Dirigé de Faëlis
Le soir arriva, et vite. Une clochette se fit entendre dans tous les communs du château, signalant l’invitation à rejoindre la salle des banquets, où se tenait le repas en l’honneur des fiançailles de la Princesse Satina avec le prince Sindel Naémin de Tahelta. Un repas en toute intimité, où le fiancé n’était même pas présent, en vérité. Une cinquantaine d’invités, tout au plus, contenant à peine les habitués de la Cour du Roi, et les quelques nobliaux de passage à Kendra Kâr. Les fiançailles n’étaient qu’un prétexte de thème pour la soirée qu’une réelle cérémonie officielle pour ladite union. Ainsi la soirée serait en l’honneur de Satina, sans lui être officiellement dédiée. Un dîner de cour, en somme assez basique, quoiqu’assez festif pour regrouper tout le monde à la même heure avec la pompe nécessaire.
La salle des banquets était donc déclinée traditionnellement, avec sur une estrade la table principale, où siégeait le roi, sa sœur, et à leurs côtés direct celui qui devait être le Comte de Bouhen, son épouse, et de l’autre un des Ducs des Dûchés, et sa famille, femme et deux adolescents maigres et longs. Les ambassadeurs officiels des contrées alliées siégeaient ensuite, sur cette table en U aux bords raccourcis. Ethwëlen Il’Aratmen ne manquait pas à la règle, à côté d’un sinari rondouillard représentant sans doute le Comté de Shory, et en face d’une jeune noble Ynorienne servant sans doute les intérêts d’Oranan. Ni le royaume nain, ni aucun d’Imiftil n’était représenté ici.
Perpendiculaires à cette table principale, en bas de l’estrade, donc, plusieurs tables accueillaient les autres convives. La première était remplie des suivantes de la princesse, dont Dame Tihanna, et caquetait bon train des dernières rumeurs de la Cour. Plusieurs damoiseaux étaient présents, plus à l’arrière de la table, leur compagnon, ou des suivants de la princesse ou du Roi, maître de chasse, et autres titres ronflants offrant une distinction particulière aux yeux royaux.
La seconde table, à l’extrémité lointaine de laquelle Faëlis fut relégué par une hôtesse d’accueil, comportait un mélange entre des notables de Kendra Kâr, dont Neolia et son époux, ainsi que les deux frères de ce dernier et leur femme. Et d’autres. Plus quelques visiteurs d’autres contrées, nobles ou bourgeois, mais pas assez officiels pour figurer à la table du Roi. Il était de ceux-là, à côté d’une vieille rombière à robe riche aux accents de Tulorim, et en face d’un jeune coq un peu stressé aux traits caractéristiques de l’ouest du continent. Si la première était bavarde et renâclait des vieilles rancoeurs entre les deux cités principales des continents voisins, déjà imbibée de vin ou d’hypocras avant même que le repas ait commencé, le second était muré dans un mutisme profond et anxieux, comme un jeune premier qui fait ses premiers pas à la cour, ou un type qui prépare un sale coup.
La dernière table comportait quelques riches marchands, artistes et invités de moindre marque du château. Rien de bien notable, à ce niveau.
Les tables étaient déjà remplies de victuailles, de godets d’étain pour recueillir l’eau et le vin, et d’écuelles de même garnies, pour chacun, d’une large tranche de pain. Des grands lustres éclairaient la pièce, en sus des chandeliers qui parcouraient les centres de table. L’heure n’était pas encore aux histoires, on viendrait sans doute le chercher. Il devait juste, pour le moment, s’installer et profiter du repas… Ou jouer plus osé, en se rapprochant de certains autres membres de cette Cour.
Le Roi en personne, debout devant sa place, indiqua les festivités ouverte d’un discours bref, mais joli, à l’égard de sa sœur.