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 Sujet du message: Re: L'Auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Lun 26 Déc 2011 21:24 
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Naëlia qui n'avait guère l'habitude de voyage aussi long s'était épuisée d'avoir été trop téméraire en parcourant de deux traites le chemin de Konfhas à Yarthiss. Yarthiss, jadis la plus puissante des cités, se trouvait aujourd'hui soumise aux rudesses du temps. Naëlia s'amusait de sa ville majoritairement humaine, surtout les Varrokiens et leur taille gentiment grotesque. Ces personnages étrangement robustes et au laisser-aller flagrant laissait perplexe la Shaakt. Tout les opposait. La finesse, le raffinement et l'élégance des Shaakts issus de la noblesse telle que Naëlia empourpreraient aisément l'un d'entre eux s'ils avaient été à ses côtés.
Elle avait parcourus son chemin, ne comptant pas sur la présence d'un quelconque elfe noir, mais au fond d'elle, elle espérait rencontrait l'un de ses semblables. En marchant, elle croisa des humains du peuple Kendran dotés aussi d'une nature orgueilleuse, ainsi que des elfes d'un peu toutes les contrées. Il fallait dire que l'aspect fluvial de la ville était un atout non négligeable qui attirait les êtres de tout les peuples.
Loin des tentatives désespérées de ses parents à vouloir l'éduquer de manière stricte et exigeante, elle savait qu'elle allait enfin pouvoir goûter à sa nouvelle liberté. Descendante des Prêtresses de Valshabarath, elle avait été promise au statut de prêtresse et elle tenait à profiter de son aventure avant de s'en retourner chez elle tenir la promesse qu'elle avait faite à son père d'honorer son titre. Elle décida de garder sous silence qui elle était, même si elle se doutait que sa couverture ne tiendrait pas longtemps lorsqu'elle se mettrait à côtoyer des elfes.
Les shaakts n'étaient pas les plus appréciés par leur nature mauvaise. Il est vrai qu'il lui arrivait de prendre les gens de haut, qu'elle haïssait les gens qui subissaient et n'avaient aucune ambition. Elle était manipulatrice, provocatrice en générale et avec les hommes en particulier et était profondément imprégnée de la mentalité des prêtresses, à savoir le besoin de compétition et de rivalité. Toujours en mouvement, se fixant constamment des objectifs, elle représentait clairement son rôle de descendante, faisant ainsi partie de ceux qui poussaient son peuple vers le haut. Mais elle n'était pas moins un personnage sympathique et joviale lorsqu'on apprenait à la cerner.

( Cette endroit est imprégné de son histoire. Je le ressens dans chaque pavé, chaque mur, chaque brise. Je dois trouver un endroit où passer la nuit, j'en ai réellement besoin. Ensuite, je chercherai un peu de compagnie et je me renseignerai pour trouver le moyen d'aller Imiftil. )

Naëlia avait longé le fleuve brumeux, laissant sa silhouette éveillant la concupiscence des hommes se dessinait avec grâce entre les brumes de Yarthiss. Chacun de ses pas semblaient survoler la pavage tantôt lisse tantôt rugueux qui dessinaient les rues de la cité. Elle s'était plût à admirer les bâtisses rudimentaires près des remparts de la ville, mais se sentait comme réconfortée de se trouver dans la partie commerçante, bourgeoise qui lui rappelait quelque peu le confort de chez elle.

La Shaakt avait dépassé le château Harthfeld. On lui avait indiquait l'auberge de l'au-delà pour passer la nuit. Les gens paraissaient suspicieux à son approche mais elle savait convaincre. Elle se demandait sur quel genre de personnage elle tomberait une fois à l'auberge. Sa beauté saisissante et envoûtante pourrait bien être un atout si elle savait garder son insolence et son franc parler assez longtemps pour pouvoir être logée. Elle marchait d'u pas lent, pourtant pressée de trouver un endroit pour passer la nuit. Elle arriva devant une auberge, sûrement celle dont on lui avait parlé. Elle pénétra dans l'enseigne...

((( si quelqu'un veut bien suivre ;) )))

_________________
Naëlia Soverë - Shaakt - Mage

Mon Histoire : http://www.yuimen.net/univers/naelia-sovere-mage-lvl-1-t4556.html


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 Sujet du message: Re: L'Auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Jeu 5 Jan 2012 22:06 
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(3éme partie 2éme partie ici)

Tyffy rentra dans la taverne, s'assit et commanda un repas et une chambre . il mangea puis il monta dans sa chambre.
Bizarre il n'avait pas sommeil , le voleur se pencha à sa fenêtre et regarda le quartier de la milice, le sceau retint son attention puis tous d'un coup il se souvient que l'homme qu'il avait interrogé n'avait pas le sceau de la milice, alors il lui aurait mentir.
Le voleur allait se coucher quand un projectile traversa la pièce, il vit un message accrocher à la flèche avec marquer dessus "Je sais ce que tu penses."
Tyffy sortit par la fenêtre et regarda celui qui avait lancé la flèche puis il coure sur le toit mais il allait trop vite et disparu.
Tyffy abandonna et retourna dans sa chambre.
Le lendemain après un petit déjeuner a l'auberge de l'au-delà , Tyffy vit deux ivrogne se moquer de lui , il revins dans leur direction et leurs fit boire 1 ou 2 verre et leur vola leurs bourse et paya l'auberge avec.
Le voleur sortit et décida de continuer sait recherche dans les ruines de son village.

_________________
Vous connaissez la vraie couleur de votre ombre,
Lui il le sais.


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Dernière édition par Tyffy le Sam 7 Jan 2012 21:53, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Ven 6 Jan 2012 00:50 
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Acte I scène 3

L'auberge de l'au-delà.
Un lieu animé en ce début de soirées. Les badauds et les clients affluaient et parlaient - ou non - des choses quotidiennes de la vie.
Le voyageur entra. Quelques regards interloqués le fixèrent un instant. Il les croisa d'un oeil insistant, amical, mais profond. Et qui inspirait un certain malaise. La source? Nul n'eut pu le dire let dire avec précision. Aussi, dans leur incompréhension et leur gêne, les regards se retournèrent et les gens reprirent leur conversation.
Toutefois, sur les pas du voyageur, lui pouvait entendre les murmures ; on parlait de lui.
On se demandait ce qu'il était. Ce qui était normal, au fond.

Il se présenta au comptoir, d'où le possesseur de la maison avait observé sa marche désinvolte depuis la porte :

"Bonsoir. Je souhaiterais prendre une chambre. Pour la nuit… ainsi qu'un bon repas. "

"Oui?.."

Tisayon nota la méfiance extrême de cette voix. L'homme était clairement intrigué par l'original personnage qui venait de passer le pas de sa porte - enfin… plus par son accoutrement que par autre chose…

"S'il vous plait", ajouta Tisayon avec un sourire espiègle.

L'aubergiste acquiesça et alla chercher une clé alors que le jeune homme posait la pièce sur le comptoir - le fruit de son travail de la matinée.
L'homme revint avec la clé, prit la pièce, la soupesa, puis, soudain suspicieux, la lorgna de plus près à la hauteur d'une bougie :

"C'est pas une pièce de monnaie du coin ça… Vous êtes étrangers?"

Tisayon haussa le sourcil.

"Oui, d'une certaine manière, je viens de loin… Mais…"

L'aubergiste reposa la pièce sur le comptoir et la fit glisser jusqu'à Tisayon :

"Je ne puis accepter… Désolé."

Lui récupéra la pièce et la monta à la hauteur d'une bougie pour en voir les détails :

"Effectivement", murmura-t-il.

Ça pesait comme un Yu, ça semblait être du même métal qu'un Yu, mais ce n'étaient pas les gravures d'un Yu. Non. On aurait plus dit un jeton d'argent, avec, apparaissant par à-coups, un masque de carnaval englobé dans une légère flamme.

Tisayon secoua la tête pensivement, puis sortit sa petite bourse et quelques piécettes de sa maigre fortune :

"Bon. Ceux-ci sont vrais et feront sûrement l'affaire."

L'aubergiste acquiesça en empochant la monnaie et en tendant la clé au Voyageur.

"Asseyez-vous, nous nous chargerons du reste."

Tisayon hocha la tête et se retourna pour chercher une table libre ; c'est qu'il y avait vraiment beaucoup de monde dans cette auberge.

_________________
Pourquoi me regardez vous ainsi? Oh, vous devez vous méprendre. Non, non, je ne suis pas fou.
Un simple barde qui voyage de ville en ville.

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Dernière édition par Tisayon le Lun 9 Jan 2012 23:20, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Lun 9 Jan 2012 21:21 
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Acte I - Scène 4

Tisayon, devant son repas - une viande rougé dont il n'avait aucune idée de la provenance et une bouillie de légumes -, regardait pensivement la pièce d'argent devant lui sur la table. Etait-ce quelqu'un qui l'avait perdu? Il était sceptique. Il ne croyait pas au hasard - il avait cessé d'y croire il y'a bien longtemps.
"Croire ou reconnaitre?", souffla-t-il en prenant la pièce et en la faisant tinter en l'air.

Un masque, des flammes? Croire ou reconnaitre? Le hasard. L'aléa.
Tisayon reconnaissait l'existence du hasard. Heureux eut-été l'homme en Imiftil qui aurait pu démontrer que celui-ci n'existait pas.
Par contre il n'y croyait pas. Où plutôt, tout ce qui était "hasard" était soumis au doute. Scepticisme purement cartésien. Le destin?
Tisayon pouffa. Une sottise grave dans la tête des gros bras, grosses armes pour être mieux manipulables.Vous avez un destin à accomplir. Vos actions vont vous permettre de sauver le monde. Sottise que tout cela ! Nul humain, nul Dieu ou entité se disant Supérieure n'était capable de régir le cours du temps. Des usurpateurs. Des parangons des espèces, peut-être, des monarques veuillent d'ailleurs, des inventions des bigots… Mais rien qui n'empêche la marche inexorable de ce Monde vers sa destruction. Oh, ça, nul doute là dessus. La stabilité absolue… rien de cela n'existait… Tout finit un jour par s'éroder.

"Hola l'ami ! C'est quoi ta flûte, là. Tu es barde?"

Tisayon sortit de sa rêverie et fixa l'inconnu de la table voisine qui venait de l'apostropher : un homme à moitié édenté et au visage rongé par l'alcoolisme à la barbe et aux cheveux roux, le tout dans un désordre digne du marché d'Exech qui tendait sa pipe vers sa ceinture d'où pendait l'instrument.

Le jeune homme, comme gêné, en se grattant la nuque, répliqua :

"Disons plutôt… Ménestrel itinérant."

"Ménestrel itinérant? C'est pas la même chose?"

Tisayon eut un sourire énigmatique :

"Si vous le désirez… Je ne suis pas celui qui choisit ce que je représente à vos yeux. Je peux être barde, ménestrel, bouffon, troubadour…"

Et bien d'autres choses… Mais vous ne pouvez même pas l'imaginer. l'homme acquiesce en posant sa pipe et grogne :

"Z'êtes donc de la région, jeune homme?"

Tisayon planta son couteau dans un morceau de viande sèchement. Mais toujours le sourire aux lèvres, il répliqua :

"Un voyageur n'a pas d'origine…"

L'autre plissa les yeux. Tisayon esquivait la question, mais, tout aussi habile qu'il soit, l'homme ne perdit pas le fil, et, en tapotant sur le coin de la table, il reprit :

"Tout le monde nait quelque part…

- Alors c'est que je ne suis jamais né."

Le regard de Tisayon avait pris une teinte menaçante. Il ne souriait plus et avait planté ses yeux dans ceux du retord personnage. Un frisson lui traversa l'échine, et, se disant qu'il valait mieux ne pas déranger plus avant l'étrange personnage, détourna le regard et fixa le mur, derrière lui.
Tisayon acquiesça lentement. Une erreur. Se montrer menaçant n'allait pas jouer en sa faveur, bien, au contraire. Aussi, il reprit, avec un sourire engageant :

"Ce ne sont guère de bons souvenirs. Cette lointaine époque appartenait à un autre temps qui ne génère que douleur en mon sein quand je l'évoque."

Son interlocuteur acquiesça lentement, et tenta de paraitre rassurer, malgré les sombres chandelles qui vacillaient dans le regard du voyageur un instant plus tôt.
Tisayon mordit dans la viande à pleines dents et observa les autres hôtes de l'auberge. Tous semblaient captivés par la conversations qu'ils menaient avec leurs congénères. Personne ne semblait s'intéresser à la conversation que lui menait avec l'homme étrange.
Le jeune homme prit assiette, couverts, flasque de vinasse et glissa de son tabouret au banc pour parler à l'homme étrange en tête-à-tête.
Son nez tiqua légèrement à l'approche ; l'autre dégageait une odeur de sueur forte, mêlait à la crasse et à l'alcool…
Tisayon avait beau être un errant, il avait tendance à être un brin maniaque quand il s'agissait de l'hygiène.
Il réprima un haut-le-coeur et avala une gorgée de vinasse d'un seul coup pour songer à autre chose. La boisson, forte et immonde lui donna comme un coup de fouet et il put reprendre lentement, en levant les yeux vers l'homme qui visiblement, admirait sa descente :


"Et vous? Qu'est-ce que vous faites dans la vie?"

L'homme se gratta le front, pensif, reprit sa pipe et fit un clin d'oeil au jeune homme :

"je m'occupe des entrepots, jeune homme."

(La présence d'une bougie devant cet homme aurait un magnifique effet pyrotechnique au sentir de son haleine), songa Tisayon.
"Des…z'entrepots?"

Tiens? Son propre ton s'était fait trainant. Etrange.

"Ouaip. Des entrepots, parfaitement. Enfin, je m'occupe pas d'la gestion. Je tiens des registres… Avant, j'avais un poste dans un navire…"

Son regard se tourna vers l'infini comme celui de ces multiples rêveurs qui s'inventent contes et légendes dont ils sont les personnages principaux. Le regard de Tisayon, lui, tournait tout court.

" La frégate d'Elle ! Elle allait plus vite que le vent, d'un port un autre, elle voguait, toujours aussi belle, rapide ! Une merveilleuse frégate…"

Tisayon voyait maintenant au ralenti. Son regard ne synchronisait plus avec les mouvements de sa tête.

" C'était qui c'te Elle…"

Voilà qu'il n'arrivait plus à faire des phrases correctes…

"Elle, reprit son interlocuteur passionné, c'était… C'était…"

Il eut l'air de réfléchir un moment, puis, prit un air frustré et, d'un geste de dépit :

"Mais qu'est-ce qu'on s'en fout de toute façon, ce qu'elle était Elle ! Enfin… L'histoire finit mal."

Tisayon leva un doigt en l'air et avec un sourire béas…

"Laisssez m…moi deviner ! Votre bateau a échoué, vous avez été pillés par des pirates… Vous êtes le seul survè… surva… survi… vant."

L'ex-marin ouvrit de grands yeux :

"Euh, non… Remarquez, j'aurais pas dit non, ça aurait fait une belle histoire à raconter, mais… non non… Il m'ont juste débarqué il y a cinq ans pour alcoolisme caractérisé à bord. Mais dites jeune homme, vous êtes sûr que ça va?"

Non ça n'allait pas… Pas du tout même. Tisayon regarda le plan sinusoïdal qui lui tenait maintenant lieu d'assiette… Il n'avait quasiment rien mangé… Il regarda son verre, et avec ses restes de raison, forma une équation simple dans sa tête :

Voyageur à jeun + Vinasse bien fermentée = Gros gros problèmes en perspectives…

"Beuh, ça va… balbutia-t-il en se levant, ça t… tourne… Scusez. J'reviens."

Et Tisayon, en titubant, trébuchant, se précipita vers la porte de sortie de l'auberge… Il se souvenait avoir vu une écurie sur le côté du bâtiment… Et qui disait écurie disait…
Il s'éclipsa.

La femme du tenant de l'auberge, qui avait servi l'aimable jeune homme, à ce spectacle un brin pathétique, s'approcha sourcils froncés, de la table de l'ex-marin-teneur-de-registre-au-port, les sourcils froncé et les mains sur les hanches. L'autre, sentant l'approche de la "tornade" - son petit nom pour lui et ses habituels compères, non présents ce soir là - fit en levant les deux mains :

"Quoi? Pour une fois j'ai rien fait, moi ! C'est lui qui l'a but cul-sec son verre ! C'est pas ma faute si, en plus, ce que vous servez c'est de la camelote."

Il ajouta dans sa barbe :

"Y tiennent pas l'alcool les jeunes d'aujourd'hui… "




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 Sujet du message: Re: L'Auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Sam 14 Jan 2012 20:09 
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Acte II - Scène 1


Un réveil difficile.
Il ouvrit un oeil. Une fenêtre ouverte… D'accord.
Un bras, deux bras. Une jambe, deux jambes. Il était toujours entier. Qui plus est, au chaud, sous une couverture :
Que s'était-il passé déjà? Ah… Oui. C'est vrai. Il était sorti, puis… Oh, que ses pensées étaient confuses.
Il était sorti, avait plongé la tête dans l'abreuvoir… Dégoutant… Puis, puis… Ah oui, c'est vrai, son chapeau.
Il balaya la petite chambre du regard. Un tabouret.
Le masque d'échassier au voile blanc était là, posé soigneusement.
Tisayon soupira : bon… Au moins, il n'était pas perdu.
La valeur de cet objet était pour lui inestimable et il se serait longtemps reproché sa perte.
Lui et ses possessions étaient donc intacts. Parfait.

Première chose, où se trouvait-il?
Il se leva et s'étira : la chambre, à l'apparence fort simple, avait pour seul ameublement une petite table dans le coin à côté de la fenêtre.
Tisayon prit son couvre-chef et se dirigea vers la porte.
Il sortit et descendit d'un palier pour se retrouver dans la grande salle commune qu'il avait quittée un peu hâtivement hier soir.
La tenancière, qui se tenait accoudée au comptoir était en pleine discussion ! avec un autre client.
En voyant Tisayon, son regard s'éclaircit :

"Vous voilà ! Comment allez-vous, ce matin?"

Tisayon eut un rire gêné. Etait-ce elle qui l'avait trouvé sur le pavé?

"Bonjour ! Très bien, très bien ! Et vous-même."

La tenancière s'en alla ranger la clé du client qui se retirait avant de revenir, tout sourire :

"Moi-même, fort bien. C'est de vous qu'il faudrait-être inquiet, jeune homme ; on vous a retrouvé dans la rue à deux pas de l'auberge à dormir par terre. Mon mari vous a ramené et vous a déposé dans la chambre."

Tisayon eut un sourire éclatant et répondit, d'un ton léger :

"C'est fort aimable à lui, vous pourrez le remercier de ma part. Madame… Madame?..

- Liniä, répliqua-t-elle, joviale."

Tisayon s'inclina, la main sur la poitrine :

"Et bien, chère Liniä, sachez que je suis votre obligé, et que moi dans cette ville, demandez-moi ce que vous voulez je tâcherai de m'exempter de la mission."

La tenancière secoua la tête et répliqua en riant :

"Ne vous en faites pas, nous venons d'engager un garçon de course à plein-temps et il effectue déjà toutes les tâches nécessaires au bien de l'auberge."

Tisayon rit. Liniä lui prit le bras et lança :

"Au fait, Jem vous adresse ses excuses et ses amitiés."

Tisayon haussa le sourcil. Qui?

"Pardonnez-moi, mais, qui?

- Jem, vous savez, l'homme avec qui vous avez dîné hier soir. Il était plein de remords quand on vous a retrouvé face contre terre.

- Plein de remord?"

Tisayon se gratta la tête : la pauvre homme n'était pourtant coupable de rien quant aux évènements de la veille. Alors, pourquoi s'était-il excusé? Curieux.
Il ne dit rien, mais le sourire complice de la tenancière lui laissait penser que la dame n'était pas tout entière étrangère à ces "excuses"…
Liniä passa dans la pièce qui bordait le comptoir, laissant Tisayon seul, plongé dans ses pensées au comptoir.

L'homme en noir dehors. Qui était-il?
Son murmure et sa voix étaient trop peu caractéristiques pour qu'il s'en souvinsse avec précision.
Le voyageur essaya de connecter les différents éléments qu'il possédait :

Petit un, il y avait cette pièce qui était tombé de la bourse, ou, plus vraisemblablement de la main d'un homme sur le pont, juste derrière lui, quand il jouait, accoudé à la barrière…

Petit deux, trois miliciens l'accostaient quand il redescendait du pont, et là, il leur demande l'auberge la plus proche. On lui répond, non sans difficulté, l'auberge de l'Au-Delà.

Petit trois, arrivé dans la taverne, il discute avec un ancien marin imbibé d'alcool, qui parvient à décrypter quelque chose de louche en lui. Ses questions suspicieuses, son attitude, tout contribuait à laisser Tisayon envisager cette hypothèse.

Petit quatre, un être de noir de vêtu - humanoïde a priori - et auréolé de noir lui adresse un ultimatum de deux jours pour se mettre à sa botte sous des conditions tout aussi obsures que son aura à l'instant même. Un être qui connaissait la nature de Tisayon… Et il n'y en avait pourtant pas cinquante-mille. Parmi ses nemesis, il ne connaissait personne qui lui eu laissé un tel choix. Non, on l'eut plutôt abattu à vue…

Bon…
Quelles corrélations pouvait-on tirer de tout ça?
Quand il avait joué, il n'avait pas regardé son éventuel public… Il était donc possible que le potentiellement nuisible personnage l'ait remarqué…
Qu'avait il joué?
La complainte des roseaux… La sarabande de la courtisane… la sonate pour flute de Measer, une commande qu'il avait faite à un compositeur qui avait profité du voyage de la troupe pour se rendre dans un petit village bordant Tulorim, village, dont il avait d'ailleurs oublié le nom.
Non, rien de bien transcendant a priori… rien qui ne dusse attirer un sorcier ou un fanatique à lui. Si encore il avait joué le… Non. Il devait rester concentré sur l'essentiel.
Ses vêtements? Trop bariolés pour paraitre suspect : ce n'était pas le genre d'excentricité que se permettaient les lanceurs de sorts normalement… Du moins, il l'espérait…

Il avait deux jours pour remonter la piste de cet homme sombre qui avait démultiplié son poids d'un seul claquement de doigts.
Par où commencer ses recherches?

Trois étapes semblaient nécessaires. Retrouver le dénommé Jem pour lui demandé comment on l'avait retrouvé, s'il avait vu quelque chose, si il savait quelque chose… Retrouver le sergent de la milice, qui serait sûrement flatté de le revoir - il était celui qui l'avait orienté vers la taverne après tout. Essayer de comprendre ce que signifiait le symbole habilement placé sur le jeton… ça n'avait peut-être aucun lien, mais qui sait? C'était la deuxième chose inexplicable de la journée de la veille.

"Bonne journée, fit Tisayon d'une voix légère en se dirigeant vers la porte, le bras levé pour saluer son hôtesse charmante."

Il se dirigea vers la porte de la taverne, qui s'ouvrit en grand à son approche.
Un grand gaillard entra, avec un panier rempli de poisson à son côté.

(Le garçon de course.), se dit Tisayon.

Il réprima une moue de dégout en voyant son visage. Saccagé par la petite vérole.
Celui-ci eut un léger mouvement de recul en remarquant Tisayon sur son chemin. Tisayon fit un salut poli, passa à côté de lui et sortit de l'auberge.
En refermant la porte derrière lui, il eut soudain un doute :

(Quelqu'un avec un visage aussi saccagé? Comment aurais-je pu le louper hier soir? Non, il n'était pas là… C'est l'aubergiste qui m'avait servi… Je ne l'ai pas remarqué dans la salle… Pourtant il y avait un de ces mondes… Ils auraient dû avoir toute l'aide nécessaire… Donc lui aurait dû être là… Ce n'était pas le cas…)

Tisayon lança un regard noir dans son dos. Il venait d'ajouter une quatrième note à sa liste.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Dim 4 Mar 2012 23:38 
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Localisation: [Aeronland] Île du Serpent
=> Temple de Moura -dompter l'eau-

La matinée devait être bien avancée d'autant plus que le ciel, de plus en plus sombre sous l'afflux de nuages grisés, semblait appuyer cette impression. Fatigué, mon corps me semblait plus lourd sur le chemin de dallage qui menait en direction de l'auberge. Sous ma cape, j'enroulais et déroulais mes doigts végétaux avec lenteur, rythmant ma marche. Ma main malmenée pendant mon petit exercice avec les fluides d'eau était engourdie, comme si mon liquide de vie avait un peu de mal à y circuler. Une partie de mes pensées était tournée vers cette sensation désagréable alors que le reste prenait en compte mon environnement proche.

Des humanoïdes semblaient avoir eu la même idée que moi, à savoir chercher refuge à l'auberge, puisque me précédant en direction du bâtiment. Quelques rafales de vent rabattaient d'ailleurs des odeurs de viande rôtie et de bouillie végétale. Surgissant des côtés et ralliant un petit groupe en tête, quelques silhouettes humaines grognaient, parlant de faim et de "capacité à dévorer un brok'nud, défenses comprises". Façon de parler sans doute. Aucun estomac de créature à sang coloré n'aurait pu contenir une telle quantité de matière sans se déchirer. J'inclinai légèrement la tête. Aussi affamés soient-ils, ces gens auraient-ils pris le risque de se briser une mâchoire sur une défense robuste ? Pour en arriver là, il aurait fallu être désespéré. Cette simple phrase me rappela à quel point ma race était éloignée de la leur. La faim était un état physique dont j'étais rarement la victime et ce, jamais au point d'en demeurer pliée en deux.

Bientôt, j'entrai dans le bâtiment, accueillie par un violent appel d'air chaud et remarquant tout d'abord un plancher en guise de sol. Je n'eus pas le temps de m'y attarder que d'autres clients manquaient me bousculer. M'obligeant à me décaler rapidement malgré ma lassitude, je leur cédai ma place, m'adossant à la paroi de pierre à la gauche de l'entrée. Laissant de côté l'attention jusque-là accordée à ces êtres criant famine, j'observais les lieux.
La vaste pièce, dans l'ombre par endroits, était divisée sur ses murs en deux niveaux visibles, reprenant le modèle des habitations proches. Un premier montant en pierres grisées soutenait une paroi claire liant des poteaux de bois sombre. Sur ma gauche, un comptoir en bois clair, devant s'élever à hauteur de mes hanches, faisait barrière devant une porte ouverte d'où émanaient des relents de nourriture. Un homme dont les traits étaient marqués par les années, mais au sourire bien visible, s'y tenait accoudé, discutant avec un client. Il avait une carrure assez impressionnante et pendant un instant, je l'imaginais bien ayant effectué des travaux demandant de la force. Bûcheron ou milicien peut-être.
Dans cette partie de la pièce, la lumière provenait essentiellement d'une petite fenêtre rectangulaire et de nombreuses chandelles dispersées sur les parois et les tables. En tournant le regard à l'opposé de la salle, je pouvais voir une petite construction en pierres brutes. En y vouant toute mon attention, je finis par comprendre qu'il s'agissait d'un âtre auprès duquel de nombreuses silhouettes s'étaient amassées.

Intriguée, me demandant ce qu'il pouvait bien se passer pour attirer ainsi l'attention, je laissai mon regard longuement dans cette direction. La réponse arriva plutôt rapidement mais elle ne me fut pas donnée par mes yeux. Un son aigu traversa la pièce, accompagnant une voix féminine modulée. Un chant. De la musique. Ma curiosité me fit m'avancer un peu sans que je puisse pour autant distinguer exactement d'où provenait le son. La seule chose évidente était que la mélodie avait un effet visible sur les personnes alentour. Sourire, grondements joyeux accompagnant la voix et mouvements coordonnés se mêlaient comme si le son unissait les esprits.
Je ne comprenais pas bien ce qu'il se passait ni pourquoi une simple voix semblait produire cet effet. Frustrée, j'effleurai ma propre gorge un court instant sans produire un son. Il était vrai que certains mages fredonnaient ou sifflaient pendant leurs activités mais ils ne chantaient pas vraiment. Une pointe d'envie perçait ma poitrine de plus en plus profondément, au rythme de ce son enjôleur délivré par une voix de femme. Moi, je n'avais jamais su chanter et je ne pouvais qu'admirer ce talent. Je n'étais pas la seule à le faire d'ailleurs, l'atmosphère se détendant et se réchauffant sous l'action des paroles.

La porte à ma droite s'ouvrit subitement avec un léger craquement, laissant passer une silhouette encapuchonnée d'une taille que j'estimai égale à la mienne. Un bref instant, j'avais pu apercevoir une sorte de paquet sombre sous son bras, serré comme s'il s'agissait d'un objet précieux. Sans s'attarder ne serait-ce qu'un instant, cette personne s'engouffra dans un couloir à droite de l'âtre que les badauds m'avaient masqué jusque-là. Je n'y aurais sans doute pas prêté davantage d'attention si je ne l'avais revue, quelques minutes de chant plus tard, interrompant la prestation musicale. La chanteuse, qui se dégageait enfin de l'attroupement, agita la main avec entrain, tapotant certaines épaules d'un geste familier. Malgré la distance et les raclements de couverts ambiants, je ne pus m'empêcher de trouver sa voix étrange. Elle sonnait bien, trop bien même, comme si chaque parole déversée ne pouvait qu'être naturellement recueillie par les tympans.

"Merci pour votre accueil ! Pensez au petit yu pour les artistes !"

Tintement de pièces de métal et mouvements lents se succédèrent devant l'âtre avant que le groupe spectateur ne se disperse aux différentes tables de bois raboté. Les musiciens, eux, rassemblaient leur matériel avec ce qui me semblait être de l'empressement. De leur côté, la petite silhouette et la femme disparaissaient dans la pénombre du couloir. Je me détournai de ce spectacle, me rendant enfin compte que le propriétaire des lieux, tout du moins je le pensais, me faisait signe. Croisant les bras sous ma cape, tenant le vieux grimoire contre moi, je m'approchai du comptoir et fut interpellée par une voix profonde et pourtant amicale.

"Approchez, approchez ! Je ne mords pas, sauf dans une des spécialités de ma Liniä ! Alors, que puis-je pour vous ?"

Je m'approchai encore un peu, prenant appui contre le meuble de bois. L'homme portait une tunique de cuir clair, retenue au col par un fin lacet plus sombre. Ses manches étaient relevées, laissant apparaître des bras d'une taille telle que je doutais pouvoir tenir debout s'il me donnait une pichenette. Ses yeux me paraissaient sombres à cause de l'éclairage un peu faible mais dénués de toute surprise ou méchanceté. Je songeai que s'il était le tenancier de l'établissement, il avait sans doute du voir plus étrange voyageur que moi. Le reste de sa personne était cachée derrière le comptoir. Je m'efforçai de prendre la parole, ma voix me semblant faible dans le brouhaha se répercutant dans la pièce.

"Je cherche un endroit où me reposer. Auriez-vous une chambre de disponible ?"

Son sourire, déjà grand, s'élargit encore plus.

"J'en ai une qui va bientôt se libérer. Je l'avais loué à cette petite troupe, vous voyez ? Très agréable d'ailleurs, dommage qu'ils doivent reprendre la route si vite. Et maintenant que j'y pense, ils ne m'ont pas réglé ces deux dernières nuits."

Il se frotta le menton puis se retourna, hélé par une voix féminine venant de la pièce attenante. Il fit quelques pas vers la porte puis stoppa ses pas. Il se retourna vers moi puis tendit le bras en direction du couloir.

"Tout au fond, la porte sur la gauche. Allez-y, j'arrive tout de suite."

Je lui adressai un signe de tête affirmatif avant de m'avancer dans la direction indiquée. Auprès de l'âtre, les musiciens avaient déjà fini de préparer leur matériel et discutaient vivement. Je leur adressai un bref regard, constatant la présence d'elfes au teint étrange, tirant sur le vert, ainsi que deux liykors et une créature d'apparence féline. Je reportai mon attention sur ma route, pensant juste que cette troupe me rappelait la diversité des races présentes au cercle. La seule exception était cet individu à l'aspect félidé, race que je n'avais jamais fréquenté.
Dans la pénombre éclairée par de petites lanternes suspendues à intervalles réguliers au plafond bas, je remarquai quelques marches menant en contrebas de la salle. Faisant attention où je posais les orteils, je m'avançai. Si quelqu'un comme Païvhane s'aventurait dans un lieu de ce type, elle devrait se courber pour ne pas heurter les sources de lumière. Penser à la louve m'arracha une esquisse de sourire triste. J'avais encore tant de questions à lui poser que je doutais qu'une seule journée soit suffisante pour toutes les formuler. Et encore moins pour en obtenir l'intégralité des réponses. D'un mouvement vif de la tête, j'évacuai toute possibilité de pensée déprimante.

Je dépassais l'avant-dernière porte quand un duo de voix, difficiles à comprendre, se répercuta dans la matière. Je m'immobilisai un court instant et me retournai. D'où venaient-elles ? Dans mon dos ? Non. D'une pièce dépassée ? D'une salle devant ? Je haussai un sourcil, n'arrivant pas du tout à en identifier l'origine. Soudain, je perçus comme un murmure aux intonations sauvages. Il n'était pas dans mes intentions de faire preuve d'indiscrétion mais ce phénomène d'écho étouffé m'intriguait. Je ne distinguai cependant que quelques sons formant difficilement des mots compréhensibles.

"... Ster... Choix...

Mais...

...cute pas !
"

Brutalement, la porte de ma supposée chambre s'ouvrit, venant frôler mon épaule gauche. Sous la surprise, je fis un rapide pas en arrière. Emergeant de la salle, la chanteuse s'empressa de claquer la paroi de bois, passant à côté de moi sans m'accorder le moindre regard. Interloquée, je tentai d'ignorer cette personne et surtout son geste brutal à cause duquel j'avais manqué de peu me retrouver bois à bois avec la porte. Faisant un pas de plus, j'allais apposer ma paume gauche sur la poignée ronde quand une main se referma vigoureusement sur mon avant-bras. La femme s'était retournée et m'avait agrippé sans raison apparente. Je braquai mon regard au-dessus de moi et la vis, à contre-jour, sous la lueur diffusée par la lanterne.

Un regard bleuté presque blanc, luisant d'un air froid, sur un visage aux traits fins et aux oreilles pointues. Ses cheveux, entre châtain et crème, étaient peignés avec finesse, en un chignon vers lequel deux tresses convergeaient depuis ses tempes. Un bijou cerclait sa gorge mais le manque de lumière m'empêchait d'en distinguer les détails. Sa tenue était étrange, une sorte de robe sans relief, ne couvrant sa peau que depuis le haut de ses bras, retenue par un large ceinturon doté d'une sacoche, et finissant en un pantalon bouffant au-dessus de chausses rigides. Je me sentais mal, comme si ce regard avait pu faire cesser toute pulsation de fluide sous mon écorce. Ses doigts se serrèrent avec force contre ma peau de bois, allant encercler le poignet dans un craquement végétal. Que me voulait-elle ? Pourquoi ne disait-elle rien ? Rassemblant mes esprits et mon courage, je me repris, resserrant mes doigts en un poing fermé. Je cherchais à me défaire de sa poigne ou du moins dégager mon bras quand elle plaqua sa main libre contre mon épaule droite. La force qu'elle y mit me repoussa contre le mur du fond. Ses lèvres assez sombres s'entrouvrirent mais ce ne fut pas sa voix qui fit écho dans le couloir.

"Hum ? Un problème ?"

Je la vis se redresser et, comme si elle enfilait un masque, changer totalement d'expression. Un sourire radieux, presque enfantin et innocent même, illuminait ses traits. Elle se retourna, prenant une voix douce.

"Aucun, aucun ! J'ai juste pris cette personne pour quelqu'un d'autre. Une vilaine personne pas gentille du tout en fait."

Elle m'adressa un clin d'oeil qui me fit désagréablement frissonner tant j'avais la sensation que son attitude sonnait faux. Je me sentais encore plus sur le qui-vive après cela.

"Dé-so-lée !"

Le propriétaire de l'auberge émit un son guttural difficile à décrypter. Avait-il accepté l'explication ? Emettait-il un doute ou avait-il simplement quelque chose dans la gorge ? Il rajusta un paquet de linge clair sous son bras et se gratta la tempe avant de prendre la parole.

"Pendant que je vous tiens, vous ne m'avez payé que pour la semaine passée. Il vous reste deux jours à me régler, repas compris."

La femme fit alors un geste presque naïf, resserrant les mains contre sa poitrine, elle se courba un peu et prit un ton navré. Comment avait-elle pu masquer à ce point ce regard froid ? Je n'avais tout de même pas pu l'imaginer. Quoique ? J'avais bien eu la sensation d'être observée pendant un long moment au marché alors que cela n'était pas vrai. Mais si cela avait juste été une situation imaginaire peu agréable, pourquoi souffrais-je alors là où elle m'avait agrippé ? Je me massai le poignet sous la cape, retenant difficilement mon grimoire. Je gardai le silence, tentant de me remettre de ce geste que je ne parvenais toujours pas à comprendre. Je ne lui avais rien fait, j'allais juste ouvrir une porte. Je fronçai doucement les sourcils, tentant de masquer le fait que je trouvais son attitude suspecte. J'avais beaucoup de mal à croire avoir pu être prise pour une autre personne. Connaissait-elle beaucoup d'humanoïdes à crinière de feuilles pour pouvoir ainsi aussi facilement se tromper ? Quand bien même, après m'avoir fixé si longuement, elle aurait du se rendre compte de sa méprise. Ma réflexion fut interrompue par sa voix douce et mielleuse.

"Je sais, je sais... Mais c'est notre camarade qui est en charge des yus du groupe. Et justement, il est encore en train de dormir. Si vous lui accordez une petite demie-heure, je suis sûre qu'il vous règlera sans problème ! Il m'a dit se charger de tout et c'est une personne de parole ! Alors ? S'il vous plaît ? Allez ? Pour me faire plaisir ? Juste une petite demie-heure ?"

L'aubergiste se gratta la nuque un court instant puis, doucement, il se déplaça, laissant la chanteuse passer. Elle bondit presque à côté de lui avec grâce, posa ses longs doigts fins sur son épaule puis elle exécuta un geste qui me laissa perplexe. Ce n'était pas l'acte en lui-même qui me perturba mais ce qui en résulta. Elle se hissa sur la pointe des pieds et vint poser ses lèvres sur la joue de l'humain, laissant passer un doux gloussement féminin. Le bruit humide qui le précéda me fit secouer négativement la tête, mouvement accompagnant une sensation de gêne. Tous les êtres de sang colorés avaient-ils cette capacité à effectuer des gestes intimes envers des inconnus ? J'imaginais, du moins, qu'ils n'étaient pas spécialement proches vu leur manière d'interagir. En quelques pas agiles et légers, elle était sortie du couloir.

Pendant un moment, je restai immobile à scruter les marches puis lorgnai en direction de l'humain. Il avait un léger sourire niais tandis que sa grande main frottait son visage. Je le scrutai avec une certaine sévérité, ne parvenant pas à me convaincre qu'il avait pu être si crédule. Comment pouvait-il être sûr qu'il y avait bien quelqu'un à l'intérieur sans avoir vérifié ? Qui plus était un soi-disant ami, sans nom, prêt à payer ? Et puis, plus j'y réfléchissais plus cette idée d'une demi-heure me chagrinait. Comment cette femme ou elfe ou que savais-je encore, pouvait-elle être sûre de cette durée ? D'ailleurs, s'il dormait, pourquoi ne pas aller chercher la bourse ou le coffret du groupe ? Elle ne tenait pas non plus compte des yus que les musiciens venaient de récolter après leur performance dans la salle.
Quelque chose me semblait illogique, trop parfait et surtout, me convaincant encore davantage, je revoyais cette paire d'yeux glacés posée sur moi. C'était comme si j'allais faire quelque chose qui avait attiré son ire sur moi.

Je finis toutefois par me détacher du mur, secouant un peu la tête et émettant un doux son de feuilles ballotées. Ce bruit fut suffisant pour ramener l'attention du propriétaire sur moi. J'avais un étrange pressentiment, comme si j'allais passer à côté de quelque chose. Certes, ce n'était pas mes affaires et même s'il y avait pirhontos sous roche, je n'avais de toute façon aucune preuve à faire valoir.
Sur un ton calme, presque compatissant, l'aubergiste s'adressa à moi.

"Désolé, vous allez devoir pat..."

Soudain, venant de la chambre, un bruit vif se fit entendre, comme celui d'un objet brisé, bientôt suivi par des cris de tissu malmené et des coups sourds. Attrapant la poignée, le propriétaire ouvrit la porte avec une force qui projeta un souffle d'air violent dans le couloir. Premier coup d'oeil à l'intérieur. La chambre possédait quelques meubles en bois poli et surtout un lit large, aux draps tirés vers le sol, accolé contre le mur gauche perpendiculaire à celui de la porte. A terre, entre le mur et le lit, deux silhouettes luttaient. Plus exactement, l'une était à califourchon sur l'autre en partie empêtrée dans un drap, en train de serrer des doigts fins et grisés sur la gorge de la victime. L'agresseur, portant cette même cape à capuche que j'avais vu entrer dans l'auberge, s'interrompit en nous voyant.
Une bonne seconde passa pendant laquelle la scène se figea. Une explication ? Une voix ? Un mot au minimum ? Rien de tout cela, pas le moindre son n'émergea de la pénombre du vêtement gris. Sur un fond sonore de repas englouti et de pluie qui venait de commencer à frapper la fenêtre, l'action reprit son cours. L'aubergiste me plaqua le linge contre le torse, me faisant vaciller sur mes jambes fatiguées et manquant me faire lâcher mon ouvrage. Je tournai vivement la tête, suivant le mouvement de l'humain qui s'engageait dans la pièce.

La suite se passa trop vite pour que je puisse réagir. La silhouette à capuche se releva et bondit en arrière sur le lit, échappant de peu à la poigne de l'homme. Celui-ci contourna le meuble pour se placer entre la silhouette et la fenêtre. Les deux sorties, porte et fenêtre, semblaient bloquées par nos présences. Alors que l'humain allait attraper la frêle personne entre ses deux bras épais, celle-ci se fit serpentine, insaisissable. Je la vis lui glisser entre les bras en faisant un saut vertical souple, presque félin. La silhouette prit appui des deux mains sur les épaules de l'aubergiste, faisant quelque peu perdre ses appuis à l'humain massif, et effectuant ensuite un saut enroulé vers l'avant. L'assaillant, prenant d'une jambe appui sur le dos courbé, lui asséna ensuite un coup du plat du second pied à l'arrière du crâne. Suite au coup qui fit tomber l'aubergiste tête la première sur le matelas, l'agresseur prit une impulsion sur le dos de la victime. Comme parfaitement calculée, celle-ci lui donna l'élan nécessaire pour atteindre la fenêtre. En un mouvement fluide, la silhouette l'avait ouvert puis bondi avec agilité à travers. Le bruit de sa course résonna un court instant avant que l'aubergiste, remit de l'assaut, ne me passe en trombe sous le nez. Est-ce qu'il espérait sincèrement rattraper cette personne ? Je doutais vraiment de la faisabilité de la chose vu la rapidité avec laquelle elle s'était enfuie. Les bras chargés, la fatigue dans les membres, je n'avais pu qu'assister à la scène.

Je me résignai à mon impuissance du moment et, à mon tour, entrai dans la pièce, reportant mon attention sur la personne étendue au sol. Cette dernière, se défaisant difficilement du drap encore enroulé autour de sa cheville, se relevait péniblement, une main posée sur un abdomen bandé et teinté de carmin. Lorsque mes yeux se posèrent sur la tête de l'individu, je crus d'abord à une farce ou au moins une illusion liée à mon état de fatigue.
Des cheveux sombres aux reflets bleutés et des oreilles pointues qui en émergeaient, avec un anneau apparemment doré au sommet de la gauche... Le visage qui se levait dans ma direction était marqué d'une cicatrice partant de la narine droite et s'achevant sur la pommette du même côté. Mais le pire, ce fut ces yeux teintés de marron, luisants et embrumés mais qui abritaient encore une certaine détermination. La main droite sur la gorge alors que l'humanoïde parvenait à s'asseoir sur le lit, ce dernier se mit à tousser plusieurs fois d'affilée. Lorsque sa voix s'éleva, faible mais compréhensible, accompagnant un regard se plantant dans le mien, je n'eus plus le moindre doute.

"Ah... Quelle bonne... Blague...

Dans un bruit mat, le paquetage de linge et mon grimoire chutèrent de concert au sol alors que j'identifiais, paralysée mais dépourvue du moindre doute, mon interlocuteur.

L'agresseur semi-elfe de la veille.



=> Auberge -Tension-

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Mythanorië - Oudio / Shamane Hippocampe


Sœur de la Confrérie d'Outremer, Capitaine de la Rascasse Volante, au corps de bois et cœur de bête océane
"Y'a pas à dire, la mer, ça vous change quelqu'un !"

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Dernière édition par Mythanorië le Mar 13 Mar 2012 13:36, édité 6 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Lun 5 Mar 2012 19:03 
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=> Auberge de l'Au-delà

Figée. C'était le meilleur mot pour me qualifier à cet instant. Une pulsation dans mes canaux succédait à une autre, imitant des coups de tambours qu'on aurait étouffé sous un linge. Ma gorge se serrait par à-coups sans que je parvienne à chasser cette sensation de crainte. En voyant ce semi-elfe devant moi, mes idées se bousculaient en une suite de binômes opposés.
Je voulais fuir cette pièce et en même temps, mon corps me rappelait son état de fatigue par de faibles tremblements. J'avais une crainte croissante que cet être tente encore de me faire du mal, pensée contrée par l'analyse de mon interlocuteur. Vu la tache rouge qui s'élargissait petit à petit contre les bandelettes sur son abdomen, il était blessé et aurait sans doute du mal à me surprendre pendant que je le gardais à l'oeil. Quelque chose me poussait à vouloir en savoir davantage sur lui mais une autre partie de ma réflexion m'ordonnait de ne pas prendre plus de risques. Enfin, quand d'un côté je souhaitais l'aider, vu l'expression de douleur marquant son visage, la rancune que j'avais à son encontre m'empêchait de faire tout geste amical.

Je devais me calmer, reprendre le contrôle en attendant l'aubergiste qui, je l'espérais, allait rapidement revenir. Mon regard clair se perdit sur des tessons de ce qui avait du être une cruche en terre cuite. Sans décoration, cet objet devait avoir contenu une bonne quantité d'eau au vu de l'élément liquide incolore s'écoulant entre deux planches du parquet. J'imaginais vaguement que c'était la destruction de ce récipient avait causé le premier bruit entendu. De l'autre côté du lit, sur une chaise qui semblait neuve, les affaires du semi-elfe étaient posées. Une cape à capuche noire, des bottines, un ceinturon à sacoche brune, ainsi qu'un haut de tunique lacéré et étrangement foncé à un endroit précis.
Un brusque bruit de claquement me tira de mon analyse, attirant mon regard sur la fenêtre rabattue violemment par une bourrasque. Je pris soudain conscience des rafales de vent, froides, dansant dans la pièce et charriant de la pluie. Le semi-elfe grelottait et pourtant il ne disait rien. Je ne savais pas quoi penser de son attitude mais, loin de me hâter, je pris mon temps pour ramasser mon grimoire avant d'aller fermer la fenêtre. Il souffrait et même si je n'éprouvais aucune fierté dans mon geste, une simple pensée pour ce qu'il m'avait fait balaya toute amorce de culpabilité.

En me retournant, je fus frappée par l'intensité de son regard. Il me faisait penser à un animal blessé, ce qu'il était, et cherchant à intimider malgré son état. Plus je scrutai ce visage, plus j'avais la conviction que c'était un être fier ou plutôt orgueilleux, à moins qu'il ne soit simplement méfiant en ma présence. Il avait de très bonnes raisons de l'être.

(Quelle ironie... Qu'est-ce que cela fait de se sentir vulnérable, hum ?)

Je ne formulai aucun mot, respirant sans bruits, sans détacher mon regard du sien. La pluie se faisait plus forte, plus lourde contre le carreau grillagé de l'ouverture, assombrissant la pièce. Bientôt, alors que la tache rouge s'amplifiait, un gémissement douloureux lui échappa et, brisant le lien de nos regards, il se laissa péniblement redescendre en position allongée sur le lit. Pendant un court instant, je l'observai sans bouger, étrangement satisfaite qu'il souffre d'une plaie à son tour. Juste retour des choses, même si j'ignorais ce qui avait pu la causer. Malgré son état, il parvint à s'adresser à moi entre deux plaintes contenues.

"Eh bien... Tu hésites ?"

Je haussai un sourcil, le devinant orienter son visage dans ma direction. Que voulait-il insinuer ? Et de quel droit se permettait-il de s'adresser à moi avec une telle familiarité ?

"Pas de témoins... J'suis mal en point et... T'as une dent contre... Moi. Pas vrai ?"

Est-ce que, par hasard, il formulait tout haut ce que je risquais de penser ? Sa façon de réagir me parut immensément stupide. Dans ces moments-là, mieux valait tenter de faire profil bas et éviter de rappeler des événements fâcheux, même s'il devait bien savoir que je l'avais identifié. Il en rajouta une partie avec un petit rire coupé par un souffle douloureux.

"Tu vois... Si... Nos places étaient... Inversées... J'doute... J'pense pas qu'j'laisserai passer... Une si belle occasion... Haha ! Haouch..."

Le vieil ouvrage sous le bras droit, je m'avançai vers le lit où l'inconscient hybride semblait tout faire pour raccourcir sa durée de vie. Debout, surplombant le voleur sur sa gauche, je l'observai. Quelques gouttes de sueur perlaient depuis ses tempes et maintenant que j'y faisais attention, sa gorge était comme marquée d'un papillon rouge, là où les mains de son assaillant avant appuyé. Par endroits, son buste et ses bras étaient striés de cicatrices. Certaines étaient effacées, d'autres bien plus récentes. Mes lèvres craquèrent faiblement au moment où je formulai quelques mots avec lenteur.

Si c'est là votre souhait... Elfe..."

J'insistai sur ce mot, mon regard se rivant à ce visage associé à ma mésaventure. Il émit un son proche d'un grognement, répondant quasiment dans la seconde d'une voix un peu plus assurée, presque colérique.

"Semi ! Semi-el..."

Il se figea en voyant mon mouvement. Lentement, j'avais levé la main gauche, celle-la même qui lui avait envoyé mon jet d'acide dans la figure. Son visage ne portait cependant pas de traces caractéristiques d'une précédente agression à l'aide de ce liquide, preuve que le fleuve l'en avait débarrassé. Déroulant dans un grincement de bois index et majeur gauches, je les tendais vers le voleur. La tension dans mon bras était forte, accompagnée par les pulsations de sève tambourinant dans mes tempes. Mes lèvres se desserrèrent, laissant passer des paroles froides, menaçantes et cruelles. Je pouvais me venger de mon agresseur, lui faire autant de mal qu'il m'en avait fait, à commencer par le faire trembler de peur.

"... Allez à Phaitos."

Je le vis se raidir à ma réponse courte et braquer son regard vers mon visage. Ces secondes durèrent une éternité où j'observais son expression assombrie par la douleur et par une visible incrédulité. Ses mots m'avaient poussé à envisager ma vengeance car, comme il l'avait si bien dit, c'était là une chance inespérée. Manipuler les fluides, lui faire du mal, prendre ma revanche. Je pouvais sentir mon expression se durcir, ma sève se refroidir et tout mon corps pulser comme prit d'une vigueur nouvelle. Je voulais lui faire payer. Je souhaitais qu'il comprenne la peur et la souffrance que j'avais enduré. Je voulais le voir trembler, pleurer, et qu'il comprenne l'étendue de sa vulnérabilité. C'était si simple à faire...

J'imaginais déjà les fluides alourdir ma paume et visualisais l'acide, ce singulier liquide aux reflets pourprés, se répandre dans sa plaie, lui arrachant une plainte continue. Il se tordrait, incapable de se défendre, inexorablement dévoré par le liquide, sans quiconque pour lui prêter main-forte ou même se soucier de sa douleur. Il souffrirait à quelques mètres seulement d'une salle bondée, à l'atmosphère enjouée, et périrait, abandonné, sans avoir pu revoir ne serait-ce qu'un visage amical. Aucun de ces inconnus sans visage ne lui tendrait une main secourable. Personne ne saurait ce à quoi auraient ressemblé ses derniers instants ni quels auraient été ses derniers mots. Pas une âme ne verserait de larmes pour son trépas ni n'organiserait de cérémonie funéraire en son nom. Il mourrait là, seul, par ma main et seulement lorsqu'il rendrait son dernier souffle serais-je apaisée.

(... Apaisée ?)

Alors que cette pensée se répercutait dans mon esprit, mon regard se brouilla.

Quand je compris ce qu'il m'arrivait, mon corps agit quasiment de lui-même. Je serrai d'un coup la mâchoire. D'un geste brutal, je refermai ma main en un poing vengeur puis déployai mes doigts de toute leur longueur et, les usant comme un fouet, j'assénais du revers de la main une claque cinglante au visage du semi-elfe, renvoyant celui-ci sur sa droite. Ma peau de bois laissa quelques traces rougies, légères écorchures, sur sa joue alors que je sentais la chaleur du contact violent persister contre mon écorce. Je le vis lever la main et l'accoler, les yeux brillants et écarquillés, sur sa joue meurtrie. Je le contemplai un instant, constatant son air perdu. Ravalant l'amertume que ces sombres pensées avaient fait naître, grimaçant légèrement, je lui fis une réponse honnête.

"Mais ce ne sera pas par ma main. "

Je tournai les talons, allant ramasser le paquetage de linge que j'avais fait tomber plus tôt. J'avais bluffé pour cette préparation de sort. Je n'étais pas en état de manipuler mes fluides et moins encore pour les matérialiser. Malgré mon envie de revanche, un instant de réflexion m'avait suffi et élan de pitié m'avait saisi. Il souffrait déjà, c'était indéniable, et je l'avais effrayé en le menaçant de le faire passer de Gaïa à Phaitos. Je n'avais pas à en rajouter, d'autant plus que prendre sa vie ne m'aurait au final rien apporté et surtout pas un soulagement. Maintenant que j'y songeais, j'aurai en prime du expliquer le tout à l'aubergiste. D'ailleurs, je me demandais où il était passé. Avait-il réussi à rattraper l'agile personnage ?
Je jetai un bref coup d'oeil au voleur alors que ce dernier tentait de s'asseoir, le dos contre le mur. Je ne parvenais pas à ressentir de la compassion pour lui, d'autant plus qu'après cette petite scène, son regard s'était chargé d'une plus grande méfiance encore. Est-ce que par hasard, la personne agile avait aussi été une de ses victimes ? Et que dire de cette chanteuse ? Avait-elle un quelconque lien avec lui ?

Décidant d'ignorer le voleur, je fis un pas hors de la chambre, regardant en direction de la salle. S'ils étaient ensemble, pourquoi un départ si précipité ? Et surtout, pourquoi le laisser derrière ? Je n'en étais pas certaine mais restais persuadée que la troupe musicale avait déjà filé, malgré la pluie. Adossée au cadre de la porte, je tentais d'ignorer le bruit de tissu du lit, me questionnant sur cette étrange suite d'événements. Ce ne fut que lorsque la silhouette du voleur entra dans mon champ de vision que je réagis. Lâchant le paquetage de linge, tendant la main gauche dans sa direction, je lui lançai un ordre bref.

"Arrière !"

Debout, chancelant, il arrêta son avancée. Son regard d'abord surpris me fixa puis m'évita, allant se poser sur le linge au sol. Décidant finalement d'ignorer mon injonction, il fit un pas de plus. Bien mal lui en prit. Ses genoux flanchèrent et il tomba au sol dans un bruit sourd. Sa respiration se faisait plus difficile mais dans la pénombre croissante de la pièce, j'avais du mal à le voir avec netteté. Etait-il idiot au point de ne pas se rendre compte de son état ? Et s'il s'était levé pour tenter quelque chose contre moi, il n'avait vraiment aucun instinct de survie.
De lourds pas résonnèrent dans le couloir et bientôt, un tissu sur la tête, l'aubergiste refit son apparition, une lanterne de fer et de verre à la main. Son ton se faisait plus agacé à chaque mot qu'il prononçait.

"Saleté. Je ne sais pas ce que c'était ou qui c'était mais ça m'a filé entre les pattes. J'enrage !"

Arrivé à ma hauteur, il tendit la source de lumière, éclairant en partie la pièce.

"Mais on n'y voit rien ! Je vais arranger cela."

De son côté, ayant presque fait oublier sa présence, le voleur se saisissait du paquetage de linge et peinait à se redresser. Je pesais un instant le pour et le contre mais que pouvait-il bien me faire ? A moins d'avoir masqué une dague dans son sang, il avait l'air plutôt inoffensif. Et pâle. Vraiment pâle. Posant mon grimoire sur une commode proche, je voulus me saisir de son bras pour l'aider et esquivai de peu un revers de main, sans doute sursaut d'orgueil. Malgré la douleur qu'il devait ressentir, il se redressa de toute sa taille, m'assénant un regard froid. Il était plus grand que je le pensais, quasiment une tête de plus et plus stupide ou déterminé également. Non seulement il s'était relevé seul, sans chercher à se plaindre, mais en plus il était resté debout, attendant que l'humain ait terminé sa besogne.

Chandelles et lanterne de belle taille allumées, celui-ci observa avec attention le semi-elfe et sembla immédiatement saisir la gravité de la situation. Il vint soutenir le bandit tout en examinant sa blessure. Sans me regarder, il m'indiqua que le paquet de linge était un lot de tissu de rechange pour le lit. Je n'avais pas besoin d'analyser dans les détails pour comprendre ma prochaine tâche. J'allais simplement changer les draps. L'aubergiste, qui avait fait s'asseoir le blessé sur une chaise proche, sortit de la pièce rapidement et en revint avec une cruche remplie d'eau, d'une facture similaire à celle du récipient brisé. Finissant d'échanger un tissu humide de sueur et de coloris carmin pour un drap propre, j'observais à la lueur d'une chandelle proche ce qu'il se passait.

Le semi-elfe serrait les dents tandis que l'humain retirait le bandage collé à la plaie. Rouge. Très rouge. Comparé à mon fluide de vie, celui-ci me semblait empreint d'une signification plus dramatique. Un tissu vint nettoyer la plaie que j'apercevais par moments. Elle saignait beaucoup et pourtant je n'avais pas l'impression qu'elle ait été profonde. D'après ce que j'en voyais, c'était une entaille relativement nette. Elle était faite légèrement en biais, démarrant au-dessus du nombril et remontant vers la gauche à mi-hauteur de ses abdominaux. Impossible par contre d'imaginer ce qui avait pu causer pareils dégâts. Un souffle douloureux franchit les lèvres du blessé. Il transpirait de façon importante mais j'avais davantage l'impression que c'était du à la douleur et non pas à une infection particulière. L'aubergiste, attentif, comprima la plaie un moment. Sa voix profonde résonna.

"J'ai bientôt fini."

La surprise peignit mes traits quand je vis un sourire courageux étirer les lèvres du semi-elfe.

"Une belle cicatrice... Pour une jolie leçon bien retenue."

Je ne comprenais pas. Ce voleur devait souffrir et pourtant, il semblait s'amuser de sa blessure. Etait-ce juste un moyen de se rassurer après avoir vu son existence menacée deux fois ou faisait-il partie de ces gens qui ne prenaient jamais rien au sérieux ? Moi qui l'avais pris en pitié quelques instants auparavant, je commençais à le regretter. Et je regrettais aussi de ne pas l'avoir giflé plus fort. Plus je regardais cette expression sur les traits elfiques, ou semi-elfiques, moins j'avais envie de la voir. Il me semblait d'ailleurs que la réciproque était vraie, vu l'expression fermée qu'il m'offrait à chaque fois que j'entrais dans son champ de vision.
Je repris mon grimoire, allant prendre place sur une chaise à l'opposé de la pièce, à proximité d'une chandelle quasiment neuve. Je n'avais pas oublié ses paroles. Son attitude était loin d'être réconfortante et l'idée de rester dans la même pièce que lui ne me plaisait pas particulièrement.

(Mythanorië, tu ne prends pas de risques. Un temps de repos et après, plus aucun contact avec lui... Courage.)

Sous ma cape, j'apposai la main contre mon épaule droite où cicatrisaient lentement mes propres blessures. Je n'avais pas oublié et je ne risquais plus de faire abstraction d'un fait simple. Cet individu avait attenté à mes jours et peut-être recommencerait-il dès qu'il en aurait l'occasion, fait d'autant plus vraisemblable qu'il manifestait une attitude plutôt méfiante, si ce n'était hostile envers moi. Raison de plus pour ne pas le fréquenter plus que nécessaire.

J'orientai mon regard vers la fenêtre, perdant progressivement mes yeux dans les tracés d'eau sur la paroi transparente.

( Moura, quelle matinée...)


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 Sujet du message: Re: L'Auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Jeu 8 Mar 2012 20:33 
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Les gouttes tombaient, l'une après l'autre, dessinant un ruisseau le long de la paroi vitrée. J'avais beau apprécier la pluie, je m'imaginais mal devoir sortir par ce temps. Mes pensées se tournèrent un instant vers mon amie Païvhane, devant s'être réfugiée à couvert des bois en direction du cercle. Elles dérivèrent sur la troupe de musiciens un instant puis revinrent vers le semi-elfe. Mon esprit devait avoir influencé mon corps puisque je me surpris à être en train de regarder dans sa direction. Attentif aux soins prodigués, il lâcha un vif soupir lorsqu'une nouvelle bande de tissu propre vint protéger la plaie. Sa main gauche vint frotter sa tempe puis ses doigts descendirent là où je l'avais giflé, la sensation lui tirant un air agacé. Comme si ses pensées s'étaient tournées vers moi, il me jeta un regard. Comprenant sans doute que je l'observais, il poussa un souffle mécontent par le nez et reprit place dans le lit, ramenant le drap propre jusqu'à ses côtes. Je l'ignorai, reportant mon attention sur l'humain.

Sa tâche accomplie, celui-ci prit un air perplexe. Ses yeux balayèrent la pièce puis après un tour lent de celle-ci, revinrent se poser sur le semi-elfe. Une légère toux camouflée derrière son poing, sans doute pour s'éclaircir les cordes vocales, précéda un court débit de paroles.

"Dites, je sais que ce n'est pas le meilleur moment mais... Vous devez me régler la chambre et les repas."

Le voleur lui adressa un regard curieux, son expression se faisant soudainement plus tendue.

"Hein ?"

Se campant sur ses jambes, croisant les bras, l'aubergiste prit un ton sévère malgré l'aspect presque comique que lui procurait la présence du tissu humide sur son crâne. Quelque chose me disait que la relation entre les yus et lui n'était pas un sujet à prendre à la légère.

"Vous êtes bien membre de la troupe arrivée la semaine dernière, non ?"

"Euh... Oui."

"Votre amie la chanteuse m'a assuré que vous alliez payer les jours supplémentaires."

Le visage du voleur se referma peu à peu. Il émit un petit souffle incrédule, fronçant légèrement les sourcils alors qu'un fin sourire gêné se peignait sur ses lèvres. Vainement, je tentai de détourner mes yeux clairs de lui, ayant l'impression d'assister à un spectacle dramatique. Levant légèrement la main droite au-dessus du lit, il haussa l'épaule du même côté et répondit vivement.

"Doit y avoir une erreur. Y'a qu'elle qui s'occupe de ça... J'n'ai pas un yu vaillant, moi."

L'aubergiste me parut d'un coup étrangement fermé et silencieux. Il scrutait son interlocuteur, blessé et subitement songeur, comme un félin paré à bondir. Même si ce n'était pas moi qui était visée, je ne pouvais pas m'empêcher de ressentir une pression désagréable dans l'air. Je restai toutefois là, assise et immobile, les mains croisées sur mon grimoire masqué sous ma cape. Cette histoire ne me regardait pas après tout. Je voulais juste récupérer la chambre pour me reposer. Cependant, en tenant compte de l'état physique de cette moitié d'humain, je doutais que le gérant ait le cran de le jeter à la rue. A cette réflexion, je fus prise d'une certaine appréhension. Si l'aubergiste m'avait destiné cette pièce, c'était qu'il y avait de fortes possibilités que les autres aient déjà été réservées.
Un sursaut de voix me tira de ma courte réflexion.

"J'suis sûr que c'est qu'un malentendu... Allez lui demander."

La réponse de l'humain, de plus en plus imposant et ferme, jeta un froid dans la chambre. Où était donc passé l'agréable tenancier souriant qui m'avait accueilli dans l'établissement ? J'avais davantage l'impression de voir un puissant bandit récolter la part d'un butin qu'il n'avait même pas pris la peine de rechercher.

"Ils sont déjà partis."

La mine du voleur, l'instant d'avant presque confiante, se figea. Ses yeux marrons se rivèrent à son interlocuteur, passant d'un oeil à l'autre avec rapidité. Mes propres miroirs s'arrondirent devant l'expression presque perdue du blessé. D'un côté, je m'étais douté de la chose, les paroles de la chanteuse et l'empressement de la troupe corroborant mon hypothèse. De l'autre, je ne comprenais pas bien ce qui pouvait pousser à laisser une personne derrière soi, dans de possibles ennuis. Je jetai un coup d'oeil au bandage et tentai d'imaginer quelque chose de cohérent. Avoir un membre de leur groupe blessé risquait de les ralentir ou même de les encombrer s'ils étaient pressés et vu leur rapidité à plier bagage, j'avais la sensation de ne pas être loin de la vérité. La question la plus importante dans cette histoire restait tout de même de savoir ce qui pouvait bien pousser une troupe de musiciens itinérants à détaler ainsi. Est-ce que, par hasard, l'origine de cette blessure était liée à quelques secrets qui pouvaient leur causer des problèmes ? Le semi-elfe avait-il agi commis une erreur seul, risquant en fait d'attirer le malheur sur le groupe ?

Je montai la main à mon menton, en proie à toute une réflexion à ce sujet quand, à la limite de mon champ de vision, le voleur chercha à se lever. Aussi discrètement que possible, je l'observai. Ses yeux, grands ouverts, étaient rivés à l'humain et ses gestes, courts, accompagnaient maladroitement ses paroles.

"Je... J'ai du mal comprendre... Partis... Partis ?"

"Passés par la porte. Avec tous leurs bagages. Partis... Et sans payer."

Le semi-elfe se prit doucement la tête entre les mains, baissant les yeux et ramenant ses genoux vers son visage. Il devait être en proie à une intense réflexion puisque gardant le silence un bon moment. J'en profitai pour tenter d'imaginer le montant qui devait être versé. Une chambre sur deux jours, deux à trois repas pour au moins six ou sept personnes sur ce laps de temps, cela pouvait rapidement faire beaucoup pour quelqu'un qui n'avait pas d'autre activité que chercher à dépouiller, à grand renfort de lame, des passants égarés.
Gênée par cette scène, je reportai mon attention sur la fenêtre, constatant la multiplication des petits courants sur la paroi. Malgré mon envie sincère de rester en dehors de l'affaire, mes oreilles perçurent bientôt la suite des événements.

"Je... J'comprends... Elle n'a pas pu faire autrement... Ecoutez, j'n'ai pas d'argent mais... J'peux p't'être travailler ici, pour vous rembourser ?"

Résistant à l'envie de voir son expression sans doute embarrassée, je soufflai doucement sur l'une de mes mèches végétales. J'avais bien fait de ne rien tenter pour me venger contre lui, j'aurais manqué quelque chose. La détresse morale n'était certes pas aussi spectaculaire qu'une blessure physique mais elle pouvait s'avérer au moins aussi dévastatrice. La réplique de l'humain ne se fit pas attendre.

"Non mais tu t'entends un peu, petit ? Tu tiens à peine debout et tu crois vraiment que j'vais t'laisser te balader comme ça dans mon auberge ? Avec les repas que tu prendrais, t'en aurais pour des semaines avant que je sois remboursé par ton travail. Et qui me dit que tu filerais pas en douce quand j'aurais le dos tourné ? Hum ?"

D'un coup, j'eus l'impression que l'aubergiste avait émergé de son petit rêve dessiné par la chanteuse. Il évoquait, point par point et avec une froideur certaine, tout ce qui pouvait signifier une raison de refuser. Malgré moi, mon regard revint se poser sur la figure du voleur. J'avais l'impression de voir un jeune enfant sermonné tant il semblait accablé par le poids des mots. Loin d'avoir fière allure, il me rappelait presque la liykor quand cette dernière avait été grondée. Il ne lui manquait guère que les oreilles aplaties sur les côtés pour lui donner un aspect pitoyable. Levant un serpentin végétal devant mes lèvres, je retins difficilement un souffle amusé.

Immédiatement, le voleur me lança un regard agacé. Sur un ton de défi, il s'adressa à moi, ramenant également l'attention de l'aubergiste sur ma personne.

"Ca te fait rire ?"

"... Dites vous deux... Vous vous connaissez ?"

Je pris un instant de réflexion, me parant d'une expression presque stoïque.

"On peut dire cela."

L'aubergiste se fendit d'un magnifique sourire, contrastant totalement avec son attitude précédente. Il se dirigea vers moi en écartant les bras. Pourquoi avais-je l'impression de voir une scène incongrue.

"C'est parfait ! Dans ce cas, vous pouvez payer pour lui !"

Je lui jetai un regard surpris, interloquée. Avais-je mal entendu ? Je devais m'en assurer tant l'affirmation sonnait étrangement à mes oreilles.

"Pardon ?"

"Vous me payez pour vous deux et quand il va mieux, il vous rembourse. Et tout le monde est satisfait."

Me décalant un peu, je jetai un regard au voleur dont l'expression, pratiquement identique à la mienne, traduisait sa désagréable surprise. De concert, nous fîmes une grimace puis je braquai mon regard dans la direction de l'humain.

"D'abord, j'ignore si je dispose des fonds nécessaires et ensuite... Navrée, mais je n'ai aucune intention de payer sa dette. "

Il ne manquait plus que cela ! Que moi, victime de ce bandit de bas étage, lui vienne en aide et à mes frais en prime. Une ombre passa dans le regard du tenancier de l'auberge. Ses bras s'abaissèrent un peu et sa voix se fit menaçante.

"Vous voulez cette chambre, non ? Pour le moment c'est lui qui l'a et il est coincé ici jusqu'à ce qu'il me paie. Cela me fendrait le coeur de perdre un client mais si vous n'avez pas de chambre, vous devrez sortir de mon auberge. Pluie ou pas. "

Je pris chaque mot en considération, pesant ces derniers. Je n'arrivais pas à croire ce que je venais d'entendre et pourtant, l'expression sérieuse de l'humain était catégorique. J'avais un choix simple. Soit je le payais une somme que je craignais importante soit je devrais passer la nuit dehors et sous la pluie. Un souffle désabusé m'échappa mais je n'avais apparemment pas vraiment mon mot à dire. Faisant émerger mes mains de ma cape, je les levai légèrement et secouai la tête, finissant par regarder le plafond avec un soupir. Moura... A peine quelques jours en dehors du cercle et je subissais déjà blessure, bousculade, séparation et menaces. L'idée que je n'avais pas encore démarré mon voyage et qu'il m'attendait peut-être pire à l'avenir me fit frissonner.

Agrippant mon sac, je le vidai sur mes genoux. Dans un tintement doux, ma bourse en tomba, ainsi qu'un curieux duo d'objets auquel je ne prêtai pas immédiatement attention. Soulevant le petit sac de cuir, je le tendis à l'aubergiste, le gardant à l'oeil.

"Bien ! Très bien ! Alors... Chambre, repas... Oui, j'ai mon compte, je vous rend le reste. Pour fêter cela, je vous amène à mes frais une bonne soupe chaude pour le blessé. Je reviens !"

Lentement, déroulant mes doigts dans un craquement d'écorce, j'apposai ma main contre mon visage, évitant de le regarder partir. Je ne parvenais pas à croire ce qu'il venait de se passer. Peu de temps avant cette scène, je m'étais juré ne rien vouloir avoir à faire avec cette espèce de bandit aux oreilles en pointe et ironiquement, le voilà en quelques instants endetté à mon endroit. Je lui jetai un bref regard, chose qu'il fit également. Sur un ton amer, il m'adressa la parole. Mots de remerciement ? Excuses appropriées ? Non, bien au contraire.

"T'attends pas à d'la gratitude. J't'ai rien d'mandé !"

"Je n'ai pas vraiment eu le choix... Elfe."

"Nom d'une bouse de wyverne putréfiée ! Sem... Oh et flûte ! Appelle-moi Nahö, bon sang ! "

Je levai les sourcils devant sa tirade, lui adressant un regard blasé. Pour quelle obscure raison aurais-je voulu l'appeler par son prénom ? Enfin, si c'était bien là son véritable nom, bien entendu. Quand on avait affaire à des personnes aussi insaisissables, que représentaient un secret ou deux ? Avec une pointe d'hésitation, je lui répondis.

"Nahö ?"

Il eut une moue crispée, s'adossant brutalement contre le mur. Sa tête se tourna vers la paroi de bois à sa droite, de sorte que je ne voyais pas vraiment son expression. Il leva la main, la plaquant contre son visage, les épaules parcourues d'un violent frisson. Il reprit la parole avec une pointe agacée dans la voix.

"Ugh... Nan. Tout compte fait, appelle-moi Nahöriel. Ca m'énerve d'entendre ta voix appeler mon diminutif..."

Courtoisie, niveau ras du parquet. Au moins, il y avait une chose sur laquelle nous étions d'accord. Si c'était là une déformation de son prénom, elle ne devait être utilisée que par des proches ou des gens familiers. Je n'étais ni l'un ni l'autre et n'avais aucune raison ou intention de le devenir. Sans daigner me regarder, il reprit la parole.

"Et toi ? Tu portes bien un prénom, nan ?"

"Oui."

"...Et ?"

"Je ne vois pas pourquoi je vous en ferai part."

Là, son visage se tourna brusquement vers moi. Il m'examina une fraction de seconde avant de se remettre à parler.

"Eh ! Je t'ai bien donné le mien !"

"Cela, c'était votre choix. Le mien est d'ignorer votre demande. Après tout, je ne vous ai rien demandé."

En m'entendant le citer, il me gratifia d'une attitude qui passa successivement d'un faciès sidéré à une expression déçue puis véritablement boudeuse. Semblant ignorer sa blessure, il apposa rudement ses bras croisés contre son torse, me lançant une pique.

"A ta guise ! Espèce de rejeton raté de grogneur sylvestre !"

Etait-ce une insulte ? Cela en avait l'air en tous cas, même si je ne savais pas du tout ce que désignait un "grogneur sylvestre". Cela devait avoir quelque chose à faire avec des arbres ou des plantes mais je n'avais aucune idée précise sur le sujet. Fermé, boudeur et décidé à scruter intensément le mur proche, il n'avait pas l'air de vouloir poursuivre cet échange. Ce moment de calme me laissa finalement le temps d'examiner la paire d'objets qui avait chu en même temps que la bourse. Il s'agissait de morceaux de cuir, taillés en forme de goutte d'eau et striés de motifs ressemblant à de petites vagues, dessinées par la juxtaposition de représentations d'écailles. Deux sangles permettaient de les resserrer. J'observai ces objets avec circonspection, les lissant du bout de mes doigts végétaux. Des brassards. Pas n'importe quels brassards en prime. Je fermai un instant les yeux, fouillant dans ma mémoire. Un souvenir précieux me revint.



L'ancien vénérable, dans sa longue tunique bleue, discutait avec un mage, évoquant l'artisanat du cuir et la possibilité d'imprégner ces créations de magie. Lorsqu'il m'avait vu, il s'était interrompu et m'avait souri tendrement avec gêne, comme prit la main dans le sac. Je me remémorai cette main brunie alors qu'elle venait se poser sur mon épaule avec douceur.

"Ah, Mythanorië ! Je sais que j'ai manqué ton centenaire il y a deux ans... Je le regrette beaucoup, tu sais ? Alors cette année, je compte bien me racheter avec un joli cadeau."

Il m'avait alors gentiment frotté la tête, arborant une expression protectrice et un brin joueuse.

"Ne t'attends pas à un miracle, c'est moi qui te le fabriquerai."

"D'accord... Mais préviens-moi si je dois me mettre à courir."

Un rire sincère avait franchit ses lèvres tandis qu'il mettait le désordre dans mes crins végétaux.




Je retournai les brassards, y trouvant une petite inscription finement poinçonnée, contrastant avec le cuir.

(A Mythanorië, joyeux centenaire à ma jeune pousse. )

Inspirant lentement par le nez, je tournai mon visage vers la fenêtre, ravalant difficilement l'émotion qui me submergeait. En silence, je fixai les deux brassards à mes avant-bras, la partie circulaire vers le coude, resserrant les sangles en douceur. Dépliant et repliant les doigts, j'esquissai un sourire. L'ancien avait du les cacher dans mon sac une fois terminés mais sa soudaine disparition l'avait empêché de me les offrir lui-même. Lissant les protections alors que j'entendais les pas de l'aubergiste dans le couloir, je pensai fort au décédé, imaginant ses traits dans ce flot liquide glissant contre la fenêtre.

(Ils me vont parfaitement. C'est... Un superbe cadeau. Merci...)

"Allez, à la soupe !"

Tournant un instant mon visage dans la direction des deux personnes, un détail me frappa bientôt. Il n'y avait qu'un seul lit dans cette pièce et, fatigue ou pas, dette ou non, hors de question que je dorme à côté de mon agresseur. Il y avait des chaises, je possédais une cape assez longue alors je pourrais improviser un lieu de couchage dans ce coin de la chambre.
A l'extérieur, la pluie redoublait de violence, amenant avec elle l'écho de grondements lointains. A n'en pas douter, Valyus courroucé avait décidé de se rappeler au bon souvenir de toute la région. Au moins, la bâtisse était bien faite, ne laissant pas d'eau s'infiltrer dans la pièce. Je ne craignais pas spécialement l'orage mais je devais avouer que ce bruit sourd qui se répercutait n'avait rien de rassurant.

J'ignorai pourquoi mais j'avais la certitude que la soirée et le repos jusqu'au matin allaient me paraître particulièrement longs.



=>Auberge de l'Au-delà -dernière partie-


[[[ Acquisition RP des Brassards magiques de l'eau]]]

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Dernière édition par Mythanorië le Dim 11 Mar 2012 20:14, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Sam 10 Mar 2012 01:18 
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Mon esprit était ailleurs alors que j'entendais faiblement un ustensile de bois taper dans un récipient. Je n'avais pas besoin de regarder pour savoir qu'il n'allait bientôt plus rien rester de la soupe apportée. Relevant mes jambes, je posai mes talons au bord de la chaise, mon regard se perdant dans l'eau à la fenêtre. Un grondement sourd retentit au loin une nouvelle fois. L'atmosphère de la chambre, d'un coup plus calme, me fit ressentir toute la lassitude que j'avais accumulé. Les petits sursauts de froideur ou d'agacement que j'avais perçu étaient peu à peu en train de se dissiper. Resserrant mon grimoire entre mes jambes et moi, je posai ma joue sur mon genou, soufflant lentement par le nez. Braquant mon regard vers un noeud de bois dans le plancher, mes pensées se dissipèrent un court instant. Vaguement, j'avais l'impression d'entendre Païvhane discuter avec l'ancien vénérable, échangeant des gestes amicaux devant un petit feu de cheminée. Ils ne faisaient pas attention à moi, pourtant bien réveillée, mais qui les écoutais sans me faire remarquer. Ces sons étaient rassurants, doux, et surtout, ils me faisaient savoir que j'étais "chez moi".

Un claquement me fit sursauter et manquer de peu échapper mon vieil ouvrage. Je rivai un regard un peu flou sur la porte, la voyant fermée. J'avais du m'assoupir quelques instants et ce brutal réveil venait de faire surgir un début de migraine. Inspirant longuement, je m'étirai les épaules en arrière, me passant ensuite une main engourdie sur le visage. Comme si j'avais besoin de cela, la voix du voleur me parvint, un brin curieuse.

"Eh ? Eh l'végétal ! Dis... Ca mange quoi les choses comme toi ?"

Et dès le réveil, je devais faire face à une impolitesse de plus. Etait-il simplement maladroit dans ses paroles ou il avait un don inné pour agacer les gens ? Ignorant un court moment sa question, je me massai la tempe gauche, finissant par lui lancer un regard neutre.

"Je n'en sais rien."

"Hein ? Attends, tu n'sais pas d'quoi tu t'nourris ?"

Chaque prise de parole, que ce soit de ma part ou de la sienne, était comme un coup de maillet enfonçant une pointe tordue dans ma tête. J'espérais que cela finirait par passer, sans quoi je risquais fort de me défaire de cet agacement croissant sur la personne du semi-elfe. Délaissant ma tempe, je me redressai, gardant néanmoins les talons sur le siège. Mes yeux clairs se rivèrent aux siens, débarrassés de toute timidité superflue.

"Moi, si. Mais je ne peux pas prétendre que cela s'applique à tous les représentants de ma race."

Nahöriel émit un souffle amusé.

"Eh ! Mais dans quel genre d'coin paumé t'as pu grandir ?"

Un instant, je baissai les yeux, repensant à cette scène que mon esprit endormi m'avait fait voir. Je conservai cette posture pour lui répondre, ne revenant river mon regard au sien que sur la dernière partie de ma phrase. Un élan nostalgique prit forme, suffisamment présent pour me défaire de ma douleur à la tête.

"Un endroit magnifique où j'ai appris bien des choses, connu des gens inoubliables et où... Je ne peux pour l'instant pas retourner."

Aussitôt ma réponse donnée, je m'en voulus de cette tirade, faite quasiment sur un ton de confession. Je m'attendais à une répartie blessante, moqueuse ou même hargneuse du voleur qui n'aurait pu que rebondir sur mes paroles. Après tout, si on ne pouvait généralement pas rentrer chez soi, cela ne pouvait s'expliquer que par des faits dignes d'une histoire qu'il fallait tenir secrète. Un silence ponctua ma prise de paroles, me faisant examiner attentivement l'expression du voleur.
La main droite de ce dernier venait de se coller contre son bras gauche, le lissant au niveau de quelques cicatrices. Son visage affichait un air moins hostile mais traduisant visiblement une certaine gêne ou alors je confondais cela avec un moment d'égarement. Il était vraiment difficile à cerner. D'un côté il pouvait se permettre des piques sans prendre de gants et de l'autre, il semblait éprouver rapidement de la culpabilité. Cela ne devait pas être facile pour lui d'être victime d'une langue claquant plus vite que l'esprit ne pouvait la retenir et surtout d'être conscient des conséquences.

Entrouvrant ses lèvres en baissant un peu le nez, il me répondit ou tout du moins l'interprétai-je ainsi.

"Oh... "

J'arrondis les yeux quand, après ce souffle, il prit un air presque amical. Inclinant un peu la tête sur le côté, il esquissa un sourire étrange, comme s'il y mettait un certain courage.

"Dans c'cas, pas l'choix, faut aller d'l'avant. Pas vrai ?"

J'avais du mal à comprendre cette personne. Dans sa question, somme toute rhétorique, il avait réellement l'air de me demander mon avis. J'eus l'impression que cette faible lueur dans son regard traduisait autre chose que de la compassion, comme si Nahöriel comprenait la difficulté et la peine que cela représentait. Devoir quitter son foyer sans avoir la possibilité d'y retourner... Etait-ce là quelque chose qu'il connaissait ? Pendant un instant, je le découvris vulnérable, loin d'être le vil voleur aux mots tranchants de l'instant précédent. Cette attitude ne dura toutefois qu'un instant, suite à quoi il se passa une main dans les cheveux et, s'adossant de nouveau au mur, il reprit en main la discussion.

"Enfin, faut encore savoir où aller... Donc pour toi, c'est vers où ?"

Je restais un instant dubitative, contrariée par le soudain revirement de cet énergumène. Pourquoi cette entité à moitié humaine posait-elle toutes ces questions ? Je doutais que ce soit simplement pour faire la conversation que ce bandit se permette de telles choses. Soit il s'informait pour être sûr que nos chemins ne se recroiseraient pas, dette ou non, soit il comptait me suivre à la trace pour régler ses comptes d'une manière que j'étais certaine de ne pas apprécier. Pourtant, j'avais pratiquement l'impression qu'il se montrait naïvement curieux dans sa façon de procéder.

Tout en demeurant un brin évasive, je répondis à sa question.

"J'ai besoin d'en savoir davantage sur les miens. Les ouvrages à leur sujet étaient tout sauf détaillés."

"Les... Les quoi ?"

Comment "quoi" ? Les miens ou les ouvrages ? Intriguée, je levai mon grimoire de sorte à lui expliquer, illustration à l'appui, ce que c'était. Je trouvais cela néanmoins étrange qu'il ne sache pas ce que désignait le mot "ouvrage".

"Les ouvrages, les livres si vous préférez."

"Ah ! Oui ! Ca ! J'dois être fatigué, bien sûr qu'je sais c'qu'est un ouvrage !"

Il émit un rire léger avant de s'éclaircir la gorge et de reprendre, une émotion palpable dans la voix.

"Eh. T'as déjà été à Tulorim ?"

"Non."

"Tu devrais ! Y'a un bâtiment qui contient un paquet d'ces... Livres... Et c'est dans cette ville que s'rendait la troupe donc... J'pourrais t'accompagner."

Nous y étions. Voilà donc où il voulait en venir. Vu sa blessure et étant sans le yu, faire une telle distance seul relevait presque de l'épopée. Mais était-il en train de mentir en évoquant ce qui me semblait être une bibliothèque ? Je n'avais aucune preuve qu'il était sincère mais j'avais toutes les raisons de croire qu'il cherchait à se servir de moi. Encore une fois. Sauf que ce coup-ci, il le faisait volontairement. Je devais m'assurer qu'il ne cherchait pas juste à se tirer d'une mauvaise passe en m'utilisant.

Je plissai volontairement les yeux, arborant une expression visiblement méfiante.

"Mais maintenant que je sais où me rendre, pourquoi aurais-je besoin de vous ? Et surtout, pourquoi voudrais-je de votre compagnie ?"

Sa pointe de joie s'envola et il baissa un peu le nez avant de chercher ses mots.

"Je... J'pourrais... Enfin j'comprends que tu... Euh... Mais si j'viens avec toi, j'pourrais t'rembourser quand j'aurais retrouvé la troupe ! "

"Je dois avouer que c'était une jolie somme..."

"Ah, tu v..."

Je me levai brutalement, retenant mon grimoire de justesse et apposant ma main gauche par-dessus mon épaule droite, ravivant le souvenir de sa dague lacérant ma peau d'écorce. Je plongeai alors un regard traduisant une certaine colère envers le semi-elfe, appuyé par des paroles vives.

"Mais si cela signifie voyager auprès d'un possible assassin, je cède ma place ! Vous vous imagineriez, vous, sur la route, en compagnie de celui qui vous a fait cela ?"

Là-dessus, je pointai le bandage neuf sur l'abdomen de mon interlocuteur. Deux yeux ronds, sombres, se fixèrent alternativement sur mon épaule, sur le tissu clair puis sur les poings quelque peu serrés du voleur. J'avais apparemment tapé moralement là où il était vulnérable, de sorte qu'il resta de longues secondes sans bouger ni même chercher à balbutier quelque chose. Lentement, je rabaissai mon bras, enroulant mes doigts végétaux dans un petit craquement d'écorce. J'avais beau être dans le vrai, lui envoyer ces mots comme une volée de flèches ne me faisait pas particulièrement plaisir.
Orientant mon visage vers la fenêtre, je pus constater que les ruisseaux s'étaient unis et dévalaient comme un seul torrent la paroi de verre. Tulorim... Pourquoi pas ? Mais la ville devait bien être à plusieurs longs jours de marche à pied. Maintenant que j'y pensais, j'avais peut-être assez de yus pour me fournir un peu plus que du matériel de première nécessité. Cela devrait attendre l'aube mais, avec de la chance, j'aurais peut-être la possibilité d'obtenir une monture. Un détail me chiffonna dans ce plan. J'avais toujours marché ou nagé mais jamais je n'avais utilisé ce type de transport.

Je plissai les yeux, en pleine réflexion quand la voix, un peu plus posée de Nahöriel, me rappela à lui. Il avait une expression un peu plus assurée, presque plus adulte maintenant que j'y faisais attention.

"Je sais que... Tu vas avoir du mal à me faire confiance..."

(C'est le moins que l'on puisse dire.)

"Mais je veux t'accompagner jusqu'à Tulorim. La route est pleine de pièges que je connais bien et... Je peux aussi surveiller tes arrières au cas où. Je sais que ça ne signifie rien en terme de yus mais... Mais c'est tout ce que je peux faire pour... Pour me racheter. "

(Oh ? Première fois qu'il admet sa faute.)

"Dès qu'on atteindra la ville, j'irai voir la troupe. Je paierai ma dette et tu n'entendras plus jamais parler de moi. "

Je pris un instant de réflexion. Je n'étais pas vraiment le genre à me faire avoir par de belles paroles mais je devais bien avouer qu'il marquait quelques points. Tout ce que je connaissais de la route relevait de vieilles cartes jaunies, sans doute loin d'être fiables à l'heure actuelle, et si j'avais plusieurs jours de voyage devant moi, j'aurais du mal à dormir, seule dans la nature. Je rivai mon regard au sien, le voyant me scruter avec une intensité indéniable, comme si sa propre vie était en jeu. Secouant la tête de gauche à droite, je vins m'asseoir sur le lit, à sa gauche, me tournant dans sa direction.

Lentement, je déroulai ma main, la tendant vers lui. Ses yeux s'y rivèrent avant de se reporter sur mon visage, passant d'un miroir clair à l'autre.

"Mythanorië. C'est comme cela qu'on m'a prénommé."

"Mytha... Norië..."

Comprenant enfin mon geste, Nahöriel s'empara de ma main entre les deux siennes et la secoua légèrement de haut en bas. Il eut l'air soulagé et un sourire que je pouvais qualifier de radieux se peignit sur ses traits.

"Mythanorië... Mythanorië !"

Pourquoi avait-il l'air aussi enthousiaste ? Je ne le sus pas car, après son petit moment d'euphorie, il se crispa, lâchant un souffle douloureux. A trop faire d'efforts, il avait du raviver la douleur de sa plaie. D'un léger signe de tête, je lui fis signe de s'allonger. Au moment où je me relevai, je sentis une traction sur ma cape et me retournai. Il l'avait agrippé, me scrutant avec un air perdu.

"Où vas-tu ?"

Je désignai la chandelle quasiment neuve qui m'avait éclairé jusque-là d'un doigt avant de lui répondre.

"Chercher la chandelle. Je ne peux pas lire dans la pénombre."

Il laissa filer ma cape entre ses doigts à ma réponse. Décidément, je n'arrivais pas du tout à prévoir ses réactions. Il passait sans souci du semi-elfe bagarreur au jeune adulte avant de retomber en enfance. Avec quel phénomène avais-je décidé de prendre la route ? Gardant la tête froide, je m'efforçai de me convaincre que j'allais uniquement faire un bout de chemin avec lui et non pas lui accorder ma confiance. Emettant un souffle nasal, je ramenais avec moi la source de lumière et m'installai à ses côtés, posant la chandelle sur un meuble proche. Les grondements orageux se rapprochaient et je ne doutais pas les entendre encore plus distinctement d'ici quelques heures. Assise, lissant de l'index gauche les fines écritures du grimoire, je devinais Nahöriel se tourner dans ma direction. C'était peut-être une mauvaise idée de sa part mais comment réussir à trouver le sommeil avec une lacération au ventre de toute façon ? D'ailleurs, même si je restais méfiante à son égard, lui n'avait pas l'air d'avoir peur. J'aurais parfaitement pu le duper et décider de mettre fin à ses jours pendant qu'il dormait.

J'esquissai finalement un sourire. Je me savais pertinemment incapable de retirer la vie d'une personne de sang-froid, surtout si elle était déjà dans un tel état. Il devait être bien naïf pour pouvoir s'assoupir aussi vite à côté d'une inconnue. Sans un bruit, je me plongeai dans les caractères manuscrits de l'ouvrage, butant encore sur de nombreux termes désignant des concepts magiques qui ne m'évoquaient rien.


***



La soirée s'avançait et je fus brusquement sortie de ma lecture par la luminosité d'un éclair. Je me ressaisis quand l'aubergiste passa presque sur la pointe des pieds apporter une autre soupe au blessé. Nahöriel, un peu hagard, s'assura d'abord que j'étais toujours là avant d'avaler d'un trait son dîner, ajoutant encore ce montant à sa dette. Le voleur jouait-il un nouveau rôle de blessé dépendant ou était-il véritablement apeuré à l'idée que je l'abandonne ici ? Même si cette question tournait dans mon esprit, je ne la formulai pas, imaginant une réaction gênante de mon interlocuteur.

Décidant finalement qu'il était fatigué, mon corps me fit un signe clair au moyen d'un bâillement. Je m'obligeai à me lever afin de ne pas laisser les bougies éclairer pour rien. J'avais l'esprit un peu embrumé, me permettant de faire fi du grondement céleste. Reprenant place sur le lit après avoir diminué le niveau lumineux, je m'adossai au mur. D'aussi loin que je m'en rappelais, je n'avais jamais été capable de m'endormir dans une autre posture qu'assise, qu'il y ait un appui pour mon dos ou pas. Je m'étirai un instant puis croisai les bras sous ma cape, me laissant bercer par le doux son de la pluie. Il y avait quelque chose d'apaisant à savoir que j'étais à l'intérieur alors que les manifestations de Moura s'abattaient rudement dehors.

Je sentais venir le sommeil quand une déchirure, à la fois lumineuse et sonore, chemina au-dessus de Yarthiss. Je n'y aurais pas prêté attention si je n'avais pas perçu un mouvement de ma cape. Le voleur, pourtant semblant endormi, avait refermé une main sur mon habit. Je le scrutai, le voyant se baisser un peu sous le drap alors qu'un autre éclair allait se perdre au royaume de Yuimen. Dégageant la main droite de mon habit, je déroulai mes longs doigts, distinguant difficilement la chevelure du voleur dans la pénombre. Imitant le geste que je faisais pour la louve quand elle cauchemardait, j'allais apposer ma main sur sa tempe quand je suspendis mon geste. Il n'était pas mon amie et si je devais agir par pitié, autant ne pas le faire du tout. Cela n'aurait fait que me donner la sensation que je pouvais tisser un lien avec lui, chose que je me refusais à faire. Même si j'avais accepté de voyager à ses côtés, je ne lui avais pas encore pardonné, fait qui me fit retenir ma main puis la replacer sous la cape.

(En d'autres circonstances, peut-être...)

Fermant les yeux, ignorant cette main masculine agrippée à ma cape, je me laissai glisser dans le sommeil.


***



Debout depuis un bon moment, j'observai attentivement le ciel encore un peu grisé, atténuant l'éclat de l'aube. Un bruit de tissu m'indiqua que le semi-elfe venait de se réveiller. Alors qu'il n'était même pas assis, sa voix mal assurée s'éleva.

"My... Mythanorië ? Où es-t..."

Il n'acheva pas sa phrase, m'ayant visiblement remarqué près de la fenêtre. Lui adressant un petit signe de tête, j'y ajoutai un mot simple, comme un porte-bonheur pour la journée.

"Bonjour."

Il poussa un souffle par le nez sans que j'arrive à qualifier son expression. Suite à cela, il tâta son abdomen et s'empara de ses habits, frottant énergiquement la trace maintenant brunâtre sur sa tunique de cuir. Je haussai les épaules et me dirigeai vers la sortie, l'entendant littéralement bondir dans ses bottines. J'avais vraiment l'impression qu'il craignait que je manque à ma parole de le laisser m'accompagner tant il mettait d'empressement à vouloir me rejoindre. Je marquai un arrêt dans le couloir, le voyant ajuster sa cape à capuche sans pour autant se masquer sous cette dernière.

Malgré sa tête de plus que moi, j'avais vraiment l'impression d'être en compagnie d'un jeune pas encore tout à fait adulte. Quel âge pouvait-il bien avoir ? D'un revers de main mental, je chassai cette pensée. Si nous n'allions nous côtoyer que pour quelques jours de plus, à quoi me serviraient des informations sur son compte ? Nous n'étions finalement que deux personnes réunies par des circonstances malencontreuses, ni plus, ni moins.
Arrivés dans la salle principale, l'aubergiste nous héla, accompagnant sa salutation par un geste amical.

"Eh ! J'espère que vous avez bien dormi !"

Il grava sur ses traits un sourire ravi quand Nahöriel lui répondit d'un signe de tête affirmatif. Je vis l'humain faire un geste souple qui fut suivi d'un petit "paf" sonore quand le voleur rattrapa quelque chose de sa main droite. Une pomme. Un joli fruit d'ailleurs également doté d'un très agréable parfum et que le semi-elfe ne garda pas intact bien longtemps. L'humain nous fit un signe de tête peu avant que nous ne sortions, l'accompagnant d'une parole pleine de vie.

"Bonne journée et si vous repassez, je serai ravi de vous héberger."

Une fois dehors, Nahöriel émit un rire entre deux bouchées de pomme.

"Tu penses ! Si tous ses clients payaient rubis sur l'ongle comme toi..."

Malgré ma taille moindre, je relevai vers lui un regard sévère. Aurait-il oublié quelle avait été exactement la situation ? Il déglutit et laissa échapper un petit mot mal assuré alors que nous nous dirigions vers les échoppes.

"Oups..."

Décidément, faire des excuses simples semblait être au-dessus de ses forces.


=> Magasin Bricobrac

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Mythanorië - Oudio / Shamane Hippocampe


Sœur de la Confrérie d'Outremer, Capitaine de la Rascasse Volante, au corps de bois et cœur de bête océane
"Y'a pas à dire, la mer, ça vous change quelqu'un !"

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Jeu 15 Mar 2012 20:58 
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Vindex rentra en vitesse dans l'auberge, créant un petit courant d'air presque imperceptible. Quelques têtes se tournèrent lentement vers le nouvel arrivant, qui détestait les entrées remarquées. Aussi, ils reprirent tous leurs occupations.
Le guerrier barbu regarda aux alentours, et remarqua une place inoccupée près du feu de la taverne. Après une longue et dure journée, et pour échapper à la femme hystérique, rien de mieux que de se cacher au coin d'un feu, avec un peu d'hydromel et un plat chaud. Manger des pommes et des rongeurs grillés dans les bois, ce n'était pas ce que Vindex appelait manger à sa faim. Il prit donc place sur une chaise assez confortable, devant le feu, et appela le tavernier.

"Tavernier! Une hydromel et ce que tu as en plat du jour!"

Le tenancier de l'auberge le vit et fit oui de la tête. Puis il se dirigea vers le comptoir. Il demanda à sa femme d'aller réchauffer le plat en cuisine et apporta l'hydromel à l'homme barbu. Celui-ci sentit l'arôme mêlé de malte et de miel qui se dégageait de la boisson. Le tavernier regarda alors Vindex et lui demanda:

"Vous y prendriez pas une chambre, par hasard?"

L'homme fit oui de la tête.

"Pas b'soin d'payer maintenant alors..."

Puis il s'éloigna, à grandes enjambées vers le comptoir et repris sa discussion interrompue avec un petit grassouillet au crâne rasé. A en voir par ses vêtements, Vindex pensa qu'il devait être paysan, ou pauvre bouseux faisant la manche. Le premier cas paraissait le plus plaisible, étant donné qu'on ne laissait pas souvent entrer les sans-abris à l'intérieur des auberges.
Le Wiehlenois but sa bière à grandes gorgées, et prit de grandes bouchées, pour se hâter à aller s'endormir. Demain, il comptait bien avoir des aventures trépidantes. Néanmoins, pas une qui ressemblerait à celle qu'il avait vécu ce soir.
La dernière bouchée engloutie, la dernière goutte bue, le patron de l'établissement lui indiqua une petite chambre. Il s'y installa, se vautrant sur le lit sans enlever ni bottes ni gilet de cuir. Il était prêt à s'assoupir, et à rêver encore une fois à ces petites créatures vertes qu'il allait encore étriper dans ses rêves.
Il avait grandement besoin d'en tuer, ces derniers temps.

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Toute la puissance du colosse dans ce lien:
http://www.yuimen.net/univers/vindex-druss-guerrier-lvl-1-t4735.html


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 Sujet du message: Re: L'Auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Sam 7 Juil 2012 18:29 
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Localisation: Yarthiss
Trois longues années a erré de part et d’autres, enfin Shenish se décida a se poser quelque part.
La première cité qui serait sur son chemin serait la bonne, et ce fut Yarthiss. Une fois passer les portes de la ville il s’engagea dans les rues de la ville en observant les alentours.

La rue qu’il remontait était assez bien entretenue, et ne montrait pas trop de dégradation. Les passants ne retinrent pas trop son attention, et du coup il avança assez rapidement vers le centre de la ville.

Cherchant un endroit ou se poser pour la nuit, il fallait trouver une auberge, et il s’adressa au premier passant qu’il croisa de plus près :


Salut a vous, pourriez-vous m’indiquer l’auberge la plus proche ?


A quoi le personnage répondit :

Je ne suis que de passage et ne connait pas la ville.

Avant de reprendre son chemin.
La réponse étonna un peu Shenish vu que le personnage avait pourtant l’air de savoir ou il menait ses pas.


Ma foi voila qui est une façon étrange de recevoir des nouveaux, j’espère que tous ne sont pas du même acabit.

Et il poursuiva sa route tout en observant les panneaux aux murs des bâtisses. Ne trouvant pas ce qu’il cherchais, il finit pas demander a un autre passant le même renseignement :

Continuez tout droit et prenez sur votre gauche ensuite, vous tomberez sur l’auberge de l'Au-Delà.

Ayant remercié, Shenish repris la route dans la direction indiquée. Enfin au croisement, prenant sur sa gauche il aperçut l’auberge. Avançant vers la porte il du se déplacer afin de laisser passer un personnage sortant de celle-ci avant de mettre les pieds dans la salle.

Jetant un regard a la ronde il avança jusqu’au comptoir ou il demanda une chambre et un repas, puis alla s’installer a une table libre dans un coin au fond de la salle en attendant qu’on lui serve son repas. Posant son épée en travers de ses genoux sous la table, il se mit à observer les différents personnages dans la salle.


Après un moment le Patron arriva et posa un plateau sur le bord de la table avant de déposer son contenu devant Shenish.
Un plat de viande, un de légumes divers, une coupe avec quelques fruits, et une bouteille de vin. Une assiette avec couvert et un godet virent rejoindre les victuailles.

Bon appétit.

Au moment ou il allait s’en retourner vers son bar :

Merci, mais puis-je avoir une cruche d’eau ? Vous pouvez aussi remporter la bouteille, j’avais omis de vous prévenir que je ne bois pas d’alcool.

Reposant la bouteille sur son plateau, il fait signe que oui de la tête et s’éloigne. Shenish, commence par se servir un morceau de viandes, pas trop gros, et surtout pas mal de légumes. Puis fermant les yeux, il a l’air de réciter une prière mentalement avant de commencer à manger, à petites bouchées.
Petit a petit les plats se vide et la cruche d’eau qui a été amener aussi. Une fois terminer, Shenish fait signe au patron afin de recevoir l’addition, celui-ci s’empresse de la lui mener, et surtout encore plus d’empocher rapidement la somme, qui était non seulement celle du repas mais aussi de la chambre.
Quelques instants plus tard la porte de la chambre se referma sur le jeune guérisseur, qui aussitôt quitta ses chausses, et s’allongea sur le lit, fermant les yeux.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Mer 11 Juil 2012 18:16 
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Inscription: Sam 7 Juil 2012 14:23
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Localisation: Yarthiss
Le lendemain au petit matin, se réveillant, Shendish, commença par faire sa toilette, s’aidant pour cela du broc et de la bassine, qui se trouvaient tous deux sur un petit meuble dans un coin de la chambre, tout en repensant a tout ce temps qu’il avait passer a parcourir le monde :

Ma foi j’aurai du m’arrêter plus tôt, on dort quand même mieux sur une couche d’auberge qu’a la belle étoile.

Des souvenirs lui revinrent en mémoire, comme la fois où il se retrouva coincer pendant deux jours et deux nuits dans une faille, suite à un éboulement à attendre qu’on vienne le secourir. Les nuits avaient été plutôt longue cette fois là.
Heureusement il n’était pas seul a avoir été piéger, et du coup ceux qui vinrent en aide aux autres victimes, purent le secourir lui aussi.
Il en fut quitte, de dispenser quelques jours de soins gratuits, afin d’en remercier les quelques villageois, qui ne le connaissant pas auraient aussi bien pu le laisser a son sort, dans son trou.

Et les derniers jours avant d’arriver à Yarthiss, où il n’eut que l’occasion de coucher soit a même le sol soit dans les branchages d’un arbre afin de rester un minimum en sécurité pour la nuit. Chose pas toujours aisée, car certains arbres étaient si vieux qu’il n’était même pas question de grimper.

Enfin quoi qu’il en soit, une fois prêt, et de bonne humeur, il descendit prendre un petit déjeuner rapide, et quitta l’auberge. Il espérais bien soit trouver du travail en ville, ou alors peut-être un groupe qui aurait besoin d’un jeune guérisseur en ses rangs.

Il commença donc à arpenter les rues en ce sens, mais aussi pour visiter la cité qu’il ne connaissait pas encore.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Mar 24 Juil 2012 19:23 
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Inscription: Mer 28 Juil 2010 23:17
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Après un court passage dans la rue en gromellant Araksis arriva toujours dégoulinant de bave de dragon dans l’auberge de l’au-delà. Il envoya valser la lourde porte en chêne d’un coup de pompe et commandant à haute voix.

« Une bière patron ! Et pas d’la pisse ou j’te rase ta bicoque ! »


L’apostrophé regardait l’impoli d’un œil dédaigneux.

« Un « s’il vous plait » ca ne gâche rien, nabot. » Dit-il en se tournant pour servir la commande.

Devant tant de bonne volonté Araksis sourit et s’approcha du zinc.

« S’i’ou plait ! »

Il tira un siège de bar, et essaya de sauter dessus …

« Bordel pourquoi faut-il qu’ils soient aussi haut ces saloperies. »

Il fini par escalader le mobilier. A une table un groupe de cinq gaillards riaient sous cape. Il les ignora, le patron servit.

« Merci patron, à la bonne vôtre … »
lança t-il en même temps que la somme due. De grosses gouttes de bave draconique coulaient encore de ses vêtements mais la bière était bonne et le rougeoyant ne voyait que cette ambroisie, le reste était sans importance … jusqu'à ce qu’un moustique vienne lui siffler aux oreilles.

« Hep, trouduc tu t’es pris une giclé de troll ? » Le ton était railler et agressif, le rouquin tomba de son nuage. Il grogna en essayant de retrouver son petit paradis à grandes lampés. « Tu fais des passes au chevaux de l’armée ? » alors qu’il finissait la dernière goutte une grosse main se posa sur son épaule avec violence. « Et si tu nous payais un coup ? » l’assistance regardait obstinément ailleurs, le patron était parti s’occuper plus loin, tout le monde sentait la bagarre arriver.

« Un verre ? … mais avec plaisir … ». Serrant plus fortement la hanse de sa choppe le rouquin se retourna brusquement et l’envoya dans le nez de la brute qui s’écroula dans un craquement, l’os du nez brisé. Ses quatre collègues se levèrent immédiatement, il sauta de sa chaise, l’attrapa et la lança sur les bagarreurs. L’un d’entre eux tira son épée et l’envoya valser sur le côté, les trois autres poursuivait leur avançait. Araksis couru vers la porte, ses adversaires avait tiré leurs armes, alcool et acier ne faisant jamais dans la délicatesse il jugeait plus prudent de s’éclipser. Il sorti en courant dans les rues.

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Araksis Fareiss : J'ai deux haches. Une pour me battre et une pour ... bin pour me battre aussi.

Actuellement Araksis est en route


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 Sujet du message: Re: L'Auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Jeu 23 Aoû 2012 20:15 
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Inscription: Mer 22 Aoû 2012 16:11
Messages: 8
Localisation: Portes de la villes_ Yarthiss
Le jeune voleur avanca sa main pour pousser la porte de l'auberge, certe bruiante mais elle parraissait forte chaleureuse de l'exterieure.
Mais lorsque sa main s'approcha de la poignet, un rouquin furieux et d'égoulinant d'un liquide visqueux ouvrit la porte si fort que le vagabond fit trois pas en arrière pour esquiver la boule de mucus.
Après s'être écartait pour éviter les hommes qui semblait pourchasser le nain, il entra discrètement, son but n'etait pas de chercher les problème, ni de les trouver par ailleurs...

Une fois dans l'auberge il s'assit dans un coin de la grande salle.

(je resterai ici jusqu'a ce que je trouve un coéquipier ou une quête)

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de l'Au-Delà
MessagePosté: Dim 30 Sep 2012 03:15 
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Inscription: Ven 28 Sep 2012 17:35
Messages: 17
Localisation: Yarthiss
Au moment même où Shazo commençait à apercevoir l'auberge, des cris retentirent de celle-ci. Il vit au loin un petit homme, sans doute un nain, se faire prendre en chasse par quatre hommes, armes en main.
La situation le laissant indifférent, il entra dans l'auberge.
L'espace d'un instant, un silence des plus désagréable parcourut la salle.
Après avoir scruté brièvement la galerie sous le regard de certains curieux, il s'installa à un endroit un peu moins éclairé que les autres et fit signe à la serveuse.
La serveuse s'approcha de lui :


" - Vous désirez quelque chose? Une chope d'hydromel?

- Un thé me conviendra, et une chambre pour cette nuit.

- Très bien, je vous amène votre thé. "


Le temps que la serveuse partit s'occuper de la commande, Shazo tendit l'oreille afin d'écouter les ragots qui se disaient non loin de lui.


" - ... il est là sur la chaise, il s'est mis debout, puis PAF, en pleine tronche! T'aurais du voir ça!

- AHAH! Je suis sûr qu'à l'heure qu'il est, il d..."

La serveur refit surface.

- Voila votre thé et voici la note, quand vous le souhaitez, venez me voir que je vous montre votre chambre.

- Bien.

(Ils parlent probablement du nain qui se faisait courser, rien de très intéressant.)"

Shazo but son thé à grandes gorgées et s'en alla dormir.

_________________


Dernière édition par Shazo le Dim 21 Avr 2013 19:51, édité 2 fois.

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