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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Lun 19 Jan 2015 21:13 
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Elle rit :

« Je le sais, je le sais... peut-être. Mais toi, sais-tu ce que tu viens faire ici ? »

Elle s'éloigne un peu, comme si déjà, son amusement avec toi était fini et qu'elle partait vers de nouvelles activités.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Lun 19 Jan 2015 21:36 
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La chose blanche rit à ma remarque, prétendant qu'elle sait effectivement ce que je viens faire ici. C'est cependant avant de jouer les lutins, et d'émettre l'hypothèse contraire. Et d'un coup, la voilà qui se met à me questionner. Ou est-ce vraiment le cas ? Elle me demande si je sais ce que moi je viens faire ici. Mais pourquoi j'accorde de l'attention à cette femelle ? Ah oui, cela me revient. Le sanctuaire. Cette créature à l'attitude de gamine écervelée est peut-être la moins mal placée pour m'indiquer l'emplacement du lieu.

Cela ne devrait pas poser de problème. Garder la forêt n'est pas protéger le lieu de culte d'une secte, pas vrai ? Ce serait même étonnant qu'elle en ait toléré l'installation. Généralement, les fanatiques détruisent tout pour s'installer. Et c'est pire quand ils sont humains. Mes spirales auditives sifflent un peu à cause de sa voix.

"Je viens chercher un corps.", fais-je avec un rictus. "Le genre magique et doré."

Ma main non armée tapote le cou de mon oiseau dont la tension semble se calmer. Sous ses airs de ne plus m'accorder d'importance, je suis certain que cette chose pâle cache son jeu.

"Pas qu'il y ait grand-chose d'autre d'intéressant à faire par ici, pas vrai ?", lance-je avec un brin d'amusement, mais plus suspicieux que jamais.



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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Lun 19 Jan 2015 21:53 
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« Un corps magique et doré ? Il n'y a pas de ça, par ici... Il y a des écureuils, des moineaux, des chênes, des hêtres... »

La litanie s'éternise et se perd tandis qu'elle s'éloigne parmi les arbres...

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Lun 19 Jan 2015 22:11 
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L'esprit blanc reprend mes paroles, mais pour m'affirmer qu'il n'existe pas de chose semblable au pendant doré par ici. Et la voilà qui se met à m'énumérer tout le reste. À savoir, les différents composants de la forêt qui m'entoure, bestioles en tous genres comprises. Là, je ne parviens pas à m'empêcher de me frotter le front de ma main claire, dans un geste de dépit. Soit elle est d'une stupidité à toute épreuve, soit elle n'a vraiment pas vu le corps du Gardien. Et en prime elle s'éloigne.

Je m'y prends peut-être mal. Avec les femelles, si on n'est pas direct, il est deux fois plus difficile de leur faire rentrer quelque chose dans le crâne. Doucement, je pousse Lyïl à aller dans la même direction qu'elle, mais je garde l’œil ouvert. Une fois mais pas deux.

"Et un regroupement d'humains ? Venus il y a des siècles s'installer par ici ?", tente-je en sentant mon énervement croitre. "À la suite d'une armure sans visage ?"

L'absence de réponses utiles de cette imbécile trop claire me tape sur les nerfs. Son comportement me revient et je fronce les sourcils. Peste soit de cette malédiction ! De cette engeance trop blanche ! De ce souvenir fulgurant et éphémère d'un autre rire. Je n'arrive pas à croire ce que je suis obligé de faire.

"Si tu me donnes une bonne réponse...", commence-je. "Je prendrai du temps... Pour jouer.", m'efforce-je de sortir, combattant la nausée montante, liée à cette entorse à ma liberté.



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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Lun 19 Jan 2015 22:21 
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Elle s'arrête finalement, au détour d'un tronc d'arbres. Quand tu la rejoins, elle est différente. C'est maintenant une belle jeune femme aux cheveux bruns-roux. Elle glousse :

« Ah ! Mais tu parlais de ce qu'il y a ! Pas de ce qu'il y a eu... »

Un bruit sourd retentit, comme une course pesante. Tu met un temps à l'identifier...
Et c'est là que surgit un ours ! Il se précipite dans ta direction, puis s'arrête et se met à gronder puissamment, se dressant sur ses pattes arrières. L'esprit de la forêt s'élève doucement dans les airs, le regard rêveur levé vers le ciel. Elle pourrait aussi bien ne rien avoir remarqué...

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Lun 19 Jan 2015 23:41 
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Amer, énervé comme à mes premiers jours de liberté, je finis par rattraper la gardienne. Et le temps que j'y parvienne, l'immonde femelle a changé d'apparence. Abandonné, son aspect fantomatique. Maintenant, elle est pire qu'avant. Sa forme blanche avait au moins la décence de la faire paraitre morte. Là, avec une chevelure d'un ton brun-roux et des formes toutes en courbes, elle me donne vraiment envie de vomir. Elle conviendrait au goût d'un humain difficile, mais certainement pas à moi. Et pour accentuer la chose, elle glousse. Énigmatique, cette créature affreuse parle encore, semblant réaliser que je la questionnais sur quelque chose existant de nos jours, et pas dans le passé.

Perplexe, une hypothèse bizarre me vient à l'esprit. Mais avant d'avoir pu la formuler mentalement dans son intégralité, un bruit de course se fait entendre. Tandis que la gardienne se met à s'envoler, un ours débarque. Et non seulement il émerge à toute vitesse, mais en prime il me gronde dessus. Déjà que je n'étais pas de bonne humeur, voilà qu'il en rajoute une couche ! Cela tombe bien, ma sarbacane a besoin d'exercice !

Mais alors que j'amorce le geste de porter mon arme à mes lèvres, je réalise une chose. Je suis juste à côté de sa protectrice. Faire passer cette bestiole de vie à trépas me serait aussi impossible ? Ma mâchoire se crispe d'une frustration supplémentaire, et j'agrippe l'orbe sombre vivement. Je veux faire déguerpir cet animal d'ici, et j'ai ma petite idée sur la façon d'y arriver. Je pousse Lyïl à prendre de l'altitude pour ne pas être blessé quand l'ours se redresse, puis je commence à manier mes fluides.

Aidé par mon expérience, je modèle ma magie noire pour créer une ombre dansant dans ma paume. Ma colère rend cette dernière vivace, mais elle ressemble surtout à celle assoiffée de vie. J'inspire vivement, cherchant à canaliser mon ressenti. Je ne veux pas tuer cette sale bestiole, pour une fois, je veux l'épouvanter. Je sais manier ma puissance noire maintenant. Cela devrait être plus simple !

( Concentre-toi ! Le nuage sombre... Mes intentions... )

Je tente de colorer mon fluide de ce que je veux lui faire ressentir, mais c'est ma hargne et mon amertume qui prennent le dessus encore une fois. Plus agacé encore, je cherche à refouler ces sentiments inutiles pour l'instant. Je fouille dans ma mémoire, écartant des images que m'offre cette dernière avant qu'elles ne me dérangent. Je visualise par contre ce qui s'est produit à Bouh-Chêne. J'ai fait si bien à imposer ma présence méchamment au lutillon maladroit qu'il en a chu tout seul. C'est la même chose. Sauf que c'est la magie qui doit provoquer cette réaction.

Mon ombre se charge alors de menace, mais alors que je crois pouvoir la lancer, je la découvre instable. La manipulation cesse sur l'instant, m'épargnant un retour de flux. C'est comme si elle n'avait pas été tout à fait complète. Un sifflement contrarié m'échappe. Et en bonus, la bête n'a pas l'air de redouter mon manège.

Grimaçant, je tente de voir ce qui cloche. La menace ne serait pas suffisante ? Un coup d'oeil vers l'ursidé dressé m'apprend que non. Impressionnant et menaçant, mais ne me causant pas de peur. Peut-être me faut-il alors la suggérer dans ce sort ? Mais cela me contrarie encore davantage, faisant battre mon cœur avec froideur.

Je suis contraint de faire une chose que je hais. Penser à ma propre peur. Et là, c'est parce que ma haine pour ma faiblesse surgit que je parviens à endiguer le flot. Entre la pensée de cette cage immonde, celle de ne plus pouvoir voler, la peur paralysante que ce crétin de Célestin a causé par ce sort que je tente d'utiliser, celle accompagnant ma blessure faciale, et même la surprise causée par la forme blanche, mes souvenirs couvrent du simple inconfort à la terreur. J'allie les deux ressentis dans mon esprit. La menace et la peur, teintant mon fluide obscur, parviennent dans ma paume à orbe.

L'ombre se déploie un peu, mais sa forme humanoïde n'a pas l'air de faire réagir l'ursidé.

( Pas peur, hein ? Attends voir ! )

Sur cette pensée, je focalise mon attention à la fois sur l'union des causes et conséquences du sort puis retiens l'effet dans ma main. J'attends un instant, puis un autre, visualisant dans ma tête la forme noire que je veux donner à mon sort. Concentré, un peu plus en contrôle de mon énergie, je dirige toute ma pensée sur ce que je veux voir. Ma main armée du bijou se tend vers la bête.

"Du balai !", ordonne-je dans un rugissement énervé, en libérant ma magie.

Ma volonté cherche à façonner la forme d'un ours immense, noir et bien plus menaçant que son homologue de chair. Je suis déjà sur les nerfs, je ne vais pas laisser un animal bruyant me casser les tympans en plus !





Tentative d'apprentissage et d'utilisation du sort d'obscurité Ombre terrifiante.

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Dernière édition par Nessandro le Mar 20 Jan 2015 19:37, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Mar 20 Jan 2015 18:57 
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Ton ombre jaillit, tellement effrayante que toi-même, tu te sens impressionné. L'ours vacille et recule un peu, mais sans quitter sa station menaçante. Un grondement féroce, à nouveau, quoique maintenant dirigé contre l'ombre.

La gardienne semble alors réaliser ce qui se passe, elle rit et tend une main. Tu vois alors, derrière l'ours... deux oursons !

« Tu ne la feras pas reculer, quand bien même tu convoquerait Thimoros en personne ! Elle n'a pas peur pour elle, mais pour ses oursons, qui sont ce qu'elle a de plus précieux. Alors, comment comptes-tu faire pour te sortir de là ? »

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Mar 20 Jan 2015 19:37 
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Mon ombre se déploie avec une telle force que, si je n'étais pas certain d'en être l'auteur, j'aurais pu la craindre. La bestiole dressée n'y est pas insensible, mais au lieu de fuir, elle ne fait que reculer un peu. Encore plus frustrant, l'ursidé se met maintenant à gronder contre la manifestation magique. La gardienne semble enfin descendre de son petit nuage, et elle fait encore entendre ce rire crispant. Elle désigne ensuite deux formes, non loin derrière l'ours, et malheureusement, elle me fait entendre encore une mauvaise nouvelle. Ce n'est pas un, mais une ourse, craignant pour ses petits, apparemment choses les plus précieuses pour elle. Et voilà qu'on me demande encore comment je vais m'en sortir.

"Pourquoi cela ne m'étonne même pas...", fais-je, plus blasé et amer que jamais.

Même les bestioles incapables de réflexion qui me barrent la route sont femelles ! Maudite soit l'étoile sous laquelle j'ai vu le jour ! En fait non, pas la peine, cela doit déjà être le cas ! Tant que la créature est obnubilée par la forme noire, je pousse Lyïl à prendre de l'altitude pour venir se masquer dans le feuillage. Là, j'avise une branche sur laquelle le faire se poser. Contrarié, je tente de faire de mon mieux pour me calmer.

"D'un mouvement d'ailes.", siffle-je envers la femelle humaine maintenant colorée.

Et depuis quand les ours se préoccupent des aldrydes, d'abord ? Ou alors c'est le harney noir qui l'a fait réagir ? Plus suspicieux encore, je scrute la gardienne. Si cela se trouve, cette bestiole n'en est peut-être pas une. Cela pourrait être une simple illusion, si cette protectrice forestière ne sait pas faire que parler et changer d'apparence.

"Et en les protégeant comme ça, elle attire le regard dessus cette imbécile.", ajoute-je franchement.

J'effleure le cou de mon oiseau, me méfiant de ce qui m'entoure quand même. Cette ourse m'énerve à gronder, mais je n'ai pas de raison ni assez de haine pour la tuer pour autant. Mais au fait, cela se mange l'ours ? Même si c'était le cas, il me faudrait des mois pour en venir à bout. J'ai beau être patient, j'ai des limites. J'avise le plantigrade femelle.

Certes, le courage de cette créature est presque digne de louanges, mais sa stupidité à foncer tête baissée vers de possibles ennuis ne mérite que pitié.



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Dernière édition par Nessandro le Sam 24 Jan 2015 16:44, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Mar 20 Jan 2015 19:50 
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Alors que tu t'éloignes, ta fragile création disparaît et l'ourse s'en va, plus calme. La gardienne applaudit :

« Bravo ! Finalement, tu es peut-être digne... moi qui craignait que tu ne sois trop corrompue, j'ai peut-être fait erreur. Le respect de la vie est primordial dans la voie vers laquelle tu te diriges. Je veux bien te guider vers ton objectif, le sanctuaire du renouveau, mais sache bien que tu devras y passer des épreuves terribles... Tu peux encore renoncer et vivre avec la corruption... cela ne te tuera pas. Alors que les épreuves le pourraient. »

Elle s'éloigne légèrement, mais semble attendre que tu confirme vouloir la suivre.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Mar 20 Jan 2015 20:09 
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La situation s'arrange finalement. Ne me voyant plus, ni mon ombre monstrueuse, la bête tourne finalement les talons. Mes spirales perçoivent un applaudissement, que j'accueille avec un bref haussement de sourcil. La gardienne se félicite que je sois plus digne qu'elle le pensait. Elle redoutait apparemment que la corruption m'ait déjà trop gagné. Je fronce les sourcils en l'entendant préciser que le respect de la vie est primordial sur la voie que j'emprunte. Enfin, les choses bougent ! Elle accepte de me guider vers le sanctuaire, mais me prévient que je peux encore renoncer ou devrais me préparer à y subir des épreuves. Et cela pourrait me tuer.

J'incite Lyïl à décoller, l'amenant non loin de la gardienne.

"Renoncer ? Et survivre en devenant une boule de charbon fiévreuse ? Pourquoi pas me faire paysan aussi ?", fais-je avec dépit.

Mon visage se ferme, j'inspire profondément puis souffle. Je n'ai pas fait tout ce chemin pour rien. Je m'inquiète pour mon harney, mais je suis bien décidé à mener ma quête jusqu'au bout.

"Cela pourrait me tuer, comme quasiment tout ce que je côtoie depuis ma naissance... Rien d'inhabituel, en somme.", gronde-je avec une amertume amusée. "Guide-moi, gardienne."

Et voilà que la façade de gamine idiote semble avoir disparu. Ah, les femelles...




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 Sujet du message: Chapitre 3 | Alinea 3 | Quarante
MessagePosté: Mar 3 Mar 2015 06:38 
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(((Chapitre 3 | Alinea 2)))


Bleu. Vert. Noisette. Bleu. Bleu. Marron. Marron. Vert. Marron. Marron. Marron. Vert. Vert. Vert. Marron. Bleu. Vert. Marron. Gris ? Noir ?

Quarante.

J'ai souvent été au milieu de la foule, mais jamais vraiment face à elle. Il n'y avait là que vingt personnes, c'était beaucoup moins que dans les rues de Yarthiss. Et pourtant ces quarante yeux me paraissaient tous comme un être à part entière... Ou non ! une arme. Une lance prête à être lancée sur moi. Quarante lances, ça fait beaucoup.

J'étais juste devant le tronc du chêne. J'avais apparemment un espace de quelque douzaine de pas de large sur long, plus éventuellement si je le voulais l'espace des branches au dessus de ma tête, pour leur montrer
mes mouvements... Bien sûr. Monter au dessus de leur tête, avec cette tenue. Oui. Comptez dessus.

- C'est quand tu veux, poupée.
(OH TOI ÇA VA !)
Trouver une excuse, vite... Oh oui !

- Comment tu veux que je danse sans musique ?

- Tu veux quoi comme musique ? entendis-je à ma droite une voix rauque demander.

Une femme brune dont le cou avait été marqué de plusieurs cicatrices était assise sur un rocher avec ce que je supposais être un instrument de musique. Cette chose était étrange, c'était une caisse en bois avec une drôle de forme, avec un genre de manche, sur laquelle était tendue des ficelles.


(Pas d'échappée par là, je suppose.)

Bon. J'y suis jusqu'au cou... Maintenant je peux soit courir récupérer mes vêtements et leur dire "bon vent", soit y aller carrément et leur faire leur petite danse.

(Fuir ou endurer, hein ?)

(Fuir seule ou rester ensemble, non ?)
Je clignai des yeux. Était-ce... Léa ?

Que m'avait-elle dit ?
Que voulait-elle que je fasse ?
Que pouvait-elle me dire de là où elle était ?

Elle ne pouvait rien dire. Elle n'était pas là. Elle n'était pas à moitié nue devant une vingtaine de personne.


(Pourquoi t'aurais besoin de vêtements ?)
Et maintenant c'était cet enfoiré de Vikk ?
(Parce qu'ils n'ont pas à me voi...)
(Pourquoi as-tu pris ce boulot ?)
(Parce que j'ai besoin d'arge...)
(T'as besoin d'argent, maintenant ?)
(Mais laissez-moi tranquille ! Depuis quand...)
- OH la naine !

Je revins à la réalité pour découvrir quarante yeux impatients. Je cherchai rapidement la source de la voix qui m'a libéré de mes fantômes. C'était la femme à la boite à cordes.
- Tu veux nous montrer quelque chose, ou pas ?

- On n'a pas toute la journée, cocotte !

Bien. Là, c'était le moment où j'affirmais ma motivation et je montrais que je n'étais pas là pour rien et qu'il ne fallait pas me marcher dessus. Je m'adressai alors à la cordiste.

- Je peux avoir quelque chose de calme mais rythmé, pas trop joyeux sans être déprimant ?

Elle fit une petite moue.
- T'es pas du genre chiante, toi. Mais ouais, c'est possible.

Au caractère du personnage, je l'imaginais mal avoir saisi correctement ce que je voulais, mais claire comme j'étais, n'importe qui pourrait le saisir de travers. Sur ce, elle commença à jouer de son instrument étrange.

(((La musique)))

Dès que j'entendis les premières notes mélancoliques de son morceau, j'ai été surprise d'entendre une tendresse aussi légère venir d'un être aussi brusque que celui-là.

(La magie de la musique...)

Je fermai les yeux, vidai mon esprit, et laissa la musique le remplir.

Ce n'était pas la première fois que je dansais. Mais la dernière fois que je l'avais fait, c'était il y a plus de dix ans, avec Léa.

Je me revoyais, avec cette jeune fille aux yeux verts et aux cheveux sales, bougeant nos corps sur les toits en bord de rive. Le soleil couchant se reflétait sur l'eau et nous éclairait comme s'il nous regardait depuis un lointain balcon. Les oiseaux chantaient depuis les arbres au delà du mur, et une flûte sifflait depuis la rue juste en dessous un air d'espoir incertain.

Nous avions dansé sans savoir ce que nous faisions. Ce n'était pas une valse, ce n'était pas une gigue, ce n'était pas une ronde. C'était deux filles qui s'amusaient à bouger sur de la musique.

Ce que je fis sous ce chêne devant les Bardes ne fut pas si différent. Il y avait juste Léa en moins.

La douce musique aérienne de la boite à cordes vibrait dans l'air tendis que je laissais mon corps vibrer avec. Quand la mélodie s'aggravait, mes mouvements étaient plus tranchés ; quand elle s'élevait, j'étais plus fluide et légère. Parfois la musique était moins mélodique et plus un rythme harmonisé, comme si le fin flux était coupé pour devenir un flot massif, et je laissais mon flux se couper aussi pour le transformer en mouvement grossier du corps entier. Parfois la musique s'arrêtait, comme suspendue en l'air, et je suspendais mon mouvement de la même façon, aérien, inachevé. Puis la musique reprenait et je reprenais. Au bout de quelques minutes, la musique arriva à sa fin. Je ne fus ni surprise par son arrivée ni étonnée d'avoir dansé si longtemps, j'avais oublié où j'étais, j'étais transportée par la musique, et j'avais sentie l'arrivée de la fin avant qu'elle ne soit effectivement arrivée, et je m'arrêtai donc en synchronisation avec la musicienne.

Puis je revins à moi, et réalisa que je n'avais aucune idée de ce que je venais de faire. Je regardai mon public.

Quarante yeux.
Quarante yeux fixés sur moi. Je ne saurais dire si c'est de l'admiration que je vois dans certains, de la jalousie, de la déception, ou de l'attirance sexuelle.


(Ah oui !)
Je me souvins de mon accoutrement et regarda rapidement l'état de ma tenue. Mon cache sexe était tombé.
(Effectivement... ça tombe.)

Je le ramassai et le remis tant bien que mal, sans être gênée plus que ça. Ils m'avaient sûrement vue danser comme ça, c'était pas maintenant que ça allait changer quelque chose.

*clap*

Basth, au fond, venait de taper dans ses mains.

- Bon, bah ça c'est fait. Quelqu'un a des retours à faire ?

- Je crois que je suis tombé sur du bon, là.
(Comment ça ?)

- Ah ça pour du bon...
Des murmures et rumeurs grandissaient dans l'assemblée, pleins d'excitation et d'approbation. Apparemment, je n'étais pas si mauvaise...
(Parlent-ils seulement de ma danse...)

Puis une voix vint briser l’enthousiasme ambiant.
- Attendez, les gars. C'est souple et fluide sur de l'impro, mais je demande à voir ce que ça donne sur une choré synchronisée en groupe.
- Exact ! Très bien dit, Ghiny.

Basth vint se placer à côté de moi. Il me fit un clin d’œil en approchant une fois qu'il était dos à tout le monde, en me chuchotant : Elle est jalouse.

Il se retourna et parla à l'ensemble du public :
- Bien bien tout le monde ! On a tous apprécié la prestation de la petite Iedra ici présente, et on a tous apprécié l'improvisation de Lyanda. Je vous propose dans un premier temps de les applaudir toutes les deux.

S'ensuivit un bref moment pendant lequel tout le monde tapait dans ses mains de façon désorganisée. Je remarqua que la première danseuse à laquelle j'avais parlé tout à l'heure n'y mettait pas vraiment du cœur. Puis Basth reprit la parole.
- Maintenant, que pouvons-nous en apprendre ? Ghiny nous a pointé du doigt un fait important : il s'agissait d'improvisation et non de composition. Donc, aussi bien que Iedra puisse bouger, si sa mémoire flanche, elle peut faire tomber le spectacle en miettes. Ça, c'est mon boulot de faire en sorte que ça n'arrive pas. Quoi d'autre ?

Il semblait demander honnêtement à son audience de participer. Je ne m'attendais vraiment pas à faire partie d'une leçon de spectacle musical au poste de démonstration...

Une main se leva quelque part sur ma droite.


(Ouoooh. Main levée et tout !)

- Georges ?

La main appartenait à un homme assez costaud à la barbe noire robuste et épaisse. Il portait une tunique tissée en carreaux rouge.

- Les tenues des danseuses tombent tout le temps.
Soudainement une masse de protestation s'ensuivit dans la masse de peuple assise dans l'herbe sous ce chêne. Les hommes criaient sur le pauvre Georges, et les femmes semblaient crier sur le reste des hommes.

Basth gloussa à côté de moi, leva les mains et héla.


- Allons allons ! Silence ! SILENCE !
Le silence se réinstalla.
- Georges a raison.

Georges sourit, Ghiny et Lyanda aussi. Moi aussi, devinai-je.

Les hommes allaient riposter, mais Basth ne leur laissa pas le temps.

- Le plaisir de vos yeux ne change rien au fait que des enfants sont présents dans les rues des villes, et que les danseuses ont droit à leur dignité personnelle.
Je voyais les yeux de Ghiny perler et ses mains trembler. Les autres danseuses étaient contentes aussi, bien sûr, mais Ghiny tremblait d'excitation.

- Ghiny, tu verras donc avec tes danseuses et avec Faeorn pour créer un nouvel ensemble plus stable.

Ghiny tremblait de tous ses membres. Elle ne sut que hocher de la tête silencieusement.

(Combien de temps elle avait dit s'être battue pour changer les tenues ?)

- Merci bien Georges pour avoir la tête sur les épaules et les yeux ailleurs qu'en face des trous.
(Haha.)
La plaisanterie fit rire tout le monde.

- Sur ces rires bien enjoués, je vous laisse vaquer à vos occupations, et vais parler choré à notre chère Iedra.

Et tout le monde, certains toujours souriants de la boutade de Basth, reprit ses activités. Basth m'invita à retourner m'habiller, ce que je fis sans plus attendre.

J'étais contente. Les choses n'étaient peut-être pas si mal, finalement.




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 Sujet du message: Chapitre 3 | Alinea 4 | Hilna
MessagePosté: Mar 3 Mar 2015 19:11 
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(((Chapitre 3 | Alinea 3)))


Je retournai près du paravent de fortune à côté duquel le coffre contenant mes vêtements était posé.

Alors que je cherchais mes haillons dans le coffre, j'entendis derrière moi Basth dire aux autres danseuses d'aller se rhabiller aussi. Assaut social imminent.

Je trouve ma vieille tunique et mon pantalon en lin. Je ne prends même pas la peine d'aller derrière le paravent pour les enfiler, tant la tenue que je portais était déjà proche de la nudité.
J'étais habillée avant que les autres filles n'arrivent.


- Iedra ! entendis-je. Comment t'as fait ? Vingt ans que j'essaie de leur parler !
Ghiny était apparemment très heureuse de ma performance de persuasion. Ce qu'elle ignore, c'est que moi je n'ai rien fait. C'est ce barbu qu'a fait la remarque.
- Demande à Georges. J'ai rien fait, moi.
Ghiny sembla réfléchir un moment, puis acquiesca : Effectivement. J'irai faire un calin à Georges.
Et elle partit en direction du grand barbu.

Pendant ce temps, les autres danseuses ne cessaient de me demander où j'avais appris à être aussi souple, où j'avais appris tel ou tel mouvement, pourquoi j'étais sympa avec Ghiny, ou encore comment j'étais arrivée à danser aussi longtemps sans mon cache-sexe.


(Mon dieu, ce truc est tombé si tôt que ça ?)

Une des danseuses, celle qui m'avait parlé en premier, assez grande et avec un air sûr d'elle, vient se planter devant moi, toujours dans sa tenue quasi-inexistante, et me dévisagea de haut avec ses yeux hautains. C'est ses yeux qui étaient gris ? Ah oui, ses yeux étaient comme deux disques argentés percés, presque comme des pièces de monnaie.

- Alors, Yeux de rat, on veut montrer à tout le monde à quel point on est géniale ?

(Oh non pas ça.)

Il ne manquait plus que les malentendus. Il fallait que je me sorte de là sinon ça risquait de finir en catastrophe.
- Non, non. C'est l'autre pervers de Sindel qui m'a obligé à danser devant tout le monde parce que je voulais pas lui faire sa démonstration privée.
Ses yeux se plissèrent et le dédain dans son regard se transforma en colère. Elle se pencha sur moi et me prit au col. Ma vie dans les rues m'avaient appris à anticiper ce mouvement, aussi, je réussis à glisser ma main entre sa paume et ma gorge pour éviter tout étranglement.

- L'autre pervers de Sindel, c'est mon père, alors fait gaffe à ce que tu dis, si tu veux pas finir sur le trottoir.
(Oh, ça.)

Je ne flanchis pas.
- J'apprécie le conseil. Vraiment. Mais le trottoir, je le connais assez bien. Désolée si je t'ai offusquée en parlant mal de ton père. Mes paroles n'étaient que du domaine de la plaisanterie.

L'elfe ne parut pas convaincue.
- Je t'ai à l'oeil, Oeil de rat. Je t'ai à l'OEAAIAAGH!!
La grande danseuse sursauta en faisant un grand bon avec un cri, faisant tomber son cache-sexe par la même occasion. De derrière elle surgit une silhouette sombre et fine.
- GHA! Papa ! Tu ruines tout mon effet !

Basth était arrivée sournoisement par derrière elle et lui avait chatouillé les hanches, provoquant la réaction de surprise de sa fille, qui elle-même provoqua une réaction de surprise chez beaucoup d'entre nous.

- Elle est déjà assez traumatisée comme ça, tu vas pas non plus lui faire croire qu'elle a des ennemies parmi ses alliées, si ?

(Attendez...)
Que se passait-il ? J'étais perdue dans la situation. On me menait en bateau ?

- C'est pourtant ça qu'est drôle !

- Ça l'est peut-être pour toi. Mais tout comme David aime bien vous regarder danser presque nue et vous n'êtes pas du même avis, toi tu aimes bien martyriser les nouvelles et elles ne sont pas du même avis.

(Oooh, je vois.)

- Elle t'as traité de pervers, ceci dit.
(Ahem. Je suis là, vous savez.)

Basth ria joyeusement.
- Elle n'a pas vraiment tort ! dit-il en claquant sa main sur la fesse de sa propre fille.
(Attends quoi ?)
La danseuse massa sa fesse en riant.
- Arrêêête.

Étaient-ils seulement conscients que j'étais là ?

Je m'éclaircis la voix en essayant de forcer sur le volume.

Ça fonctionna. Les deux me regardèrent et rièrent.


- Hihihi !! Désolée, désolée. me dit la danseuse en riant toujours. Elle me tendit la main. Je m'appelle Hilna. Je suis la fille de l'autre pervers de Sindel.

La situation venait de prendre une tournure inattendue. De l'humour. Voilà quelque chose que je n'ai plus vu depuis longtemps.

(Hihihihi!!)
Le rire de Léa me revint en tête. Je souris à Hilna et saisis sa main.
- Iedra. Fille de personne.

Basth posa sa main sur ma tête et m'ébouriffa les cheveux.
- Eh bien en tout cas t'as une famille !
- Bienvenue dans la troupe du Saule Qui Pleure.

Basth et sa fille me sourirent, puis Basth appela toutes les danseuses. C'était l'heure de parler chorégraphie.



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Dernière édition par Iedra le Mar 24 Mar 2015 04:17, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Ven 13 Mar 2015 13:55 
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Le Yarthissois qui commandait l'attelage se prénommait Jampan, il était aussi fort que les buffles qui tiraient sa charrette et aussi subtil, néanmoins il semblait avoir un bon fond comme souvent en ont ceux qui vivent une vide rude mais honnête. Sous le ciel azur, la carriole avançait cahin-caha en longeant le fleuve en direction de l'embarcadère le plus proche afin de regagner le camp des bûcherons de la Canopée.

" - En fait, cette histoire a commencé drôlement. On était à la Canopée avec les aut'es et une nuit, y a un de nos buffles qui a disparu !" commença Jampan. "Alors on l'a cherché toute la journée avec les gars. Faut comprendre un bestiau pareil ça nous aide à tirer les troncs, à tirer la carriole jusqu'à la ville pour y vendre le bois, à chauffer en hiver. Ça a une sacrée valeur ! Pis quand c'est plus bon à rien, on le fait épouser la veuve avant de le glisser dans l'écuelle."

" - Et vous l'avez retrouvée votre bête ?" demanda placidement Honru.

" - Bhé non ! Disparu j'vous dis ! Alors on a été voir l'camp d'la Rive, les aut'es gars à une lieue de là, et quand on est arrivé à la journée là, le midi ils faisaient bombance avec du buffle ! C'là que ça a commencé à mal aller, le vieux Jun disait que c'était un des leurs de buffles qu'ils avaient bouffé parce qu'il était devenu cagneux la semaine passée. Sauf que bah du buffle plus une trace forcément !"

" - Et on y va facilement à ce camp depuis le vôtre, la nuit ?

" - Depuis sous la canopée ? Fait un noir de bistre là-d'ssous, on y verrait pas un Wotongoh ! Y a un des gars qui en allant lâcher l'écluse la nuit a failli se tord'e sa cheville d'pied !" dit Jampan en désignant sa propre "cheville de pied" de l'index.

" - Donc ça serait plutôt dur de trimballer son buffle à l'aveuglette la nuit sur une lieue ?"

" - Bah c'est dire que... pour sûr ouais !"

" - Donc ça serait encore plus dur de le trimballer à l'aveuglette la nuit et d'en plus le manger en un temps aussi court non ?"

" - Bah c'est dire que..." Le pauvre bûcheron semblait un peu perdu d'un coup. " Eux en fait ils y disaient que c'était des Sektegs, mais nous on en a pas vu depuis deux ou trois saisons. Eux ils étaient fiers à gonfler le buste comme les voiles d'un rafiot parce qu'ils en ont pendu un à l'entrée d'leur camp. Moi j'vois pas comment qu'un nabot vert d'une demie toise pourrait chaparder un buffle de plus d'mil livres !"

" - Je vais me pencher sur le sujet. Vous pensez qu'on pourrait réunir les deux camps demain dans la journée ?"

" - Ouais mais vous attendez pas à des accolades."

Honru hocha la tête longuement et se laissa s'affaisser contre le banc en bois. Au loin une vaste cabane était accrochée à la rive parmi les roseaux, la cahute semblait pouvoir s'écrouler à tout moment. On y accédait par un pentu chemin de planches humides, le milicien et le bûcheron durent quitter leurs places pour aider les buffles à descendre calmement. Ils les firent avancer jusque sur un large quai de l'embarcadère. De l'autre côté le batelier était atteint d'un moment de feignasserie et avait sombré au fin fond d'un hamac mal tendu. Jampan se pencha alors pour ramasser une poignée de galets, il en donna à Honru et lui dit de l'imiter.Ils lancèrent l'un après l'autre en direction de l'homme les cailloux, le Yarthissois se mit à brailler comme un âne.

" - Siaran ! Debout ! Tu as des clients ! Siaran !" hurlait à tue-tête le bûcheron. Les cailloux virent toquer le bois du ponton d'en face, d'autres plonger dans l'eau mais l'un d'eux vint embrasser avec un peu trop d’empressement le genou du passeur qui s'égosilla d'un cri en se réveillant. Jampan en ricana. "Debout te dis-je ! On veut passer de l'aut'e côté !"

" -Ahého ! Pourquoi hé que qu'j'te ferai passer ?! Le tarif vient d'augmenter ! cria de l'autre côté Siaran.

" - Rah ! Le bougre est d'mauvais poil !"

" - Parce que la Milice de Yarthiss vous l'ordonne ! " cria à son tour Honru en plaçant ses mains en porte voix. "Sinon j'me charge personnellement de secouer votre bicoque !"

Finalement le batelier leva la main en l'air d'un air exaspéré avant d'aller prendre sa perche de naviguation et de franchir le fleuve durant quelques minutes avant d'amarrer son radeau à quai. Juste assez grand pour la charrette de Jampan, c'était un ensemble de planches assez longues reposant sur des tonneaux vides.

" - Désolé m'sieur l'milicien, c'est juste qu'la journée a été mauvaise ! Enfin j'suis content de vous voir, j'voudrais signaler qu'on m'a volé mon deuxième radeau !"

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Dernière édition par Shaddam le Dim 15 Mar 2015 21:14, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Dim 15 Mar 2015 21:14 
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" - Votre second radeau ?" l'interrogea Honru assez surpris.

" - C'est dire que celui-ci commence à être trop étroit pour les cargaisons de la plupart des bûcherons. Comme y sont lourds de plusieurs milliers de livres faut agrandir l'radeau pour pas sombrer. J'avais commencé à en bricoler un autre et puis c'matin ! Disparu !"

" - Il n'a pas pu être emporté par le courant ?"

" - Ah bah ça non m'sieur l'milicien ! J'le bricolais sur la terre fe'me."

" - Hmm... se pourrait-il qu'il ait été mis à l'eau ?"

" - J'vois pas comment il aurait pu disparaître autrement. Fin' si vous pouviez faire que'que chose." demanda le batelier.

" - Je ne peux rien promettre si ce n'est que je garderai l'oeil ouvert et ce vol à l'esprit." conclu Honru.

Ils s'y mirent à trois pour faire avancer l'attelage de Jampan sur le radeau, ce fut une tâche assez pénible. Les buffles rechignaient et cela prit un bon quart d'heure avant que la charrette ne soit finalement sur l'ensemble de bois et de tonneaux qui permettaient à Siaran de canoter. Les deux Yarthissois prirent des perches et commencèrent à faire avancer l'embarcation alors que le milicien retirait ses bottes. Il s'assit au bord du radeau et laissa tremper ses pieds au fil de l'eau.

S'approchait lentement d'eux la rive opposée, celle-ci semblait bien plus sauvage. Le Kendran distinguait des arbres de haute futaie qui embrassaient l'horizon, la berge était envahie de roseaux, de joncs et de fougères. Il distinguait au dessus des cimes, un peu éloignées les unes des autres, les fumées des camps de la Canopée et de la Rive. Le franchissement lui coûta 5 yus, aussitôt de l'autre côté lui et son guide se dirigèrent vers le camp de celui-ci.

La Canopée était le plus profondément enfoncé dans les bois, le chemin y menant était accidenté et il s'avéra que Jampan savait manier davantage ses buffles sur la route que de les convaincre de monter sur un bateau. Le camp se résumait à un grand bâtiment de bois assez haut pour avoir un étage, il était flanqué d'une étable et sur un côté s'entassait déjà de nombreux troncs longs d'une dizaine de toises et large d'une demie.

Assis sur des bancs de bois autour d'un feu de camp bien entretenu, une dizaine de bûcherons dînaient d'un brouet de racines et de champignons. Ils saluèrent Jampan mais semblaient méfiant à l'égard du milicien. Un grand hirsute avec la plus grande barbe (et la moins bien entretenue) qu'Honru n'avait jamais vu, répondant au nom de Kohl vint s'entretenir avec le chauve.

" - Et' t'viens faire quoi par ici M'sieur le milicien ?" dit l'Hirsute essayant de l’impressionner en s'approchant, jouant des épaules et de sa grande taille.

Honru sortit alors le parchemin sur lequel il avait gribouillé avant son départ et lui planta sous le nez, gardant un air neutre. " - Yarthiss s'inquiète de l'approvisionnement en bois qui diminue, ceci est une lettre qui fait de moi l'envoyé plénipotentiaire de la milice pour rétablir les choses. Bien sûr aucun d'entre eux ne savait lire et même si l'un d'entre eux savait, c'était écrit noir sur blanc. Ce qu'il ignorait c'est qu'Honru lui-même l'avait rédigé. Il doutait aussi qu'ils comprennent le sens du mot plénipotentiaire.

" Je suis là pour vous filer un coup de main et les moyens importent peu tant que la production de bois reprend rapidement. On m'envoie régler vos problèmes quoi. " ajouta-t-il en rengainant rapidement le parchemin, s'apercevant qu'il manquait un sceau officiel.

Finalement il alla s'installer à côté de Jampan après s'être servi du brouet dans la marmite autour de laquelle ils étaient tous regroupés. Il tourna une ou deux fois sa cuillère dans le liquide épais dans lequel surnageaient des morceaux de cèpes des bois, d'oignons sauvages, de racines qu'il ne connaissait pas et d'autres plantes aromatiques. Il fût plus aisé qu'Honru ne l'aurait cru de les convaincre que voler et manger un buffle en pleine nuit était impossible et par conséquent la suspicion envers le camp de la Rive s’estompât au cours de la soirée. Il fut fait inventaire de ce qu'il manquait outre le bétail : quelques outils, une cinquantaine de yus. Le Hirsute s'avéra bien plus aidant qu'à première vue, soutenant les propos de Honru ou de Jampan lorsque ceux-ci plaidèrent pour qu'un bûcheron aille le lendemain matin à l'autre camp pour organiser une rencontre dans les jours suivants.

Il était assez tard lorsque le milicien chauve pénétra dans la chambre qu'on lui prêta pour son séjour, naturellement c'était la plus minable (et c'était pour cela qu'elle était disponible). Elle se trouvait à l'étage, sous les combles fait de rondins dont l'un d'eux était manquant ; une commode sur laquelle il posa son arme et sa bourse ; le lit était défoncé si bien que ses fesses frottaient le plancher et que même s'il était totalement immobile, le lit grinçait. Il n'espérait qu'une unique chose que la nuit passe rapidement et qu'il ne pleuve pas sous peine d'être trempé.

Peu habitué à ce confort pour le moins modique et à la fraîcheur nocturne, il se coucha tout habillé, son casque posé sur le torse. Trouver le sommeil s'avéra rapidement impossible malgré la fatigue. Au dehors la nature faisait un bruit de tous les diables, le vent dans les branches, les craquements des bois, le hululement d'un hiboux alors qu'au dedans les ronflements des hôtes et les couinements du lit s'ajoutait à ce joyeux tintamarre. Même l'intérieur de sa chambrette semblait particulièrement clair en raison du trou dans la charpente qui laissait passer la clarté de la lune. Après plusieurs heures Honru identifia alors un bruit inhabituel : un frottement régulier et étouffé sur la surface du toit. Comme des pas qui se rapprochaient...

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Dernière édition par Shaddam le Mar 17 Mar 2015 19:33, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Mar 17 Mar 2015 19:29 
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C'était à présent juste au dessus de lui. (Là ! Au dehors ! Quelque chose !) songea Honru qui se sentit moite d'un seul coup. Il décida de feindre le sommeil fermant ses yeux de manière à ne voir qu'au travers de ses cils et imitant un grognement ensommeillé il fit un mouvement, posant la main sur son chapel de fer, casque discoïdale qui avait passé la nuit sur son torse.

Il comprit alors que le visiteur sur le toit au dessus de lui venait de s'immobiliser. Ce dernier avait entendu le mouvement du dormeur, bruit inhabituel parmi ceux qu'il écoutait depuis plusieurs heures. Il resta ainsi un temps que le milicien ne parvenait à mesurer, il se sentait suer comme un pauvre diable quand le son des pas feutrés repris. Ils étaient presque imperceptibles et empreints d'une précaution acquise par des années d'expérience.

Dans le rayon du clair de lune qui filtrait par le trou dans le toit, Honru distingua une ombre qui progressivement masquait la source de lumière. Par l'interstice un long nez pointu se glissa, ses narines s'élargissant alors qu'elles prenaient de longues bouffées d'air pour sentir la pièce, sur le rebord une dizaine de doigts. Le Sekteg émit malgré lui un discret bruit nasal plein de malice. Il se suspendit puis se laissa tomber sans un bruit dans la chambrette. Il observa un long instant les alentours sans bouger. La créature devait faire une demi toise de haut et ses bras étaient un peu trop long, naturellement son avidité parla très rapidement, il s'approcha de la commode pour s'emparer de la bourse posée en évidence.

Honru n'avait jamais été aussi alerte tout en tâchant à faire semblant de dormir. Il avait longuement croisé le fer durant sa vie mais toujours contre un maître d'armes ou pour quelques passes contre des gens qui n'avaient aucun désir de tuer pour se sauver la carcasse.

" - Hé ! Verdâtre ! " hurla le milicien pour se donner du cœur au ventre.

Aussitôt le Sekteg fit volte face dégainant une dague mais la seule chose qu'il vit fut le casque de milicien qui lui arriva en plein visage à tout vitesse comme pour lui fendre la coquetière, lui faisant voir trente six chandelles alors qu'Honru jaillit du lit pour lui jeter dessus sa couverture comme on jette un filet de pêche. Alors que la créature se débattait, plantant son couteau à travers ce morceau de tissu beaucoup trop grand pour lui, l'humain bondit sur lui. Distinguant ce qu'il croyait être la tête sous la couverture, il plaça rapidement ses mains derrière et l'abreuva d'un généreux coup de genou. Forcément le Kendran salopait le travail, aucune grâce, aucun panache la dedans mais l'ivresse du premier combat pour ne pas se faire trouer la peau et le bruit du cartilage qui craque. Il l'envoya contre le pied de lit que l'autre ne manqua pas de se prendre dans un grognement plaintif, sa main armé heurtant le sol, le couteau ricocha dans un bruit métallique sur le plancher. Honru prit alors appui sur le rebord du lit et frappa trois fois généreusement de son talon sur le corps du voleur.

Cela fut l'affaire d'une trentaine de secondes au plus, l'humain soufflait lourdement pour reprendre son souffle et alla s'emparer de son épée sur la commode. À l'étage un tel bazar avait réveillé quelques bûcherons et Hirsute le premier entra la hache à la main suivit par quelques autres.

" - Qu'est-ce qu'c'est que c'foutoir ?! " aboya-t-il en voyant la chambre sans dessus dessous. Honru se contenta de tirer la couverture pour découvrir le Sekteg manifestement évanoui sur le sol. Celui-ci n'avait pas fière allure, aux coins de ses lèvres crevaient des bulles d'un sang épais, son nez était manifestement brisé.

" - Je crois avoir trouvé ce qui vous vole Kohl. Enfin ces bêtes là ne se baladent que rarement seules, d’après ce que m'a dit le sergent le camp de la rive, il pensait qu'il y en avait une dizaine au bas mot."

" - Linguons c'ui là alors !"

" - Non, on va pas l'linguer. Allez plutôt me chercher une corde solide..."

Étrangement le bûcheron fut surpris car il n'y eut aucune pendaison nocturne. Honru passa une bonne partie de la nuit à discuter avec son prisonnier après l'avoir réveillé avec un seau d'eau. Au petit matin le Kendran sortit et alla retrouver le Hirsute à l'entrée du camp.

" - Alors j'peux le pendre maintenant ? " demanda-t-il d'un air bourru.

" - Vous auriez bien du mal."

" - Quoi ? Vous l'avez d'jà lingué ?" lâcha Kohl en souriant.

" - Oh non... bien mieux que ça, je l'ai laissé partir." lui répondit en souriant le Kendran. Mais il ne souriait pas pour les mêmes raisons.

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Dernière édition par Shaddam le Mar 17 Mar 2015 21:40, édité 2 fois.

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