>> Chez le luthierLa comedia dell'Haple
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...tit ? Mon petit… ?Une gêne l'incommodait. Qu'est-ce donc qui la dérangeait ainsi ? Quelque chose lui tapait la joue à répétition… Une main, fraîche comme l'eau des rivières de ses montagnes natales. Et Haple rouvrit les yeux sur le visage de sa mère… ! Ou du moins, un portrait bien semblable. Une elfe à la mine soucieuse occupait son champ de vision. C'était précisément ce détail, cette sollicitude maternelle, qui l'informa qu'il ne s'agissait pas de celle qu'elle avait littéralement poussée dans la tombe.
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Où suis-je ? S'enquérit Haple d'une voix hagarde.
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Chez nous autres, les marchands de la Grotte. A la Grotte des Affaires, lui répondit l'elfe d'une voix rassurée.
Puis à quelqu'un dans son dos :
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Imbécile ! Tu vois une enfant débarquer seule par cette saison et tu ne te poses pas de questions.-
Jé pensais qu'elle était avec ton client. Jé loui ai démandé ma elle est un peu simplette… tenta-t-il de justifier en faisant appel au client patibulaire.
Pourtant à deux pas du petit homme, celui-là ne sembla pas avoir entendu ; il dévisageait la petite fille en silence…
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ce visage…)
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Un diagnostic mûrement réfléchi pour sûr, coupa sec la marchande elfe.
Elle est épuisée, mal nourrie et qui sait ce qu'elle a enduré d'autre avant d'arriver entre tes mains de nigaud !D’une poigne ferme, elle la souleva par les aisselles et la remit sur pied.
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Comment est-ce qu'on t'appelle ? s'enquit-elle auprès de l'enfant.
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Jeanne. Jeanne Dracque. Les mots lui étaient sortis de la bouche avant même que son esprit les ait formulés… Mais son instinct lui disait que c'était un mensonge heureux. Son véritable nom n'avait aucun intérêt pour des gens de bonne volonté mais pouvait attirer les foudres d'une Hinione des montagnes, et Amaranthe, où la nouvelle du décès de Roche avait dû parvenir, n'était à guère plus qu'une journée de marche.
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Viens avec moi, Jeanne. Tu peux marcher ? Bien.Et la marchande l'emmena hors de l'antre du luthier avant de lancer par-dessus l'épaule une dernière remontrance à l'encontre du Sinari.
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Je vous jure… « y a oune pétite qui vient de mé claquer entle les doigts » imita-t-elle d'une voix pleine de sarcasmes.
Heureusement que j'étais pas loin.Sa voix n'avait pas le chantant de l'accent anorfain… Haple jeta un regard à son interlocutrice alors qu'elles marchaient côte à côte dans l'étroit boyau. En plus du parler des Montagnes, elle avait aussi la carrure de ses habitantes, et un tempérament qui n'avait rien à envier à l'ombrageuse Roche… Parvenues au seuil d'une autre caverne, l'enfant pu examiner les traits de son visage à la faveur des flambeaux muraux qui en éclairaient l'espace confiné. Ses pommettes saillantes soutenaient des yeux en amande d'un bleu électrique en tout point similaire aux prunelles de ses congénères. En revanche, ses lèvres charnues rendaient à sa figure une douce volupté qui traduisait une ascendance humaine… Alors, un élan de pitié saisit l'enfant elfe. On lui avait dit que le sort des demi-elfes était tragique, n'appartenant jamais complètement à aucune communauté et ne vivant jamais qu'une demi-vie. Et, de manière inattendue, Haple sentit un lien se forger avec la marchande : car de toute évidence elle-même n'avait plus de foyer et une longue existence elfique semblait hors de propos pour qui peinait déjà à sustenter sa faim. Mais le cours de ses rêvasseries fut interrompu et son esprit égaré ramené au moment présent lorsque l'enfant s’aperçut qu’un autre client s'affairait autour des étalages.
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Mes excuses pour cette interruption, Monsieur Bertrand. Cette pauvre enfant requiert mon assistance. Je serai à vous deux dans un instant.Un homme de corpulence massive s'était retourné à leur entrée. Il n’accorda cependant à l’enfant qu'un coup d’œil distrait avant de répondre d'une voix polie qui contenait le juste mélange de distance et de sollicitude :
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Mais faites donc ma bonne Istrid. Puis-je vous aider d'une quelconque manière ?-
Je vous en prie, ne faites pas attention à nous. Vous trouverez nos étoffes les plus fines qui raviront les jeunes mariées sur ce présentoir-ci, indiqua-t-elle en l’enjoignant d'un geste du bras à examiner ses articles.
Toi, assied-toi ici, mon petit, conclut-elle en lui tirant une chaise.
Et Haple la regarda traverser la salle en quelques grandes enjambées, sa longue jupe dissimulant le mouvement de ses jambes.
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Hum … oui… ce tulle sera sur plus d'une robe aux fêtes de Beauclair. Quelle facture exquise ! Je ne manquerai pas de préciser qui en est l'artisane.-
Vous m'en voyez ravie Monsieur Bertrand, lança-t-elle par-dessus l'épaule tandis qu'elle fouillait dans une fine et haute commode vitrée...
Vous prévoyez une bonne recette cette année ? demanda-t-elle en revenant vers eux, tenant à la main un panier dont le contenu s'entrechoquait dans un bruit de verrerie.
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Oh oui, comme toujours. Les demoiselles en âge de se marier vendraient leurs parents pour des atours qui attirent l’œil des plus beaux gaillards. Et, lorsqu'au cœur de la nuit, les jupons volent haut et les gloussements encore plus, ceux-là dépensent volontiers un mois de labeur aux champs pour combler leur partenaire de danse… et étourdir leur pudeur dans l'alcool. C'est assurément la période la plus lucrative de l'année... non seulement pour mon corps de métier mais aussi pour les aubergistes et troubadours de la région.La-dite Istrid s'agenouilla auprès de Haple que tout deux semblait avoir oubliée. En temps normal, l'enfant elfe se serait insurgée d'être ainsi traitée comme quantité négligeable, et ses poings s'étaient quelque peu raidis lorsque la marchande l'avait appelée « mon petit » pour la seconde fois. Mais, dans les circonstances présentes, Haple sentait bien que son caractère d'enfant sans défense pouvait jouer en sa faveur. Personne ne lui posait de questions gênantes d'une part, et d'autre part, peut-être parviendrait-elle à apitoyer ces adultes bien convenables afin qu'ils lui viennent en aide. Si par le passé elle avait en effet luté de toutes ses forces contre l’interventionnisme de ses aînés dans sa vie, là en revanche, la situation était tout autre : ce serait elle qui tirerait les ficelles. Et son intérêt avait été piqué par la mention de ses festivités à … elle tentait de se rappeler mais son esprit tournait à vide par manque d'énergie… Beauclair, c'est ce que le gros monsieur avait dit. Et il y avait de l'argent à gagner pour qui savait jouer d'un instrument, ce qui était son cas.
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Tiens Jeanne. Bois ça, ça devrait te remettre sur pied en attendant que tu prennes un bon repas.Haple se saisit du flacon qu'on lui tendait son regard perdu dans ses pensées.
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N'aie pas peur. C'est seulement de l'eau sucrée, la rassura Istrid interprétant l'absence de l'enfant pour de la réticence.
Et celle-ci en but le contenu d'une traite avant de remercier la tisserande et de lui rendre la fiole vide.
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Et bien voilà qui est mieux, commenta le drapier en tapotant gentiment l'enfant sur l'épaule.
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Monsieur Bertrand… ? laissa échapper celle-ci d'une petite voix innocente.
Un silence tomba aussitôt sur la boutique. Et tous semblaient suspendus à ses lèvres. En particulier, le client du luthier qui les avait discrètement rejoint dans la caverne de la tisserande.
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Mais elle parle, commenta avec humour le grand efflanqué de sa voix rocailleuse.
Un humour sec auquel les deux autres répondirent par un sourire de courtoisie entendu.
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Oui, mon enfant… -
Jeanne, compléta la demi-elfe en réponse à un regard interrogateur du drapier.
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Jeanne, répéta-t-il avec un sourire bienveillant.
Tu te sens mieux ?-
Oui, nettement. Je me demandais… si vous allez à Beauclair… pourrais-je vous accompagner ? Ma famille doit s'inquiéter de ne pas me voir revenir…Encore une fois, le mensonge était sorti avant qu'elle n'ait pu le retenir !
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T’es d’ Beauclair, comme ça ?Ce n'était pas Monsieur Bertrand, ni la dame au nom d'Istrid, mais l'inconnu qui avait parlé.
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Et c’est quoi qu’amène une Beauclairoise d’ ton âge sur les routes… ?Le sucre courant dans ses veines, la petite retrouvait rapidement ses moyens ; ses méninges tournaient à plein régime. Mieux valait construire autour d'une vérité… pas la sienne … celle de Roche enfant !
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Mes parents m'ont envoyée livrer un chargement de tonneaux à une cave d'Amaranthe. Normalement, c'aurait dû être papa derrière les rênes, mais il a le souffre au cœur…-
Un souffle au cœur, rectifia le drapier un sourire affectueux en coin.
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Oui… Et… Hier, je poussais les chevaux pour trouver refuge de la tempête, nous allions à bride abattue, et la foudre est tombée et… les chevaux ont rués et... la carriole est tombée et… les chevaux… ils braillaient dans le ravin. Je suis parti en courant…Haple marqua une pause. Elle aurait presque versé une larme tellement elle se prenait au jeu.
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Et ce matin, j'ai entendu la flûte alors je suis venu ici. Qu'est-ce que je vais dire à maman pour la cargaison ?-
Ne t'en fais pas pour l'instant mon enfant. Je vais déjà te ramener à Beauclair et tout ira mieux une fois là-bas.La compassion du drapier était contagieuse. Istrid, après avoir écouté le récit une main sur le cœur, tapotait affectueusement la tête brune de l'enfant. L'inconnu en revanche demeurait impassible, bien qu'elle ait juré l'avoir entendu étouffer un grognement ricaneur lors de sa première réponse. Mais Haple n'en avait que faire ; elle avait son chevalier servant. Et avant que la tisserande ne fasse glisser le fichu qui dissimulait ses oreilles hiniones à force de caresses maternelles, la comédienne en herbe se mit sur ses deux jambes d'un pas hésitant et se retourna vers la demi-elfe.
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J'ai laissé les quelques affaires que j'avais pu sauver chez votre ami, ainsi que mon tambour…-
Très bien, je finis avec Monsieur Bertrand et je t'y reconduis.-
Laissez, lâcha une voix rocailleuse dans leur dos,
je m'en occupe. La p’tite s’ra prête quand vous aut’ charg’rez l’char.-
Merci… Monsieur ?-
Pulchinel, répondit-il du tac-au-tac.
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Avec plaisir alors, Monsieur Pulchinel, répondit-elle avec un soupir de soulagement.
Suis donc le gentil Monsieur mon petit, conclut-elle avec une condescendance infantilisante.
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« Mon petit »… rester dans le rôle, dans le rôle…)
Et Haple emboîta le pas au grand rustre qui s’avançait déjà vers la sortie.
Une marche silencieuse dans la pénombre du boyau s’en suivit. Le bruissement de sa longue cape brune sur le sol nu et le vent sifflant paresseusement dans le conduit rocheux meublaient une conversation inexistante. Un mutisme apprécié de l’enfant, bien qu’un peu intimidant. L’inconnu ne donnait pas dans la condescendance ou le paternalisme, songeait l’elfe alors qu’elle peinait à tenir son allure forcée. Et celui-ci ne se retourna qu’une fois parvenu dans la lueur de la caverne du luthier pour y attendre la petite.
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Oui … ah c’est toi encole?La voix confuse du Sinari les accueillit. Il les rejoint au seuil de sa boutique mais s’arrêta à une distance respectueuse, un air d’appréhension peint sur ses traits. Assurément, il ne se sentait pas encore fautif d’avoir négligé les besoins de l’enfant… D’où venait la gêne que celle-ci lisait dans ses yeux alors ? Toute dans son examen physionomique, Haple remarqua un tressaillement presque imperceptible sur le coin des lèvres du luthier, entre la crainte et le dégoût, lorsque le dénommé Pulchinel pris la parole :
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Paraît qu’ vous avez l’ tambour d’ la p’tite… ?⁃
Lé tamboul… oui. Celtes, lé tamboul, marmonna la petite personne.
Et le regard plongé sur ses pieds, sa tête dodelinant de côté, le petit homme s’enfonça dans sa caverne jusqu’à son établis avant de revenir peu après.
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J’ai fait cé qué j’ai pu. Mais lé coffle Garzolk était tlop lalge poul accueillil cé qu’il restait dé la peau. C’est la seule paltie dé valeul dé toute façon. Si tou veux un tamboul, tou felais mieux dé rendle visite à mon cousin en Nosvelis. Il manie les flouides comme personne,(
les Fluides… ?)
La voix de Roche lui revenait en mémoire. Elle lui avait dit qu’elle lui dirait tout à leur sujet... avant de mourir prématurément.
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Qu’est-ce c’est, les Fluides ? demanda-t-elle d’une voix enfantine.
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Tou ne sais pas ? répliqua le luthier, l’étonnement supplantant la grimace qu’il avait jusqu’à présent affichée.
Poultant on aulait pou penser qu’on t’aulait enseigné les roudiments dé la magie avant dé té mettre un instlument enchanté entle les mains…Pulchinel changea de posture, visiblement intrigué par le sujet de la conversation, mais n’interrompit pas le Sinari qui reprit après s’être passé la langue sur les lèvres d’un air songeur :
⁃
Les flouides sont … la manifestation physique dé …l’énergie qui façonne notre monde. Les manier pelmet donc dé tlansfolmer son envilonnement … et ceci dé manièle plous ou moins plofonde et étendue sélon la quantité de flouide maitlisée.Roche lui avait bien dit que les fluides en elle étaient forts… était-ce à dire qu’ils avaient une prise particulièrement importante sur le cours de sa vie ? Ou bien qu’elle disposait d’un pouvoir de transformation sur son environnement ? Le souvenir des dernières semaines semblaient indiquer cette dernière interprétation : l’étau de boue qui avait empêtré sa mère et provoqué sa mort ne pouvait être que l’œuvre d’une magie alors insoupçonnée. Mais Haple songea avec déplaisir que cela n’excluait pas qu’elle fut la marionnette des fluides, une idée certes abstraite, un pressentiment indistinct uniquement, mais qui la frustrait d’autant plus qu’elle s’était enfin affranchie du carcan familial et libérée de l’autorité de Roche.
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Je ne comprends pas… comment peut-on maitriser du fluide ? Ce n’est même pas visible, ou si…? corrigea-t-elle en voyant la bouche du luthier s’ouvrir au quart de tour.
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Ma si, ma si. Viens donc voil pal ici.Et le Sinari d’entrainer la curieuse vers les étagères de la boutique.
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Voilà, c’est à ça qué ça ressemble petite, là-haut dans la colbeille, des palcelles dé flouide poul les gens dé magie. Plincipalement. J’ai aussi quelques excentliques qui en achètent poul décoler leul intélieul, ou poul faile les intélessants auplès dé leuls voisins…Haple ne l’écoutait plus qu’à moitié. Les scintillements bigarrés d’un ensemble de flacons accaparaient son attention. Elle avait déjà vu de la verrerie de ce type dans les affaires de sa mère ; celle-ci y rangeait ses parfums et huiles de beauté. Mais le contenu de celles-là … elle n’avait jamais rien vu de pareil ! Flammèches vacillantes, volutes blanchâtres, lumières liquides et liquides lumineux ; tous en perpétuel mouvement, les uns avec la langueur de la lave, d’autres en tourbillons effrénés ! Mais parmi tous, une série de flacons l’attirait en particulier. D’une couleur ambrée tirant sur le brun, un liquide épais transparaissait derrière le verre zébré de coulures séchées. L’étrange substance mielleuse semblait en passe de se figer, son inertie démentie seulement par quelques cristaux sableux en suspension qui vibraient à basse fréquence mais d’une énergie dense et profonde comme la Terre.
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Vous dites qu’on peut en acheter…? relança-t-elle en détachant son regard avec peine de l’article convoité.
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Natoulellement. Tout est à vendle ici. répliqua-t-il automatiquement, avant de continuer d’une voix hasardeuse.
Mé dis pas qué… tou en voudrais ? C’est pas donné petite…-
Et dangereux aussi…La voix grave de Pulchinel fit sursauter les deux interlocuteurs. Ils ne l’avaient pas vu se rapprocher pour écouter la conversation… Son visage ne laissait cependant pas transparaitre la moindre inquiétude pour l’enfant, mais plutôt… était-il intrigué par cette Jeanne Dracque et son intérêt pour les fluides?
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Oui, oui dangeleux. reprit le marchand.
Pas poul les enfants, ça, les flouides. Istlid me mettlait en cloix sans plocès, poul sûl! Non, non, pas poul les enfants.La cherté du produit la laissait indifférente. L’avertissement de Pulchinel et l’agitation du luthier, en revanche, ne faisaient qu’exciter sa curiosité. Alors, faisant fi de l’avis des adultes, Haple tira sur la ficelle à son cou et sortit de sous son chemisier et chandail de bure une bourse de cuir.
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Combien ?Sa propre audace la surprenait! Elle se faisait l’impression d’être l’un de ces marchants itinérants qu’elle aimait regarder négocier au belvédère de Cuilnen. Ce qu’elle appréhendait c’était que ce nouveau masque ne correspondrait plus vraiment à celui endossé dans la caverne de la tisserande. Mais elle ne voyait pas d'alternative et le luthier n'avait pas assisté à sa comédie d'enfant sans défense...
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Non, non… Istlid… commença le luthier d’une voix suppliante.
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Com-bien ? articula l’enfant hinione.
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Cinq…cinquante pièces, balbutia-t-il, une lueur d’espoir dans les yeux comme s’il songeait que la gamine ne détenait pas une telle somme.
Mais déjà celle-ci desserrait le cordon de la bourse et faisait rouler sous ses doigts menus les ronds de laiton dans une tentative de les compter… sauf qu’elle n’était pas bien habile dans ce domaine. Et maintenant qu’elle s’était mise en avant avec une telle assurance, elle ne voulait pas leur montrer l’étendue de son inexpérience. Alors, Haple improvisa.
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Et pour le tambour ?-
La même… poul la main d’œuvle et…-
Bien, l’interrompit la petite négociante.
Mettez-moi deux flacons de cette mélasse.-
Les flouides de telle…de terre ?-
Oui, les petites fioles je vous prie. Et cet illustré que je lisais avant mon moment de faiblesse.-
Lé palchémin tlaitant des chocs telluliques…? Oune séconde, je viens dé lé ranger sour son étagèle.Hale regarda le Sinari faire un pas de côté et tendre le bras pour atteindre le rayonnage qu’elle avait exploré auparavant. Son cœur battait la chamade. Le luthier avait retrouvé de son professionnalisme et semblait être rassuré par les airs d’adulte que la nouvelle venue se donnait. Mais d’un instant à l’autre, il se retournerait vers elle pour conclure la vente et la comédie toucherait à sa fin, soit avec un butin fantastique à la clé, soit dans un ridicule cuisant s’il s’avérait qu’elle ne possédait pas de quoi acheter une pomme. Et sur cette pensée effrayante, le petit homme rejoint les deux autres, le traité de magie en main.
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Tenez, ça fera l’affaire, déclara l’enfant en faisant sonner le contenu de la bourse avant de lui tendre d’un geste impérieux.
Les yeux détaillant la petite monnaie avec minutie, le luthier repartit vers son établi d’un pas lent et distrait. Le coeur de la petite tonnait contre sa poitrine ; ses tympans menacaient de céder sous la pression et une envie de s'enfuir en courant la gagnait...
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Oui, je vous dois quelques pièces en retoul, lança-t-il par-dessus l’épaule en ouvrant un tiroir.
Soulagement… Euphorie!
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Laissez, laissez… Gardez la monnaie pour les bons soins de votre collègue. Si vous pouviez me rendre mon sac de voyage aussi, j’aimerais finir de me préparer au départ.
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Bien entendou, lé voici ma…démoiselle.
Et Haple entrepris de ranger ses achats dans son sac, des étoiles dans les yeux.
>> Le masque de Pulchinel