L'homme te regarde avec étonnement.

"C'est que... messire ce que vous demandez est très spécial, je ne possède pas cela."

Il réfléchit un instant, marmonnant dans sa barbe.

"Essayer donc à Mertar, le savoir-faire nain est reconnue, il est possible qu'ils vous trouvent ce que vous demandez."

Cet a cet instant précis qu'une dizaine de garde entre, il te pointe tous de leur lame, il s'écarte enfin pour laisser passer un chef milicien.



"Messire Daio, dois-je vous rappeler l'ordonnance du juge. Bien que cela ne me fasse pas plaisir, je suis obligé de l'appliquer, ne me compliquez pas la tâche et suivez-moi. Cette décision ne s'applique pas à votre belle amie, elle peut vous rejoindre plus tard si elle le désire."

Tu remarques par la fenêtre que ce n'est ni plus ni moins qu'une trentaine d'hommes qui t'attendent dehors. Tu remarques à ton expérience qu'ils ne sont pas sans expériences et que le juge prend réellement à cœur de faire de toi un exemple.

Le marchand donne à Adweinna ce qu'elle désire, fébrile et apeuré, il te demande de suivre Daio au plus vite et de quitter son établissement. Il ne veut pas d'ennui.

J’entre dans la forge avec un sourire jovial collé au visage. Je me dois de paraître léger et sans souci, afin de ne pas attirer l’attention d’éventuels espions de Grantier sur moi. Je parais juste être un promeneur qui va faire ses emplettes quotidiennes et… après tout, c’est un peu le cas. À mon étonnement, ce n’est pas Phanie qui est au comptoir, mais sa collègue, dont j’ignore le prénom. Sans doute est-ce le jour de congé de cette jouvencelle humaine. Je ne peux m’empêcher de me demander si elle est toujours avec Filgaren, après le coup de la soirée à la taverne des Sept Sabres. Je ne le saurai pas cette fois-ci, c’est certain.

Sitôt dans la boutique, je dépose sur le comptoir la rapière de Phaïtos qui pèse à mon côté.

« Bonjour mademoiselle, ce serait pour que votre maître aiguise quelque peu cette lame, la rendant plus tranchante et pointue encore qu’elle ne l’a jamais été ! »

Et avec un sourire mutin collé aux lèvres, j’affirme :

« Par ordre du Roi. »

Et je montre à la marchande le sceau royal qui orne le papier qui m’a été donné. Juste histoire de me faire un peu plus remarquer pour mes exploits.

[HRP: la rapière de Phaïtos passe de force +15 à force +30, selon le parchemin qui est dans mon sac.]

La vendeuse prenait machinalement ton arme pour l'amener en arrière-boutique, mais tes derniers mots et le sceau royal sur le parchemin présenté lui firent écarquilller les yeux. Elle manqua de lâcher ta rapière à cause de la surprise, mais elle se reprend en bonne professionnelle.

"Bien messire, je m'en occupe tout de suite."

Elle prit le parchemin pour le montrer à son maître et une fois qu'elle eut disparu dans la forge, tu pus entendre quelques éclats de voix chargés de surprise. Puis les coups de marteau qui résonnaient lointainement avant que la vendeuse s'absente firent place au bruit de la meulière arrachant des étincelles à une arme.

La demoiselle revint rapidement dans la boutique pour surveiller les quelques clients regardant les étalages et venir te dire quelques mots.

"Maître Argaie s'occupe en ce moment même de votre commande. Veuillez attendre quelques minutes que son art puisse s'exprimer sur votre rapière."

Elle rougit légèrement et hésita un instant sur le salut ou la révérence à te faire, avant d'opter pour une inclinaison de la tête les mains jointes. Le travail durant un peu plus longtemps qu'annoncé, mais quinze bonnes minutes après, le forgeron massif et bourru vint en personne t'apporter ton arme. Il se dirigea directement vers toi, comme si la vendeuse avait largement décrit ta personne pour qu'il te repère en un coup d'oeil.

"Messire sindel, c'est un honneur d'avoir pu travailler sur votre rapière de qualité. J'ai aiguisé son fil en y mettant toute mon expertise et j'espère qu'elle sera à la hauteur de vos attentes."

Il s'abaissa devant toi, portant ta lame vers toi de ses deux mains, paumes vers le ciel. Plus loin, tu pus apercevoir la vendeuse et quelques clients regarder la scène.

Il faut un petit temps à la vendeuse pour enregistrer complètement ce que je viens de lui dire, ainsi que pour elle faire le rapprochement entre le parchemin arborant le cachet du roi, et mes paroles. Elle parait d’ailleurs plus que surprise, et alors qu’elle allait obéir sans mot dire, elle me sert tout d’un coup des formules de politesse fort bien venues. Je ne peux que profiter de la popularité que cet édit royal à mon égard m’accorde. Et c’est avec un sourire passablement satisfait que je la regarde partir vers l’arrière-boutique, prévenir directement son patron, le bon Argaïe, de ma demande.

Les coups de marteau cessent aussitôt, dans la forge, et je ne peux que rire sous cape des quelques éclats de voix ébahis qui me viennent de derrière. Appuyé sur le comptoir, je fais semblant de rien, jouant les innocents alors qu’à l’intérieur de moi, je suis pénétré d’une allégresse jubilatoire intense.

(Oui enfin, n’exagère pas non plus hein.)

Je me reprends après un moment, fort de cette nouvelle remarque pertinente de Lysis. Je ne suis qu’un exécutant, après tout. Un exécutant royal ! Un héros, un sauveur de l’humanité, celui grâce à qui ce monde ne sombrera pas dans un chaos sans nom, dans une pagaille guerrière emplie de douleurs et de souffrances ignobles.

(Hé oh ! On redescend sur terre !)

« Hem. »

Je ne peux m’empêcher ce petit éclaircissement de gorge lorsque la vendeuse revient me signaler qu’Argaïe le forgeron s’occupe prioritairement de ma demande, et qu’il lui faudra quelques minutes pour œuvrer sur mon arme. Elle me salue alors comme si j’étais un noble seigneur, et mon égo en prend de nouveau un coup de gonflette. J’ai presque envie de lui tapoter la tête avec condescendance, tout en l’appelant brave fille d’une voix détachée. Je me recule alors dans le magasin pour observer les autres clients, et cette petite vendeuse rougissante qui les surveille tout en jetant, de temps à autre, des œillades discrètes dans ma direction.

Au bout d’un temps plutôt long, par rapport à ce qui a été annoncé, c’est Argaïe lui-même, grand homme bourru et massif, qui vient me remettre mon arme, sans la moindre hésitation. Comme si j’étais un client fidèle, ou une personnalité en vogue dans la cité. Ce qui n’est pas forcément faux.

(Mais ! Ce n’est pas bientôt fini, oui ? Tu ne passeras plus la porte, bientôt !)

(Ah ? Pourquoi donc ?)

(Hm, rien.)

Argaïe me tend l’arme, que je prends, tout en mettant en avant l’honneur qu’il a ressenti à travailler sur un fer de cette qualité. Je préfère lui cacher la provenance de cette arme puissante, de peur de ternir la réputation qui me sied à ravir. Il s’abaisse alors pour me tendre mon arme à bouts de bras, inclinant tout son corps pour me présenter son travail. C’est vraiment plaisant, comme situation, etje ne peux m’empêcher de glousser…

« Huhu… Je ne doute pas de la qualité de votre travail, maître forgeron. Ce n’est pas un hasard si le roi lui-même m’a confié à vos soins. »

Et hop, j’en remets une petite couche, tout en complimentant Argaïe, et en lui faisant au passage une publicité forte pour son image pour les personnes médusées qui assistent à la scène. Ainsi, je m’empare de ma lame et l’admire un instant avant de la glisser avec agilité à ma ceinture, lame apparente. Puis, je me tourne vers la porte, satisfait et en même temps inhabitué à ne pas payer, et je sors de la forge en poussant une dernière fois le bouchon un peu plus loin :

« Cromax vous souhaite à tous une bonne journées, mesdames et messires. »

(Incorrigible…)

À cheval dans les ruelles blanches de la cité, j’attire les regards de pas mal de kendran, qui semblent me reconnaître. Ma postérité a fait d’énorme progrès en peu de temps, ici, et ça ne peut que me flatter, même si dans la profession que j’exerce, la discrétion est souvent de mise. Ainsi, les gens s’écartent poliment de mon chemin, me saluent respectueusement d’un signe de tête ou de main… Je ne me rappelle que trop bien mes débuts ici, à Kendra Kâr, bousculé par la foule comme n’importe lequel des badauds, regardé de travers de par mes origines, et traité de par mes habits comme un aventurier miteux à qui l’on confie les plus basses tâches.

Mais non, maintenant je suis un héros victorieux de Kendra Kâr, aussi étonnant cela puisse-t-il paraître pour un être ayant prêté allégeance à la milice de Tulorim…

Mais je n’y prête guère attention, car un manque meurtrit mon cœur. Lysis n’a toujours pas donné de nouvelles, et je m’inquiète de son absence… J’y pense tant que je passe mon objectif dans Kendra Kâr pour me perdre dans les rues commerciales. Passant à côté de la forge d’Argaïe, je me rappelle avoir quelques bons à dépenser pour améliorer mes équipements. En plus, revoir Phanie ne pourra que me réjouir. Même si je ne la connais pas plus que ça, un visage familier est toujours une bonne chose. Un point d’ancrage dans la réalité parfois si changeante… Les repères aident à ne pas totalement perdre la tête.

J’entre dans la boutique, et constate hélas qu’elle ne semble pas présente. Sa collègue, dont je ne connais pas le nom, m’apostrophe professionnellement à mon entrée, m’appelant même par mon nom, après une seconde d’hésitation… Cette renommée, jamais je ne m’y ferai.

« Bonjour Sire Cromax. Que puis-je pour vous ? »

« Bonjour ! Voilà, ça serait pour entretenir un peu mes armes et armures, afin d’augmenter encore leur efficacité. Je sais que le travail de votre maître est ce qu’il y a de plus correct à de nombreuses lieues à la ronde. »

Je farfouille dans mon sac pour sortir deux gemmes et un petit parchemin. Les premières sont à faire sertir sur mon armure de mailles blanches, que je retire tout en gardant mon pourpoint de tissus pour la poser avec les gemmes sur le comptoir. Le parchemin, lui, est un bon d’achat pour un affutage d’arme… Sans hésiter, je sors ma rapière noire à la garde décorée d’ailes de chauves-souris, présent de Phaïtos, avec le petit papier.

« Deux sertissages et un affutage, en résumé. Ça ira ? »

[HJ : les deux gemmes de mon sac (+5end et +10 force sur pièce d’armure) sont à sertir sur ma cotte de maille de mythril. Le parchemin (ajoutant for+1 à une arme) est utilisé pour la rapière de Phaïtos. (qui passe donc à for+31)]

Intervention gmique pour Cromax

L'assistante aux cheveux dorés écoute attentivement des directives, puis te regardant de ses jolis yeux marrons te sourit:

"Je suis Violaine, je m'empresse d'apporter vos biens à maitre Argaïe, il vous faudra attendre quelques minutes tout au plus. "

Ce disant, elle rangea le bon dans un petit coffret à cette effet après avoir apposé ses initiales, puis elle partit avec ta rapière dans l'arrière boutique. Elle revint un instant plus tard et emporta ta cotte de maille et tes gemmes.

Quelques minutes plus tard, tu revois Violaine les bras chargés d'une grosse et courte armure d'argent qu'elle remet à un nain à la tignasse rousse qui se tient à ta droite près du comptoir. Une fois sa transaction terminée avec le petit homme court sur pattes, elle se retourne vers toi, et tout en souriant te précise que ta rapière est prête, qu'elle te l’emmène à l'instant. Joignant les paroles aux gestes, elle part et revint avec ta cotte de maille et rapière qu'elle dépose soigneusement sur le comptoir.

"Argaië a reconnu votre rapière qu'il a affûté l'an dernier, il vous envoie ses salutations ! "
Puis elle enchaîna:

" Le sertissage de ces gemmes vous coûtera 200 yus ! "

La vendeuse, avant de me répondre, se présente sous le pseudonyme de Violaine. Ça me dit quelque chose, de loin, mais je ne m’en suis pas souvenu en entrant dans la forge. Un petit rappel ne fait pas de tort, de temps en temps. Elle amène prestement mes équipements et gemmes à sertir au maître forgeron, m’affirmant que le travail sera fait rapidement. La qualité du forgeage d’Argaïe n’est plus à démontrer, et c’est avec sourire que je patiente donc, appuyé sur le comptoir. Pendant l’attente, Violaine se charge de servir un nain trapu aux poils drus et frisés avec une armure lourde et argentée, très stéréotypée de ce peuple court sur pattes. Solide et sans aucune finesse.

Mon colis à moi ne tarde cependant pas, et je me rééquipe dans la boutique, attestant avec satisfaction du résultat de la transaction. Une lame tranchante comme pas deux, une armure plus solide et enchantée qu’elle ne l’était déjà… Que demander de plus ? En plus, ces deux gemmes fixées non loin des épaules rendent un style tout à fait agréable à la vue.

Violaine, me donnant mon équipement, me fait parvenir les respects d’Argaïe, qui a reconnu avoir déjà travaillé sur ma rapière légendaire… Une arme pareille, il ne doit pas en voir tous les jours. Je souris pour répondre à la demoiselle.

« Merci beaucoup. Vous lui remettrez mes respects. Et je vous serais reconnaissant de passer le bonjour de ma part à Phanie, quand vous la verrez. »

Elle m’annonce alors le prix du sertissage, que je sors de ma bourse pour l’étaler sur le comptoir avec précision.

« Et voilà, le compte est bon. À une prochaine fois ! »

Confiant en cette positive promesse, signifiant surtout ma survie à toutes les aventures que je vivrai, je quitte la boutique. J’ai d’autres endroits à aller voir avant de me rendre au temple. Il y a un tel fatras dans mon sac que je ne sais qu’en faire.

Ziresh et Xavir traversèrent Kendra Kâr dans la diagonale depuis le port. Ils longèrent d'ailleurs l'hippodrome, dont le vieux liykor disait qu'il accueillerait bientôt son fils dans les plus grands tournois. Le loup d'argent aurait bien rougi si son pelage n'avait point caché sa chair. Mais malgré ces bons sentiments, il ne pouvait s'empêcher de sentir encore une espèce de gêne chez son père adoptif. Comme si ce dernier se forçait à être gentil. On lui cachait quelque chose, il en était presque certain...

"On y est ! s'écria à un moment Xavir. Entre donc, Ziresh. Tu as mérité de penser un peu à toi."

Devant eux se dressait la Grande Forge D'Argaïe. Ziresh ne le connaissait que de nom car il ne tirait son équipement que des travaux de son clan. En revanche, il lui semblait que Bravi, le meilleur chasseur du clan de Liykkendra, possédait quelques objets qui sortaient du feu de cette forge. Mais même s'il avait envie d'y entrer et de se voir ressortir avec un véritable air de chevalier, il baissa les oreilles d'un air triste et embarrassé.

"Je ne sais pas, Xavir... répondit le jeune loup, gêné. Je n'ai pas l'utilité d'autant d'or... Je pensais offrir tout ça au clan, pour vous remercier de m'avoir aidé.

"Nous t'avons aidé en te poussant à partir à l'aventure, mais ce n'est certainement pas par profit. Nous n'avons pas besoin de ton argent. Nous sommes un simple clan de modestes liykors et nous gagnons notre vie indépendamment des uns des autres. Tu as mérité tout ce que tu as ici. Et un aventurier a besoin d'avoir un équipement honorable. Allons ! Va donc te faire plaisir ! La seule chose que tu aies à ramener au clan, c'est ton récit d'aventures !"

Tout de même encore gêné, Ziresh se vit assez convaincu par les paroles de son père et mentor. Il entra donc dans la Grande Forge D'Argaïe. Il n'y avait étrangement pas d'autres clients que lui, ce qui lui laisserait pleinement le temps de réfléchir. Des armes et armures étaient en exposition contre les murs. Il y avait aussi des tables, plus bas, qui longeaient toutes les parois, bien évidemment toutes remplies d'une foule d'équipement aussi impressionnants les uns que les autres. Plus loin, au bout du couloir que constituait le magasin, se trouvait le comptoir de la forge. Il était tenu par deux charmantes demoiselles humaines. Quant à Argaïe, il ne semblait pas être présent. Ou alors il devait être au fond de la forge car une toile fermant le hall laissait deviner les lueurs de quelques flammes tremblantes.

"Bienvenue à la Grande Forge D'Argaïe ! Que puis-je faire pour vous?" fit l'une des hôtesses.

"Et bien, ma foi... Je ne sais pas vraiment. C'est la première fois que j'entre dans cette forge. Je pensais simplement à améliorer un peu mon équipement, sans vraiment savoir comment."

Les deux femmes s'avancèrent et scrutèrent le liykor des pieds à la tête, l'air intéressé. Elles n'avaient pas l'air d'être étonnées de voir un représentant de sa race ici, en tout cas. Et pourtant, son clan n'était pas du genre à aller en ville pour les emplettes. Plutôt pour y travailler.

"Je vois que vous maniez la lance. Vous prenez une bonne initiative en portant un équipement léger et peu encombrant pour ce style de combat. Mais il suffirait d'une ouverture pour être blessé. Quant à votre fer de lance, c'est bien de l'avoir gardé à la ceinture en dernier recours, mais vous avez autant de chance de vous blesser que d'atteindre votre ennemi avec ça..."

"Et puis il y a votre casque, renchérit l'autre fille. On voit bien qu'il n'est pas adapté au crâne allongé d'un liykor. Argaïe peut arranger ça. De même pour vos tassettes. Ce cuir est bien abîmé et trop souple pour prévenir des coups sérieux. Nous pourrions ajouter des plaques de métal, à la manière des armures ynoriennes, pour arranger cela."

Ziresh fut bien étonné de considérer l'efficacité et le professionnalisme de ces demoiselles. Souvent, il avait l'impression que les métiers de la forge étaient attribués avant tout aux hommes. Satisfait du service qu'on lui proposait, il commença à ôter ses pièces d'armure pour finir dans un simple pantalon de toile partiellement déchiré. Il prit aussi la peine de fouiller dans son paquetage pour y chercher la rune qu'il voulait faire identifier. Et puis il y avait aussi la fiole inconnue et ses crochets de scolopendre dont il avait eu l'utilité seulement une fois. Il ne risquait pas de devoir combattre un dieu d'ici un long moment, alors il pouvait au moins essayer d'en vendre un...
Mais il n'allait pas chercher à les vendre maintenant. Il regarda un peu mieux les étalages d'armes un peu partout autour de lui. Il savait que sa lance était puissante et renfermait un pouvoir insolite, mais il devait prévoir une autre arme de corps à corps. En ayant vu ses alliés combattre, il avait remarqué que la plupart d'entre eux utilisaient deux armes en même temps. Il avait considéré que c'était une technique à employer avec l'usage de sa lance. Peut-être même qu'Argaïe, qui était un ancien maître d'armes, saurait le conseiller. Et surtout, il y avait une arme qui avait retenu son attention... Une toute petite arbalète, rattachée à une lanière de cuir. Il devinait qu'il s'agissait d'une arme utile avant tout pour sa discrétion et la possibilité de porter des attaques surprise... Cette ingéniosité ne lui fit pas réfléchir beaucou plus longtemps. Après quelques minutes, il s'annonça alors de nouveau.

"Je vais aussi vous prendre des bracelets de protection en métal ainsi qu'un plastron qui soit assez léger et ouvert sur les articulations pour ne pas me gêner. Et puis une épée suffisamment équilibrée pour qu'elle me permette d'utiliser ma lance en même temps. Et cette arbalète de poignet... Elle m'intéresse beaucoup."

"C'est un très bon choix ! Vous ne serez pas déçu !"

"Par ailleurs... il se trouve que cette lance est dotée d'une pointe qui renferme un pouvoir assez particulier. Je l'ai trouvée bien cachée, sécurisée par un système pyrotechnique très ingénieux. Je n'ai pu exploiter ce pouvoir qu'une seule fois, mais en plantant cette lance dans une créature, une tige de métal en a jailli, comme un véritable harpon. N'ayant pas tout à fait la maîtrise de cette arme, j'ai pensé que vous pourriez peut-être m'aider... Et il y a autre chose aussi. Je ne sais pas si c'est de votre domaine, mais on m'a offert cette rune. Je ne sais pas ce qu'elle signifie, alors je me disais que vous pourriez peut-être me le dire. Et j'ai aussi cette fiole: je ne sais ce qu'elle contient, mais une amie m'a dit qu'il s'agissait sans doute d'un fluide magique. Et pour finir, j'ai ces crochets de scolopendre géant. Je les ai trouvés dans une mine à Lebher. Ils m'ont servi à escalader et à me battre. Ils ne paient pas de mine en matière de combat, mais il y a une glande de venin qui est capable de paralyser un humain adulte pour quelques instants. Dites moi ce que vous en pensez. Si ça vous intéresse, je pourrais vous en vendre un..."

Un peu gêné par l'air ignare qu'il avait l'impression de se donner, Ziresh recula de quelques pas en laissant le champ libre aux vendeuses. Il espérait secrètement qu'Argaïe viendrait pour lui donner quelques conseils en personne, même s'il ne pouvait contester les qualités des jeunes femmes.
Il attendit donc patiemment quelques réponses.

------------------------------------------

A acheté:

- Bracelets de protection en métal (END +7) 344 yus
- Plastron équilibré de lancier (END +7) 344 yus
- Epée bâtarde équilibrée (FOR +7) 246 yus
- Arbalète de poing Une arbalète toute petite accrochée au poignet : for+10, les CCAJ coûtent 1 ini de moins (minimum à 1). 850 yus

A amélioré:

- Casque de mineur (END +4) => Casque de liykor (END +7) 198 yus
- Tassettes longues (END +2) => Tassettes renforcée (END +7) 270 yus

Identification:

- Fiole douteuse (?)
- Rune 40 yus (?)
- Possibilité d'apprentissage/d'amélioration pour la Lance-Harpon (?) à discuter

Ventes possibles:

- 1 Crochet de scolopendre (For+2 - retire 2pv à la victime en plus des dégâts occasionnés 25% de chance de paralyser la cible : esq : 0 sur deux tours.) (?)
- Bandelettes de poignet (END +1) 14 yus
- Poignard " fer de lance " (for +2) - 50% de chance de perdre 1pv sous coup réussi (?)

Avec un oeil expert et un rapide calcul, la première vendeuse déclara:

-Tous ces achats moins vos reventes vous coûterons 2087 yus. [/colo] Afin d'identifier correctement cette rune je vous invite à consulter un spécialiste.

Elle te rend la rune et t'invite alors à patienter pendant que le forgeron améliore ton équipement...

-Pour ce qui est de la fiole, il me semble que c'est un poison qui enlève la vue à une victime, maniez cela avec précaution. En revanche pour votre lance, je n'ai jamais entendu un phénomène pareil...

Elle l'examina un instant.

-Elle parait absolument normale... le crochet quand à lui semble avoir un usage unique mais reste rare, je vous en tire pour 100 yus. J'ai déjà fait le calcul avec vos achats

Ziresh afficha un air satisfait quand il entendit le prix qu'on lui demandait. C'était un coup très élevé, certes, mais il était heureux d'avoir les moyens d'investir pour lui-même. En jetant un œil derrière lui, il vit Xavir qui hocha légèrement la tête, signe qu'il lui accordait sans problème cet écart tout de même assez coûteux.

"Je vous remercie. Voici votre or. J'irais me renseigner ailleurs en ce qui concerne cette rune."

Violaine attrapa la lourde bourse de yus, sans pour autant afficher une mine stupéfaite. C'était comme si elle était déjà habituée à voir des clients dépenser autant d'argent. Avec le recule, Ziresh se rendait compte que même s'il venait de vivre une aventure incroyable et avait acquis beaucoup d'expérience en terme d'aventure et de combat, cela ne lui offrait pas encore une prestige qui soit palpable.
La jeune femme le remercia et l'invita à attendre quelques instants, le temps que l'on s'occupe des commandes qui concernaient l'amélioration de son casque et de ses tassettes. Le liykor combla alors ce moment en revêtant ses bracelets de protection, son plastron et son arbalète de poing.
Les bracelets étaient constitués d'une base de cuir avec des plaques de métal recouvrant les avant-bras. Une protection bien plus sérieuse, face à ses petites bandelettes ridicules qu'il portait auparavant. Le cuir tirait un peu sur ses poils au départ, mais il s'habitua très vite à cette sensation. L'armure, elle, couvrait principalement ses pectoraux, ses abdominaux et ses flancs. Sous ses bras, il y avait de larges ouvertures qui lui permettaient de pouvoir bouger autant qu'il le souhaitait, s'adaptant tout à fait à sa maîtrise des armes d'hast. C'était une faille dangereuse cependant, mais face à l'absence de protection, le choix était vite fait.
Quant à l'arbalète, il put la fixer juste au-dessous de son poignet droit. Il préférait l'avantage de la discrétion que procurait cette arme, plutôt que de la fixer directement sur le dessus de son avant-bras. En plus, il n'était pas très bon tireur : il savait simplement qu'un carreau pouvait aisément transpercer une armure. Elle n'allait que trop peu lui servir à atteindre un ennemi de loin. C'était surtout le genre d'arme de dernier recours. Le genre susceptible de lui sauver la vie quand il serait désarmé.

"Si vous voulez, nous avons quelques armures déjà très abîmées. Ce serait l'occasion de vous habituer à cette arme." lui dit Phanie.

Il n'eut même pas le temps d'acquiescer qu'on lui apporta un mannequin (du moins, c'était surtout un assemblant de planches qui formaient une croix) sur lequel on posa une vieille armure partiellement rouillée. On lui prit aussi une demi-douzaine de carreaux dans une petite poche qui faisait office de carquois. Ils étaient très petits, au moins trois fois plus courts qu'un carreau d'arbalète lourde. Mais leur pointe était suffisamment acérée pour couper le loup sur l'un de ses coussinets.

"Le mécanisme est simple : il y a une gâchette à l'arrière de l'arbalète. Elle est sous forme de bouton. En appuyant dessus, le loquet qui retient la corde s'abaisse et le carreau est projeté."

Effectivement, le mécanisme devait être différent pour permettre à cette arme de se cacher facilement. Mais elle nécessitait d'utiliser ses deux mains. Il lui faudrait donc agir très rapidement s'il devait l'utiliser.
Suivant les conseils de Phanie, il appuya sur le bouton en visant le plastron. Le carreau fila alors immédiatement pour transpercer l'armure et se planter dans le bois du mannequin. Ziresh afficha une mine satisfaite, encore une fois, avant de récupérer le carreau pour le ranger de nouveau dans sa pochette.
Il restait encore un bon moment avant que ses pièces d'armures soient améliorées. On lui apporta alors son épée bâtarde qu'il attrapa de la main gauche.

"Pourquoi la main gauche? demanda Xavir. Je croyais que tu l'utiliserais simplement au cas où tu ne pourrais utiliser ta lance.

"C'est vrai, répondit Ziresh. Mais lors de ma quête, j'ai vu quelques uns de mes compagnons utiliser deux armes en même temps. Ils étaient formidablement bons, d'ailleurs. En y réfléchissant, je me suis dit que si je pouvais allier la portée de ma lance avec une épée longue pour atteindre tous mes ennemis. Lorsqu'ils dépasseraient la pointe de ma lance, je pourrais utiliser mon épée et ne me sentirais pas acculé. Et puis tu sais, avec cette armure, je suis bien plus libre de mes mouvements mais assez vulnérable. Je préfère l'idée d'utiliser plusieurs armes, au point de déstabiliser tous mes adversaires. Il me faudra beaucoup d'entraînement, mais j'y crois !"

"Dans ce cas, fais bien attention à ne pas te retrouver désarmé. Sans tes lames, tu ferais une cible de choix."

"C'est pour cela que j'ai pris l'arbalète."

Ziresh fit quelques moulinets avec son épée, parfois un peu maladroit. Il n'avait pas souvent essayé l'ambidextrie jusqu'ici. Cela lui demanderait beaucoup de temps. Mais la démarche qu'il avait prise en demandant une épée équilibrée l'aidait bien. En peu de temps, il réussi à aligner quelques coups droits, très horizontaux ou verticaux. Quant à savoir s'il pouvait frapper avec autant de force de cette main, c'était autre chose...

Une trentaine de minutes passèrent et enfin, on lui apporta son casque et ses tassettes. Dès qu'il les mit, il sentit qu'il y avait quelque chose complètement de changé. Depuis plus d'une semaine, son casque lui faisait mal et lui serrait les tempes. Mais ici, il avait enfin les oreilles libres et l'arrière et le dessus de son crâne étaient couverts sans lui boucher la vue. Même son museau était un peu protégé, avec une légère extension de métal.
Ses tassettes, elles, étaient un peu plus lourdes. Mais le cuir dont elles étaient composées avait été coupé dans la longueur, permettant à ses jambes de bouger plus librement encore. Cela ressemblait beaucoup à une jupe très longue et fendue, mais avec des plaques de métal. Il y avait même la place que laisser sortir sa queue, alors qu'auparavant, elle se retrouvait écrasée contre son armure.

"Ma foi ! Je n'en espérai pas tant ! Remerciez bien Argaïe de ma part, je ne manquerai pas de parler de cet endroit !"

Fier de son équipement, il partait complètement transformé de la forge. Toutefois, il lui manquait quelque chose : l'identification de sa rune. Xavir ne manqua pas de le lui rappeler en lui précisant qu'il connaissait la boutique d'un magicien qui serait capable de l'aider. D'autant plus que maintenant qu'il avait ces pépites d'or et ces pierres précieuses, il devait trouver quelqu'un à qui les vendre...
Ils se mirent donc en route pour la boutique. Mais encore une fois, Ziresh percevait quelque chose d'étrange chez son père adoptif. D'ordinaire, il ne s'intéressait pas autant aux commerces. C'était comme si on repoussait le moment où ils devraient rentrer au clan...

Mes pas me menèrent jusqu’à une boutique où j’avais déjà fait quelques achats, voilà quelques temps. Et c’était pour revendre une partie de ceux-ci que je venais. Le forgeron reconnaîtrait sans doute la qualité de son travail. L’arme que j’utilisais ne s’était ni ébréchée, ni même fendue. J’entrai dans la boutique de la forge et constatai que j’étais le seul client à cette heure matinale. Les deux vendeuses baillaient aux corneilles, et en me voyant entrer, elles se précipitèrent toutes deux pour m’accueillir. La plus vive, une petite brunette aux yeux clairs, prit la parole en premier, laissant l’élan de l’autre dans le vent, qui s’en repartit bougonner dans son coin.

« Bonjour et bienvenue chez Argaïe. Je peux vous aider ? »

La question était de la pure politesse. Je ne venais pas ici pour admirer les armes et armures qui pendaient derrière le comptoir, ou pour conter fleurette à cette paire de jouvencelles aux yeux fatigués. Poli, mais sobre et sans enthousiasme particulier, je répondis à celle-ci.

« Bonjour. Vous pouvez m’aider, oui. J’aimerais vendre et acheter certaines choses… »

Et ainsi, je dégainai ma lame d’argent pour la poser sur le comptoir, ainsi qu’un paquet de toile qui contenait mon armure enchantée. A côté, je posai le ballot de lances, dont je ne me servirais sans doute plus.

« Ceci, c’est pour la vente. Et en ce qui concerne les achats, je vais me laisser tenter par cette armure d’écailles noires au col argenté. Et par une nouvelle arme. Hmmm… cette épée, là. »

Elle était bien plus belle que la mienne, et certainement plus tranchante. Il s’agissait d’une épée longue à lame droite, dont la garde était décorée de pierres noires et d’entrelacs d’argent. Je sortis aussi de ma besace deux gemmes, que je déposai sur le comptoir.

« Si vous pouviez faire sertir ces deux gemmes, aussi. Celle-ci sur l’armure, et celle-là sur l’arme. »

Et j’attendis une réponse.

[HRP :
- Vente de : Longue épée argentée (For +10) ; Armure magique des Cieux (End + 8, M Mag +4) ; Ballot de lances (For +7).
- Achat de : épée longue d’argent ciselé (force +16) (1074yus) ; Armure d’écailles noires (end+16) (1586yus).
- Sertissage de : 1 gemmes de puissance à sertir sur l'arme de votre choix (for+50% de la force de l'arme, ne rentre pas en compte pour les malus) *valeur à la revente : 400 yus; coût du sertissage : 100 yus* [E=0] sur l’épée ; 1 gemmes d'endurance à sertir sur les armures de votre choix (end+50% de l'endurance de l'armure, ne rentre pas en compte pour les malus) *valeur à la revente : 400 yus; coût du sertissage : 100 yus* [E=0] sur l’armure.]

Alors que la seconde jeune demoiselle continuait à bouder dans son coin, la brunette prit les deux gemmes et ramassa l'épée et l'armure convoitée pour les apporter à l'arrière boutique afin qu'ils se fasse sertir.

Elle revint immédiatement et regarda l'équipement que tu comptais vendre. Elle saisit d'abord ta lame, en examina le tranchant, la déposa ensuite sur le comptoir et regarda le contenu de ton sac afin de regarder ce que tu voulais lui refiler. Après un tout petit moment, sans se départir de son sourire, elle t'annonça ce qu'elle comptait payer pour ton matériel.

" Cet équipement est d'assez bonne qualité, je vous offre 370 yus. "

Elle fit une petite pause puis reprit:

" L'épée et l'armure que vous avez choisi se détaillent à 2660 yus. À cela on rajoute 200 yus pour le sertissage. Ce qui fait 2860 yus. Si j'enlève les 370 yus que je vous dois. Il vous restera à débourser 2490 yus "

Elle s'arrêta sur ses mots, attendant patiemment ta réponse afin de savoir si la transaction était conclue.

Sans un mot, la vendeuse de la forge embarqua équipements convoités et gemmes pour les amener dans l’arrière-boutique du magasin, là où se trouvait la forge au vu des sons métalliques qui tintaient par là. Inutile de faire traîner la transaction plus longtemps qu’elle n’allait déjà l’être. J’appréciai cette manière de faire, que d’autres plus pudibonds auraient peut-être considérée comme insultante. Elle revint presque immédiatement tout sourire, pour jauger d’un air professionnel l’équipement usagé que je lui tendais pour le revendre.

Consciencieuse, elle inspecta le tranchant de la lame, puis le contenu du sac, et enfin les plaques de l’armure enchantée. Elle parut assez satisfaite de ce qu’elle voyait, puisqu’elle entreprit de me le dire, accompagnant son compliment d’un prix de revente plutôt dérisoire. Je ne m’en offusquai cependant pas. J’avais d’autres choses à faire que de chicaner sur une dizaine de yus. J’en avais suffisamment en réserve pour jouer les chiches auprès d’une vendeuse tentant de faire son boulot correctement. J’avais par le passé assez râlé sur les usagers de mon bar qui ne laissaient pas le moindre pourboire.

S’ensuivit un savant calcul qui amena au final, par de savantes soustractions et additions, le prix que j’allais devoir débourser. C’était cher, mais la qualité de ce que j’acquérais le valait bien. J’opinai du chef sobrement, et déposai sur le comptoir le montant que je lui devait. Sans attendre, j’enfilai ma nouvelle armure d’écailles sombres, et glissai à ma ceinture mon arme neuve. J’avais fort belle allure, dans ces nouveaux apparats guerriers. Je n’avais pas le charme délicat d’un nobliau en tissus riches, mais contrairement à celui-ci, je n’aurais pas non plus à craindre les coups de mes ennemis.

« Merci pour tout. Bonne journée. »

Et sans plus attendre, j’avais tourné les talons pour sortir de la boutique. Une seule direction était à envisager : celle de la faculté de magie.

Orientation

La poupée brisée, après avoir vérifié que personne ne pouvait la voir, enjamba la barrière en bois qui délimitait le petit jardin. L'herbe y était délicatement coupée, et les arbres semblaient heureux. La petite fontaine trônant au centre du jardin faisait ruisseler une eau fraiche et d'une transparence impressionnante.

Evangelina s'approcha prudemment, les yeux fixer sur l'entrée menant vers la forge. Aucun bruit n'en venait, et personne ne semblait être présent.

"Allons-y."

Elle s'agenouilla au bord de la fontaine et y plongea les mains. Immédiatement le bassin se teinta de rouge, le sang recouvrant les doigts de la poupée se diluant dans la pureté de l'eau. Elle se lava ensuite le visage, puis les bras. Elle frotte, suivant les indications de Gladys pour savoir où le sang était encore présent. Et finalement, son corps se retrouva propre, débarrassé de toutes ces preuves accablantes la désignant comme une tueuse.

Ses vêtements étaient toujours sales, mais elle ne pouvait pas les laver ici.

(Attention, on vient.)

Evangelina se releva d'un coup, dégainant son sabre assez maladroitement et le pointant devant elle, vers l'entrée de la forge. Ses fluides s'éveillèrent d'un coup, et elle se sentit immédiatement plus puissante, mais n'était pas rassurée. Elle était à découvert, et ne savait pas se battre.

Une jeune femme apparue, sifflotant, comme si de rien était. Et soudain, son regard se posa sur la poupée, et elle s'immobilisa. Il y eu un instant de flottement, un instant durant lequel Evangelina hésitait entre attaquer et s'enfuir. Mais elle ne fit rien, inquiète. Il ne fallait pas qu'elle se fasse attraper.

"Qui... qui êtes-vous ?"

La jeune femme ne semblait pas plus rassurée qu'elle. Mais uqe pouvait-elle faire ? La tuer ? Elle serait de nouveau recherchée et le cycle ne s'arrêterait jamais. S'enfuir ? Elle ne pouvait pas constamment éviter toutes les personnes qu'elle croisait. Mais elle ne pouvait pas non plus lui dire qu'elle était une tueuse recherchée.

Elle hésita plusieurs seconde, sans baisser sa garde.

"Je... m'appelle Evangelina. Je... suis perdue."

Son interlocutrice la regarda sans bouger, apparemment peu rassurée par le menonge de la poupée.

"Argaïe ?!"
(Il faut que je parte d'ici !)

Evangelina sentait la panique monter, cette impression qu'elle perdait le contrôle. Elle détestait cette sensation.

(Calme-toi ! Il va vraiment falloir que tu apprennes à te contrôler.)

Elle ne répondit pas. Elle sentait ses mains trembler, son sabre ne lui serait d'aucune utilité en cas d'affrontement, elle ne savait pas s'en servir. Mais ses fluides étaient prêt. Et eux, elle les maitrisaient plus ou moins.

Elle fronça les sourcils, mais ne bougea pas. Plusieurs secondes s'écoulèrent, jusqu'à ce qu'un homme assez agée apparaisse à côté de la jeune femme.

D'apparence plus sage et plus posé, il ne parut pas surpris de voir l'intruse.

"Joli Naginata. Mais apparemment, vous ne savez pas vous en servir."

Evangelina haussa les sourcils, baissant inconsciemment sa garde. Cet homme trouvait une intruse aux vêtements ensanglanté, armée et se voulant menaçante, dans son jardin, et tout ce qu'il trouvait à dire concernait le sabre ?!

"Il n'est pas de ma facture, j'en déduis que vous ne me l'avez pas volé. Mais pourquoi avez-vous souillez mon bassin de votre sang ?"

L'Aniathy laisser retomber ses bras, intriguée.

"Ce... n'est pas le mien, je suis une Aniathy."

Le vieil homme ne répondit pas, mais s'avança d'un pas.

"Il n'y a pas de sang sur ta lame. D'où vient-il ?"
(Perspicace le vieillard.)
"Je..."

Elle ne pouvait pas le lui dire. Il lui fallait mentir, trouver une excuse facile et qui tienne la route.

"C'est... celui de ma maitresse. Je n'ai pas pu la défendre..."

Le vieil homme ne dit mot. Il se tourna vers la jeune femme.

"Serais-t aimable d'aller lui chercher des vêtements pour qu'elle se change ? Il faudrait laver les siens."

Puis se retournant vers Evangelina.

"Où est ta maitresse ?"
"Elle est... morte."

EVangelina pensa à sa vraie maitresse. Au final, son mensonge n'était pas si loin que ça de la vérité.

"Désolé. Viens te changer, on va laver tes habits. Et range ce naginata, sans savoir t'en servir tu es dangereuse avec."

S'il savait ce qu'elle comptait en faire, il ne l'aurait pas laissée avec une telle arme.

(Bien joué.)
(Je n'ai rien fait.)
(Justement.)

La poupée s'engouffra dans la forge. Bien qu'imposante, elle ressemblait à une forge normale. Des armures et armes de toutes formes et de toutes qualités étaient éparpillées sur les étagères, n'attendant que d'être achetée. Evangelina profita qu'elle traversait la pièce pour regarder rapidement ce qui pouvait l'intéresser. Mais n'y connaissant pas grand chose, elle ne trouva rien au premier coup d'oeil.

(Il y a des trucs pour toi ici.)
(Va falloir que tu m'aide, parce que là...)
(Heureusement que je suis là.)
(Oublis pas que tu as plein de truc à m'expliquer.)
(Je sais.)

Le vieil homme la mena à l'étage, dans une petite salle de toilette dans laquelle un joli kimono en dentelle rouge et noir, assez court, et avec un gros noeud rouge dans le dos, avait été déposé.

"Je te laisse te changer. Ensuite, viens me voir en bas."

L'Aniathy acquiesça d'un geste, et attendit que le vieil homme soit redescendu pour fermer la porte. Elle détacha son sabre et le posa contre le mur. Puis elle enleva son serre-tête. Immédiatement, elle sentit ses fluides se désorganiser en elle. Elle fut prise de vertige et dû s'assoir sur le rebord de la baignoire.

(Reprend-toi, tu les contrôles, rappelle-toi !)

Plus facile à dire qu'à faire. Elle essaie de reprendre le dessus, plonge en elle comme elle sait le faire, et visualise chaque parcelle de fluide pour en reprendre le contrôle. Après pas mal d'effort, elle y parvient, mais se sent vidée.

"Je déteste perdre le contrôle."
(C'est pourtant ta spécialité j'ai l'impression.)

Elle ne répondit pas. Gladys avait-elle raison ? Il était vrai que la poupée n'était pas très stable. Elle repensa à tout ce qu'elle avait fait depuis la mort de Larhe, non sans douleur. Les meurtres, ce gouffre qui avait continuellement faim. Et cette soif qui obstruait complètement son jugement parfois.

Elle sentit les larmes se mettre à couler, doucement.

"Que suis-je devenue ?!"
(L'instrument de ta vengeance. Accepte-le et tu seras capable de réaliser ton rêve.)
"Mais pour..."
(Mais pourquoi ? Cette soif de sang, ces accès de folie... Pourquoi ?)
(Ce sont les prémices de ce que tu vas devenir. Ne luttes pas.)

Evangelina ferma les yeux et s'essuya les joues. Puis elle se releva et se déshabilla. Puis elle prit le kimono et l'enfila. Il devait appartenir à une jeune fille, il lui allait plutôt bien même s'il était un peu grand.

Elle ramassa son sabre et descendit dans la salle principale de l'auberge.

"Tu es une très belle poupée, j'en ai rarement vu de pareille."

Le vieil homme était assis près du four de la forge, en train d'aiguiser un poignard d'apparence fragile.

"Merci."
"Tu as laissé tes affaires là-haut ? Violaine va s'en occuper. Depuis quand utilise-t-u ton sabre ?"

La poupée brisée fut surprise par la question. Elle sera instinctivement son naginata contre elle.

"Je viens de le recevoir."
"D'accord. Et sais-tu te battre ?"
"Je..."

Pourquoi lui demandait-il ça ?

"Je suis plus à l'aise avec... ma magie."
"Je vois. Et pourquoi es-tu venue ici ?"
"Je... cherchais une fontaine, pour me nettoyer."
"Et pourquoi n'as-tu pas demander de l'aide tout simplement ?"
(Il est bon, ce vieux !)
(Merci, j'avais pas remarqué...)

Il devait forcément en arriver là. Pourquoi entrer par effraction, pourquoi ne pas frapper à la porte ? Et pourquoi menacer la jeune femme dès son arrivée. Elle savait pourquoi, mais ne pouvait pas lui dire. Elle n'était pas à Cuilnen, elle n'était rien ici, elle n'avait pas la garde entière sur le dos.

"Parce que... j'avais peur."
"Peur de ceux qui ont tués ta maitresse ?"
"Oui. Je ne suis pas d'ici, je ne connais pas la ville."
"Ici tu ne crains rien. Je suis maitre forgeron. Et je pense que tu as besoin d'équipement et d'entrainement."
(Que de juste !)
(Tu m'énerves.)
"Je, oui, je pense aussi."

Le vieil homme se leva et fit le tour de sa boutique. Il s'arrêta devant certaines armes, armures. Et finalement, il se retourna vers Evangelina.

"J'ai une proposition à vous faire."
"Oui ?"
"Votre taille n'est pas habituelle. Jevous confectionne une armure spéciale, comme celle-ci."

Il montra de la main une longue armure en métal noir, couvert de décorations rouges finement travaillée. L'armure suit les forme du mannequin. Fine et gracieuse, elle semble rayonner d'une aura. Cela est sûrement dû aux métaux utilisés et aux couleurs sombres et rouges.

"Qu'a-t-elle de spéciale ?"
(Elle canalise la magie.)
"Elle permet à son porteur de canaliser sa magie plus aisément. Et elle apporte une protection non négligeable. Ainsi vous pourriez utiliser votre magie, et restez efficace en combat. Et vous pourriez défendre ceux qui vous sont cher."
(Oups.)

Le regard de la poupée s'assombrit presque instantanément. Elle fronça les sourcils, puis ferma les yeux pour essayer de ce calmer. Lorsqu'elle les rouvrit, le vieil homme n'avait pas bougé, mais son regard avait changé.

"En échange, vous me payez l'armure, se sera environ 650 yus je pense. Et Violaine vous entrainera à manier le sabre pendant les quelques jours qu'il me faudra à la concevoir."

Evangelina le regard sans bouger. Pourquoi lui proposait-il ça ? Qu'avait-il derrière la tête ? De toute façon, elle ne pouvait pas vraiment refuser la proposition. Elle avait besoin de s'entrainer, et l'armure semblait faite pour elle...

"D'accord."

Sa voix était plus dure, moins hésitante que quelques minutes auparavant.

Etrange

Une proposition alléchante

Un silence s'installa dans la pièce, seulement quelques secondes, mais qui semblèrent pleine d'une tension étrange. Ce fut le vieil homme qui le brisa, presque naturellement.

"Remontez dans votre chambre, ou faites ce que vous voulez en ville. Je vous demanderai juste d'être prête demain matin. Violaine ne vous attendra pas."

Evangelina ne répondit pas. Elle fronça les sourcils. Elle n'aimait pas recevoir des ordres. Et elle trouvait étrange ce que voulait le vieil homme.

(Laisse tomber, on monte. Il faut qu'on parle.)
(C'est évident.)
"D'accord, j'y serais."

La poupée brisée se retourna et repartit d'où elle venait, montant à l'étage. Elle s'immobilisa au milieu des marches et tourna la tête, son regard sombre se fixant sur le maitre forgeron.

"Pourquoi faites-vous ça ?"

Le vieil homme ne bougea presque pas.

"Parce qu'il y a des choses qui devraient pouvoir être réparées."

L'éclat de son regard vira un instant au rougeoyant, couleur qui renvoya immédiatement l'Aniathy aux images atroces du feu, ce feu qui avait détruit sa vie, réduit son âme en cendre et mis son cœur à sang. Une douleur vive lui traversa le crâne et elle vacilla, peinant à garder l'équilibre, et plaquant ses mains sur ses tempes.

"Calme-toi !"

La douleur disparue aussi vite qu'elle était apparue. elle se redressa et regarda le forgeron, essayant de comprendre ce qu'il avait dit, de traduire son expression. Mais elle n'y parvint pas. Son visage était impassible, sans aucuns traits particulier.

Elle soupira, sentant une larme couler sur sa joue. Elle baissa le regard et se retourna, avant de finir son ascension et de pénétrer dans la chambre qui lui avait été attribuée.

Discussion