Ingrate ! Eliss venait en seulement deux secondes de m’infliger un coup de poing énorme au ventre. Oui, elle proposait de se joindre à l’elfe si elle décidait de ne pas nous suivre. Sans prendre en compte que j’avais affirmé le fait qu’elle viendrait avec moi. Espèce de petite sotte incapable de la moindre reconnaissance ! Elle semblait oublier quelle lame menaçante l’avait amené jusqu’ici, et dans quel but. Je la voulais en vie, car elle seule pouvait m’amener à ses employeurs. La compagnie Air Gris qui allait devoir me dédommager au sorti de cette affaire malencontreuse, quitte à ce que j’utilise la force. Je jetai un regard noir à la semi elfe mais mon effet fut gommé par la voix de Margh qui répondit à Karz, faisant apparaître quelques instants après, une table pleine de…verdure. Oui, le carrelage s’était retourné pour faire apparaître une large table pleine de légumes, fruits, vins et je ne sais quels autres aliments. Aucun doute, c’était l’heure de se restaurer mais...

(Margh nous prend pour des lapins ?!)

Comment ne pas avouer que j’étais plutôt amateur de viande bien rouge et que ce repas verdoyant ne me procurait pas autant d’appétit qu’une grosse pièce de bœuf. Instinctivement, je ne pus m’empêcher de me tourner vers Margh, imaginant la bestiole sur cette table à la place de tous ces légumes et fruits. Je ne sais pas si ma pensée avait quelque chose de immorale, mais à cet instant précis, je me disais que j’aurais mieux fait de continuer à découper la bête. Je soupirai de déception, mais mon ventre me rappela bien vite qu’il fallait qu’il soit rempli sur le champ. Écoutant, cette partie de moi-même qui prenait le dessus, je me rapprochai de la table autour de laquelle il n’y avait aucune chaise. Je ne pus m’empêcher d’exprimer ma pensée à haute voix.

« C’est de coutume par chez vous de manger debout ? »

Cela était plus un reproche qu’une question, car à cet instant je me senti mal à l’aise. J’étais trop habitué aux bonnes manières par chez moi pour me sentir bien dans cette posture. Enfin bon, comme il ne fallait pas faire le difficile, j’agrippai une énorme miche de pain qui ne tarda pas à finir dans ma bouche, avant de me servir en vin. Je n’allais quand même pas passer à côté de ça. A cet instant, l’urgence du moment, disparut et je me surpris à essayer d’établir une conversation. Comme je l’aurais fait dans une situation « normale ».

« Alors comme ça, vous êtes partit à notre recherche ? Vraiment, il ne fallait pas. Tout était sous contrôle. Et cette auberge ? Aussi étrange que cette île ? »

Action, réaction, Margh Erith semble être une "personne" des plus efficaces s'il en est. A peine lui ai-je fait la suggestion de nous restaurer, qu'une table, sortie tout droit...du sol, fait son apparition au milieu de la pièce. Pleine de victuailles végétales en tous genres, mais aucune trace de chair animale, juteuse et consistante, à mon plus grand regret. Enfin je suppose qu'il n'est pas dans l'habitude des minotaures de manger leurs cousins quadrupèdes et c'est plutôt rassurant quant à notre future collaboration. Nous aurons sans doute déjà suffisamment à faire avec les sauriens pour pas qu'un bovin lunatique ait envie de nous manger une jambe en cours de route.

Je suis donc là, debout à côté d'un "bon" repas et j'entame les hostilités sans même écouter ce qui se dit autours de moi. Premièrement, parce que je suis tellement fatigué que les mots de mes camarades percutent mes tympans endormis sans les faire vibrer et deuxièmement, parce que je suis bien trop occupé à batailler avec une carotte récalcitrante: longue et dure, mais tellement savoureuse. Craquante et juteuse, je croque la chair orange du légume avec délectation, prenant un plaisir immense à sentir l'aliment parcourir mon œsophage avant d'atterrir dans mon estomac..mais, qu'est-ce qui me prend ?! Je suis en train de vous parler de carottes alors qu'un terrible danger nous guette. Il est temps de faire avancer les choses et de les prendre en main. La stratégie est en place, le roi tombera et ce, sans qu'aucun pion ne soit sacrifié. Quoique, de notre côté, le roi est plutôt un fou. Je prends alors quelques fruits, surtout des pommes...Allez savoir quels genres de liens étranges les archers ont avec les pommes, mais là n'est pas la question.

"Nous devrions nous mettre en route, nous nous sommes restaurés et sommes parés à ce qui nous attend. Nous ne pouvons pas trainer plus longtemps."

Réaction rustre sûrement, mais je me rends vers la porte de la citadelle sans plus un mot. L'heure n'est plus aux discussions.

Jour 2, nuit.

Salle du Trône (Karz, Eliss, Margh, Aenaria, Ezak)

Margh ne répondit pas au sarcasme d’Ezak, et se rendit près du plat de carottes qu’était en train de déguster l’archer pour en dévorer les feuilles vertes, qu’il mâcha longtemps en déambulant autour de la table. Eliss, entendant Aenaria choisir à son tour la Tour des Cieux comme destination d’équipe, regarda le maître d’armes en souriant.

« Voilà, tout s’arrange toujours au mieux, comme je le dis souvent. »

Puis, quand l’archer décida de mettre les voiles, elle le suivit, enjouée.

« Bien, allons-y ! »

Margh Erith, saisissant son arme énorme, alla à leur suite, sans mot dire, mâchonnant toujours ses feuilles de carottes.

Dehors, vous pouvez le voir à travers la porte, le soleil s’était déjà couché, et la nuit est tombée. Ça ne sembla pas arrêter Margh, qui sortit sur les pelouses bien entretenues de son jardin, en mâchouillant encore et toujours. Au loin, vers le Nord-Ouest, on pouvait voir la silhouette de la Tour des Cieux se dessiner dans un halo légèrement violet. Alors qu’au Nord-Est, la lueur rougeâtre des plaines traversées de rivières de lave éclairaient celle-ci comme les autoroutes d’une région très compacte. Plus loin que les plaines, une plus grande étendue rougeâtre indiquait la présence d’un lac de lave… Mais telle n’était pas votre voie.

Sur l’extrémité nord du plateau de la Citadelle, une petite ouverture donnait sur un escalier très étroit et escarpé, qui descendait à flanc de falaise : votre route.

Alors que nous mangions, l'elfe répondit à mes questions. Mais comme il n'y a pas de bon discours sans introduction, elle se présenta d abord en tant qu'Aenaria Imfilem. Lâcheuse me paraissait un surnom plus mignon et plus approprié mais, il ne valait mieux pas créer une discorde dans le groupe à ce moment, n'est ce pas ? Dommage, un peu de gaité dans cette troupe ne me paraissait pas de refus. Quand Aenaria, puisque cela était son nom, me parla de tension je mimai un air offusqué, déglutissant avec difficulté mon pain, que je m'empressa de faire descendre avec un peu de vin.

(Et la récompense du meilleur comédien est décerné à Ezak pour son fabuleux rôle de fausse victime. )

Je souris intérieurement à cette pensée. Me disant qu'une fois cette aventure terminé, je devrait peut être proposer mes talents et déposer les armes. Du moins, je l'aurais fait si je ne supportais pas le fait de vivre comme un miséreux. Rien que d'y penser j'en frissonnai sur place. L'horreur !

Oui, je me promenai littéralement dans mon amusement intérieur. Et alors ? Quitte à mourir dans l'explosion d'une île autant le faire avec classe. Déjà que la fin n'est pas très glorieuse...

Aenaria, continua, me contant brièvement les aventures du reste du groupe à la recherche d'Eliss et moi même et d'une rencontre avec des gargouilles. J'eus envie de rétorquer une phrase du style : « Ah oui ? Charmant ! Moi j'ai rencontré une femme aux yeux jaunes et j'ai découpé des têtes. » Mais bon, je ne voulais pas pousser le mime d'une situation, « normale » -mais qui ne l'était pas- trop loin. Nous n'étions pas dans une salle de banquet, avec pleins de nobliaux qui font semblant de s'intéresser à ce que vous dites, remplie de belle demoiselle à charmer, avec des vrais repas, du vin de qualité, des... Bordel ! Nous étions sur une foutu île volante qui allait exploser !

Enfin bon, tout n'était pas si noir car l'elfe annonça enfin sa conclusion, elle venait avec nous. Cette décision soudaine de l'elfe grise me parut comme la meilleur de la journée, car j'allais pouvoir avoir ma blonde d'otage avec moi. Je me senti à cette pensée tout de suite rassuré et content. A ce propos, un doute s'imissa en moi, et je me demandais si le fait que je veuille avoir Eliss avec moi, n'était pas dû au fait que j'appréciais de plus en plus sa compagnie qu'autre chose. Cette sotte m'aurait surement facilité la tâche si elle se montrait désagréable du fait que je l'avais tout de même kidnappée. Mais non, rien y faisait, et pour tout juste illustrer mes pensées, elle me fit un grand sourire avec sa phrase pleine d'optimisme. Enfin venant d'elle, ça ne devait plus m'ettoner. Elle m'avait tellement bassiné avec ses : «  On s'en sortira, tous vivant ! ».

« Mouai... Tu ne faisais pas autant la fière hier soir dans la ruelle... »

J'avais dis cette phrase assez forte pour qu'elle l'entende. Car mademoiselle partait déjà à l'aventure à la suite de Karz, bien pressé d'interrompre le repas, en bondissant presque sur place. Pour être franc, son trop plein d'optimisme m'agaçait quelque peu !

( Non mais elle se croit sur les paisibles pleines Kendrannes ou quoi ? )

Décidant d'ignorer cette scène pour ne pas tomber dans mon habituel irritation intérieur, je m'avançai à sa suite, découvrant que dehors la nuit était tombé. Mauvaise nouvelle ! Je ne me rappelais que trop bien les histoires de la veille pour en être assuré. Mais cette fois, nous étions beaucoup plus et nous pourrions veiller l'un sur l'autre. Du moins, j'espérais que nous pourrions tous nous faire confiance. Pour moi, mes lames seraient à leurs côtés, si seulement ils étaient TOTALEMENT du mien. Mes dernières aventures sur Naora m'avaient apprises une chose sur moi. Je détestais les traitres. Je me tournais à cet instant vers Aenaria, ouvrant la bouche pour dire quelque chose mais je me ravisait au dernier instant. Les actes parleraient d'eux mêmes, sûrement bien plus que des mots. Je verrais sûrement la noblesse de ce petit groupe héteroclyte dans une situation d'urgence.

Marchant un peu plus vite, je rattrapai vite fait la tête de file, me positionnant près d'Eliss à laquelle je tendis mon bras, alors que nous traversions les jardins de la citadelle. Mieux valait que je ne sois pas loin pour qu'elle ne risque pas à parler d'un kidnapping. Ca n'avait pas l'air dans ces intentions, mais je préférait garder mes précautions.
Au loin, deux choses impressionnantes me mirent une baffe mental instantanée. Une tour très haute qui devait être notre objectif et une plaine striée de rivières de laves et non loin d'un lac, lui aussi du même élément.

J'émit un sifflement admiratif. Une chose était sûr, ça valait le détour de yeux. Un petit escalier descendant la falaise, sur laquelle était perchée la Citadelle semblait nous mener vers notre objectif. Avant de m'engager dans l'escalier je me tournais vers Margh avec une idée en tête.

« Dis moi, Marghounet, n'ayant pas finit notre combat, je suis un peu... frustré. Si on se lançait dans un petit défi ? Celui qui massacre le plus de dragons, est désigné vainqueur de notre combat, ou on peut faire sur plus petit aussi, ça ne me dérange pas ! Allez je te laisse réfléchir à mon affaire ! Tu peux participer toi aussi l'archer ! Jeu exclusivement réservé à la gente masculine ! »

J'émis un rire bref. J'essayais bien malgré moi de détendre l'atmosphère après cette vision pour le moins stressante de la tour. Bien sûr l'allusion au dragon n'était que pur fantaisie. Mais je voulais vraiment la fin de ce duel, directement ou indirectement. Mais qu'on le finisse, cela allait de soi. Puis m'engageant dans l'escalier je m'adressai à Eliss .

« Alors, ces regards que tu me lançais cet après midi ? »

Tout le monde est sorti, nous pouvons enfin nous mettre en route, vers cette étrange tour. Edifice hors du commun, dominant l'île volante de par sa hauteur, mais aussi de part l'étrange aura qui en émane. La regarder me donne une impression étrange et ce sentiment est loin de s'estomper quand je pose mon regard sur le spectacle qui se joue derrière nous. Des rivières de lave, sillons de feu découpant le paysage, brûlant sans vergogne tout ce qui s'en approche. J'ai chaud et je me sens mal en voyant ces coulées incandescentes. Quelques réminiscences traversent mon esprit, un rêve. Oui, j'en ai rêvé. Je baignais dans ces rivières Ménoséenne, sans pouvoir bouger et c'est quelques compagnons qui m'ont sauvé et encore une fois, la tour était là.

Ma peau commence même à me brûler, mais je me reprends vite. Le groupe n'est pas le même que dans le monde onirique, mais il a le même objectif. Complètement ailleurs, je suis tiré de mes rêveries par Ezak, mais je n'ai absolument pas écouté ce qu'il a dit...Je devrais peut-être lui répondre.

"Hmm..euh, oui pourquoi pas."

J'ai juste compris qu'il parlait d'une activité réservée à la gente masculine, cela ne doit pas être bien méchant. Personne ne parle vraiment à part messire Ezak. Notre groupe avance à son rythme et sans même m'en rendre compte, j'entame la descente d'un escalier...Encore.

L’Escalier (Karz, Eliss, Margh, Aenaria, Ezak)
Jets d’habileté :
Karz : Réussite.
Eliss : Réussite.
Margh : Echec.
Aenaria : Réussite.
Ezak : Réussite

Le premier à s’engager dans cet escalier plus qu’escarpé est donc le maître d’armes, suivi assez près d’Eliss, alors que Margh beugle du haut de la plateforme :

« La proposition de l’inconnu est étrange et incongrue, mais soit, si telle est l’us qui réparera nos torts, nous nous y engageons. »

L’hôtesse, elle, est plus discrète dans sa réponse. D’abord, elle détourne le regard, gênée, avant de répliquer :

« Mais… quels regards ? »

Pendant ce temps, Aenaria entame sa descendte, très vite suivie de Karz, et de Margh, qui ferme la marche. Hélas, la taille et la carrure du minotaure ne sont pas qu’aide, dans cette aventure : sitôt engagé sur les marches étroites, il dérape et glisse sur son séant, dévalant les quelques marches en contrebas, emportant dans sa chute Karz et Aenaria. Heureusement, il parvient à se rattraper, tenant l’archer et l’elfe par le col pour éviter de les projeter dans le vide béant devant eux, sans dégâts.

La suite de la descente est longue, et dangereuse, mais aucun évènement particulier ne survient, chacun étant sur ses gardes… Arrivés en bas, deux chemins distincts s’offrent alors à vous. L’un part vers le Nord-Ouest, longeant la forêt, au loin, vers la Tour des Cieux toujours nimbée de mauve, et l’autre se dirige vers le Nord-Est, les plaines de lave et la montagne nimbée de rouge…

J'en ai déjà plein les jambes, rien que de voir les marches devant moi et d'imaginer ce que nous aurons à faire au bout de celles-ci, je suis déjà fatigué. Mais le plus inquiétant n'est pas toujours ce que l'on croit et si les choses continuent comme ça, je me demande comment on va bien pouvoir sauver cette île. Ah, mais je ne vous ai pas pas expliqué la situation il est vrai. Sachez qu'en ce moment, je suis les pieds dans le vide, retenu par le col par la grosse main d'un minotaure et Aenaria est dans la même situation. Tout ça, grâce à la dextérité incroyable, que dis-je, hors du commun de Margh Erith. Cet idiot de bovin décérébré est tombé dans les escaliers, nous entrainant dans sa chute, encore heureux que l'animal ait des réflexe, sinon, nous en aurions surpris plus d'un en dessous. Vous imaginez ? Vous êtes tranquillement en train de labourer votre champ quand deux corps tombent du ciel en hurlant! Paf!

Mais bon, je ne suis pas tombé c'est le principal, par contre, il est désormais hors de question que je reste trop près du ruminant bipède et c'est donc en prenant les devant, que je reprends la route, encore légèrement sous le choc. Deux chemins, deux destinations, la tour ou les plaines de lave. Enfin, notre décision est déjà prise et sans même consulter mes compagnons, je prends le chemin de la tour. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être hésitant et indécis, ni de changer d'avis toutes les trente secondes.

Agaçante ! Voilà le mot que j'aurais utilisé pour définir Eliss à cet instant. Je prenais comme une sorte d'affront ce qu'elle venait de dire, ce qu'elle venait de faire. Comptait elle me mentir longtemps ? Je l'avais déjà percée à jour et elle continuait à nier. Qu'est ce que je détestais ça...

« Ne fais pas comme çi tu ne savais pas de quoi je parle. Je sais ! Il ne te reste plus qu'a me dire la vérité. Décide toi vite !»

Ma voix était calme, posée. Cependant, quiconque me connaissant un minimum, aurait compris à quel point cette situation me paraissait fâcheuse...
Vexé, je continuais ma descente des escaliers, dangereuse, hasardeuse, en tête de fil. Pour la première fois depuis la formation du groupe, je me plongeai dans un mutisme qui me semblait réconfortant. Cela ne me ressemblait pas, moi qui ne se gênait jamais pas placer quelques réflexions comme j'en j'en avais le secret. Je ne savais pas ce qu'il y avait. Peut être commençai-je à ressentir la pression qui existait maintenant sur nos vies. Ou peut-être était-ce autre chose que mon âme n'arrivait pas saisir ? Je ne sut quoi répondre...

Je réagit à peine quand le skyzo perdit pied et entraina la lâcheuse et le paresseux dans sa chute. Non, je ne fit rien... Premièrement parce que Margh semblait gérer la crise, deuxièmement parce que je m'imaginais mal essayer de retenir les kilos de Margh combiné à celle des deux autres. Je n'avais rien d'une montagne de muscles. Non mais oh !

Le reste du trajet se fut sans grands incidents. Nous arrivâmes enfin, à la fin de l'escalier et nous virent deux chemins devant nous. L'un menant à la Mine et l'autre menant à la tour. Il n'y avait pas de choix à faire et c'est pourquoi je me mangeais à la suite de Karz et Aenaria. Cette dernière dit une phrase assez bas, sûrement plus pour elle même qu'autre chose. Je ne put m'empêcher d'y réagir:

"Ou nourrir les dragons..."

Vers la tour… (Karz, Eliss, Margh, Aenaria, Ezak)

Les joues d’Eliss prirent une teinte rougeâtre lorsqu’Ezak lui ordonna presque de révéler ce à quoi elle pensait en lui jetant des œillades aussi insistantes, avant leur entrée dans la Citadelle. Elle rattrapa le bras d’Ezak et lui murmura, ostensiblement gênée de la situation.

« C’est juste que… c’est la première fois que je partageais un lit avec un homme… »

Elle n’alla pas plus loin pour l’instant… Le trajet vers la tour était formé d’un petit sentier qui semblait se diriger droit vers la forêt, à l’Ouest, avant de bifurquer vers le Nord, en longeant l’orée sans sembler vouloir y entrer… Le trajet jusque la forêt se passa sans incident, en silence… Chacun semblait être impressionné par les plaines percées de rivières de lave qui s’étendaient sous le ciel nocturne, sur votre droite. Vous n’en croisâtes heureusement pas.

Hélas, lorsque vous arrivâtes à l’orée de la sombre forêt, des bruits inquiétants en sortirent… Des bruits animaux, à n’en pas douter. Et… pas le plus petit animal qui soit. Et qui, à votre approche, semblèrent redoubler d’intensité et de vitesse…

Bien vite, vous fûtes tous les cinq face à cinq autres êtres monstrueux. Des sangliers énormes, pourvus de nombreuses défenses. Ils semblaient avoir une peau aussi épaisse que du cuir traité de la meilleure qualité. Et visiblement, ils n’étaient guère contents de vous voir face à eux, sur leur territoire…



[Combat libre, pour cette partie, augurant une indisponibilité possible pour la semaine à venir. Arrangez-vous entre vous pour que ce combat soit le mieux possible. Ces animaux sont des créatures tuables par des niveaux 5 à 10. Considérez qu’il y a 2 niveaux 6, 2 niveaux 8, et un niveau 10. Ça devrait être un challenge pas trop simple à réaliser, donc. Mes PNJ sont à disposition, pour peu que vous respectiez leur caractère, et cette petite consigne : Margh va faire son gros bourrin avec son marteau, vous mettant potentiellement en danger si vous l’approchez trop. Eliss ne participera pas au combat, assez peureuse, et n’utilisera aucun fluide magique…
Pendant ce combat, vous serez plus ou moins blessés :
Ezak : -3pv
Karz : -19pv (pas de chance aux dés, pour une fois XD)
Aenaria : -14PV
Bon amusement !!]

Quel monde étrange vraiment, les paysages se côtoient, se suivent, se chevauchent, mais aucun ne se ressemble. A l'opposé de la forêt s'étendent des plaines parcourues de multiples rivières incandescentes, coulées Ménosséennes avançant continuellement, brûlant sans distinction aucune le moindre obstacle sur leurs routes, rendant la terre hostile et vierge de toute vie. Me viennent alors quelques réminiscences du rêve que j'ai fait quelques heures plus tôt. La situation est étrangement semblable, seuls les membres du groupe changent. Point de lutin ou de rouquin, mais un minotaure et un guerrier en armure. Dame Aenaria est la seule personne qui était présente dans mon voyage onirique et qui est encore là dans notre excursion fantastique. Toujours est-il que notre groupe pour le moins hétéroclite, avance en silence, les uns subjugués par le spectacle ardent, les autres probablement pensifs et concentrés pour se tenir prêt à toutes éventualités, vers la destination choisie : L'étrange tour. Pour tout vous dire, je suis inquiet, qui sait ce qui nous attend encore sur cette île ? J'ai déjà eu beaucoup de mal à affronter les gargouilles et ai bien failli y rester et je suis sûr que des dangers bien plus grands nous attendent, mais il faut continuer, malgré la peur, car si l'on ne fait rien, la mort nous attend. Il vaut mieux mourir en essayant de survire plutôt que d'attendre bêtement que Phaïtos vienne nous cueillir non ?

Bien vite, je suis pris d'une sensation de malaise, quelque chose cloche et je ne saurais pas dire quoi. Bien sûr, ce n'est pas les bruits étranges en provenance de la forêt qui vont pour me rassurer et j'ai maintenant la boule au ventre....Et je comprends rapidement pourquoi. Nous voilà face à cinq immondes créatures, sorte de sanglier cornus et immenses, renâclant et grattant énergiquement le sol de leurs sabots. Une chose est sûre, notre présence n'est pas souhaitée et l'affrontement risque d'être inévitable, mais la surprise ne vient pas des sangliers, mais bel et bien de l'un de mes compagnons : Margh Erith. Décidément ce minotaure doit avoir le cerveau d'un bouloum! Il fonce droit sur les porcs en beuglant et en agitant son marteau frénétiquement, provocant, bien évidemment, le courroux des bestioles qui se mettent à charger. Soulevant un nuage de poussières, les monstres, car oui, je pense qu'on peut les qualifier de monstres, foncent droit sur nous à une vitesse impressionnante et surtout, sur Dame Aenaria. Mû par je ne sais quelle force intérieur ou extérieur, je me jette, sans même m'en rendre vraiment compte, devant Aenaria au moment même où l'un des cornus allait la percuter. L'appendice osseux de l'animal se plante profondément dans une partie non protégée de mon abdomen et je suis propulsé à quelques mètres, le corps endolori et une plaie sanguinolente fraichement apparue sur la droite de mon ventre.

Je me relève difficilement et je titube en direction d'Ezak. Sa force nous sera essentielle pour réussir un tel combat, moi, je ne suis qu'un archer, je ne peux pas être au front et je dois pouvoir compter sur mes compagnons afin qu'eux puissent compter sur moi. C'est donc arc en main que je m'approche du guerrier.

"Il semblerait qu'on va avoir un peu d'action. Je ferais mon possible pour vous soutenir."

Nous voilà maintenant encerclés, Margh gratifie un sanglier d'un magnifique coup de marteau sur le crâne, mais la bestiole est toujours debout et plus énervée que jamais. Le combat sera rude.

C’est dans un pouf que j’étais sortie de cette pièce aux murs boisés meublée d’un trône luxuriant et c’est dans ce même pouf que je fus transportée dans cette forêt riche et dense, mais dont les habitants avaient un comportement étrange. J’en avais eu d’ailleurs un petit aperçu assez marquant avec le loup peureux qui nous avait fuis et les lapins malins qui nous avaient attaqués.

Observant attentivement la végétation et les petits animaux, écureuils roux et oiseaux chanteurs, qui m’entouraient, j’en vins vite à la réconfortante conclusion que j’avais retrouvé ma taille normale. De plus, j’étais soulagée de ne plus avoir à jongler avec le monde des contraires.

Alors que j’en étais à ce point de mes réflexions, des bruits de combats attirèrent mon attention. De l’autre côté du petit buisson derrière lequel j’étais apparue semblait se dérouler une chaude lutte. Attisée par la curiosité, je me rendis rapidement vers ce qui semblait être un champ de bataille.

Mes doutes furent vite confirmés. La belle elfe aux cheveux légèrement rosés, le jeune père archer, un homme-taureau ainsi que le voyageur disparu et apparemment retrouvé, livraient un combat contre d’impressionnantes bêtes ressemblant à des sangliers sur lesquels on aurait ajouté plusieurs cornes. Il y avait aussi la jeune et jolie hôtesse de l’aynore, mais celle-ci était en retrait, vraisemblablement apeurée.

Décidée à leur venir en aide, je fouillai dans mon sac pour retrouver le dé à coudre et m’empressai à bien le caler sur ma tête. Rapidement, je fis le compte des ennemis, j’en comptai quatre, tous hargneux et assez imposants.

Considérant que le temps pressait, puisqu’Aenaria semblait en mauvaise posture, je sortis à la hâte le long picot végétal de mon carquois. Le bras en l’air, je fis quelques pas de course pour prendre un bon élan, puis je lançai mon épine d'arbuste en direction de l’énorme sanglier qui s’apprêtait à encorner la jeune demoiselle.

Je venais tout juste de terminer mon lancer que j’entendis des bruits de sabots derrière moi. Lorsque je me retournai, je constatai avec horreur et trop tard qu’il y avait un cinquième vilain monstre et qu’il était en train de me charger. Tête baissée, il me donna un coup de corne qui m’envoya valser dans les airs. J’atterris douloureusement le dos sur une pierre qui se trouvait justement là où il ne fallait pas. J’en eus le souffle coupé. Après quelques secondes prises pour récupérer, je tentai de me relever pour constater qu’il m’était impossible de me tenir debout, ma cheville droite étant trop douloureuse. J’avais dû me fracturer un os à mon atterrissage.

Les joues toutes rouges par le feu de l’action, je vis avec soulagement que ma lance avait fait mouche. Le sanglier était encore vivant, mais il avait ma petite lance plantée assez profondément dans son oreille et cela semblait le déranger au plus haut point.
Je n’avais pas de temps à perdre, ces monstrueuses bêtes ne nous donneraient pas de sursis. Je devais donc être forte et tenter d’oublier la lancinante douleur à mon pied.
C’est ainsi que, assise sur le sol, j’armai mon arc, prête à intervenir pour venir en aide à mes amis et du même coup me protéger de l’immense porc sauvage qui risquait de vouloir encore une fois jouer au ballon avec moi.

((( au départ, il y avait 5 vilains sangliers. Le numéro 1 blessé par le minotaure, le numéro2 blessé par la lance de Guasina. Le numéro 3 intact qui a blessé Karz et Aenaria. Le numéro4 intact qui a chargé Guasina.)))