Cinémälia avançait tranquillement dans la forêt, portée par son instinct, suivant un sentier créé par le gibier. La jeune elfe ne voulait pas chasser pour l'instant, mais préférait plutôt découvrir le monde qui l'entourait, ne se lassant pas du bruit des insectes qui butinaient les plantes autour d'elle. Cinémälia s'amusait comme une petite folle, trottinant de temps en temps comme si quelqu'un l'attendait et qu'elle était en retard. Mais non. Cinémälia était seule dans ce vaste monde et ne s'en inquiétait pas. Cependant, sa course fut vite arrêtée par une malheureuse branche qui la fit trébucher sur le sol. Cinémälia tomba à plat ventre et tout son poids broya l'herbe qui se trouvait sous son corps.
«Je vais bien !» dit-elle le visage noyé dans la fange.
Mais, ce genre de petites chutes était son quotidien, sa malchance maladive qu'elle aimait bien telle qu'elle était. De toute façon, elle avait toujours vécu ces petits aléas donc une fois encore elle ne s'étonna pas et se releva aussi vite qu'elle avait chu, reprenant sa course dans la vaste forêt.
Tout à coup Cinémälia s'arrêta net, attirée par un étrange animal qu'elle n'avait jamais pu approcher de trop près pour des raisons dont elle ignorait. Peut-être même qu'elle ne l'avait jamais aperçu !
«Oh comme c'est excitant ! Je vais te caresser mon bébé !»L'animal ressemblait à une sorte de furet noir et blanc, toutefois bien plus lent et bien moins agressif. Cinémälia approcha son doigt du dos de la bête, voulant probablement le prendre dans ses bras et lui faire un gros câlin. Mais dès lors que son membre toucha l'animal, sa queue s'éleva et son anus cracha une substance verdâtre très odorante qui se répandit sur le visage de l'elfe.
«Ah ! Mais ça pue ! C'est dégueulasse !» hurla Cinémälia pour elle seule.
L'animal n'était rien d'autre qu'un putois puant qui prit la tangente pendant que l'elfe tentait de s'essuyer le visage. Mais, rien n'y faisait, ça sentait toujours aussi mauvais et donnait des nausées à la pauvre petite Cinémälia qui avait encore fait mouche une fois de plus.
(Quelle idiote je suis ! C'est navrant ! Je sens... mais oui ! Je sens la merde !)L'elfe ne pouvait pas laisser cette odeur terrible lui coller au corps, elle devait faire quelque chose pour faire disparaître ces émanations un peu trop répugnantes. Cinémälia se mit en quête d'un plan d'eau, d'une cascade ou même d'une rivière où elle pourrait enfin quitter cette abomination. Elle avait l'impression de se déplacer dans un nuage puant qui agressait son odorat, lui piquant les narines qui ne cessaient de lui exprimer son mécontentement.
Bien entendu, pour une fois qu'elle cherchait un trou d'eau, elle n'en trouva pas un aussi rapidement qu'elle l'aurait espéré. Mais, force est de constater que la persévérance payait toujours et Cinémälia finit par trouver un petit torrent qui courrait à travers la forêt, prenant sûrement sa source dans les montagnes. Ni une, ni deux, l'elfe se déshabilla pour se retrouver toute nue, mais, cela ne l'ennuyait pas, elle trouvait que ces vêtements étaient superflus, préférant se trouver en communion avec la nature.
«On se sent mieux ainsi !» déclara-t-elle en se cachant les seins avec sa main.
Cinémälia pénétra dans l'eau douce, certainement peuplée de poissons frais qu'elle s'amuserait à chasser pour son prochain repas. Mais, pour l'instant elle se frottait le corps, tentant de faire disparaître cette abominable odeur qui lui collait à la peau. L'elfe commença à en avoir assez et se frotta avec un galet qu'elle récupéra au fond de l'eau. Évidemment, le passage de la roche sur son épiderme n'était pas des plus agréable et elle finit même par se rendre compte que des rougeurs étaient apparues un peu partout sur son corps.
«Oh mince ! Mais ça pique en plus...»Encore une mauvaise idée qui pourtant avait commencé à retirer l'odeur, à moins que ce ne soit simplement l'eau qui était en train de dissoudre la substance malodorante. Cinémälia se mit alors à flâner dans l'onde claire, s'amusant avec ses cheveux qui flottaient derrière elle. L'elfe avait l'impression de voir une nappe sombre la suivre à chaque instant ce qui la divertit pendant une bonne demi-heure.
Puis soudain, un contact étrange se produisit, un contact que Cinémälia n'avait pas pressenti, un contact spirituel et mental qui s'adressait à elle.
(Cinémälia ?)L'elfe leva sa tête en l'air, cherchant d'où pouvait bien venir ces paroles. Personne. Quelques oiseaux évidemment voletaient çà et là, mais à part cela, Cinémälia était seule dans son trou d'eau. Ses yeux continuaient de parcourir les environs, mais toujours rien. L'elfe se dit qu'elle avait rêvé et continua de s'amuser dans sa baignoire naturelle :
«Lalalalalalalala.» chantonna-t-elle d'une voie érayée.
Heureusement que personne ne l'entendait car une telle cacophonie ne pouvait être réelle. Mais, le contact mental se reproduisit encore une fois.
(Hé ho ! Tu pourrais me répondre quand même ?)L'elfe semblait perdue, cette fois-ci ce ne pouvait pas être un tour de son esprit, ni même une coïncidence quelqu'un était en train de le lui parler ! Cinémälia chercha rapidement une explication à ces propos mystiques.
«C'est toi Rocco?»Rocco était son ami imaginaire lorsqu'elle était petite. Ce n'était qu'un elfe bodybuildé, grand et svelte à l'allure gracile. Ses cheveux longs et blancs lui arrivaient jusqu'à la taille et ses yeux étaient d'un bleu océan qui faisait encore vibrer la jeune Cinémälia.
(Rocco... Oui, c'est moi Rocco... Qu'est-ce qu'il ne faut pas dire pour qu'elle se bouge celle-là...)Cinémälia était heureuse d'avoir retrouvé son tendre Rocco qui l'emmenait s'amuser dans les bois à chaque fois qu'elle n'avait rien à faire ! Mais, elle ne le voyait pas, peut-être voulait-il jouer à cache-cache avec elle ? Oui ! Ce devait être ça, il se rappelait qu'elle adorait se jeu. Cinémälia interrogea alors Rocco d'une voix de petite enfant.
«On joue à tu chauffes, tu refroidis ?»
(Oui, oui on joue à tu chauffes et tu refroidis...) accepta la petite voix fluette dans sa tête, déconcertée...
Cinémälia sortit de l'eau, toujours toute nue bien entendu, et se dirigea vers un bosquet qu'elle venait de voir bouger. Elle commença par écarter les branchages avec ses mains pour essayer d'apercevoir Rocco, mais il n'y avait qu'un couple d'écureuils qui partirent en courant à sa vue.
(Tu gèles là...)On sentait pointer le désespoir dans la voix mentale. Néanmoins, cela n'inquiétait en rien la pauvre Cinémälia qui continuait de chercher où était son ami de toujours : Rocco... Elle s'approcha d'un tronc d'arbre pourri qui était en train de se faire dévorer par les termites et demanda dans un des trous :
«Rocco ? Tu es là ?»(Non pas vraiment non... là tu es à deux doigts de devenir un glaçon...)Cinémälia se releva et se dit que Rocco avait toujours été très doué pour jouer à cache-cache. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle ne l'avait jamais trouvé, perdant toujours à ce jeu contre son ami imaginaire. Pourtant, l'elfe n'était pas stupide, et puis, il ne passerait tout de même pas inaperçu dans ce lieu.
(Bon on va tester une autre tactique... Approche-toi de tes vêtements.)«Tu as mis mes vêtements ?»(Je n'ai pas dit que je mettais tes vêtements, je te dis de t'approcher d'eux ! De toute façon tu vois bien qu'il n'y a personne dans tes habits qui rentreraient à part toi !)«Personne dans mes amis qui rentreraient où ?»(Non d'une pipe ! Tu comprends rien !)«Ah d'accord ! Tu veux fumer une pipe, je suis désolé Rocco, je n'en ai pas.»La conversation commençait à tourner au vinaigre, la petite voix était à deux doigts d'exploser de rage dans l'esprit de Cinémälia. Il était vrai que l'elfe ne comprenait pas grand chose aux paroles étranges qui lui arrivaient par vagues. Elle avait l'impression que des interférences l'empêchaient de tout comprendre. Mais, tout à coup, une fée ailée s'éleva dans les airs, flottant comme un flocon de neige dans l'atmosphère.
(Tu m'entends là ou il faut que je crie encore plus fort ?)La petite fée était vêtue de vêtements faits de feuilles et de tiges enroulées sur elle-même. Le petit être était splendide, Cinémälia n'en revenait toujours pas de côtoyer cette étrange créature. Son teint était pâle, et ses ailes battaient l'air comme de véritables éventails.
«Mais, t'es trop mignonne toi ! Je peux te toucher ?»(C'est quoi cette question ! Je ne suis pas un jouet ! Je suis faite de fluides ma chère.)«De quoi ? Mais, tu n'es pas fluide, tu es solide !»Cinémälia approcha son doigt de la jolie petite fée qui voletait devant son visage. Fébrile à l'idée de toucher ce petit être ailé qui était fait d'une substance qu'elle ne connaissait pas. Lorsque son doigt vint caresser le corps de la fée, rien ne se produisit...
(Tu croyais que j'allais disparaître dans un tourbillon ? Et puis quoi encore ! Je suis une faera, un être fait de fluide qui peut voyager à travers l'espace et le temps et malheureusement pour moi j'ai vu que nous accomplirions de grandes choses dans le futur. Mais, je ne pensais pas te trouver dans cet état d'hébétude aussi navrant.)Cinémälia trouvait l'idée de pouvoir se déplacer dans les couloirs du temps extrêmement intéressante. Peut-être que la faera l'amènerait avec elle si elle était gentille et qu'elle ne faisait pas trop de bêtise. Mais, cela était beaucoup lui en demandait car Cinémälia était tout sauf douée de ses mains, mais aussi de son esprit et d'à peu près tout en fait. Mais, elle vivait de cette manière, jouissait des plaisirs simples de la vie, ne s'ennuyant jamais de ce monde merveilleux qui l'entourait.
(Mais avant tout, tu dois me donner un nom, après nous serons liées toutes les deux ! Ah oui, une petite précision, pas Rocco s'il te plaît...)«Mais, c'est trop cool ! Je peux te donner n'importe quel nom ? Comme si tu étais un petit lapin ?»(Pour simplifier les choses, on va dire que tu as tout compris.) puis pour elle-même la faera ajouta.
(Vu comme c'est parti, on n'a pas le cul sorti des ronces !)«Ah bon ? Pourtant, il n'y en a pas dans cette clairière.»(Oui c'est ça, il n'y en a pas... Cherche un nom.) lui lança-t-elle catégorique.
Cinémälia faisait fonctionner son cerveau à la vitesse d'un escargot. Sa langue était même sortie, preuve irréfutable qu'elle était en train de réfléchir, tentant de trouver un nom qui lui plaisait et qui irait à merveille à la petit fée. N'avait-elle pas parlé de ronces ? Mais qui dit ronce dit mûres ! Mais, Cinémälia avait horreur de ce fruit, ayant eu une mauvaise aventure avec les piquants de l'arbuste en tombant malencontreusement dedans. Non, l'elfe préférait les framboises et décida donc la nommer ainsi !
«J'ai trouvé ! Je vais t'appeler Framboise. Parce que les framboises c'est très bon !»(Dois-je comprendre que tu me trouves «bonne» ?)«Heu... T'es une coquine toi !»Framboise ne préféra pas réagir à cette montée de stupidité déconcertante. Elle avait vu le futur en compagnie de la jeune elfe, accomplissant de grandes choses, mais elle n'arrivait pas à comprendre comment cette fille pourrait un jour devenir la personne qu'elle avait observé lors de son voyage. En attendant, Framboise allait accompagner Cinémälia pour l'aider à progresser un peu dans sa vie, dans son esprit encore enfantin qui n'était vraiment pas suffisamment développé pour qu'elle devienne une grande elfe.
(Peut-être pourrais-tu te rhabiller, non ?)«Moi j'aime la nature, me promener toute nue, en symbiose avec l'air et l'eau. Tu comprends ?»(Oui, j'en ai bien peur...)Mais, à cet instant une guêpe fit son apparition, bourdonnant entre Framboise et Cinémälia. Puis, elle vrilla et descendit à une allure tout à fait prodigieuse vers le sein gauche de l'elfe qui n'avait cessé de la suivre de son regard interrogateur. L'elfe se demandait ce que l'insecte était en train de faire. Il se posa sur la gorge charnue de la demoiselle et vint la chatouiller à un endroit plutôt sensible. D'un geste de la main, Cinémälia voulut la chasser, mais prise de panique, la guêpe planta son dard dans la peau charnue de la jeune elfe, injectant son poison dans sa poitrine. La douleur se fit aiguë, une décharge électrique venait de m'être en rogne Cinémälia qui commençait à pester contre la créature de Yuimen qui se trouvait déjà loin de sa colère.
«Oh la garce ! Ça fait trop mal !»(En même temps, si tu arrêtais de jouer les exhibitionnistes peut-être qu'elle ne serait pas venue te piquer.)«Tu as raison Framboise, tu es trop intelligente ! Allez, je remets mes vêtements.»