Un silence bénéfique s'instaura entre les deux jeunes femmes, juste avant l'entrée de la servante les bras encombrés par des robes magnifiques.
La vieille femme, déposa le lot sur le lit, recula et les yeux baissés sur ses pieds, elle ajouta que le Maître les attendait. Puis elle sortit. Nellia jette un oeil à N'Kpa, sort de la baignoire et ruisselante s'approche du lit. Son choix se porte sur une robe ivoire et noire.
Elle se tourne vers N'Kpa :
il ne te reste que ces quatre-là.La Shamane peu encline à porter tel affublement n'en reste pas moins admirative devant la beauté des robes. Nellia tout en se séchant observe sa compagne.
Après un moment d'hésitation N'Kpa fit le choix de la robe noire et rouge à la rose sombre. Pendant ce temps Nellia finissait de mettre la sienne, la lourde robe de velours.
(Comme tu dois souffrir de chaud la dedans !) Se dit-elle en l'observant en coin. Elle n'était, elle, pas pressée de se "déguiser".
N'kpa prit le petit pot retira le bouchon et en sortit une pâte rougeâtre. Avec soin, elle s'en appliqua sur les cheveux, favorisant quelques mèches sur le devant, laissant le reste à sa couleur naturelle, noir de jais aux reflets verts.
(Se serait trop long à faire, alors j'innoverais ce soir. Et puis, le poids des nattes m'irrite le cuir chevelu, je laisserais mes cheveux libres, à l'image de ce que je suis. Na ! ) Satisfaite de son plaidoyer, pour se convaincre sur sa coiffure, elle se mit en marche pour enfiler la robe. Cela n'allait pas être des plus simple. Elle se pinça le menton, pencha la tête, puis attrapa la robe pour la soulever et l'admirer. Elle était lourde. La Shamane doutait de savoir comment mettre ça et surtout si elle la supporterait, l'encombrement.
(Comment vais-je faire pour me déplacer sans me casser la figure? ... Pffff ! ) Comment les femmes enfilent-elles un tel amoncellement de tissu? demanda t-elle à haute voix en rigolant. Puis sans attendre de conseils, qui ne venaient pas, elle commença par les jupons de soies. Elle batailla sous les fous rire de Nellia pour revêtir par dessus la robe longue, doublée d'une intermédiaire rouge et par dessus laquelle venait la troisième plus légère.
Après une gamelle et des piétinements risibles, le bas de la robe était en place. Restait plus qu'à enfiler le corset et le serrer avec les lacets dans le dos. Ça elle connaissait avec le pourpoint de cuir, mais lui au moins épousait sa morphologie sans effort.
Elle ajusta sa poitrine dans les bonnets et se tourna vers sa compagne qui pouffait.
Un air faussement fâché :
Pourrais-tu, si ce n'est pas trop te demander, au lieu de te moquer de moi, me nouer les lacets dans le dos, j'en ferais autant pour la tienne ? Soucieuse d'être coquette et donner une touche exotique, elle décrocha la rose rouge sur la poitrine de la robe et l'accrocha dans ses cheveux. Elle réajusta ses boucles d'oreilles et refit son maquillage blanc avec une rapidité étonnante, juste en regardant son reflet sur le plat d'un de ses sabres. Une ombre soudaine passa sur son visage et ternit sa joie. Le collier ornait leur cou à toutes les deux. Elle fit une grimace et un frisson parcouru toute son échine.
Nellia... vois... on ne peut pas montrer se collier dépareillé. Il est un symbole qui risque de nuire à nos relations? Elle rajouta tout bas :
... Comme je voudrais m'en débarrasser, soyez maudits suppôts d'Oaxaca !... N'ayant pas d'écharpe elle était un peu en panique,
(Tant pis, par Zewen il arrivera ce qu'il doit arriver... ) Elle avait peur, le stress était de retour. Elle saisit sa besace, la pointe de flèche rejoignit le creux de sa poitrine.
(Au moins aurais-je de quoi piquer !... ) Pour terminer puisqu'elle y était, elle sortit des bracelets du sac et s'en para. La guêpe dorée attira son attention.
(Il va falloir que je trouve un orfèvre pour la transformer en bijoux...) Un coup de brosse, les cheveux n'étaient pas totalement sec, tant pis, ils onduleraient et cela prendrait le temps qu'il faut. N'Kpa était méconnaissable…
Elle étouffait déjà de chaud dans son caquant de tissus luxueux, mais elle était resplendissante, si ce n'était le collier amputé qui ornait le cou. Elle souffla, repoussa une mèche rouge qui venait obscurcir sa vision.
Bon nous voilà prêtes, allons-découvrir ce gentilhomme impatient ! … j'ai faim et soif … Elle lança un sourire goguenard à sa compagne, fit quelques pas gauches, gênée par le volume et la masse de la robe...
(Fichtre qu'elle corvée, je n'arrive pas à bouger !... ) Elle ouvrit la porte avec force faisant sursauter la servante qui était derrière... impatiente. Elle resta bouche bai en voyant les deux beautés. Son jeune maître allait être comblé, se dit-elle…