L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Lun 30 Sep 2013 07:40 
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Je fus réveillé par des bruits d'animaux.
Un coup d'œil en bas, et je vis encore des boutoums.
Je descends de mon arbre et commence à m'approcher des bouloums, ils tournes autour de ce qui fut notre feu.
En un tour de main ( ou de dague plutôt), leurs quatre corps s'afféceres

( où est Hawke?)

Je regarde la cime des arbres environnent et vois, sur une branche haute, le corps de Hawke endormis.
Je repars encore une fois à la recherche de bois pour le feu.
En cherchant, j'ai même trouvé quelques baies comestibles.
Un sourire étire mes lèvres, j'adore la nature, c'est si simple, alors que dans la ville, les choses sont si compliquer.

J'entreprends de faire le feu, de dépecer et d'embrocher le petit dej'.
Une fois ces choses faites, je grimpe, à l'arbre et me porte au niveau d' Hawke :

" Debout si tu veux avoir ta part de petit dej'!"

Puis je redescends et vais m'installer près du feu en étouffant un bâillement.

" Bien dormis ?"

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Lun 30 Sep 2013 18:28 
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" Debout si tu veux avoir ta part de petit-dej' !" s'écria Tsuki.

C'est comme cela qu'Hawke fût réveiller. Ne traînant pas, il descendit avec une agilité exemplaire de l'arbre.

" Bien dormis ?" demanda t-elle.

Tsuki était assise près du feu, grignotant des baies et une brochette de viande. Plus loin, quelques cadavres de bouloums gisaient là.

"Je vois que tu n'as pas perdut de temps ! Et j'ai assez bien dormit et toi ?" dit Hawke d'un visage neutre.

Il s'installa près du feu, remettant sa cuirasse elfique.

"On fait quoi aujourdhui ?" questionna Hawke.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Lun 30 Sep 2013 18:38 
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"Ça peut aller !"

Je le regardais droit dans les yeux, étonnée :

" Depuis quand nous sommes un "on" ?
Je ne me rappelle pas avoir dis que je voulais voyager avec toi !"


Le voyant pantois, je souris.

" Excuse moi, j'aime bien charrier. Je dois aller à Yarthiss, si tu souhaites m'accompagner, ne te gêne pas.
Il reste encore une demie journée de marche environs.
Une fis là bas, nous prendrons deux chambres. J'ai quelques affaires à régler le bas."


Je lui tendis une brochette et entamai la mienne.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Lun 30 Sep 2013 18:44 
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"Ça peut aller !" répondit l'elfe.

Elle regarda Hawke droit dans les yeux, étonnée.

" Depuis quand nous sommes un "on" ?
Je ne me rappelle pas avoir dis que je voulais voyager avec toi !"
s'esclaffa t-elle en souriant.

Hawke ne répondit rien, gêné...

" Excuse moi, j'aime bien charrier. Je dois aller à Yarthiss, si tu souhaites m'accompagner, ne te gêne pas.
Il reste encore une demie journée de marche environs.
Une fis là bas, nous prendrons deux chambres. J'ai quelques affaires à régler le bas."


L'elfe pris la brochette que Tsuki lui tendit.

"J'en viens justement, et je connait même l'auberge pour y avoir dormis et mangeais. Et excuse moi pour le "on" , je suis des fois un peu ..." expliqua Hawke.

Une fois sa brochettes terminée, l'elfe se leva en remettant en place quelques mèches de cheveux qui virevoltaient dans la brise matinale.

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Dernière édition par Hawke le Jeu 3 Oct 2013 13:56, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Lun 30 Sep 2013 19:00 
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"Il n'y à pas de mal !
Laisse-moi juste éteindre le feu."


J'entrepris donc d'éteindre le feu de prier pour le repos des animaux tuer.
Cette chose faite, nous nous mimons en route.
Le foret était encore dense, au point que je monte dans un arbre pour finir par sauter de ce dernier sur le suivant puits encore le suivant...

Définitivement, je suis mieux dans les arbres.

M'accrochant, virevoltant, je me sentais libre.
Bientôt, je volais presque.
Augmentant peu à peu ma vitesse.
Les oiseaux prenaient la fuite sur mon passage, et un sourire béa viens se dessiner sur mon visage.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Lun 30 Sep 2013 19:07 
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"Il n'y à pas de mal !
Laisse-moi juste éteindre le feu."
répondit Tsuki.

Éteignant le feu, elle se mit a prier rapidement pour le repos des bouloums.
Se mettant en route, elle préféra monter dans un arbre et essayer de voyager sur les branches.
La laissant faire, Hawke s'élanca tel un félin entre les arbres.

"On se retrouve a Yarthiss ! " cria t-il.

Marchant d'une bonne allure et avec une légèreté propre a sa race, l'elfe arriverait bien vite a la cité.
En route vers cette dernière, il admira le paysage. La forêt était magnifique, il n'y avait pas une seule clairière en vue et les branches touffus des arbres former un dôme qui ne laisser passer que peu de lumière. Se sentant dans son élément, Hawke pressa encore plus le pas histoire d'arriver avant son amie.

(Avec un peu de chance, je trouverais Shill aux portes de la ville et il pourra indiquer a Tsuki l'auberge. Moi, j'ai autre chose a faire de bien plus important!)

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Jeu 30 Jan 2014 11:20 
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54. Le chemin vers la guérison.


Sump ignorait depuis combien de temps il progressait sur cet étroit et sinueux sentier qu'avait fait apparaître la Gardienne du Sanctuaire des Enfants du Renouveau d'entre les gigantesques arbres centenaires de la forêt. Tel un très long reptile, il serpentait entre ces derniers, descendant, montant et tournant, se faisant à l'occasion boueux, glissant et volontiers accidentant. Parfois, le Sekteg devait même escalader une énorme racine qui le traversait sans gêne.
Il se situait en plein cœur de la forêt et la pénombre y était reine. La haute et touffue feuillée des arbres bloquait en effet l'accès aux rayons du soleil donnant aux lieux une humide fraîcheur ainsi qu'une apparence sinistre et hantée que les branches et les troncs parfois tordus des arbres n'amélioraient en rien. Pourtant, malgré l'absence quasi-totale de soleil, de mignonnes petites fleurs violettes réussissaient tout de même à pousser ça et là aux bords du sentier et représentait une sorte de signalisation.

Sump se retourna brusquement. Grifoniss sa dague dorée dégainée à la vitesse de l'éclair. Il n'était pas tranquille... Il ignorait si c'était l'ambiance des environs ou autre chose qui en était la cause, mais il se sentait épié, suivi. Or si cette désagréable impression ne l'avait jamais quitté depuis ses aventures à la Ferme Abandonnée de Jarvron, il avait mit cela sur le compte de la crainte de se faire attraper par la milice de Dehant et jeter en prison mais là, depuis qu'il s'aventurait sur ce chemin, l'impression n'avait fait que se renforcer.
Toutefois il se forçait à continuer sa progression et ce pour une raison bien simple : il n'avait pas le choix puisque c'était soit ça, soit la mort. En effet après lui avoir fait passer des épreuves durant toute la matinée, la Gardienne, celle-là même qui avait fait apparaître ce fameux chemin sur lequel il usait ses semelles, lui avait annoncé sans détour que sa main gauche allait le tuer à petit feu s'il ne faisait rien.
Pour comprendre ce qui est arrivé à cette main, il faut remonter à un peu plus d'une semaine auparavant. Sump avait été contraint d'accompagner deux miliciens au dernier endroit qu'avait visité un aventurier avant de disparaître. Cet endroit, la Ferme Abandonnée, cachait un trésor et Grifoniss en était la pièce maîtresse. Une relique, autrement dit une arme parfaite et unique dans tout Yuimen. Lorsque Sump avait précipitamment tenté de s'emparer de cette précieuse chose, le bouclier magique qui la protégeait et qu'il n'avait pas discerné lui avait immédiatement explosé à la figure, l'envoyant valdinguer à plusieurs mètres. Depuis, l'état de sa paluche n'avait cessé de se détériorer, se colorant d'une couleur noire et se ridant peu à peu comme si elle pourrissait, à l'instar d'une pomme. Et si au début la noirceur ne s'était cantonnée qu'à la paume de la main, elle avait très vite atteint le dos de celle-ci ainsi que tous les doigts, se propageant dorénavant jusque dans le poignet. La maladie, ou quoi que ce fusse, progressait indubitablement.

Ainsi était la raison pour laquelle Sump, le Gobelin solitaire des forêts quittait à nouveau son train-train et repartait une fois de plus vers l'aventure, en route pour le voyage, les découvertes et surtout les péripéties. Même s'il ne se l'avouait pas encore, il était en réalité presque content que sa main soit malade. Enfin, disons que ça l'arrangeait. Cela lui donnait le prétexte idéal pour échapper un moment à cette vie tranquille et sûre certes mais surtout morne et fade qu'il avait toujours vécut. Et qui lui déplaisait de plus en plus à mesure des épreuves qu'il avait traversé récemment. Il était cependant toujours persuadé que les voyages et la vie d'aventure n'étaient pas fait pour lui. C'était beaucoup trop nocif pour sa survie comme en témoignaient ses déboires dans le territoire de la Sororité de Selhinae. Malgré cela il éprouvait quelque chose qui était rare chez lui : de l'excitation. De l'excitation à l'idée de découvrir encore plein de choses parmi toutes celles qu'il ignorait du monde. Du monde dans lequel il vivait et duquel il ne savait rien.

Le sentier s'arrêta alors brusquement devant un épais buisson et Sump se raidit dès qu'il entendit les bruits qui retentissaient de l'autre côté du taillis : de grosses voix d'hommes étaient en train d'entonner en chœur et en rythme une chanson de travail tandis que des bruits mâts se faisaient entendre en toile de fond de tous les côtés.

Hardi, les gars !
Vous n'allez pas faire vos tanches,
À relâcher la cadence...
Serrer bien fort votre manche,
Car ce n'est pas tous les jours dimanche...

Aller les gus !
Ne vous arrêter surtout pas,
De couper du frais et bon bois,
Car vous pouvez être sûr,
Qu'il servira aux gens de bonne foi !


Ce n'était pas le plus beau son qu'il lui avait été donné d'entendre...
Prenant son courage à deux mains et réprimant son envie instinctive de faire demi-tour, il chercha un moyen de continuer sa route. Il était certain que c'était par là qu'il devait aller car la Gardienne l'avait bien mit en garde : le périple menacerait sûrement ses vieux jours...or rien ne menaçait plus ses vieux jours qu'une bande d'Humains mâles aux airs bourrus...
Mais Sump en savait assez sur ces derniers pour être persuadé qu'ils étaient beaucoup plus amènes que lui à trouver le remède à sa maladie. Pour se guérir et ainsi éviter la mort, il allait donc inévitablement devoir en côtoyer, ravalant ses principes de survie qu'il avait toujours fait un point d'honneur à respecter depuis la destruction sanglante de son clan.
Non sans mal, le Gobelin parvint à contourner l'épais taillis qui lui bloquait la route à travers les hautes herbes humides et autres souches trempées pour déboucher à sa grande stupeur sur le bord d'une grande clairière ouverte baignée par le soleil qui lui fit mal aux yeux. Ce n'était pas la dite clairière qui gênait le Sekteg mais plutôt les dizaines d'Humains qui s'y trouvaient, haches à la main ainsi que leur drôle de gros baraquement en bois et les mécanismes complexes installés tout autour.
Le Gobelin savait ce qu'ils faisaient, ceux de Jarvron et du petit hameau non loin de Dehant le lui avaient appris : Ces Humains, exclusivement des hommes, coupaient du bois pour pouvoir s'en servir comme matériaux de construction. La première de ces constructions qui lui venait en tête fut la "maison". Ces espèces de grosse boîtes fermés de partout qui, pour Sump, représentaient une des pires choses au monde. Jamais lui ne pourrait espérer s'endormir dans ce genre de trou, enfermé de tous les côtés et sans pouvoir voir la voûte étoilée du soir au-dessus de lui...

Profitant du fait que personne ne semblait l'avoir remarqué, le Sekteg risqua un premier pas en avant, puis un deuxième avant de s'arrêter pour jeter de vifs coups d’œils autour. Rassuré quant à l'attention qu'on lui portait - tous étaient trop occupés à chanter ou à abattre leur hache - il accéléra le rythme de sa marche pour se diriger vers la route de l'autre côté de cette grande trouée lumineuse qui continuait à s’enfoncer dans la forêt.
Mais alors, parce qu'il se doutait bien que ça ne pouvait pas être aussi simple, le silence se fit soudainement. Les types ne chantaient plus.
Sump se crispa sans toutefois s'arrêter. Au contraire, il pressa le pas.

"Eh ! Tu crois aller où comme ça ?"

Celui qui l'interpellait se trouvait quelque part derrière lui et s'était rapidement rapproché puisque sa voix lui semblait de plus en plus proche. Rapidement trop proche d'ailleurs. Le Gobelin se retourna, tendu à l'extrême. Était-on au courant des actes criminels qu'il avait commit à Dehant ou ne l'apostrophait-on qu'à cause de sa qualité de Gobelin ? Comment le savoir ? Devait-il s'enfuir en courant ?
Il s'aperçut du coin des yeux que la question ne se posait même plus puisqu'il ne tarda pas à se faire encercler par une dizaine de solides gaillards faisant tous deux fois sa taille.

"Je t'ai posé une question, p'tit enfoiré." insista celui qui l'avait repéré."Où est-ce que tu comptes aller ?"

Intimidé et ne cherchant pas le moins du monde le conflit, Sump n'osait pas regarder son interlocuteur dans les yeux. Ce dernier était grand, bien bâti, le crâne dégarni mais parsemé sur les côtés de cheveux à la drôle de couleur beigeasse tandis qu'une piquante barbe d'une semaine salissait son visage taillé à la serpe. Il était vêtu d'une chemise blanche froissée rentrée dans un épais pantalon.
S'il était toutefois moins impressionnant que Kronh, il semblait plus âgé mais toujours détenteur de la fougue et de la brusquerie de la jeunesse. Kronh, un des miliciens qu'il avait accompagné à la ferme étant en quelque sorte son pire ennemi, le Gobelin avait prit pour habitude de le comparer à toute chose un tant soit peu impressionnante.

"Soigner ma main."répondit le Gobelin avec le ton le moins contrariant qu'il pouvait cracher en montrant bien haut sa main noircie.

Le gaillard fit une moue légèrement dégoûtée en voyant l'état du membre du Gobelin tandis que certains autres reculèrent en faisant d'intelligents commentaires comme "Bordel, c'est peut-être contagieux cette merde."
Le gus reprit en essuyant son front luisant de sueur et de copeaux de bois du dos de la main.

"Et bien sûr tu t'es dit qu'on pourrait sûrement t'aider à Yarthiss, c'est ça ?"

Le Sekteg le contempla, penaud et le colosse sembla prendre ce silence pour un "oui". Il poussa une exclamation dédaigneuse et cracha un gros mollard grisâtre par terre :

"Et t'as l'espoir qu' la milice de la ville t'laisses passer ? Une sous-race de fouteur de merde comme toi ? Laisse-moi rire..." Puis il ajouta à l'adresse de la bûcheronne foule qui s'agrandissait en cercle autour d'eux :
"Moi, chers collègues, m'est avis que la milice de notre ville serait bien soulagée qu'on la débarrasse de c'te daube, pas vous ?"

Au grand dam de Sump qui avait bien compris que ça commençait à dangereusement sentir le roussie pour lui, une majorité des gars du public acquiescèrent en grognant et en levant un peu leurs haches, tandis que d'autres ricanaient ou s'éloignaient doucement.
Avant que le Gobelin n'ait pu penser à faire quoi que ce soit, une profonde et caverneuse voix de basse s'éleva calmement de derrière la foule, semblant impossible à couvrir :

"Bon, c'est quoi la raison de cet attroupement ?"

Aussitôt, les mines se firent plus penaudes et beaucoup s'écartèrent pour laisser place à un véritable titan qui s'approcha d'une démarche tranquille mais surtout très lente. Les yeux de Sump s’agrandirent lentement tandis que l'ombre du phénomène l'enveloppait tout entier. Si Kronh était très grand, ce nouveau-venu le relayait sans problème au rang d'oisillon et était en plus comme tout bûcheron qui se respecte : de robuste constitution. Il dominait tout le petit monde de plus d'une tête et les écrasait de ses larges épaules et de sa autant démesurée hache à double tranchant dont la lame, gris-argent, semblait toute neuve malgré le manche en bois qui semblait peiner sous le poids des années d'utilisation.

Le géant posa ses yeux mordorés sur la ridicule chose verte à ses pieds et la contempla un instant sans rien dire. Un des yeux de la montagne était à moitié fermé à cause d'une large cicatrice qu'il avait sur l'arcade sourcilière lui donnant un air un peu lent ou blasé.
Celui qui l'avait beaucoup ramener jusqu'ici se contentait maintenant de fixer la lame de sa hache plantée dans le sol, les traits tendus et les mâchoires serrées.

"Bon, un Gobelin et alors ?"reprit finalement le colosse de sa voix lente. "Il vous fait peur à un tel point que vous vous êtes arrêté de travailler ?"

Crâne dégarni détourna rapidement la tête pour regarder ailleurs, agacé. La montagne se tourna lentement vers lui :

"Jacky ?"

Ce dernier prit soin de bien choisir ses mots quand il répondit :

"C'est pas qu'il nous fait peur, Berto'... mais on va pas le laisser aller à Yarthiss, il va se faire virer. Autant faire gagner du temps à la milice, ils en ont bien besoin avec les pirates qu'il y a en ville en ce moment, non ? Sans compter les réparations du tremblements de terre..."

Le dénommé Berto soupira lentement :

"Bon, rappelles-moi ce que nous sommes, Jacky."dit-il en s'appuyant sur sa hache avec un seul bras, semblant attendre une longue histoire.

Jacky, lui, baissa la tête, les muscles de ses mâchoires saillant sous le soleil brûlant.

"On est des putains de bûcherons." grommela-t-il.

"Précisément. Notre rôle est donc de couper du bon bois pour que les habitants réparent, entre autres, leurs maison cassées après le tremblement de terre. On a donc du boulot nous aussi, tu es d'accord ? Bon, alors laissons la milice faire son travail et laissons-nous faire le nôtre, d'accord ?."

Sur ce, Berto se retourna lentement et, la hache sur l'épaule, s'éloigna, suivit par la plupart des bûcherons présents.
Jacky, lui, repoussa difficilement sa rage et sa frustration en inspirant profondément et, pendant que ses collègues repartaient à la tâche, essayant, pour certains, d'entraîner leur turbulent compère, il fixa le Gobelin dans les yeux, un rictus tendu sur le visage avant de lâcher un rageux « putain ! » qui fit sursauter le Sekteg. Après quoi, il tourna les talons et repartit couper du bois laissant là un Sump immensément soulagé d'être toujours vivant et pas découpé en petites tranches.
C'était fou ce talent qu'il avait de se faire détester par la personnalité la plus instable d'un groupe...
Se faisant le plus petit possible, il passa ensuite à gauche de la grande baraque de bois, s'attirant les regards noirs de deux individus en train de faire leur travail sur un épais tronc d'arbre fraîchement coupé.

Tout ce qui l'importait pour le moment, c'était cette fameuse "Yarthiss", qui était, d'après ce qu'il avait compris, une ville. Humaine, sans doute. Ce serait la deuxième qu'il visiterait de sa vie avec Dehant...S'il parvenait à entrer. D'après les dires de "Jacky", c'était pas gagné.

Suite.

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Sump


Dernière édition par BreadOOney le Ven 26 Aoû 2016 08:40, édité 23 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Jeu 13 Fév 2014 00:13 
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Le Soleil se levait lentement au dessus des arbres de la forêt du sud, étendue verte et sauvage qui entourait la ville de Yarthiss. Le ciel, entièrement dégagé, présageait une belle journée comme seul l’été savait les offrir, dans cette région située à l’Est de Imiftil, l’un des quatre continents de Yuimen. Les rayons solaires venaient se déposer délicatement sur la terre encore détrempée de la rosée matinale, et faisaient briller les brins d'herbe humides.

Le chant des oiseaux sonnait comme une douce comptine portée par son écho. Cette espace luxuriant était constitué d’une faune et d’une flore extraordinairement riche, si bien, que de nombreuses espèces animales et végétales ne vivaient qu’au sein de cette dernière. La forêt s’étendait à l’est jusqu’aux montagnes sèches, et le sentier principal qui traversait son intégralité, s’enfonçait au nord vers les collines enchantées du peuple de Varrock.

Il était huit heures passé quand soudainement, au sein du bord ouest de la forêt, un craquement de brindille se fit entendre assez distinctement. Un renard, qui s’abreuvait dans un trou d’eau non loin de là, s’esquiva sans attendre, alerté par ce bruit inhabituel, puis s’enfonça rapidement dans les épaisseurs vertes et sombres de l’est.

Suite à cela, une ombre inquiétante se déplaça furtivement à travers les buissons, et une silhouette se distingua très nettement. Elle sauta aisément les talus, qui bordaient les fossés présents en cet endroit puis disparut vers la direction opposée à celle de la bête, en franchissant la pente d’une dépression située à sa gauche.

Le calme, qui avait été perturbé en ces lieux par cet étrange événement, revint progressivement sur l'ensemble du taillis, accompagné d’une douce brise venue du nord, qui faisait danser les feuillages des chênes et des hêtres présents en grande quantité dans la zone. Une quinzaine de minutes plus tard, le renard, d’un pas méfiant, revint au niveau de la source pour reprendre quelques gorgées. Il plongea à nouveau son museau pointu dans la nappe d’eau, qui se vida jusqu'à la dernière goutte. Puis, il se redressa lentement et repartit d’un pas nonchalant, tournant le dos au petit trou, maintenant desséché, qu’il venait de créer.

Pourtant, après quelques mètres , il s’arrêta brutalement et se dressa sur ses pattes postérieures. Il venait de flairer une odeur étrange, mais non moins désagréable, qui semblait venir d’un petit tas de feuille, déposé sur une butte, située droit devant lui. Il s’en approcha d’un pas méfiant, mais hâta son allure lorsque l’odeur se fit plus alléchante. Le petit animal en était désormais sûr, il s’agissait de nourriture, bien qu’elle lui soit totalement inconnue.

Il s’en rapprocha encore un peu plus, puis se stoppa de nouveau. Il venait d’entendre un petit clac suivit d’un léger mouvement d’air, de l’autre côté de la dépression, présente un peu plus à l’ouest. La bête s’étala alors sur le sol, inerte, comme si elle venait de tomber dans un profond sommeil. Une flèche venait de l’atteindre au cou. Elle avait été tirée depuis un arbre qui surplombait la zone.

Un homme descendit alors de sa cachette et se dirigea lentement vers le renard étendu. Ses pas résonnaient lourdement à cause de l’humidité encore présente sur le sol. Il était habillé d’une tunique noire et une capuche lui recouvrait le haut du visage. On pouvait néanmoins distinguer sa bouche fine et sa mâchoire carrée. Il possédait des épaules trapues et larges, et il possédait une démarche élégante, qui lui conférait un air assuré. Il arriva bientôt à côté de la dépouille de l’animal et se pencha pour la ramasser.

(Yuimen, Oh grand Yuimen je te remercie de m’offrir cet animal, ce petit être, ce joyau, que toi et toi seul as crée, as fait naitre…et as fait vivre. Son esprit vivra à jamais à travers le mien.)

L’homme suréleva la tête du renard et enleva la flèche qui était encore plantée dans le cou de l'animal. Celle-ci s'en délogea proprement et rapidement. L'individe essuya ensuite le sang encore présent au bout de la flèche, puis la rangea dans son carquois.
Il souleva ensuite la créature et la plaça délicatement sur son épaule. La carcasse de l'animal pesait étonnamment lourd, malgré sa petite taille, mais ne semblait aucunement déranger le mouvement du chasseur, qui se releva sans peine pour repartir.

Il marcha ensuite une poignée de secondes et récupéra l’appât qu’il avait préalablement positionné, pour attirer la bête. Il l’avait placé après que cette dernière se soit enfuit, à cause de la brindille sur laquelle il avait marché. Cet appât n’était en fait qu’une simple pousse de bulbitu, une petite plante qui a pour habitude de pousser dans les petits jardinets des maisons de Yarthiss, imbibée d’une mixture odorante, prisée des animaux sauvages, et très connue dans le monde de la chasse.

L’homme, heureux de sa prise, prit la décision de mettre à terme à sa journée de chasse, et de retourner en ville. Il rejoignit très rapidement un sentier situé un peu plus au nord, qu’il décida de prolonger jusqu’à atteindre une partie moins boisée. Puis, alors que le soleil était sur le point d’atteindre son zénith, le chasseur arriva au bord nord de la forêt, où se dressait une petite falaise qu’il escalada aisément, la bête toujours placée sur son épaule.

Au sommet de cette dernière s’étendait une prairie calme, habillée d’une robe verte d’une beauté sans égale. En cet endroit beau et paisible, l’homme décida de s’arrêter et de se restaurer. Il déposa le renard sur une branche assez haute et le fixa de telle sorte qu'il ne puisse tomber. Cela lui permis également de s’assurer qu’aucun animal sauvage, qui aurait pu le suivre et l’observer, ne lui vole son butin. Le poids de l’animal, enfin débarrassé, l’homme s’allongea à l’ombre d’un chêne majestueux, qui dominait l’intégralité de la clairière, puis parvint à trouvait le sommeil au sein duquel, il commença à voyager dans le royaume des rêves.



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Dernière édition par Le Toralgam le Lun 18 Aoû 2014 20:59, édité 10 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Jeu 20 Fév 2014 04:17 
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[:attention:] Certaines scènes de ce rp sont assez gores, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture. [:attention:]

Maâra est assise par terre, le visage maculé de larmes, de sang, de cendres et de mucus. Elle pleure, gémit et maudit la terre entière depuis de longues minutes, tremblant de froid malgré la chaleur étouffante de cette nuit d'été caniculaire et les flammes intenses qui rongent ce qu'il reste de la cabane de pêcheur à quelques mètres.

- Je t'en supplie, répète-t-elle sans cesse, je t'en prie, pas elle, je t'en prie.

Elle-même ne sait plus qui elle supplie de la sorte. Morëla, son faera ? Phaitos, son Dieu ? Ou la mort en tant que telle ? Dans son chagrin elle a perdu toute réalité du monde.
A l'abri du feu au creux de ses bras se trouve la corps de sa sœur, qu'elle caresse, recoiffe et rhabille correctement en essayant en vain de masquer les blessures.

- Fais quelque chose, je t'en prie ...

Cette nouvelle supplique est cette fois destinée formellement à Morëla. Il le sait sans qu'aucun nom ne soit prononcé. Il ressent ses sentiments, sa douleur, son chagrin, son impuissance, ses espoirs aussi mais celui qu'elle tente de partager avec lui est vain. Comment le lui dire, comment peut-il encore l'accabler davantage. Il l'a aidée, guidée et selon sa propre interprétation manœuvrée à sauver la vie d'un humain il y a maintenant plus d'une semaine ... un humain, un simple et vulgaire tas d'os et de chair sans intérêt.

Mais pourquoi lui, et pas elle ?

Elle sert sa sœur dans ses bras et pour la première fois la quitte du regard pour chercher son faera des yeux

- Aide-moi.
- ...
Il n'a même pas la force de le lui dire. Quel piètre compagnon il fait. Il sait que rien ne peut l'apaiser, il sait ce qui va se passer ... et pourtant il ne peut pas. Quoi qu'il choisisse de faire ou de ne pas faire, rien ne lui sera salutaire.

Sa sœur était déjà morte à leur arrivée.

**Elle était partie leur chercher à manger. Elles s'étaient disputées, comme souvent, comme fatalement deux sœurs le font lorsqu'elles sont si différentes mais s'aiment pourtant si ardemment. Une dispute à propos de la nourriture, aussi bête qu'évitable. Sa fuite ou son échappatoire comme elle préfère le nommer, ne fut pas inutile, tant pour son moral que pour leur appétit. Elle avait trouvé des fruits rouges dans les sous-bois, très mûrs mais encore mangeables, elle avait attrapé deux rats et quelques lézards, elle avait croisé un ou deux serpents mais Leena détestait ça. Elle se souvenait à peine de la dispute quand elle décida de repartir vers la cabane sur pilotis où elles s'étaient installées depuis deux jours, elles ne risquaient pas de voir arriver les propriétaires avec la sécheresse qui sévissait cet été là.

Soudainement elle se braqua, sentant que quelque chose n'allait pas et se mit à courir à vive allure.

Morëla savait ce qu'elle allait trouver, il savait mais ne dit rien.
Leena avait choisi. Maâra n'aurait jamais compris ni accepté son geste alors il s'était séparé d'elle pour que rien ne transparaisse, ni ses doutes ni son savoir. Il avait sondé Leena et avait compris. Elle savait quoi dire et comment le dire pour vexer Maâra afin qu'elle s'en aille au lieu de rester pour défendre son point de vue. Elle espérait que Maâra serait absente suffisamment longtemps pour pouvoir tenter le tout pour le tout contre les trois cavaliers qui les poursuivaient depuis une semaine.
Sa dernière manœuvre envers sa jeune sœur.

L'elfe grise courrait vite, même en pleine forêt, mais pas assez. Quand en approchant de l'incendie elle s'aperçut qu'il provenait bien de leur logis provisoire elle ne poussa aucun cri, elle serra les dents et accéléra le pas.
Leena gisait dans ce qui était le lit de la rivière, juste en dessous du petit quai en bois s'avançant au milieu de la rivière. Elle était recroquevillée au sol, les bras au dessus de la tête pour se protéger d'un feu qui l'avait déjà presque entièrement avalée. Maâra se précipita vers le corps de sa sœur sans réfléchir, la tira par le bras sans ménagement pour l'éloigner du cabanon qui menaçait de tomber à tout moment. Elle la fit rouler vers la vase humide, plongea sa cape dans un trou d'eau et tenta d'étouffer les flammes.
Elle hurlait et braillait des ordres à un corps sans vie.

Morëla assista, impuissant malgré lui, à la déchéance de sa protégée. L'elfe grise était hystérique et rien au monde ne pouvait la calmer, à part le temps.**


- J't'en priiiieeee
Elle sert sa sœur aussi fort qu'elle l'ose de peur de lui faire mal. Elle ne réalise pas encore, le veut-elle seulement ?
Du bout des doigts elle essuie une larme sur la peau craquelée du visage encore brûlant de sa sœur et tout à coup sans que quiconque ne puisse le comprendre, elle s'arrête de pleurer et devient quasiment d'une seconde à l'autre aussi austère qu'une poupée triste.
Elle observe sa sœur comme une mère son nouveau né dans son berceau.
La vue et l'odeur feraient pourtant vomir le plus résistant des bourreaux mais Maâra ne voit ni ne sent la même chose que le commun des mortels.
La peau de Leena est à vif, brûlée jusqu'à l'os par endroits d'où suinte une mousse entre le blanc et le jaune qui répand un effluve nauséabond. Ses paupières, que Maâra fait mine de fermer, ont littéralement fondu dans des globes oculaires qui ont éclaté sous l'effet de la chaleur. Le reste de son corps meurtri passe aussi sous le regard impassible de Maâra qui penche la tête sur le coté avant de relever deux billes noires insondables vers Morëla.

Insondables sauf pour lui

- Ôla non … Maâra ... non.
- Apprend-moi
- C'est inutile, ça ne fonctionnera pas.
- A pprend moi
Son ton est glacial, impérial, à faire frémir un mort mais ce qu'elle compte accomplir est bien plus qu'un frémissement.
- Il n'y a rien à apprendre
Le regard de Maâra fusille son petit rat Faera mais il n'ajoute aucun mot et son faciès, si tant est qu'il puisse s'exprimer, devient la tristesse même.

Plus déterminée que jamais elle se lève et éloigne le corps de sa sœur de la zone où des flammes virevoltent encore dangereusement.
Cette fois, il ne s'agit pas de lire un parchemin et d'apprendre par cœur la manière d'utiliser ses fluides, ni de laisser son adrénaline lui sauver la peau, là il s'agit de les commander et d'imposer sa propre volonté.

Mais malgré cela, elle murmure à mi-voix pour se rassurer des choses évidentes comme le faire qu'elle est une nécromancienne … pas uniquement une mage quelconque maniant des fluides d'obscurité, non, une nécromancienne au service de Phaitos en personne. Cette révélation est pourtant encore très récente pour elle mais depuis que ses pouvoirs ont commencé à s'exprimer plus librement elle le sent, elle peut manipuler les morts … les morts … les morts. ((Leena !))
Sa concentration se dérobe soudainement sur ces derniers mots mais elle se mord la joue à s'en faire saigner. ((Quelle imbécile !))
Elle s'est mordu par réflexe, pour penser à autre chose ... stupide idée. Et par réflexe aussi elle a tenté de contrer le plaisir qui monte en elle dès qu'elle ressent de la douleur, de contrer ses propres fluides qui s'éveillent à chaque fois et s'agitent comme des louveteaux affamés. Cela aussi est stupide … mais elle a beaucoup de mal à accepter cette étape là de son pouvoir.

((Pour Leena !))
- Maâra, je t'en prie … non

Elle balaye la liaison soudaine avec une brutalité qui ne lui est pas naturelle.

- Non ! Je l'ai lu ! Un compagnon servira le nécromancien, une âme damnée avec qui il s'associe mais pas seulement. Je suis sûre de l'avoir lu Morëla, tu ne comprends donc pas, je PEUX la créer !

Au silence de son rat, éternellement en proie au doute, Maâra est persuadée d'avoir raison et s'enfonce en peu plus profondément dans sa transe.
Elle ne réfléchit plus, elle fonce.

Elle a besoin de tout ce qu'elle peut donner et si ça doit se faire plus rapidement ainsi … alors tant pis.
Elle se taillade le poignet pour réveiller ses fluides qui s'agitent et se faufilent par ses veines. Elle ressent un grand froid puis leur force inépuisable comme chaque fois qu'elle les éveille ainsi. Elle hurle le nom de Phaitos à la lune, l'implorant de lui montrer le chemin vers les âmes.
Elle incise à nouveau sa chair et se laisse aller aux vagues successives de plaisir qui la transporte dans un état de semi-conscience. Ses fluides font partie d'elle maintenant, elle respire par eux, elle entend ce qu'ils lui montrent et elle se concentre sur leur essence dans le monde autour d'elle. Elle sonde l'air, la terre, la magie, l'univers à la recherche de cette essence identifiée.
Elle se sent soudainement liée à la mort sans pour autant pouvoir distinguer une âme d'une autre, alors elle se saigne encore, si violemment qu'elle gémit et tombe au sol, haletante, mais elle s'accroche au lien. Elle ne les distingue pas de la manière dont elle s'y attendait mais elle se sent liée d'une manière particulière à l'une d'elles. Elle est sauvage, puissante et il lui semble qu'elle recherche aussi quelque chose parmi les âmes.

L'elfe grise est à genoux, les bras écartés droit devant elle, le dos vouté, le corps crispé à tel point que les veines de ses membres, d'une couleur aussi sombre que ses fluides, jaillissent littéralement de sa peau. Ses fluides se sont comme matérialisés dans l'air, ils virevoltent autour de ses mains ensanglantées et s'étirent tels des filets. La terre se meut autour d'elle, elle tremblote et s'agite comme sous le coup d'un piétinement de géant. Elle ne s'en rend pas compte mais des os sortent de terre et se prennent dans les filets d'obscurité, des morceaux de cadavres arrivent d'on ne sait où et y atterrissent aussi mais c'est au niveau du corps de sa sœur que l'expérience devient morbide. De son corps encore chaud se détache des pans entiers d'elle, sa hanche gauche se fait comme arracher par une force invisible, puis son torse littéralement séparé comme si quelqu'un lui avait attrapé le sternum et avait tiré d'un coup sec pour ne garder que sa cage thoracique en main. Sa colonne vertébrale suit le reste du corps, allant s'empêtrer dans une autre partie du filet infernal que forment maintenant ses fluides autour de ses bras.

Morëla assiste à ce spectacle sinistre sans tressaillir, remerciant silencieusement lui seul sait qui que Maâra ne soit pas elle aussi spectatrice de son œuvre. Dans sa vie future, il y aura bien d'autres corps mutilés, d'autres bains de sang et elle agira parfois de manière plus malsaine encore que ce qui se passe ici … mais plus jamais avec le corps de sa sœur tant aimée.

Il ne reste maintenant du corps de Leena que des cendres de vêtements.
L'invocation de ce qui sera son compagnon à vie s'est fini dans la douleur mais ses plaies se refermeront rapidement. Elle tombe au sol, à moitié sonnée par l'effort qu'elle vient de fournir, le visage enfoui dans ses mains mais elle n'ose pas lever la tête. Sur sa nuque, elle sent un souffle chaud. Elle respire fort.

Elle est soudainement prise d'un doute. Leena est-elle revenue comme elle était jadis ou n'est-elle qu'un corps meurtri. Elle entend alors un reniflement puissant juste au dessus d'elle. Elle ferme les yeux, trouve le courage de faire face à son nouveau destin, elle cherche les mots qu'elle lui dira en premier … peut être des excuses.

Elle se redresse et ouvre les yeux. Son cœur s'emballe alors brusquement, la bouche ouverte, les yeux écarquillés emplis d'une incompréhension et d'une fureur naissantes, elle se voit tendre la main vers la gorge de la chose, les doigts crispés pour l'étrangler mais elle reste bloquée ainsi à quelques millimètres.

- NaaaaaAAaaaaaann !!
Elles sont nez à nez lorsque Maâra lui hurle dessus mais elle ne bouge pas d'un poil malgré toute la haine véhiculée par le cri et le regard de l'elfe grise. Seule cette dernière finit par bouger. Elle se relève et tourne en rond jusqu'à ce que son regard se pose sur les restes fumants de sa sœur.

- NaaaaAAAaaaaaan !!

Elle s'écroule en pleurs et s'évanouit au bord de l'eau.
La bête vient se mettre à coté. Elle n'émet pas un son, pas un bruit, et son faciès n'exprime pas l'ombre d'un sentiment connu mais elle reste sur place sans bouger, aux aguets.



Lorsqu'elle reprend conscience, reste allongée sur le dos à regarder les étoiles dans le ciel. Elle semble calme mais ses yeux ne trompent pas, sous ses traits résignés se profilent des idées sombres.

- Pourquoi ? Demande-t-elle sans haine dans la voix, et cette fois Morëla sait qu'elle écoutera et comprendra ce qu'elle n'aurait pu entendre tout à l'heure. Maâra ne peut évoluer que dans la souffrance et la douleur et rien ne changera ce destin.
- Parce qu'elle est morte en paix. Les âmes en paix sont … prises en charge par le gardien de l'au-delà et isolées des âmes tourmentées qui elles seules répondent à l'appel de la magie noire.
- Comment ?
- Parce qu'elle a fait un choix, elle s'est sacrifiée pour te sauver la vie … après l'avoir involontairement mise en danger.
Elle ne répond pas mais il se concentre sur ses pensées et continue sans qu'elle ne pose de questions et puisse se reposer et s'endormir.
Je t'expliquerais les détails si tu le demandes, plus tard, mais elle a mis elle-même le feu au cabanon, juste avant qu'ils n'arrivent. Elle les avait vus, au loin, pendant son tour de garde et elle savait comme moi que vous ne pourriez jamais les semer. Pas plusieurs cavaliers. Toute seule tu aurais pu mais pas avec Leena. Alors elle a déclenché votre dispute. Elle a mis le feu et s'est cachée. Quand ils étaient presque en vu du cabanon, elle a fait mine de revenir de la foret en courant en hurlant désespéramment ton nom. Elle voulait qu'ils pensent que tu étais là dedans. Ils ont marché … qui n'aurait pas d'ailleurs, tu ne lui connaissais surement pas ce talent.

Les pensées de Maâra l'interrompent soudain puis il continu.

Elle en savait trop. Je pense très sincèrement qu'elle ne savait pas dans quoi elle s'était embarquée, elle a été dupé, l'a compris trop tard pour s'en sortir et t'en sortir indemne.

Une inquiétude soudaine de l'elfe grise brise son discours

Non, ils sont partis vite. Ils sont déjà loin. Tu hurles fort, très fort même, tu as du faire fuir tout le gibier à des kilomètres à la ronde mais ils ne sont plus là.
Lui le sent aussi.
Il sent la chair fraîche de loin,
précise-t-il car Maâra, presque endormie, n'a pas réagi.

Stor Varg l'enragé, le compagnon mort vivant de Maâra, lève la truffe pour confirmer les dires du Faera mais l'elfe n'en voit rien. Elle s'est endormie d'épuisement.


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Maâra - Nécromancienne - Sindel
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Dernière édition par Maâra le Dim 30 Aoû 2015 15:52, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Dim 23 Fév 2014 22:41 
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Pourquoi m’as-tu laissé? J’avais une telle confiance en toi… Pourtant, tu en as profité pour t’éclipser…

L’homme était assis sur un banc au milieu d’une pièce sombre et oppressante, éclairée simplement par une lanterne qui était posée devant lui, sur une table en bois rouge. La température de la pièce était basse, et le blizzard qui s’engouffrait dans la salle par les fissures présentes dans les murs n’arrangeait rien. La nuit semblait obscure et on devinait, grâce aux ombres qu'ils projetaient sur le sol habillé de pavés, les nombreux nuages qui remplissaient le ciel menaçant.

Toralgam,mon enfant… tel était notre destin. Vous étiez assez grand ton frère et toi; vous n’aviez plus besoin de moi. J'ai bu ce poison tout en sachant que mes fils étaient capable de s'en sortir, seuls. Tu es devenu un homme fort de corps et d’esprit. Ton père, Aramur, aurait été si fière de toi.

Une femme faisait face à lui. Son visage n'était pas distinguable. On pouvait néanmoins voir ses cheveux d’un blond aveuglant, qui volaient autour de sa silhouette fine et harmonieuse.

Je ne te l’ai jamais dit, mais je pense que aujourd’hui tu es prêt à l’entendre. Je profite donc de mon apparition dans tes pensées pour te raconter la vérité. Aramur, ton père, n’est pas mort comme tu le penses; il a été sacrifié. Sa disparition à bien eu lieue il y a quinze ans. Il était bucheron, l’un des plus respectés et des plus talentueux de la région, mais ça tu le sais déjà.

Sa force lui permettait de fendre des troncs de plusieurs mètres d’épaisseur, d’une facilité déconcertante. Or, un beau jour, un homme vint frapper à la porte de notre bâtisse et le demanda. L’inconnu lui tendit alors un parchemin enroulé et cacheté. Ce document était porteur d’un message des plus sérieux, un message qui allait changer à jamais, la vie de notre famille.


Le visage de la femme se ferma progressivement comme si elle s’apprêtait à révéler un souvenir qui la faisait souffrir. Elle se leva et tourna le dos à Toralgam tout en avançant vers la fenêtre endommagée qui bordait la pièce à gauche de la table en bois. Elle put entrevoir la rue pavée, qui était partiellement visible à travers les fissures de la croisée. Elle reprit ensuite la parole, d’un ton plus sérieux que précédemment.

Ce parchemin avait été envoyé de la part du roi d’Imiftil lui même. Il ordonnait à ton père d’aller affronter l’Incassable, un arbre gigantesque situé au nord de Yarthiss. En effet, selon une légende, le premier homme qui parviendrait à étendre l'Incassable de tout son long sur le sol, trouverait dans sa carcasse un trésor inestimable. Seulement, l’écorce de cet arbre était réputée pour être plus résistante que n’importe quel métal connu par les humains. Pour preuve, durant des dizaines d'années, aucun homme du continent ne fut capable de venir à bout de ce colosse enraciné et pis, la plupart ne revinrent jamais de leurs combats avec le monstre. Seulement, la cupidité du roi était telle qu'il jurait de torturer chaque habitant de notre continent jusqu'à ce que le trésor lui soit remis.

Ton père, en apprenant cela, n’eut d'autre choix que de partir affronter l'arbre, malgré le danger que représentait cette décision, et suivit l’homme qui l’amena à proximité de l'Incassable. Une partie de la ville les avait accompagnés, curieuse de savoir si la légende disait vraie; quant à moi, je ne pouvais suivre mon mari, de peur de le voir s’éteindre devant mes yeux. La suite de l’histoire m’a donc été rapportée par ton frère et certains villageois, qui avaient pris part à l’expédition.


La mère de Toralgam se laissa ensuite tomber sur les genoux, et bien que ce dernier ne put distinguer clairement le visage de sa mère, les petits gémissements qu'elle poussait lui permis de comprendre que des larmes lui coulaient sur le visage.

Aramur, après avoir limé soigneusement l’extrémité de sa hache, asséna un coup violent sur l’écorce nue de l’Incassable, qui laissa tomber un petit morceau de son habit boisée. C’est alors que l’arbre, pour lui faire payer cet affront, l'emporta dans ses racines et le fit disparaître dans les profondeurs de la terre.

Après ce drame, les hommes et les femmes, spectateurs de cette mort aussi soudaine que inexplicable, et qui étaient profondément touchés par la disparition d’un homme qu’ils portaient tous dans leurs coeurs, décidèrent de me rapporter le bout d'écorce que ton père avait réussi à extraire. Par la suite, ton frère Baroumin, soucieux de trouver une utilité à la mort de ton père, décida de sculpter un arc à partir de l'écorce arrachée. Cet arc est aujourd'hui en ta possession,Toralgam, et il est le symbole d’une famille déchirée par le mal, qui de jour en jour, se dépose sur notre monde. Tant qu'il sera en ta possession, une partie de nous vivra encore.


La femme se releva lentement puis, un léger sourire vint se déposer sur le coin de sa fine bouche. Ensuite, elle disparut lentement, comme une lumière emportée par le royaume des ombres.


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Dernière édition par Le Toralgam le Lun 18 Aoû 2014 22:46, édité 6 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Ven 28 Fév 2014 22:45 
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Suite à cette dernière vision de sa mère, Toralgam ouvrit les yeux et se redressa rapidement. Il était de retour dans la prairie où il s’était assoupi. Des épais nuages opaques avaient remplacés le soleil perçant du matin, et entamaient une danse harmonieuse dans le ciel. La verdure aux alentours vacillait de gauche à droite et de droite à gauche.

Père, mère, reposez en paix... Le garçon se tenait la tête et de multiple pensées lui passaient par l'esprit. De quel mal parles-tu mère? Ce peut-il qu'une chose atroce soit sur le point d'arriver?

Le jeune homme se releva puis pris la décision de se retirer du lieu. Il contourna le chêne sous lequel il s'était assoupi, enjamba quelques racines qui trainaient sur le sol, puis se dirigea vers le cadavre du renard qu’il avait laissé sur la branche avant de s’endormir. Arrivé à proximité de cet dernier, Toralgam se figea brusquement, dégaina son arc d’un geste sûr puis arracha une des flèches de son carquois; la carcasse de la bête avait disparue. La corde, qui lui avait permis d’attacher la bête à la branche, était dénouée et pendait sous le branchage.

Toralgam compris alors que sa prise du matin venait de lui être subtilisée. Il observa alors le sol, puis fixa une irrégularité. Il venait de repérer des empreintes de pas fraiches, qui étaient encore visibles malgré la fine pluie qui commençait à tomber, et qui traversaient la clairière pour s’enfoncer vers le nord de la prairie.

Toralgam, ne voulant pas laissé le renard lui échappé, décida de grimper au gigantesque chêne sous lequel il se trouvait. Après quelques acrobaties, qu’il effectua sans difficulté, il atteignit le point culminant de l’arbre et s’éleva par dessus la forêt. Il avait une vue imprenable sur la vallée qui s’étendait au nord jusqu’à Yarthiss. Le voleur avait assurément pris cette direction.

Il redescendit rapidement de son observatoire et partit en direction de la vallée. Chaque seconde était désormais cruciale s’il voulait retrouver la trace du brigand. Ses foulées étaient rapides et efficaces, si bien, qu’il recouvra la moitié de la distance qui le séparait de Yarthiss, en une vingtaine de minutes seulement. Toutefois, aucune trace du voleur n’avait encore été découverte sur le chemin et les chances d’en apercevoir s’amenuisaient à chaque instant.

Toralgam arriva bientôt à l’orée d’une rivière à fort courant. Il connaissait la forêt comme personne et savait qu’un pont, qui se trouvait à trois milles à l’est, était le seul moyen d’atteindre la rive opposée en toute sécurité; mais il savait également que s’il voulait récupérer son dû, couper la rivière en cet endroit permettrait un gain de temps non négligeable. Il sortit une corde de sa tunique, prit l’une des extrémités, puis l’attacha à un arbre situé à une quinzaine de centimètres seulement du bord de la rivière; il saisit ensuite la deuxième qu’il s’attacha autour de la taille. Le tout soigneusement fixé, il marcha jusqu’au bord de la rive puis plongea dans l'eau.

Trente pieds séparaient les deux rives. Toralgam, progressa astucieusement en s'accrochant aux rochers qui se trouvaient au fond du cours d'eau. Seulement, alors qu'il venait de parcourir les trois quarts de la distance, un immense branche vint s'écraser contre la corde a demi-noyée, et la sectionna d'un seul coup. Suite au choc, le garçon se fit brièvement emporté par le courant puis parvint à s'agripper à un épais branchage qui trainait dans les innombrables obstacles présents au fond de la rivière.

Le garçon savait que désormais, libre de tout point d'attache, rallier la berge opposée était obligatoire sous peine de se jeter délibérément dans une eau hostile. Il observa attentivement l'eau trouble dans laquelle il se trouvait, à la recherche d'une prise lui permettant de se rapprocher de son but. Seulement, il aperçut, approchant à grande vitesse, une tache brune se diriger droit devant lui. Puis, ce fut bientôt plusieurs taches sombres qui imitèrent la première, formant une gigantesque ombre. Alors qu'elle était arrivée à quelques pieds de lui, le garçon compris qu'il se trouvait sur la route d'un amas de branches, épaisses et irrégulières. Il fut percuté par l'une d'entre elles et remonta brutalement à la surface. Le garçon eût à peine le temps de respirer une petite bouffée d’air, que le courant le renvoya violemment au fond. Le choc lui martela la jambe et il ressentit une douleur vive, comme un coup de poignard en pleine chaire.

Il ne contrôlait pas sa trajectoire, et alors que son corps était balloté dans le courant, il remarqua un immense rocher, qui se dressait juste devant lui. Ce mastodonte était d’un noir démoniaque, et son revêtement semblait rugueux et dangereux. Toralgam sentant sa fin arrivée se recroquevilla comme un enfant. Ses pensées allèrent alors vers sa mère. Il la voyait dans un champ, cueillant des fleurs, ses cheveux d’une beauté sans pareille, étaient illuminés par un soleil aveuglant. Mais le temps changea brusquement et une pluie torrentielle s’abattît sur le champ. Sa mère se retourna alors vers lui, le fixa et éclata en sanglots.


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Dernière édition par Le Toralgam le Lun 18 Aoû 2014 23:11, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Chapitre 3 | Alinea 1 | Ghiny
MessagePosté: Jeu 6 Mar 2014 19:13 
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(((Chapitre 2 | Alinea 5)))



Chapitre Troisième


********************************
[:attention:] Certains passage de ce rp sont à légère connotation sexuelle (nudité évoquée, et UN mot assez grossier), aussi est-il recommandé aux lecteurs les plus sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.
********************************



Je passai une nuit tranquille. Ce David a dormi comme un loir pendant quatre heures. Quand il se leva à l'aurore, j'étais reposée plus qu'il ne le fallait, et il n'a pas fallu beaucoup de temps au David pour se préparer. Je constatai ainsi qu'un nomade savait être efficace sur son départ.

Nous partîmes dès qu'il fut prêt. Il me fit traverser les deux places, longeant le Château. Je notai au passage qu'un des gardes assigné à la surveillance du Château me regardait de travers. Devait être celui avec qui j'eus une petite querelle le mois dernier quant à sa tenue.


(Quand on commence à faire des distractions, vaut mieux pas s'arrêter.)

Je faisais la bête de foire pour les autres, mais c'était mieux que de rendre tout le monde suspect.

David me mena hors de la cité, à un peu moins d'une lieue de la ville, en direction des montagnes. Leur campement était là, au derrière d'une petite butte. Une tête dépassait de la butte. Une tête souriante, humaine. Ses cheveux était longs et regroupés en espèces de lianes, ou branches. Je ne savais par quel miracle ces cheveux tenaient en place en groupes ainsi, mais il semblait alors n'avoir qu'un peu plus de vingt gros cheveux au lieux de nombres innombrables.


- Oohh ! David ! Te voilà déjà de retour, l'ami ?! s'exclama une voix dès qu'on apparut aux yeux du vigile.

- Exact ! J'amène notre danseuse !

Le vigile tourna son regard vers moi et parut aux anges.

- Aaah, je vois. Très bien, l'ami. On pensait pas te voir avant la fin de la semaine.

- Eh bien il semble que j'en ai trouvé une plus tôt que prévu, écoute donc. Je te présente Iedra.
Il me désigna d'un mouvement de bras. Puis me parla à moi, moins fort.
- Iedra, voici Borith. Notre veilleur et conteur de nuit.
- Conteur de nuit ?
- Tu comprendras ce soir.

David me fit contourner la butte. Le camp était là, caché par des buissons. On entendait des voix chanter et de la musique jouer ; on pouvait savoir qu'ils étaient là sans même avoir à tendre l'oreille, pourquoi donc tenter de se cacher à la vue des passants ?

C'est quand je vis le camp entier que je compris pourquoi. D'un côté, les musiciens avaient des instruments qui semblaient coûter cher, et de l'autre les danseuses n'avaient pas la plus habillée des tenues. Au sein de la communauté, je supposai que ça allait, mais pour un inconnu, c'était tout sauf habituel. Cette butte était autant pour les protéger des voleurs, autant pour protéger les braves gens d'une crise cardia...
(Eh mais EH ! Je vais devoir porter ÇA ???)

- Eh ! La nouvelle est arrivée ! annonça Borith le Conteur au reste de la compagnie.

Et tous se tournèrent alors vers moi. Tous. Du luthiste assis sur une branche basse du chêne sous lequel ils ont élu domicile à la danseuse qui relace son cache-sexe.
(Attends, ça tombe, en plus, ces trucs ?) Ils me jugent tous du regard comme si j'étais leur prochain repas et qu'ils ne voulaient pas être empoisonnés.

(...ah ouais... euh... )

Je levai la main et lâchai timidement un "Salut. Eheh... je suis la nouvelle danseuse." puis attendis leur réaction. Ils reprirent tous leurs activités comme si rien ne s'était passé.

David me montra du doigt le coffre à côté des danseuses qui se rhabillaient.

- Tiens, va t'habiller. Demande à Ghiny qu'elle te montre comment faire.
Puis il me montra du doigt un homme encore allongé sur une des couchette.
- Ensuite tu iras voir Basth pour qu'il t'enseigne les pas. Je viendrai voir comment tu te débrouilles.

Ce type avait de la chance que je tienne mes engagements. J'avais promis, j'étais dedans.

Je me dirigeai donc vers les danseuses. Elles étaient pour la plupart adolescentes. Elles étaient strictement humaines alors je n'aurait pas su dire quel âge elles pouvaient avoir, mais en prenant une base mi-elfique similaire à la mienne, elles auraient pu avoir mon âge. Je pris ce que j'avais de courage social et l'employai à me présenter à elles.


- Salut. David m'a dit de parler à Ghiny, c'est une d'entre vous ?
Les danseuses gloussèrent. Une d'entre elles me lança un "Pour sûr qu'non ! J'préfér'rais baiser un ours qu'd'êtr'Ghiny. C'te peste s'croit la chef pa's'qu'elle est là d'puis plus long qu'nous, mais s'tu veux m'n'avis, f'pas chercher à lui obéir. E'sait pas c'qu'elle fait. Vient av'c nous, plutôt."
(Si c'est la plus ancienne, elle a toute l'autorité qu'elle veut sur vous... je comprends pas.)

Je voulu lancer un regard interrogateur à David, mais je ne le vis nulle part. Si Ghiny de toute façon n'était nulle part, il fallait bien des instructions. Qui me les aurait données à part ces filles ?

Personne, je suppose, à part Ghiny, qui est arrivée juste avant que je ne me décide à m'insérer dans leur groupe.


- Eh bah ? surgit une voix derrière moi. Une petite fille, pas plus haute que ma poitrine, se tenait derrière moi, les poings sur les hanches.
(Ouhlà...)
C'était vraiment perturbant de voir une enfant petite comme ça porter une tenue aussi légère. À quoi pensaient les hommes de cette compagnie ?
Ghiny avait les poings sur les hanches et regardait sévèrement les autres filles.

- Que vous ne m'aimiez pas, je peux vivre avec. Que vous essayiez d'embrigader la nouvelle dans vos délires, ça je suis relativement contre. Laissez-la donc se faire son propre avis, la pauvre !
Le courant passait mal entre elle et le reste des filles, semblait-il. J'étais toujours choqué par la tenue de la petite quand elle sortit du coffre deux pièces de tissu et m'invita à la suivre.

Je suivis Ghiny derrière un pan de tissu. Au moins il y avait de quoi se changer en privé, c'était déjà ça.

- Faut pas leur en vouloir. Je suis peut-être le membre le plus ancien de ce groupe, et elles ont du mal à supporter que quelqu'un d'apparemment plus jeune qu'elles aie l'autorité. Tiens. Ghiny me tendit les deux bouts de tissu.
Je pris les vêtements. J'avais dans les mains deux pièces de tissu couleur d'argent de peut-être moins d'une coudée de long sur deux de large, et j'étais sensée m'habiller avec ça.

- Ouah.. C'est vraiment très léger. dis-je, dans l'espoir de susciter un peu de réconfort et de conseils de la part de Ghiny, ou même dans l'espoir fou de pouvoir partir sans avoir à me pavaner nue devant des dégénérés en mal de .. d'affection, dira-t-on.

Ghiny hocha la tête.

- Uhuhh. Et encore, c'est le plus chargé que j'ai réussi à négocier. Ces crétins pensent que moins on s'habille, plus on ramasse. Vingt ans que j'essaie de les convaincre du contraire, pas moyen qu'ils entendent raison. Mais bon, j'ai abandonné. Considère-toi déjà heureuse d'avoir de quoi couvrir le haut.
(Comme si on pouvait appeler ça couvrir...)

Je me déshabillai, puis Ghiny m'expliqua comment me revêtir de ces bouts de tissus. Au final, j'avais, comme toutes les autres, un genre de jupe trop courte pour être utile, et une bande de tissus qui cachait mes tétons, nouée au dos.
- Tu m'étonnes que les autres prennent même pas la peine de se cacher pour se changer... qu'on soit nue ou qu'on aie ça, rien ne change.
Ghiny hocha la tête en gémissant une approbation.

C'est là que quelque chose me titilla les yeux. Ghiny n'avait pas d'oreilles pointues. Elle avait mentionné être dans la troupe depuis au moins vingt ans et elle avait pourtant cette taille d'enfant. Qui donc était cette Ghiny ?

Quand je m'apprêtai à lui demander, David débarqua de derrière le pan de tissu.

- Alors ? Si t'es habillée, cours voir Basth, il t'attend.

- Comment ça habillée ?? Tu m'avais jamais dit que je devrais danser nue !
Il était déjà parti.
Et Ghiny aussi.
Bien.

Je me dirigeai donc vers Basth, l'homme qui dix minutes plus tôt dormait encore.




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 Sujet du message: Chapitre 3 | Alinea 2 | Basth
MessagePosté: Mar 13 Mai 2014 18:02 
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(((Chapitre 3 | Alinea 1)))


Alors que je me dirigeais vers mon instructeur, je sentais tous les regards tournés vers moi. Ces regards qui jugent, ces regards qui évaluent, ces regards qui estiment. Pourquoi, alors que c'était la façon la plus naturelle de regarder, était-on si affectés par ce genre de regards ?

On m'a toujours regardé comme ça. On m'a toujours regardé en observant ma potentielle force, ma potentielle vitesse, ma potentielle réticence à faire ce qu'on me dit, mon potentiel talent sexuel... J'étais habituée à ce regard. Je le connaissais, et je savais le supporter. Mais ici j'espérais tomber sur des gens tolérants et inconditionnels.

Il se trouvait que non.

Basth était levé, maintenant, il était appuyé sur sa couchette avec nonchalance et fatigue évidente. Quand j'arrivai près de lui, il me salua d'un signe de la main. Au moins lui n'avait pas de regard pervers.

- Bien le bon jour à toi, cher demoiselle. Je vois qu'on partage des traits communs, dis-moi. dit-il en souriant à la vue de mes oreilles.

En effet, Basth était un elfe, lui aussi. Mais pas un bâtard, je pouvais le dire. Peau grise, cheveux noirs, yeux noirs... un sindel. Forcément. Je n'en avais vu que trop rarement, par ici. Je n'avais pas envie de parler d'oreilles longues maintenant, j'ai opté pour une réponse en humour.

- Ma réputation est-elle si grande que ça ? Comment savez-vous que je vole les benêts pour nourrir les miens ?
Basth rit de bon cœur une petite seconde. - Serais-tu là, autrement ?
(Ah, pas bête !)

Il me fit signe de m'approcher et m'asseoir sur la couchette à côté de lui. Le sindel m'avait l'air sympathique, aussi je n'hésitai que peu longtemps avant de venir m'asseoir à ses côtés.
- Comment t'appelles-tu, ma petite ?
- Iedra. Et j'ai beau être petite, je ne suis pas vôtre.

Basth me sourit. - Toutes les danseuses d'ici sont mes petites, faudra t'y faire. Il passa ses longs cheveux sombres derrière son oreille, et continua.
- Dis-moi, Iedra. Es-tu familière avec la Grand Place de Yarthiss ?

(La Grand Place ? Je suppose que c'est la place des Portes, au sud du Château. Je la connais, oui, tout aussi bien que le reste de la ville.)
J’acquiesçai.
- Bien. Il se pencha sur sa gauche et saisit un bâton posé sur un coffre. David m'a rapporté pendant que tu te changeais que la place avait une forme similaire à ceci. Il traça un triangle au sol avec son bâton. C'était bien la forme globale de la place des Portes, oui. J’acquiesçai sans attendre de questions.

- Il y a, toujours d'après David, un angle de rue ici. Il pointa un des côtés du triangle. - Je te fais un gros plan.
Basth effaça du pied ses traits et retraça par dessus. Un trait oblique, et un autre trait, qui l'intersectait. C'était sûrement la boulange de l'angle.
- La boulangerie qui fait l'angle a accepté d'être notre hôte pour la fin de semaine prochaine. C'est à dire que pendant deux jours, nous jouerons, chanterons et danserons devant chez lui pour faire en sorte que les gens achètent massivement chez lui ces jours-là. En contrepartie, nous aurons des faveurs gratuites.
(Bien sûr. On y croit. La vingtaine, là ? Des faveurs gratuites ? Évidemment... Je la connais, la boulangère. Vous aurez rien. Hunhunh)

Basth m'intima de me lever.
- J'irais bien dans les détails de la disposition de la scène maintenant, mais je veux d'abord voir comment tu bouges. David te fais confiance, mais si je dois te faire danser, je préfère voir de quoi t'es capable.

(Quoi ?)

J'étais à moitié nue, et il voulait que je lui fasse un spectacle privé ? Il avait besoin de la tenue pour ça ? Je ne bougeai pas.
- Non.

- Pardon ?
- Je refuse. Je ne me trémousserai pas dans cette tenue-là pour vos deux yeux de pervers.

- Ah. D'accord.

Basth acquiesca et se leva. J'évitai tant que je le pouvais d'avoir l'air étonnée, et je le regardai s'en aller.
Une fois à quelques mètres, dans le cercle de tentes et de sacs, il annonçait d'une voix fort et claire à tout le monde.

- EH ! LA NOUVELLE VEUT VOUS MONTRER SES MOUVEMENTS !
Il se retourna et me regarda en souriant.
- Un peu plus motivée ?

(... mais qui sont ces gens ?)


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Dernière édition par Iedra le Mar 3 Mar 2015 06:41, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Lun 21 Juil 2014 02:39 
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Un petit bruit te réveilla en pleine nuit ! Il s'agit de cet animal

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qui se trouve non loin des restes de la cabane calcinée. Il semble s'acharner sur quelque chose qui se trouve près du sol, il tire et tire sur une chainette, mais son butin ne vient pas à lui.

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À votre service, pour le plaisir de rp !


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 Sujet du message: Re: La Forêt du Sud
MessagePosté: Lun 21 Juil 2014 16:34 
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Galopant comme une jument sauvage, arc à la main et flèches au carquois, je me rue en direction de la scierie dévastée de père, et passe celle-ci sans même m’arrêter. Le toit est complètement effondré, mais ce n’est plus mon problème, désormais. Le paternel a choisi la sanction à ma maladresse, et je suis par trop heureuse que ça n’ait pas été de tout réparer ? C’aurait sans doute davantage plu au frérot, adepte du travail du bois, mais moi… c’est dans LES bois que je me sens bien. Et c’est là que je cours, passant cette frontière entre civilisation et nature d’un bond leste, sautant par-dessus un tronc arraché par quelque ancien orage de l’été passé, et non ramassé par les bûcherons du fait de son état brisé et plein de champignons. Et déjà, rien que là, l’odeur des sous-bois me prend au nez, et me fait me sentir chez moi. Bien plus chez moi que parmi les remugles vaseux de la ville et de ses égouts polluant le fleuve.

J’ai encore toute l’après-midi devant moi pour trouver ce campement de brigands de grands-chemins. Et par chance, je sais déjà plus ou moins ou chercher. Jamais je ne me suis rendu dans la zone à laquelle je pense, car la proximité d’humains vivants dans les bois ne me sied pas davantage que celle des citadins, mais j’ai connaissance de la situation approximative d’un rassemblement de nomades, vivant dans des tentes et huttes temporaires. Sans doute pour mieux pouvoir se tirer s’ils se font découvrir. Jamais je ne me suis dit qu’il s’agissait de bandits. Et à vrai dire, jamais ne les ai-je vu de mes propres yeux. Il est temps, désormais, de réparer cette erreur, mais sans manquer de profiter de l’air saturé de mucus et de parfum de terreau frais, sous le couvert des feuilles qui crissent sous mes pas.

Pour une fois, et l’effort est notable, je ne me laisse pas distraire par les chants mélodieux des oiseaux, par le bruit de la rivière sur les roches qui roulent sur son lit, par les mouvements furtifs d’un renardeau apprenant maladroitement à chasser auprès de sa mère. Il faut dire, je tiens particulièrement à prouver à tout le monde que mon idée fixe de se promener tous les jours en forêt peut avoir des avantages considérables. Surtout à mon frère, ce grand casanier me vantant les mérites de la ville et de la vie sociale. Et puis à nos parents, qui nous prennent tous deux pour des incapables.

Petit à petit, je me rapproche de la zone de mes souvenirs.

(Après la chute d’eau, partir droit vers le vieux chêne et continuer sur la droite jusqu’aux buissons d’aubépine…)

Et ces buissons, je les atteins sans peine, même si pour le coup, m’y glisser pour épier ce qui se passe derrière me semble une idée plutôt mauvaise. Non seulement ça risque de faire du bruit, mais en plus, je vais me retrouver, encore une fois, pleine de griffures. Non pas que ça me dérange, mais si je dois prouver aux autres que je peux être efficace, mieux vaut garder un aspect propret. Je furette des yeux pour trouver un passage plus sûr, longeant les arbustes épineux… Mais ceux-ci sont nombreux, et qu’importe le côté où je vais, plus denses. Je finis presque par m’éloigner de ma direction originelle lorsque je décide, de but en blanc, que je n’ai finalement rien à prouver à personne, et que la voie la plus rapide reste quand même de traverser les végétaux. Sans plus tarder, en envoyant bouler tous les principes de bon sens que je m’étais fixés juste avant, je me jette entre les branches et troncs étroits et serrés. Je sens les lames végétales me déchirer la joue droite et érafler le cuir de mon pourpoint alors que je force le passage dans la végétation, m’écorchant les mains pour écarter les branchages les plus gênants.

Lorsque je sors finalement des aubépines, pleines d’égratignures piquantes mais totalement bénignes, je me retrouve non loin d’une vaste clairière où, effectivement, un campement est monté. L’odeur de la fumée d’un feu de camp m’aide à me repérer pour la petite centaine de mètres qui me sépare encore de l’endroit. Furtive, lente dans mes mouvements et déplacements, je m’avance vers mon but avec autant de précautions que si je chassais un gibier farouche. Des pas assurés, lents, une respiration posée, des yeux fixés sur mon objectif, mais les oreilles attentives à tout ce qui se passe autour, j’avance telle une panthère rousse sous le couvert de l’ombre des arbres. Presque à croupis, je progresse jusqu’à apercevoir quelques tentes de toiles. Planquée derrière un arbre au tronc épais, je jette quelques coups d’œil furtifs vers le campement, histoire de m’assurer qu’il s’agit bien des brigands que je recherche pour la milice de Yarthiss.

J’aperçois, au centre du camp, le feu, monté sur une structure de métal. Une belle pièce de gibier est en train de tourner sur une broche maintenue par un homme… Ou peut-être un enfant, si j’en crois sa stature frêle. Une observation plus adaptée me confirme qu’il s’agit d’un jeune adulte : quelques poils roux lui servent de bouc, et ses yeux foncés observent attentivement la cuisson de la viande. Soudain, une femme aux cheveux flamboyants, semblables aux miens, arrive en lui criant dessus et en lui arrachant son chapeau à plume de faisan pour lui dire qu’il ne tourne pas assez vite, et qu’elle ne retrouve plus les épices à viande… Accusant plusieurs d’entre eux, dont je ne perçois pas suffisamment les noms pour les répéter, de les avoir volés. La marâtre est plus âgée que le jeune homme, qui lui obéit sans rien dire.

(Pas franc, le couillon…)

Les cris de la bonne femme font venir dans mon champ de vision un autre personnage, sortant de la tente la plus colorée du tas. Une tente à deux mats chevronnée de jaune et de noir. L’homme en question est plutôt petit, et trapu. Pour ne pas dire muni d’un certain embonpoint. Il arbore une longue barbe grise, et ses cheveux, non moins longs, pendent de part et d’autre de son visage rude. Il a l’air mécontent, avec son mono-sourcil froncé. Que dire, sinon qu’il en impose, dans son armure de plaques noire comme l’ébène. Grommelant, il semble s’adresser à quelqu’un dans sa tente… Ladite personne ne tarde pas à sortir, pliée en deux… Et lorsqu’il se relève, portant en main le casque noir aux plumes colorées de celui qui, vraisemblablement, est le chef de cette compagnie, je ne peux que m’abasourdir de sa taille. Il fait bien trois tête de plus que le « chef », et a autant d’épaules que lui. En plus, le géant arbore, à l’air libre sous un gilet de cuir ouvert, une bedaine énorme qui me fait pâlir.

(Bon sang, s’ils sont tous comme ça, leur arracher le chef ne va pas être une mince affaire…)

J’entends, au loin, le chef râler sur ses hommes, tout en enfilant son casque.

« Merde ! Ils sont encore en retard. En train de siphonner toute la réserve de bière de Yarthiss, sans m’en laisser alors qu’ils savent que je ne bois que ça. J’leur avais dit d’être là à l’heure pour le convoi à piller… Après ils se plaindront encore que j’râle tout le temps. Grmbl… »

Et la rousse plus âgée, la femme du chef, sans doute, de répondre en gueulant, non sans un accent particulier :


« Ben ils n’auront rien à becqueter, pour la peine. Rodoh mangera bien seul toute la bidoche. »


Le géant à l’air benêt se pare soudain d’un sourire béat. Sans doute est-ce de lui qu’elle parle. Le jeune frêle marmonne quelque chose dans sa petite barbiche, mais je n’en comprends pas les mots. Et je m’en moque : j’ai ma confirmation, il s’agit bien de ma bande de brigands. Je n’ai plus rien à faire dans le coin, désormais. Aussi, sans demander mon reste, je me relève et m’éloigne du camp d’un pas plus rapide qu’à l’allez… Plus rapide, et donc moins discret. Mal m’en prend, puisqu’une voix m’apostrophe, par derrière.

« Hé ! Qui t’es toi ? »

Je me tourne en direction de celui qui me barre la route. C’est un homme d’une grosse trentaine d’années, au crâne rasé muni d’une petite tresse ridicule. Sa carrure est semblable à celle du chef, sinon qu’il semble plus musclé encore… Trapu, pas très grand, mais large comme deux types tournant la broche. Et avec un air patibulaire, encore bien. Il tient à la main une hache à deux mains ensanglantée, et sur son épaule opposée, la carcasse abimée d’un sanglier.

(Bon sang, il a vraiment tué cet animal avec sa hache ? Quel… quel bourrin !)

Pas demander comment la viande doit être abîmée, après ça. Sans parler de la peau. Mais l’homme ne semble pas faire dans la dentelle, et se pourrait bien être l’inventeur du tartare de sanglier. Aucune douceur, et aucune diplomatie. Le type, lâchant sa prise, n’attend pas ma réponse pour me menacer.

« J’vais t’attraper, pis j’vais t’dépiauter, la ribaude ! »

Ribaude ? Non mais pour qui il se prend le gros lard. Je fronce les sourcils et tend mon arc avec une flèche.

« Encore faut-il que tu m’attrapes, gros tas ! »

Et je décoche le trait, qui vient se ficher dans le rembourrage de sa veste matelassée orange lignée de cuir noir. Ça… l’énerve, apparemment, puisque sans plus aucune réserve, il se rue en hurlant vers moi, hache levée. Plus le temps de tirer, je dois me carapater ! Aussi je fais volteface, et sprinte de toute ma vitesse vers les buissons d’aubépine, le distançant un peu. Par chance, je suis à la fois plus souple, plus légère et plus agile que lui. Je me lance dans le trou par lequel je suis arrivée, sans considération pour mon épiderme qui se prend de nouvelles écorchures, et je rampe jusqu’à l’autre côté… Je m’y arrête pour reprendre mon souffle, me disant qu’il ne franchira pas l’obstacle… Mais c’est sans compter sa colère, qui semble l’emporter bien plus loin qu’il ne devrait. Beuglant comme un bœuf, il arme sa hache et se coupe un chemin dans l’aubépine, hurlant de plus belle :

« J’vais t’péter, connasse ! »

Je sourcille… Je n’ai aucune envie que cet olibrius me… pète. Surtout avec le cheveu sur la langue qu’il se tape quand il est courroucé. Ça serait d’un ridicule. N’ayant aucune envie de me retrouver à la place du petit bois qu’il réduit en charpies, je file de plus belle, prenant mes jambes à mon cou pour filer vers la chute d’eau. Là, je pourrai me cacher de lui et, s’il insiste, lui tendre une embuscade…

Je file donc vers le cours d’eau, et une fois arrivée en bas de la cascade, je la contourne en grimpant un talus à la pente vive, m’accrochant aux racines pour ne pas glisser sur la terre meuble et humide. Une fois arrivée au sommet, j’ai à peine le temps de me cacher derrière un buisson qu’il déboule sur ses courtes pattes, essoufflé, la tête rouge comme le sang qui dégouline encore de sa hache.

« T’es où, garce, que j’te découpe ? »

Il souffle comme un veau. Il a beau être bâti comme un cheval de trait, il n’en a pas l’endurance. Un fumeur de pipe, sans doute. Sans honte, je me dévoile à lui, de ma position le surplombant.

« Ici, tas d’graisse. Là où tes kilos ne pourront pas monter ! »

Il me reluque de ses yeux bleus enragés, et plante sa hache dans le sol pour y ramasser un roc de la taille de mon poing. L’air mauvais, il le lance vers moi, mais le projectile ne fait que ricocher sur la pente, non sans se fêler. Il ne manque pas de force, le bougre… De précision, en revanche. Et ça, c’est mon domaine de prédilection. J’encoche une nouvelle flèche, et la tire vers lui. Elle l’atteint en plein dans la main. Il gueule comme un porc, s’arrachant la flèche de la main.

« Ramène toi si t’as des couilles ! J’te prends et j’t’emmène, et j’te défonce dans la forêt, à deux kilomètres. »

J’écarquille les yeux. Ça doit être une menace qu’il fait souvent… Je la trouve incongrue, en tout cas, et me félicite de n’être pas pourvue des attributs auxquels il semble porter tant d’importance. Je réponds, farouche et provocatrice.

« J’en n’ai pas, nan. Pas plus que toi ! »

Et je décoche un nouveau trait, droit dans son entrejambe. Point sensible de tout homme, il s’effondre à genoux, sans voix, les deux mains sur son bas-ventre d’où dépasse la hampe de ma flèche. Satisfaite, je descends de mon promontoire en me laissant glisser sur la terre, et lui fais face, alors qu’il pâlit de douleur. Je lui décoche une nouvelle flèche, à bout portant, qui le fait s’effondrer sur les fesses, la respiration coupée. En travers de sa gorge, celle-là n’a pas dû lui faire de bien. Je m’approche encore, pour lui susurrer d’une voix taquine.

« Tout dans les muscles… rien dans la tête. »

À part une flèche, me gardé-je pour moi-même, avant de la lui décocher, entre les deux yeux, finissant le boulot bien commencé et… le tuant sur le coup. Fière de mon exploit, je range mon arc et tente de retrouver mon chemin vers l’orée de la forêt avant de… pâlir d’un coup. Et de m’effondrer à genoux.

Bon sang… Je viens de tuer un homme. Un humain. J’ai certes l’habitude de chasser des cerfs, sangliers et autres lièvres, mais là… là… un homme. Mon premier meurtre. J’ai des sueurs froides qui me coulent le long du dos, et je sens ma tête tourner… Un regard vers le cadavre sans vie, et je me penche, prise d’une convulsion, pour vider le contenu de mon estomac dans la rivière. Horreur glauque et morbide… Cette aventure, tout d’un coup, ne me plait plus du tout. Et je reste ainsi, interdite, la tête qui tourne et l’esprit embrumé, près de ma victime… Sa mort est ridicule… Ses globes oculaires, encore ouverts, semblent loucher en regardant la flèche qui a percé leur point central, juste au-dessus du nez. Méritait-il ça ? C’était… si facile. Si rapide, finalement.

Je me perds à penser que c’est moi qui aurait pu être à sa place, si je ne m’étais pas défendue. Mais je ne parviens pas à me débarrasser de ce lourd sentiment de culpabilité, qui m’étreint et me pèse…

Les heures passent, alors que je tente de retrouver un peu de contenance dans les bruits apaisants de la forêt, du ruisseau qui coule, des oiseaux lointains qui chantent… Mais je sais. Je sais désormais que plus rien ne sera pareil qu’avant pour moi. Pas ici. Pas dans cette forêt que j’affectionne tant. Le crépuscule menace, et la nuit est bientôt là. Je dois me dépêcher de rejoindre l’orée. Je me relève, lourde et gauche, et prends le chemin, d’un pas rapide, du lieu de rendez-vous avec mon frangin.

Je suis la première sur place… J’espère qu’il ne lui est rien arrivé. Je lui fais confiance. Il connaît le monde des sombres tavernes, et ses naufragés alcooliques et à la vie défaite. Il saura s’en tirer avec leur soutien. J’ai confiance…

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Asterie


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