Précédemment : ici((
Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation sexuelle/violente/gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.))Passé l'instant de surprise, l'homme se mit à lui courir après, poussant un juron. Il lui cria de s'arrêter pour l'affronter en face – comme si elle n'avait que ça à faire. Elle aurait bien aimer le tuer, et son état d'esprit de justicier sauveur l'agaçait au plus haut point, mais il était indubitable qu'il était bien plus fort qu'elle. Même s'il était avéré qu'il s'agissait d'un imbécile, elle avait pu jauger, à la manière avec laquelle il tenait son épée, et à sa carrure, qu'elle n'était clairement pas de taille, sans mauvais jeu de mot. La fuite était la meilleure solution, et elle adressait en courant des excuses à Phaïtos.
Yurlungur espérait le semer dans les entrepôts, entre toutes les caisses de cargaison qui y étaient stockées. De plus, elle pourrait au pire s'enfuir dans les ruelles, qu'elle connaissait sans aucun doute bien mieux que lui. Si de jour elle n'avait pas pu lui échapper, elle y arriverait bien de nuit.
Elle avait pris une bonne avance, mais, arrivant au premier bâtiment, la porte était, naturellement, cadenassée. Elle se saisit de son pendentif, et en extirpa un bout de métal rouillé, jusque là habilement coincé et caché dans le bois qui le composait, pour traficoter la serrure. Après quelques instants de stress, l'homme s'approchant de plus en plus, un déclic caractéristique lui permit de faire tomber la lourde chaîne au sol et d'ouvrir la porte.
Elle s'y glissa, et évita de justesse un coup d'épée que l'autre lui portait, arrivant déjà derrière elle. Sans plus attendre, elle fonça vers la droite, puis se mit à zigzaguer entre les cargaisons aussi silencieusement que possible. Si, à l'extérieur, la lumière de la lune ne lui permettait pas de bouger discrètement, ici, elle se retrouvait avantagée.
L'homme eut à ouvrir la porte en plus grand pour passer à son tour, émettant ainsi un long grincement strident qui permit à la jeune fille de cacher le bruit de ses pas, et lorsqu'il fut enfin à l'intérieur, la fillette s'était déjà éclipsée dans les ombres. Il regarda autour, sans parvenir à distinguer où est-ce que la petite fille se trouvait. En rage, il hurla :
Montre-toi !!!Yurlungur s'était arrêtée de courir, et écoutait. Elle se trouvait sur un coffre, accroupie, légèrement en hauteur, cachée par deux rangées de caisses. Il ne bougeait plus – ou du moins il ne le faisait plus avec précipitation et fracas comme jusqu'à présent. L'essentiel serait de le mener à l'intérieur le plus possible, pour qu'elle puisse ensuite ressortir par l'entrée. Elle pourrait aussi essayer d'escalader pour sortir sur le toit, mais c'était risqué.
Elle perçut quelques bruits provenant de l'entrée, et soudain, la lumière d'une torche éclaira la pièce. L'homme en avait simplement récupéré une, accrochée au mur, et l'avait allumée. Cela changeait la donne, et malheureusement pas en la faveur de la petite fille.
Elle restait accroupie, entendant les pas de l'homme et voyant les ombres se mouvoir tandis qu'il déplaçait la torche. S'il s'éloignait de quelques mètres de plus de la sortie, ce serait formidable... Mais il s'arrêta.
Je n'ai qu'à monter la garde en attendant que tu veuilles bien te montrer, si c'est comme ça !Il ne semblait plus vouloir bouger. Quel abruti ! Et si on le trouvait là le lendemain matin, le cadenas crocheté ? Elle se glissa lentement par terre, sans émettre le moindre bruit, et chercha à tâtons au sol, jusqu'à trouver une petite pierre. Elle la soupesa, et la glissa dans sa poche, avant d'en chercher d'autres. Au bout de quelques minutes, elle en avait déjà plusieurs dizaines, mais il serait ardu d'en avoir d'autre sans quitter la cachette. Puis, elle observa, laissant furtivement apparaître ses yeux par dessus les caisses. Où devrait-elle, au mieux, l'envoyer ?
Elle remarqua alors un élément singulier, qui pourrait bien l'aider. Elle en avait déjà vu, mais avait toujours plutôt craint ces objets, peu sûre de leur fiabilité. Mais maintenant, ça pourrait bien lui servir.
Elle se glissa doucement jusqu'à lui, doucement, et une fois arrivée, l'observa plus en détail. Une idée germa. Prenant une pause, elle réfléchit, un plan s'échafaudant dans son esprit. Finalement, elle pourrait bien réussir à le tuer, s'il était aussi idiot qu'il l'avait montré. Un grand sourire apparut sur son visage, les derniers détails se précisant. Phaïtos serait content de la malice de sa fidèle.
Elle se faufila une nouvelle fois derrière les caisses, pour se cacher proche de l'entrée. Mais son but n'était pas la fuite. Si elle pouvait le tuer, elle le ferait. Prenant l'un des petits cailloux dans sa poche, et vérifiant rapidement que l'homme ne regardait pas dans sa direction, elle le lança à l'endroit où elle se trouvait juste avant. Un petit son, distinct bien que faible, se fit entendre dans tout l'entrepôt, jusqu'ici silencieux.
L'homme se leva aussitôt, et, flairant le piège, ne s'approcha que de quelques pas vers l'endroit.
Puis, Yurlungur envoya un projectile derrière lui. Il sursauta, et se retourna. Le même bruit se fit entendre à sa droite, puis à sa gauche, derrière, devant, et son assurance semblait fondre comme neige au soleil, ne parvenant pas à déterminer où est-ce que la gamine se trouvait réellement.
Mais, néanmoins, il faisait un pas à chaque petit bruit. Il avançait généralement vers le son, mais elle pouvait s'arranger pour le faire seulement se tourner vers l'endroit sans le faire bouger en envoyant presque simultanément deux cailloux. Ou alors, elle pouvait envoyer le caillou proche de lui pour qu'il s'en écarte, de surprise. Il faisait tout de même attention à ne pas trop s'écarter de l'entrée, et à toujours la garder visible. Il suffisait pour Yurlungur de prendre tous ces éléments en compte, plutôt simples, pour pouvoir le faire avancer, progressivement, comme une bête docile.
Pas à pas, elle le mena là où elle voulait qu'il soit. Elle sourit en pensant à la bêtise de l'homme. Tous ces bruits, parfois arrivant en même temps à deux endroits différents, ne lui faisaient-ils pas flairer un quelconque piège à plein nez ? Et pourtant, il bougeait... S'il n'avait pas eu cette rage envers elle, Yurlungur aurait bien tenté de le manipuler, jouant le rôle de la petite fille innocente, pour servir ses desseins. Mais de toute façon, elle aurait eu à le tuer, un jour ou l'autre. Et il était inutile de songer maintenant à des possibilités mortes dans l'oeuf.
Tout était en place du côté de l'homme qui la traquait. La partie la plus dangereuse du plan arrivait, puisqu'elle devait essayer d'arriver au contact sans qu'il ne bouge. Mais il regardait dans la bonne direction, c'est-à-dire à l'opposé d'elle-même. Elle n'aurait donc pas de mal à le faire si elle utilisait l'effet de surprise.
Elle prit une grande respiration, sa dague en main, et fonça. Il se retourna, l'entendant arriver, mais elle était déjà sur lui. Elle bloqua son coup d'épée prévisible de sa dague, ou plutôt, elle le dévia, sa force physique étant bien inférieure à celle de son adversaire.
Dans un même temps, elle glissa son autre main dans le sac du guerrier, adroitement, et saisit un objet assez gros pour tirer un grand coup. Tout le contenu du sac vola dans l'entrepôt, le sac lui-même se déchirant. Le fracas des objets tombant au sol fut accompagné par le cri de surprise de l'homme.
Laissant choir au sol l'objet utilisé, elle recula vivement, se plaçant elle-même au bon endroit. L'homme, dans un premier temps, se jeta au sol pour récupérer des objets, mais bien vite il se releva, trop furieux pour se contrôler.
Il avança d'un pas vers elle, mais il était déjà trop tard. Tous les plans de la gamine se déroulaient comme prévu. Lui était maintenant disposé comme elle le souhaitait, et le fait qu'il se soit jeté au sol lui avait permis de sa placer correctement. Elle sourit. N'était-ce pas magnifique ?
Elle lança alors sa dague, droit devant elle. Presque surpris par ce qui semblait être une action désespérée, l'homme l'évita sans peine, n'étant déjà pas sur la trajectoire du lancer. Il regarda la fillette, maintenant désarmée, et un rictus de victoire s'étala sur son visage. Il avait gagné.
Mais cela ne semblait pas frapper la gamine, qui continuait de suivre la dague, un grand sourire aux lèvres. L'homme se retourna juste à temps pour la voir trancher net une corde tendue au fond. Ne comprenant pas l'objectif, il ne put pas voir la caisse, qui était jusque là suspendue en l'air, lui tomber dessus.
Écrasé d'un coup sous son poids, il en eut le souffle coupé, et lâcha son épée. Le choc avec le sol fut rude, son menton frappant durement les dalles de pierre. La moitié inférieure de son corps, et le bas de son dos, étaient maintenant coincés sous la pression de la caisse, mais il n'était pas mort, simplement sonné, et très certainement blessé. Le fracas avait empli l'entrepôt, contrastant avec le silence relatif qui y avait régné jusque là.
Yurlungur s'avança tranquillement vers lui, et prit son épée en main. Cette dernière était bien trop lourde pour elle, et elle n'aurait, en temps normal, jamais pu l'utiliser. Mais maintenant, son adversaire gisait au sol, et elle n'aurait aucun mal à le toucher. Il était sans doute conscient de la situation, des convulsions l'agitant, et les pieds de la gamine s'offrant à son regard atterré. Elle leva l'épée, et annonça, aussi fort que possible :
Phaïtos ! Thimoros ! Recevez ce présent !D'un coup net, elle lui trancha la gorge, le narguant d'un dernier sourire. Puis, elle contempla cette masse inerte, il y a quelques minutes encore plus forte qu'elle. Il fallait croire que la force seule ne faisait pas tout.
Elle marcha jusqu'à sa dague, qui s'était plantée dans le poteau en bois, au-dessus de la manivelle qui avait servi à hisser la caisse, et la replaça dans sa manche, discrète et mortelle. Ce n'était pas elle qui avait tué cet homme, mais l'objet le lui pardonnerait bien.
Elle songea alors que le bruit de la chute avait dû alerter des marins, ou même peut-être une patrouille. Elle se dépêcha donc de revenir à côté de la caisse, non pas pour le corps même, qui ne l'intéressait plus, mais pour les objets tombés de son sac. Il devait certainement avoir sur lui de l'argent, et quelques objets intéressants.
Après quelques minutes de recherche, et quelques trouvailles intéressantes, elle se retourna d'un coup, repérant une vive lumière, et vit avec stupeur une caisse s'enflammer. Elle ne put que crier, à elle-même :
La torche !Avant de s'enfuir en courant, emportant tant bien que mal les divers objets qu'elle avait pu examiner. Bien vite, d'autres caisses s'enflammèrent à leur tour, et l'incendie se répandit, fulgurant. Elle sortit précipitemment, et vérifia que personne ne l'avait vue. Déjà, elle entendait des bruits de pas qui venaient, rapides.
Puis, laissant aux marins le soin d'éteindre l'incendie, lorsqu'ils l'auront remarqué, elle courut une dernière fois , contournant un autre entrepôt, puis empruntant des ruelles obscures, évitant à tout prix les rares passants, et finit par arriver chez elle, essoufflée, la nuit déjà bien avancée. Elle s'affala sur son lit, épuisée par la folle journée, mais heureuse.
Elle avait vaincu le Grand Prêtre.
Elle avait servi Phaïtos, en lui sacrifiant ce guerrier qui prétendait, à tort, Le servir.
Elle avait gagné trente yus, aussi, et avait failli l'oublier.
Elle contempla ses mains, recouvertes de sang coagulé. Celui des deux enfants, et celui du guerrier aussi, en moindre mesure. Dans sa bouche, le goût du sang avait disparu, mais de tout façon, elle n'avait plus faim. Elle savait qu'elle ferait mieux de sa changer, de se laver un peu de toute cette crasse, avant que sa mère ne la découvre dans cet état. Mais elle était fatiguée. Et puis, elle n'était encore qu'une petite fille. De longues journées comme celle-là étaient éreintantes pour son corps enfantin.
Ses yeux se fermèrent inconsciemment, les cris croissants provenant du port la berçant. Et, bien vite, un ronflement doux s'éleva dans la pièce.
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