--> Au repos des Âmes[ En réponse à Lyn ]
Tout bien réfléchi, Jadelle commençait par la forêt. L’endroit était sombre et inquiétant mais se sentir sous le poids d’une masse lui plaisait assez, cette sensation lui rappelait celle d’être sous terre, dans la cité naine de son enfance Rock Armaht. Sereine, marchant de son petit pas de naine, elle profitait de l’air ambiant, tout en ayant tendance à caresser les plumes de l’une des flèches empoisonnées. Son arc en main, elle fredonnait un air nain qui devait donner à peu près ceci :
Sous un chêne centenaire
Je m’endors, je m’endors,
Sous cent dix mètres de terre
Vivent les nains et leur or
Peut être qu’en rêve je peux,
Les rejoindre quelques heures
Eux barbus et tous vieux
Et moi jeune pleine de peur…Les chansons naines n’étaient pas réputées pour leurs paroles sages ou leur rythme transcendant. C’étaient des souvent des incitations à s’évader ou des légendes anciennes, parfois des fables. Ils étaient chantés souvent d’une voix rauque, faible et rude qui les rendait dramatiques. Jadelle aimait entendre les cailloux rouler dans sa gorge quand elle chantait, elle sentait comme un éboulement minier qui lui permettait de trouver de l’or.
Pourtant, si agréable que ce fut, la naine du cesser incessamment sous peu. Des bruits de pas se dirigeaient vers elle.
(Non pas des pas !) Quelqu’un ou quelque chose faisait s’ébranler les fondations de l’antique forêt. Jadelle était sur un petit chemin tortueux et à peine tracé mais elle était sur un chemin. A dix mètres d’elle, la végétation ébouriffée de la forêt mouvait en tous sens. Par prudence, Jadelle s’enfonça sous les arbres, c’étaient des sapins. Elle sentit qu’elle était contre le tronc car la résine la collait. Elle détestait cette sensation. Mais, alors, une fine silhouette sortit de la jungle. Elle se déplaçait avec de graciles mouvements de jambes, comme si elle craignait de se cogner alentour ou de se salir les pieds. Mais la chose qui courait derrière elle et causait le tremblement de terre était laide et terrifiante. Jadelle serait bien restée sous son sapin piquant à coller jusqu’à la fin de ses jours s’il n’y avait eu cette frêle chose qui courrait. On ne peut pas dignement laisser quelqu’un se faire manger par quelqu’un d’autre, surtout si le quelqu’un d’autre a de grandes dents, de gros bras et semble supérieur. Il fallait que la naine agisse. Mais quoi faire ? Elle était certes plus robuste que ce cet….
(Cet elfe ?!) Dans le doute, ce n’était après tout peut être qu’un humain aux cheveux rose ou violets, selon les reflets ont ne pouvait bien discerner la couleur exacte.
« Dans le doute ! » se répéta Jadelle. Et alors qu’elle se préparait à se lancer à la rescousse du fuyard, les coureurs revinrent brusquement vers elle. Un réflexe nain
(autant dire l’instinct du nain terrifié qui veut le moins possible s’investir mais participer pour que son nom soit retenu) lui fit tendre le bras, attraper la silhouette au coude
(Eh oui, tiens ! je suis plus grande qu’elle !) et la tirer sous les branches de l’arbre. L’hideuse bête, plus affolée que réfléchie continua sa route sans se poser de questions et le tremblement de terre cessa bientôt ainsi que l’orage de rugissements qu’elle proférait. Jadelle se tourna alors vers celle qu’elle avait pu aider, à sa manière.