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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Mar 17 Mar 2015 20:37 
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Dans l'aube, le vent souffla à travers les bois, agitant la couverture qu'Honru portait sur ses épaules. De la fraîcheur matinale s'élevait une odeur d'herbe humide dont le Kendran s'emplit longuement les poumons, profitant d'un moment de silence.

" - J'comprends pas." lui confia le Yarthissois qui exploitait le bois depuis des années.

" - Nous venons de mondes différents Kohl. Vous n'êtes pas là pour comprendre." répliqua sereinement le Kendran, lui adressant un sourire cordial mais fatigué.

Finalement, las, le bûcheron tourna les talons pour s'en retourner au camp et se préparer avant d'aller travailler.

" Kohl ?"

Le Hirsute émit un grognement pour signifier qu'il l'avait entendu.

" N'oubliez pas d'envoyer l'un des vôtres au camp de la Rive pour préparer une rencontre."

Honru passa la plus grande partie de la journée assoupi, le dos contre un arbre. Les bruits de la forêt ne l'avaient pas empêché de sombrer dans le sommeil du juste pas plus que les arbres qui chutaient après avoir cédés sous les coups de haches réguliers. De temps en temps, un cri régulier s'élevait pour prévenir qu'un arbre allait tomber au sol. Ce n'est qu'en milieux d'après midi que le milicien se réveilla, le soleil lui éblouissait trop généreusement la caboche et un besoin pressant se faisait sentir. Aussi il s'en alla, en quête d'un bosquet accueillant derrière lequel lâcher l'écluse. Il arrosait loin devant ses chausses lorsque déboula d'entre les fougères un jeune blanc bec boutonneux qui devait au mieux avoir quinze ou seize printemps.

" - M'sieur ! J'reviens du camp d'la Rive ! Ils veulent bien vous rencontrer."

" - Ils ont pas vraiment l'choix. Ils sont bien contents que la milice viennent régler leur problème. Quand ?"

" - Dès demain."

" - Parfait, dis aux autres que demain on se rend tous chez ceux de la Rive.

Le gamin s'éclipsa en acquiesçant et le Kendran se sentant désormais plus léger fit quelques pas dans les bois pour se dégourdir les jambes. Il atteignit alors un surplomb qui dominait une pente forestière, cette partie de la forêt était un peu plus sauvage qu'aux alentours du camp. De nombreux champignons à tête brune ornaient les souches des arbres environnants qui se couvraient aussi de mousses pour certains, ici la lumière pénétrait moins bien et l'humidité était plus prégnante. S'asseyant sur un rocher, Honru réfléchissait à ce qu'il avait fait depuis une journée, il s'était senti gagner en confiance assez rapidement après ce saut dans l'inconnu de l'engagement dans la milice et plus encore après son premier vrai combat. Et s'il trouvait ridicule l'idée d'être devenu un homme en quelques heures, il constatait qu'être ainsi projeté dans l'adversité, la débrouille et d'avoir son destin entre ses mains l'avait aguerri. Finalement songeant à nouveau au coup du parchemin qu'il avait lui-même écrit, il tira de cette réflexion un principe qui, il l'ignorait encore, allait lui rester durant toute sa vie : "Ne pas jouer avec la main qu'on nous donne, jouer avec les cartes qu'on se donne soit-même." À l'ombre des peupliers, le Kendran sourit.

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"Ne pas jouer avec la main qu'on nous donne, jouer avec les cartes qu'on se donne soit-même."



Dernière édition par Shaddam le Mer 18 Mar 2015 14:49, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Mer 18 Mar 2015 14:49 
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Pour accéder au camp de la Rive, la dizaine de bûcherons empruntait un sentier qui n'avait de sentier que le nom. Et c'est dans une matinée humide et brumeuse que la petite troupe partit. Honru n'avait pas jusqu'alors suspecté combien la forêt pouvait parfois être difficile à parcourir, car sous la canopée des arbres résidait un relief accidenté composé de talus d'une myriade de petits cours d'eau qu'il fallait enjamber ou sauter. À certains endroits la végétation était telle que les buissons et autres fougères leurs parvenaient à la taille et le premier de la colonne s'évertuait à tailler le tout assez sommairement pour permettre le passage ou à avertir des dangers qu'il avait remarqué. De nombreux arbres étaient envahis de mousses, des plantes épiphytes colonisaient leurs troncs. Peu à peu la brume se retira laissant voir plus loin.

Kohl le Hirsute dégageait la voie à grands coups de machette, il était suivi de Honru qui lui-même précédait Jampan.

" - On arrivera d'ici une bonne vingtaine de minutes, juste après cette montée la voie est bien plus dégagée. " grogna Kohl en brandissant son coupe-chou droit devant lui.
" - Au fait Honru, était-il bien sage de laisser l'gamin seul au campement pour surveiller les buffles ?" s'enquit Jampan.
" - Nous avons besoin de démontrer à ceux de la Rive que c'est un problème commun à tous les membres de la guilde des bûcherons des alentours.

Une demi-heure après, ils distinguèrent la berge et sur leur gauche la scierie de la Rive. C'était un vaste bâtiment flanquée d'une roue à aubes tournant rapidement et permettant de scier rapidement le bois en planches régulières. À la différence du camp de la canopée se concentrant sur des bois rares et donc plus profondément cachés dans la forêt, ce camp-ci faisait davantage dans le bois de construction. Entendant arriver la petite troupe, les gens de la Rive s'étaient agglomérés les uns aux autres devant leur propre dortoir et une certaine animosité se faisait sentir.

Après quelques salutations sommaires, Honru, Kohl et le chef de ceux de la Rive nommé Sabian se retirèrent pour discuter ensemble dans une cabane. Sabian était d'une taille moyenne, ses cheveux blonds et ternes commençaient à tirer sur le gris.

" - Merci de nous recevoir Sabian. La Canopée et La Rive sont volées régulièrement par des Sektegs..." débuta Honru avant d'être interrompu par son hôte.
" - Ah ! Bah vous z'y r'connaissez enfin qu'y a des Sektegs ! "
" - Les Sektegs ! Ça explique pas tout ! répliqua le Hirsute.

Durant plusieurs minutes les deux s'abreuvèrent mutuellement d'injures jusqu'à ce qu'Honru frappe sur la table.

" - Silence ! Yarthiss m'envoie pour régler ce problème et ce comme bon me semble ! Vous devriez avoir honte ! Vous faites partis de la même guilde et vous n'êtes pas foutus de régler ça." Honru jeta sa lettre de mission factice sur la table. " C'est marqué noir sur blanc, Yarthiss mande et ordonne que la production de bois reprenne rapidement et correctement et j'suis là pour ça. Donc Sabian vous allez réunir vos hommes et venir en aide aux gens de votre guilde. Les Sektegs attaqueront cette nuit, il faut faire vite."

" - Hé mais attendez, comment vous savez qu'ils vont attaquer cette nuit ? "

" - Mais tout bonnement parce que je l'ai suggéré à l'un d'eux contre un sauf-conduit."

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Dernière édition par Shaddam le Mer 18 Mar 2015 17:26, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Mer 18 Mar 2015 17:23 
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Ils étaient à présent une vingtaine éparpillés et cachés aux abords du camp de la Canopée à attendre le raid nocturne des Sektegs. Chacun avait pris sa hache, son arc ou son couteau et se dissimulait de son mieux derrière les couverts que pouvait offrir la Forêt du Sud. Aucun n'était vraiment un guerrier mais tous avaient à cœur d'en finir avec cette bande de voleurs.

Encore une fois là nuit était assez claire grâce à la lune et Honru distingua sans mal la petite colonne des verdâtres qui avançait avec mille précautions en direction du camp. Le milicien sentit son estomac se nouer d'inquiétude, ils étaient au moins une quinzaine. Il tapa de la pointe de l'épée sur l'épaule de Jampan à ses côtés avant de désigner les Sektegs qui se dirigeaient vers les buffles. Le bûcheron jura en silence.

Après quelques minutes, ils virent les verts commencer à entasser dehors ce qui allait constituer un butin. Ils s'élancèrent discrètement à quatre vers le camp afin de s'approcher mais tombèrent nez à nez avec un Sekteg aux moins pleine d'outils. Il y eu un instant de blanc puis soudain il se mit à brailler en leur jetant les outils et en cavalant dans la direction opposée. Il fut soudainement cloué à un mur de bois par une flèche qui siffla en provenance des fougères, Honru s'empressa alors de venir l'achever en lui tranchant la gorge avec son petit couteau.

À l'intérieur le reste de sa compagnie l'avait entendu et sortait de toutes parts, arme au poing pour en découdre alors que les bûcherons sortaient tous plus au moins de leur cachette pour se lancer à l'assaut en hurlant. Cependant le temps qu'ils atteignent le campement pour venir au corps à corps, Honru, Jampan et les deux autres se retrouvèrent en infériorité numérique. Aussi chacun s'évertuait à mouliner de son mieux pour garder les nabots verts à l'écart.

Assez rapidement l'escarmouche tourna au chaos le plus total, Honru se retrouva face à face avec un Sekteg qui sifflait entre ses canines, agitant une dague dans chaque main. Le petit exalté lui tournait autour comme cherchant une faiblesse.

" - Allez ! Approche sale bête !" l'invectiva Honru.

Son adversaire se rua sur lui frappant d'estoc en direction de son ventre, le milicien se mit de flanc et para. C'est à ce moment qu'une vive douleur lui traversa la cuisse et lui arracha un cri. Il enfonça de toutes ses forces son épée entre l'épaule et le cou de son adversaire qui tomba au sol continuant d'agoniser en se vidant de son sang. Le Kendran retira alors la dague plantée dans sa cuisse.

L'affrontement fut aussi rapide que brutal. Chacun goûtait de tout son soul à l'ivresse du combat. Les bûcherons eurent trois morts et sept blessés mais réussirent à capturer le chef Sekteg.

" - On fait quoi d'celui qui s'est rendu dès l'début ? Il dit qu'vous lui garantissiez la vie sauve et les biens de ses compagnons morts ?"
annonça Kohl.
" - Oh celui-là... et bien... pends-le." lui répliqua Honru avec un air complice.

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 Sujet du message: Chapitre 3 | Alinea 5 | Bouger son corps
MessagePosté: Mar 24 Mar 2015 04:16 
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(((Chapitre 3 | Alinea 4)))


Nous étions toutes regroupées devant Basth, habillées normalement, ce qui rajoutait énormément au côté confortable de la séance de groupe. Tout le monde était décontracté. À côté de Basth se trouvaient la fille qui avait joué pour ma danse et le gros barbu qui avait défendu l'opinion des tenues trop légères, chacun avec un instrument.

- Bien ! entama violemment Basth. Cette fois-ci, comme je vous l'ai dit plus tôt, nous serons sur la grande place de la ville. On aura quarante coudées sur quinze pour se produire, les musiciens seront de part et d'autre, et vous aurez le centre pour gigoter, c'est à dire trente coudées sur quinze. Je vous ai préparé une reproduction de la scène juste derrière vous.
On s'est naturellement toutes retournées pour vérifier la zone dessinée grossièrement au sol à coups de raclement de pied.

- Pour ceux qui se demandent également, Lyanda et Georges ici présents seront nos musiciens pour cette séance. Les morceaux en soit ne sont pas encore complètement terminés, mais la pulsation et les tons sont confirmés, ce qui nous permet d'avoir une improvisation dessus assez facilement. D'où Lyanda. Ceci dit les auteurs ont décidé d'avoir une rythmique décalée entre les instruments et la percu, ce qui fait que Lyanda va perturber la pulsation. D'où Georges. Il se tourna vers les deux autres. Merci, vous deux.

Basth se retourna vers nous : - La première pièce est en quatre temps. Vos mouvements oscilleront donc entre quatre, huit, douze et seize temps.

Tandis que mon esprit commençait à se perdre dans les méandres de l'incompréhension, Basth fit un geste vers Georges. Ce dernier prit son instrument sous le bras. C'était comme un tonneau vide, avec le couvercle remplacé par une peau tendue. Georges se mit à taper régulièrement sur la peau. Je devinai qu'il s'agissait de la régularité attendue de la musique. Tous les quatres coups, il frappait plus fort que les autres fois, et le son sonnait un peu plus aigu. Je me disais bien que quelqu'un d'expérimenté saurait quoi faire de ces informations. Moi, je voyais juste un barbu taper sur un tonneau.

Il arrêta au bout d'une soixantaine de coups. Basth reprit.

- Vous êtes prêtes ?
(Quoi ?)
Les filles, que je suivis, se déplacèrent vers la scène de fortune derrière.
- Georges, Lyanda, deux mesures à vide ?
(Hein ?)
L'autre recommença à taper sur son truc. Je mis du temps à réagir. J'interpellai.

- HEH ! STOP ! Prêtes à quoi ?
Les autres, surpris par mon intervention, me regardèrent tous. Basth eut un rictus.
- Ah ! Désolé, je ne t'en ai pas parlé. C'est un petit truc qu'on fait à chaque nouvelle chanson, les musiciens jouent, et les danseuses font un mouvement de base qu'elles aiment bien et vont sur le temps. C'est pas fait pour être joli, c'est pour que vous vous imprégnez du tempo et de la musique tout en bougeant. Ça échauffe un peu et ça permet de se mettre à l'aise. Chacune a son pas, donc je sais pas, mets-toi derrière et essaie de les copier. Ce sera un bon exercice.

(Oh. Et c'était trop de me prévenir avant, Sindel ?)

Je me déplaçai donc vers l'arrière du groupe, un peu à l'écart, et les laissai reprendre l'exercice. Après huit coups de tonneau, Lyanda commença à jouer. Les filles restèrent immobiles, en revanche. La musique en elle-même était plutôt joyeuse, mais son rythme était étrangement décallé, comme Basth avait prévenu. Les coups forts de Georges ne tombaient pas toujours sur les coups forts de Lyanda.

(((La musique (à peu près))))

Au bout d'un court moment d'écoute, les filles se sont mises à bouger. Certaines bougeaient simplement le bassin avec un jeu de jambes simple, d'autres avaient un mouvement qui impliquait les bras, d'autres avaient un jeu de jambes pivotant, d'autres encore changeaient de mouvement régulièrement, bougeant bras, jambes, épaules et hanches.

(Et je dois bouger comme ça ? Mais dans quoi je me suis embarquée ?)

Je décidai de me lancer sur le mouvement simple. S'il fallait bouger, autant bouger de façon simple. C'était pour s'imprégner de la musique, non ? Évitons donc les trucs trop complexes. J'envoyais donc mon bassin à gauche ou à droite à chaque coup de tonneau de Georges, faisant suivre mes pieds de façon naturelle après. Déjà ça, ça me semblait difficile.

(Et David qu'était là « Tu as un don ! » ... tu parles.)

Après un petit moment, les autres ont terminé de jouer, on s'arrêta de danser, et Basth reprit.

- Voilà pour la première. La deuxième pièce est en ternaire, un peu plus lente. Georges ?

Et le tonneau reprit des coups dans le ventre, et la procédure recommença pour ce morceau là. Puis en vinrent deux autres. Et à chaque fois, je devais bouger mon corps sur la musique. Cette partie-là devenait plus facile avec le temps. J'étais à l'aise avec mon corps pour grimper sur les toits, courir pour échapper aux gardes, charmer les fils de marchands, mais au final danser rigoureusement, je n'étais que novice. J'étais assez contente que mon aise évolue aussi vite. En un total de vingt minutes, j'étais passée de « Oh non pas ça ! » à « Ouais, si tu veux » .

Après l'aperçu des musiques, Basth félicita tout le monde.

- Très bien, tout le monde ! Merci à tous. Je vais maintenant vous emprunter Ghiny pour le reste de la journée, je n'ai plus besoin de vous avant demain. Iedra, je te conseille de t'entraîner, j'arrive avec les chorégraphies demain et t'as intérêt à suivre si tu veux pas être laissée à la traine.

Suite à quoi, Ghiny quitta le groupe et rejoignit Basth. Lyanda et Georges partirent également, et beaucoup de danseuses s'éparpillèrent un peu partout rejoindre d'autres groupes. Au final, je me retrouvais seule, là, avec une ribanbelle de groupes à aller embêter.

(Bon. Eh bien, c'est le moment de jouer à socialiser.)



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Dernière édition par Iedra le Mar 24 Mar 2015 08:20, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Chapitre 3 | Alinea 6 | Leçon de guitare
MessagePosté: Mar 24 Mar 2015 08:20 
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(((Chapitre 3 | Alinea 5)))


Je remarquai Hilna se diriger vers deux jeunes hommes de son âg... non. Ils étaient humains, donc beaucoup plus jeunes qu'elle, mais en relativisant, ils en étaient au même stade de croissance, pouvait-on dire. Ils semblaient tous les deux être musiciens, sûrement frères vu leur apparence, peut-être même jumeaux. Ghiny était prise avec Basth, David avait l'air occupé avec Borith un peu plus loin, Hilna était le dernier lien social que j'avais d'à peu près existant avec cette bande de musiciens. Si je devais m'occuper, je préférais aller la voir elle.

Je m'avançai donc en direction de ces trois-là. Quand j'arrivai à leur portée, je levai le bras en guise de salut.

- Salut !
Hilna et les deux garçons se tournèrent vers moi. Hilna m'offrit un joli sourire. Les garçons eurent des réactions différentes. L'un rougit d'embarras et l'autre se mit à rire.
(J'ai fait quelque chose ?)

- Eh, Iedra ! Je te présente Marc et Luc, deux guitaristes qui ont adoré ta prestation de tout à l'heure.
Le jeune brun à ma gauche, qui avait ri, leva la main en souriant.
- 'lut ! Je m'appelle Luc, content de t'avoir parmi nous. Tu bouges bien pour une nouvelle, dis-moi ! Le frangin en a été tout retourné !
Son frère, assis à côté de lui, encore plus rouge qu'avant, lui frappa l'épaule.
- Ferme-la !
Luc se mit à rire. Hilna se mit à rire. Je me mis à rire. Marc se mit à rire. Bien. À mon tour, maintenant ?
- Haha ! Je vous remercie. Mais je crois pas que ça va être pour moi, toute cette histoire de danse.

Hilna parut surprise.
- Ah bon ? Pourquoi pas ?
- Déjà les échauffements, juste là, j'ai eu du mal à suivre des trucs que vous considérez simples, alors des chorégraphies entières à retenir... C'est comme Ghiny disait : les impros m'iront mieux qu'une choré.
- Oooh, mais t'en sais rien, ça ! T'as même pas encore essayé ! Et puis c'est pas comme si nous on maîtrisait la choré en une semaine non plus.
C'était gentil de sa part d'essayer de me réconforter, mais ...
- Ceci dit c'est vrai que t'as eu du mal sur les échauffements ! ria-t-elle.
Son commentaire fit rire les deux garçons. Puis Luc proposa quelque chose.
- Eh, t'es pas obligée de danser, non plus. Tu peux jouer de la musique, si tu veux !
(Jouer de la musique ? Pourquoi pas...)

Sa proposition était intéressante. Manipuler un objet était moins embarrassant que de trémousser ses fesses. Ceci dit...
- Je n'y connais pas plus en musique qu'en danse, en fait.
Je vis un sourire s'éclaircir sur le visage de Luc.
- Ah bah ce n'est rien ! La guitare, c'est super facile, tu vas voir ! Tiens, prends ma guitare et ma place, Marc va te montrer comment faire deux-trois trucs basiques.
Je vis Marc tenter en vain de protester. Je voyais très bien ce qui se passait, maintenant.
(Je comprends ton jeu, Luc. Laisse-moi essayer.)
J'avais envie de m'amuser un peu aussi. Désolé, Marc.

Je rentrai donc dans le jeu de Luc et afficha mon sourire le plus mignon en regardant Marc.
- C'est vrai ?
Le garçon baffouilla.
- Euuuh, ou..ouais ! Tu vas voir, c'est très simple.
Je le vis lancer un regard meurtrier à son frère. Ceci m'amusait beaucoup.

Je m'assis donc là d'où Luc venait de se lever, puis prit l'instrument qu'il me tendait. C'était la même boite à cordes que Lyanda. Je me tournai vers Marc, le regard curieux. Le jeune homme hésitait.
- Je l'utilise comment ?
Marc se secoua un peu, et tenta de m'indiquer comment je devais manier l'instrument.
- Tu le poses sur ton genou, en tenant le manche avec ta main gauche, ta droite va aller sur les cordes au dessus du trou, là.
J'avais vu la position de Lyanda tout à l'heure, mais je voulais l'embêter un peu plus. Désolé, Marc.
- J'ai pas trop saisi, sur mon genou comment ?
- Montre-lui donc ! encouragea son frère derrière moi.

Marc força un sourire à son frère.
- Bien sûr ! Tout de suite !

On sentait la tension dans sa voix. Il se pencha donc vers moi, prit l'instrument, et tenta de le placer comme il faut, mais il remarqua rapidement quelque chose.
- Il faut que tu éc... commença-t-il.
(Ohoh ! Tu me tends une perche, là !)

J'avais l'occasion de rire un bon coup, là.
- Pardon ? demandai-je en souriant.
J'entendais déjà les deux autres pouffer. Marc rougit. Il répéta en murmurant, si bien que je ne pus que deviner ce qu'il disait. Ce n'était pas assez.
- Je ne t'ai pas entendu, désolée, tu peux me redire ça plus fort ?
Les gloussement de Hilna et Luc derrière devaient rendre ça plus difficile que nécéssaire pour Marc.
(Courage mon grand !)

Le jeune homme, le regard dans le vide, avait les mains qui tremblaient. Il respira un bon coup, ferma les yeux, et dit :
- J'ai besoin que tu écartes les jambes, s'il te plait.
Hilna et Luc rirent plus que moi. Ils éclatèrent de rire, en fait. Je vis Marc leur jeter un regard plein de colère. C'était tout de suite moins drôle. Désolé, Marc.

Je voulais lui détendre l'atmosphère. Je décidai donc d'ignorer tout sous-entendu qu'il aurait pu penser que j'interprète et de simplement comprendre ce qu'il voulait que je fasse.
- Oh, d'accord. dis-je en écartant les jambes. Il va où, ce truc, alors, Marc ?

Pendant que les autres riaient encore plus, Marc plaça sans un mot l'instrument sur ma cuisse gauche. Cessant de faire la niaise, je plaçai sans me le faire redire ma main gauche sur le manche et ma droite sur les cordes au dessus du trou de la caisse.

- Oh, je crois que j'ai compris.
De ma main droite, je fis glisser mes doigts sur les cordes. Pour chaque corde, un son sortait de la caisse, résultant au final en une superposition de sons pas forcément jolie à entendre.
- C'est moche ! fis-je remarquer.

Marc rit nerveusement.
- Oui, l'accord à vide est assez laid à l'écoute.
- Gné ?
Marc rit encore. Il se décontractait. Bien. Il décida même de m'expliquer comment marchait la chose.

Il se rapprocha un peu.
- Attends un peu, touche à rien ? Écoute... dit-il en plaçant son doigt sur une des cordes. Il plia son doigt, faisant claquer doucement la corde. Tu vois, là, la corde elle sonne comme ça. Maintenant...
Il ramena son autre main vers le manche et posa un doigt dessus, appuyant sur la corde qu'il avait fait vibrer. Puis il la refit vibrer. Le son était plus aigu, maintenant.
- Elle sonne différemment. conclut-il en se rasseyant normalement. Il me désigna tout le manche. Appuyer sur la corde, à chaque petite barette, va hausser ta note d'un demi-ton. N'appuyer sur rien et faire vibrer la corde comme ça s'appelle jouer « à vide » .
- Oooh ? Et si je veux faire quelque chose de joli ?
Marc rapprocha sa main de la mienne.
- Je peux ?
(T'as pas intérêt à être meilleur comédien que moi, toi.)

Je lui offris un sourire amusé.
- Fais-toi plaisir.
Marc rit une nouvelle fois. Il prit ma main et m'expliqua alors, en la manipulant, comment la placer sur le manche. Le pouce contre le bois, le poignet un peu tordu... ça faisait un peu mal. Il plaça deux de mes doigts sur le manche, sur les premières barettes.
- Essaie de jouer les cordes maintenant ?
Je glissai à nouveau mes doigts sur la totalité des cordes. L'accord était plus appréciable, maintenant.
- Bravo ! Ton premier Mi mineur !
- Yaay !! C'est quoi ?
J'étais apparemment douée pour faire rire les musiciens.
- C'est le nom de l'accord que tu viens de faire.
- Chouette ! Mi mineur ! Trop bien !

J'aimais bien cette ambiance décontractée. J'avais l'impression d'être revenue à l'époque où les rues de Yarthiss étaient encore joyeuses et pleines d'espoir.

- Et ça c'est le plus simple qu'on puisse faire avec, et ça me fait déjà mal à la main. Merci pour la leçon, Marc, mais je pourrai pas jouer de la guitare pendant le spectacle avec une crampe au poignet aussi violente juste pour deux doigts.
- Ahah ! T'en fais pas, on y est tous passés !
- Pas moi. intervint Luc.
- Oui mais toi t'es bizarre.

Je rendai sa boite à cordes à Luc, me levai en faisant une bise à Marc en le remerciant une fois encore. Je le laissai perplexe là pendant que son frère le regardait avec un grand sourire et que je me tournai vers Hilna.
- Apparemment faut que je m'entraîne. Tu veux m'aider, ou je dois me débrouiller seule ?
Hilna sourit et hocha la tête.
- On est toutes passées par la case départ, ma petite. Attends-moi près du coffre, j'arrive dans trois minutes.
- D'accord ! Merci.

Je pris congé des trois jeunes gens, et partit vers le coffre des danseuses, prenant soin de diriger un clin d'oeil à Marc pour créer encore plus d’ambiguïté dans ses interprétations.



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Dernière édition par Iedra le Ven 27 Mar 2015 10:18, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Chapitre 3 | Alinea 7 | Leçon de danse
MessagePosté: Ven 27 Mar 2015 10:18 
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(((Chapitre 3 | Alinea 6)))


Je m'assis sur la malle dans laquelle reposait ce qui désormais anciennement servait de tenues à la troupe de danse en attendant Hilna. L'elfe m'avait demandé de l'attendre trois minutes. Trois minutes avant ma leçon privée de danse avec elle, pendant lesquelles je n'avais rien d'autres à faire que me demander ce que je faisais ici et reconfirmer que je n'étais pas en train de perdre mon temps.

Je fermai les yeux.

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Il faisait nuit. J'étais sur un des toits de Yarthiss. Ce n'était pas n'importe quel toit. C'était toujours sur ce toit que je venais m'installer quand j'avais un peu de temps. De celui-ci, on pouvait voir le reflet de la lune sur l'eau du fleuve. De celui-ci, le vent n'amenait pas l'odeur désagréable des poissons péchés de la journée. De celui-ci, la lumière de la ville n'empêchait pas de voir les étoiles. De celui-ci, on se sentait bien.

Ian était à côté de moi.

- Ça fait du bien, hein ?
- Ouais...

La bise soufflait doucement, caressant mes cheveux comme on caresserait un chat. Je balayai la ville du regard. Ian lâcha un soupir rieur.
- Qu'est-ce qu'on en a fait, des conneries, dans ces rues.
Je hochai la tête.

Yarthiss était un peu notre terrain de jeu. Ça faisait 20 ans que c'était mon bac à sables. Je connaissais les rues par coeur, la plupart des enfants de marchands connaissaient mon visage, si ce n'était carrément mon nom. J'avais volé dans presque toutes les boutiques, j'avais canaillé dans tous les quartiers, j'étais montée sur tous les toits. Sauf le château, devais-je admettre. J'avais passé beaucoup de temps, à Yarthiss.
- Et ensuite ?

Je me retournai. Léa était debout, juste derrière moi. Elle regardait les étoiles.
- Quoi, « ensuite » ?
Léa descendit son regard vers moi.
- Qu'est-ce que tu vas faire après ? Tu vas continuer à courir dans les rues et grimper sur les toits ?
Ian se leva.
- Pourquoi pas ?
- Je dis juste qu'il y a d'autres choses à faire.

Ian allait répliquer, mais je m'allongeai sur le toit, interrompant les deux.
- Comme quoi ?

Ian me jeta un regard étonné, tandis que Léa leva son regard vers l'horizon.
- Le monde est grand. Tu peux partir à l'aventure, l'explorer dans tous ses recoins...
- OU continuer à explorer Yarthiss. coupa Ian, faisant l'accent sur le « ou » .

- ... partir trouver l'amour et fonder une famille...
- OU rester avec sa grande famille de Yarthiss.

- ... s'entraîner pour s'engager dans l'armée et combattre Oaxaca...
- OU s'entraîner et s'engager pour les enfants de Yarthiss et combattre la famine.

Au fur et à mesure que les deux alternaient leurs propositions, leur regard se fixait sur l'autre, et ils se rapprochaient, se défiant du regard aussi bien que du corps.

Avant qu'il n'y ait eu de blessé, un nouvel arrivant grimpa sur le toit. C'était un jeune adulte aux cheveux blond-pâle tombant sur ses épaules. On le regarda tous les trois sans comprendre.

- Bonjour !
- Euuuh... salut.
- Je m'appelle David.
Je ne connaissais pas de David. Je voulus aller chercher du soutien chez les deux autres, mais ils avaient disparu. Je tournai mon regard vers David, qui finissait de grimper sur le toit.

- Tu viens faire quoi, ici, David ?
- Je ne pouvais m'empêcher de vous entendre parler, dans ce silence nocturne, et j'ai cru comprendre que vous ne saviez pas quoi faire de votre vie.

(Oh, zut. Parlé trop fort.)

Je me rassis, puis haussai les sourcils et les épaules.
- Et ?

David sourit.
- Si je te proposais de travailler pour moi, tu penses que ça t'aiderait ?
- Ça dépend. C'est quoi le travail ?
- S'amuser.

Je sourit.
- Je peux faire ça, ouais.

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Une voix me tira à la réalité.

- Me voilà !

Je levai les yeux sur une Hilna souriante qui avait presque l'air de sautiller de joie.

- Te voilà en effet. T'as gagné à la lotterie ?

- Presque. lâcha Hilna avec un clin d'oeil avant de se retourner pour regarder les deux garçons que je venais de quitter.

Je remarquai que les deux garçons regardaient aussi dans notre direction. Sur les deux, Marc détourna le regard en voyant que je regardais vers eux, et Luc sourit à Hilna.

(Oooh.)
- Luc a accepté de s'asseoir à côté de moi ce soir !
(Gné ?)
Avec un sourire comme ça je m'attendais à des fiançailles, un rendez-vous, quelque chose d'un peu mieux que ... « s'asseoir à côté » .

- Comment ça ?
Hilna secoua la tête et me regarda.
- Pardon, tu dis ?

(Perdue en deux secondes ? Vraiment ?)
Je répétai : S'asseoir ensemble, c'est à ce point une bonne nouvelle ?

Hilna ferma les yeux en signe de compréhension.
- C'est vrai, t'es nouvelle. Tous les soirs, Borith nous rassemble autour d'un feu pour nous raconter une histoire. À ce moment là, tout le monde est généralement concentré sur Borith. Ça veut dire que personne remarque les petits gestes qui peuvent se gliss...
- J'ai compris.

J'avais pas besoin de plus de détails sur ce que « s'asseoir à côté » voulait dire.
- C'est bon, pas besoin de m'en dire plus. Du coup, contente pour toi. On peut s'y mettre, maintenant ?

Hilna parut d'abord un peu brusquée que je l'ai interrompue aussi abruptement, mais a vite compris que j'avais d'autres priorités que de l'imaginer se frotter à l'autre brunet.
- Ouaip ! On peut s'y mettre !

Et nous passâmes un bon moment ensemble. Elle me montrait des mouvements simples, j'essayais de les reproduire, j'échouais, elle m'indiquait comment corriger, j'échouais encore, elle venait forcer ma pose et mon mouvement en venant toucher mon corps, et petit à petit j'y arrivais. Un peu.

À chaque fois qu'Hilna venait se coller à moi pour que je puisse au mieux copier sa pose et sentir son mouvement, ce qui était nécessaire pour certains mouvements de bassin que je n'arrivais pas à saisir de moi-même, on regardait Luc et Marc, qui avaient l'air de baver à notre vue. Le fait de les regarder devait les rendre fous. Ils détournaient le regard à chaque fois, ça les gênait. Évidemment. Ils savaient qu'on le faisait exprès. Enfin, Hilna le faisait pour rendre Luc jaloux, ou l'exciter, je ne savais pas. Moi, je le faisais parce que j'appréciais. Et parce que le visage de Marc à ce moment-là était drôle à voir.

Quand vint l'heure de déjeuner, je commençais à suer. Avais-je fait autant d'efforts avec Hilna, ou était-ce une réaction de mon corps au sien ? Dans tous les cas, j'avais la peau qui commençait à luire légèrement, et l'estomac qui grondait. Il était temps d'arrêter.

J'avais fait des progrès. J'étais contente d'avoir pu me faire de Hilna une amie et un maître. Mine de rien, elle m'a aidé à saisir ce qu'on attendait de moi dans certains cas.

Et c'était l'heure de manger.



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Dernière édition par Iedra le Lun 30 Mar 2015 08:10, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Chapitre 3 | Alinea 8 | Repas entre amies
MessagePosté: Lun 30 Mar 2015 08:10 
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(((Chapitre 3 | Alinea 7)))


Ayant été débusquée la veille au soir à l'inopiné, je n'avais rien pu préparer pour manger. Ceci dit, je n'avais jamais rien préparé pour manger. J'avais toujours été prendre ce que je voulais sur les étals. Aujourd'hui était une grande première. Sous beaucoup d'aspects, en fait.

Je suivis donc Hilna, sans vraiment savoir comment ça allait se passer. En arrivant auprès de la masse du groupe au centre du camp, je remarquai que certains avaient le regard tourné vers le Chêne. Sur la branche basse était assis Borith, qui se leva et parla à tout le monde.

- C'est l'heure, Peuple, de manger ! héla-t-il à l'assemblée. Je veux une file bien alignée, pas de fouillis, que ça aille vite ! Une ration chacun et c'est tout, d'ac ?

Rapidement, les gens commencèrent à s'aligner avec discipline en une file humaine, chacun humblement laissant la place à ceux qui décidaient d'arriver juste avant eux. C'était comme avec la Bande, la famine, et donc la précipitation, en moins. Hilna et moi nous glissions donc vers la fin de la file, juste derrière Lyanda et un rouquin qui ne regardait pas derrière lui et dont je ne pus voir le visage. Basth, Ghiny et David arrivèrent juste derrière nous.

- Alors, les filles, vous avez bien bossé ?

Basth s’enquit auprès de nous à propos de mes progrès du matin. Je me retournai et lui confirma au moins mes efforts.
- Je commence à saisir certains trucs.
- T'inquiète pas, Papa. Avant la fin de la journée, ce sera une pro ! Bouger son bassin n'aura aucun secret pour elle !

Basth et moi éclatèrent de rire en même temps, laissant Hilna dans la perplexité de son sous-entendu involontaire. Elle comprit au bout d'un moment, et rit à son tour. Ghiny et David qui discutaient derrière Basth se demandèrent ce qui se passait, et s'incrustèrent dans la conversation.

Ainsi, nous attendîmes jusqu'à être servis, discutant des matinées de chacun. Tandis que j'avais collé mes fesses aux cuisses de Hilna, Ghiny avait commencé à réfléchir à la chorégraphie avec Basth. Hilna semblait un peu tendue alors que Ghiny mentionnait qu'elle ne voulait pas trop parler pour éviter de gâcher la surprise du lendemain. David brisait la glace en parlant de ce que lui avait fait, qui était essayer de parler aux gens sur la route de l’événement à venir. Il nous raconta entre autre qu'un couple en calèche a demandé à leur cocher de lui cracher dessus. L'anecdote nous fit tous rire, mais chacun savait que derrière se cachait un problème dont personne n'osait parler.

On approchait du Chêne. Borith était toujours sur la branche au dessus de nous, et sous lui je devinais deux hommes, qui ne m'avaient pas encore été présentés, devant une table montée rapidement sur laquelle était posés plusieurs caisses remplies de bout de pain et de fruits. Quand il n'y eut que Lyanda et Hilna devant moi, je pus les voir mieux.

Sur la gauche se tenait un jeune gars assez frêle, avec des cheveux bruns frisés qui lui arrivaient sur les joues. Ses yeux verts avaient l'air d'être perdus dans le vide alors qu'il prenait un bout de pain et le tendait à ceux qui se présentaient devant. Je remarquai la marque de brûlure en forme de serpent qu'il avait sur le dos de la main et fis une petite grimace. Derrière moi, Basth remarqua ma réaction et me chuchota à l'oreille :
- Patrik était esclave avant. On l'a récupéré il y a trois mois, il savait à peine parler. Évite les remarques, ou même les grimaces, sur sa marque ou son silence.
Je fis ce que je pus pour rectifier l'expression de mon visage.
(Un esclave ? Carrément... Je suppose que chacun a son passé sombre ici. Le sien l'a bien amoché.)

L'autre, à droite, était un grand type avec des cheveux blonds courts et des yeux bleus. Un peu tout le contraire de son collègue, il avait en plus de ça une moustache épaisse et un grand sourire. Lui prenait des fruits et les tendait aux clients.

Hilna prit son pain et son fruit puis s'écarta. Je m'avançai alors, Patrik et le grand blond me tendirent leur nourriture, je pris le bout de pain dans la main gauche et le fruit dans la droite.

- Merci messieurs ! dis-je avec un grand sourire.

Le grand type me sourit en retour.

- De rien, Mam'zelle Cul-Nu, mais traîne pas, faut qu'on serve tout le monde.

(Mam'zelle quoi ?)

Mademoiselle cul-nu, était-ce mon nouveau surnom ici ?

Hilna éclata de rire à côté de moi tandis que je quittais la file pour la rejoindre. Elle se retourna et commença à marcher pour rejoindre ses amies, et je la suivis. Apparemment, nous allions manger avec les premières danseuses que j'ai rencontrées ici et qui m'avaient parues des plus désagréables.
(Bh... pourquoi pas, après tout ?)

Les filles étaient au nombre de quatre. Anna, Isla, Lyse, et Émilie. Anna et Lyse étaient sœurs jumelles, elles étaient blondes, mais un blond plus chaleureux que le mien, qui était assez pâle, différence qui fut le sujet de conversation pendant au moins cinq minutes. Quand-même. Isla était brune, et avait un humour assez particulier, relativement morbide s'il fallait le décrire. Émilie était une autre blonde, elle était resté plutôt silencieuse. Je la suspectais d'être simplement timide, elle ne me connaissait pas.

Le repas s'était bien passé, à part les sujets de conversation assez étranges. J'ai ri, j'ai passé un bon temps, et c'était agréable. J'appréciais ces gens. Peut-être valait-il le coup de rester et voyager avec eux...



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 Sujet du message: Chapitre 3 | Alinea 8 | Après-midi sans répit
MessagePosté: Mar 7 Avr 2015 15:49 
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(((Chapitre 3 | Alinea 8)))


Après le repas, nous avions décidé de rester toutes les six et de continuer mon entraînement. Après tout, le lendemain je devais avoir un niveau suffisant pour comprendre une chorégraphie, ça ne se faisait pas en deux heures.

Avant de partir travailler, Hilna avait demandé à Georges si elle pouvait lui emprunter un de ses petits tonneaux, puis était revenue avec l'un d'entre eux. Je n'étais pas tout à fait sûre de comprendre pourquoi elle en avait besoin, mais je ne posai pas la question.

Nous nous éloignâmes donc de l'épicentre, et allâmes trouver un morceau de terrain où travailler. Hilna avait naturellement pris les commandes et nous demanda de nous placer « en quinconce ». Il s'agissait apparemment d'un carré de quatre personnes et la cinquième au milieu. J'étais contente d'apprendre de nouveaux mots même après une quarantaine d'années. De façon relativement désorganisée, nous nous plaçâmes. Je me retrouvai dans le coin droit du fond ; à ma gauche il y avait Anna, devant moi Émilie. Le dernier coin fut pris par Lyse, et c'était Isla qui prit le centre.

Après s'être placées, Hilna nous a demandé de commencer par un « petit échauffement ».

- Vous allez devoir changer de position. commença-t-elle, avant de pointer Lyse du doigt. Position un !
Hilna désigna ainsi les positions de la formation avec des numéros. Le coin « avant-gauche », où Lyse était, était le numéro un ; le numéro deux était au centre, le trois à l'avant droite, ma position en quatre et là où était Anna en cinq.
- Vous opérerez par rotation. Quatre temps en stationnaire, quatre temps de déplacement. Pendant les temps de station, je vais vous donner un numéro, et la danseuse qui occupera la position correspondante à ce moment aura comme cible de prochain déplacement la position deux. Ça veut aussi dire que la danseuse au deux devra se déplacer jusqu'à la position naturelle suivant celle dont j'ai donné le numéro, et le reste fera une rotation dans le même sens.

J'ingurgitai des informations sans vraiment les comprendre. Je vis Isla commencer à lever la main, mais Hilna continua.

- Par exemple : si je vous dis quatre, alors au prochain déplacement, Iedra ira à la place d'Isla, Isla ira à la place d'Anna, Anna vers Lyse, Lyse vers Émilie, et Émilie vers Iedra.
Et tout de suite ce fut beaucoup plus clair pour moi.
- Vous êtes prêtes ?

Lorsque nous acquiesçâmes toutes, Hilna commença à taper sur son tonneau. Je comptai : un, deux, ...
- TROIS !
(Trois ? C'est Emilie, ça. Ça veut dire que moi, je vais vers Anna ?)
... trois, quatre !

Je me mis à marcher vers Anna. Je vis toutes les autres marcher dans le même sens de rotation que moi, j'étais contente d'avoir saisi.
Un.. Deux.. Trois... Quatre !
Je m'arrêtai là où Anna était quatre coups plus tôt. Et maintenant, attendre.

- UN !
(Un, c'était ... devant moi ?)

J'attendis les quatre coups, puis je m'avançai, sur les quatre coups suivants, jusqu'à l'ancien emplacement de Lyse, où était maintenant Anna.
(Un, Deux, Trois, Quatre !)

Et ainsi de suite, Hilna tapait sur son bidule, et nous nous marchions. L'exercice n'était pas tant dans la détermination de savoir qui devait aller où, mais en fait de synchroniser les déplacements. Pour que ce soit joli à voir - car après tout, c'était de la danse - il fallait que nous faisions nos pas en même temps, que nous ayons la même démarche.

Rapidement je compris que caler chaque pas sur les coups du tambour était ce qu'il fallait faire. Le rythme de Hilna rentrait de plus en plus, et finalement je me retrouvais à marcher en carré, Hilna n'appelait jamais la position sur laquelle j'étais. Était-ce par sympathie pour une nouvelle, ou la conséquence de son choix prédéterminé de séquence ? Je ne le savais pas, et ça m'importait peu. Anna aussi était toujours devant moi, de toute manière. Mes yeux se perdirent d'ailleurs souvent dans la cascade d'or coulant sur son dos.

Le reste de l'après-midi, nous travaillâmes ainsi, enchaînant exercice sur exercice. Quand je demandai un peu de répit, Hilna me dit : Une fois sur la scène tu pourras pas te reposer, autant t'y habituer maintenant.

Puis vint le soir, et là ce fut magique.



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 Sujet du message: Chapitre 3 | Alinea 10 | Le soleil tombe
MessagePosté: Mer 8 Avr 2015 15:17 
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(((Chapitre 3 | Alinea 9)))


Ce soir-là commença par l'arrivée de Luc, qui dès son arrivée fit signe à Hilna. Marc était là aussi, mais lui n'était pas aussi confiant et ne savait même pas où mettre ses yeux.

Hilna remarqua Luc et arrêta de taper sur son tonneau.
- C'est l'heure ?

- Exact. Je me disais qu'on pourrait faire la queue pour manger ensemble, aussi.
(MANGER !)

J'avais faim ! Je n'avais pas mangé depuis la mi-journée et le soleil commençait déjà à se cacher derrière les arbres. J'étais rassurée d'entendre que je n'aurais pas à retourner à Yarthiss chaparder des boulangers fermés.

(J'espère que les autres vont bien...)
J'avais laissé David m'approcher la nuit dernière pour me raconter son histoire de ma vie, mais au final je n'avais prévenu personne que je partais.
(Oh mon dieu il faut que j'y retourne !)
Je commençai à stresser. Puis Isla me sortit de mes inquiétudes.

- Eh Luc !
Luc regarda vers Isla le sourcil levé.
- Ménage-la, elle doit pouvoir tenir debout demain !

Hilna ramassa le caillou le plus près de ses pieds et le jeta à Isla, qui gloussait. Luc aussi, gloussait. Hilna aussi, et les deux jumelles. En fait, tout le monde riait, c'était agréable. Tout le monde sauf Marc... et Émilie. Je l'avais presque oubliée.

Je remarquai qu'elle regardait Marc avec un léger sourire. Marc de son côté regardait ses pieds. Quand Émilie a vu que je la regardai, elle soutint mon regard en m'affichant un grand sourire forcé. J'avais l'impression d'entrer dans un champ de bataille. Ces gens avaient entre eux des relations que je ne comprenais encore pas, et arriver ainsi au beau milieu du désert de guerre, c'était légèrement dangereux pour moi. Mieux valait rester loin de tout le monde, en fait. J'avais envie d'embêter encore Marc comme ce matin, mais peut-être valait-il mieux de le laisser tranquille...

Nous allâmes donc tous faire la queue, alors que Borith, toujours de sa branche, commençait à ameuter les gens par le même discours qu'au déjeuner.

Hilna s'était appairée avec Luc, donc j'étais seule avec les filles, plus Marc. Anna et Lyse étaient en train de se tresser mutuellement les cheveux, Marc et Émilie étaient silencieux, et Isla regardait Borith avec un œil fermé.

- Qu'est-ce que t'as ? lui demandai-je.
Isla ouvrit son œil et ferma l'autre.
- Si tu fermes un œil suffisamment longtemps, t'auras l'impression de voir une peinture.

Je regardai Borith. Le bonhomme était perché sur sa branche, avec des cheveux aussi broussailleux qu'un buisson, son nez ressemblait plus à un furoncle qu'à autre chose, ses dents n'étaient pas des mieux soignées, sa tunique avait une manche plus courte que l'autre, de même pour sa culotte, et ses pieds semblaient difformes. Ce n'était pas la meilleure des vues.

- T'es sûre que tu veux voir ça en peinture ? demandai-je à Isla, en essayant le plus possible de ne pas sonner dégoûtée.

Isla me regarda et sourit. Ses yeux avaient l'air de deux trous noirs dans son visage, mais un petit peu de lumière pu s'y installer pour les faire briller. Elle écarta la mèche qui venait de s'installer sur son front, et me dit :
- C'est la seule chose que je voudrais voir immortalisée.

Immortel.
Voilà bien quelque chose d'effrayant. L'immortalité. J'étais à Yarthiss depuis vingt ans, j'ai vécu vingt ans dans une ferme avant ça, et cette fille, à l'évidence humaine, devait avoir moins de vingt ans. J'étais même sûrement plus vieille que le Borith, là-haut. L'immortalité, c'était bien quelque chose dont les humains pourraient profiter.

J'avais rencontré Léa quand j'avais vingt ans. Elle devait en avoir douze. Dix ans plus tard, j'avais à peine grandi, et elle était adulte. Je la revoyais encore toute contente d'avoir des seins, et pester contre ses saignements. Je regardai ma poitrine. C'était assez loin de ce qu'on appelait un corps d'adulte... mais au moins je n'étais plus une enfant.

- Tu vas voir, les soirées de Borith sont vraiment sympathiques.
(Les soirées de Borith ?)

Isla me tira de ma contemplation pour me ramener à la réalité, une deuxième fois. Nous étions proche de la distribution. Les mêmes cages de fruits et de pain. C'était le luxe, ici !

Alors que Patrik me donnait mon pain et le gros monsieur à moustache mon fruit, je remarquai que tout le monde s'installait autour en gardant l’œil sur Borith.
(Il se passe quoi, là ?)
Ça sentait l'événement nocturne. C'était comme s'il y avait un spect... OH ! Hilna avait effectivement mentionné que Borith racontait des histoires le soir.

Je pris ma nourriture, et, ne savant pas où aller, regardai Isla en quête de soutien. Elle récupéra sa part rapidement, et arriva en me disant que les gens préféraient s'installer seuls pendant ces soirées-là, être à deux étant souvent vu comme une déclaration d'accouplement. Bon. Tant pis pour le soutien. J'essayai de trouver un emplacement où je n'empiétais sur personne.

Je déambulai au milieu du groupe, certains me regardaient passer, certains autres étaient allongés et regardaient le ciel s'assombrir, d'autres avaient les yeux rivés sur d'autres gens. Je passai devant Hilna qui ne me remarqua pas tant elle était hagarde devant son Luc. C'en était presque dégoûtant. Finalement, je m'installai tout au fond, assise dans le premier arbre que je trouvai à l'autre bout de la clairière.

Quand tout le monde fut servi, on rangea les caisses et les tables, et la lumière du soleil disparut de la clairière. On n'y voyait alors presque plus rien. Les chuchotements s'estompèrent, et le silence tomba.

Puis une bougie s'alluma.



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 Sujet du message: Chapitre 3 | Alinea 11 | Et le Dragon s'envole
MessagePosté: Mer 8 Avr 2015 18:05 
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(((Chapitre 3 | Alinea 10)))


À la faible lueur d'une unique bougie, je pouvais voir le visage de Borith apaisé, presque endormi.


- À l'aube des temps, chuchota-t-il, alors que les pieds des dieux et des déesses foulaient encore le sol de Yuimen, se commit le crime le plus important de l'histoire des histoires.

Borith ouvrit les yeux, et deux autres bougies s'allumèrent de chaque côté de son visage, éclairant un peu plus l'arbre dans lequel il était.

- Phaïtos vola les enfers à Meno ! Oh, le dieu ardent ne lui en tint pas compte. À dire vrai, aucun dieu, aucune déesse, ne tenait aucun compte à Phaïtos. Toutes les représailles, tous les blâmes, tous les doigts pointés étaient dirigés vers Thimoros, son frère, dieu de la Guerre. Phaïtos était jaloux. Phaïtos était ignoré. Phaïtos voulait qu'on le remarque, qu'on le blâme, qu'on lui en veuille pour ses actes. Phaïtos incarna ses désirs en la créature instrument de sa mort. Il assembla en secret toutes les créatures dangereuses qu'il avait sous la main, mêlant le serpent à la chauve-souris, le Drakarn au Léviathan, le scorpion à l'araignée, pour créer le monstre qui devra porter la mort sous la lumière de Gaïa ! Il forgea des écailles d'obsidienne, des griffes d'airain, des crocs d'un métal magique plus dur que le plus dur des métaux et plus chaud que le plus chaud des feux, pour finaliser la pire horreur, innommable abomination que le monde ait jamais connu ! Mais la chose était encore un simple amas de chair et de métal, aussi inoffensive qu'une chaise de salon. Jusqu'à ce que Phaïtos exhale sur elle son Souffle. Son Souffle de Mort, animant la bête. Alors, un oeil vitreux s'ouvrit, fenêtre sur l'oubli, et le monde trembla au plus profond de son cœur !

Borith sauta sur la branche du dessus et les bougies du bas s'éteignirent.

- « Va ! Porte ma volonté aux confins du monde ! Vole ! Que la mort sous tes ailes soit rapide et immonde ! »

De nombreuses bougies s'allumèrent autour de Borith, qui s'avança d'un coup, me faisant presque tomber de ma branche tant j'ai sursauté.
- Le Dragon Noir... s'envola. Il assombrissait le ciel de ses gigantesques ailes, sa venue était plus violente qu'une tempête tournoyante. C'était le Feu, c'était la Destruction, c'était ... la Mort. Fut-ce ses crocs, fut-ce ses griffes, fut-ce mille autres choses, il apportait la mort, car il était conçu pour pouvoir donner cent et cent morts différentes. Son souffle mortuaire était celui de son créateur, tuant sans délai, sans souffrance et sans peine.

Borith exhala vers son public un souffle lent, qui prit feu sous mes yeux.
(Pardon ?)
J'étais inquiète. Borith était-il un mage, ou la saison chaude devenait vraiment chaude ? À en juger par les réactions amusées du reste du public, j'en conclus que s'inquiéter n'était pas le comportement à avoir, mais tout-de-même, c'était surprenant. Borith continua malgré tout.

- Les Dieux se rassemblèrent, seigneurs des éléments et maîtres des destinées, pour disserter de la source de ce fléau qui s'abattait sur leurs terres et comment l'arrêter. Yuimen parla en ces mots : « Nul ne vit plus grand fléau depuis l'origine des temps ! Tristesse c'est pour moi de voir le monde ainsi lésé, pourtant encore si jeune ! Les lances des mortels se brisent sans effet, les épées ne peuvent percer les écailles du monstre. »

Borith redescendit d'une branche, rallumant les bougies qui s'étaient éteintes.

- Et comme toujours, les regards et les blâmes se tournèrent vers Thimoros. Qui d'autre que le Scorpion pouvait provoquer pareille désolation ? Mais le Sombre Guerrier répondit. « Mes frères ! » dit-il. « Bien que ce spectacle m'emplisse de joie, je n'en suis pas la cause. Mais je sais que parole de ma part ne vous convaincra pas, aussi je chercherai moi-même la source de tout cela. » Ainsi, le destructeur du monde voyagea.

Borith se mit à bondir dans l'arbre, de branche en branche, tout en continuant son récit, allumant des bougies sur son passage.

- D'est en ouest, d'ouest en est, marchant et questionnant, il quêta jusqu'à arriver... raconta Borith avant de s'arrêter lui-même sur la branche du haut au milieu de la myriade de bougies. ... dans un petit village littoral dont les habitants étaient mi-hommes, mi-poissons, et se vantaient d'en savoir plus que quiconque sur le Dragon, mais refusaient de délivrer leur secret. Thimoros prit sa lame et passa la moitié des manants avant qu'arrive Moura qui l’interpella.
Borith monta tout en haut de l'arbre et tendit la main vers nous, interprétant du mieux qu'il put la déesse des océans.
- « Mon frère ! Cesse donc de tuer mes enfants, ou ma force montera jusqu'au ciel pour te balayer en une vague vengeresse. » Ce à quoi Thimoros répondit simplement : « Tes enfants me barrent la route, je fais simplement du ménage. Je dois savoir ce qu'il en est du Dragon, et tes engeances têtues refusent de m'en dire ! »

Le conteur redescendit sur la branche basse et s'avança au plus près qu'il put du public pour continuer à voix basse.

- Les propos du Destructeur retinrent l'attention de la furieuse aqueuse. La bête, ayant en lui l'essence des anciens léviathans, fendait les flots. Moura était lasse ; ce monstre la narguait : ses plus grands assauts ne pouvaient le réduire, et quand il s'affaiblissait ne serait-ce qu'un peu, il partait se réfugier dans les airs. Moura en était lasse. Elle demanda aux hommes-poisson de révéler ce qu'ils savaient. Ainsi Thimoros apprit que le Dragon venait d'une caverne située sur une île au delà de l'horizon. Les deux dieux embarquèrent donc en mer, guidés par les poissons, pour débarquer sur l'île, que Thimoros semblait reconnaître comme étant la demeure de son macabre frère.

Borith rebondit sur la branche haute pour continuer d'une voix plus vive.

- La Reine des Flots ne pouvait pas continuer la route, car elle quittait la mer et s'enfonçait en terre. Aussi le Ravageur continua seul, et entra dans la demeure de Phaïtos, son frère. « Béni soit ce jour, comme tous ceux qui voient notre rencontre, mon frère ! » clama-t-il en arrivant. « Holà holà ? Que t'amène donc si loin des champs de batailles, l'ami ? » l'accueillit le Gardien des Enfers. « Une bien sombre affaire, pour parler vrai. Un horrible monstre, lézard ailé, serpent géant, souffleur de mort mais jamais mort lui-même, qui ravage la surface des terres de Yuimen, et on dit que c'est moi qui aurait accompli le haut-fait de lâcher cette bête sur le monde ! »

Borith bondit encore plus haut, au sommet de l'arbre, levant les mains au ciel. Des mains enflammées. Il gronda, la gueule en flammes :

- « FOUTAISES ! CE MONSTRE EST MA CRÉATION ! IL EST MA CHAIR, MON SANG, MON ÊTRE ! NUL NE PEUT L'ARRÊTER ! »

Borith cracha encore du feu, puis tout s'éteignit. La voix de Borith se fit entendre, calme et posée.

- À l'entente de ces mots, Thimoros sut sa quête terminée, et tenta une esquive rapide, remerciant son frère de l'avoir disculpé.

Toutes les bougies de l'arbre s'allumèrent, et Borith apparut sur la branche basse. Il reprit avec beaucoup d'énergie.

- Mais le Roi des Enfers n'était pas dupe ! Bien que tardivement, il réalisa son erreur et convoqua ses bêtes, horreurs des souterrains, chimères monstrueuses, pour retenir le dieu scorpion dans son domaine ! Le combat fit rage !

La lumière des bougies s'intensifia de part et d'autre de l'arbre tandis que Borith continuait son récit :

- Le Guerrier Sombre eut un combat fort rude, bravant sa lame contre les mille et un dangers qui lui sautaient dessus, et s'il parvint à sortir de la caverne jusque sur la berge en en pourfendant un grand nombre, il paraissait incertain qu'il parvienne à embarquer sous la pression incessante des milliers d'ennemis. Arriva Moura, Régente sur les Flots, dont les vagues se soulevèrent pour secourir son frère. La bataille fut grande, eaux contre pourritures, mais la puissance de la Dame Bleue fit succomber les monstres infernaux qui finalement reculèrent.

Après s'être affolées de partout, les lumières s'éteignirent encore une fois, sauf une simple bougie, la même qu'au départ, et Borith conclut.

- Ainsi s'échappèrent le Guerrier Noir à la Lame Invincible et Celle qui Règne sur les Coraux Acérés, qui revinrent au Siège des Dieux pour narrer le mystère du Dragon.

Borith souffla sur la bougie, qui s'éteignit sans un bruit. Le silence perdura, puis quelqu'un tapa dans ses mains. Et tout le monde se mit à taper des mains. Moi, j'étais là, à ne pas trop savoir quoi penser. Si Phaïtos voulait qu'on le remarque, pourquoi voulait-il garder le secret qu'il avait créé le dragon ? Je restai là, sans trop comprendre. Puis je haussai les épaules.
(C'était joli à voir, c'est le principal.)


(((La légende de Borith vient d'ici)))

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 Sujet du message: Chapitre 3 | Alinea 12 | La Chute
MessagePosté: Lun 4 Mai 2015 00:52 
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(((Chapitre 3 | Alinea 11)))


Le spectacle était terminé. La populace se dispersa doucement sans beaucoup de bruit, chacun se dirigeant vers une couchette. La nuit était tombée, et il fallait se coucher. J'étais bien, dans mon arbre, je pouvais rester là. Je n'avais pas besoin d'une couchette préparée pour reposer mon esprit.

Je restai donc dans mon arbre, bien perchée. Je fis signe à Isla et Hilna quand elles me secouèrent la main de loin, puis fermai les yeux.

Alors que les ténèbres recouvraient le monde, le silence remplaça la musique de la nuit, et doucement, ma respiration ralentit. Puis, une voix s'éleva doucement du silence.

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(Ils sont gentils.)
J'ouvris les yeux sur le visage souriant de Léa, qui me regardait tendrement. Je souris également.
(Oui. Ils sont gentils. Mais est-ce que je peux quitter les autres comme ça ?)
Léa, de sa main douce, caressa ma joue.
(Les autres sauront se débrouiller. On y arrivait bien avant que tu t'échoues à Yarthiss, ils peuvent y arriver après ton départ.)

Léa se redressa, et regarda le ciel nocturne empli d'étoiles. Je réalisai alors que nous étions sur un des toits de Yarthiss. Le toit sur lequel on avait regardé ce ciel ensemble pour la dernière fois. Je voulais regarder les étoiles aussi, mais mes yeux préféraient voyager sur le visage de Léa, dont je ne voyais que la joue et l'oreille. La dernière fois que je l'avais vue, Léa était adulte, mais maintenant elle avait l'apparence d'une jeune adolescente, comme à notre première rencontre.

(La vraie question, c'est : « Est-ce que toi, tu vas te débrouiller ? »)
Léa était sérieuse. Elle s'inquiétait vraiment pour moi.
(J'ai fait des progrès, aujourd'hui.)
Léa pouffa. (Je te parle pas de danse, Ied.)
(Ah ?)

Léa me regarda.
(Qu'est-ce que tu vas devenir ? Tu aurais pu rester à Yarthiss, à survivre encore et toujours. Pourquoi être partie ? Qu'est-ce que tu vas faire ? Qu'est ce que tu comptes faire ?)

Léa se leva et me tendit la main. J'étais prise de court, j'eus du mal à réagir.
(Lève-toi.)
Je clignai des yeux, puis attrapai sa main, qu'elle tira pour me mettre sur pieds.

Je vis alors que je n'étais pas à Yarthiss. Autour de nous, il n'y avait pas l'habituel lac de toits, nous étions au milieu d'un océan de nuages. Léa me mena au bord du toit sur lequel on était, et d'un geste du bras, désigna l'immense étendue de nuages devant nous.
(Qu'est-ce que tu vois ?)
(Des nuages.)

Léa secoua la tête.
(Qu'est-ce que tu vois ?)
(Euh ? Des nuages, non ?)

Léa insista.
(Qu'est-ce que tu vois ?)
(Rien, des nuages !)

Léa sourit.
(Tu ne vois rien ?)
(Je vois des nuages. Qu'est-ce que toi, tu vois ?)

Léa secoua la tête encore une fois.
(Ça ne marche pas comme ça. Qu'est-ce que tu vois ?)
(Je t'ai dit ! Je vois des nuages !)
(Tu regardes des nuages. Je te demande ce que tu vois.)
J'écarquillai les yeux.
(Quoi ?)

Léa fit un large geste englobant les nuages devant nous.
(Ceci, ma chère, est ton Monde.)
(Pardon ?)
(Il y a tant à voir, et pourtant tu ne vois que des nuages.)
Je comprenais ce que disait Léa de moins en moins.

(Qu'est ce que tu veux dire ?)

Léa soupira. Elle me regarda avec des yeux fatigués. Elle était maintenant adulte.
(Où est-ce qu'on est, Iedra ?)
(Je sais pas, dans le ciel ?)
(D'accord, je me suis mal exprimée. Où est-ce que tu es, Iedra ?)

Je regardai autour de moi. Il n'y avait plus de nuages. J'étais à Yarthiss, sur le même toit que tout à l'heure.
(Yarthiss. Je suis à Yarthiss.)

(Et moi, je suis ?)
Je regardai Lé.. non. Elle n'était plus là. Je la cherchai du regard, elle n'était plus là. Elle n'était plus sur le toit, elle n'était pas sur un autre toit. Je regardai dans le ciel, elle n'était nulle part.

Je réalisai alors. Léa n'était pas à Yarthiss.
(Ailleurs. Tu es... ailleurs.)

(Exactement. Je ne suis pas là. Je ne suis pas là où tu es, Iedra, donc tu ne me vois pas.)

Une main se posa sur mon épaule, et je fis volte-face. Léa était devant moi.
(Maintenant, je te repose la question : qu'est-ce que tu vois ?)
Léa se décala et m'offrit la vision la plus étouffante que j'ai jamais eue.

Devant moi s'étendait une immense étendue de terre, recouverte de milliers, ou plutôt de millions d'êtres vivants. Il y avait des hommes, des elfes, des garzoks, des lutins, des loups, des arbres de tous types, des petites bestioles et des grandes bêtes. Et ça s'étendait jusqu'à l'horizon. Il y avait aussi des maisons, des montagnes, des océans, des bateaux...
(Je vois le monde.)

Léa sourit et hocha la tête.
(Tu vois ton monde.)

Je restai accrochée à la vue que j'avais devant moi.
(Et maintenant quoi ?) demandai-je à Léa.

(Maintenant, tu plonges dedans !)
(Quoi ?)

Deux contacts dans le dos, et je me sentis poussée dans le vide devant moi. Je tombais alors du ciel vers le sol, à grande vitesse, en tournoyant. Ma vue ne pouvait comprendre ce qui se passait. Je voyais flou, du vert, du noir, du bleu, les couleurs s'enchaînaient sans avoir de sens. Le vent sifflait dans mes oreilles.

Puis une voix jaillit du chaos. Elle ne parlait pas, elle chantait. Dans une langue que je ne connaissais pas.

I foraoise d'aois, bhí cónaí i bhfad ó shin,
Níl ach an Raça álainn arna nglacadh ag mic tíre.
Bhí sí ina áilleacht fhiáin, ach bhí craiceann liath.
Bhí sí ar ár ndaoine, ach dúirt go mbeadh sí mac tíre.


Ce n'était pas Léa. C'était une voix familière, mais je ne la reconnaissais pas...

Elle continuait à chanter.

Ní raibh sí ag labhairt, ach grunted.
Wild, Raça álainn a ghlac mic tíre.
Gach imigh os a comhair, agus a mic tíre.
Ach chonaic Kalim a bhean chéile agus ní raibh a fhios aici.


Sa voix était belle. J'avais envie de chanter avec elle, j'avais envie de faire partie de cette beauté. Tandis qu'elle chantait, le chaos se calmait, et je pus voir le toit duquel Léa m'avait poussée s'éloigner de plus en plus.

Sur le même air, toujours, elle reprenait :

Chonaic sé í agus ar a dtugtar Eresse, solitude.
Níl ach an Raça álainn arna nglacadh ag mic tíre.
Theastaigh sé a grá di, ach theastaigh uaithi chun fiach.
Bhí sé brónach go dtí an pointe ag fáil bháis.


Puis, alors qu'elle entamait son prochain couplet, je me mis à chanter avec elle, sans paroles, juste les sons. Je ne savais pas si elle m'entendait, je ne savais même pas d'où elle venait, mais je voulais avoir la sensation de chanter aussi bien.

San fhoraois d'aois, bhí sé a bheith páirteach
fiáin, Raça álainn a ghlac mic tíre.
Wept sé, despaired sé.
Ach ní raibh a chroí a athrú.

Bhí sé réidh le bás, chun athbhreithniú a dhéanamh,
ach amháin an Raça álainn arna nglacadh ag mic tíre.
Chun féachaint ar a aoibh gháire, bhí sé réidh chun bás,
Maraíodh le mic tíre a beloved.

D'fhág sé, ansin, lá amháin, a bhaint amach
Raça álainn Wild arna nglacadh ag mic tíre.
Chinn sé di le mic tíre.
I uaimh fuar.

Giotán isteach mic tíre, ach chonaic sé
Níl ach an Raça álainn arna nglacadh ag mic tíre.
Gaia Yuimen guí agus theastaigh uaidh
fanacht le mic tíre.

Chuala siad an taobh clé
le Raça álainn arna nglacadh ag mic tíre.
Casadh i mac tíre ag a bheidh,
D'fhéadfadh sé a fheiceáil a Mhuire.

Dá bhrí sin, le haghaidh an grá
ach amháin an Raça álainn arna nglacadh ag mic tíre.
agus a companion, agus Gaia Yuimen
cruthaíodh an chéad Shaman.


À la fin de la chanson, je ne voyais plus du tout le toit de Léa. Je devais être très proche du

- Jolie voix.
*STOMP*

Je tombai sur un arbre, puis me retrouvai par terre.

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- Oulah désolée, je voulais pas te faire peur !

J'ouvris les yeux difficilement. Un peu de poussière avait voleté dans l'air suite à ma chute. Je crachai et toussai. À côté de moi, j'entendais Hilna piétiner.

- Ça va ? Je suis désolée.

Je me retournai douloureusement et je vis Léa me tendre une main. Non, c'était Hilna. Pourquoi avais-je vu Léa ? Je pris la main de Hilna, qui me releva et m'aida à me dépoussiérer.

- Je t'ai entendue chanter, j'ai cru que tu étais réveillée.

- Je suis semi-elfe, dormir c'est compliqué, chez moi.
- Je veux bien te croire. gloussa Hilna.

Je regardai Hilna, curieuse.
- Tu dis m'avoir entendue chanter ?

- Oui. J'avais commencé à chantonner dans mon coin, pensant que personne m'entendrait - à part mon père bien sûr - et tu as commencé à m'accompagner. C'était très joli, d'ailleurs.

Je levai un sourcil.
(J'ai vraiment chanté ? J'ai cru que c'était un rêve...)

- Oui, c'était très beau.

Je sursautai en entendant la voix de Basth s'élever de la pénombre. Il s'approcha de nous.
- Papa ?!
Hilna était surprise aussi. Si elle savait qu'il l'entendrait chanter, pourquoi était-elle surprise de le voir réagir ?

- Un timbre très agréable à l'oreille, qui d'ailleurs se marierait bien avec la guitare de Lyanda. Tu me donnes plus d'espoirs en tant que chanteuse qu'en tant que danseuse, pour être tout à fait honnête.

Ça me faisait très étrange d'être complimentée pour quelque chose dont je n'avais aucun réel souvenir...

Basth hocha la tête.
- Oui. Tu seras chanteuse. Et maintenant, il faut que je retravaille la chorégraphie ! Oooh, ça va être amusant !
Il ne sonnait pas très convaincu.

- Quoi ? Mais t'es pas obligé, elle peut toujours dans..
- Oui, elle pourrait toujours dandiner son bassin, mais si je peux avoir une chorégraphie plus intéressante et un jolie chant prêts, c'est mieux. Autant faire le mieux qu'on puisse offrir.

Il n'avait pas tort. Je n'étais pas bonne danseuse. Je n'étais pas sûre d'être bonne chanteuse, mais j'étais sûre de ne pas être une bonne danseuse.

Basth se rapprocha de moi, et mis ses deux mains sur mes épaules, puis dit d'un ton très solennel :
- C'est avec fierté et honneur que je te nomme Première Chanteuse de l'Histoire du Saule qui Pleure.

J'avais le sentiment d'avoir vraiment atteint un point de non-retour. J'avais plongé dans un monde que je ne connaissais pas. Ça promettait d'être une aventure intéressante.


(((La chanson d'Hilna vient d'ici)))

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Sam 11 Juil 2015 13:12 
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Renoncements
Le fleuve
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Porté par le courant et tenu en laisse par deux embarcations, le long et gigantesque serpent sinuait paisiblement sur le fleuve. Sur son dos, Ellébore, passagère clandestine de cet interminable radeau, se laissait bercer par ce dernier et plus encore par ses pensées, qui voguaient déjà vers de lointaines contrées, tandis qu'elle abandonnait derrière elle sa forêt natale.

Accaparée par son aventure naissante, l'Aldryde ne semblait pas le moins du monde se soucier de l'ampleur du drame qui se jouait sous sa petite personne. Tels des géants, ceux qui étaient il y a peu les fiers gardiens de la forêt gisaient désormais alignés et arrimés les uns aux autres comme autant de cadavres dérivant vers leur funeste destination : la scierie de Yarthiss.

La ville n'était guère éloignée, à vol d'oiseau cela n'aurait été qu'une simple promenade pour la jeune femme mais, en contemplant de plus près ses bagages, il aurait semblé évident à tout observateur que le choix de son mode de transport était des plus judicieux.

Prévoyante, l'empoisonneuse avait emporté une bonne partie de ses préparations, auxquelles venaient s'ajouter quelques cueillettes de dernière minute, mais aussi des épines, aiguillons et autres dards de toute sorte.
Dans un deuxième sac, tout aussi garni, s'entassaient des vêtements, tandis que le dernier, plus petit, accueillait quelques outils tels que sa serpette et autres coutelas.

Noyée dans le flot de rondins, nul ne pouvait remarquer la présence de cet hôte insignifiant qui, toutes proportions gardées, avait la taille d'un moucheron.

Imperturbable à sa présence, l'eau commença, sous l'effet de quelques courants profonds, à s'agiter de doux remous faisant chalouper l'assemblage. Imperceptiblement le mouvement s'accentua. Berçant le reptile sous sa houle, un léger clapotis rythma bientôt ses oscillations et l'ensemble sembla discrètement s'animer. Ramenées à la vie, les billes commencèrent à frémir comme si, en un dernier souffle, elles tentaient de résister à la pression toujours plus forte de l'eau qui, taillant une brèche entre elles, tentait de les séparer.

Arrachée à ses douces rêveries par les forces en présence, Ellébore scruta incrédule le pont de ce navire de fortune dont les grognements se faisaient plus pressants. Sous l'effet du danger imminent, ses paumes virent instinctivement prendre appui de part et d'autre d'elle, ses ailes se déployèrent, son buste se redressa, quand soudainement l'un des sacs disparut devant elle. Un moment interdite, elle tendit la main vers celui contenant les élixirs, mais il était déjà trop tard. Prit dans un engrenage infernal, il fut à son tour happé dans les profondeurs, avant que les deux rondins un instant séparés ne se rejoignent à nouveau en un terrible choc.

L'impact envoya littéralement la frêle créature valdinguer à quelques mètres de là. Sonnée par la violence du coup et alors qu'elle allait se faire broyer, l'Aldryde eut juste le temps de reprendre ses esprits et d'un battement d'ailes réussit à s'extraire, échappant in extremis à une fin des plus pathétiques et des plus inavouables pour qui se targuait d'être une jeune héroïne en devenir.

Avec la hauteur qu'elle venait de prendre, la jeune femme pouvait désormais voir ce qu'il advenait. Sous la pression de l'eau, les billes liées entre elles par des cordages lâches, roulaient sur elles-mêmes, se séparaient et s'entrechoquaient, propageant ainsi le mouvement au bloc voisin.

Ellébore ne s'éternisa pas en considérations. Si elle avait presque tout perdu, il lui restait encore un sac qu'elle comptait bien sauver. Sans prendre le temps de réfléchir, elle plongea en piqué, sa main se referma fermement sur la anse au moment où les flots l'engloutissaient et où les deux imposantes masses se rabattaient sur elle. Dans son élan, l'Aldryde donna toute la puissance à ses ailes, prit appui de son pied sur l'une des mâchoires pour donner l'impulsion nécessaire à inverser sa trajectoire et s'extirpa de la gueule du monstre.

Tout s'était passé tellement vite qu'Ellébore n'avait pas vraiment eu le temps d'avoir peur. Le seul sentiment qui persista pendant de longues minutes, fut un profond agacement teinté de dépit.

(Comment, … mais comment ai-je pu être aussi stupide ?!)

Laissant le long cortège filer loin devant et suivant le fleuve en évoluant à basse altitude, la rescapée n'en finissait plus de ruminer et pester.

(Tu te crois maline à rêvasser comme ça !)

- C'est pas vrai, non mais c'est pas vrai ! Qu'est-ce que je t'ai fait Zewen ? Et levant les mains au ciel : Hein, dis-moi, pourquoi tu me fais ça ! Si tu ne voulais pas que je parte, tu aurais dû me le dire avant… Le reste se perdit emporté par un petit vent qui commençait à se lever.

Elle avait piètre allure à gesticuler ainsi dans tous les sens, fouillant régulièrement dans la besace trempée qu'elle portait en bandoulière, pour en vérifier encore et encore le contenu, comme si par intervention divine elle allait se remplir.

(Une serpette, quelques lames, un pilon, des bricoles… pffft! Je pars en terre inconnue avec une caisse à outils. Oh mon dieu ! Si Lyena me voyait, quelle honte. J'en mourrais…)

- Mourir…

Continuant d'avancer, le découragement commençait néanmoins à la gagner. Elle réalisait peu à peu avec plus d’acuité les conséquences que cela aurait. Mesurer trente centimètres dans un monde de géants, n'était déjà pas anodin, mais lorsqu'on n'avait plus aucun moyen de défense, cela devenait purement catastrophique. En perdant ses poisons, elle n'avait pas seulement perdu le fruit d'un labeur long et minutieux, elle avait probablement anéanti son unique chance de survie face à un prédateur. Il allait lui falloir en produire de nouveau, c'était désormais une priorité absolue.

(Allez du nerf ! Tout n'est pas fini ! Des outils, une forêt…)

Ragaillardie par cette pensée, elle bifurqua sur sa droite et gagna la rive où elle venait de repérer des ajoncs. L'opération était délicate, aussi prit-elle tout son temps pour prélever les précieux aiguillons sans se blesser.

Ellébore sélectionna les épines les mieux formées, celles qui étaient à la fois les mieux fuselées pour une bonne pénétration dans l'air, qui présentaient une longueur avoisinant les quatre centimètres et une dureté optimale.
L'herboriste opta pour sa petite scie à main qui offrait l'avantage de se glisser facilement entre les piquants tout en laissant une coupe bien nette.

Les épines d'ajonc ne valaient certes pas celles de l'acacia, mais la récolte des plantes ou aiguillons était une chose qui ne s'improvisait pas et toute précipitation en la matière pouvait avoir des conséquences fâcheuses. Il fallait longuement rechercher les spécimens, repérer les endroits et les procédés de cueillette eux-mêmes requéraient mille et une précautions.

La jeune femme avait désormais en sa possession des projectiles fort honorables qu'elle rangea délicatement dans son sac en veillant à ne pas en émousser les pointes. Pour les plantes destinées à la préparation des mixtures, il lui faudrait probablement revenir, à moins qu'elle ne trouve son bonheur dans les jardins de Yarthiss.

Satisfaite, Ellébore reprit son vol jusqu'à la lisière de la forêt où, se retournant, l'Aldryde contempla le fleuve dont l'unique bras pénétrait la masse touffue et verdoyante. Son cœur vint taper contre sa poitrine comme s'il avait un instant songé à s'en échapper pour courir se blottir auprès des siens. Il se ravisa sans doute, car déjà elle faisait face à son avenir.

Baignée par la lumière, au nord-ouest, la plaine s’étalait à perte de vue et ne semblait vouloir s'éteindre qu'en son point d'horizon qui sans cesse en repoussait les limites. C'était un véritable spectacle pour la jeune femme qui, accoutumée à la pénombre et à la densité des bois, se laissa éblouir avec grâce par l'immensité qui s'offrait à elle.
Juste en face, au loin, dans le prolongement du fleuve, les remparts de Yarthiss s'élevaient fiers et froids comme la pierre. Si ce n'était pas la première fois qu'elle les apercevait, le chemin qu'elle s'apprêtait à emprunter était nouveau pour l'Aldryde et peu des siens avaient dû le fouler.


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Ali ibn Abi Talib

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Lun 5 Sep 2016 04:02 
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[Le Port de Commerce]

Comme prévu, j'arriva à l'entrée de la forêt sans problèmes. Je suis sorti aussi aisément de la ville que n'importe quel honnête citoyen. A présent, il fallait que je vérifie si l'objet de mon vol était bel et bien le bon. J'alla m'asseoir sur une pierre près de la rivière, et sorta la dague que j'avais caché dans mes vêtements lors de la poursuite. Je saisisa le manche, et commença a en tourner l'extrémité. J'enleva le bout, et inspecta avec attention le contenu. Ma stupeur fut grande lorsque mes yeux se posèrent sur une dizaine de petits diamants se serrant les uns contre les autres à l'intérieur du manche. C'était incroyable, j'avais vraiment réussi à l'obtenir ! Rien que d'imaginer tout ce que je pourrais faire avec cet argent me donnait le tournis. Mais je me devais de lui rendre ses biens, avec un peu de chance je serais bien récompensé. Je n'en revenais toujours pas, c'est de loin le vol qui m'a rapporté le plus jusqu'ici.

(L'éclat de ces diamants est vraiment remarquable)

"Encore une jeune fille qui se rend à la sororité ?"

Ces paroles me sortirent de mes pensées. Je sursauta puis m'empressa de refermer la dague et de la ranger avant que cette personne puisse en voir le contenu. Qui sait ce que je pourrais être amené à faire si une personne mal intentionné venait à voir tout ces diamants. Je finis par relever la tête, et découvris une vieille dame s'appuyant sur sa canne qui se rapprochais de moi :

"Oh, toutes mes excuses. Je suis sincèrement désolé, mes yeux ne sont plus ce qu'ils étaient", dit-elle effaré de son erreur

"Ne vous en faites pas, les cheveux cachaient mon visage après tout"

"J'imagine que vous ne vous rendez pas là-bas alors", dit-elle en riant

"Là-bas ? Vous parlez de la sororité ? Pour tout vous dire je ne sais même pas ce que c'est"

"Et bien vous voyez, c'est un regroupement de femmes, et celles-ci prient la Déesse Selhinae. Cela ne vous dis donc rien ?"

"Selhinae vous avez dit ? Je n'avais aucune idée qu'un tel lieu existait, vous savez où il se situe ?"

"Et bien oui, évidemment. Il m'arrive de m'y rendre. C'est juste de l'autre côté de la fôret. Leurs territoire commence à l'extrémité sud du lac de la foret. Il suffit donc tout simplement de suivre ce fleuve pour s'y rendre"

"C'est si proche que ça ? Mais c'est merveilleux, il faut absolument que je m'y rende !"

"Oui il n'est pas dur à trouver une fois sur leurs territoire. Avec toutes les guerrière qui patrouillent il suffit de leurs demander le chemin"

"Merci beaucoup alors, je m'y rend de ce pas !"

Le fait de savoir qu'un lieu de culte dédié à la Déesse qui m'animait jour après jour existait m'emplissait d'une joie incommensurable. Il fallait impérativement que je m'y rende au plus vite ! Je ne tenais plus en place. Je pris tout juste le temps de saluer la vieille dame avant de m'engouffrer dans le bois à toute vitesse.

"Mais, vous êtes bien un homme du coup, non ? Je doute que vous puissiez vous y rendre si facilement", dit-elle au loin

Ces dernières paroles qu'elle m'adressa au loin furent inintelligible, et je les pris pour un au revoir auquel je répondis d'un signe de la main, avant de continuer ma route et de disparaître dans la pénombre des bois. Cette découverte tombait vraiment bien, je ne pouvais de toute façon plus me rendre en ville pour rapporter la dague à Lena et vu qu'elle n'avait fixé aucun délai, je décida de repasser à Yarthiss une fois mon pèlerinage effectué.
C'est avec cette détermination que je longea la rivière sans utiliser la route juste à côté. Je ne désirais pas faire de rencontres inopportune avant d'avoir pu voir ce lieu sacré ! C'est donc en me fondant dans les ombres de la nuit que je parcouru les kilomètres nécessaire pour me rendre sur le lieu indiqué par la dame.

[Le territoire autour du monastère]

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 Sujet du message: Re: La forêt du sud
MessagePosté: Dim 13 Aoû 2017 01:16 
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Inscription: Ven 11 Aoû 2017 19:30
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Le commencement :


Après plusieurs jours de marche, après avoir quitté sa ville de Tulorim, Lyyra s'approcha de la ville de Yarthiss. C'est la ville que son instinct lui disait de suivre, et, n'ayant aucunes notions d'aventures, peut-être trouverais t'elle des informations, ou des compagnons pour en apprendre d'avantage. Elle est parti de chez elle avec une petite dague qu'elle avait achetée quelques jours avant son départ qu'elle gardait dans un petit fourreau au niveau de sa jambe droite. Elle pensait que cette petite arme pourrait s'avérer utile même si elle connaissait un peu de magie, grâce au grimoire ancien qu'elle a trouvé dans une bibliothèque et qui l'a fascinée. Le grimoire était tout de même complet, Lyyra avait réussi a en apprendre les bases, mais le fond était encore trop complexe pour elle. Le fait de maîtriser le souffle de Thimoros était pour elle un véritable exploit. Elle n'avait pas encore eu a l'utiliser.
***

C'est en partie le fait de la croyance au dieu Thimoros, mais également Phaitos qui a indigné ses parents, ils ne voulaient pas que leurs filles, aussi angélique soit elle est ce genre de croyances macabres
***

Lyyra arriva donc dans la forêt du Sud, une grande foret a perte de vue, mais dont l'accès ne paraissait pas accueillant … Elle avait une forte envie de s'y aventurer un petit peu, elle qui avait encore l'impatience de vivre des aventures. Elle s'arrêta un instant pour contempler le paysage. Elle se trouvait sur une vaste plaine, ou les arbres semblaient ne pas vouloir pousser, de sa place elle pouvait voir les bâtiments de la ville de Yarthiss.

(Je ne suis pas pressée après tout … Je peux bien m'accorder une petite visite de cette forêt)

Elle se tourna, la ville de Yarthiss était maintenant dans son dos. Elle inspira un grand coup et s'enfonça dans la forêt, au début ce n'était qu'une promenade de santé, Lyyra se contenta de suivre le sentier mais rapidement, le sentier lui servant de repère commençais à s'estomper, jusqu'à disparaître totalement, elle s'arrêta un instant.

(Si je décide de m'y aventurer, il faudrait que je puisse revenir sur mes pas …)

Elle observa les environs

(J'ai une idée, il me suffit de faire une légère entaille sur les arbres avec ma dague pour que je m'y retrouve … Et qui ne tente rien, n'a rien après tout)

Lyyra sort la dague de son fourreau et la garda en main droite, elle entailla l'arbre le plus proche d'elle d'une croix.

( Voilà, je ferais une légère entaille pour les autres … Cela devrait être suffisant)

(( Suite ))

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Dernière édition par Lyyra le Dim 13 Aoû 2017 17:23, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La forêt du sud
MessagePosté: Dim 13 Aoû 2017 02:06 
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Réponse à Lyyra


A peine la dague de la jeune femme effleura l'écorce de l'arbre qu'une voix neutre mais intimidante résonna subitement dans l'air.

"Arrêtez !"

Seul le vent et le bruissement des feuilles l'accompagnèrent, le tout suivi d'un bruit de pas dans les fourrées. L'instant d'après, la silhouette d'un homme se dégagea de derrière un arbre, visiblement accompagné par un bien étrange animal de compagnie.

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Un vieillard, plus proche de ce que l'on pourrait appeler un ermite, s'approcha à pas lents et genoux levés vers l'inconnue tout en gardant sur elle un regard vide de toute expression. Son accoutrement traduisait une vie simple et loin de la civilisation, transportant toutes sortes de choses dans un imposant sac sanglé sur son dos. Bâton de marche dans une main et maillons de fer dans l'autre, il retenait un gros sanglier brun aux défenses pointues. Le grommellement irrégulier qui s'échappait de son museau sonnait comme une intimidation à la vue de ses sabots raclant le sol.

"Que faites-vous loin des murs de votre arrogante et abominable cité ? Je ne tolère pas qu'on abîme le bois de cette forêt, ni quoi que ce soit d'autre, d'ailleurs."

L'animal commença à s'exciter et tira la chaîne que le viellard retenait fermement sans même lui demander de se calmer. Un soupçon de colère se dessina sur son visage, se mêlant cette fois-ci à sa voix qui se fit plus rauque.

"Répondez, maintenant."

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