<< AuparavantUne promesse
La ville s'éloignait de plus en plus tandis que les premiers rayons du soleil perçaient les ténèbres et éclairaient la route sur laquelle je marchais. Je réussis à me calmer à mesure que j'avançais et même si je ressentais un pincement dans la poitrine, la douleur des premiers instants avait laissé place à ma détermination. Pas question de faire machine arrière ! Je pris la direction du sud, traversant rapidement les premiers kilomètres afin de mettre de la distance entre moi et la ville. Pas question que je me fasse attraper alors que je venais de partir. Je me concentrai sur la route car, même si elle était peu fréquentée à cette heure et qu'elle était entretenue, je n'étais pas à l'abri d'un trou ou d'un voyageur mal attentionné. Fort heureusement rien ne se produisit et j'arrivai au village de Vyrl sans encombre. J'eus un doute à une intersection mais il m'avait dit plein sud et je m'étais fiée à ses indications.
J'aperçus au loin un groupement de maison, toutes en bois, entourées de champs et adjacentes à la forêt. Je m'approchai donc en suivant la route transformée en chemin bien moins praticable sur lequel je faillis trébucher plusieurs fois. J'arrivai au niveau des champs et pus apercevoir plusieurs personnes qui travaillaient déjà, malgré l'heure matinale. Je ne m'arrêtai pas, mais je vis quelques têtes se tourner. J'avais bien fait attention de mettre mon capuchon pour ne pas être reconnue, j'espérai seulement que je n'allai pas les rendre méfiants. J'avançai donc tranquillement sur le chemin, manquant de trébucher une nouvelle fois. C'était trop demander de reboucher ses fichus trous ? J'avisai l'un des travailleurs et le hélai gentiment avant de lui demander si j'étais au bon endroit. Il me répondit affirmativement et je continuai ma route jusqu'à atteindre enfin l'entrée du village. Peu de monde était dehors, uniquement une femme qui puisait de l'eau dans le petit puit sur la place centrale. Je lui demandai gentiment ma direction, espérant que le nom de Vyrl lui dise quelque chose. Elle m'indiqua la maison en souriant et je la remerciai avant de m'y rendre. Mon cœur battait la chamade et je soufflai un instant avant de frapper doucement à la porte. Une voix féminine me répondit et une petite femme ronde avec de longs cheveux bruns vint m'ouvrir. Elle ouvrit des yeux ronds en m'apercevant et je me présentai en vitesse pour qu'elle ne referme pas la porte.
- Bonjour madame, Je suis Yliria, Vyrl m’a dit de passer et…Elle ne me laissa pas finir et appela Vyrl avant de m'inviter à entrer avec un grand sourire. J'entrai donc dans la petite maison qui était très simple mais qui me rappelait un peu celle dans laquelle je vivais avant. Il y avait une odeur de soupe provenant d'une marmite au-dessus de l'âtre et un grand homme blond était installé à table et se leva, avec lui aussi le sourire aux lèvres. Il avait les mêmes yeux de Vyrl et je fus surpris par leur ressemblance et m'imaginais Vyrl avec cette carrure. Ce dernier sortit enfin de sa chambre et m'accueillit avec un grand sourire qui fit rater un battement à mon sœur. Il me prit dans ses bras et me présenta donc à ses parents qui furent surpris d'apprendre mon âge et mon origine, mais ne firent pas de commentaires, bien au contraire. Nuim, que je pus enfin voir de près
(Bon sang qu'elle ressemble à sa mère !) fut intriguée, mais me remercia avec un sourire. Elle courut dans sa chambre et me rapporta un objet, un masque qu'elle réservait pour une fête, mais elle voulut me l'offrir pour me remercier et je me voyais mal refuser. Je pris donc le masque qui n'avait que deux fentes pour les yeux et de drôles de cornes mais la mère se proposa de le décorer en l'honneur du dieu Meno, vu que j'étais capable d'invoquer le feu. L'idée me séduisit et j'acceptai avec plaisir, ce qui fit sauter de joie la petite Nuim. Vyrl m'emmena ensuite dans sa chambre et voulut savoir ce que je comptais faire.
- Je vais être franc Vyrl, je pars et je ne pourrais sans doute pas revenir avant longtemps.Il ne parut pas plus surpris que ça, se contentant d'afficher un air compréhensif.
- Je m'en doutais quand tu es arrivée seule avec ton sac. Tu sais où aller ?Je hochai la tête et il sourit.
- Je sentais que les choses ne seraient pas aussi simples… J'aurais aimé que tu restes ici avec moi, mais je ne suis pas égoïste au point de te retenir.- Merci Vyrl… Je suis désolé.- Ne dis pas ça, on dirait que tu es la fautive !Je souris et il y eut un petit silence avant qu'il ne reprenne.
- Je vais être franc à mon tour Yliria. Je suis amoureux de toi !Et bah là oui, il était franc ! Il me prit au dépourvu et je ne sus quoi répondre, mais il n'avait pas fini.
- J'avais envie de t'accompagner, mais je ne peux pas laisser mes parents ainsi et je ne serais pas très utile j'en ai peur. Alors, j'ai eu une idée… une requête en fait. Si tu reviens et que tu as toujours des sentiments pour moi… emmène-moi !- Vyrl… je ne sais même pas si je reviendrai un jour, tu ne peux pas me demander cela et…- Deux ans ! Je t'attendrai deux années entières et si tu ne reviens pas, je me ferai une raison. Promets-moi Yliria, s'il te plaît.Je le regardai dans les yeux. Je ne pouvais pas lui promettre ça, il pouvait s'écouler bien plus de temps avant que je ne revienne ici et je le mettrais constamment en danger. Je ne pouvais pas…
- C'est promis Vyrl…Il me sourit et m'enlaça doucement. Je lui rendis son étreinte, mais je n'étais pas aussi confiante que lui semblait l'être. Il me murmura ce qui finit par me convaincre que je ferai ce qu'il faudrait pour le revoir.
- Je t'attendrai Yliria.Je me retins de justesse de lui dire que je voulais rester ici, je devais être forte, ne pas me laisser aller ainsi. Je me contentai de resserrer mon étreinte en enfouissant mon nez dans son cou. Nous dûmes rester ainsi un moment avant que quelqu'un ne frappe à la porte. Nous nous séparâmes à contrecœur et la mère de Vyrl ouvrit la porte. Elle me prévint que je pouvais rester ici autant que je voulais, mais je préférai ne pas traîner, ni abuser de leur hospitalité, je ne voulais pas risquer leurs vies pour quelques heures de confort. Je me levai et annonçai que je partais bientôt ce qui l'étonna. Je repris mon sac et retournai dans la pièce principale avec Vyrl. Sa mère sortit fébrilement une bourse de sous un pot et me la tendis. Je la refusai catégoriquement, ils avaient plus besoin d'argent que moi. Nuim m'apporta le masque et me le tendit. Il avait été peint en rouge et donnai un air un peu menaçant avec des gravures d'un rouge plus sombres, mais je l'acceptai avec joie. Il me serait sans doute utile. Toute la petite famille me souhaita un bon voyage en souriant et je sortis en compagnie de Vyrl qui m'accompagna un peu en dehors du village. Nous marchâmes en silence l'un à côté de l'autre, sans nous toucher. Une fois arrivé devant l'intersection, il me désigna la route pour aller au sud en suivant le fleuve. Je le remerciai en déposant un léger baiser sur ses lèvres et il m'enlaça en retour.
- Fais attention et prends soin de toi. N’oublie pas ta promesse.- Je n’oublierai pas Vyrl.Il me laissa partir à contrecœur et je repris la marche, le cœur lourd mais avec la certitude naïve que je reviendrai pour lui.