Nous sommes dans un endroit où aucun sentier de la forêt ne mène, oublié depuis trop longtemps pour qu'il soit référencé sur aucune carte, au bas d'un petit vallon le son reconnaissable des eaux glissant sur les galets et la roche se fait entendre, et en face de cette rivière, l'entrée d'une vieille "mine" recouverte de plantes grimpantes, formant un rideau camouflant bien l'entrée des galeries de cette dernière, c'est dans cet endroit, reculé de tout et de tous que vit une bien étrange créature...
Certains aventuriers à la fibre exploratrice, aventurière, assez hardi pour se rendre aussi loin dans la forêt sont parfois revenus dans leurs foyers en racontant y avoir entendu le rugissement d'un Lion, d'autres, l'ombre d'une panthère trop rapide pour que leurs yeux se fixent dessus et la détaille et n'en retirent des traits précis, mais aucun d'entre eux ne disposait encore de la vérité.
Alors que ce matin, à nouveau un rugissement fit s'envoler les oiseaux, et fuir les animaux à des dizaines de mètres à la ronde, l'œil s'arrête sur une scène un peu dérangeante, celle d'une créature féline se débattant toutes griffes et crocs sortis avec un daim, se roulant dans les hautes herbes avec sa proie jusqu'à ce qu'une impulsion induite depuis les muscles puissants de la nuque et des trapèzes de la créature sauvage, brisent violemment la nuque de la bête.
La scène semble d'une violence barbare, sauvage, primitive, et même un peu brouillonne, mais c'est ainsi qu'il aime à chasser pour se nourrir, après plusieurs siècles à tester différentes armes de chasse, rien ne semble jamais pouvoir remplacer le plaisir intense qu'on ressent lorsqu'on sent sa proie se débattre sous ses griffes, il n'y avait rien de plus efficace même que son corps râblé, sauvage et nerveux, doté de puissantes armes naturelles pour ce type de "travail". Le sang battant et pulsant rapidement dans les veines de la créature affolée sous ses crocs, cette poussée d'adrénaline lorsqu'on se jette sur elle...
Bien que ce moment soit délectable, ravisse son coté prédateur, ce n'est pas là le point culminant de la "chasse" non... C'est bel et bien le long rituel qui à précédé cette exécution, la longue quête pour repérer sa proie, la traque minutieuse à travers la forêt... La ruse développée ici pour amener cette proie à l'endroit exact qu'il désirait, cela formait un "tout".
Mais il n'est pas cruel pour autant, il ne chassait que pour se nourrir et savait arrêter le "jeu" en achevant sa victime avant qu'elle ne souffre inutilement, remerciant la nature de lui fournir de la nourriture en caressant la tête de sa proie après sa mort, et il était aussi important pour lui de ne gâcher aucune partie de l'animal, aussi, après s'être nourri de sa chair il polissait chaque os, prélevait les organes aux vertus thérapeutiques, et remplissait son sac de chaque chose qui pouvait être utile, qu'il s'agisse d'yeux, de la langue où d'os, il s'en faisait même parfois des colliers où s'amusait à en décorer sa "tanière".
Car cette vieille mine abandonnée constituait bel et bien son lieu de vie depuis près d'un siècle, aménagée par ses soins, les parties habitables étaient dissimulées derrière une grande et épaisse porte taillée dans la roche, aux allures de "pièce" de monnaie géante sur laquelle était gravé un nombre impressionnant de dessins et d'écrits en tout genre, laissées là par les anciens mineurs qui travaillaient autrefois dans celle ci.
Grâce à un mécanisme secret inscrit dans la roche même des galeries, ouvrant des ballastes déversant leur sable pour laisser remonter les poids de l'ingénieux système qui permettait de laisser rouler la porte sur le coté, nous entrions dans les parties aménagées de la mine, autrefois dortoirs pour les mineurs, les murs sont recouverts de peaux de bêtes tannées et d'ossements, de crânes d'animaux polis et blanchis, quelques bougies ça et là créaient des ombres mystiques et effrayantes, dansant sur les murs rocailleux de la mine, au sol, de vieilles armures et armes trop usées par le temps et les combats sont entreposées dans un coin, et un peu partout dans la salle, diverses statuettes, ou effigies représentant des dieux oubliés qu'il à ramassé au fil de ses contrats de mercenariat qu'il à sauvé de la destruction, car parfois on leur demandait de détruire toute représentation idéologique ou religieuse lors de leurs raids sur des villages, il n'y avait jamais vu le "mal" mais juste l'expression artistique de la main de ceux qui avaient sculpté ou travaillé ces objets, il y a même des bijoux, des spinelles, oeil de tigres, améthystes, quartz émeraudes ou encore rubis, mais tout cela il les garde jalousement, car elles ont une valeur toute autre que celle de l'argent pour lui, elles sont les témoins de son passage parmi les époques, tout comme le nombre impressionnant de cicatrices présentes sur son corps, qui chacune d'entre elles racontent une histoire, une partie de sa vie, malgré tout ce qu'il possède dans cette mine il est loin d'être riche et doit chaque jour subvenir à ses besoins, ça serait facile évidemment de prendre une poignée de ce qu'il possède pour les revendre, mais malgré la somme des blessures et des souffrances qu'il a pu subir dans son existence, il restait d'une sensibilité qui malheureusement étaient commune aux elfes, et tenait à garder chaque chose qui lui permettait de se rappeler ce qu'il était.
Si l'on avance un peu plus loin dans cette salle on se rend compte qu'il en existe une deuxième, plus petite, elle aussi recouverte de fourrure et de peaux aux murs, et au centre de cette dernière un "lit" composé de fourrures blanches, poudreuses comme de la neige et d'une douceur incomparable, il s'agissait de la fourrure de Lions Blancs, qu'il chassait une fois tous les dix ans quand il retournait sur le continent le plus au nord de ce monde, chaque décennie il retournait chasser un de ces Lions, et la tradition de son peuple voulait que ce soit fait à mains nues, dans les territoires qu'ils appelaient parfois les "glaces éternelles" c'était une tradition dans sa famille et son peuple qui a pratiquement disparu aujourd'hui, mais ces traditions il ne les suivait plus aujourd'hui...
Car ce "bâtard" vivait bien seul dans cette forêt aujourd'hui, vivant comme un sauvage... Ayant perdu toute trace d'humanité... Devenu totalement... incivique... Un évènement trop douloureux était parvenu à faire "régresser" son esprit à cet état, l'état d'un sauvageon couvert de crasse, d'un peu de boue, sa tignasse hirsute en bataille, arborant un simple pagne pour tout vêtement, et des peaux de bêtes enserrées autour de ses bras, et ses jambes, tandis que des pièces de monnaie de tout pays et origines étaient encore attachées dans ses cheveux, tintant de leurs métaux entrechoqués dans ses déplacements rapides... La mort de personnes proches et chères à son coeur avaient scellé son esprit, son "humanité" pour qu'elle puisse prendre le temps, le temps nécessaire pour se reconstruire, pour qu'un jour, peut être, il revienne des abysses, des limbes de sa conscience et émerge, peut être... un jour.
Mais pour l'heure, le sauvage arborait fièrement ses parures de chasse, dents, crocs, os, qui ornaient son cou ou ses bras, cerclages dorés enserrant ses biceps et ses cuisses, crânes vides accrochés autour de son pagne contenant diverses poudres de plantes écrasées servant à soigner ses blessures, poudres qu'il mastiquait quelques instants pour former une "pâte" avec laquelle il recouvrait ses nouvelles blessures.
Il recouvrit presque entièrement son corps de bandages, serrés et enroulés avec une expertise sans faille, autant que ce le peut dans le sens contraire de la flexion naturelle de ses muscles, pour l'aider à épargner de la force et de l'amplitude dans chacun de ses mouvements, ils retenaient aussi ses muscles et ses os de la rupture lorsqu'il effectuait des mouvements trop rapides, voir dangereux, ne maîtrisant pas toujours l'incroyable force et l'agilité que lui confère son hybridation.
La carcasse du daim se trouvait là, ramenée au centre de sa tanière, et il s'amusait à la dépioter du bout de ses griffes, repoussant rapidement une mèche de cheveux gênante pour sa vision ou dans le chemin de ses mains, qui apportaient la nourriture crue à sa bouche, les ombres du sauvageon dansaient sur les parois de sa tanière, au rythme des flammes chancelante qui crépitaient depuis le foyer au centre de la pièce, son regard vide fixa un temps la danse hypnotique de cette derviche flamboyante, un fin film "vitreux" devant ses yeux laissait imaginer que son esprit était embrumé, comme "noyé" dans les profondeurs d'un océan nommé "conscience", rien ne parvenait plus à son esprit si ce n'est des lueurs, ou des sons comme étouffés, filtrés par des mètres cubes et des mètres cubes d'eau pour les rendre... incompréhensibles.
Livré à son seul instinc de survie, qui permettait encore à son corps d'effectuer des tâches complexes, malgré tout, parfois il lui arrivait de retrouver, un court instant, un moment de lucidité, lorsqu'il s'égarait un peu trop "loin" en dehors de la forêt, qu'un évènement mettant en péril son train train quotidien survenait également, son regard changeait, ça ne durait pas très longtemps, juste de quoi retourner à sa tanière, et l'esprit s'égare de nouveau, jusqu'ici, il avait toujours été en paix dans son petit coin de paradis, dans cette partie pratiquement inviolée, vierge, de la forêt.
_________________ Bête de foire, The noobking, niveau 1
Dernière édition par Khaleo Tigerheart le Mar 22 Fév 2011 11:14, édité 1 fois.
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