Précédemment : iciElle monta les escaliers doucement et se vit bloquée par une trappe. Celle-ci n'était pas fermée et la fillette la souleva aussi lentement que possible puis, celle-ci à peine ouverte, lança un regard dans la pièce juste au-dessus. Il s'agissait d'un couloir, vide. Elle monta complètement, refermant derrière elle. Elle tenait toujours sa dague de la main droite et le coffret de la main gauche. Le couloir ne possédait que deux portes. L'une repartait vers le pont et Yurlungur se douta de ce qu'elle trouverait si elle la passait. Elle se dirigea donc vers l'autre, qui n'était pas fermée non plus.
Elle déboucha dans une grande pièce, possédant un bureau au centre et une belle vitre juste derrière. Au-delà, on distinguait une balustrade au-dessus de l'eau de la mer. À gauche, un lit à baldaquins siégeait et occupait l'espace. À droite, une table en bois richement ouvragée, entourée par quatre chaises et recouverte de couverts en argent était éclairée par une bougie encore allumée. La fillette reporta son attention sur le bureau.
Celui-ci était en bois d'ébène, entièrement noir. Dessus, des parchemins recouverts de cartes et d'instruments de mesure que Yurlungur ne connaissait pas tranchait par leur couleur pâle. Le bureau possédait des formes harmonieuses et semblait d'excellente facture. Elle s'en approcha. S'il y avait un endroit sur ce bateau qui pouvait être la cabine du capitaine, c'était bien ici. Sur les murs, des deux côtés, des tableaux étaient exposés, représentant des bateaux triomphants au milieu d'une tempête, ou des créatures fantasmagoriques qui faisaient la terreur des plus braves marins.
C'est à quelques pas du bureau que la fillette remarqua un perchoir taillé dans le même bois que le bureau à même celui-ci. Elle en fut étonnée et resta immobile quelques instants. Puis elle entendit un battement d'ailes et sentit un coup puissant et précis au haut de son dos et tomba à terre en laissant échapper un cri de douleur. En se relevant, elle vit devant elle un perroquet au plumage rouge sang rejoindre le perchoir. Le bout de son bec affilé se distinguait du reste de celui-ci par les quelques gouttes de sang qui s'y trouvaient.
Coooooco n'est pas coooontent !Tais-toi !Elle serra rageusement les poings et remarqua un détail peu conventionnel. Les serres et le bec de l'oiseau étaient faits de métal. Elle écarquilla les yeux. Était-ce l'une des créatures de Xenaïr ? Le perroquet ne lui laissa pas le temps d'y réfléchir davantage. Il écarta les ailes, laissant en apparaître certaines brillant du même éclat de fer que les griffes tout en montrant une souplesse moindre. Un perroquet de combat ! Quoi de mieux pour un pirate. Tandis qu'il se mit à lui foncer dessus en volant, le bec en avant, elle cria :
Viens donc, monstre d'Oaxaca !Puis, elle abattit sa masse improvisée sur le volatile. Celui-ci fut projeté au sol par la force de l'impact avec le lourd coffret et un cliquetis strident se fit entendre. Sans lui laisser le temps de récupérer, la fillette abattit une seconde fois le coffret sur le perroquet, qui se résolut à prendre la fuite dans un coin en voletant misérablement.
Coooco...Aussitôt débarrassée de lui, la fillette s'approcha du bureau et fouilla précipitamment les tiroirs. Ils étaient remplis de parchemins et d'objets divers, mais aucune clé. Elle jetait par terre tous ces bouts de papiers ridicules au fur et à mesure de sa fouille et le sol se retrouva bien vite couvert de ceux-ci. Elle pesta, ne trouvant rien, lorsqu'elle perçut un cliquetis étrange provenant du coin où était parti se terrer le perroquet. Elle s'approcha et esquiva de justesse l'oiseau qui lui fonçait dessus, parfaitement remis. Elle observa avec stupéfactions toutes les plumes remises à leur emplacement initial en un temps record. Il semblait n'avoir aucune séquelle de leur court affrontement précédent.
Il se mit à foncer sur elle sans lui laisser un instant de répit. Elle parvenait à esquiver ses attaques et il déviait systématiquement de peu son attaque dès lors qu'elle faisait mine de vouloir le frapper lorsqu'il serait assez proche, si bien qu'au bout de quelques minutes, le combat s'éternisait et la fillette avait déjà deux plaies légères sur sa peau, la cape fournie par le Gros Néral étant déchirée à ces endroits.
(Tu te souviens de ce que Liniel nous a appris cette nuit ?) Elle sourit.
(Tu es géniale quand tu veux.) Elle se prépara à esquiver, avec des petits pas sur le côté et le volatile lui fonça dessus. Au dernier moment, elle stoppa brusquement son déplacement et trancha l'air et la peau du perroquet en arc de cercle horizontal devant elle. Celui-ci s'écarta, blessé, et un anneau de fer qui était jusque là caché dans son plumage métallique tomba au sol non loin. Anneau de fer sur lequel étaient accrochées de nombreuses clés.
Bingo.Cooooco !Le perroquet fondit dessus et le saisit dans ses serres.
Donne-le moi !Cette fois, c'était à lui d'esquiver ses attaques, essayant de se placer hors de portée de la lame de la petite fille. Il s'envola vers la porte et s'abattit sur la poignée. La porte s'ouvrit, mais la fillette était déjà là. Elle abattit le coffret sur le volatile à de multiples reprises jusqu'à ce qu'il ne bouge plus. Une fois qu'il parut mort, elle s'écarta et essaya les différentes clés dans la serrure du coffret. Jusqu'à ce que celui-ci s'ouvre. Elle regarda à l'intérieur.
Il s'agissait d'une simple capuche, à l'air miteuse. Elle regarda dessous, au cas où il y ait autre chose, essaya d'enlever le coussinet qui tapissait le fond du coffret mais dut bien se rendre à l'évidence : il n'y avait que ça. Gardant la capuche dans sa main, elle blêmit. Elle s'était fait rouler, et ce de manière magistrale. Lorsqu'elle rabattit le couvercle du coffre, celui-ci se referma automatiquement. Elle le laissa là, gardant la capuche à la place. Si elle semblait miteuse, elle pourrait au moins lui servir, à elle. Elle la mit par-dessous la cape qu'elle portait déjà, afin de ne pas s'encombrer.
Il fallait qu'elle retourne dans la salle où elle avait tué le garde. Le vrai trésor s'y trouvait sûrement. Elle se releva et s'approcha de la porte. Mais le perroquet n'était plus là et la porte était entrouverte. Elle blêmit encore plus.
Stupide volatile...C'est à l'un des miiiens que tu parrrrles ainsi ?Elle se retourna brusquement et aperçut derrière le bureau un oiseau gigantesque. Faisant à peu près la taille d'un Hobbit, il se tenait sur ses pattes postérieures, courbé en avant. Au bout de ses ailes, on voyait des simulacres de mains griffues, tandis que ses pattes arrières étaient longues, ressemblant à un pied. Il était couvert de plumes ocres tirant parfois sur l'orange et fixait la fillette cachée sous sa capuche de ses yeux rouges et méchants. Mais mis à part ses yeux, son visage était clairement celui d'un oiseau, un large bec recourbé et pointu trônant au milieu de celui-ci. Derrière lui, la porte vitrée menant à la balustrade était ouverte et de l'air frais se diffusait dans la pièce. Yurlungur eut un mouvement de frayeur et recula, avant d'entendre derrière elle des cris affolés. Fichu perroquet.
Le monstre devant elle se redressa et s'approcha avant de déployer ses ailes. Aussitôt la fillette saisit le coffret et demanda :
C'est ça que tu cherches, cervelle de moineau ?Si jamais l'oiseau monstrueux n'était pas un membre de l'équipage mais bien un simple serviteur de Xenair, il ignorerait que le coffre ne contenait pas le trésor cherché. En effet il fixa l'objet et fit quelques pas dans la direction de la petit fille en grognant. Soudain, il sauta. Elle fit mine de s'avancer vers lui, mais s'écarta au dernier moment un peu sur le côté de la trajectoire du monstre, lui donnant un coup au passage. Celui-ci ne parvint pas à la griffer comme il l'espérait et le coup de Yurlungur le déstabilisa. Elle en profita et le lacéra aux côtes avec sa dague, avant de lui asséner un coup de coffre, qui n'avait rien perdu de son poids.
Mais alors qu'elle faisait ça, le monstre s'accrocha au coffret, bien que blessé. Il tomba à terre, l'entraînant avec lui dans sa chute. Elle se réceptionna durement sur le sol en bois et gémit avant de se relever aussitôt. Elle tira mais il résista et tira à son tour. Sa force semblait plus grande que celle de la petite fille et il parvenait au fur et à mesure à plier son bras. L'autre se leva tandis qu'un croassement s'échappa de son bec. Ses yeux étaient désormais injectés de sang et il paraissait furieux.
Alors qu'il abattit son bras, elle cessa subitement de tirer sur le coffre et se laissa emporter. Cela lui permit d'éviter un coup puissant et elle chuta à nouveau. L'oiseau avait été déséquilibré par cette manœuvre mais se tourna rapidement vers elle. Elle tira d'un coup sec sur le coffre. L'oiseau ne lâcha pas et elle put se remettre sur ses deux jambes, parant le nouveau coup qui venait de sa dague. Soudain, le monstre claqua son bec à quelques centimètres à peine du visage de Yurlungur, le cou tendu et les plumes hérissées.
Tu ne veux donc pas lâcher ?Elle s'apprêtait à dire exactement la même chose mais fut doublée par le nouvel arrivant. Un homme à la barbe fournie et aux cheveux noirs rassemblés en quelques tresses se tenait dans l’entrebâillement de la porte, le perroquet sur son épaule. Il portait des bottes et un manteau noirs, avec au niveau des hanches un bandeau rouge qui gardait le manteau et un sabre imposant serré contre lui. Au-delà de l'expression de son visage, il semblait littéralement fumer de rage. Les deux combattants s'étaient arrêtés pour le regarder. C'est alors que l'un des pirates rassemblés derrière lui lui souffla quelques mots à l'oreille et il se mit à tapoter ses cheveux avec quelques : « Oh ! Oh ! » La fumée s'arrêta et il reprit son sérieux.
Je la veux vivante !Sans attendre davantage, le fillette joua le tout pour le tout et s'approcha du volatile et, avant que celui-ci ne puisse réagir, lui donna un coup de genou dans l'entrejambe. Elle avait visé juste et il se plia en deux, ses yeux se chargeant de larmes de douleurs. Elle parvint sans trop de mal à le faire lâcher et courut vers la balustrade, les pirates à ses trousses. Elle les entendit pousser des cris alors qu'ils tombaient apparemment au sol et se retourna juste à temps pour placer entre elle et le monstre en colère qui s'avançait le coffret qu'elle avait gardé en main. Les serres effilées de l'oiseau en vol s'abattirent sur leur cible et tentèrent de la déchiqueter. Mais sur le métal forgé, cela ne fut d'aucune utilité. Finalement, il s'envola, le coffre encore dans les serres. La petite fille sentit le sol se dérober sous ses pieds et battit vainement des jambes dans l'air.
Avec une certaine difficulté, ils s'envolèrent tous deux au-dessus de l'eau, les sabres des pirates frôlant la fillette avant qu'elle ne se retrouve entièrement hors de leur portée.
Mais lââââche dooonc !Yurlungur aurait bien voulu laisser ce coffre qui ne contenait plus rien, mais elle se trouvait déjà à plusieurs mètres de hauteur et ne savait pas nager. Le monstre ne pouvait pas l'atteindre et avait à se concentrer sur le vol pour ne pas chuter lui aussi. Ils repassèrent au-dessus du navire, les pirates apparaissant sur le pont les suivant. Elle parvint à distinguer en bas les filles de joie, désemparées, sauf une d'entre elles, à la chevelure rousse distinctive, qui s'avançait vers le mât.
Soudain, la petite fille ressentit un picotement désagréable sur sa jambe. Elle baissa les yeux et aperçut le perroquet qui voletait au-dessous d'eux. Elle essaya de lui donner un coup de pied, sans grand succès, mais cela l'effraya et il lui laissa quelques instants de répit alors qu'il s'enfuyait avec le cri qui lui était propre : «
Coco ! Coco ! »
L'oiseau fit quelques tours autour du bateau. Les bras de Yurlungur la faisaient souffrir, mais elle n'avait pas le choix. L'impossibilité de lâcher lui permettait d'ignorer la douleur qui se diffusait dans ses bras fins. Le monstre finit par se poser sur la vergue de la plus grande voile, à quelques mètres du poste de la vigie. La petite fille se trouvait encore suspendue au-dessus du pont, à une dizaine de mètres au-dessus de l'eau. Elle se sentit être soulevée et se ramassa aussitôt sur elle-même. Dès qu'elle fût suffisamment haute, elle donna un grand coup des deux pieds réunis droit devant elle, en direction du volatile. Le coup n'était pas puissant, mais eut l'avantage de déstabiliser l'oiseau, qui chuta. Elle lâcha le coffre et se jeta sur la vergue pour s'y accrocher du bout des doigts.
Le coffre vola un instant, lâché par les deux adversaires, avant de venir retomber au bout de la vergue. Là, la poignée, par le hasard funeste qui liait le coffre à la fillette, s'accrocha au bord et l'objet tant désiré se retrouva suspendu au-dessus du vide. Ce n'était pas la gamine qui allait chercher à le récupérer, et encore moins maintenant, alors qu'elle restait dans une situation précaire.
Elle se ramena dessus, mais la forme arrondie ne l'aidait pas à tenir debout. Des battement d'ailes se firent entendre en-dessous et elle ne put éviter le coup qui montait et qui lui entailla le bras gauche. Elle eut un cri de douleur et leva les yeux pour voir le serviteur de Xenair, triomphant, se préparer à une nouvelle attaque à distance. Il fallait qu'elle se mette hors de portée...
Une idée lui vint subitement et un plan se forma dans son esprit. Liniel avait justement évoqué cette possibilité la veille. Elle écarquilla les yeux et laissa la bête s'approcher, l'air abasourdie... La feinte marcha et un coup de dague vint trancher une partie du bras de la bête. Elle sourit, victorieuse, tandis que celle-ci s'éloignait à quelques mètres avec de grands battements d'ailes. Elle profita de cet instant de répit pour regarder en-dessous. Des pirates avaient déjà commencé à monter le long du mât mais Liniel avait disparu. Les autres filles de joie s'enfuyaient en courant hors du bateau. Sur le pont, le capitaine vociférait, brandissant son sabre en direction de la fillette. Elle se retourna, accroupie sur la toile repliée sur la vergue, pour observer son adversaire. Celui-ci semblait s'être remis de sa blessure et tournait autour de la fillette comme un charognard qui observe sa proie qui va mourir.
Il n'osait pas aller attraper le coffre directement, sans doute parce que la gamine se trouvait encore trop proche de ce dernier. Soudain, il fonça sur elle. Elle n'allait pas avoir le temps de se relever ou d'esquiver le coup, mais essaya tout de même de se déplacer sur la droite, fermant les yeux. L'air siffla à côté d'elle et elle crut sa dernière heure venue. Sa chute sur le pont serait rapide et fatale à cette hauteur là.
Mais le cri de l'oiseau fut la seule chose qu'elle perçut. Elle ouvrit les yeux et vit qu'il avait reçu une flèche en plein ventre, flèche qui était passée il y a quelques secondes juste à côté d'elle. Quatre. Mue par la volonté du désespoir, elle se leva, gardant son équilibre tant bien que mal, et s'approcha du coffre, tandis que les premiers pirates commençaient à déboucher au poste de la vigie.
Elle essayait de tenir sur la vergue immobile et y parvint d'abord sans trop de soucis. L'arrivée de nouveaux combattants corsa la chose, puisqu'elle faillit tomber à plusieurs reprises alors qu'ils avançaient eux aussi sur le bout de bois recouvert de la voile en toile blanche. Elle brandit son poignard devant elle de la main gauche, l'autre servant à garder son équilibre plus qu'incertain. Quant à mourir, autant mourir en combat. Le visage invisible sous la double protection de la cape du Gros Néral et de la capuche servant de leurre, personne ne saurait qui elle était. Et elle gardait toujours à sa ceinture, la petite fiole de poison à effet rapide qu'on lui avait fournie. Une larme coula sur sa joue et elle cria :
Pour Thimoros !Puis elle se lança à l'attaque, tailladant, parant et tranchant l'adversaire qui arrivait devant elle. Celui-ci était très agile et très adroit, tenir sur la vergue ne lui posant aucun problème. Mais il avait sous-estimé la rage désespérée de son adversaire, ainsi que sa capacité à combattre. Il laissa une faille et elle lui enfonça sa dague dans le ventre. Il expira son dernier souffle, puis elle le poussa sur le suivant. Celui-ci se débarrassa du corps en le jetant dans le vide, puis reprit son équilibre en s'accrochant au mât encore non loin. Le corps sans vie s'écrasa dans un craquement effroyable en-dessous. Yurlungur y jeta à peine un regard, mais eut le temps de voir Liniel en-dessous, qui s'enfuyait précipitamment du bateau. Sur le chemin, elle lui lança un regard et cria un mot unique que la fillette ne comprit pas.
Elle eut bien tôt à se concentrer sur son nouvel adversaire, qui dégaina une dague et un sabre. Il avait l'air moins à l'aise que l'autre sur la vergue, mais son habilité au combat se révéla dès le début, alors qu'il tenta une estocade qui érafla la joue cachée sous la capuche. Il retira sa lame et observa avec satisfaction les quelques gouttes de sang qui s'y étaient apposées. Une nouvelle flèche siffla dans l'air, passant entre les deux combattants et vint frapper à nouveau le monstre de Xenair qui s'apprêtait à lancer une nouvelle attaque. Yurlungur remercia une nouvelle fois silencieusement son protecteur.
Le pirate se relança à l'attaque et elle préféra reculer pour l'éviter. Il en fut déstabilisé et son sabre s'abattit sur le cordon qui retenait la toile. La petite fille n'eut que le temps de s'accrocher à celle-ci, alors que la voile se dépliait entièrement sur ce côté du navire. Son adversaire chuta sur la rambarde du navire. Un craquement effroyable se fit entendre et son corps rebondit pour disparaître dans l'eau. Les autres pirates eurent le temps de se reculer assez tôt ou d'être rattrapés par leurs compagnons restés au poste de vigie pour éviter une telle chute fatale. Quant à Yurlungur, elle planta sa dague dans la toile et descendit lentement, inéluctablement, la voile se faisant entièrement trancher en deux.
Mais personne ne fit attention à elle. Tous les regards étaient tournés vers le coffret, qui oscillait, encore rapproché par cet événement du bord de la vergue. D'un seul coup, le vent gonfla la voile dépliée du navire, qui eut un sursaut en avant. Sur le pont, une partie des pirates chuta au sol par cette avancée imprévue et ceux qui restaient ne tinrent pas beaucoup plus longtemps, un nouveau choc se faisant sentir lorsque le navire frappa brutalement le quai.
Les regards des pirates se levèrent. Le regard de Liniel, sur le quai, lâcha bien vite Yurlungur pour revenir au même endroit. La petite fille elle-même, qui atterit quelques instants après souplement sur le pont, ne put s'empêcher de diriger son regard sur le coffret. Celui-ci bascula et chuta.
Une chute lente pour tous les pirates qui se précipitèrent. Une chute inéluctable pour l'oiseau qui fonça dessus. Une chute inéluctable pour Liniel qui voulut sauter elle aussi pour le récupérer. Mais le coffre tomba dans l'eau et s'enfonça dans les eaux sombres. Peu après, l'oiseau-monstre plongea à son tour, bien vite accompagné de quelques pirates. Mais Yurlungur profita de cela pour s'enfuir et força Liniel à la suivre.
Non ! Attends !Liniel ! La mission a échoué !Cette phrase eut l'effet d'une douche froide sur la femme qui reprit ses esprits et se mit à courir à son tour le long du quai pour échapper au bateau qui leur avait causé un cuisant échec.
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