Assise sur le sanglier inconfortable au pelage gris et dru, je n’arborais pas la position fière des hommes qui reviennent de la chasse exhibant leur trophée. Je l’avais bien tué, mais je n’en tirais aucun plaisir, je l’avais fait pour ma survie et celle de mes amis et non pas pour me nourrir ou pour m’amuser. De plus, le combat n’était pas fini.
Heureusement, il ne restait plus qu’un sanglier, puisqu’Aaneria venait d’achever le quatrième au prix d’une vilaine blessure.
Rapidement, du regard, je fis le tour du champ de bataille afin de constater les dégâts de notre côté. Par terre, assommé, gisait le grand homme blond à l’armure d’écailles de dragon. À ses côtés, le protégeant du mieux qu’il pouvait, Karz semblait très indisposé par une douleur au ventre. Un peu plus loin, le minotaure, appuyé contre son arme posé au sol, tentait de récupérer. La jeune elfe aux cheveux rosés n’était guère en meilleur état. Seule l’hôtesse n’avait aucune blessure apparente. Elle n’était malheureusement d’aucune utilité, sa frousse paralysant tous ces moyens. Je n’étais pas plus brave que cette jeune demoiselle, mais la chance avait fait que le peur n’avait pas eu le même effet sur moi et surtout ne m’avait pas privée de toutes mes facultés. Mon père m’avait souvent répétée que nous n’étions pas maîtres de nos réactions, qu’il était certes très important de s’entraîner, mais qu’on ne pouvait prédire notre comportement dans un moment critique où notre vie ou celle de notre famille était en danger. Je n’en voulais donc pas à cette femme, au contraire, elle m’avait sauvée d’une certaine manière en me criant de prendre garde.
Après un examen sommaire de la situation, j’en vins vite à la conclusion que c’était à moi que revenait le devoir d’en terminer avec cette énorme bête. Je devais agir vite, devenu borgne par la flèche de l’archer, ce sanglier en colère ne tarderait pas à charger de nouveau.
Sans prendre le temps d’y réfléchir, j’armai mon arc, me mis en joue et lui envoyai un flèche dans la mirette gauche tentant ainsi de le rendre aveugle. J’avais l’habitude de ce type de tir et je réussis du premier coup. Ce qui ne fut pas nécessairement une bonne chose. J’avais pensé, à tort, que privé de sa vue, le phacochère cesserait tout mouvement et se calmerait. Je n’aurais pu prendre pire décision puisqu’au lieu de se calmer, l’animal irrité, hargneux et désorienté, chargeait de tous les côtés. Heureusement pour nous, ces premières tentatives n’eurent pour victimes qu’une vieille souche ainsi qu’un de ses congénères, celui-là même que l’homme-taureau avait assommé à l’aide de son énorme marteau doré.
L’agressif cochon sauvage, affublé de deux flèches dans les orifices oculaires, courait dans tous les sens alors que moi, ma cheville fracturée me condamnait à l’immobilité.
(Ah si les rôles pouvaient être inversés !)C’est à partir de cette réflexion que murit tranquillement une idée dans ma petite tête de lutine. Il n’était pas nécessaire de tuer le porc trapu et puissant, l’immobiliser suffirait grandement. C’est ainsi que je décidai de lui tirer dans les jarrets, le privant ainsi de tout mouvement. Lui tirer dans une patte seulement ne serait pas suffisant, cet costaude créature pourrait toujours avancer. Je devais lui blesser les deux jambes dans un temps relativement court, ce qui augmentait grandement le niveau de difficulté.
Les mains tremblantes, je sortis deux flèches de mon carquois. Je n’avais jamais tenté ce tir. En fait, je ne savais même pas si je possédais la dextérité nécessaire pour l’accomplir, ce qui me rendit très nerveuse. L’issue de ce combat dépendait de moi et je voulais à tout prix réussir.
Les deux flèches encochées sur ma corde, je hélai l’animal en criant de toutes mes forces.
« Hey ! » N’ayant plus que son ouïe pour le guider, le porc se dirigea immédiatement vers moi et me chargea.
Pris de panique, je lâchai la corde de mon arc et les deux traits partirent en même temps. Ils frôlèrent la robe rousse du sanglier sans le blesser et continuèrent leur chemin sans toucher un être vivant. Le porc n’avait pas pour autant arrêté sa course et s’approchait dangereusement de moi.
Par bonheur, l’hôtesse eut le réflexe de l’appeler à son tour. Lorsqu’il entendit la voix de cette dernière, le cochon sauvage rebroussa chemin pour se rendre à elle.
Je devais faire une seconde tentative. Je sortis de nouveau deux flèches, mais cette fois j'en encochai qu’une seule, gardant la seconde parallèle à la première, sa pointe appuyée sur ma main de grip, la laissant ainsi disponible permettant de l’encocher facilement pour le deuxième tir qui devait se faire rapidement. Je visai donc les pattes arrières et suivant mon plan, je décochai mes deux flèches l’une après l’autre. Mon action fut réussie, mais non précise. Les flèches volèrent trop bas, et ricochèrent sur les pinces de la poilue créature, juste au-dessous de ses gardes. Ce contact, non douloureux pour la bête, eut le bénéfice de le faire arrêter momentanément dans sa course. Avant qu’il ne se remette en mouvement dans la direction d’Eliss, je l’interpelai une seconde fois, imitant ce coup-ci le grognement de la bête belliqueuse.
« Grrr…. » Mon cri eut l’effet escompté, l’animal à moitié fou de rage, irrité par notre petit stratagème, courut dans ma direction. Par sa détermination, je savais qu’il ne serait plus possible de le détourner de sa cible. C’était ma dernière chance si je ne voulais pas me faire empaler par ses monstrueuses défenses.
C’est à ce moment que les sages paroles de mon père me revinrent à la mémoire. Celui-ci ne cessait de radoter que la réussite d’un lancer résidait en plus grande partie à l’attitude de l’archer qu’à son talent proprement dit. Pour me donner de l’assurance, je tentai de copier la posture que prenait mon cousin Guyhome Tèle, un archer inégalable. En fait, plus que de l’imiter, je tentai de me mettre dans sa peau. C’est ainsi que tel un comédien jouant un rôle, je lissai les pennes de mes flèches et les plaçai de la même façon qu’à mon deuxième tir. Je pris une bonne respiration, je visai les pattes de devant de la bête féroce, et je laissai filer une à la suite de l’autre mes deux traits. Ceux-ci firent mouche et se fichèrent dans les jarrets du sanglier. Celui-ci fit encore quelques pas, le temps que l’hémorragie fasse son œuvre puis tomba au sol. Il était bien vivant mais immobilisé. Il ne pouvait désormais causer de tort à aucun de mes compagnons. Je déposai mon arc à mes côtés et laissai mes larmes couler sur mes joues. La bataille était enfin terminée.
(((utilisation de la broche étoilée qui change la voix pour produire le grognement )))
(((Apprentissage instinctif de la CCAJ Tirs fourbes)))
(((au départ, il y avait 5 vilains sangliers. Le numéro 1, niveau 10 avec deux cornes en moins, la crâne fracassé, tué par le minotaure, le numéro2, niveau 6 tué par Aenaria. Le numéro 3, niveau 6 mort mort par CC Estoc droit. Le numéro4, niveau 8 Mort par CC double tir, suivie de CC droit au coeur par Guasina. Le numéro 5, niveau 8 blessé et immobilisépar Guasina, il était préalablementblessé par Karz qui a chargé et assommé Ezak.
En résumé: 4 morts, 1 gravement blesséet complètement immobilisé.))) ![Cool [:bonnard:]](./images/smilies/bonnard.gif)