroces. Nous allons continuer de t’entraîner et tu vas noter ces idées sur un parchemin que tu garderas. Quand tu seras prête, nous verrons ce qu’il sera possible de faire, d’accord ?

Je hochai la tête, un peu déçue de devoir attendre. Il accepta néanmoins que je me renseigne sur l’apprentissage de sort par parchemin, même s’il précisa que leur prix était élevé et que tous les marchands n’en vendaient pas. Pas découragée pour autant, je décidai de retourner à la boutique de Niran, où j’avais vu de nombreux parchemins.


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Dernière édition par Yliria le Lun 8 Oct 2018 02:42, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Lun 8 Oct 2018 02:08 
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Fierté mal placée


En arrivant, je repérai Wyrlan en discussion avec un homme corpulent habillé d’un ensemble blanc accompagné d’un homme tout en noir qui se tenait debout derrière lui. J’allai vers eux mais Fyly m’intercepta et me conduisit à une autre table où Thorgrim et Bolir attendaient. Je fis signe à Vyrl de nous suivre et il s’installa à côté de moi sous le regard interrogateur des trois autres. Fyly fut la plus curieuse, évidemment.

- Qui est-ce ?

- Voici Vyrl, je l’ai rencontré tout à l’heure et … disons qu’il m’a demandé quelque chose et que je pourrais avoir besoin de votre aide. A moi, qui est ce gros homme tout en blanc ?

- C’est Kisp, Faston Kisp, un homme influent qui touche à pas mal d’activités, notamment le commerce, et on pense qu’il possède aussi quelques affaires dans les marchés illégaux, contrefaçons, trafic d’être humain, braconnage, ce genre de chose. C’est le genre de type capable de tuer ses associés pour ne pas avoir à partager l’argent. Il n’y a pas de preuves mais il ne m’inspire pas confiance. Le type derrière c’est un de ces valets.

- Et que fait-il ici ?

- Apparemment il aurait entendu parler de nous et voudrait nous proposer un travail. Wyrlan est en train de voir les détails. Ah, il semblerait qu’ils aient fini.

Effectivement les deux hommes se levèrent de leur siège, Faston Kisp serra la main de Wyrlan puis se dirigea vers la sortie. J’eus le temps d’apercevoir son visage et immédiatement il me rappela quelque chose, sans que j’arrive à me souvenir quoi. Peu importe, nous rejoignîmes Wyrlan et je dis à Vyrl d’attendre un peu, ce qu’il fit sans poser de question, restant à la même table.

Une fois tous installés, Wyrlan nous expliqua les détails.

- La mission serait de protéger des bateaux à quais pendant plusieurs nuits. Apparemment des bandits essayeraient de lui voler une précieuse marchandise. Et non, il n’a pas précisé quelle marchandise c’était, il a juste parlé de denrées rares et précieuses. Il a déjà embauché des miliciens pour surveiller les alentours du port, nous il nous veut au plus près des bateaux, le sien en particulier. Si tout se passe bien … Il nous paiera 800 Yus par tête.

Thorgrim émit un sifflement et Fyly et moi écarquillâmes les yeux, c’était une somme impressionnante et encore plus pour une simple surveillance. Wyrlan leva la main avant qu’il n’y ait des commentaires.

- J’ai pris quelques assurances et il est prêt à nous verser un acompte avant le début, le reste à la fin et il est d’accord pour nous fournir du matériel si besoin. Il a été très généreux et compréhensif et j’en ai profité. Une dernière chose, Yliria, j’ai décidé que tu ne participerais pas à cette mission.

- Quoi ?!

Tout le monde fut surpris, moi la première, et je ne pus m’empêcher de crier à moitié. Fyly me tapota gentiment l’épaule.

- Laisse-le terminer.

- Merci, je disais donc, que j’ai décidé que tu ne participerais pas à la mission. Mais je vais te dire pourquoi. Ce type est dangereux, ces activités le sont tout autant et il a des … disons des penchants connus qui font que je préfère que tu restes loin de lui.

- Mais je…

- Je ne fais pas ça par envie, je préfère que tu sois ici, en sécurité.

- Mais je serai plus en sécurité avec vous !

Ce fut Fyly qui intervint.

- C’est là que tu te trompes, si tu es avec nous, rien n’empêche ce type de nous séparer par un moyen ou un autre et il nous sera difficile de te retrouver s’il t’arrives quelque chose. Ici, il y a des gens, des portes avec des serrures, et nous savons où tu es. Je comprends Wyrlan, même si je n’approuve pas entièrement sa façon de faire les choses sur ce coup.

Wyrlan acquiesça et Bolir et Thorgrim se regardèrent, gênés, avant de hocher la tête. Ils étaient tous d’accord…

- Vous… vous me laissez de côté…

- Ce n’est pas ça Yliria, c’est pour…

- J’ai compris ! Ne gaspille pas ta salive !

Rageuse, je me levai et me dirigeai vers la sortie. Fyly m’attrapa le bras mais je me dégageai d’un coup sec. J’étais trop énervée pour réfléchir correctement et elle n’insista pas. Je sortis donc et m’adossai au mur en soupirant. Vyrl sortit lui aussi, je l’avais complètement oublié avec tout ça. Il parla d’une voix timide.

- Alors ?

Ma décision était déjà prise, avec ou sans l'aide des autres.

- Alors je vais t’aider, seule, les autres sont occupés sur autre chose. On se rejoint ici demain matin juste après le lever du soleil. Tu sais où se cachent les membres des Noirs Desseins ?

- Oui, je connais une de leur planque.

- Parfait, on commencera par là. On se voit demain.

Il me remercia puis partit et je restai seule devant l’auberge un bon moment. En y repensant, j’avais été ridicule, je savais très bien qu’ils faisaient ça pour me protéger, mais je détestais le fait qu’ils me mettent à l’écart, surtout de cette façon. Mais j’avais ma propre mission maintenant et je comptais bien la réussir, même sans leur aide. Je retournai à l’intérieur après un moment et montai directement dans la chambre avant de m’allonger sur le ventre sur mon lit. En traversant la grande salle j’eus le temps d’apercevoir Fyly se lever et je m’attendais à ce qu’elle me suive, ce qu’elle fit. Elle s’assit au bord du lit et me caressa doucement les cheveux et parla d'une voix douce.

- Yli écoute, il s’y est mal pris mais il voulait juste…

Je me retournai pour la regarder.

- Je sais Fyly, j’ai réagi comme une idiote.

- Alors tu peux …

- Je n’irai pas m’excuser !

Elle eut un petit sourire.

- Quel sale caractère ! Alors parle moi de la demande de ce jeune homme. Quelle est-elle ?

- Apparemment sa sœur a été enlevée et il m’a demandé de l’aider à la retrouver.

Elle écarquilla les yeux en apprenant ça.

- Pourquoi il te demande à toi ?

Je lui racontais les circonstances de notre rencontre et elle fronça les sourcils.

- Drôle d’histoire, d’habitude les groupes de truands de ce genre n’enlèvent pas de gens, ils les tuent ou les volent. Il est sûr qu’ils sont impliqués ?

- Il avait l’air sûr de lui mais je n’étais pas en mesure de le vérifier.

Elle prit un air songeur.

- J’en parlerai à Wyrlan, peut-être qu’il aura des idées. Tu tiens vraiment à répondre à sa demande ?

- Oui, et je ne changerai pas d’avis.

- Très bien, tu as l’air décidé donc je ne t’en dissuaderais pas. Mais je t’en prie sois très prudente, ce genre de choses peut très vite déraper et ces malfrats ne s’embarrassent généralement pas de la morale et règlent souvent leurs problèmes d’un coup de couteau dans le dos.

- Je sais, j’ai déjà eu affaire à eux, même si c’était très bref. Je n’irai pas au-devant du danger, pas sans avoir prévu quelque chose pour m'en sortir.

Elle me caressa de nouveau la tête puis sortit, me précisant qu’elle me monterait un repas un peu plus tard. Je la remerciai avec un sourire. J’aurai aimé avoir une mère comme ça… Je soupirai, je devais arrêter de penser à ce genre de chose, ça me minait le moral à chaque fois. En enlevant mes affaires, je vis le bijou que j’avais pris à Vyrl tomber. Lui aussi je l’avais complètement oublié, j’aurai du lui rendre. Il était vraiment joli, et j’adorais cette fleur, la Douce Féérie, mon père avait l’habitude d’en mettre partout et de m’appeler comme ça… j’avais dit d’arrêter de penser à ce genre de choses, c’est pas vrai … ce bijou… j’allais le garder si je réussissais la mission, sinon je le rendrai à Vyrl… oui, c’était une bonne idée. Une fois décidée, je le rangeai avec mes affaires et m’allongeai de nouveau. Fyly arriva peu après avec un plateau. Elle m’informa qu’ils commenceraient la mission le soir même et me conseilla de fermer la porte à clé, elle irait demander un double au gérant. En voyant la porte je me disais qu’un homme acharné pourrait très bien l’ouvrir en tapant dessus, mais il réveillerait toute l’auberge en faisant ça. Rassurée, je mangeai mon repas et allai me coucher dans la foulée, consciente que j’allais devoir être en forme demain.


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 Sujet du message: Re: L'auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Dim 14 Oct 2018 02:19 
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Une décision difficile


Après m’être levée, je passai le reste de la journée à l’auberge à me reposer, la nuit n’ayant effectivement pas été de tout repos, pleine d'angoisses et de cauchemars. J’appris que Vyrl était parti ramener sa sœur Nuim chez lui mais qu’il avait dit qu’il reviendrait le lendemain. Sans que je ne sache vraiment pourquoi, cette dernière nouvelle me réjouit. Fyly m'aida à nettoyer et repriser mes vêtements, les rendant presque comme neufs, Wyrlan me donna ce qu’il appela mon « lot de consolation », une petite bourse contenant une partie de l’argent que Kisp leur avait versé lors du contrat. Un idiot aurait refusé l’argent, mais j’étais bien trop contente de pouvoir acheter des choses sur le dos de ce fumier pour m’en soucier. Sortir me sembla pourtant être une mauvaise idée, la milice n’avait pas arrêté tous les hommes de Kisp et les noirs Desseins étaient sans doute toujours à ma recherche. Je restai donc à me morfondre à l’auberge, ressassant les paroles de Kisp et celles de Wyrlan. Je devais faire quelque chose mais quoi ? Me cacher me semblait tout aussi improbable que fuir, car où aller dans les deux cas ? Et en plus, j’allais mettre en danger tout le groupe où que j’aille s’ils venaient avec moi; et moi je ne voulais pas tuer le sale type qui me mettait dans cette situation... Tu parlais d'un dilemme !

Thorgrim essaya de me sortir de ma morosité en me racontant des légendes sur Meno, car il savait que j’avais un faible pour les légendes de ce dieu, bien que je ne le priais pas. Quand je lui dis que je ne voyais pas pourquoi je le prierais, après qu'il ait abordé le sujet, il prit un air faussement indigné.

- Il est normal de prier le dieu que l’on vénère voyons ! Mais rassure-toi, même s’il y a des façons précises de prier pour le clergé, chacun à sa propre manière de prier le dieu ou les dieux qu’il aime. Moi par exemple je prie Meno lorsque je forge et je lui dédie une partie de mon travail. C’est ma façon à moi de me sentir proche de lui. Si tu penses que Meno est le dieu qui te correspond, tu peux trouver ta manière à toi de penser à lui et de le prier.

- Ce n’est pas un peu hypocrite ? Je sais que les dieux existent mais en prier un du jour au lendemain semble un peu forcé non ? Surtout que je ne compte pas leur demander quoi que ce soit !

Il eut un sourire.

- Les dieux ne s’embarrassent guère de nos raisons de les prier et ils ne répondent pas toujours, loin de là. Et prier ne veut pas forcément dire que tu leur demande quelque chose, juste que tu penses à eux et leur rend hommage. C’est… une forme de respect si tu préfères.

J’eus du mal à saisir l’intérêt de tout ça mais je décidai d’y penser à l’occasion. Après tout Meno était le dieu du feu et c’est le seul avec lequel je pourrai me sentir proche, même si ce que Thorgrim m’avait appris de son clergé ne m’avait guère plut. Il me raconta une autre histoire jusqu’à ce que Fyly nous interrompe, le visage soucieux.

- Yli, mauvaise nouvelle, apparemment Kisp va s’en tirer encore mieux que ce que nous n’avions envisagé. Ce n’est pas encore sûr évidemment mais les documents que tu as rapporté et qui étaient chez la milice ont disparu et l’incendie du bateau va jouer en sa faveur.

J'eus du mal à contenir ma surprise et mon mécontentement. J'avais fait tout ça pour quoi au final ? Mais il ne pouvait pas s'en tirer si facilement...

- Et les témoignages des captives ?

- C’est le seul élément qu’il reste contre lui et je ne serai pas étonnée qu’elles se taisent les unes après les autres ou qu’elles disparaissent si elles s’obstinent.

Je soupirai en posant le front sur la table, j’allais devoir prendre une décision et vite. Le reste de la soirée fut assez morose à cause de cette nouvelle et j’allai me coucher tôt. Bizarrement j’eus presque envie d’appeler Meno à l’aide mais je n’allais pas commencer à demander à un être divin de régler le problème de Kisp, c’était ridicule… surtout que je n’avais jamais manifesté la moindre foi à son égard. Pas besoin de demander l’aide d’un dieu pour ça, je devais me décider et régler cette histoire moi-même. Je retournai le problème dans tous les sens pendant une bonne partie de la nuit, réfléchissant à des solutions mais rien d’agréable ne me vint. Je m’endormis après un long moment, une idée en tête. Elle ne me plaisait pas mais c’était la seule qui fonctionnait sans mettre tout le monde en danger.

Le lendemain, je rejoignis les autres dans la grande salle pour le petit déjeuner. Fyly remarqua tout de suite que j’avais quelque chose en tête. Elle m’interrogea du regard et, après une grande inspiration, je me lançais.

- J’ai pris une décision concernant Kisp.

Les trois autres se turent et me regardèrent, attentifs.

- J’ai décidé de fuir loin, de ne plus avoir affaire à lui et de trouver un moyen de ne pas recroiser sa route.

Ils échangèrent des regards étonnés, mais je n’avais pas fini. J'avais les mains moites et appréhendais un peu leurs réactions.

- Je ne souhaite pas vous mettre en danger par ma faute… Je vais donc partir… seule.

Fyly posa brutalement sa chope sur la table et me regarda, les yeux écarquillés, à la fois triste et en colère et allait parler mais Wyrlan fut plus rapide.

- Tu es sûre de toi ? Ne prends pas cette décision à la légère.

- J’y ai réfléchi toute la journée d’hier et une bonne partie de la nuit. C’est la seule solution acceptable à laquelle je suis…

- Acceptable ?

Fyly se leva de sa chaise, elle avait l’air sacrément remontée contre moi. Son ton calme laissa place à un autre, furieux.

- Tu comptes quitter le groupe, sans même te concerter avec nous et tu trouves ça acceptable ?

- Fylyarina calme-toi !

Wyrlan parla d’une voix ferme mais Fyly quitta la table et partit s’enfermer dans la chambre, je l'entendis claquer violemment la porte. Cela jeta un froid mais je me forçai à continuer en baissant la tête. J'eus presque honte d'avoir aborder le sujet.

- Je n’ai pas pris cette décision à la légère, mais je refuse que vous soyez blessés ou tués à cause de moi, je vais donc voyager seule tant que le cas de Kisp ne sera pas réglé.

Les autres restèrent silencieux puis Thorgrim soupira.

- Je ne vois pas trop quoi dire, je suis déçu que tu partes ainsi, mais tu as l’air d’être résolue et je n’empêcherai jamais quiconque de faire ce qu’il a décidé.

Bolir enchaîna.

- Nous aurions pu nous occuper de ce Kisp sans difficulté et ses hommes de mains ne sont que des petites frappes mais si tu as pris ta décision, je ne t’en empêcherai pas. Un vrai guerrier ne joue pas avec la volonté de ses compagnons.

Wyrlan termina.

- Je me doutais un peu que tu choisirais cette option et Fylyarina aussi a dû le sentir, d’où sa réaction excessive. Mais même si nous ne sommes pas avec toi, tu seras toujours la bienvenue Yliria. Et puisque nous ne pourrons t’aider après ton départ, nous allons le faire maintenant. Je vais t’aider à te préparer au mieux pour ton voyage, mais avant, va voir Fylyarina, nous nous occuperons du reste demain.

J’acquiesçais et les trois me gratifièrent d’une accolade, d’une petite tape sur l’épaule ou d’un sourire. Je montai donc voir Fyly après les avoir enlacer en les remerciant. J’ouvris la porte tout doucement, comme pour ne pas la déranger. Elle m’avait évidemment entendu arriver et attendait sur son lit, les bras croisés et l’air sévère. Je m’installai face à elle. J'avais l'impression de me faire gronder par ma mère, c'était étrange.. Focus Yliria, focus ! J'inspirai avant de commencer mais je fus très vite coupée.

- Fyly je…

- Tu es certaine de ton choix ?

Elle parla d'un ton dégagée, loin du ton furieux qu'elle avait eu plus tôt, mais je sentis nettement la tristesse dans sa voix. Que pouvais-je dire ? Je n'arrivai pas à lui dire ça en face et préférai ne pas la regarder dan les yeux.

- Honnêtement ? Non, je n’ai pas envie de partir comme ça, mais je n’ai pas le droit de vous demander de risquer vos vies en permanence. Je vous adore tous et je ne veux pas vous attirer des ennuis.

Elle eut un air las, presque abattue mais se reprit très vite.

- Très bien, je comprends, je n’approuve pas mais je comprends. Quand as-tu décidé de partir ?

- Je … Je ne sais pas encore, probablement rapidement.

- Dans ce cas, laisse-moi au moins deux jours Yli, si dans deux jours tu n’as pas changé d’avis, je ne t’en empêcherais pas.

Je la regardai de nouveau et elle me renvoya un sourire triste, comme si elle savait déjà que je ne changerai pas d’avis.



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Dernière édition par Yliria le Mar 16 Oct 2018 11:32, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Lun 15 Oct 2018 14:10 
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Je remerciai le vieil homme en lui donnant la somme réclamée puis nous reprîmes le chemin de l’auberge. De retour à l’intérieur, Wyrlan m’entraina dans ma chambre, préférant que je ne sois pas en permanence à la vue de tous. Il voulait discuter avec moi de mon périple mais je fus bien incapable de lui dire ce que je comptais faire et je lui demandai s’il connaissait des moyens que j’améliore mes compétences magiques, pour me débarrasser des sbires de Kisp s'ils me retrouvaient et à long terme de Mère, mais ça je le gardai pour moi. Il réfléchit quelques instants puis sortit une carte d'Imiftil, la déplia et pointa du doigt les villes en fonction de ces paroles.

- Le plus évident que je connaisse est l’université de magie de Tulorim, là-bas tu pourras avoir des cours sur la maîtrise et l’utilisation de la magie et pas seulement la tienne, mais aussi quelques autres. Mais c’est un cursus global qui n’est pas fait pour être individuel et il est très rare qu’un professeur ou le recteur prenne un apprenti. Il y a aussi la bibliothèque qui doit avoir des ouvrages sur la magie mais si tu cherches à améliorer ta pratique, ce n’est guère indiquer. Il y a des magiciens errants qui prennent parfois des apprentis mais le tout est de tomber sur eux, ce qui n’est pas évident. J’ai entendu parler de mages à Hidirain qui pourraient convenir … ou d’une pyromancienne à Exech, qui serait extrêmement douée et qui prendrait de temps en temps un disciple. Ce sera un long voyage quel que soit ton choix.

- Parle-moi de cette pyromancienne s’il te plaît, aller à Exech ce serait peut-être le plus simple, et j’aimerai passer par Tulorim pour aller visiter mon père…

Il ne releva pas mais je vis ses sourcils se hisser légèrement. J’avais ce projet depuis un moment, visiter la tombe de Père, autant "profiter" de l’occasion. Il n’avait pas beaucoup d’informations sur cette pyromancienne, juste qu’elle était assez connue sur place. J’hésitai un moment puis me décidai, j’irais voir cette femme en lui demandant de m’en apprendre plus sur la magie du feu. Wyrlan me proposa un itinéraire qui permettrait de brouiller les pistes quant à ma destination, au cas où quelqu’un chercherait à me suivre pour me retrouver, ce qui était très probable. Il me rallongeait le voyage mais il était improbable. Je pris une des fioles que je venais d'acheter et en bu le contenu tandis que Wyrlan rangeait la carte. J’avais encore du mal à réaliser ce que j’allais faire, mais je l’avais décidé, je devais assumer.

Vyrl arriva en milieu d’après-midi et je l’accueilli avec joie. Nous discutâmes de son retour dans son village avec sa sœur et je lui demandai où étaient ses parents tandis qu’il risquait sa vie pour retrouver sa sœur.

- Ils voulaient venir, mais ma mère a mis au monde mon petit frère il y a à peine un mois, elle ne peut donc pas quitter la maison trop longtemps et mon père ne voulait pas la laisse seule, il lui arrive encore d’avoir quelques faiblesses. Crois-moi, tous les deux enrageaient de ne pas pouvoir venir et mon père a failli engager des miliciens pour la retrouver. Mais ils ont hâte de te remercier tu sais. Je n’ai dit à personne que tu es une Shaakt, ils seront encore plus surpris quand tu arriveras.

Il avait dit la dernière phrase en souriant et je levai les yeux au ciel, un vrai gamin, il n'était pas possible. Nous discutâmes un long moment, mais je ne pus me résoudre à lui dire que je comptai disparaître de la région pour un long moment. Cette pensée devint encore plus douloureuse lorsque j’imaginai sa réaction et je préférai me taire. Il passa le reste de la journée avec moi. Lui parler me faisait du bien, je n’avais jamais vraiment fréquenté de personne de mon âge, ou du moins une équivalence, et c’était très agréable. Il comptait rester jusqu’au lendemain avant de repartir en milieu de journée, ce qui nous laissait que peu de temps, mais je m’en accommoderai. Bizarrement son regard me donnait une impression étrange dans la poitrine et j'avais envie de... de quoi exactement ? Je chassai ces pensées mais elles revenaient sans cesse et je dus me maîtriser une bonne partie de la journée pour ne pas l'enlacer subitement.

Le soir, il mangea avec nous malgré le regard glacial que Fyly lui jeta. Je savais qu’elle n’avait pas digérer ce qu’il avait fait, mais elle s’abstint de tout commentaire, à mon grand soulagement. L’ambiance n’était donc guère au beau fixe mais ils tous firent un effort, probablement parce qu’ils ne voulaient pas que je me sente mal. Après le repas je rejoignis Vyrl dans sa chambre sous le regard curieux de Fyly qui me fit un clin d’œilme faisant rougir. Grâce à elle je me sentis mal à l’aise en rentrant dans la chambre. Je sortis de ma poche la petite broche en argent que je lui avais dérobée et lui tendis. Il eut l’air étonné mais ne la prit pas.

- Je pense que je me sentirai mal en la reprenant, je vais essayer d'oublier ce que j'ai fait à ce moment là. Garde-la, elle t’ira bien mieux qu’à moi.

Je ne me fis pas prier et l’attachai sur ma robe au niveau de la poitrine. Elle était vraiment jolie, ça me ferai un souvenir... quoique je n'avais pas forcément envie de me souvenir de beaucoup de choses de cette ville. Je le remerciai avec un sourire et je le vis rougir. Nous passâmes un moment à discuter mais je vis bien qu’il attendait quelque chose… et moi aussi, j’avais le cœur qui battait la chamade. J’en eus vite marre et me rapprochai de lui, posant ma tête sur son épaule en soupirant.

- C’est vraiment nul qu’on se soit rencontrés comme ça.

Il rigola doucement mais il acquiesça. Peut-être que si nous nous étions connu autrement, les choses auraient pu… tourner différemment. Je fermai les yeux et il passa son bras autour de ma taille. J’avais envie de me serrer contre lui… Mais il le fit pour moi, ce qui m’alla très bien. Je le sentis se rapprocher et le laissai faire, j’avais envie qu’il le fasse.

- Je … je peux ?

Je levai les yeux au ciel en soupirant. Bon sang mais quel ... il ne pouvait pas sentir ces choses-là ? Il dut prendre ça pour un oui car il s’approcha jusqu’à m’embrasser doucement. Je pense que c’était aussi nouveau pour lui que pour moi car aucun de nous deux ne savait trop quoi faire. Mais il prit les devants à ma grande surprise et m’enlaça tandis que je lui rendais son baiser. Il n’essaya rien de plus, ce dont je lui fus reconnaissant, se contentant de m’embrasser tendrement. Au bout d’un moment je m’écartai de lui en me mordant la lèvre. Nous étions tous les deux écarlates et un fou rire nous vint. Nous nous étions tellement mis la pression qu’il nous fallait un exutoire. Une fois calmée, je l’embrassai de nouveau. Il se sentit obligé d’ajouter quelque chose.

- Je … c’était…

- Ne dis rien, je sais, j’ai ressentis la même chose.

Je passai une partie de la nuit ainsi, blottie contre lui, à discuter. Il me raconta sa vie au village, avec sa famille, ses amis et des anecdotes qui me firent souvent rire. J’évitai scrupuleusement de discuter de mon passé récent, me contentant de dire que mon père était mort et que je ne connaissais pas ma mère. Cette soirée me fit oublier momentanément presque tous mes soucis. Je me levai à regret, lui volant un baiser avant de regagner ma chambre où Fyly m’attendait, un sourire aux lèvres, évidemment.

- Aloooors ?

Je me sentis rosir jusqu’aux oreilles mais je ne me démontai pas.

- Tu sais très bien, tu nous as écoutés non ?

Elle prit un air outré.

- Mais je n’écoute pas aux portes voyons… Il embrasse bien ?

Là mon visage devait être écarlate car elle éclata de rire mais elle arrêta de me taquiner, se contentant de me regarder me laver et me changer avec un sourire. Une fois propre, elle me coiffa de nouveau les cheveux avec une tresse puis me demanda si j’allais le rejoindre dans la nuit. Là je bafouillai comme une idiote, la faisant rire de nouveau. A quoi elle pensait ? Elle redevint sérieuse mais ses yeux pétillaient toujours de malices.

- Je n’ai pas aimé qu’il te vende comme ça, mais bon tu as l’air de tenir à lui et il a l’air de savoir se faire pardonner.Tu comptes toujours partir malgré cela ?

- Oui, je n’ai pas changé d’avis. Il part demain et je partirai le jour suivant, je passerai le voir pour lui dire au revoir et je continuerai après ça.

- Tu n’es pas obligé de souffrir à ce point Yli, nous pouvons…

Je la coupai sèchement.

- S’il te plaît Fyly, je ne veux pas en parler.

Elle n’ajouta rien et je m’en voulus immédiatement. C'était moi qui avais décidé, je ne devais pas m'en prendre à elle. Je m'excusai, penaude.

- Désolé, je n’aurai pas dû te parler comme ça.

Elle vint à côté de moi et me caressa la tête.

- Ce n’est rien, je sais que tu as fait un choix difficile, j’aurai simplement aimé que ça se passe autrement.

- Moi aussi …

Elle sourit et nous discutâmes un peu avant d’aller dormir. Je ressassai un long moment ma soirée avec Vyrl avant d’enfin trouver le sommeil.

Je passai la matinée suivante avec lui avant qu’il ne reparte dans son village. J’avais beau savoir que j’allai le voir le lendemain, j’eus un pincement au cœur en le voyant partir, serais-je vraiment tomber amoureuse aussi vite ? D'accord il était gentil, beau et... j'abandonnai, je n'arrivais pas à avoir un avis objectif sur lui, je devais penser à autre chose et Wyrlan m'en donna l'occasion. Je passai un moment avec lui, remplissant mon sac de choses utiles tandis qu'il me donnait des conseils. Une corde, de quoi faire du feu, des rations de voyage, une gourde d’eau, un sac de couchage et tout le nécessaire pour voyager, y compris une tenue de rechange « au cas où », qui ressemblait aux vieux vêtements que j’avais dû jeter, et quelques autres bricoles. Mon sac et mon itinéraire étaient prêts et je passai l’après-midi avec le groupe, profitant des derniers moments ensemble pour nous chamailler et jouer au jeu de cartes dont je ne comprenais décidément rien, ce qui fit beaucoup rire Thorgrim qui s’amusa à me taquiner à chaque fois que je posai une carte, le fourbe. Bolir voulu faire un bras de fer sans que je ne comprenne pourquoi et insista tellement que je cédai pour lui faire plaisir. J’ai rapidement regretté l’idée quand il serra ma main à m’en briser les phalanges devant les visages hilares de Thorgrim et Fyly qui se gardèrent bien de m’aider.

Le soir venu je pris un rapide dîner avant d’aller me coucher en même temps que le soleil, les autres me souhaitant bonne nuit et assurant qu’ils m’accompagneraient à la sortie de la ville le lendemain, ce qui me rassura un peu. Je comptais partir de nuit pour ne pas attirer l’attention, il valait mieux que j’ai quelques heures de sommeil avant de partir mais il fut long, très long à venir.


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 Sujet du message: Re: L'auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Ven 16 Nov 2018 18:38 
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Après une bonne nuit de sommeil, Evelyn se sentait plus optimiste. Elle avait franchi d'un pas plus léger le seuil de l'Auberge de l'Au delà et attendait maintenant Silan, assise à une table dans un coin de la salle. Sa prudence habituelle ne l'avait pas abandonnée, mais elle se sentait plus à même de prendre les risques nécessaires à la réussite du cambriolage.

(Je ne sais toujours pas si je peux faire confiance à Silan, mais pour l'instant je n'ai aucun moyen de m'en assurer.) Se raisonna-t-elle. (Garde les yeux ouverts et laisse couler.)

C'est sur ces pensées d'une sagesse toute relative qu'elle aperçut son complice, aujourd'hui vêtu de mauve. Il s'installa avec la même nonchalance que la veille avant de s'exclamer :

"Bonjour, chère amie. J'espère que votre nuit à été bonne, car nous avons du pain sur la planche!"

Evelyn fronça les sourcils; Silan était un peu trop expansif pour un projet nécessitant autant de discrétion. Le choix de l'Auberge de l'Au-delà comme lieu de rendez-vous avait déjà dérangé la jeune voleuse, qui n'avait accepté que parce qu'il aurait paru encore plus étrange à un observateur éventuel que Silan se mette à fréquenter les bas-fonds de la ville, mais si en plus il se mettait à se faire remarquer... Elle répondit à son salut d'une voix plus basse, espérant qu'il suivrait son exemple.

" Bonjour à vous. En effet, ce n'est pas le travail qui manque, surtout si nous voulons agir vite."

Silan haussa un sourcil, et lança :

"Pourquoi une telle précipitation?

- Parce que votre comportement va forcément changer pendant les préparations, répondit la jeune fille qui s'était attendue à cette question et avait prévu une répartie en conséquence. Vous vous mettez à me fréquenter, une inconnue, vous allez peut-être chercher du matériel, poser des questions... Toutes sortes de choses qui peuvent attirer l'attention de votre famille. Le plus vite nous agirons, le moins de temps ils auront pour se poser des questions. Demain soir serait l'idéal.

- Je comprends votre raisonnement, murmura le jeune homme en plissant les yeux. Oui, au plus vite... Mais dans ce cas nous ne pourrons mettre en place qu'un stratagème simple.

- Parfois les plans les plus simples sont les plus efficaces. Commencez par me dire tout ce que vous savez de la maison."

Durant l'heure suivante, Silan instruisit la voleuse sur l'organisation des pièces, les lieux ou étaient entreposés les biens de valeur, les habitudes de chacun des habitants de la demeure, du maître de maison à la cuisinière. Evelyn se montra particulièrement intéressée par le sujet des hommes engagés pour assurer la sécurité.

" Votre père ne fait pas confiance aux forces de la ville?

- Oui et non. Disons que Fad et Helgen sont à la fois ses gardes privés et son escorte. Pour le standing, vous voyez." répondit Silan.

Il reprit :

" Ce sont d'anciens mercenaires qui se sont rangés. Ils sont nourris, logés, et payés par père lui même.

- Corruptibles? Interrogea la jeune acrobate.

- Pas que je sache. Helgen est un idiot mais il est fidèle, et Fad... Fad est celui dont il faut le plus se méfier. Père lui confie la plupart des missions d'importance. Non, il vaut mieux les éviter que d'essayer de les raisonner. Du moins pour vous."

Evelyn s'interrompit pour réfléchir un instant.

"Ils font des rondes, j'imagine.

- Assez peu. Une le matin, une le soir, et ils gardent la porte du bureau, où sont entreposés les biens, durant la nuit. A tour de rôle."


La jeune fille eût un mouvement de surprise.

" Toute la nuit? Votre père cache quelque chose?
S'exclama-t-elle. Je veux pas vous offenser, mais vous avez l'air de bien vivre, pas d'être richissimes!

- Quand je dis que père est prudent..." Répondit Silan avec un haussement d'épaules désabusé.

C'était mauvais signe. Evelyn se fit la réflexion qu'elle n'avait pas forcément eu l’œil avisé en choisissant cette maison. Mais elle avait déjà perdu une journée sur les trois accordées par Joli-Coeur et ne pouvait se permettre de changer de cible.

"Vous avez raison, nous devrions éviter ces mercenaires. Aucun d'entre nous n'est un combattant, et le principe d'un cambriolage est de ne pas se faire repérer.

- Qui l'eût cru..."

Evelyn haussa un sourcil. Il maîtrisait l'ironie, le nantis? Elle ignora son intervention.

"J'ai un peu observé la maison. L'arrière a l'air plus accessible que l'avant. C'est surveillé?

- Pas particulièrement, répondit Silan en haussant les épaules. Mais la porte donne sur la cuisine, qui est fréquentée jusqu'à tard le soir et dés les premières lueurs du jour. De plus, elle est renforcée et la serrure a été changée il n'y a pas longtemps. Il va sans dire que je n'en possède pas la clef.

- Et la fenêtre au dessus? Interrogea l'acrobate.

- Elle est verrouillée, bien sûr."

Silan jouait distraitement avec un pendentif orné d'une pierre irisée, observant les reflets colorés tout en conversant.

- Quel genre de verrou?

- Oh, pas un verrou, plutôt un loquet. Solide, lui aussi.

- Peu importe s'il est solide ou non tant qu'il n'est pas en place...

Silan releva la tête et dévisagea la jeune fille d'un air désapprobateur.

"S'il était si facile de s’introduire dans ce bureau en l'absence de père, je n'aurais pas besoin de vos services, rétorqua-t-il.

- Et en sa présence? Il ne s'agit que d'ouvrir un loquet, ça peut se faire discrètement."

L'idée ne semblait pas plaire au jeune homme, mais Evelyn continua.

"Vous vous entretenez avec votre père, et dés qu'il ne regarde pas, vous déverrouillez le loquet! Simple comme bonjour!


- M'entretenir, m'entretenir... Mais qu'est-ce que je vais lui dire? "

Evelyn leva les yeux au ciel.

"Ça, c'est votre boulot. Je me charge de nous trouver une corde et de grimper jusqu'au bureau. Je m'occupe également de récupérer les biens de valeur et de les évacuer. Vous, vous ouvrez le loquet... Ah, et si vous pouviez attirer les gardes plus loin, ce serait parfait. Ensuite vous sortez tout naturellement par la porte principale,
expliqua la jeune fille.

- Au milieu de la nuit? Objecta Silan.

- Pourquoi pas? Vous êtes prisonnier chez vous?


- Non, mais... Si quelqu'un me voit, ce sera suspect.

- Aucune importance, puisque vous ne reviendrez pas, rétorqua Evelyn.

Silan réfléchit un instant, un pli sérieux lui barrant le front. Il avait l'air de soigneusement examiner la proposition de plan faite par la jeune fille. Elle attendit en silence jusqu'à ce qu'il reprenne la parole.

"Très bien, je ne vois pas d'alternative satisfaisante. Où nous retrouverons-nous?

- Si vous devez quitter la ville en toute urgence, les portes de la ville me semblent un bon lieu de rendez-vous, proposa-t-elle.

- Vous ne partez pas? Questionna le jeune homme.

- Non, dit Evelyn en secouant la tête. J'ai encore... des choses à faire ici.

Elle se leva.

"Je pense que nous ne devrions pas nous revoir avant demain soir, pour ne pas attirer l'attention. Vous avez toute la journée et celle de demain pour préparer votre prétexte et votre diversion. Pourrez-vous m'envoyer un signal lorsque la voie sera libre?


- Je peux... Allumer une chandelle à la fenêtre de la façade avant. proposa son interlocuteur.

- Parfait.


- La majeure partie de la préparation semble m'avoir été attribuée, sourit Silan.

- Si vous préférez escalader votre façade...

- Sans façon, je vous laisse ce plaisir.


Sans bouger de sa chaise, il tendit la main vers la jeune fille. Elle hésita un instant avant de s'en saisir.

"Bonne chance."



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 Sujet du message: Re: L'auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Ven 16 Nov 2018 23:49 
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1 – Une étrange journée


« Quelle étrange journée » se dit Elroth, se tenant droit debout, sa hallebarde calée sur l’épaule, le regard lointain et fermé.

C’était un matin doux. Les rayons du soleil traversaient la grande salle de l’auberge. Dans un recoin, Elroth avait les yeux fermés et les pensées globalement vouées à Sa Clarté, la très sainte Gaïa. Il marmonnait, dans sa barbe, des prières de repos éternel. Car, au pied de l’escalier meurtrier comme aux siens, s’étendait le cadavre de celui dont il était un protecteur.

« Gaïa, Toute Puissante et miséricordieuse, guide l’âme de ce riche bougre dans l’obscurité. Aide-le à trouver son chemin, dans la paix et l’harmonie. Que son âme trouve le repos. »

S’accroupissant alors, en prenant appui sur son arme, il ferme délicatement les yeux de son ex-employeur, touchant à peine ses paupières, comme s’il ne faisait qu’appeler son corps à clore de lui-même la dernière page de sa vie. Il pose la pomme qui devait lui servir de déjeuner sur son ventre, en offrande à Gaïa, croisant les deux mains du défunt par-dessus.

Se relevant finalement, il baisse la tête d’un air solennel, une dernière fois, avant de tourner le dos à la dépouille et de passer entre les badauds attirés par le corps désincarné. Il soupire.

« Si vous vouliez me licencier, il y avait des façons moins funèbres de le faire… »

Sur le point de quitter l’auberge, le tenant l’interpelle :
« -Etranger ! Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de la dépouille ?
-Et moi donc, tavernier. Et moi donc… »

Il pousse la porte du manche de son arme et sort. La lumière du soleil l’éblouit tout d’abord. L’air doux lui fouette le visage. Les voix montant de la rue parviennent à ses oreilles. La ville s’était, elle, correctement réveillée ce matin, semble-t-il.

« Quelle étrange journée… » se répéte-t-il. Ses pensées s’étaient enrayées. Son planning tout fait s’était envolé.
Il n’avait pas grand-chose en poche et plus d’emploi. Il était dans une grande ville, pour sûr, mais dont il ne connaissait rien. Ils devaient partir aujourd’hui mais seul le patron s’en est allé. Il allait donc devoir s’attarder.
En attendant d’envisager un retour sur les routes, il lui fallait s’assurer subsistance. Il avait justement entendu parler d’un port commerçant. Il y trouverait sans doute un emploi et sa lame un usage. « Au pire, une quelconque bestiole braisée », pense-t-il.

Il regarde des deux côtés de la large route. Aucune ne semblait mener directement au port. Connaissant son sens de l’orientation légendaire, c’était la promesse d’une longue marche. « A la limite, si je fais le tour de la ville, je finirai par trouver. Hmpf…»

Auto-convaincu, il part sans réfléchir davantage, laissant derrière lui l’auberge - qui portait bien son nom - et neuf ans de sa vie.



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