Début de l'aventure

Le grand château de Kendrà-Kar. Majestueux, impérial, joyau de la ville et digne représentant de son armée. Tous les diplomates, tous les invités du roi s'y retrouvent pour discuter, préparer l'avenir du monde. Sa splendeur n'a d'égal que la force de ceux qui l'occupent et qui ont juré de protéger la ville.

Je déteste ce lieu. Les diplomates ne savent rien, ne comprennent rien. Ils ne voient rien, cachés derrière leurs murs et leurs armoiries, priant que ceux qu'ils envoient partout dans le monde soient capables de faire ce qu'ils ne font qu'imaginer. Comment peuvent-ils espérer tirer des conclusions exactes de rapports alambiqués ? Il n'y a qu'un seul endroit qui permet de savoir ce qu'il se passe et d'en comprendre les conséquences : le terrain.

La diplomatie, c'est bon pour la paix. En temps de guerre, rien ne vaut la stratégie, l'anticipation. Rien ne sert mieux que de connaître son adversaire. Et ce n'est pas ici que j'apprendrai. Enfin, que j'apprendrai plus que je ne sais déjà.

Mon père m'a apprit tout ce que je sais. Et ce n'est pas les soldats qui gardent la ville qui pourraient m'en apprendre plus. Ce n'est pas ici que je pourrai devenir meilleure. Il faut que je trouve quelqu'un d'autre. Je sais qui, mais l'atteindre ne sera pas évident.

Je soupire et m'assoie sur le bord de la fontaine, posant ma faux à côté de moi. Je repense à toutes ces affiches qui parsèment les murs de la ville. Ces aurores boréales sont-elles vraiment si dangereuses ? Les hauts placés semblent le croire, et propose de l'or à qui les aidera. Et puis, quoi de mieux que l'inconnu pour apprendre ?

Et ce message ? Que signifie-t-il ? Je préfère ne pas trop y réfléchir pour le moment. Il faut que je rentre dans ce palais, que je sois recrutée pour y aller. Ensuite, j'aviserai. Je n'ai pas assez d'information pour anticiper ce qu'il va arriver. C'est étrange, je suis à la fois excitée et apeurée.

L'inconnu, quel compagnon de route...

Je relève les yeux sur le palais, siège de toutes ses lois qui nous cantonnent à une vie prédestinée... Pourrait-il en être autrement ? Pourrions-nous vivre sans toutes ses règles ? J'en suis sûre.

J'inspire un grand coup, puis me relève pour m'approcher du château. Cette place est toujours pleine de monde, un endroit idéal pour passer inaperçu. Quoique, les guerrières se baladant avec une faux de guerre ne sont pas courantes. Il y a surtout plein de gens communs, vivant leurs vies sans se poser de question. D'ailleurs, beaucoup d'entres eux sont regroupés près des portes du palais, lisant et relisant les affiches sur les aurores, ces mêmes affiches qui m'ont fait venir ici.

Je n'aime pas vraiment les affiches, c'est le meilleur moyen de lancer des rumeurs fausses et infondées. Enfin, c'est trop tard maintenant. En m'approchant, un de ces inconnus attire mon attention.

Tout vêtu de noir, son attitude est différente. Très différente, comme si tout ce qui l'entoure ne le concernait pas, comme s'il était... au dessus du peuple qui l'entoure. Charismatique. Par contre, je n'arrive pas à voir son visage. Je m'approche, me frayant un passage sans dévier de ma trajectoire, jusqu'à dépasser la foule des badauds trop lâche pour seulement me demander des excuses pour les repousser.

Je regarde le garde qui s'occupe de cet inconnu vêtu de noir et me tourne vers celui qui garde l'autre côté de l'escalier, fier et fringuant comme doivent l'être tous gardes dignes de ce nom.

"Bonjour. Je viens en tant qu'aventurier, suite à la lecture de ces affiches. Est-ce bien ici qu'a lieu le recrutement ?"

Le discours du Roi - I

A l'entrée de la ville, les miliciens étaient finalement bien trop excédés et laissèrent partir les deux nains comme si de rien était. Finalement, le plan du brasseur avait fonctionné. Sauf que maintenant il y avait un léger problème. Les deux courts sur patte se retrouvaient à des lieux de leurs montagnes et de la rocailleuse cité de Mertar. Ils étaient là, aux portes d'une ville, qui à l'instar de la population qu'elle abritait était....Grande. Très grande. Kendra Kar, la capitale humaine.

Broginn se gratta la barbe en se demandant ce que deux nains le cul à l'air pouvait bien faire dans cette cité. Il réfléchit et réfléchit encore avant que la solution vienne le frapper en pleine face comme un bon coup de marteau sur une enclume.

"Gorog! Une ville aussi grande doit avoir des tas de tavernes, on aura pas de mal à en trouver une!"

Le sens des priorités. C'était sans doute l'une des plus grandes qualités du barbu. Il n'y avait qu'un chose, une seule, qui pouvait détourner ce fier Mertarien exilé de l'appel de la dive bouteille. Celui du chant particulier de quelques piécettes sonnantes et trébuchantes. L'appel de l'or. Parce que comme le disait bien un de ses ancêtres: "L'or, c'est bien."

C'est pour cette raison qu'alors qu'il cherchait un endroit où hydrater son gosier, enivrer son esprit et noyer son foie, que Broginn détourna le regard quand quelques mots vinrent se frotter à ses poilues, mais non moins efficaces esgourdes. Un crieur public clamait haut fort à qui voulait bien l'entendre qu'une forte récompense serait remise à ceux qui aiderait le royaume. Il n'avait pas vraiment compris ce qu'on pouvait attendre de lui, parce qu'au final, son esprit fut immédiatement accaparé par la perspective de la montagne d'or qu'on pouvait lui remettre. Puis quoi de mieux qu'un duo de puissants nains pour aider ces pauvres humains en perdition.

"Gorog, t'as entendu! De l'or! Ils vont nous donner de l'or! C'par ici!"

Comme quelques jours plus tôt dans la petite bourgade des Duchés, la truffe au vent, Broginn prit fièrement les devants. Avant de se rappeler qu'être devant...Voulait dire plus d'argent! Il continua donc d'avancer sans réfléchir jusqu'à arriver à un comptoir où quelques personnes faisaient la queue. Mages chapeautés le sac plein de grimoires, barbares pectoraux au vent et lame impressionnante dans le dos, guerriers caparaçonnés ou freluquets encapuchonnés et dagues dissimulés, tous voulaient visiblement une part du magot. Mais Broginn n'avait pas la patience dans le sang, non, car sinon la bière manquerait de place. Il décida de remonter la ville sans faire attention aux protestations.

"Donnez-nous notre or! Enfin dites nous c'quoi le travail qu'on s'en occupe avec la légendaire efficacité Mertarienne et après...Notre or!"

Ô liberté chérie et enfin retrouvée, qu’il était bon pour eux de la voir à leurs pieds, fussent-ils entourés de l’architecture toute en inutiles fioritures fragiles des humains de ce continent, au cœur d’une cité fourmillant de vie et de bruit. Mains et pieds déliés, ils étaient libres désormais de vaquer à leurs occupations, et dans une cité dont ils ne se feraient pas jeter si aisément, cette fois ! Et quelle meilleure occupation que celle de la boisson, alors que ça faisait près de dix jours qu’ils étaient sobres, à peine contentés par leur dernière murge dans ce village de consanguins des montagnes.

Mais alors que nez devant, ils cherchaient un débit de boisson où épancher cette soif inextinguible, ils tombèrent par hasard sur un crieur de rue, hurlant tel que son poste l’indiquait à qui voulait l’entendre que le Roi en personne recherchait moult aventuriers aventureux pour mener une enquête sur des événements auxquels Gorog n’entendait rien. Des histoires de fin du monde, tout ça. Rien de bien important en soi. Là où la proposition se fit juteuse, ce fut lorsque la question de la récompense fut émise par Broginn, qui vit là un bon moyen de se remplir les poches de l’or du Royaume. L’or, cette bénédiction, qui fit aussitôt oublier aux nains la boisson. L’ambre de la bière laissa place à la rutilance de piécettes sonnantes et trébuchantes. Et Gorog ne se laissa pas prier lorsque son comparse s’en alla en clopinant jusqu’aux beaux quartiers de la cité, aux devants d’un palais Royal plein de fastes inutiles, d’un goût douteux pour qui aimait le granit et les grandes salles pleines de colonnades runiques de l’antique Mertar. Nul seigneur nain ne voudrait jamais habiter là-dedans, même le plus pauvre ou le plus impotent. Mais ça signifiait quand même une chose : ils étaient bien pourvus, et le trésor royal devait rutiler de l’or de ses concitoyens.

Se frottant les mains avec intérêt, il suivit Broginn jusqu’à cette échoppe où des aventuriers de tous bords faisaient la queue bien sagement. Tout comme son ami, il n’en tint pas compte, et lorsque le nain à la barbe noire réclama l’or et l’aventure, il ne se fit pas prier pour vanter leurs mérites légendaires.

« Pour sûr, vous avez besoin de gens intelligents pour ce genre de… mission... quête… chose ? »

Et des personnes de grande valeur, solides comme le roc, forts comme des bœufs, résistant comme le métal. Mais ça, c’était évidents : ils étaient des nains. Même si dans l’instant présent, le fait d’être cul-nu, au pantalon déchiré sur tout l’arrière, puant le purin et la morve de troll séchée, il pourrait y avoir de la peine à trouver chez eux la prestance notable du fier peuple Thorkin.



[HJ : Vastitude]

Arrivant sur la Grand-Place, dont on lui avait donné le chemin, l’elfe aperçut le château, et se dirigeant vers l’imposant castel de Kendra Kâr, que l’on pouvait voir de toute la ville, la surplombant, l’elfe enregistrait un maximum de détails des lieux. Les couleurs, les sons, les odeurs, Avalyn prenait tout, afin de pouvoir parfaitement se le remémorer par la suite. Passant à côté d’un couple d’humains assis sur un banc, la grise décida de s’assoir sur celui en face et d’attendre un peu avant de se présenter. Elle en profitait pour les dévisager sans vergogne, jusqu’à ce que la jeune femme du couple, visiblement agacée qu’elle les regarde ainsi, vienne se présenter devant la Sindel.

L’humaine, était plus jeune qu’Avalyn en utilisant le compte elfique, il s’agissait d’une jeune femme comme on en trouve partout, dont le physique serait un peu banal si sa chevelure de feu et ses yeux émeraudes ne la faisait pas sortir du lot. Ces derniers attributs la rendaient donc plus jolie que la moyenne des humaines, et assez belle selon les critères de ces derniers.

- « Dis-moi, qu’as-tu depuis tout à l’heure à nous regarder ainsi ? » l’apostropha-elle en se plantant devant la grise, les mains sur les hanches.

La Sindel leva un sourcil circonspect devant cette nouvelle venue, et la regarda de haut en bas, l’air méprisant. Elle regardait ce qu’elle souhaitait regarder, et cette jeune femme n’allait pas déroger à la règle.

- « Qui te dit que je te regardais, humaine ? Pourquoi ne pourrais-je pas regarder tout simplement ceux qui passent devant moi ? Même si cet humain te bave littéralement dessus, cela ne te rend pas si spéciale, alors descends de ton trône. Est-ce ma faute si vous êtes en face de moi ? » demanda l’elfe.

- « L’humaine a un nom ! » s’énerva la jeune femme.

- « Et je ne souhaite pas le connaître. Maintenant, retourne avec ton humain et laisse-moi tranquille. » lui répondit, tout à fait calme, la grise.

- « Et sinon que me feras-tu ? » la nargua l’humaine, se sentant soudainement pousser des ailes.

- « J’aurai le choix entre aller me plaindre aux gardes qu’une humaine m’agresse, et entre m’en occuper moi-même. Et toi entre me laisser choisir ou retourner te préparer à procréer avec ton humain. » exposa Avalyn.

L’humaine retourna en grommelant avec son compagnon, pointant la grise du doigt, son compagnon regardant la Sindel avec un sourire ahuri. L’elfe les salua de la main, souriante, avant de se lever en direction du palais, reprenant sa marche tranquille sur les pavés blancs de Kendra Kâr.

Arrivant devant la porte, Avalyn s’arrêta devant le garde, et attirant son regard, elle présenta la raison de sa présence ici :

- « Je me nomme Aurora de Malaran, et je suis venue apporter mon aide à propos des aurores boréales. »

Utilisant son nom comme s’il s’agissait d’un laisser-passer, la grise le fixait sans aucun problème, la conscience tranquille. Après tout, seul son prénom n’était plus le même jusqu’à ce que ce mystère soit résolu, et si problème il y avait, elle révèlerait le vrai.

Une fois ses idées remises en place, la guerrière ramassa ses effets, descendit au rez-de-chaussée, paya l’aubergiste et quitta la place sans accorder le moindre regard aux clients de l’auberge. L’inverse n’était cependant pas vrai. Un humain dans la jeune trentaine, les cheveux mi-longs aussi noirs que ses yeux, arborant une barbe de trois jours et habillé comme un barbare avait remarqué la belle guerrière descendant fièrement les marches de l’escalier de bois. Il fut déçu de constater qu’elle ne resta pas assez longtemps pour qu’il ait le temps de l’aborder poliment. Et il ne sut jamais quelle déception, il aurait eu auprès de la guerrière qui ne se serait pas laissé conter fleurette si facilement.

Une fois dans les rues de la ville, adoptant un pas rapide, Sibelle se dirigeait droit vers le palais. Avisant une affiche clouée sur la façade d’une maison abandonnée, elle l’arracha sans préambule et poursuivit son chemin tout en lisant et relisant le contenu de l’annonce.

Rendue sur la grande place, elle s’arrêta. Nombre important de personnes s’y trouvaient. Des aventuriers intéressés par la mission, mais également des gens curieux attirés par le premier potin à rapporter. Sibelle ne s’occupait pas d’eux, ne ressentant aucunement l’envie de fraterniser avec l’un d’eux. Elle se contentait d’écouter les crieurs qui s’égosillaient à répéter presque mot pour mot le contenu de l’affiche qu’elle tenait encore entre ses mains.

(((235 mots)))

De La grande rue

Bien qu'à cette heure du jour la grande place s'avérait toujours assez achalandée, je la trouvais encore plus grouillante d'activité. Les marchands avait profité de l'occasion de l'annonce du roi pour étaler leur marchandises, les mendiants y avaient vu là aussi une belle opportunité. Et les curieux n'avaient pu résister à s'y rendre eux aussi.

Lorsque je questionnai un gamin à propos de l'annonce du roi, il me montra une affiche que lui avait donné une jolie guerrière rouquine. Elle s'était rendue au palais et avait apparemment changé d'idée, la mission ne correspondant pas à ses talents. Je lu l'annonce, remerciai l'enfant puis me dirigeai vers les gardes du palais.

Ils me prévinrent que la réunion était déjà commencée, mais ils m'autorisèrent tout de même à m'y rendre. Je leur confiai mon cheval et je laissai Praline errer où bon lui semblait

(((vers la quête 34 : le chateau royal et la grande place)))