Mon ventre me rappelle soudainement à l'ordre et me dit qu'il a mal, la gargouille vient de me mettre un sérieux coup de poing. Changement de stratégie. Bien que je plaque ma main libre sur mon ventre qui me fait souffrir atrocement, mon corps s'exécute avec finesse. Ume Sama m'avait dit un jour qu'il fallait ruser plus souvent en combat que dans la vie et je compte bien appliquer ce précepte. Mes pas et mes gestes se font saccadés, je ne sais pas trop moi-même ce que je fais, mais j'improvise. Ma danse guerrière est complètement à contre-temps maintenant. Je voudrais vomir mais je tente de me ressaisir, avec succès heureusement. Cependant, ma danse a repris le tempo de mon coeur et je recommence donc à danser à contre-temps. La douleur finit par s'effacer et laisse place à l'excitation, je ne sais pas pourquoi mais je sens que je peux y arriver. Il faut que je fasse vite et bien.

Trouver la faille de cette gargouille revêche, enchaîner avec le bon rythme, et tout çà en très peu de temps et sans m'être entraînée avant. La tâche parait imposante, voir impossible et pourtant je suis confiante. Première étape, il faut que je me concentre assidument, que j'oublie tout ce qui m'entoure et que je me focalise uniquement sur mon but, cette gargouille. J'établis déjà différents plans dans ma tête et je finis par n'en garder qu'un seul, celui que je pense être le mieux et le plus efficace. Je n'ai pas le temps de réfléchir longtemps de toute façon. C'est décidé, je fonce. Je verrai bien si ce stratagème portera ses fruits ou non. Je frappe alors la gargouille avec mon sabre puis j'exécute un flip arrière rapide pour le désorienter avec mes longues et fines jambes. Ma réception n'est pas parfaite, je l'accorde volontiers, mais le résultat est là.

Je suis un peu plus à l'écart, accroupie, prête à bondir comme une chatte pour enchaîner un nouveau coup qui lui est censé venir par surprise. Mon sabre est fin prêt en revanche. Cette petite feinte aurait mérité d'être étudiée avec soin auparavant mais je compte sur mon agilité et ma réflexion pour pallier à ce manque d'entraînement. Qui vivra verra, dit-on et je compte bien vivre pour voir si cette tactique a marché ou non. Mais j'ai confiance et même si je ne réussis pas ce coup-ci, je sais que j'y arriverai tôt ou tard, après tout je suis une elfe agile, non ? Je prie pour que ma tactique soit la bonne et me concentre d'ors et déjà sur la suite de mon entreprise, un coup rapide qu'il ne verra pas venir, trop désorienté par mes pas, mon attaque et mon flip...

Rue de la Cité d’Elle (Aenaria, Josh, Karz, Lilo, Lily, Guasina)
Guasina : Jet d’attaque à distance : réussite.
Aenaria : Jet d’attaque AA : échec critique (un joli 1 en plus)
Josh : Jet d’attaque AA : réussite (de justesse)
Karz : Jet d’attaque à distance : réussite.
Lilo : Jet d’attaque AA : échec (ces derniers tours te réussissent pas :s)
Gargouille 1 (Lilo et Guasina) : réussite.
Gargouille 2 (au dessus de Karz) : échec.
Gargouille 3 (Aenaria et Josh) : échec.

La tentative de Lilo fut assez vite avortée par une esquive redoutable de la gargouille, qui en plus d’esquiver le coup de l’elfe lui en asséna un à son tour dans le ventre (-1PV). Heureusement pour la demoiselle masquée, une lutine avisée avait prévu le coup, et deux flèches vinrent percuter la gargouille. Elles vinrent se ficher non pas dans les yeux de rubis, mais cette fois dans la chair dure et minérale du visage hideux. Elles en décochèrent, étonnamment, des éclats imposants, qui défigurèrent lamentablement la statue vivante.

De son côté, Karz s’en sortait bien, encore une fois. Sa flèche fut bien placée, même si elle n’ôta à la créature qu’un morceau substantiel. La gargouille haut perchée tenta de faire un piqué sur l’archer, mais elle était bien affaiblie, et son coup manqua de précision.

Aenaria, à l’opposé, manqua lamentablement sa frappe. Elle trébucha sur un pavé mal chaussé et ne se rattrapa que de justesse dans son mouvement. Hélas, elle en lâcha larme, qui alla glisser plus loin sur la chaussée. Mais le pire était sans doute l’ouverture qu’elle donnait à la gargouille par cet échec : elle n’avait plus de garde, et l’être de pierre pouvait la meurtrir d’un instant à l’autre. Il prit d’ailleurs son élan, mais au moment de frapper, une autre lame vint s’interposer, et brusqua l’équilibre de la gargouille qui dût faire un vif mouvement pour ne pas perdre l’équilibre. Josh n’avait peut-être pas détruit une jambe de la créature, mais il avait permis à l’elfe d’éviter un coup qui aurait pu être douloureux…

Comment expliquer mon état d'esprit, c'est difficile. Je pense pouvoir qualifier cette sensation de joie immense, de soulagement et de fierté. La voie que j'ai choisi est donc la bonne. Je sais où aller maintenant et le chemin que j'arpente depuis des années habituellement sombre, rocailleux et triste , semble s'éclairer et s'aplanir. Les jours à venir seront surement meilleurs, enfin aussi bizarre que cela puisse paraitre, en ce moment, en plein milieu d'une bataille c'est ce que je me dis. Je suis heureux, ému et je me sens plus libre et plus fort. Je vais y arriver maintenant j'en suis sûr! Tout le contraire de la créature. Cette dernière descend en piqué dans ma direction, mais, probablement à cause de la perte récente de la vue, rate complètement son attaque sans que je n'ai à faire plus d'un pas pour l'éviter.

"A nous deux sale bestiole! Tu ne fais pas le poids!"

Les mots sont sortis de ma bouche avec force, plein d'enthousiasme et de joie. J'espère que mon état d'esprit actuel touchera les autres et les aidera à tenir aussi bien que je peux le faire en ce moment!

"Courage vous autres! Nous les aurons! Nous sommes plus fort! Tenez bon et nous vaincrons!"

Les encouragements, voila qui n'est pas dans mon habitude, mais depuis quelques instants mes habitudes sont chamboulées. J'espère juste que ces quelques mots redonneront force et persévérance à mes compagnons d'infortune. La première à être touché par mes propos est Lily. La fillette se précipite dans la direction opposé pour venir en aide, du mieux qu'elle peut aux autres. Compte-t-elle les soigner? Possède-t-elle d'autre pouvoirs étranges dont j'ignore l'existence? Une chose est sure, elle compte soutenir l'elfe et le rouquin du mieux qu'elle peut. Je lui fais confiance et elle me fait confiance! Alors je dois terrasser cette foutue bestiole. Maintenant! Je reproduis le geste que j'ai déjà exécuter des dizaines de fois. J'encoche une flèche, je tend la corde, je vise,...et je relâche la corde. Un nouveau trait, espérons le mortel, file encore une fois en direction de la tête de la gargouille.

Lorsque mes fines flèches défigurèrent l’hideuse gargouille, Nevol lança un croassement rauque "praak-praak" qui avait toutes les allures d’un cri de triomphe. Coïncidence sans doute, mais qui eut le mérite de m’encourager à poursuivre mes attaques, puisque la victoire n’était pas encore acquise.

En effet, le combat était loin d’être terminé. Si j’avais eu la chance de n’avoir reçu aucun coup et subit aucune blessure, il en était autrement de la grande elfe bleue. C’était la seconde fois que je voyais l’affreux monstre rocailleux enfoncer son énorme poing dans le ventre de Lilotéa et ça me chagrinait. Mais plus que la peine encore, je me sentais envahie d’une colère et aussi d’un courage sans précédent. Ma détermination était à son maximum, j’avais la ferme intention de protéger la grande dame afin qu’elle ne subisse plus de blessures.

Nous étions six contre trois. Plutôt cinq en fait, puisqu'on ne pouvait demander à un si jeune enfant de se joindre à nous dans la bataille, notre devoir était plutôt de la protéger. Ainsi, chacun de nous redoublait d'ardeur pour s'entraider et combattre ses gigantesques bêtes; nous formions une équipe. Au travers du bruit des lames qui entrechoquaient la pierre, j'entendis Karz nous crier des paroles d'encouragements. Cet homme avait raison, nous étions plus forts et nous allions finir par les vaincre.

De son côté, ma monture exécutait ses manœuvres aériennes sans que j’eus besoin de lui fournir la moindre indication. Et heureusement d’ailleurs, puisque j’étais entièrement incompétente pour guider ce volatile dans les airs, étant déjà amplement occupée à me maintenir en selle et à me concentrer pour viser juste.
C’est ainsi que par sa propre initiative le sombre oiseau contourna la gargouille tout en demeurant à une distance respectable de celle-ci, évitant ainsi de se faire intercepter par la bête ou par les éclats de sa chair.

Lorsque je me retrouvai de nouveau en position avantageuse et que le courageux volatile au sombre plumage s'approchait de la gargouille défigurée, j’armai mon arc et je décochai un seul trait que je laissai filer tout droit au coeur cette fois.

La réponse d'Eliss avait le don de m'agacer légèrement. Ainsi, elle était rester pour ne pas se retrouver seule, pour que je la protège. Ce n'était pas par bonté qu'elle était resté, comme j'aurais pu le croire. Cela m'agaçai un peu qu'elle me prenne pour son "ô-grand-chevalier-protecteur-en-armure-de-dragon, mais de toute façon j'avais besoin d'elle si je voulais obtenir réparation.

Alors que je la suivit vers la porte qu'elle venait d'ouvrir je lui rétorquai sans ménagement ce que m'inspirait son acte.

"Je vois. Ainsi, donc vous n'êtes qu'une jeune femme intéressée. Très bien, nous savons au moins à quoi s'en tenir l'un et l'autre...Et croyez ce que vous voulez, je n'en ai que faire..."

Vexé, je me permis même de griller la politesse à la semi elfe en me permettant d'entrer avant elle et prenant soin de l'ignorer. La, je retins à peine une exclamation de stupeur, oubliant quelques instant les maux qui troublaient mon être. Médusé, je restait la à observer les êtres qui se tenaient devant moi, dînant, comme si nous n'avions jamais existé.

Oui, sous mes iris grise se tenait des humanoïdes, ressemblant fortement à des elfes. Cependant, j'eus un doute en observant un peu mieux. Leur couleur de peau avait quelquechose de... d'étrange. Je ne pouvais la définir, mais le pire restait leurs yeux, animé d'une leur rougeâtre à m'en donner des frissons. Si ces choses étaient selon moi la laideur incarnée-quoi qu'elle n'égalait pas la créature que j'avais croisé juste avant-, il fallait qu'elles soient complètement identiques.

Je fronçais les sourcils, toutes l'incompréhension du monde retombant sur mon visage. Je ne savais quoi penser. Ne nous voyait-il vraiment pas ou faisait-il mine que ce soit le cas.

(Bon sang, ou suis-je encore tombé ? )

Je me tournai vers Eliss qui semblait pensé la même chose que moi. Sans faire d'avantage fi de son cas, je me rapprochai des êtres avant d'essayer d'engager le dialogue:

"Excusez moi..."

La gargouille frappa violemment Aenaria, qui failli tomber et perdit son épée fraichement acquise. Cependant, le coup de Josh fit perde l'équilibre à la créature qui ne put surenchérir contre l'elfe. Visiblement, le guerrier avait éviter une blessure inquiétante à la belle, et elle s'en rendit compte aussi. Elle le remercia jovialement et parti immédiatement à la récupération de son arme.

Soudain, la phrase d'un de ses comparses vint résonner dans les oreilles de Josh comme un clairon venant encourager les armées. Cependant, Josh aurait très bien apprécié cette remarque stimulante, mais son double lui, n'était pas du même avis.

"Et l'archer, tu vas la fermer ta bouche ?!!! Y'en a qui aimerais bien se concentrer ici ! "

Il hurla ces paroles à l'encontre du jeune homme et fut satisfait de son air si méprisant. Maintenant, il fallait se focaliser sur le combat. Son attaque précédente avait réussi à sauver l'elfe, mais n'avait pas vraiment été très convaincante. La même attaque serait vaine.

(...A moins que...)

Surpris de pouvoir réfléchir, Josh venait d'avoir une idée en voyant l'une des gargouilles complètement aveugle. Il essaya de toutes ses forces de lutter contre son double, pour prendre le dessus. Il n'en ferait qu'à sa tête, et le mieux serait encore d'agir lui-même. Le malfaisant guerrier lui laissa pourtant la place plutôt facilement, le gratifiant d'un "j'en ai marre, vas-y va te battre toi ! ", puis s'effaça en lui. Bien que très complexe, cette relation au sein même de son esprit commençait à être plus gérable pour lui. Il parvenait maintenant à comprendre tout ça, même s'il était loin de tout contrôler. Il cria de rage dès qu'il eut reprit sa place dans son corps, et eut récupéré l'entièreté de ses mouvements.

"Rhaaaaa !!! "

Il se redressa et regarda sa cible, elle n'avait pas bougée. En fait, pendant tout ce temps où il avait lutter pour revenir à lui, il ne c'était passé qu'un très court instant. Une bonne nouvelle. C'était à lui d'agir maintenant, il s'élança vers la créature et réitéra son coup, visant cette fois le faciès de son adversaire. S'il parvenait à la blesser au visage, il aurait d'énormes chances de vaincre.

Rue de la Cité d’Elle (Aenaria, Josh, Karz, Lilo, Lily, Guasina)
Aenaria : épée récupérée.
Karz : Jet d’attaque à distance : réussite.
Guasina : Jet d’attaque à distance : échec.
Lilo : Jet d’attaque AA : réussite.
Josh : Jet d’attaque AA : échec.
Gargouille 1 (Lilo et Guasina) : réussite.
Gargouille 2 (Karz) : réussite.
Gargouille 3 (Josh) : réussite.

Alors que l’estocade de Lilo faisait son plein effet sur la gargouille de pierre, le tir ajusté de Guasina manqua son coup. Le combat faisant rage, il était difficile de viser juste, parmi tous ces mouvements brusques, et il s’en fallut de peu pour que le trait lancé par la lutine n’atteigne l’elfe aux cheveux bleus. Cette dernière, en revanche, ne parvint pas à éviter un revers de la main de la gargouille qui la frappa en plein visage. Heureusement, celui-ci était protégé par le masque, qui absorba une partie du choc, qui restait néanmoins douloureux… (-1PV) C’est alors que Lily approcha de la scène, plus paniquée sans doute que réellement désireuse de prendre part au combat.

Karz, lui, était décidément en veine. Avait-il subi un entraînement spécifique pour le tir en combat ? Nul ne le savait, mais il se débrouillait bien, puisque même dans sa position bancale, il était parvenu à toucher son ennemi avec un trait meurtrier. Et une fois de plus, il y parvint nettement, puisque sa flèche alla meurtrir son ennemi, qui avait de plus en plus de mal à tenir en un seul morceau, fissuré de partout par les coups répétés, et totalement aveugle depuis peu. Ceci ne lui empêcha pourtant pas de se ruer sur Karz, sans doute attirée par sa voix, et de lui foncer dessus avec férocité, l’envoyant bouler en arrière dans une torsion du corps douloureuse. (-12 PV) L’archer avait été chanceux, mais cette chance tournait visiblement contre lui, et la douleur persistait… (Il te reste 6 PV)

Au centre, la gargouille profita de l’absence d’Aenaria, et du manqué complet de Josh pour refiler au guerrier roux, sa nouvelle proie, un coup de poing redoutable dans la poitrine, qui cloua presque le guerrier au sol, le souffle coupé. (-16 PV) Le guerrier roux n’était pas inconscient, mais il avait peine à se relever, rudement éprouvé par toutes les blessures qui l’affligeaient. Il était très très mal en point, et un coup supplémentaire lui serait sans doute fatal… (Il te reste 2 PV)


Maison de la Cité d’Elle (Ezak, Eliss)

Eliss, te suivant dans la pièce, finit après un temps de silence surpris par répondre à ton invective, d’un ton un peu vexé.

« Je ne suis pas intéressée, je suis vivante. Et seule, je serais vite morte. C’est normal que je préfère votre compagnie rassurante, non ? »

Elle ne précisa pas que le maître d’armes l’avait enlevée lui aussi par intérêt personnel, et uniquement ça. Le pensait-elle, seulement ? En était-elle consciente ? Quoi qu’il en fût, les deux mystérieux pseudo-elfes dînant devant les deux arrivants ne répondirent pas à Ezak. Ils restèrent totalement muets, à manger inlassablement leur bouillie sans que leur écuelle ne se vide pour autant. À un moment, cependant, un changement survint. Ils cessèrent de manger, et leurs mains se posèrent sur la table. Ils restèrent immobiles, totalement immobile, sans que leur visage ne se pare de la moindre émotion. Seule une faible respiration mouvait leur poitrine enfermée dans cette impressionnante armure qui semblait intégralement faire partie d’eux…

Les choses ne sont pas toujours toutes tracées et je crois bien m'être emporté en parlant de mon talent naissant ou de ma future victoire sur cette immonde bestiole ailée. Le contraire peut tout aussi bien être vrai, mais alors mon destin n'est pas de devenir un grand archer capable de protéger les autres...la mort. Mon avenir est-il aussi funeste ? Phaïtos compte-t-il me rappeler à lui maintenant? Oh vous vous demandez surement pourquoi je deviens aussi défaitiste tout d'un coup et bien la réponse est simple. J'ai crié victoire trop vite et la gargouille possède encore quelques réserves. Elle vient de me propulser en arrière, imposant consécutivement à mon corps, de multiples positions difficilement imaginables. Conséquence de tout ça, quelques fractures probablement, une perte de sang légère mais régulière, une douleur plus qu'importante et le moral retombé à son plus bas niveau.

Je vais mourir, alors que tout commençait vraiment pour moi, que je me sentait bien, capable de protéger Lily, de vaincre mes poursuivants un à un et surtout de retrouver ma chère sœur...Sylana. Pardonne moi! Essayant tout de même à plusieurs reprises de me relever et échouant à chaque fois, je finis par entendre un petit son cristallin provenant de mon carquois, presque imperceptible...mais bien sûr! Cela vaut le coup d'essayer. Le bruit provient de la fiole que m'a ramené Nevol, soi disant "contre la fatigue". Bah de toute façon au point où j'en suis. Je me mets tant bien que mal sur mon dos meurtri, dé-bouchonne le flacon et avale son liquide sirupeux d'une seule traite. C'est parfaitement infect...et inutile! Quoiqu'à bien y réfléchir la douleur s'estompe peu à peu, je commence à y voir un peu plus clair. Je ne sais pas jusqu'à quel point je suis "guéri", mais au moins je suis capable de me relever et d'en finir avec cette gargouille craquelée. L'espoir revient.

Ce n'est pas non plus avec l'aisance du réveil au matin que je me mets debout, mais j'y parvients Le bras ballant dans un premier temps, j'encoche lentement une énième flèche et tends la corde. Mes muscles sont toujours endoloris et je ne peut retenir une grimace. J'espère ne pas avoir à recommencer car je ne sais pas si je résisterai à une autre attaque. Enfin comme le dit mon dicton favori : Fait que devra et advienne que pourra! Ainsi soit-il, la flèche est partie.

"Rendez-vous en Enfer sale bête!"

Lamentable, je ne peux qualifier autrement mon tir raté. J’avais réussi et à trois reprises mes attaques contre les gargouilles, ce qui contribua grandement à me donner de l’assurance. La confiance en mes qualités de tireuse à l’arc était devenue telle que j’avais nourri cette pensée magique comme quoi, il était impossible pour moi , Guasina Roquin, de vivre une défaite.

La réalité en fut toute autrement et d’autant plus difficile à avaler et à digérer. Je n’étais plus dans une de mes rêveries de jeunes lutines naïves où toutes mes actions réussies portaient fruits. Rêveries dans lesquelles j’étais l’héroïne qui sauvait la situation en tuant les ennemis et protégeant les plus faibles.

En fait, la flèche avait quitté mes doigts et s’était dirigée tout droit dans le vide au lieu de son objectif, le cœur de pierre de l’énorme adversaire. La situation avait cependant failli être plus tragique puisqu’il s’en était fallu de peu pour que mon projectile défigure l’élégante guerrière. J’avais passé à un cheveu de blesser celle-là même que j’avais voulu sauver des griffes de l’horrible bête aux yeux rouges vitreux.

Cet échec ne me découragea pas pour autant. J’étais prête à faire une deuxième tentative, une troisième et même une quatrième si cela s’avérait nécessaire, mais une chose était certaine, je ne lâcherais prise que lorsque cette créature de pierre serait devenue poussière. Je savais que mon père serait fier de moi, ma persévérance est une de mes qualités qu’il a toujours appréciée et encouragée.

Pendant mon court moment de réflexion, l’intrépide Nevol avait rebroussé chemin et se dirigeait de nouveau vers la gargouille conservant toujours une prudente distance évitant ainsi de se faire happer par notre opposant. Il m’était pratiquement impossible de communiquer avec ce sombre corbeau, mais ce n’était pas nécessaire puisque ce dernier, pour une raison que j’ignorais et dont je n’avais pas le temps d’éclaircir, avait entrepris de tourner inlassablement autour de sa proie, me laissant apparemment choisir le bon moment pour décocher mon trait.

Avec toute l’hardiesse et l’insouciance imputable à ma petite race et à mon jeune âge, je changeai de position. D’un mouvement rapide et agile, tout en m’agrippant solidement aux plumes noires de ma monture ailée, je fis volte-face. Je me retrouvai donc encore à califourchon sur mon compagnon, mais de façon à lui tourner le dos, m’offrant ainsi une meilleure vision.

Sans perdre courage et avec toute ma détermination de petite lutine entêtée, j’armai de nouveau la seule arme que je maîtrisais un tant soit peu. Ma cible toujours en joue, j’attendis patiemment que Nevol ait contourné la bête et s’en éloigne. Après m’être assurée que la dame en bleue ne soit pas dans la trajectoire de mon projectile, je décochai une seconde flèche destinée à frapper la gargouille en plein cœur.

Noir. C'était la seule chose qu'arrivait à voir Josh, sous ses paupières à demi fermées. Sa vue revint petit à petit, puis, il vit flou, et eut du mal à discerner ce qui l'entourait. Que c'était-il passé ? La souffrance était insupportable, ses côtes étaient surement cassées, son souffle était coupé, sa cage thoracique le tiraillait, et il ne pouvait se relever. Il se rappela, l'attaque, le coup violent de la gargouille, ses yeux rouges fonçant vers lui, cet échec monumental avec sa technique, et sa chute libre jusqu'au sol, où il s'écrasait ensuite. Il n'entendait plus rien non plus, et les seuls sens qui lui restaient étaient l'odorat et le touché. Il sentait par ses narines une odeur de sang nauséabonde, et sur sa peau un liquide chaud ruisselé, coulé le long de son corps.

Son état était critique, c'était ici, à cet instant, qu'il allait perdre la vie, mettant fin à tous ses idéaux, ses rêves, sa quête de vengeance, et c'était maintenant qu'il rejoindrait Térésa, sa bien aimée, laissant la belle elfe, Aenaria, derrière lui. Il n'avait jamais pensé à sa fin. Dans le passé, il s'imaginait mourir en tant que héros, sauvant ses amis, sa futur femme, emmenant ses ennemis avec lui dans la mort. La réalité était bien différente, il allait mourir, ici, comme un raté ayant échoué son attaque, devenant un poids mort pour ses alliées. Pourquoi ? Pourquoi finir comme ça ? Pourquoi maintenant, alors qu'il n'a rien accomplit encore, rien vu de la vie ? Il n'avait plus aucune motivation, ne voulait même pas essayé de survivre, c'était trop tard, il s'avouait vaincu, perdant lamentable d'une bataille trop dure pour lui.

Il vit passé le visage de sa mère devant lui, lui souriant joyeusement, celui de ses amis, celui de Will, lui lançant un regard froid, Térésa, ses cheveux d'or et ses yeux bleus resplendissant, et enfin Aenaria, plus belle que jamais, son visage angélique devenant dur. Mais cette vision ne disparut pas, l'elfe bougeait, fonçant vers la forme de pierre qui s'approchait de lui. Les larmes coulaient le long de sa joue, tout comme le long de celles de Josh. Il comprit ce qui se passait, et aurait préféré qu'elle le laisse mourir. Elle prenait des risques énormes, inconsidérés, pour lui sauver la vie. Sa propre mort aurait été bien plus facile à supporter que celle de l'elfe. Rien que cette pensée le fit tressaillir, provoquant de nouvelles douleurs dans tout son corps.

(Non... Laisse moi... Part, va-t'en ! )

Sa force ne lui permettait pas de parler, à peine d'ouvrir la bouche et de souffler doucement. Il ne réussi pas à tenir le coup, il ferma les yeux, priant Gaïa de sauver l'elfe, au prix de sa vie même, s'il le fallait. Il n'avait pu sauver l'une des personnes qui lui étaient les plus chers, n'avait rien put faire, et ce schéma se répétait une fois de plus, il était impuissant. Son cœur battait lentement, sa vue toujours brouillée, rien autour de lui ne lui paraissait clairement, mais il put entendre des cris, des bruits de choc d'acier, et de léger pleurs...

Tous étaient en danger. Tout était perdu. Ils allaient tous mourir...

Rue de la Cité d’Elle (Aenaria, Karz, Lilo, Lily, Guasina)
Aenaria : Jet d’attaque AA : réussite.
Karz : Jet d’attaque à distance : échec.
Guasina : Jet d’attaque à distance : réussite.
Lilo : Jet d’attaque AA : échec
Gargouille 2 (Karz) : échec
Gargouille 3 (Aenaria et Josh) : échec

Une fois de plus, l’attaque de la fière guerrière masquée, bien que relevant d’un grand niveau de capacité, manqua sa cible. Heureusement, une lutine juchée sur un corbeau passait par là, et de son trait meurtrier, transperça la paroi interne de la bouche de la gargouille qui grognait de plaisir face au coup qu’elle allait mettre à l’elfette. Sur le choc, l’être de pierre tituba en arrière, les yeux flamboyants, et tomba en arrière, alors que ses rubis s’éteignirent. Il était mort. Retourné à l’état d’objet inerte, de matière première brute.

L’archer, Karz, venait de prendre sa potion, dans son sac. Une énergie nouvelle et une vaillance recouvrée passèrent au dessus de ses blessures et de sa douleur. Même s’il restait engourdi du coup terrible qu’il avait reçu, il reprenait le dessus. Et sa flèche ciblée marqua ceci : elle s’envola avec précision vers la gargouille, et en la touchant, céda durement en blessant la gargouille une fois encore. Celle-ci vacilla en vol, et émit un grognement, comme pour appeler sa consœur encore vivante.

Aenaria s’était précipitée au secours de Josh, gisant presque inconscient sur les pavés de la Rue unique de la Cité d’Elle. Et elle avait bien fait. Son coup ne décapita pas la statue à un bras, mais la fissure créée était impressionnante. À l’appel de sa consoeur, elle se retourna et prit son envol. Les deux gargouilles qui restaient venaient de rompre le combat, s’envolant par delà les toits des habitations aux fenêtres éclairées. Vous aviez vaincu.

Vous étiez désormais seuls, dans les ruelles de la Cité. Le calme revenait, et le froid aussi. Un froid oppressant. Mais la nuit avait déjà beaucoup avancé, et le matin ne tarderait sans doute plus, lui et sa promesse d’une chaleur nouvelle, et de réconfort attendu…