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Thianna sourit d'un air énigmatique, affirmant que, de même, il ne pouvait savoir ce qu'elle savait. Mais avant qu'il ne puisse répondre, le roi prit la parole :
« Dames, sires et damoiselles, voici venue l’heure où les aventuriers qui défendent le royaume aussi bien que l’armée font état de leurs actions en ce monde pour la sauvegarde de notre beau Royaume. Sire Faëlis, avancez donc, et faites-nous le rapport précis de vos activités dans ce manoir de l’ombre, aux pieds de nos murs. »
Tous les regards se tournèrent vers le jeune elfe. Allons, ce n'était pas le moment de flancher. Il avait l'habitude d'être au centre des attentions... Mais là, il y avait un enjeu autrement plus grand. Il s'avança donc vers l'estrade qu'on lui indiqua, serrant fermement la lyre de Neolia. Là, il déclara :
« Permettez-moi avant toute chose de dédier une chanson à d'autres héros, car si j'ai en effet lutté pour ce royaume, j'aurais sans nul doute été vaincu sans leur courage. »
Il prit une inspiration et commença à gratter les cordes de son instrument, jouant une mélodie triste. Adossé à un mur, sur la droite de la table royale, comme s'il n'était pas digne de siéger au centre de l'estrade, l'hinion était momentanément devenu un ménestrel de tragédie. Il en avait vu beaucoup et, même si son talent était clairement moindre, il espérait parvenir à mettre dans l'ambiance.
« Ils étaient trois à parcourir ce monde qui est le nôtre, Sans que rien ne les distingue des autres, Ils étaient des vivants, chantant la vie que Gaïa nous a donnée, Par l'injustice, Phaïtos les a accepté.
Poupée vivante qui enchantait de sa voix éthérée, Elle ne vivait que pour faire le bonheur, La mort, par le feu, attendait son heure, Sur le bûcher, son innocence fut brisée.
Noir de robe, mais blanche d'âme était la petite fille, Attendant comme tout enfant de grandir, Jusqu'à cette nuit, où elle vit des cadavres pourrir Par le poison, on disait qu'elle avait tué sa famille.
Jack, le bateleur, ne souhait des enfants que le rire, Mais d'un petit, la tristesse il ne put consoler, A quoi sert un bateleur qui n'empêche pas de pleurer ? Jack se vit inutile, et de chagrin se laissa mourir.
Trois âmes tourmentées par l’injustice, Leurs âmes versant les larmes à flot, Elles auraient fini par trouver le repos, Si elles n'avaient attiré un être rongé par le vice.
Des mains griffues les arrachèrent aux ténèbres, Leur donnèrent un pouvoir et un manoir, Point de liberté, juste une obscure volonté, Celle d'entrainer les vivants dans les ténèbres.
Mais elles étaient plus têtues que des ânes, Voué au bien, de toute leur âme, Elles savaient vers qui porter le blâme, Et elles œuvrèrent à tromper Tal'Rabhan. »
Il se tut et cessa la musique. Il s'était presque ému lui-même aux larmes. C'était vrai, sans ces âmes qui avaient joué avec les règles que leur avait imposées Tal'Rabhan, jamais il ne serait sortie vivant de ce manoir. Il vint se placer au centre de l'estrade pour continuer son récit de manière plus prosaïque, car il n'avait pu tout mettre en vers en un après-midi !
« Ainsi, donc, Tal'Rabhan, le maudit, avait enlevé des âmes et leur avait octroyé ce manoir, aux portes de la ville, comme s'il lui appartenait. Quiconque y entrait était la proie de ces fantômes, forcés à leur jouer des mauvais tours, jusqu'à entrainer leur mort. Mais les fantômes détestaient ce qu'ils faisaient, et je fit parti d'un groupe d'aventuriers qui dépassèrent leurs espérances. Ils trichèrent avec les règles que leur avaient imposées leur maître et nous sommes finalement parvenu à les libérer, brisant la malédiction du manoir fantasmagorique. »
Il prit une inspiration :
« Ainsi, donc, vous n'avez plus rien à craindre de cette menace. Mais sachez-le : Tal'Rabhan, malgré sa colère, nous fit quelques présents. Nul doute que les treize savent la force que peut avoir un aventurier, et je suis sûr qu'ils cherchent à en recruter de leur côté. Aucun de mon groupe n'a montré la moindre volonté à se joindre à eux, mais qui sait combien d'hommes et de femmes se sont joint à l'ennemi, alléchés par les richesses que ses lieutenants dispensent si généreusement ? Prenez garde. Notre ennemi n'est pas forcément qui on croit... »
Il s'inclina profondément devant la table du roi :
« J'ai délivré mon histoire et mon avertissement. Et je jure solennellement de ne jamais servir Omyre. Je ne suis qu'un petit soldat, mais Kendra Kâr, Cuilnen, et toutes les cités de la lumière pourront compter sur mon aide. »
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L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes Lampadaire officiel de la quête 32Le thème de Faëlis
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