L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Dim 29 Juil 2012 04:57 
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Une fois arrivé au habitation, nous repérons un batiment toute décrépit qui avait l'aire de tenir à moitier. nous passont par la fenêtre pour accèder au deuxieme étage, puisque le premier etais impraticable. J'observa alors la piece, les mur a moitier pourrit, une table de bois manquant les chaises, un matelas 2 place, posé a même le sol, étais blanc de poussier alors que la teinte normal parraissait rosée. L'odeur étais malgré tous agréable et l'ambiance étais relaxante et donnait un sentiment de sécurité. je regarde alors la demoiselle pour dire tous bonnement

''on va se reposer ici cette nuit et ensuite je te conduit a un petit repere dans les alentoure de la ville pour se faire oublier.''

On fit un léger ménage quelque minute pour finalement s'étendre sur le matelas et enfin faire connaissance. J'appris qu'el étais agé de 18 ans, elle a appris l'arc a flèche a la chasse et que son nom étais Cydia, un nom que je trouve magnifique. Au bout de 3 heures, la connexion entre nous ce fit très bien. Le drame arriva tout d'un coup, Cydia marchat sur une planche pourrit et sa jambe passe a travers le planche, ayant pour effet de casser les os de sa jambes. Je me precipite sur elle et la pris dans mes bras pour aller la déposer directement sur le matelas. Je massure qu'elle est encore consiente et examine sa blessur

''Je ne sais malheureusement pas comment soigner ce genre de blessur, ne t'inquiete pas, tu risque aucune compliquation. Je vais aller a la recherche d'un soigneur, je revien dès que possible''

avant de quitter la piece, je m'assura que sa jambe ne bouge plus avec une sorte d'atele vite fait. Je l'embrasse sur le front, la regarde s'assoupire et quitta le batiment pour partir pour une course a travers la ville.

(il a toujours des soigneur à l'auberge, allons voir si il y en a de disponible)

tous ce qui m'inquiète sont les garde et ses criminel, peut-etre suis-je rechercher. Cette penser ce confirme en voyant une image de moi sur un avis de recherche, que j'arache sur l'instant.

(tachon de ce faire discret)


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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Dim 20 Jan 2013 23:58 
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L’orphelinat n'avait pas changé. Ou plutôt, le bâtiment était resté le même. Car la longue battisse n'était plus habitée, ce qui, malgré lui, rendit Gaultier nostalgique. Non que les moments passés ici avaient étés les meilleurs de sa vie... C'était même tout le contraire. Mais cela restait un pan de son existence qu'il contemplait.
L'une des vitre était brisée et la porte grinçait au rythme du vent, à moitié sortie de ses gonds. Il prit une inspiration et entra. Si une épaisse poussière recouvrait les vitres du bâtiment le planché, lui, semblait être le témoin d'un passage ressent. Il lui vint tout d'abord à l'esprit l'image de quelques sans abris venant trouver refuge ici. Puis il se remémora pourquoi il se trouvait là. Le mot, la clé... Cela pouvait être n'importe qui, peut-être celui qui avait tué Tavos et lui avait fait porter le chapeau.
Il s'attendait à tomber sur un autre corps, un autre message l'inculpant. Et donc avançait prudemment, prêt à partir en courant au moindre signe...
Pourtant tout semblait calme. Et alors qu'il approchait de la porte 16, son ancienne chambre, un nœud se noua dans sa gorge. Chaque pièce, chaque couloir, tous les souvenirs lui revinrent... Il se plaisait à penser que cette époque était révolue, mais toutes ses peurs d'enfant étaient encore vivaces. Il eut même un instant d'hésitation en passant devant une armoire branlante, de laquelle les autres gosses jaillissaient parfois pour lui sauter dessus et le rouer de coup.
Mais le silence de mort régnait toujours, ce qui augmentait de plus en plus son appréhension alors qu'il approchait de la porte ornée d'un 16 branlant.
Toutes les autres portes ou presque étaient ouvertes, leur serrure rouillée ou carrément absente. Mais face à lui il vit un verrou neuf, installé depuis peu, jurant parfaitement avec l'aspect délabré de la porte elle même.
Avalant sa salive, il glissa la clé, ouvrit...

… et poussa un énorme soupire, alors que dans la petite chambre il ne trouva aucun corps, aucune inscription faite de sang ou de tripes. Il s'était attendu à une vision d'horreur et c'est en posant la tête contre l'encadrement de l'entrée qu'il se mit à émettre un léger rire de soulagement.
La chambre en elle même était quasiment identique à ce qu'il avait connu. Sauf que, si l'armature du lit était la même que dans son souvenir, les draps étaient neufs et le matelas était incroyablement propre... Il en était sur, quelqu'un avait fait tout cela pour lui. Et quel que fût cet individu, Gaultier le remerciait, tant il était désemparé et solitaire en cet instant.
Dans l'armoire qui, elle, était restée la même antiquité qu'à l'époque, il trouva une tenue sombre et simple à capuche. Mais surtout propre et visiblement à sa taille. Au sol, une bassine d'eau claire reposait, l'invitant à faire sa toilette. Et il ne se fit pas prier.
Jetant ses loques crasseuses, il se nettoya copieusement le visage avant d'enfiler la tenue qui, comme il l'avait deviné, correspondait parfaitement à sa taille.
Il pensait déjà au repos qu'il allait prendre ici, le temps de trouver ce qu'il allait faire, lorsqu'un bruit de pas se fit entendre dans le hall de l'orphelinat en ruine.

Gaultier finit de s'habiller en hâte puis se planta devant sa chambre, les mains jointes devant lui. Celui où celle qui était entré ici était probablement son bienfaiteur et il comptait le remercier. Mais lorsqu'il la vit, il crut faire un arrêt cardiaque.
Une vieille femme en bure se trouvait dans le couloir, face à lui, ses deux mains crochues jointes devant elle. Tout d'abord il crut qu'il s'agissait de la matrone... Mais il se ressaisit vite. Car même s'il ne se souvenait plus même de son nom, il se rappellerait toujours de son visage mauvais. Sans compter qu'il avait apprit sa mort 5 ans auparavant, et qu'elle n'aurait aucun intérêt à l'aider, même s'il se faisait piétiner devant elle.
Non, la femme qui se tenait devant lui, au bout du couloir qui semblait désormais, comme dans son enfance, faire plusieurs kilomètres, avait bel et bien un faciès mauvais... Mais c'était au delà de ça. Il transpirait d'elle une profonde malveillance. Et Gaultier frissonnait de tout son être. Son visage sans âge lui donnait un air irréel, pourtant sa voix ne tremblait pas, elle était même ferme.

« Tu ne t'attendais pas à me voir ici à ce que je vois... Ce fut facile pour moi de te retrouver, imbécile. C'est le premier endroit où tu devais te rendre pour le retrouver.»

Disant cela, elle s'approchait lentement, un sourire s'étirant sur son visage parcourut de ride, dévoilant une dentition imparfaite et sale.

« Tu ne dis rien ? L'air d'ici t'a-t-il fait avaler ta langue pendue ? Je vois que tu a pris des couleurs depuis que tu est partis... Tu aurais pu apprendre l’obéissance par la même occasion !»

Plus elle approchait et plus son faciès se détaillait, dévoilant la femme hideuse qu'elle était. Son sourire s'étirait, moqueur, bien que ses yeux étaient pleins d'une pitié feinte.
Gaultier ne bougeait plus, car si depuis son arrivée la vieillarde lui inspirait un sentiment de répulsion et de peur, maintenant qu'elle n'était plus qu'à quelques mètre, il sentait se dégager d'elle une aura de terreur et d'horreur pure et simple. Il ne pouvait pas même prononcer un mot, quand bien même il aurait voulut.
La sorcière, car aucun autre mot ne lui convenait mieux, s’immobilisa, et son sourire s'éclipsa. L'instant suivant, un pantin grotesque se trouvait sous ses deux mains jointes, comme apparut de nul part. Une mèche de cheveux piqué sur son poitrail de bois.

«Tu pensais vraiment pouvoir me désobéir et t'en sortir ? Ton esprit n'a jamais été très vif mon enfant. J'ai préparé ceci spécialement pour te punir... » 

Sa voix était maintenant parfaitement neutre. Et Gaultier sentit la puissance du talisman sans même avoir à le toucher. Il s'agissait là d'une quelconque sorcellerie malveillante, il en était sûr et certains.
Alors, d'un mouvement de ses doigts, elle fit bouger la marionnette, la faisant danser en l'air une gigue joyeuse. Et Gaultier sentit une envie certaine de se mettre à danser. Pourtant il n'en fit rien, et il n'eut aucun mal à résister à cela. Il haussa un sourcil d'étonnement, le caractère mystique de la femme s'envolant face à l’échec de son sortilège.

« C'est tout ? »

« Je vois que tu tes protégé, ignoble morpion... J'ignore comment mais tu me résiste, mais en sera il de même pour ça ! »

Elle sortie une énorme aiguille à tricoter et en transperça le ventre de la statuette de bois. Cette dernière y pénétra comme dans du beur. De la même manière que précédemment, Gaultier ressentit un picotement désagréable dans le ventre, mais ne souffrit d'aucune blessure réel. Ce qui semblait faire enrager la vieillarde.

« Qu'est-ce que tu a fait ?! Comment peut-tu ! Chien mangé de puces ! Foutriquet d'âne bâté ! »

Ses jurons s’évanouir alors qu'elle semblait se rendre compte qu'elle ne pouvait user de ses tours. Alors, elle recula, faisant s'évanouir la marionnette, levant une main griffue vers Gaultier.

« C'est.... Tu veut me tuer, Kaan... C'est ça, tu compte mettre à mort ta pauvre mère ! »

Alors qu'elle disait cela, se reculant toujours plus, vers l’intersection providentiel menant à la sortie du bâtiment, elle rencontra quelque chose... Un bruit mat de métal se fit entendre, et elle s'effondra au sol. Sa chute fut suivit de celle de l'objet qui l’assomma, un récipient en métal qui produisit un vrai vacarme. Puis de l’apparition de l'individu qui l'avait tenu.

L'homme se tenait le ventre d'une main, d'où ruisselait abondamment du sang. De l'autre il s'appuyait au mur. Avant qu'il ne s'effondre, il fixa Gaultier du regard. Ce dernier le soutint, toujours depuis le pallier de sa chambre, n'ayant pas bougé depuis le début. Sa bouche s'ouvrit mollement, comme si lui aussi venait de recevoir un coup.

Cet homme était son portrait craché.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Lun 21 Jan 2013 15:52 
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Toujours immobile, Gaultier fixait les deux corps au bout du couloir. Il s'était passé plusieurs minutes avant qu'il ne se mette en action. Un temps qui se comptait en litre de sang pour son sosie.
Il se précipita vers ce dernier et hésita un moment, jetant un regard vers la porte de sortie...
Mais bien que l'idée fut tentante, il ne pouvait le laisser mourir ici. Car bien que fuir réglerait tous ses problèmes, il avait besoin de réponses.
Ainsi le prit il par les bras, le glissant au sol jusqu'à la chambre. Et c'est exténué qu'il réussit à le mettre sur le lit.
L'homme, probablement ce « Kaan » avec qui la vieille femme l'avait confondue, - et il comprenait maintenant pourquoi, même ses habits étaient les même ! - avait perdu connaissance, il était d'une pâleur maladive.
Prenant un morceau de ses anciens vêtements qui traînaient toujours au sol et l'humidifiant, Gaultier nettoya la plaît avant de faire un bandage sommaire. Même sans compétences en médecine, il avait déjà dût s'occuper des blessures de la mule de son père et il réussit tout du moins à empêcher le sang de continuer à couler. Néanmoins, ses vêtements-bandages avaient presque instantanément virés à l'écarlate, totalement imbibés de sang. Mais il ne pouvait guère plus... Et quérir un guérisseur était bien évidement proscrit.

« Qui est tu... »

Tenant désormais la main inerte de son patient, il murmurait ses interrogations, oubliant tout autre chose.
Et c'est pendant qu'il observait l'homme qu'il tentait de sauver, le détaillant, passant ses doigts sur son visage similaire au sien, que son attention fût attiré vers un cri étouffé.
Le prenant tout d'abord pour le fruit de son imagination, ce dernier se répéta, encore et encore et il dût admettre qu'il était bel et bien réel.
Sortant de la pièce, il porta son regard sur la vieillarde, toujours inconsciente.
Les cris semblaient provenir du sous sol et, alors que Gaultier s'avançait vers l'escalier nimbé d'ombres qui y menait, les cris étouffés s’accompagnèrent d'un martèlement frénétique.

Tac... tac... tac...

Il fermait les yeux alors qu'il avançait vers la porte et s'y engouffra. Lorsqu'il les ouvrit , le martèlement se fit plus fort, mais cette fois il s'accouplait avec le battement provenant de ses tempes. Ses oreilles bourdonnaient, et il se mit à tanguer, avançant comme un homme ivre dans le couloir de pierre froides, illuminé par un unique cierge, à moitié entamé, posé sur une chaise. La chaise de la surveillante, devant la toute dernière cellule.
Car si la quasi totalité de la cave servait jadis d’entrepôt, tout au bout de l'unique couloir, une fois passé les portes menant aux pièces-réserves, se trouvait la cellule. Là où les nouveaux arrivants à l'orphelinat passaient leur première semaine. Et où les rares troubles fêtes étaient cloîtrés pour leur apprendre l’obéissance.
Quoi que même le terme « rare » était exagéré, car après le premier séjour, tous les enfants comprenaient les règles qui régissaient les lieux. Le mot exacte était « l'unique ». Car de mémoire de gosse, une seule personne était retournée une seconde fois dans la cellule. Son histoire était passé de bouche à oreille, car seul les plus anciens pensionnaires se rappelaient ce qui était advenu du petit garçon turbulent...
Car si la plupart des enfants avaient instantanément appris l'art de chahuter et faire des tours en silence, lui se faisait prendre à chaque fois.
L'histoire aurait put se révéler n'en être qu'une, mais elle était plus que ça, il s'agissait d'une légende, d'un conte que l'on se murmurait la nuit pour se faire peur. Une histoire vraie.

Et cette histoire commençait toujours de la même manière...

« Il s'appelait Henri et il se retrouva une seconde fois dans la cellule. Il fut le premier et le dernier. Car de tous les orphelins qui assistèrent à sa dernière descente dans les sous-sols, aucun n'entendit plus jamais parler de lui... »

C'était un récit que les nouveaux prenaient souvent pour un conte destiné à leur faire peur. Mais les anciens savaient, et Gaultier était persuadé qu'à sa place, tous ceux de son époque auraient le sang glacé.

Pour la seconde fois de sa vie, il entendait le martèlement de cette chaise se basculant sous l'effort de celui qui y était attaché, gémissant. La complainte d'un enfant bâillonné dans la cellule pour sa seconde et dernière fois...

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Mar 29 Jan 2013 00:42 
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Pourtant cette fois tout était différent. Alors que Gaultier poussait la porte parcourue de rouille qui le séparait de la cellule, les coups redoublèrent, et ce n'est plus les faibles gémissements d'un enfant qu'il entendait alors, mais le hurlement muet d'un homme. Et c'est ce qu'il vit tandis qu'il pénétrait dans la petite pièce étriquée. Un grand échalas retenu prisonnier d'une chaise en bois qu'il faisait basculer d'avant en arrière pour tenter de se libérer. Il était attaché par un épais cordage et un bâillon de cuir recouvrait sa bouche.
Des marques fraîches de sang tapissaient les murs. Pourtant ce n'est pas cela qui retenait l'attention de Gaultier. Car l'homme qui se trouvait retenu contre son gré, il le connaissait. Baptiste. Cette brute qui fut l'instigateur de tous ses malheurs à l'orphelinat. Même s'il était beaucoup plus grand désormais, impossible d'oublier cette face de rat. Il devait avoir son âge, mais même au travers des rides de terreur qui parcouraient actuellement son visage, Gaultier n'eut aucun mal à retrouver le faciès qu'il avait tant maudit.

Baptiste continuait à se débattre, même après l'arrivé de son potentiel sauveur. Il était plus que probable que lui n'ai pas reconnut son souffre douleur d'enfance. Quelles étaient les raisons de sa présence ici, Gaultier n'en savait rien, mais il présentait que cela avait à voir avec cette vieille sorcière et son fils Kaan. Quoi qu'il en soi, il s'avança vers le prisonnier. Et c'est alors que la porte se referma derrière lui, suivit du son caractéristique d'un verrou qui se referme. Les hurlement atténués reprirent de plus belle alors que Gaultier se précipitait vers la porte, tentant vainement de l'ouvrir.

« Ouvrez moi ! »

Son cri se répercuta dans la pièce close. Mais il n'y eut aucune réponse, sinon le silence qui, désormais, régnait en maître. Même le prisonnier s'était tue, probablement en se rendant compte que l'homme qui se trouvait avec lui n'était rien de plus qu'une autre victime dans cette cellule. Il le regardait maintenant, son visage émacié, de lourdes cernes balafrant son visage. Cela faisait plusieurs jours qu'il était ici, il n'y avait aucun doute la dessus, car l'odeur d'urine qui flottait dans l'aire venait incontestablement de lui.
Après un instant de flottement, Gaultier se décida et lui ôta son bâillon dans un bruit de déchirement. Il était collé à la peau et emporta avec lui une partie de l'épiderme où il était attaché.

« Tu... tu ne va pas me tuer ? Il m'a dit que quelqu'un... viendrait... »

la voix du prisonnier était brisée, chacun de ses mots semblaient écorchés un peu plus sa bouche asséchée. Pourtant cela n'attrista pas Gaultier. Il se rappelait trop bien quel monstre avait été dans sa jeunesse l'homme qui lui faisait face. Il doutait qu'il ai changé. En réalité, il se rendit compte qu'il le détestait toujours.

« Pourquoi te ferais-je du mal ? Je ne comprend rien à ce qui se passe. Pourquoi est tu ici ? Qui t'a dit que je viendrais ? »

« Je ne connais pas son nom... Il m'a fait prisonnier ici. Et les autres... Des gens que je connaissais, ils venaient comme moi de cet orphelinat. Il les à tous tués ! Et après... après, il leur a fait quelque chose. Il c'est mit à parler à leurs cadavres... Mais moi il m'a laissé en vie... enfermé ici... »

Bastien marqua une pose, il ne pleurait pas mais une brume humide commençait à remplir ses yeux.

« Il m'a dit comment faire pour sortir d'ici... Libère moi ! »

« Dis moi qui c'était ? Est-ce qu'il me ressemblait ? »

Tout en posant ses questions, il s'acharna à ôter les liens qui retenaient son interlocuteur. Il n'eut sa réponse qu'une fois que ce dernier fut libéré. En même temps qu'un coup de poing qui le fit reculer de surprise.

« En te tuant ! C'est le seul moyen... je ne supporterais pas un jour de plus ici ! »

Il se mit à hurler en direction de la porte, les yeux révulsés et le dos anormalement courbé, les jambes pliés de manière étrange. Là où se trouvaient jadis la corde qui le retenait, de larges marques rouges entourées de croûtes de sang faisant une spirale visible au travers des loques qui lui servaient d'habits. Cela faisait bien plus que quelques jours qu'il était là...

« Vous entendez ?! Je vais le tuer ! Je vais le tuer et après je serais libre comme vous m'avez promis! »

Puis il fonça sur Gaultier, les deux mains jointes, dans une charge titubante attestant de sa faiblesse actuel. Sa peau se tendant sur les os de ses jambes émaciés.
Il avait beau être en un triste état, la folie et l'instinct de survie sont deux alliés puissants. Et sa force n'était absolument pas proportionnel à l'énergie qu'il lui restait.
Heureusement pour lui, Gaultier pris compte du danger assez vite pour esquiver la ruée de son adversaire. Il recula alors de plusieurs mètres, les yeux écarquillés, fixant Bastien, incrédule.

« Espère de... »

« Tu n'a absolument pas changé Bastien... Je ne sais pas ce qu'il tes arrivé, mais tu ne pense toujours qu'à toi. On pourrait trouver un moyen de sortir de là tous les deux ! »

« Tu ne comprend rien.... rien... Il est fou... Même si on passe cette porte... il nous attendra derrière... Et... Bastien sembla troublé un instant, reprenant sa posture de charge, comme si la course était la seule manière pour lui de tenir sur ses jambes affaiblies. Tu me connais ? »

« Oui... Même si j'aurais préféré t'oublier. Je suis Gaultier... Celui que tu t'amusais à martyriser.. »

Le calme revint l'espace d'un instant.

« … lorsque nous étions encore... ici. »

Puis le prisonnier fou repris sa charge, de la bave écumant de sa bouche ouverte, dévoilant plusieurs dents brisées.

« Alors c'est ma chance ! Tu a toujours été incapable de te défendre, le fantôme ! Hahaha ! »

Le fantôme... Un surnom que Gaultier avait entendu pour la dernière fois de la bouche même de celui qui l'appelait à nouveau ainsi. Car il était différent qu'il ne parlait à personne et restait dans son coin les enfants l'appelaient ainsi. Souvent les gens oubliaient même sa présence. Lorsqu'il se trouvait dans la même pièce que ses camarades et qu'ils partaient faire un jeu, il était le seul à rester sur place, les regardant partir un à un. Cela lui rappela la plus vive douleur qu'il n'ai jamais endurée. Non celle physique, car il aurait volontiers souffert deux fois plus pour aller jouer avec eux. Mais la souffrance de la solitude. Des années de vie angoissante... Une solitude qu'il n'avait en réalité jamais cessé de vivre.
Quel monstre née de ses peurs les plus profondes avait put orchestrer tout cela ? Il repassait les événement dans sa tête. La mort progressive de son père, seul être avec qui il avait tissé un semblant de liens. La scène macabre du capitaine Tavos gisant dans son propre sang, seule bouée de secours qu'il lui restait pour se raccrocher à quelqu'un. Et maintenant ça...

« Crève ! Crève ! Crève ! »

Il c'était blottis dans un recoin de la pièce, tout à ses pensées lugubres, fixant le sol, les yeux ronds alors qu'il se faisait rouer de coup. Il levait les bras pour protéger son visage, se ratatinant sur le sol recouvert de pisse. Cette scène aurait put être un flash-back de son enfance. Il ne manquait que les rires moqueurs des autres enfants. Mais à vrai dire, le ricanement fou de Bastien – ou ce qu'il restait de Bastien – suffisait amplement.

Et plus son agresseur se déchaînait, s'ouvrant lui même à chacun de ses coups redoublés, plus il écumait, comme mu d'un plaisir sauvage. La redécouverte de cette joie primitive qu'il n'avait plus connu depuis que Gaultier avait quitté l'orphelinat. L'ivresse de savoir qu'il pouvait se défouler et frapper sans aucune gêne, car sa victime ne se révolterait pas et que personne ne la défendrait.
A ce moment précis, plus proche de l'orgasme véritable qu'avec aucune des expériences sexuelles qu'il n'ai vécues auparavant, Bastien eux l'impression d'être élu. Que ce qu'il avait enduré était une sorte de rite obligatoire pour atteindre l'extase. Après tout, son ravisseur ne lui avait-t-il pas offert ce souffre douleur avec l'ordre de le tuer ? Dans sa folie de douleur et d'isolement, alors qu'il avait la certitude qu'il allait être libéré et qu'il pouvait décharger sa haine accumulée sur cette chaise, il pensait vraiment cela. Il se sentait invincible dans ses haillons suintants de ses propres déjections. Son désir de liberté était de plus en plus occulté par son besoin de frapper, de se défouler. Son esprit n'était plus qu'une brume rouge de haine. Et il en était ravis. Jusqu'à ce que Gaultier ne se relève...

Il c'était mis à pleurer. Et s'il n'avait eut conscience que l'humidité et l'odeur, provenant à la fois du sol et de son bourreau, étaient déjà présentes avant, il aurait été convaincu que, comme dans pareil moment qu'il avait déjà vécu, il s'était fait dessus. Une douleur fulgurante parcourait ses avant bras. Il était sur le point de lâcher, il ne supportait plus cette souffrance et devrait bientôt épargner ses membres, et ainsi laisser son visage prendre les coups. Pourtant il n'était plus l'enfant de l'orphelinat. Il n'était plus le fantôme. Même s'il avait conservé son caractère solitaire et associable, il avait connu la joie de pouvoir vivre sans avoir peur. Mieux, il avait eu un père adoptif. La vie ne se résumait plus pour lui à la succession de coups et de peurs. Et, alors qu'il se relevait à l'aide du mur contre lequel il se trouvait, que ses yeux rencontrèrent ceux, injectés de sang, de Bastien, la colère gagna face à sa peur et sa résignation.
Une rage qui ne semblait connaître aucune limite. Non pas celle folle et incontrôlable que connaissait actuellement celui qui, toujours, le frappait de ses poings ensanglantés. Mais de cette rage froide qui transperce le cœur tel une dague intangible et à laquelle il est impossible d'échapper. Cette émotion, bien qu'aussi vive qu'une braise ardente, ne lui apportait aucune chaleur, aucun réconfort et nul plaisir. Elle était encré en lui et semblait le condamner au mutisme. Car c'est les lèvres serrées, sans même émettre un seul son, qu'il agrippa le poing qui fondait vers lui. Le choc mit à rude épreuve ses bras qui étaient maintenant ensanglantés. Mais cette douleur lui était salutaire en ce moment, elle renforçait l'émotion qui l'habitait. Cette nouvelle force silencieuse et insatiable qui réclamait vengeance.
L'étonnement s'était peint sur celui qui venait de se faire interrompre. Et c'est toujours avec une expression de surprise totale qu'il se retrouva tiré par Gaultier, son corps malingre se plaquant contre lui.
Alors, celui qui venait de se relèver pour faire face à son ennemi s'exprima. D'un unique mot murmuré mais qui, pourtant, était le fruit d'un déchaînement d'émotions peu communes.

« Meurt.»

Cette injonction n'était pas une simple suggestion, ou une ultime interaction avant de frapper. Elle était le poing inévitable et inflexible née d'un désir de mort et de destruction. C'était le fruit de 25 années à contenir sa haine. C'était la haine. Pure et sans nuance.
Et au murmure suivit le souffle. L'air qui le suivait n'était pas naturel. Il était d'une noirceur opaque, comme un vent de ténèbres, qui s’engouffrait dans les narines et la bouche de Bastien. Ce dernier demeura immobile l'instant d'une fraction de seconde, puis ses yeux se trièrent de veines noires. Il fut prit d'un unique spasme qui fit craquer ses jambes qui ne le portaient qu'à peine. Puis, il se figea à nouveau avant de s’effondrer. Alors qu'il entamait sa chute vers le sol, ses yeux continuaient à fixer son ancienne victime d'un air stupéfié. Et tandis que le corps achevait sa chute, Gaultier se tourna vers la porte.

Au travers de la serrure, il vit un œil qui observait la scène, avant de disparaître. Alors le son d'une clé que l'on tourne se fit entendre. Et la porte de la cellule s'entrouvrit dans un grincement...

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Dim 21 Avr 2013 18:16 
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Une voix lointaine me sort de mon état semi-comateux. Le réveil n’est pas facile… Mes idées ne sont pas encore en place, mais je perçois la voix de plus en plus distinctement. C’est celle de ma mère.

(Ouch… Ma tête… Promets-toi mon gars, de ne plus jamais boire autant…)

Je n’ai pas encore ouvert les yeux, mais la lumière forte de la mi-journée filtre mes paupières, me plongeant dans une ambiance rouge-orangé.

- " Sihlaar !! Lève-toi! Tu as suffisamment ronflé pour les trois années à venir ! "

La voix aigüe de ma génitrice provoque un martèlement insupportable dans mes tempes. J’ai l’impression que mon cerveau va exploser. Je ronchonne bruyamment, me refaisant mentalement le film de la veille

(Quelle soirée ! Cette bière, ce vin, ce tabac, ces filles ! Ah, ces filles ! Comment s’appelait la jolie brune déjà ? Nalie… Ah, Nalie… Nalie ? Nalie !!)

Je me lève, en sursaut, pris d’une énergie folle. La belle brune est allongée à côté de moi, profondément endormie. Il faut qu’elle parte avant que ma mère ne finisse par s’exaspérer et monter me sortir du plumard. Je m’abstiens de crier pour la sortir de son sommeil, mais ça ne facilite pas la tâche. Je ne peux que la secouer par l’épaule.

- " Nalie !! Allez, lève-toi. "

La demoiselle gémit faiblement. Je me vois obligé de la secouer plus brutalement. Sans doute perçoit-elle l’énervement dans ma voix, elle finit enfin par ouvrir ses beaux yeux de biche.

- " Allez oust ! Dehors ! Ma mère ne va pas tarder à monter, dépêche-toi ! Ce n’est pas très galant, mais il va falloir que tu sortes par la fenêtre… Elle n’est pas haute, ne t’en fais pas. Tu atterriras dans le jardin. File dans le fond et passe par la petite clôture. Dépêche !! "

Tout en chuchotant, je rassemble ses vêtements, qu’elle se doit d’enfiler prestement. Entre deux recommandations, je réponds de brefs « J’arrive ! » à ma mère.

Je vérifie que Nalie ne se fasse pas mal en mettant pied à terre, et je me dirige vers la bassine d’eau placée dans un coin de ma chambre. L’eau est fraîche et me fait un bien fou lorsque je m’en asperge le visage. Des vêtements propres enfilés, je descends le grand escalier de bois et retrouve ma mère dans la pièce à vivre.

- « Ton père t’attend à la scierie. Astérie y est sans doute déjà. Ne traîne pas ! »

Attrapant une pomme bien rouge du plat qui trône au centre de la table, je file vers la sortie. Avant de franchir la porte, ma mère me lance :

- « Au fait, mignonne la jeune fille. Mais faites moins de bruit en rentrant, la prochaine fois. »

Rougissant légèrement, l’idée de mettre à un terme à ces soirées arrosées me traverse l’esprit… Mais heureusement, n’y reste pas.

Sous un soleil printanier, j’arrive à la scierie familiale, située à quelques centaines de mètres de la maison. Nos terres sont étendues et la réputation de la richesse de mes parents n’est pas à refaire. Je prends souvent conscience de la chance que ma sœur et moi avons d’être nés dans de si bonnes conditions. Nous ne manquons de rien, ne sommes pas obligés de suivre l’apprentissage d’un métier puisque nous hériterons de l’empire commercial qu’ont bâti nos parents et nous pouvons vaquer à nos occupations préférées durant une grande partie de notre temps. Évidemment, en contrepartie, nous devons parfois mettre la main à la pâte, plutôt devrais-je dire au bois, comme en ce jour. Mais cela reste relativement rare.

L’odeur humide du bois me prend au nez lorsque j’ouvre la lourde porte du hangar. Des centaines de poutres sont entassées là, attendant d’être coupées, transformées ou simplement livrées. Mon mal de tête s’estompe un peu, mais je sens que la tâche sera rude… Du regard, je parcours l’immense pièce, à la recherche de mon père, ma sœur ou un ouvrier.

- « Asté ? »

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Lun 22 Avr 2013 12:11 
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Pressant le pas aux abords de la scierie, afin de ne pas paraître trop sciemment impliquée dans mon retard, je m’approche du bâtiment principal, tout de buches épaisses constitué, et m’arrête près de la porte entrouverte, afin d’ouïr quelques détails sur les lamentations grognonnes de mon père sur l’inconstance de sa progéniture quant aux choses de la ponctualité. Mais selon toute vraisemblance, la seule chose que j’entends est la voix de mon frère, juste derrière la porte, qui scande le diminutif de mon nom, qu’il doit être le seul à utiliser. Asté. Non mais sérieusement… Quelle idée d’appeler quelqu’un de la sorte. Mais je sais que c’est affectif de sa part, et je ne lui en tiens pas rigueur. En revanche, je me souviens plus que bien de son arrivée nocturne dans notre demeure familiale, à pas d’heure. Elle se voulait discrète au possible, mais lorsqu’un corps est imbibé de vin et d’alcool, toute discrétion est vaine. Et si ses maladresses ne l’avaient pas trahi, les roucoulements abrutissants de sa poule de nuit l’auraient de toute façon fait remarquer par toute la maisonnée. Consciente de son état déplorable, malgré l’heure avancée de la journée, je me sens soudainement d’humeur taquine. Finie la déception d’une chasse manquée, c’est farceuse et souriante que j’entreprends de surprendre mon frère…

(Accroche-toi à tes migraines, mon gros…)

Je pousse savamment et brutalement la porte en rondins pour qu’elle fasse le plus de fracas possible, et crie mon arrivée comme une trompette le ferait d’un seigneur rentré au bercail.

« Ici !! Je suis ici, me cherchais-tu ? »

Et de sauter et de tourner autour de lui avec un air joueur. L’œil fatigué, les traits tirés, il semble bel et bien dans un état second. J’arrête vite mon manège pour le fixer d’un air grave.

« J’ignorais que ta donzelle était nécromancienne… Tu as une mine de mort-vivant. »

Petite moquerie qui n’engage que moi, et n’affectera que son égo de beau-gosse.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Lun 22 Avr 2013 22:00 
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N’ayant pas de réponse immédiate à ma première interrogation, j’entame le contournement d’une énorme pile de bois, d’un pas lent et las.

J’ai à peine le temps d’ouvrir à nouveau la bouche pour scander le surnom d’Asterie, qu’un vacarme assourdissant se fait entendre. Si je ne connaissais pas ma sœur, je penserais à un tremblement de terre. Je soupire légèrement, agacé par son raffut immature. J’imagine que j’ai dû faire un peu trop de bruit en rentrant cette nuit. Enfin, ce matin. Mais est-ce une raison pour ouvrir les portes aussi bruyamment ? Pour parler d’une voix forte dans mes oreilles ? La peste ! Et voilà qu’elle se met à critiquer mon état physique. Est-ce que je lui parle de son minois boueux et de ses odeurs corporelles trop… naturelles ?

- « Salut soeurette. »

J’insiste expressément sur ce terme qui ne lui plait guère. Après tout, elle l’a cherché il me semble. Je ne lui laisse évidemment pas le temps de réagir, poursuivant la joute verbale sur un ton légèrement moqueur.

- « Alors, les fougères étaient belles ce matin ? Tu as pris ton pied à admirer les pucerons de la forêt ? Tu aurais mieux fait de m’accompagner hier soir, tu as manqué une sacrée soirée ! En plus, Il y avait là un beau p’tit gars, je pense que tu lui aurais plu ! »

Je sais parfaitement qu’Asterie se dit totalement désintéressée par les histoires de cœur… ou de corps. Du moins, c’est ce qu’elle essaye de faire croire. Une femme comme elle n’a nullement besoin des hommes. Blablabla. Peu m’importe à vrai dire, parce qu’il n’y avait eu à cette soirée, aucun homme pouvant être intéressé par une féline telle qu’elle. Mais je prends plaisir à la faire mousser un peu.

Tout en ignorant son petit manège tournoyant autour de moi, je me dirige vers un tas de bois, sur lequel j’envisage de m’asseoir quelques instants. Mon estomac semble en faire des siennes, quel lâche !

J’ai à peine le temps de poser mes fesses que notre père franchit le seuil de la scierie.

- « Ah ! Vous êtes enfin là ! Vous deviez arriver il y a trente minutes déjà ! Et bien entendu… personne ! »

Je salue d’un signe de tête le chef de famille, avant de jeter un regard en coin à Asterie, en disant long sur la culpabilité que nous étions sensés ressentir...

(Oups…)

- « Enfin, l’important est que vous soyez là, maintenant. Étant donné que je ne sais pas auquel de vous je peux faire le plus confiance, je vous ai convoqué tous les deux. La tâche n’est pas bien compliquée. Vous devez patienter ici le reste de l’après-midi pour accueillir un revendeur de bois de chêne de Tulorim. Je ne sais pas quand il arrivera exactement, mais c’est un excellent client ! Réservez-lui le meilleur accueil possible et assurez-vous que sa commande soit correctement chargée. Pour ma part, je vous laisse, j’ai du travail au bois. Je compte sur vous ! »

Nous savions notre père très aimant. Mais il ne manquait jamais une occasion de nous faire ressentir la honte que nous lui infligions parfois. J’imagine que c’était une façon pour lui de notre apprendre les lois de la vie, de nous forger un caractère et de nous montrer que tout n’est pas toujours si simple, malgré notre bonne naissance. Et au fond, il n’était pas si dur avec nous. Asterie avait le loisir de vagabonder quand bon lui semblait, rappelant à père la fougue de sa jeunesse. Quant à moi, je pouvais exercer mon art du bois à ma convenance, au plus grand bonheur de mère qui était la première admirative de mon travail. Il nous laissait une certaine liberté et nous n’avions nullement à nous plaindre de cette situation.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Mer 24 Avr 2013 17:44 
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Mon cher frère, en réponse à ma provocation fraternelle, me renvoie la balle en tentant de me houspiller sur ma visite sylvestre matinale. Car oui, comme il me le demande, les fougères étaient belles et les pucerons, je prends souvent mon pied en les voyant se faire dévorer par ces carnassières de coccinelles. Mais le lui rétorquer ne servirait à rien, puisqu’il croirait être vainqueur de cette petite conversation. Hors, je n’ai pas dit mon dernier mot, et une pique nait sur mes lèvres alors qu’il évoque la présence, hier à sa soirée de beuverie inepte, d’un beau gars qui m’aurait soi-disant plu. Instantanément, mes sourcils se froncent, et ma bouche se mue en moue désapprobatrice. Il sait le sujet des hommes sensible, en ma compagnie. Parce qu’aucun ne s’est jusqu’ici montré digne de me courtiser.

« Les fougères ont sur la plupart de tes amis l’avantage de me faire frissonner. »

Loin de moi les séducteurs nocturnes pantouflards qui se dissimulent dans la noirceur de la nuit pour draguer des minettes trop naïves ou trop alcoolisées. Qu’y voient-elles, ces cruches d’un soir, futiles déversoirs ? Un prince charmant, un preux chevalier, un brave futur-mari en devenir ? Qu’elles se leurrent, rien de tout ça n’effleure leur esprit de mâle en mal de tendresse. Ils s’en effraient, même, pour la plupart, courageux comme ils sont face aux réalités. Enfin, c’est leur façon de penser, leur manière de vivre, et à vrai dire, elles ne me concernent que peu, pour peu qu’ils me laissent tranquille. Ces jeunots dévergondés attirent la poularde, mais je ne suis pas une dinde, je suis une tigresse, et il faut plus qu’un beau-parlé et que quelques caresses pour me séduire.

Trèves de dérives inutiles, voici notre père qui arrive. D’un discours moralisateur remettant à notre place nos pauvres petites personnes manquant à la ponctualité endoctrinée par notre famille, il accuse notre inconstance en nous forçant à un travail pénible…

(Tiens, Sihlaar est aussi tardif que moi, pour le coup.)

Et ce travail pénible n’est autre que la charge d’une livraison de bois qui doit partir dans l’après-midi. Et ce n’est pas tant la transaction en elle-même qui est rébarbative, c’est plutôt l’attente lassante enfermée dans cette scierie, en attendant que le négociant veuille bien pointer le bout de son nez. Par chance, je ne serai pas seule dans cette galère. Mon cher frère m’accompagnera dans cette tâche, l’espoir pour moi de combler l’attente par quelques bavardages, jeux taquins et vannes grivoises sur sa nuit enfiévrée avec sa copine zombie.

Le paternel sorti pour les bois, armé de sa cognée lourde et puissante, je me tourne vers mon frangin en haussant un sourcil d’un air circonspect. Et je commence à parler d’un ton moqueur…

« Eeeet sinon, la petite de cette nuit, était-ce une nouvelle ? Les sentiments qui vous attachent sont-ils tellement puissants que rien ne pourra plus vous séparer ? »

Après avoir papillonné des yeux, je fais mine de regarder derrière lui, d’un côté puis de l’autre, simulant grossièrement l’enquête sur sa donzelle.

« Ah non, la voilà déjà disparue. As-tu au moins eu le temps de lui demander son prénom ? Histoire que je sache si l’une de mes amies s’est laissée emprisonner dans tes filets ? »

Filets… ça lui va bien, ça. Un pêcheur de morues. Au moins a-t-il pour lui de ne jamais ramener des thons. Il fait dans le haut-de-gamme, le frérot. Un sourire satisfait aux lèvres, je pars m’assoir sur un gros tronc, attendant sa colère, ses rires ou… sa langue acérée.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Sam 27 Avr 2013 21:37 
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Après avoir attentivement écouté les directives du paternel, Asterie et moi le regardons tourner les talons et quitter la pièce d’un pas décidé. Le pas d’un homme qui a de nombreuses tâches à remplir et qui ne laisse que peu de temps aux bavardages futiles.

Et voilà que ma frangine profite de son départ pour relancer les hostilités. Elle s’enquiert de savoir si la belle de cette nuit est l’une de ses amies qui aurait été trop naïve à son goût. Tout en lui répondant, je l’observe allant s’asseoir sur un tronc d’arbre, adossée à la commande du revendeur de Tulorim, une pile de troncs aussi haute que trois fois ma taille.

- « Tu me déçois Asté. Tu sais bien que je ne promets pas aux donzelles de longues et belles histoires d’amour, voyons… Je leur promets bien mieux ! »

Je marque alors une petite pause, afin de laisser à son imagination le temps de s’activer. Parce que bien sûr, Astérie ne m’accompagnant jamais lors de mes virées tardives, n’a aucune idée de ma façon de procéder avec les filles. Et je crois qu’elle serait réellement bien étonnée. Si j’utilise ici avec elle l’ironie, je sais que contrairement à bon nombre d’individus de la gent masculine, je suis respectueux des filles d’Eve. Je poursuis ensuite :

- «Et aux dernières nouvelles, je ne suis pas fougèrophile, je te signale ! »

Je me coupe soudainement, pris d’une pensée parasite, laissant un sourire en coin sur mes lèvres et exprimée rapidement avant de poursuivre mon propos initial.

- « … Même si certaines sont de jolies plantes ! Alors avant qu’une de tes amies ne passe dans mes draps… »

Il était évident que les amitiés d’Astérie ne se limitaient pas à de la végétation. Mais il fallait bien que vengeance se fasse, non ? Et, comme la jolie Nalie, je ne veux pas attendre qu’elle refroidisse…

Les charriages prenant fin, je m’en retourne à mon siège initial, sur lequel l’arrivée de Père m’avait empêché de m’installer indolemment pour récupérer de ma folle soirée. Mais les chamailleries Asteriennes, comme j’aime à les nommer, m’ont redonné vigueur. Et pour que le temps d’attente me paraisse moins long, tandis qu’Asterie semble perdue dans ses pensées, j’empoigne un large bâton, me rendant soudainement empathique avec les doigts de fée de Nalie, que j’épluche précautionneusement de son écorce, dans le but d’en tailler le bois. Mon âme d’artiste me dictera plus tard ce que j’en confectionnerai.

Il ne faut pas beaucoup de temps pour être dérangé dans cette activité qui m’est si chère. Des bruits de rongement particulièrement insupportables viennent parasiter mon environnement sonore. Relevant la tête de mon morceau de bois, je cherche des yeux le coupable. Je repère très rapidement le profanateur, les rayons du soleil du début d’après-midi illuminant sa queue rousse de mille feux.

- « Tiens, regarde, un de tes potes est venu te tenir compagnie ! »

Aussitôt, je me lève et pousse la chansonnette. Ma mère fredonnait sans cesse cette turlurette à Asterie, qu’elle tenait elle-même de celui qu’on appelait Papy Merveille, pour les étoiles qu’il nous mettait sans cesse dans les yeux. Tout le monde était d’avis de dire que la chanson lui allait comme un gant.

- « Petit écureuil roux,
Danse, chante et fais la roue
Arrête ! Arrête !
Ne fais pas le fou !
Tu vas te casser la tête,
Petit écureuil roux.
Tu vas te casser la tête,
Petit écureuil roux. »

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Sam 11 Mai 2013 11:28 
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Et c’est une petite pointe sarcastique qui fait réponse à ma pique. Confiant en ses valeurs propres, voilà tel qu’est mon frère. Et c’est sans doute un point commun des plus marquants que nous avons. Butés et convaincus que notre point de vue est le meilleur. Différents, mais pareils, au fond. Ainsi, il affirme donner bien mieux qu’une histoire d’amour, et cette référence grivoise tout à fait orgueilleuse me fait rouler les yeux dans les orbites. Il semble ensuite vouloir insister sur mon manque de relations humaines et citadines, sous-entendant que d’amies, je n’ai que des plantes et fleurs. En réalité, il ne se trompe que peu, car mes plus fidèles compagnes sont vertes et fleuries, les fleurs qui ne me déçoivent jamais, les arbres emplis de mystères centenaires, et tout ce que la forêt abrite d’animaux et de roches, de rivières et de végétaux. Hors si j’ai effectivement quelques amies humaines, celles-ci ne sont rien de plus que des copines forcées par les normes sociales d’une fille de commerçant célèbre. Elles me trouvent bizarre, de toute façon. Décalée dans ma façon de penser. Et j’en tire ma fierté.

Assise sur ce gros tas de troncs qui ne sera bientôt plus qu’un souvenir de cet entrepôt, lorsque le client de père aura tout chargé sur son navire fluvial, après sa venue, je laisse un rayon de soleil filtrer d’une légère fente dans le bois du toit éclairer mon visage de toute sa lumière, faisant flamboyer mes boucles rousses… Mais pas que les miennes. L’astre lumineux ne tarde pas à révéler à mon frère la présence d’un petit animal non moins rouquin que moi perché sur la pile de tronc. Je me retourne vers celui-ci, curieuse, pour découvrir un petit écureuil entreprenant qui se lave le museau frénétiquement de ses petites pattes, sur les hauteurs des bois.

Silhaar entonne alors une comptine de longue date, que mère me chantonnait souvent, pour me prévenir des dangers de l’imprudence, et mettant en scène un petit écureuil roux un peu foufou. La référence à ma personne était claire, et loin de prendre mal cette chansonnette, je m’en étais faite mon étendard de bataille, étant petite. Son souvenir, de la voix de mon frère, me fait sourire, mais bien vite, je ne l’écoute plus. Car une autre idée, bien plus prenante et aventureuse que la mélancolie d’une complainte du passé, m’accapare l’esprit.

La rousse fourrure du rongeur me rappelle diablement celle du renard que j’ai chassé ce matin, et je vois en le petit animal une maigre compensation de mon échec probant. Certes la fourrure sera moins grande, mais au moins j’aurai quelque chose, pour me faire une bourse rousse, ou quelque autre ustensile de cuir et de fourrure. Mes yeux de sylphide lorgnent les moindres mouvements de l’animal, qui ne semble pas gêné outre mesure par notre présence, ou la voix grave de mon frangin.

J’essaie de prévoir l’angle d’approche le plus efficace pour l’attraper, inspectant comment je pourrais bien grimper cette pile de tronc sans me fracasser les os sur le sol… Mais un mouvement vif de l’animal me fait perdre toute patience, et toute réflexion. Il commence à courir sur le tronc, et impulsive et spontanée que je suis, je bondis à sa suite, grimpant en grippant les résidus de branches sciées sur la pile de tronc, hélas plus instable que je ne l’avais imaginée. Car à peine à mi-chemin, et alors que le vif petit animal s’échappe par un trou des murs, mon appui vacille, et je sens le tronc sous mon pied bouger un peu plus qu’il ne le devrait. Je tâche, pour éviter de choir, de m’agripper à un autre, tout aussi instable, mais ne fais que pire que mieux, et bien vite, dans un fracas assourdissant, toute la pile de troncs se met à se mouvoir sous moi.

(Oups…)

Je laisse échapper un cri de frayeur quand mon perchoir s’effondre littéralement dans un nuage de poussière. Je ne comprends rien de ce qui se passe, trop perdue par cet instinct de survie qui m’anime. Je cherche les hauteurs, même dans ma chute, animale dans mes mouvements pour atteindre un sommet qui n’existe plus. Les troncs roulent, tombent, crissent et s’effondrent sous moi, et je ne fais que retarder de peu l’inexorable chute. Un gros bout de bois finit par totalement me faire perdre l’équilibre, alors qu’il me percute la cuisse et me projette en arrière. J’atterris sur les troncs épars sur l’épaule, sentant une vive douleur inonder tout mon dos, et me rendre aveugle à toute réalité dans un flash blanchâtre perclus d’étoiles stroboscopiques.

Sans perdre la conscience, je perds toutefois une certaine notion de la réalité, et n’entends que le chaos autour de moi, des pans de murs de planches qui s’effondrent sous le poids des troncs qui les percutent…

Quand le calme revient enfin, après un temps indéterminé mais qui me semble être véritablement long, je crispe mon visage d’un air contrarié, avant de regarder autour de moi, alors que je suis toujours couchée sur le dos, manches déchirées et éraflures sanguinolentes. Plus de peur que de mal, en vérité, alors que je pensais avoir vu venir ma dernière heure, l’espace d’un instant. Hélas, on ne peut pas en dire autant de la scierie, complètement ravagée par l’accident, murs éventrés, établis détruits, scies pliées ou cassées, bureaux défoncés et toiture menaçant de s’effondrer sur moi de par la fragilité nouvelle des piliers craquelés. Paniquée, je cherche Silhaar du regard, dans cette poussière de terre et de sciure. Je ne me sens pas la force de me relever, là, dans l’instant. Pas seule… Et la crainte d’avoir blessé mon frère me serre l’estomac…

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Mer 15 Mai 2013 11:21 
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Alors que je continue à fredonner l’air de la chansonnette, Astérie se met en quête du petit animal au pelage de feu. Vive et agile, elle entame l’ascension du monticule de bois. En l’observant, je constate à quel point elle semble sûre d’elle. Ses pieds et mains cherchent des accroches dans les creux des troncs. Elle escalade sans trop s’assurer des appuis, mais progresse néanmoins prudemment, patiemment.

Pour mieux l’observer, je me lève, m’approchant de la tour de bois. Sans doute qu’inconsciemment, mon instinct de frère protecteur s’est éveillé. Je sais qu’elle maitrise ses gestes, mais je ne voudrais pas qu’il lui arrive malheur. Je ne sais pas exactement de quoi je pourrais la protéger en m’approchant ainsi d’elle, mais cela me soulage quelque peu.

Un mouvement vif de l’animal lui fait atteindre trop rapidement la limite de sa sagesse. Elle se lance à sa poursuite dans un bond félin, élégante. En l’espace d’une seconde, je perçois ma sœur différemment. Ses muscles, tendus, se dessinent en jolies courbes.

(Ah ! Si elle n’avait pas été ma sœur, sûr que…)

Mais ma pensée obscène n’a, fort heureusement, pas le temps d’aboutir. Astérie se réceptionne mal, et les troncs se mettent à flancher sous son poids et ses mouvements désordonnés. Le bruit du roulement des troncs sur le sol se fait de plus en plus sourd. J’ai à peine le temps de reculer de quelques pas, sans quitter ma sœur du regard, que l’ensemble du bois s’effondre, roule, se cogne et butte contre les parois de la scierie, démolissant au passage quelques poutres et piliers porteurs, détruisant le matériel de père et perforant les murs de la scierie.

Pris de panique, je hurle le prénom de ma sœur. Je l’ai perdue de vue. Mais le tumulte couvre le son de ma voix pourtant forte. Les craquements sinistres résonnent de toutes parts dans la pièce éventrée.

- « Astériiiie ! »

Le vacarme est insoutenable. J’ai l’impression que ces quelques secondes durent une éternité. Une poutre s’effondre à quelques centimètres de ma tête. J’ai à peine le temps de me protéger le visage que le sol tremble de son effondrement. Je ne peux pas chercher Astérie tout de suite, ce serait trop dangereux.

Réfugié dans un coin de la pièce, je ne peux qu’être le spectateur de ce triste théâtre. Je cherche ma sœur des yeux, en vain. Elle doit être de l’autre côté. Plus rien ne semble bouger et pourtant, mes oreilles bourdonnent encore, victime de ce bruit infernal. Tandis que derrière moi de nombreux bruits de pas accourent, je m’élance à la recherche d’Astérie, le souffle coupé à l’idée que la fin de cette chasse à l’écureuil prenne une tournure tragique.

- « Asté ! Réponds ! »

Je slalome, j’enjambe, je trébuche, je scrute. Un reflet roux titille alors mes pupilles. Je m’approche, avec la crainte de ce que je vais découvrir. Elle est là, allongée sur le sol, un léger sourire aux lèvres en guise de camouflage de la douleur.

- « Bon sang Asté ! Tu m’as fichu une de ces trouilles ! »

Autour de nous, des ouvriers de père se sont amassés, aussi ébranlés par les évènements que la scierie. Ils poussent des cris d’horreur. J’entends l’un d’eux crier l’ordre d’aller chercher père. Père… Je redoute déjà sa réaction. Accroupi vers ma sœur, je la questionne.

- « Tu as mal quelque part ? Tu penses pouvoir te lever ? »

Évidemment qu’elle a mal. Mais ma question sous-entend bien plus de choses. Je crains que la chute l’ait rendue paralysée ou ait provoqué des fractures trop importantes. Elle me répond par de légers signes de tête, sans doute encore trop sous le choc que pour formuler quoi que ce soit.

Passant ma main sous ses épaules, délicatement, je l’aide à se remettre debout. Ce ne sont pas les troncs de bois qui manquent pour s’asseoir, maintenant. D’une voix claire, j’ordonne à un homme non loin de la bûche sur laquelle Astérie et moi sommes assis :

- « Va donc lui chercher de l’eau, au lieu de nous regarder de la sorte ! »

Les petites gens y vont chacun de leurs commentaires, ignorant pour la plupart l’origine de ce désastre. L’un d’eux se met à parler fortement, pour couvrir le bruit infernal des autres. C’est Jethar Jelesel. Un homme qui travaille pour père depuis quelques années.

- « C’est elle, la fautive ! Ne vous apitoyez pas sur son sort ! Imaginez plutôt les heures de travail qu’il nous faudra pour remettre la scierie en état ! »

Son teint, à mesure qu’il parle, devient violacé. Jethar est en colère et trouve là une bonne excuse pour nous blâmer, Astérie et moi. Il pointe ma sœur du doigt, mais je sais qu’il nous vise tout les deux. Jethar ne nous a jamais aimés. Depuis qu’il travaille pour ma famille, il éprouve une jalousie grandissante à notre égard. Il trouve, peut-être à juste raison, qu’Astérie et moi avons la vie bien trop facile. Que nous comptons trop sur la fortune de nos parents pour assurer notre avenir. Il voit en cet effondrement l’occasion parfaite de faire sortir ouvertement cette haine qu’il garde en lui depuis trop longtemps.

La foule se laisse appâter. Les murmures et l’effroi d’il y a quelques minutes se transforment en colère. Juché sur quelques débris de bois, Jethar poursuit son discours, se sentant pousser des ailes tant ses mots semblent avoir un impact important sur ses auditeurs. Pourtant, ses vêtements ternes et poussiéreux ne lui donnent pas fière allure. Et ses mots ont tendance à se perdre dans sa barbe noire touffue et frisottante, rendant parfois son discours inintelligible.

La panique m’envahit peu à peu. Ces hommes sont tous bûcherons, et costauds. Et leur nombre n’est pas négligeable. La plupart affirment que Jethar a entièrement raison, que nous ne sommes que des enfants trop gâtés par la vie, que nous ignorons tout des valeurs sûres régissant notre monde. Il poursuit en clamant que notre père ferait bien de nous éduquer à la dure, à coup de fessées et de seaux d’eau froide, plutôt que de nous laisser courir les bars toute la nuit.

Tous ces amalgames me font sourire intérieurement. Je remarque à quel point un mouvement de foule suscite directement des généralités. Je ne suis pas à l’origine de l’effondrement de la scierie. Et Astérie ne court pas les bars… Leur idiotie engendre chez moi du mépris à leur égard.

Alors qu’ils sont, telles des mouches sur du crottin, amassés autour de nous, père fait son entrée derrière eux. Je ne dis rien. J’essaye de lire dans son regard ce qui le traverse. J’y vois de la tristesse, à constater que sa bâtisse est démolie, mais aussi de la peur, que rien ne nous soit arrivé. Enfin, de la colère, lorsqu’il constate que ses ouvriers en ont après nous. Il comprend rapidement qu’il a devant lui les fautifs. De la colère envers ses hommes de main, aussi. Qu’il remet directement à sa place de sa voix robuste et sourde, tout en avançant de son pas d’homme dominant.

- « Aux dernières nouvelles, Jethar, j’élève mes enfants comme bon me semble ! Et n’est-ce pas ton gamin, que j’ai aperçu arrêté par des gardes la semaine dernière ? »

Je constate non sans joie que la couleur de peau de l’ouvrier vire au rouge vif. Le regard tourné vers le sol, il descend de son estrade improvisée. Le silence règne maintenant en maître dans les décombres. Père est près de nous et renvoie les ouvriers chez eux.

- « Rentrez chez vous, rassurez vos femmes et vos enfants sur l’état de votre santé. Car je présume que la nouvelle a déjà fait le tour de la ville. »

En terminant sa phrase, père pose sur nous un regard dur, terrifiant, que je n’ose affronter. Peu à peu, ce qu’il reste de la scierie se vide, nous laissant en tête à tête avec la sentence qui ne tardera pas à tomber.

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Dernière édition par Sihlaar le Ven 21 Juin 2013 21:46, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Mar 4 Juin 2013 18:57 
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Tout est trouble, autour de moi, alors que la poussière retombe dans la scierie dévastée par mes maladresses. Mon regard fureteur finit par tomber sur Silhaar, qui me cherche lui aussi dans toute cette pagaille, hélant mon nom pour m’identifier, mais sans que je ne puisse réponde, trop choquée pour avoir ne fut-ce que cette lueur d’esprit. Il s’approche de moi alors que je suis encore au sol, et sa vision, indemne, me rassure. Je suis un peu sonnée par tout ça. J’entends la pagaille s’installer chez les ouvriers et bucherons partout dans le hangar de bois, mais n’en comprends pas le sens, même si la raison est évidente. Je tente juste de me concentrer sur la voix de Silhaar, qui me parle, me propose de me relever, me demande comment je vais. Je fais signe que ça peut aller, que c’aurait pu être bien pire et que, finalement, j’ai eu une grande chance de ne pas avoir été écrasée sous l’un des troncs choyant sur le sol, mais mes lèvres restent closes. Je ne trouve rien à dire, ni n’en ai l’intérêt. Mon frère sait que je vais relativement bien. Physiquement, du moins.

Il m’aide à me relever, et je sens un haut-le-cœur me parcourir lorsque je découvre le désastre que j’ai commis. Les murs éventrés, les poutres structurelles broyées, les troncs éparpillés. Le choc doit aussi y être pour quelque chose. Et ce malaise n’est pas pour s’arranger, quand Jethar, un ouvrier de longue date de père, vient à notre hauteur pour m’accuser ouvertement de ce méfait. Il n’a pas tort : tout est de ma faute. De la faute de mon insouciance, de la faute de mes folies incontrôlables, de mon manque de réflexion, parfois, dans des situations qui me paraissent pourtant claires sur le moment. La colère gronde dans ses mots, dans son ton. Je mérite cette opprobre, j’en suis convaincue, mais je doute soudain de la réelle teneur de ses motivations. Il en vient à nous accuser, Silhaar et moi, d’être par trop gâtés par nos parents. D’être des fainéants qui n’avons rien à faire de nos journées.

Ainsi, la motivation de son ire est davantage une jalousie passive, rongeante, qui a eu le temps de murir dans son esprit hargneux, que l’événement en lui-même, qui ne lui sert que de catalyseur pour nous renvoyer toute cette haine. Je m’accroche au bras de mon frangin, alors qu’il prend des allures de meneur, à scander ses arguments dépréciateurs quant à notre sort. Et la peur m’envahit, lorsque je vois les hommes de pères se retrouver en ses mots. La colère aussi, et je la sens monter dans ma poitrine, prête à éclater en cris sur cette bande de brutes sans cervelle prête à nous lyncher. Ne se rendent-ils pas compte que tout ce qui compte, c’est qu’il n’y ait pas eu de blessés ? Que les dégâts matériels, ils finiront par être réparés, et que cela n’influencera que peu, voire pas du tout, leur paie ? C’est notre père qui sera le plus touché par la catastrophe, et il sera donc le seul à pouvoir me punir de mon méfait. Leurs insultes sont par trop nombreuses, et mon esprit par trop brumeux pour que j’y réponde ou les enregistre pour m’en accabler. D’autant que rapidement, une voix met fin à cette foire honteuse. Celle de père.

S’en prenant au meneur de la troupe, il le recadre en s’attaquant à sa propre progéniture, un malfrat arrêté par la garde il y a peu. Une histoire de racket dans les rues, la nuit, qu’il opérait depuis plusieurs mois avec une petite bande. Des criminels véreux et ratés. Honteux de ce rappel, Jethar fait vite mine basse, et se plie aux ordres de père indiquant que chacun devrait rentrer chez soi prévenir de sa bonne santé. Un à un, les bucherons et menuisiers s’en repartent vers leur habitation, nerveux sans doute, de cet incident, mais heureux, peut-être, de n’en avoir pas davantage été victime.

Nous sommes désormais seuls avec notre père, dans cette scierie ayant retrouvé son calme, mais pas son ordre. L’heure est venue d’affronter la colère de celui qui nous a vus naître sous son toit. Prenant les devants, je tente de justifier ma sottise.

« Père, c’est entièrement ma faute, je n’aurais pas… »

« Silence ! »

Sa voix, rude et forte, m’interrompt dans un cri. Baissant les yeux, je me plie à son autorité et ravale mes paroles hasardeuses, lui laissant son droit le plus formel au crachoir.

« Je me fiche de vos explications, de vos raisons, et de vos excuses. Je vous ai confié une tâche, et elle n’a pas été accomplie. Pire même, vous avez mis en péril toute l’entreprise, et détruit une partie de la scierie. C’est inadmissible. »

Je ne sais que répondre à ses mots. Silhaar non plus ne parle pas, car déjà le père recommence à parler, d’une voix plus déplorée.

« C’est de ma faute, je n’ai que trop pourvu à vos besoins, sans vous laisser de responsabilités. Par ma faute, vous devenez oisifs et insouciants. Incapables de comprendre la valeur et l’importance du travail, et la dureté de la vie. Et bien désormais, c’est terminé ! »

La dernière phrase est plus rude, définitive, et je sens poindre une sanction irrévocable à notre égard. Je tente d’épargner Silhaar, bien innocent dans tout ceci.

« Silhaar n’y est pour rien, je suis seule fautive dans tout ça. »

Mais il ne me laisse pas continuer. De nouveau, il m’interrompt, et de nouveau, mon regard glisse sur le sol, dépité.

« Je n’en ai cure, il ne s’agit pas de cela. Il est grand temps que vous appreniez la vie, tous les deux. Les dégâts de cet accident, vous serez deux pour en financer les réparations. Hors de question que j’y mette un sou. Et c’est hors de cette entreprise que vous le trouverez. »

Jamais il n’a été question, dans ma vie, de me faire de l’argent. Les rentes apportées par nos parents ont toujours suffi à satisfaire pleinement nos besoins. Pas de quoi se soucier de notre logis, de notre nourriture. L’argent de poche n’était que du bonus, du loisir, pour nos plaisirs respectifs. C’est bien simple, je ne sais absolument pas comment je pourrai faire pour trouver de quoi payer les réparations, en dehors de la scierie. Je ne suis encore qu’une piètre chasseuse, en vérité. Et Silhaar, sans doute pourrait-il se lancer dans une fabrique d’arcs, de meuble, ou de sculptures de bois, mais sans investissement de départ, c’est impossible…

« Comment saurons-nous ? »

« Débrouillez-vous. »

Sèche, sa réponse laisse un goût amer dans ma gorge, et mon regard aussi mécontent que décontenancé semble le toucher. Il reprend la parole, d’un ton moins abrupt.

« J’ai entendu dire qu’ils embauchaient de nouvelles recrues, à la milice. Cela vaudrait le coup d’aller voir par là. »

Et c’est là que je comprends que notre père ne fait pas ça pour nous punir, mais pour nous rendre service. Ses propos, bien que blessants, sont raisonnés. Silencieuse, j’accepte les propos en hochant du chef, attendant qu’il tourne les talons… Cette journée a marqué un changement dans mon existence. Définitivement. Plus rien, désormais, ne sera plus comme avant.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Ven 21 Juin 2013 21:47 
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Le regard rivé au sol, je n’ose lever la tête. À mes côtés Astérie tente de s’expliquer, de s’excuser, d’implorer le pardon à notre père dépité par les évènements.

Mais il ne l’écoute pas. Le son de sa voix claque dans l’air comme un fouet. Ses mots sont rudes. À croire qu’il a entendu et approuve les propos de Jethar. Voilà en effet que Père prétend qu’il nous a mal éduqués, que nous ne connaissons rien de la vie et qu’Astérie et moi allons devoir payer les dégâts engendrés par l’accident ! En trouvant un travail externe à la scierie, bien entendu !

Je sens la colère monter en moi et mes poings se serrent si fort que mes doigts deviennent blancs. C’est contre ma sœur que j’ai envie d’exploser. C’est de SA faute, après tout ! Pourquoi devrais-je payer les dégâts occasionnés par sa bêtise, sa fougue et son immaturité ? C’est totalement injuste ! Mais je sais que j’aurai beau le supplier, Père ne reviendra pas sur sa décision. C’est bien de lui qu’Astérie tient son entêtement !

Je n’ose même pas rétorquer. Ni à mon père, ni à Astérie. Je perds pied. Mon petit monde douillet s’écroule. Travailler ? Et où ? Hein ? Je ne sais rien faire de plus de mes mains que tailler le bois et caresser la croupe d’une jolie fille ! Mes idées s’entrechoquent, je ne sais plus quoi penser. Tailler le bois… Je pourrais vendre quelques créations, réaliser des commandes, écumer les marchés. Mais que je ne me fasse pas d’idée, je ne gagnerai jamais suffisamment de yus avec ça pour réparer toute la scierie !

Voilà que Père se met à parler de la milice. Sérieusement ? Il nous voit, miliciens ? Je crains malheureusement que ce ne soit la seule solution…

Le paternel quitte les lieux d’un pas lourd. Ma frustration est encore trop présente et je ne décoche pas un mot à ma jumelle. Je soupire bruyamment. Nous voilà dans de beaux draps.

Tournant les talons, je shoote dans un tas de bois avec toute la force que je peux encore sortir suite aux évènements. Avec le bois s’envole la colère. Je file m’asseoir à l’écart, sur un tronc éventré sur le sol. Les choses seront désormais ainsi faites : nous travaillerons ! Je dois m’y faire, je n’ai pas le choix. Je n’ai toujours rien dit de plus à Astérie, mais le calme se répand peu à peu en moi. Je suppose que notre paternel réagit de la sorte pour notre bien. Il n’a pas réellement tort, nous avons toujours eu à disposition ce que nous souhaitions. Et sa décision n’est pas exclusivement le résultat de l’écroulement de la scierie. Je ne peux pas en vouloir à Astérie… En parlant d’elle, je la vois qui tente une timide approche vers moi. Elle doit bien sentir que ma colère retombe. Je lui souris doucement.

- « Alors, on va… travailler, hein ? »

J’ai encore du mal à réaliser.

- « Allons voir un milicien gradé, parce que je ne sais pas toi, mais à part ça, j’vois pas trop ce qu’on pourrait faire. Puis au moins, on s’ra ensemble, hein frangine ? »

J’emmène Astérie encore un peu sonnée vers la sortie de ce qui fut la scierie. Derrière nous, le désastre et la vie aux petites cuillères dorées, devant nous, l’inconnu, le labeur et… la vraie vie.

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Sihlaar


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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Mar 25 Juin 2013 16:03 
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C’est quand notre père quitte la scierie, sans un mot de plus, nous tournant le dos de sa large carrure de travailleur de bois, que je porte le regard sur mon frère. Et tant la colère du paternel me terrifiait, tant celle, cachée, enfouie, de Silhaar m’attriste. Le soupir qu’il lâche veut dire beaucoup… Ou en tout cas je l’interprète comme cela : il m’en veut. Il m’en veut d’avoir été si peu prévenante, si insouciante. Et j’ai envie de rétorquer à son silence accusateur que ce n’était qu’un accident, que je n’ai pas voulu ça, que c’aurait pu arriver à n’importe qui, mais je n’en ai pas la force. Remuée par m chute, et la colère de mon père, je n’ai plus la force de tenir tête à quiconque.

Silhaar finit par évacuer sa rage sur un tas de bois, qu’il envoie balader d’un coup de pied. Je le regarde, silencieuse et prostrée, les yeux tristes et les bras ballants. Et puis, il s’en va râler dans son coin, assis sur une buche, ressassant son ire et ses rancœurs, et faisant le point, sans doute, sur tout ce qui vient de se passer. Moi aussi j’en ai besoin, je crois. Je passe nerveusement mes doigts dans les boucles de mes cheveux roux, tortillant les mèches rebelles de ma chevelure sans ordre ni discipline. Mais je ne peux me poser et réfléchir si je sais être la cause de tracas pour mon frangin. Aussi, discrète, pour ne pas le troubler s’il veut rester seul, je m’approche de lui, un peu craintive.

Ses yeux remontent vers moi alors que j’arrive à proximité, et avec eux un sourire renait sur son visage. Un sourire qui n’évoque pas la joie… Peut-être juste la résignation, ou le pardon. Comme pour être sûr de la sentence du père, il demande si nous devons bel et bien travailler. J’opine du chef lentement, peu assurée car tout comme lui, j’ai du mal à me faire à cette idée. Puis, son aspect terre-à-terre reprend le dessus, et il affirme vouloir voir un gradé de cette milice que l’on nous a recommandée. Sans doute est-ce la seule chose à faire, comme il le dit. Et comme un soudain renversement de situation, il trouve du positif dans tout ça : nous resterons ensemble. Je lâche à mon tour un sourire, avant de répéter…

« Oui… Nous serons ensemble. »

Je le suis jusqu’à la sortie de la scierie dévastée, et passe devant lui pour franchir le seuil de poutres de la porte.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Sam 3 Aoû 2013 21:23 
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La surprise

Depuis mon retour dans la ville de Yarthiss, les choses avaient bien changé. Les ruelles semblaient plus sales que la dernière fois que j'y avais mis les pieds. En fait, cette ville m'abominait, mais dans mon cœur, je me disais que peut-être que je pourrais y faire quelque chose pour en faire une ville où il ferait bon se promener sans subir la saleté des rues. J'irais peut-être faire un tour au château pour demander audience au roi et corriger ce défaut de la ville.

Depuis quelques années, j'étais attirée par les villes qui me paraissaient avoir besoin de mon aide. Sur ma route, je trouvai celle-ci qui demande mon aide pour être une bonne ville à vivre et à s'épanouir. Mais, dans mon cœur, je savais que ce serait une entreprise difficile et que je devrais faire des sacrifices pour apporter mon influence à la ville.

J'avais commencé à m'installer dans une maison appartenant à un ancien ami à moi. Il m'avait bien aidé quand j'avais séjourné à Yarthiss quelques années plus tôt. Et aujourd'hui, il m'aidait encore comme si je n'avais rien fait dans ma vie qui soit suffisamment grave pour ne pas m'aimer. Cet ami s'appelait Bertrand et habitait Yarthiss depuis quelques années déjà. Après huit ans d'enfer dans la rue, il m'offrit de l'argent et je pus survivre suffisamment pour retourner chez moi deux ans après.

Aujourd'hui, il m'avait prêté une maison d'une chambre dans le quartier aisé de la ville. Une vraie aubaine pour moi étant donné que je connaissais le prix d'une maison dans ce quartier. Je plaçais soigneusement les livres de mes parents dans un coffre que je pouvais toujours apporter avec moi si le besoin se faisait sentir, quand Bertrand de Comptois approcha de la porte d'entrée et entra. Étant concentrée sur ma tâche, je ne le vis pas entrer et je me retournai en surprise.

-Je vois que vos réflexes de combats sont aussi affinés que lors de notre dernière rencontre.Dit-il en souriant.

Effectivement, je n'avais rien perdu de mon entraînement de combat avec mon père et ici tant il me servait de savoir me défendre.

-Vous m'avez fait peur. Soyez prudent la prochaine fois ou vous serez embroché et humilié par une femme.Dis-je en ricanant.Que venez-vous faire ici, alors que nous savons tous les deux que les devoirs ne manquent pas ici.

Bertrand de Comptois était bien plus occupé par ses devoirs de conseiller du roi que par moi une simple habitante de la ville qui n'a pas encore de devenir.

-Effectivement, vous avez raison, mais je ne suis pas ici pour parler avec vous. J'ai une mission pour vous. J'ai pensé à vous, car j'ai confiance en vous. Venez! Allons nous asseoir! Affirma Bertrand en me faisant signe de m'asseoir.

La maison était simple avec ses murs en papiers peints, mais son charme était dans ses petits éléments d'architectures. Les meubles étaient aussi charmants dans leurs vernis dégradés par le temps. J'adorais cette maison même si elle n'était qu'empruntée. Elle me rappelait la maison de mes parents.

-De quoi consiste cette mission, Bertrand?Demandais-je de plus en plus curieuse.

-J'aimerais que vous enquêtiez sur les récentes disparitions qui sont survenus dans la ville ses derniers mois. Je me doute fort que ce ne sois que des coïncidences étant donné que cela se répètent depuis près de deux mois. J'aimerais bien le faire moi-même, mais le roi me demande constamment. La seule que solution que j'ai, c'est vous.

-Pourquoi moi en particulier? Je viens d'arriver en ville et je ne sais presque rien faire. Et vous le savez très bien.

-Je n'ai confiance en personne d'autre. Si je voulais que le travail soit simplement fait, je demanderais à une compagnie de jeunes gens dans la rue qui aurait fait vendre à prix d'or leurs services sans la moindre certitude de succès. Je sais que je peux avoir confiance en vous. Votre potentiel va au-delà de ce que je vois dans cette ville depuis 3 ans.

- Je n'accepte que si vous me promettez toutes les aides dont j'aurai besoin.

-Merci! Gente dame. En récompense, je vous ferais rencontrer le roi. Commencez par les rues et les tavernes. Elles sont remplies d'indices.

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Dernière édition par Aliénor Yseult le Mar 6 Aoû 2013 00:38, édité 1 fois.

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