Ainsi serait sa tâche prochaine : traquer un paladin du nom de Stantor qui se trouverait aux alentours d’Amaranthe, un homme qui serait purificateur de Gaïa et aurait employé des méthodes tout à fait douteuses pour obtenir des informations sur l’ordre des Messagers du Corbeau. Il aurait interrogé sous la torture un trapeur avant de le tuer. Les Corbeaux l’auraient alors retrouvé et lui auraient rendu un semblant de vie sous la forme du squelette qui balaye les couloirs. La jeune eruïone déglutit avec peine. Elle n’est pas certaine de préférer ce destin à celui de rester morte, mais elle ne prononce pas à haute voix ses pensées intérieures.

La tâche d’Eyllwë est simple : trouver cet homme et mettre fin à ses jours. La jeune femme acquiesce, c’est quelque chose qu’elle comprend. Visiblement, les purificateurs auraient une sacré dent contre l’ordre qu’elle vient de rejoindre, et ça ferait tâche qu’il disparaisse alors qu’elle vient de rentrer dedans.

Kadria insiste cependant sur l’importance d’emporter l’homme dans la mort sans douleur, car Phaïtos réprouve tout acte de souffrance inutile. Là encore, Eyllwë hoche la tête avec la conviction de quelqu’un dont c’est déjà une façon de vivre.

- Dans le désert, la femme qui m’a appris à chasser m’a appris à ne jamais faire souffrir la proie que je dois abattre, avoir du respect pour elle, moi qui lui donne la mort. Alors je comprends, et je ne donnerai pas la mort avec souffrance.

Sur ces paroles, elle salue Kadria d’un signe de tête. Elle n’a pas l’habitude de faire des adieux plus poussés que ça, aussi rejoint-elle rapidement les escaliers et l’infinie descente.

Allons vers Amaranthe et l’au-delà.

Tuer un purificateur de Gaïa situé à Amaranthe pour le compte de la caste des Messagers du Corbeau, voici la première tâche qui a été confiée à Eyllwë, une tâche qu’elle a la volonté de mener à bien. Le seul ennui est qu’elle n’a jamais retiré une vie ailleurs que sur un champ de bataille et elle n’est pas certaine de parvenir à le faire correctement. La jeune eruïone balaye cependant sa crainte d’un haussement d’épaule, elle verra le moment venu, avant, il lui faut sortir de ce château lugubre et parvenir à Amaranthe. Au fait, c’est où, Amaranthe ?

Cette pensée-là l’inquiète alors qu’elle termine de descendre les marches de la Tour des Corbeaux d’où elle sort d’une entrevue avec la Lord Kadria, une femme tout à fait étonnante aux magnifiques cheveux de feu. C’est elle qui lui a donné cette tâche. Arrivée dans le couloir, les yeux de l’eruïone tombent sur le squelette balayant placidement le sombre couloir. Le tanneur qui s’est fait torturé par l’homme qu’elle a pour mission de tuer. Si la vision d’un squelette animé n’a rien pour la mettre à l’aise, la vision de cette âme en peine réduite à balayer dans un sombre couloir renforce sa résolution. Une personne torturant et tuant ses victimes a toutes les raisons de mourir. Un point, c’est tout. Eyllwë a parfois des raisonnements simples, mais ils ont l’avantage d’être effiaces.

Elle refait le chemin effectué peu de temps auparavant en sens inverse, retombant bien vite sur la salle aux gardes tous de noir vêtus qui lui lancent un regard indéchiffrable. Loin de souhaiter leur adresser la parole, Eyllwë a néanmoins la politesse de leur adresser un signe de main tout en accélérant un peu le pas. Elle ne souffle qu’une fois hors de vue des hommes et non loin de la sortie du château en ruine. Après réflexion, il semble en bien plus mauvais état vu de l’extérieur que de l’intérieur. C’est sans doute fait exprès.

Une fois arrivée à la porte inexistante, cependant, son regard observe attentivement les alentours jusqu’à ce qu’elle avise de la silhouette d’un homme accroupit dans les buissons. Shaddem, le garde qui l’a précédemment arrêtée lorsqu’elle est arrivée et l’a menée jusqu’à Kadria. Eyllwë s’approche de lui sans chercher à rendre son pas silencieux. Ce serait dommage, après tout, de se prendre un carreau d’arbalète perdu dans le ventre alors qu’elle vient d’être ressuscitée, n’est-ce pas ?

- Y semblerait que j’ai le droit de ressortir du château en vie, lâche-t-elle lorsqu’elle arrive à son niveau. Il paraît même que je suis devenue une messagère de l’ombre, enfin, c’est ce qu’a dit la Lord Kadria. Elle m’a aussi demandé de tuer un type du côté d’Amaranthe, mais j’ai fichtrement aucune idée d’où ça se trouve, tu n’aurais pas une idée, Homme du Désert ?

Elle lance un regard sur le village en ruine et la lugubre forêt qui s’étend à ses pieds.

- Tu ne t’ennuies pas à force de garder les corbacs ? Y’a pas l’air d’y avoir un pigeon dans le coin.

L'homme te jette un regard énigmatique. Il a toujours son arme à porté de main, mais il se relève et s'appuie nonchalamment contre un mur.

"C'est calme, et je part parfois en mission. Le post me plaît. Surtout en ces temps troublés... D'ailleurs et pour répondre à tes autres questions, il y a quelqu'un qui souhaite te voir."

Il te fait signe de le suivre. Vous marchez quelques minutes jusqu'à arriver entre quelques pans de murs, qui étaient sans doute une quelconque pièce dans l'ancien château. La taille de l'édifice devait être vraiment impressionnante à l'époque où il était entier, mais c'était manifestement il y a longtemps. Aujourd'hui, malgré un effort de défrichage évident, il ne s'agit que de murs envahi de lierre et de broussaille, idéal pour se cacher.

Alors que tu entres avec Shadden, une femme très pâle, maladive d'apparence mais apparemment très vive, te saute dessus !



"Oui ! Oui !!! Une élue marquée de la mort ! Déjà allé voir Kadria, hein ?! Je sais... oui, je sais ce qu'elle t'a demandé ! D'aller tuer un paladin loin d'ici et bien plus fort que toi, oui ! Très dangereux, oui ! Tu va bientôt mourir, oh, comme c'est merveilleux !"

Elle semble faire des efforts pour se calmer. Elle se précipite sur des branches de lierre pour les arracher. Alors qu'elle était tellement agitée, elle est maintenant beaucoup plus calme et méthodique, veillant avec soin à bien arracher la racine, bien qu'il s'agisse d'une entreprise difficile avec cette plante. Elle creuse, retire... et découpe la racine en petit morceaux qu'elle pose sur une pierre pou qu'ils ne puissent pas repousser. Pendant qu'elle agit ainsi, elle parle plus calmement :

"Kadria ne sait pas quoi penser de toi. Elle a peur de ce qui se rapproche trop de Phaïtos. Cela risque de détourner les messagers de ses ordres et de ses ambitions personnelles. Alors elle t'envoie face au danger. Soit tu deviendras un atout, qu'elle pourra faire valoir pour légitimer sa position, soit tu meures dans l'anonymat et elle est tranquille..."

La femme tourne vers toi un regard farouche :

"Le paladin doit être tué. Mais toi, tu dois survivre. Kadria oublie trop souvent que JE suis la première nécromancienne du château. Je peux t'aider, même si je ne suis pas une Lord. Mais accepteras-tu l'aide de Merilian ? Accepteras-tu de suivre la volonté de Phaïtos plutôt que celle de Kadria des Brume ?"

"Sachant qu'il faudra un jour nous aider en retour." déclara une voix.

Tu remarques alors un homme en robe de bure noir, au visage invisible et aux mains cachées dans ses manches. Discret, il est adossé contre un mur, immobile.

Shaddam lui lance un regard énigmatique et, sans quitter son arbalète de la main, se redresse et s’appuie contre le mur. Il avoue que le travail est plutôt calme, mais qu’il lui arrive de partir en mission et que, quoi qu’il en soit, le travail lui plait, d’autant plus en ces temps troublés. Cependant, au lieu de répondre à sa question sur la localisation d’Amaranthe, il dit qu’une autre personne souhaite la voir. Curieuse, Eyllwë hausse un sourcil et accepte d’un bref signe de tête. Elle le suit durant quelques minutes jusqu’à ce qui semble être une dépendance en ruine d’un château en ruine. Décidément, ces lieux semblent avoir connu de meilleurs temps. A peine entre-t-elle dans la dépendance d’une femme fait irruption, à tel point qu’Eyllwë sursaute. Elle est très pâle, mais très vive et manifestement excitée.

- Oui ! Oui !!! Une élue marquée de la mort ! Déjà allé voir Kadria, hein ?! Je sais... oui, je sais ce qu'elle t'a demandé ! D'aller tuer un paladin loin d'ici et bien plus fort que toi, oui ! Très dangereux, oui ! Tu vas bientôt mourir, oh, comme c'est merveilleux !

Ah, oui mais non, elle n’a pas vraiment décidé de mourir prochainement, en fait, une première mort lui a déjà suffi. Elle s’apprête à répliquer, mais la femme ne semble pas décidée à se taire, malgré les efforts évidents qu’elle semble faire pour se contenir. Elle se précipite sur des branches de lierres pour les arracher méthodiquement, tout en expliquant que la Lord Kadria ne sait que penser d’elle et qu’elle a peur qu’elle se rapproche trop de Phaïtos car ce serait un risque pour ses ambitions personnelles. Aussi, la mission qui lui incombe serait en réalité destinée à l’envoyer face au danger : si elle survit, elle deviendra un atout qui lui permettra de légitimer sa position, si elle meurt, elle sera plongée dans l’oubli. Dans tous les cas, la Lord sera gagnante.

Passionnée, la femme se tourne de nouveau vers Eyllwë, le lierre bel et bien arraché sans risque qu’il ne revive (le malotru !).

- Le paladin doit être tué. Mais toi, tu dois survivre. Kadria oublie trop souvent que JE suis la première nécromancienne du château. Je peux t'aider, même si je ne suis pas une Lord. Mais accepteras-tu l'aide de Merilian ? Accepteras-tu de suivre la volonté de Phaïtos plutôt que celle de Kadria des Brume ?

Une nouvelle fois, Eyllwë s’apprête à ouvrir la bouche, lorsqu’une autre voix intervient, différente de celle de Shaddam.

- Sachant qu'il faudra un jour nous aider en retour.

Elle appartient à un homme en bure noir et au visage masqué sous une capuche aussi bien que ses mains cachées sous ses manches. Il semble aussi restreint que la femme, Merilian, est exubérante. Sans réfléchir, Eyllwë hausse un sourcil à l’égard du nouveau venu en répliquant :

- Tuer le paladin n’est pas déjà une aide que je vous apporte ?

Elle retourne le visage vers Merilian, pensive et grave.

- Je n’ai pas l’habitude des réflexions politiques complexes et des machinations pour le pouvoir. Je suis une personne simple qui jusque-là vivait dans un monde simple : manger, ou être mangé. Ma tribu n’a jamais eu le temps de chercher à dresser ses membres contre les autres, parce que nous n’avions qu’une seule et unique priorité : mettre de la nourriture dans notre assiette et dans celle de notre famille à la fin de la journée. Il n’y avait pas de place pour autre chose. Pas de temps pour autre chose, dit-elle en indiquant du pouce Shaddem. Son travail, je le faisais aussi, rester assise à rien faire tout le jour durant, mais moi, ce n’était pas pour attendre des ennemis, c’était attendre sous le cagnard que le petit lézard veuille bien sortir de sa cachette pour que je puisse enfin manger.

Eyllwë prend une profonde inspiration pour calmer les palpitations de son cœur. Elle n’a vraiment pas l’habitude de tout ça et préfère vivre à l’instant présent.

- Malgré ce que vous dites de la Lord Kadria, je compte tenir promesse et tuer ce paladin. Je ne romps jamais mes engagements, ça aussi c’est une leçon apprise dans le désert. Mais je ne veux pas mourir non plus, une seule fois a suffi pour le moment, je compte mettre cette vie supplémentaire à profit, et j’ai décidé de l’utiliser pour vous et les vôtres, faire partie de cette caste qui me parle. Alors, j’accepte votre aide, parce que je veux poursuivre ce que j’ai à faire et que je ne pourrai pas le faire morte.

Son regard est devenu sérieux, grave alors qu’elle le pose tour à tour sur Merilian et l’homme en bure noir.

- Dites-moi ce que vous attendez de moi et ce que vous pouvez faire pour m’aider.

Merilian se précipite sur l'homme en noir pour planter un baisé sous sa capuche. Il a un mouvement de surprise, mais rien de plus. Ensuite, elle revient vers toi, faisant un pas sur le côté pour écraser un criquet qui avait eu le malheur de passer par là.

"C'est simple. C'est moi qui ai sauvé l'âme du trappeur. Je vais lui ordonner de partir tuer son assassin. Tu n'auras qu'à le suivre pour trouver Stantor, et tu bénéficiera de son aide précieuse. N'hésite pas à le laisser mourir en première ligne : une fois Stantor mort, son âme sera libérée, donc plus besoin de le garder sous cette forme. En échange, je te demande, à ton retour, d'insister plutôt sur cet aspect de ta mission : tu as libéré une âme. Tuer un paladin, servir Kadria... montre que cela est secondaire pour toi. Montre ta dévotion à Phaïtos pour que tous comprennent que c'est là notre force et notre raison d'être !"

Soudainement, Merilian s’abat sur l’homme en noir pour déposer un baiser sous sa coule. Il n’a qu’un léger mouvement de recul, comme si la scène n’était pas des plus étranges. Eyllwë l’observe avec étonnement avant que Merilian ne lui accorde de nouveau son attention, non sans avoir écrasé un criquet sous son pied. Cette femme a un réel problème avec la mort et semble rechigner à voir les choses en vie, que ce soit un lierre ou un criquet. Eyllwë se demande un instant qu’il en va de même pour les vies de taille plus grande.

L’étrange femme prend la parole et ses mots laissent la jeune eruïone des plus perplexes. En effet, elle propose de laisser Stentor se faire tuer par le squelette du trappeur dont elle a sauvé l’âme. Eylwë, quant à elle, n’aura qu’à le suivre pour trouver Stantor et bénéficier de son aide. Elle ne doit pas hésiter à laisser le squelette mourir car, de toute manière, son âme serait libérée à la mort du purificateur. La seule chose que Merilian demande en échange est de s’attarder sur le fait qu’elle a libéré une âme plutôt que d’en tuer une. Elle doit montrer que servir Kadria et tuer un paladin est accessoire pour elle, tandis que sa dévotion à Phaïtos, elle, doit être forte.

Eyllwë regarde la femme un instant, se demandant si elle est folle. Après réflexion, elle l’est probablement, néanmoins l’eruïone lui répond :

- Si j’ai bien compris, je dois suivre le squelette lorsqu’il ira tuer Stantor car, de toute manière, il ne parviendra pas à le tuer lui-même et terminer ensuite le travail, c’est bien cela ? Mais, ce qui m’embête est que la dévotion ne se force pas, et tout ça est nouveau pour moi. Hier encore j’étais vivante et je ne connaissais rien de la mort. Je peux partir dans l’idée de libérer l’âme de ce squelette - c’est, de fait, quelque chose que j’estime plus important que la mort du purificateur, - mais je ne comprends pas en quoi cela pourrait aider vos machinations politiques.

Il était évident qu’Eyllwë n’était pas des plus versées dans l’art de la diplomatie et des conséquences politiques que les petites actions pouvaient avoir. C’était simplement au-delà de son entendement.

Merilian applaudit... ou peut-être appelle-t-elle simplement l'être qui était autrefois un trappeur, car tu vois bientôt le squelette, armé de son seul balais, sortir par la porte et s'éloigner du château.

"La politique est l'affaire de Kadria. Moi, je suis là pour éviter qu'elle ne détourne les Messagers de leur dieu. Si libérer une âme est vraiment ce qu'il y a de plus important pour toi, alors tu m'aideras à cette tâche mieux que personne. Oh, c'est réellement Phaïtos qui t'envoie ! Allons, hâte-toi ! Et que le Grand Corbeau veille sur toi."

((( Le squelette marchera nuit et jour vers sa cible, donc ça risque d'être fatiguant, mais tu trouvera le paladin sans grande difficulté, grâce à lui, et il t'aidera à le combattre. Sinon, je te laisse gérer tout cela en libre ! Bon rp ! )))

A sa réponse, l’étrange femme se met à applaudir, lui valant un nouveau regard perplexe de la part d’Eyllwë. Peut-être est-ce une façon d’appeler le squelette car ce dernier ne tarde pas à sortir du château d’un pas lent, armé de son seul balais. Sans tenir compte de leur présence, il s’éloigne du château.

- La politique est l'affaire de Kadria. Moi, je suis là pour éviter qu'elle ne détourne les Messagers de leur dieu. Si libérer une âme est vraiment ce qu'il y a de plus important pour toi, alors tu m'aideras à cette tâche mieux que personne. Oh, c'est réellement Phaïtos qui t'envoie ! Allons, hâte-toi ! Et que le Grand Corbeau veille sur toi.

Eyllwë hésite un instant sans trop savoir que répondre avant d’aviser le squelette qui s’éloigne sans l’attendre.

- Euh, merci pour votre aide, je suppose et… je vous reverrai sans doute, si je ne meurs pas.

Elle lance un regard à Shaddem.

- Et merci, pour le tour du château. A plus tard.

Sur ces paroles, elle trottine jusqu’à rejoindre le squelette, déjà en train de redescendre la colline à travers le village en ruine.

- Hé, attend-moi ! lui lance-t-elle en le rattrapant. Salut, je m’appelle Eyllwë !

Pas de réponse, le squelette poursuit sa route, imperturbable. Elle pourrait tout aussi bien ne pas être là. Décidant de tenter une autre technique, elle se place devant lui en marchant à reculons.

- Hé oh ! Ça va ? Je m’appelle Eyl…

Le squelette passe à côté d’elle sans lui prêter la moindre attention. Elle s’arrête, dépitée.

- Bon, je vois, monsieur n’est pas des plus loquaces, grommelle-t-elle en se plaçant à côté de lui pour marcher.

Son rythme est somme toute assez lent, plus lent que le siens et, rapidement, Eyllwë commence à s’ennuyer. Donnant un coup de pied dans un caillou qui va se perdre dans le village, dérangeant un corbeau qui s’en va en croassant des insultes, elle retente quelque chose.

- Tu sais combien de jours de marche on a avant d’arriver ? lance-t-elle, sans grand espoir.

Evidemment, le squelette ne répond pas et l’eruïone s’enfonce à son tour dans un mutisme morose. Autour d’elle, les ruines du village ne contribuent guère à rehausser son moral et la forêt d’arbres morts à venir ne l’enchante pas plus. Leurs troncs noircis et leurs branches rachitiques sont autant d’invitations à la dépression et le lichen pour seule vie n’a rien d’enchanteur. Dans les contes, elle était loin de s’imaginer les contes comme ça. Au moins, dans son désert, il y a du soleil. Ecrasant et excessivement chaud, certes, mais au moins il n’y a pas ces bas nuages noirs qui empêchent toute lumière de passer. La mort doit-elle réellement être aussi morne ? Eyllwë, personnellement, ne pense pas, reste à voir si, avec le temps, elle ne parviendrait pas à convaincre l’un ou l’autre des habitants du château.

Les arbres morts se rapprochent et la jeune femme espère que ce fichu squelette accélère un peu le pas.

Livre I
Chapitre 2 Partie 7

Précédemment...

« Dis-moi, Vaemyr… C'est qui ces mercenaires à qui tu tiens tant à faire la peau ? » demanda Mormegil alors qu'il continuait d'enjamber des racines comme il le faisait déjà depuis deux heures.

« C'est compliqué… Il y a un mois environ, nous comptions explorer une crypte qui devait contenir un objet de valeur qui aurait pu nous rapporter gros à la revente. Mais c'était sans compter sur une bande de mercenaires sur armés et en supériorité numérique. Ils nous sont tombés dessus alors que nous approchions de l'entrée du tombeau, celui qui les avait engagés était entré pendant que nous nous battions avec eux. Nous allions gagner, nous les avions presque tous tués, mais alors que les derniers d'entre eux tentaient de s'enfuir en marchant sur les cadavres de leurs anciens camarades, le nécromant sortit de la crypte à ce moment, il a levé une épée, une épée qui dégageait une aura tellement sombre que la lumière semblait se dissiper autour de lui. À ce moment, tous les mercenaires que nous avions massacrés se sont relevés et nous ont rendu la monnaie de notre propre pièce. Ce jour-là, j'ai perdu trois amis de longue date. J'ai dû battre en retraite sans pouvoir récupérer leurs corps et aujourd'hui, cet enfoiré se sert d'eux comme ses gardes du corps et s'est bâti une véritable forteresse avec ses esclaves morts vivants… C'est pour cela que j'ai besoin d'aide, non pas pour récupérer son épée, mais pour simplement le tuer et offrir une sépulture descente à mes amis qui ne peuvent pas arriver à trouver le repos dans leur état actuel. »

« Une épée qui aide à relever les morts ? C'est peu commun… » pensa tout haut Mormegil.

(Et intéressant…) intervint l’Autre.

« Oui, je me suis renseigné sur cette épée… elle aurait appartenu à un membre des Lords Nécromants de jadis, un certain Chandakar… tu connais ? »

« Humm ce nom ne m’est pas inconnu… mais… Attends ! »

Mormegil et Vaemyr s'accroupirent comme un seul homme dans les buissons qui les entouraient. Le Shaakt lança un regard interrogateur au semi-elfe qui pointa une silhouette qui se déplaçait lentement devant eux, sur un ancien chemin qui était visiblement peu emprunté. Les deux hommes se rapprochèrent en prenant soin de ne pas faire de bruit en marchant sur des brindilles sèches ou autres feuilles mortes. Ils furent surpris lorsqu'ils virent la créature. En effet, la silhouette était bien celle d'un être humanoïde mais celui-ci était mort depuis bien longtemps visiblement. Le squelette marchait – non sans mal – droit devant lui, sans but.
Mormegil prit de grosses pierres dans chacune de ses mains sachant que des lames ne feraient pas grand-chose à un être qui ne peut plus saigner.

« Okay. Je vais lui exploser la tête, tu restes ici pour surveiller si on n'a pas un nécromancien qui nous chasse. » dit Mormegil.

« Entendu. » répondit Vaemyr en prenant discrètement son épée à deux mains qui était accrochée dans son dos.

(Okay la tête d'abord, ensuite on voit s'il se relève…) pensa Mormegil avant de se lancer hors des buissons pour courir vers le squelette.

Ce dernier, bien qu'il n'ait plus d'oreille, entendit le semi-elfe et se tourna vers lui dans un grincement strident alors que celui-ci le frappait avec une de ses pierres en pleine tête. Le mort-vivant tomba à la reverse sous la force du choc.

(Il est plus solide que prévu…) pensa Mormegil en voyant que le crane du squelette ne s'était pas arraché de son corps.

Ce dernier tenta d'attraper le demi-Shaakt par la cheville mais l'Autre n'était pas de cet avis, il brisa le bras du squelette d'un coup de botte.

« Bien ! Maintenant je vais te débiter en tronc vu que t'es pas décidé à mourir ! » s'exclama l'alter-ego de Mormegil, venant juste de se réveiller.

Obéissant à ses propres paroles, il brisa l'autre bras du squelette qui n'avait pas le temps réagir, puis il brisa ses jambes, ne laissant ainsi que le thorax et le crane de l'abomination qui avait l'air de regarder Mormegil en claquant ce qu'il restait de ses dents.

(Fini le. Il a assez souffert comme ça.)

« Ouais ! T'façon il est pas amusant… » répondit l'Autre en brisant le crane du mort-vivant avec une des pierres qu'il tenait.

En se relevant, il sentit quelque chose qui lui tirait sa cape, il se retourna pour voir ce qui en était la cause et fut surpris de voir une moitié de squelette ramper avec une main et tiré sur la bure du sang-mêlé pour l'amener vers lui. L'alter-ego de Mormegil lui brisa le crane à lui aussi de la même manière que pour l'autre.

« Je t'ai pas entendu arriver toi… » remarqua-t-il en restant accroupi.

Il se releva brusquement lorsqu'il vit des os voler dans son champ de vision. Vaemyr venait de pulvériser un autre squelette avec son épée. Ce dernier accouru vers Mormegil.

« Bon, j'ai vérifié aux alentours, pas de nécromancien de visible a priori mais toute la zone est infusée de magie noire… et nous sommes en plein milieu d'un vieux cimetière. »

« Alors ça va vite devenir dangereux ici, il faut partir » suggéra Mormegil en reprenant le contrôle de son corps.

A peine eu-t-il le temps de terminer ses mots que cinq autres squelettes se levèrent parmi les buissons et les fougères et commencèrent à envahir le chemin qui menait vers le château d’Endor.

« Cours ! » hurla Vaemyr en chargeant les squelettes présents sur le chemin.

Mormegil se mit à courir aussi en esquivant les lentes attaques des mort-vivants.

Après trente secondes de sprint, les coureurs arrivèrent au bout du bois et regardèrent derrière eux. Leurs assaillants les suivaient toujours, mais étaient déjà loin. Mormegil et Vaemyr se regardèrent et hochèrent la tête sans rien dire puis se remirent à courir vers le château.
En moins de dix minutes, ils étaient arrivés au pied de ce qui était les remparts.

« On dirait qu’ils ne sortent pas du bois… » remarqua Mormegil en regardant derrière lui.

« Tant mieux, mais ce château ne me parait pas vraiment habité… »

« Ne pas se fier aux apparences… » dit le sang-mêlé en entrant dans les ruines.

Suite...

Alors que vous marchez au milieu des ruines, vous remarquez qu'elle sont trop peu envahies par la végétation, même à cette altitude... Vous arrivez bientôt devant ce qui devait être une petite antichambre donnant sur l'intérieur du donjon, aujourd'hui à ciel ouvert. De l'autre côté, une ouverture ténébreuse s'enfonce dans le sol et...

"Tient donc, des shaakt égarés ? Des aventuriers qui plus est... si vous venez chercher des trésors, sachez que vous ne trouverez ici que l'ultime justice de la mort."

Un homme à la peau sombre à surgit de nulle part, derrière vous, une arbalète chargée à la main.

Livre I
Chapitre 2 Partie 7.1

Précédemment...

Mormegil et Vaemyr marchaient au milieu des pierres qui composaient autrefois le grand château d'Endor. Les deux elfes regardaient les restes de ce qui était jadis le cœur de l'immense pouvoir des Lords Nécromants, à la recherche d'une quelconque activité récente. Mormegil se rapprocha d'un énorme pan de mur couché au sol et passa son gant dessus.

« De la magie est à l'œuvre ici… on est bien au bon endroit. Il faut trouver un passage ! » dit le semi-elfe en regardant la poussière dans le creux de sa main.

« Comment peux-tu le savoir ? » répondit son acolyte.

« Il a plu en début de semaine… La pierre devrait donc avoir quelques traces de mousse. Je pense que quelque chose, ou quelqu'un, veuille que cet endroit reste le plus mort possible. »

« Si tu le dis. Viens voir par là. »

Mormegil alla rejoindre Vaemyr devant ce qui devait être une petite antichambre donnant sur l'intérieur du donjon, aujourd'hui à ciel ouvert. Au fond de la pièce, se trouvait une ouverture depuis laquelle aucune lumière ne sortait, comme si elle s'enfonçait directement dans le néant.

« C'est surement par là qu'on entre. » dit Vaemyr.

Et alors que les deux aventuriers allaient s'engouffrer dans l'ouverture, ils entendirent quelqu'un derrière eux.

« Tient donc, des shaakts égarés ? Des aventuriers qui plus est... si vous venez chercher des trésors, sachez que vous ne trouverez ici que l'ultime justice de la mort. »

Momregil et Vaemyr prirent leurs armes en main par réflexe en se retournant pour voir leur mystérieux interlocuteur.

Ce dernier était un homme à la peau sombre et à la silhouette épaisse. Il faisait la taille du semi-elfe et portait une armure de cuir renforcée de métal sur tout son corps sauf ses bottes, qui étaient souples, le tout recouvert d'une cape à capuche grise. Il dévisageait les intrus de ses yeux marron et gris tout en les pointant avec une arbalète chargée tenue comme un gaucher.

(L’ultime justice de la mort ?) se répéta Moremgil.

« Tu es l’un d’entre eux, je me trompe ? » dit-il en s’adressant à l’arbalétrier.

« Tu es un Messager ? » renchérit Vaemyr.

« En effet, qu'est-ce que vous voulez ? » répondit l'homme en baissant son arme, un peu surpris.

« J'ai un message pour vous, de la part de Hécate, et lui il voudrais vous parler d'un problème de nécromancien fou, et maintenant moi aussi du coup... » expliqua Mormegil.

Suite...

L'homme vous regarda un moment, comme des fous, mais après un moment de réflexion, il vous fit signe d'avancer. Vous vous engagez donc dans les profondeurs du château, descendant un escalier usé jusqu'à voir devant vous une faible lumière.

Vous entrez bientôt dans une petite salle de garde où attendent cinq hommes voilés, vêtus de manteaux noirs en lambeaux. Des gardes qui n'étaient pas seuls, puisqu'il y avait aussi six squelettes qui attendaient, figés, les armes à la main.

"Qu'est-ce que tu nous amènes encore, Shaddem ?" s'amusa un garde.

"Des hommes qui disent avoir des informations. Kadria est là ?"

"Elle a du s'absenter. De toute façon, Gwandor est présent."

Shaddem se tourna vers vous :

"Parfait, vous allez pouvoir discuter entre shaakt..."

Il vous indiqua de passer devant. Un couloir s'enfonçait dans la pénombre du château souterrain...

Livre I
Chapitre 2 Partie 7.2

Précédemment...

L'homme regarda les aventuriers un long moment de son regard accusateur.

(Il nous prend pour des fous...) pensa Mormegil.

Mais après une longue réflexion, l'humain leur fit signe d'avancer.

Sans broncher, Mormegil remit ses lames à sa ceinture et s'engagea dans la sombre ouverture. Vaemyr suivit son exemple et replaça son immense épée dans son dos avant de le suivre.

Après de longues secondes de descente, les trois hommes arrivèrent bientôt à voir une faible lueur jusqu'à finir par arriver dans une petite salle de garde. La pièce était littéralement taillée dans la roche, mais la pierre qui composait les murs étaient parfaitement lisse, comme polie par une magie quelconque. Au bout de la salle se trouvait une petite arche devant laquelle se trouvaient cinq hommes voilés, vêtus de manteaux noirs en lambeaux.

(C'est ça leurs gardes ? On aurait pu forcer le passage...) pensa Mormegil.

Ce dernier observa plus attentivement les gardes, intrigué par leur tenue. Il se rendit compte très vite qu'en fait les cinq hommes n'étaient pas seuls. En effet, il y avait aussi six squelettes derrière eux qui attendaient, figés, les armes à la main, prêts à tuer les intrus.

(Non... On n'aurait pas pu passer. Mais c'est fascinant Morme, tu ne trouves pas ?) fit l'Autre en voyant les squelettes.

(Si, mais restons attentif…) lui répondit Mormegil.

« Qu'est-ce que tu nous amènes encore, Shaddem ? » s'amusa un garde.

« Des hommes qui disent avoir des informations. Kadria est là ? »

« Elle a dû s'absenter. De toute façon, Gwandor est présent. »

« Parfait, vous allez pouvoir discuter entre Shaakts... » dit Shaddem en se tournant vers les deux elfes.

Il leur indiqua de passer devant, à travers la petite arche qui donnait sur un couloir, lui aussi taillé dans la roche, qui s’enfonçait dans la pénombre du château souterrain. Moremgil suivit de Vaemyr s'y engouffrèrent, impatients d'obtenir ce qu'ils voulaient au bout de ce couloir.

Suite...

Shaddem vous guide le long d'un couloir. Vous arrivez à un embranchement occupé par une salle assez richement décorée, avec tapis rouges et meubles ouvragés, mais continuez tout droit. Au delà, vous arrivez dans un nouveau couloir et passez une porte qui donne sur une sorte d'immense cathédrale au murs recouverts d'armes en tout genre. Les lieux semblent presque un hommage aux multiples moyens d'apporter la mort. Plusiuers hommes en noir s'entrainent ici, mais c'est auprès d'un shaakt que vous êtes amené.



Il cesse de s'occuper d'une recrue pour tourner vers vous un regard froid, mais tout de même un peu intéressé.

"Je suis Lord Gwandor le sombre. Que voulez-vous ?"

Il fait un signe à Shaddem qui s'incline légèrement et se retire.

Livre I
Chapitre 2 Partie 7.3

Précédemment...

Shaddem passa devant les deux elfes et les guida dans le couloir. Ce dernier se terminait par un embranchement déguisé en pièce richement décorée. Un tapis rouge faisait office de marque au sol, comme pour rappeler que le couloir continuait toujours ; de plus, plusieurs meubles ouvragés étaient présents contre les murs, marques de la richesse d'un groupe de nécromanciens.

« Ce n'est le même château qu'à la surface ici… » fit remarquer Vaemyr.

« Effectivement, mais ça parait logique de rester discret pour une assemblée de servants du dieu sombre… » lui répondit Mormegil en le regardant du coin de l'œil.

Leur guide traversa la pièce sans y faire d'arrêt, personne ne les attendaient ici. Les deux étrangers le suivirent dans l'obscur clarté d'un nouveau couloir au bout duquel une porte fermée les attendaient. Shaddem l'ouvrit, leur fit signe d'entré, et referma derrière eux.
Mormegil ne comprit pas tout de suite ce qu'il voyait, il leva d'abord les yeux afin de comprendre où était passé le plafond, là il comprit qu'il était descendu très profondément sous terre. La salle était au moins aussi grande que le temple de Phaïtos à Kendra Kar, la différence majeur avec le temple était les murs : ils étaient ici recouverts d'armes de toutes les sortes qui reflétaient la lumière des torches, illuminant ainsi la pièce. Cela ressemblait à un monument en hommage aux moyens de prendre la vie pour apporter la mort.
Le demi-Shaakt baissa ensuite les yeux sur ce qui se passait au centre de l'immense salle, plusieurs hommes tout de noir vêtus s'entraînaient au combat.

(Ils peuvent équiper une armée avec tout ce bazar ! Ils me plaisent ces Messagers !) hurla l'Autre dans la tête de Mormegil.

(Oui, moi aussi je commence à apprécier leurs moyens…)

« C'est exactement le genre d'aide dont j'ai besoin ! » dit Vaemyr en pensant tout haut à la vue de l'entrainement qui avait lieu sous ses yeux.

Shaddem passa de nouveau devant eux pour les conduire jusqu'au Shaakt qui entraînait les autres. Ce dernier stoppa son entrainement d'une recrue pour se tourner vers les deux étrangers en leur lançant un regard froid, sans être pour autant désintéressé.

« Je suis Lord Gwandor le sombre. Que voulez-vous ? » déclara-t-il en faisant un signe de tête à Shaddem qui s'inclina légèrement avant de se retirer.

Mormegil et Vaemyr se regardèrent et hochèrent la tête.

« Je me nomme Mormegil, je suis un humble serviteur du dieu sombre… »

« DES dieux sombres Morme enfin ! » le coupa son alter-ego, laissant apparaitre un large sourire sur le visage de Mormegil.

Vaemyr lança un regard interrogateur à ce dernier, ne sachant pas pourquoi il disait cela si soudainement en changeant de faciès.

(Mais ferme-la ! C'est pas le moment de t'emporter bordel !) hurla le semi-elfe à l'Autre.

« Excusez-moi, il m'arrive de perdre le contrôle… Il faut que je vous parle de plusieurs choses, tout d'abord, je suis le porteur d'un message de la part d'Hécate, la grande prêtresse de Phaïtos à Kendra Kâr. Elle dit qu'en échange de mille yus et en souvenir de vos travaux communs, elle est prête à vous déclarer officiellement allégeance. Ensuite, vient le problème qui a failli nous tuer tout à l'heure.
Mon ami ici présent se nomme Vaemyr, il est le chef d'un groupe de combattants qui séjourne dans le coin… Il y a environ un mois, il a été le témoin de la subite montée en puissance d'un nécromancien qui sert mal le dieu sombre… Cela a été rendu possible par sa dernière trouvaille, un artéfact mystérieux qui serait l'épée d'un ancien Lord Nécromant de jadis, un certain Chandakar. Depuis ce jour, je pense que le nécromant chasse Vaemyr et son groupe pour terminer son travail, car avant d'arriver ici, nous avons été attaqués par un certain nombre de squelettes qui erraient dans un vieux cimetière abandonné dans la forêt. Mais ceux-ci n'en sont pas sortis bizarrement… Ce qui m'amène donc à la deuxième chose que je devais vous dire, pouvez-vous nous offrir votre aide pour terrasser ce fumier en échange de la mienne ? »

Suite...