L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Dim 9 Jan 2011 06:46 
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Maltar revint quelques minutes plus tard en trainant l'épéiste derrière lui, qui était au moins aussi grosse que la voleuse. Le calme et le silence étaient maintenant retombé dans le quartier, les chandelles s'étaient éteintes, les seules lumières venant encore porter ombrage aux astres stellaires sortant des minuscules fenêtres de la demeure de l'ancien, et l'on entendais que le pauvre forçat haleter dans l'effort.
Arrivé devant l'entré (tien, le papy a rentré le corps... il a encore du nerf, j'aurai pas cru), Maltar re-frappa la porte, bien plus méfiant que la première fois. Il aurait pu se sauver, il aurait dût même, un gobelin ne devient pas vieux s'il n'est pas particulièrement dangereux, vicieux et retors. Il faut dire que chez chez une race au mauvais caractère proverbiale et presque incapable d'une quelconque empathie, inutile d'espérer que cela s'arrange avec l'age, au contraire. Et chez celui si, même comparativement a d'autres vieux gobelins qui vivait dans son village, cela avait l'air de s'être particulièrement s'aggraver... Et les autres avait le bon ton de ne vous lançait pas des éclaires à la figure, eux. Mais fuir, cela signifiait quitter Dahram dans l'heure, ce qui ne l'enchantait pas plus que ça et comportait son lot de risque aussi, les voyages sont dangereux lorsque l'on est seul, surtout pour un gobelin.
Et puis ce vieux gobelin l'intriguait. Maltar se souvint alors d'un vieux proverbe de chez lui: "c'est la curiosité qui tua le chat".

Entre gamin!

Trop tard pour changer d'avis. Il s'accroupit au cas où l'ancien serait repris d'une pulsion et ouvris la porte. A l'intérieur, le vieux gobelin semblait portait toute son attention sur ses parchemins qu'il était en train d'examiner en bougonnant. Le corps de la voleuse avait été entreposé contre le mur, juste à droite de la porte, contre le mur.

Pose la avec sa comparse. dit l'ancien sans lever l'œil de ses parchemins. Et ferme s'te damnée porte, 'fait du feu pour chauffer les chiens que quand y sont dans la marmite!

Il se jeta sur la porte pour la claquer, puis empila la deuxième de ses victimes sur la première. Ceci fait, et le vieux psychopathe n'ayant plus l'air de préter attention à lui, il pris le temps d'observer les lieux ou il se trouvait maintenant. L'intérieur de la maison était un gigantesque capharnaüm ou s'entassait sans la moindre volonté de rangement visible vieux livres, parchemins, une immense marmite à coté d'un tabouret, alambics, pots, bocaux, un bouquet de rose ,fioles, verreries diverses, mais aussi armes de toutes tailles et de toutes sortes, pièces d'armures, pinces, une tourte, marteaux, tonneau aux contenu inconnu, chaine, au fond de la pièce un gros four avec deux gros soufflets pour l'alimenter et une enclume en face de l'âtre qui n'avait pas l'air d'avoir servis depuis longtemps, mais aussi des cartes, de la vaisselle sale, deux grosses arbalètes, le portrait d'une très belle elfe rousse pleine de petits trous, des fléchettes, une autre arbalète à taille plus gobeline, une cible représentant un nain avec un carreau dans chaque œil et un dans le foie, d'innombrables traces de brulures sur les murs et le plafond, des pignons, de la corde, une pipe, un autre portrait, cette fois celui d'une princesse, du moins le supposait il en raison de la couronne, blonde, peu être belle, mais sur lequel avait était rajouté au fusain moustache, barbe, boutons et cornes, des armoires pleines d'étoffe, un tromblon, des petits ossements, des gros, un crane d'orc au dessus d'un escalier montant à l'étage, des pantoufles, un boulet avec un nom écrit dessus, un croquis représentant Thiméros lui aussi plein de trou planté contre le mur par une dague entre les deux yeux, un plan de Darham remplis d'annotations, un filet, un jambon et un énorme crane de Liykor Noir trônant au dessus de l'escalier descendant à la cave devant lequel Maltar resta un moment interdit. Où diable ce vieux schnock avait il pu dénicher le crane d'un terrible chef de clan Liykor?

Chasse au Liyokor: attraper un petzouille, l'bourrer de poison semi lent à base de plante inodore, le tout délayé dans de la graisse de morse. Lâcher l'paysans en lisière d'territoire Liykor avec pour ordre d'aller y chercher des plantes, puis laisser la nature faire son œuvre... D'préférence, choisir comme appât un paysans ayant d'la progéniture malade, dire qu'la plante est nécéssaire au rétablissement d'son baveux motive l'bouseux moyens. Sinon, une dague sous la gorge d'un de ses pleureurs ambulants marche aussi très bien.
Mais s'Liykor là, j'l'ai attrapé au paladin. pas d'aut solution si l'on veut du premier choix.

Répondit toujours sans lever le regard l'ancien à sa question muettes.

Bien! Reprit il. maintenant qu'tu t'est bien tourné les pouce à zieuter mon antre, tu va p'téte me ce que tu compte me faire de ces deux gourdes maintenant qu'tu les a ramené ici?

Mais c'est vous qui...

'A pas d'mais! S'm'ennuirais qu'un visiteur vois ça dans mon entrée... Alors débrouille toi pour m'faire disparaitre tout ça! J'veux plus les voir demain!

Tssssss! Fit le jeune gobelin en se dirigeant vers ce qui semblait être le coin couteau de ce grand bazard.

Reste ici, j'pas finis! S'rouleau, s'toi qu'l'a déroulé et reroulé 'potrecomment?!

C'est bien moi. Maltar ne voyait pas là pourquoi mentir.

T'sais lire?

Il regretta alors de ne pas avoir mentis, la pente devenais savonneuse.
Oui, je l'ai appris, mais pas assez bien, j'n'ai rien compris à votre rouleau. S'empressa t'il de préciser, la main se rapprochant imperceptiblement de son poignard.

't'ai demandé si t'savais lire, pas si comprenais s'que y'avait d'écrit dans s'rouleau ou si t'savais compter les 3 poils d'ton cul! Pour sur qu't'a rien compris, s'fait pour. Et t'sais écrire?

Oui, répondit maltar, hésitant.

le vieux gobelin lui lança en pleine figure tous les parchemins maculés de sang et de boue que maltar lui avait ramené.

Bin tu m'recopiera tout ça vu qu'tu m'a tout cochonné! Y'a des plumes, des parchemins vierges et d'l'encre là bas! dit il en pointant un tas d'objets divers. Il fit volte face. Et ELOIGNE s'te foutu main d'ton poignard, s't'errible s't'manie qu'vous avez d'vouloir raccourcir vot' espérance d'vie d'ja pas fameuse, les 'tits cons d'ton espèce.

Sans un regard en arrière, il attaqua la montée de l'escalier pour aller dans sa chambre, pendant une minute jura, pendant la deuxième grogna, puis au bout de trois minutes se mit à ronfler comme un nain après 3 fut de bière.

Deux jours plus tard, au marché de dahram, on pouvait appercevoir un gobelin avec d'énormes cernes et les doigt plein d'encre hurler "Pas cheeeeeer mes saucisses, elles sont bonnes mes saucisses! Et mon boudin, qui veut de mon boudin!"


(((précision pour le correcteur: les s' peuvent aussi remplacer un ce, il s'agit là de phonétique)))

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 31 Jan 2011 21:34 
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Maltar loge maintenant depuis plusieurs jours chez le vieux gobelin qu'il appelle maintenant maître, comme celui-ci le lui a imposé à coup de canne sur les doigts après que Maltar lui ai demandé son nom. Ses journées commencent dès l'aube pour finir bien après le crépuscule, passées à parfaire sa lecture et son écriture des trop nombreuses langues non gobeline, à compléter ses connaissances sur la faune et la flore du vaste monde, à étudier mathématiques, calcul, géométrie, à explorer les monticules de grimoires qui parsemaient la demeure, à faire les corvées ou à esquiver un des projectiles divers et variés lancé par le maître en vilénie dans un de ses nombreux excès de rage. Tout cela passionne le jeune gobelin qui se repait avec avidité de la connaissance du monde comme un warg se jetant sur un cœur de vierge.

Les meilleurs moments de la journée étaient toutefois ceux où il secondait son maitre dans ses expériences et ses travaux, comme il était en train de le faire en ce moment.


Maaaallllltar! Espèce de limace asthmatique, lâche s'traité sur les venins et va m'chercher l'salpêtre avec le chaudron à bitume! […] Quoi, t'n'a pas r'monté l'souffre d'la cave?! T'avais dis d'remonter l'souffre d'la cave! Comment ça t'l'ai pas dis?! Morpion d'percepteur!


Un éclair fuse en direction du fondement de Maltar qui, commençant à connaître les rouages de cette vieille caboche de gobelin, s'est déjà jeté sur le sol froid et poussiéreux en prenant soin de ne pas renverser une once de salpêtre sur le sol sous peine de subir une deuxième bordée d'attaque et de jurons qu'il aurait bien été en peine d'esquiver, la routine. Puis l'orage passé, il se remet à la tâche en évitant pour quelques minutes le champ de vision de la boule de nerf déjà en train de cracher une nouvelle salve d'ordre d'un ton ne souffrant d'aucune contradiction. Vas chercher si! Prends ça! Montes ces poteries qu't'es aller voler hier! R'trouve la résine d'pin savant! Sers-moi une rasade d'sang d'coq! Libère d'la place vers le feu! Monte des fagots! Cette longue litanie, qui parfois durait des heures, semblant être le préliminaire indispensable à la bonne pratique de l'alchimie vue par un ancien gobelin. Et à chaque fois Maltar de se redemander si l’intérêt de cette phase est purement utilitaire, a pour but de calmer son maitre avant que celui-ci ne se plonge dans les limbes délicates de l'alchimie ou si il trouve juste là un moyen de jouer avec lui à ses dépends.

Puis vient le moment de remplir le chaudron. Doser, peser, mélanger, bien chauffer: pas de bonne alchimie sans feu! Tout y passe, naphte, goudron, un peu de poudre d'os de shaakt, car comme le dit le maitre, rien ne brûle mieux qu'une sorcière, du souffre, du salpêtre et de la résine. Mélanger avec vigueur, mélanger, mélanger encore et surtout ne pas faire déborder du chaudron sous peine d'incendier le quartier. Ceci fait, transvaser le liquide visqueux obtenu dans des poteries que l'on a préalablement volé, bien boucher, mettre un capuchon de cire et stocker loin du feu. Autant dire qu'à ce moment là, le vieux gobelin vaquait depuis longtemps à autre chose. A quoi bon prendre un apprenti, sinon pour ne plus avoir à faire ce genre de tâche ingrate et mauvaise pour le dos? Quelques années, et même quelques mois plus tôt, ce jeune gobelin n'aurait gagné à lui ramener ses biens que la mort qu'il méritait au moins quarante deux fois (après tout, c'est un gobelin). Mais malgré tous ses efforts, l'âge le rattrapait...


C'est le moment que l'on choisit pour frapper frénétiquement à la porte. Le maitre lança un regard appuyé à l'élève, qui déjà d'un pas leste courait ouvrir la porte.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 14 Fév 2011 04:15 
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Et d'un même mouvement ouvrit la porte à la volée en se plaquant contre le mur à droite de l'encadrement, prenant bien soin de ne pas rester une seule seconde superflue entre le visiteur et son maitre qui dégage déjà des étincelles dans l'air. Devant l'entrée se tient un homme d'une trentaine d'années, le regard fuyant et les épaules voutées, recouvrant son torse velu d'une chemise tachée de vieilles sueurs, de mauvais vin et de graisse rance. Il laisse reposer ses mains sur des épaules chétives, de part et d'autres de la tête d'un gône au teint blême dont la broussailleuse tignasse blond paille fait ressortir des yeux au profond bleu des abysses.

(un pecnot croc au sel qui promène son sac d'os? Foutues loqueteux! Vont apprécier l'accueille!)

L'homme prend le premier la parole d'une voix gênée en braquant son regard sur les dalles noires et poussiéreuses qui recouvrent le sol.

Excusez moi, m'sieur gobelin... Bonjours. J'viens vous voir cause qu'mon p'tit qu'il est malade. V'la quatre jours qu'il vomit tout s'que ma femme lui donne à manger. Et l'peu qu'il réussit quand même à pas r'cracher , ça r'sort par l'aut' boute presque aussi sec, mais pas sec du tout, si vous intuitez ce que j'veux dire... R'gardez comme ils est pâle. Et ses ch'veux, r'gardez comme il les perd!

Joignant le geste à la parole, il arrache sèchement une poignée de cheveux du crâne de son gamin comme il aurait plumé un coq.

Alors j'm'inquiète hein, et j'me suis dit que comme c'est déjà vous qui aviez aidé à le mettre au monde, et que vous savez y faire en médicamenteries, vous pourriez peut être lui venir en aide? Mais j'voudrais pas abuser de votre bonté hein m'sieur gobelin! J'sais que votre temps vous est précieux...

Maltar en était comme de rond de flan: (Y soigne les loqueteux l'vieux?)

Et vas y qu'j'te soigne ta femme l'an dernier, y'a deux ans, etc, et p'is aussi s'primtemps là, qu'elle avait des vertiges! Et quand ton cloporte blond bavais encore mais 'tait pas foutu d'respirer mieux qu'une carpe sur la berge! Et encore! et encore! Foutre de dragon, y'a pas idée d'ét'e fragile comme ça. Famille d'bons à rien dégénérés! Des lutins éventrés s'plus vaillants qu'vous! V'bouillir tous les deux, vl'a comment qu'j'devrais soigner ça! Bon pour l'espèce qu'ça s'rait! Bon, Maltar, va m'poser une paillasse au milieu de la pièce. Et toi, rentre vite avec l'fruit d'tes pendouilleuses. Fait un temps d'barbus dehors!

Maltar obéit, intrigué. Jamais il n'aurait imaginé le vénérable danger ambulant se soucier d'une quelconque autre personne que lui même, alors la soigner, penser donc! Cette boule de haine n'urinerait même pas sur une personne en train de brûler. Et pourtant, il semble avoir déjà soigné le fils malingre d'un homme à l'air moins solvable qu'un marchand de fruits et légumes frais sylvain au fond des mines de Mertar. Les mauvaises habitudes humaines l'ont elles contaminées? Peu probable, et d'autant moins que la bonté et la solidarité n'ont pas l'air d'avoir le vent en poupe à Dahram. Et puis pour ce qu'il en avait vu jusqu'à maintenant, la vieille carne ne faisait rien gratuitement, rien. Alors quelles explications à cette incongruité? Quel bénéfice pouvait-il tirer de cette (Maltar se retint de cracher à la pensée de ce maux habituellement banni de son vocabulaire) charité? L'explication viendra surement en son temps. Il déplie en face de la cheminée deux lourds tréteaux sur lesquels il installe un plan de travail et déroule une paillasse, curieux de voir ce qu'il va advenir. Puis il se décale a porter de main d'une masse, espérant que le ridé change d'avis. Pendant ce temps, l'enfant, aidé de son père, grimpe péniblement sur la table avant de s'abandonner dessus, éreinté.

(pffff, bon dieu d'humain bien pensant, a ce niveau là, c'est l'achever qu'il faudrait!)

Une fois l'enfant allongé, le vieux fait signe au vilain sale et au jeune gobelin de lui faire place tandis qu'il s'installe entre l’âtre et l'enfant, son ombre mouvant au rythme des flammes recouvrant ainsi son visage fiévreux. Il fait mine de se concentrer, commence à palper le visage pâle, puis la cage thoracique. Soudainement, il jette une poudre dans l'âtre, provocant une explosion de fumée verte arrachant un sursaut aux deux rosés. Sans s'en soucier, il reporte son attention sur l'enfant et appuie sans ménagement sur ses entrailles en grommelant un imbroglio de sons que seul lui comprenait peut être. Puis coupant court à son babillage obscur, il saisit deux bougies qu'il installe de part et d'autre de la tête de l'enfant sur laquelle il étale un baume marronâtre à l'odeur de musc et de cave avant de reprendre sa liturgie une fois de plus comme en transe, grommelant de plus en plus vite en griffant les bras de l'enfant de ses ongles crochus au rythme des syllabes prononcées comme des coups de poignards.

Cela dura-t-il une heure, ou bien seulement une minute? Maltar n'aurait pu le dire, absorbé qu'il était par les zébrures rouges qui apparaissaient au fur et a mesure sur les frêles appendices et par les ombres mouvantes des mains osseuses jouant dans la lumière des multiples sources de lumière.
Brusquement, tout stoppe. Le vieux attrape une bougie et renverse un peu de cire brulante sur le front de l'enfant avant de lui tirer les oreilles sans ménagement pendant qu'il commence à pionner.

«Vas y, hurle, hurle 'tit braillard, crache l'mal d'tes tripes! Hurle! Hurle! Hurle plus fort non d'un rognon d'bouc!»

Et il tord encore un peu plus les deux oreilles, arrachant un nouvel hurlement de l'enfant et un sourire de son apprenti, sous le regard du père médusé. Enfin, il lâcha les deux extrémités et dit en se frottant les mains.

« R'mène le chez toi maintenant. Allonge le au chaud, pendant deux jour fait lui boire d'bouillon avec une noisette de s'te pommade dissoute dedans. Dans trois jours il ira mieux, j'ai fait s'qu'il fallait pour. Prend le et file maint'nant, aut'e chose à faire qu'a voir ta vilaine trogne! »

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Ven 25 Fév 2011 05:13 
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Maltar apostropha l'ancêtre après que les deux humains soient sortis de leur antre.

Pourquoi avoir médiquer ce pécore inutile?

Pa'ce qu'foutre une peur bleu au gens ne n'suffit pas toujours pour être tranquille. Y's'f'raient pas remarquer mais m'causeraient soucis à la première 'casion v'nue, genre en aidant un des nombreux chicots d'squigg voulant qu'j'débarrasse l'plancher. Et y'en à un sacré essaim d'ces mouches à merdes! Alors y'avait bien la solution d'tuer systématiquement tous les clampins d'la rue histoire d'ét'e sur d'avoir la paix, mais ça s'rait vu à force, et kapout la tranquillité... On est en ville humaine Maltar, plus dans l'trou d'aisance campagnard ou t'vivais avant. Les règles n'sont pas les mêmes, et l'meilleur moyen d'êt'e tranquille est bien d'leurs faire plus peur qu'quiconque, mais en apportant quand même un mieux d'leurs mièvre existence à mi-chemin entre la Krasse et la poiscaillade. Donc d'puis qu'chuis là, par exemple, l'percepteur n'passe plus ici... 'fin ne r'part plus d'ici.

il eut un sourire sadique, puis reprit.

Et les raqueteurs, l'trafiquants, les suppôts d'thiméros et les autres nuisibles d'cette race d'consanguins n'mettent plus un pied ici non plus... 'Fin si, y'en a bien parfois qu'viennent qu'essayer d'm'poser problème. Y'm'font perdre un peu de temps, ils perdent un petit peu la vie.

Il racla le font de sa gorge et cracha dans l'âtre.

Bref, j'les protège dans cette jungle de pierre. Et en échange, y m'pardonnent toutes mes excentricités et les taisent aux milices. Donnant donnant qu'ils diraient ces ovidés. Jamais été plus tranquille que d'puis qu'j'leurs rend que'ques services... Surtout qu'les trois quarts d'ça, j'l'aurais fait d'toute façon, la seule différence, c'est qu'lorsque qu'chopes l'percepteur, j'leur rend s'qu'il leur a pris 'vant d'foutre le reste à la cave.
Et p'is j'les soigne d'temps à autre... Enfin soigner, s't'un bien grands mots. J'fais d'la tétologie, 'vais pas gâcher mes talents et mes produits pour ces larves roses!


Il cracha de nouveau sur le sol avec un rictus méprisant.

L'important, c'est pas d'les soigner, c'est qu'ils le croient, et ça n'a rien d'compliqué vu leur crédulité navrante, pourquoi t'crois qu'y'a des temples partout dans leurs villes? Alors t'fais du foin, dits des trucs qu'y comprennent pas, un peu d'mise en scène, qué'ques bidules qui hument la fosse d'aisance et goutent la vieille moule, deux trois douleurs bien administrées et MAGIE! tu soignes ces cervelles d'piaf neuf fois sur dix. Y'en a même qui t'remercie dés qu'y t'voient, t'rendent des services en échange, t'font des cadeaux. Bande d'âne baté, je m'demande vraiment comment ces foutus bipède roses font pour prospérer autant en étant si cons... Bon, j'déblatère, j'déblatère mais 'fait sommeil, j'vais dormir et t'devrais en faire de même. Mais pas avant d'avoir rangé s'capharnaüm!

Il commença à gravir les marches menant à sa chambre.

La tétologie, Maltar, s'ça l'secret! Quand t'auras compris ça t'aura tout compris!

Maltar, qui avait bu ses paroles comme du petit lait, commença à ramasser le plan de travail tandis que son maitre s'avachissait dans son lit et commençais à ronfler. Le jeune gobelin doutait parvenir à s'endormir avec tant d'aisance: il avait le cerveau en ébullition, et des idées plein la tête. Il s'installa donc, un fois son travail accomplit, vers le feu. Il prit un vieil ouvrage traitant d'alchimie pour le moins détonante et reprit sa lecture ou il l'avait arrêté le soir précédent. Le sujet était passionnant et il le dévora avec envie page après page. Ce livre établissait de nombreux parallèles entre magie et alchimie, emplissant Maltar de regrets. Si seulement lui aussi pouvait parvenir à maitriser les arcanes élémentaires...
Il finit par s'écrouler sur son livre, et rêva.

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Dernière édition par Maltar le Lun 28 Mar 2011 22:55, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Ven 4 Mar 2011 05:24 
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Et rêve, qu'il s'envole, au dessus du toit, au dessus des toits, et part. Part vers l'intérieur des terres, remonte le fleuve jusque dans les montagne qu'il franchit à une allure telle qu'il put à peine d'apercevoir les neiges éternelles. Il monte, monte encore puis redescend sur la plaine plus vite qu'un faucon en piqué, la traverse le temps d'un souffle et arrive au dessus d'une ville immense, Kendra kâr. Il redescend, passe sous la grande porte et s'enfonce dans un dédale de ruelles. L'odeur, un curieux mélange d'épices, de parfums chics et de crasse, est omniprésente. La vitesse lui fait plisser les yeux, l'air siffle dans ses oreilles. Il accélère de nouveau, serpente dans une nuée de voiles tendue et de mats, va de droite et de gauche entre les cordages. Cela s'avère d'une simplicité déconcertante. Il va vite, toujours plus vite, et pourtant semble voir chaque détail, anticiper chaque obstacle. Il est sur l'océan, de l'eau à perte de vue, de l'eau partout à en avoir la nausée. Il prend encore de la vitesse, sans virer d'un degré, et pourtant l'océan semble ne jamais finir. L'ennui commence à le gagner, seuls quelques dauphins viennent à un moment briser la monotonie du voyage. Mais quels sont ces animaux étranges? Il n'en a jamais vu, comment fait-il pour les rêver. Il rêve, il sait qu'il rêve, il file droit vers l'inconnu et est convaincu que c'est une idée détestable, mais ne parvient pas à faire autrement, comme si quelque chose l'attirait irrésistiblement là bas. Où ça là-bas? Il veut se réveiller, il ne peut pas. Il sent un danger imminent. Et toute cette eau qui l'entoure! Il n'aime pas l'eau. Dans un verre, ça va, dans un ruisseau, à la rigueur, mais là, c'est trop, beaucoup trop. Il ne sais pas nager. Il regarde avec nervosité les flots en dessous de lui, craignant que son vol ne cesse en un brusque plongeon. Mais dieu que la vitesse le grise. Et l'air si pur, chargé d'iode. Il regarde de nouveau droit devant lui la ligne d'horizon... De l'eau, de l'eau, de l'eau, TERRE! Il fonce droit vers une ville, peut être trois fois plus vaste que Dahram, à l'architecture rappelant Kendra Kar, en un peu plus exotique. un grand port aussi, mais tellement moins sombre. Et il fonce droit sur les quais, sur une fine silhouette en plein milieu qui le fixe. Que fait-elle là? Bonne question. Il veut l'éviter, il ne peut pas, et la percute de plein fouet.

La douleur est fulgurante, il est stoppé net. Elle n'a pas bougé, comme si un mur invisible l'avait protégé. Elle est blonde, son regard est sombre, dur, magnifique, terrifiant. Ses cheveux flottent dans le vent venant du large. L'impact le projette dans la mer, qui le rejette violemment contre les dures pierres blanches des quais . Elle est en haut, le surplombant d'un regard implacable. Les flots l'envoient se cogner contre la pierre. Il parvient, malgré le choc, à glisser ses doigt dans une mince anfractuosité. Il commence l'ascension sur cette surface rendue glissante par la mer, en résistant tant bien que mal à la puissance des flots qui voulant le ramener à eux. Il souffre, il a froid, il a peur. Il arrive en haut, passe un bras au dessus du quai, passe sa tête. En face de lui, ses pieds à elle. Elle le regarde, esquisse un sourire à vous glacer le sang et lui casse le nez d'un puissant coup de pied en riant. Un immonde craquement retentit. Il tombe de nouveau dans l'océan, en boit plusieurs grandes gorgées salées qui lui brûle la gorge. Il la recrache comme il peut. Il bat des pieds frénétiquement pour ne pas sombrer. Les vagues l'envoient comme un fétu de paille contre le quai sur lequel il se brise les côtes et les épaules. Il coule, puis parvient une fois de plus à sortir la tête de l'eau. Il regarde cette femme, apeuré. Elle dégage une aura curieuse, à la fois éblouissante de clarté tout en étant noire comme la houille. Il voudrait l'égorger, chasser le sourire de ce visage à grand coup de gourdin dans les dents. Un éclaire jaillit dans ses yeux et lui les brûle ? Il ne voit plus rien, mais sent le cochon grillé. Il sent qu'il sombre. Son nez se remplit d'eau, il respire malgré tout, par réflexe, remplissant ses poumons d'eau salé. Sa poitrine est en feu, il essaye de hurler mais n'y parvient pas. Il panique, il s'agite, ses mouvements se fond erratiques, lourds, lents. Il va bientôt nourrir les poissons, il le sais. D'ailleurs il sent déjà quelque chose lui déchirer l'abdomen. Mais il n'a pas mal, il s'en fout à vrai dire, qu'importe maintenant... Ses pensées se font lentes, on dit que l'on voit défiler sa vie à ce moment là, c'est une connerie. Il ne voit plus qu'une chose, ce regard plus froid que le fond des abysses, qui s'atténue petit à petit...

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Dernière édition par Maltar le Ven 18 Mar 2011 04:36, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 7 Mar 2011 02:53 
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Il se réveilla brusquement, le souffle court, un goût âcre et salé dans la gorge, le nez irrité. Il avait froid et très chaud en même temps, tremblait comme une feuille, son corps ruisselait de sueur alors qu'il se redressait sur son tabouret, un filet de bave reliant sa bouche au livre sur lequel il s'était endormi. Il ferma les yeux une seconde. De nouveau, ce regard noir viola ses pensées et lui vrilla le cerveau. Il rouvrit grand ses paupières et se mit debout sur la pierre froide. "Respires, respires" se dit il à lui-même en tournant en rond dans l'atelier comme un fauve en cage. "Respires". Les humains appellent ça un cauchemar. Lui qui ne rêve d'habitude que de confort, de vice et de bectance comprenait maintenant mieux pourquoi les peaux roses les craignaient tant. Il est des découvertes dont on se passe fort bien.
Plus il marchait, plus il se sentait oppressé entre ces murs. Ses muscles étaient tendus, il respirait mal, réfléchissait en proportion. Il lui fallait de l'air, frais, de l'espace, vite. Cap sur la porte.


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 28 Mar 2011 22:39 
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Maltar ne perdit pas de temps dehors, et retourna dés qu'il fût sûr de ne pas être suivi chez le vieux, où il s'allongea sur sa paillasse, la mandoline posée à ses cotés. Il dormit d'un sommeil sans rêve.

La journée qui suivit n'eut rien de bien extraordinaire, il reprit sa petite routine comme si de rien n'était et ne parla pas au vieux gobelin de son escapade nocturne ou de son étrange cauchemar. Celui-ci remarqua bien cette mandoline soudain apparue dans sa salle de travail, mais il n'en dit mots.

La nuit suivante, le cauchemar revint comme une charge de cavalerie lourde piétiner sa cervelle, puis le lendemain, et le surlendemain. Toujours ce même rêve qui revenait le hanter en boucle, le même trajet, les mêmes acteurs, et la même fin, désagréable. La fatigue le gagnait, petit à petit, et à moins de s’anesthésier le corps et l'esprit à grand renfort d'alcool et de décoctions diverses concoctées à partir des stocks de la maison, il ne parvenait à dormir. Le remède était presque pire que le mal, et pesait de tout son poids sur son état: il était devenu une vrai boule de nerfs et d'instinct, plus irascible que jamais. Ses tics ressortaient, ses yeux rougissaient. Et tous les soirs, cette même peur de les fermer, le poussant toujours à charger encore un peu plus encore la mule, empirant encore un peu plus son état. Il finit par en toucher deux mots à l'ancien, qui rit d'abord beaucoup du malheur de son élève avant d'aller chercher dans son fourbi une carte du monde qu'il déroula sur une table.

Bien, dans s'réve t'va par là, là, là pour finir là, dit il en pointant respectivement plusieurs points sur le planisphère, donc t'va aller là, là, là et là. T'es un jeune gobelin, et la jeunesse, s'fait pour voyager. Prend ça comme un appel des ancêtres. Quoi qu'ce soit, si s'rève s'répète, y a une raison, à toi d'la trouver, et d'faire en sorte qu'ça cesse... Sinon t'peux aussi t'pendre ou t'jeter dans l'grand large, ça réglera aussi ton problème...

Il roula la carte et la jeta d'un geste négligent à l'autre bout de la pièce en ajoutant.

Et prend s't'instrument, il montra la mandoline, avec toi. Cela pourrait s'avérer utile, ne s'rait'ce que pour allumer le feu


Le lendemain, à l'aube, son baluchon sur le dos et son (Maltar le considérait comme sien depuis le premier soir) instrument en bandoulière, Maltar prit la route, et quitta la demeure de l'ancien sans un regard en arrière.

suite

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mer 29 Aoû 2012 23:41 
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Les enfants de Goont avaient pour habitude de rentrer très tard. Aussi, l'ex-magicien ne s'était pas fait prier en rentrant chez lui. Il était encore tôt, environ cinq heures de l'après-midi, lorsqu'il s'était enfermé dans sa chambre pour profiter de son "encens". Il déchanta bien vite lorsqu'en ouvrant l'urne, il ne vit aucune herbe psychotrope que sa fille avait pour habitude de lui offrir. Un peu déçu, il alluma tout de même une bougie et ferma ses volets en laissant sa fenêtre entrouverte.

*Tant pis pour l'opium, se dit-il. Je profiterais bien assez de cet encens là avec un bon bouquin.*

Beaucoup de gens allumaient généralement de l'encens pour vénérer un dieu, tout simplement pour en apprécier l'odeur ou bien pour en camoufler une autre. Tôhko, elle, fabriquait de nombreux encens possédant différentes vertus. Certaines étaient capables de détendre, d'autres pouvaient exciter sexuellement certaines personnes, et il y en avait même encore, qui étaient capables d'alimenter les souvenirs provenant de quelques rêves lorsqu'on les allumait en dormant.
Ici, Goont ne savait rien de tout ça. Sa fille avait simplement dit que "cela le détendrait et le mettrait en condition". Venant d'une autre personne, il n'aurait pas pris ces mots à la légère. Mais c'était son enfant, alors il pouvait bien se contenter de respirer la fumée si spéciale qu'elle savait fabriquer.
La flamme de la bougie avait commencé à brûler la poudre sans encombres, mais la fumée semblait anormalement épaisse. Elle rappelait à Goont la fumée de quelques tabacs qu'il avait l'habitude de déguster, mais elle était presque palpable. N'en prenant pas vraiment plus compte que cela, il plaça l'encensoir sur le coin de sa table (un meuble bien médiocre d'une auberge bien médiocre) qui faisait office de bureau. Il s'y installa ensuite avec un vieux grimoire dans lequel il avait pris quelques notes sur certains de ses projets de création de sorts. Il avait très peu de livres compte tenu de son exil, mais ils restaient un de ses rares plaisirs, alimentant sa nostalgie du moment où il savait encore manipuler la magie.

Après dix petites minutes de lecture, il sentit quelques petits picotements dans les yeux. Mais ce n'était pas de la fatigue. La fumée de l'encensoir lui agressait les sens... Il ne pouvait expliquer pourquoi. Ses yeux lui piquaient, sa langue sentait un goût amer, son nez lui donnait presque envie d'éternuer... Mais le plus étrange, c'était que ses deux autres sens en étaient altérés. Il ne s'en rendit seulement compte que lorsqu'il vit que la fumée n'avait pas envahi la pièce, ni ne s'était échappée par la fenêtre: elle s'était dirigée tout bonnement vers lui.
Quand il en prit conscience, il avait remarqué enfin qu'un bruit persistait. Il ne savait comment l'expliquer. Il ne lui fallut pas bien longtemps avant de comprendre qu'il s'agissait bel et bien de la combustion de la poudre. Comme si elle crépitait dans son oreille.

*Bon sang ! Qu'est-ce qu'elle m'a donné?* Rumina-t-il à travers quelques toux grasses.

La panique commençait à la prendre la gorge. Par réflexe, il avait commencé à agiter sa main pour écarter les odeurs de son visage. Mais c'est là, enfin, qu'il se rendit compte que son dernier sens (celui du toucher) était lui aussi altéré. Ce n'était plus de la fumée lorsqu'il la touchait. C'était presque de la poussière. Juste quelque chose d'encore plus fin et d'encore plus léger. En frottant son index sur son pouce, il sentit bien une matière granuleuse glisser sur ses pores.
C'était de la magie, sans aucun doute. Mais lui-même ne pouvait pas l'expliquer. C'était un phénomène qu'il n'avait jamais vu ni étudié jusqu'ici. Hivann avait beaucoup d'ennemis, cela pouvait tout à fait être l’œuvre d'un sorcier qui lui en aurait voulu pour son usage de la corruption. Il devait bien y avoir des personnes capables de piocher dans les réserves de Tôhko pour y mettre quelques effets magiques.

Se levant d'un coup, Hivann s'apprêta à jeter le contenu de l'encensoir par la fenêtre. Mais il fit l'erreur d'en ouvrir le couvercle avant de la déplacer.
A cet instant, toute la poussière sembla jaillir de l'urne d'argent pour agripper le visage de l'ancien mage. Mais il sentit autre chose au-delà de l'étrange effet de cet encens sur ses sens: la poussière semblait s'infiltrer dans les fentes qu'il y avait entre la peau de son front et la Pierre d'Oubli qu'il arborait en son centre. Le mal fut immédiatement insupportable. Le pauvre Ynorien avait l'impression de subir de nouveau sa trépanation, mais qu'au lieu d'introduire la pierre dans son crâne, elle était poussée de l'intérieur vers l'extérieur. Fou de douleur, il renversa tout ce qui était à sa proximité alors qu'il se tenait le front en pleurant. Il atteint vite son seuil de tolérance. Dans un effondrement, toute la poussière du sol se souleva, sans que Goont n'aie eu le temps de la voir retomber.

Le mage se réveilla lorsque la lumière du soleil avait filtré à travers les volets. Manifestement, ses enfants ne s'étaient pas posé la question de son absence ou de son enfermement dans sa chambre. Mais il y avait plus étrange. Car en ouvrant les yeux, il avait bien cru voir flotter une boule de poussière. En se redressant, elle s'était écrasée sur le sol pour redevenir la fumée qu'il avait respirée la veille. Mais pourtant, alors qu'il l'avait à peine discernée, il était bel et bien persuadé qu'elle était plus épaisse encore. La lumière n'était pas passée à travers elle.
Il ferma la fenêtre, par laquelle passait les bruits de tous les badauds traînant dans les rues. Puis, dans le silence, il regarda l'encensoir sur la table. Il avait presque peur d'en revoir le contenu. Fatalement, il ne put que s'en rapprocher.
L'encensoir était encore tout à fait plein. Mais la poudre avait pris une consistance différente. Plus épaisse, presque terreuse. En y plongeant le doigt, Hivann sentit clairement qu'il y avait quelque chose de changé dans sa matière. Mais lorsqu'il sentit cette même matière passer dans son propre corps qu'il comprit enfin ce qui lui arrivait.

C'était une sensation qu'il redécouvrait, car la Pierre d'Oubli l'avait effacée de sa mémoire. Les fluides de la terre coulaient de nouveau dans ses veines, et manipuler cela de nouveau, comme quelqu'un découvrant la magie, cela lui faisait terriblement mal. Il était partagé entre le bonheur de savoir qu'il n'était plus limité, mais aussi la crainte de devoir tout recommencer depuis le début. Il savait qu'il avait déjà été surpuissant, mais il avait oublié ce que cela procurait.
Il ne pouvait expliquer si c'était la colère, l'excitation, ou tout simplement l'instinct qui lui fit exercer ce pouvoir, mais la poussière s'était élevée du sol. Et il ne s'agissait plus simplement d'une crasse épaisse flottant dans l'air. Elle s'était durcie. Goont sentait le fluide dans son corps comme s'il partageait la matière de la chose qui se créait en face de lui. Une spirale de fumée, puis de poussière. Puis un cône de sable, puis de terre sèche. Et enfin, un véritable stalactite de pierre. Il lui avait fallu trois longues minutes pour créer son œuvre, mais elle était bien là. En manipulant la roche, il regarda l'encensoir d'argent et vit un point rouge briller sur son métal. C'était le reflet de sa Pierre d'Oubli, qui éclatait d'une lumière magique. Il comprit instantanément que c'était ainsi qu'elle réagissait à ses fluides.
Goont était de nouveau un mage de terre.

*Tôhko... Tu es bien ma fille jusqu'au bout...*

C'était une expérience douloureuse, mais elle avait su redonner un sens à la vie du mage. Il avait été exceptionnel à une époque, et il avait enfin l'occasion de le devenir de nouveau. Et surtout, il était heureux de savoir que ses enfants étaient suffisamment talentueux pour réussir à le surprendre encore à son âge. Tôhko avait créé cet encens dans le but de soigner son père et de détruire le pouvoir de la Pierre d'Oubli. C'était une chose qui devenait d'un coup bien évidente. Simplement, il n'aurait jamais pensé qu'elle, simple alchimiste et commerçante d'herbes à fumer aurait pu créer une chose capable d'une telle prouesse. Capable de contrer la magie Ynorienne supérieure. C'était en quoi Hivann ne cessait de se dire que la famille Goont était exceptionnelle jusqu'au bout.
S'il n'avait été Ynorien, il se serait permis de pleurer.

Mais il ne put se conforter plus longtemps dans la redécouverte de ses propres fluides. Quelqu'un tambourina à la porte de sa chambre, ce qui le bloqua dans sa concentration et transforma la stalactite de pierre en une vague fumée qui s'évanouit immédiatement dans l'air.

"J'arrive!" répondit Ser Goont, en se dépêchant de refermer l'encensoir pour le nouer à sa ceinture.

Après des coups bien insistants sur sa porte, Hivann ouvrit la porte à un homme aussi chauve que lui, mais plus grand, plus musclé, et porteur de bien plus de cicatrices. Plutôt que de garder l'épée dans son fourreau, l'énergumène faisait tapoter le côté non-tranchant de la lame sur son épaule. A un moment, le mage pensa avoir affaire à un ennemi, mais ce dernier se mit à sourire, affichant de longues dents écartées et majoritairement pourries.

"Ch'uis un des gars d'vôt' fille! Suivez moi don'!"

L'Ynorien s'exécuta. De sa chambre à la sortie de l'auberge, il eut l'occasion de voir deux autres personnes commencer à les suivre. Sa protection. Pendant un instant, il se sentit presque comme à l'époque où il vivait en Ynorie. Mais avec des soldats moins bien entretenus.
Il fallait tout de même espérer que cette protection ne serait pas trop mise à l'épreuve, de chez lui jusqu'au QG où l'on allait certainement l'emmener...

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 3 Sep 2012 19:54 
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Hivann était rentré chez lui dans le silence, avec sa fille et les mercenaires qu'elle avait engagés. Même elle n'osait pas décrocher un mot, tant la rencontre entre le Grand Lamin et le mage d'Ynorie s'était mal passée. Au fond, elle se doutait bien que son père ne serait jamais du genre à se plier. Même dans sa situation. Mais elle espérait tout de même qu'il puisse faire une exception. Au moins pour elle et ses frères et sœurs.
Il était tout juste midi: la rencontre avait duré moins longtemps que ce qu'il avait paru au mage de terre. Ils s'installèrent donc à une table de l'auberge et commandèrent tous un ragoût infâme que le service avait l'habitude de proposer. Les mercenaires prirent tous une chope de bière, tandis qu'Hivann et Tôhko préféraient se cantonner à l'eau, tant l'alcool était d'une qualité qu'ils ne pouvaient supporter.

D'ordinaire, pour tout le monde, l'heure du petit déjeuner, du déjeuner et du dîner sont des moments d'échanges. Ce sont les instants où les membres d'une famille (ou bien les amis, n'importe quel groupe) se réunissent, partagent les pensées, les projets, racontent leurs aventures de la journée. Ici, l'ambiance était aussi froide et pesante que le plat qu'on venait de leur servir.
C'est après dix longues minutes que Tôhko décida de briser le silence. Bien qu'elle aurait espéré que ses frères et sœurs soient là pour la soutenir dans son entreprise quelque peu risquée.

"Le Grand Lamin manque de courtoisie, mais jusqu'ici, il n'a jamais manqué à ses engagements envers moi."

Hivann ne décrocha pas son regard de son assiette. Cela dit, il y avait déjà un moment qu'il n'avait repris le sourire qu'il avait l'habitude d'afficher en permanence. Même les mercenaires, plus nombreux et qui savaient ce qu'il en était des pouvoirs "disparus" de Goont, n'étaient pas rassurés par son manque loquacité. Il grommela après une bouchée sur laquelle il afficha un air dégoûté et jeta la cuillère sur le table. Il regarda ensuite tour à tour les mercenaires. Le grand chauve n'avait pas l'air bien malin, mais il avait une carrure qui imposait le respect. Et toutes ses cicatrices laissaient à penser qu'il devait être un excellent combattant. Le voleur inconnu n'avait jamais ouvert la bouche mais n'avait jamais pris d'initiatives qui n'auraient pas convenu au mage ou à sa fille. Quant à Wjran, il avait une maturité qui lui plaisait. Et le fait qu'il ait confié si facilement ce qui était arrivé à ses enfants donnait à Goont l'espoir qu'il y ait une confiance mutuelle entre eux.
Il éleva la voix alors, sans répondre à Tôhko.

"Combien le Grand Lamin vous paie-t-il pour me protéger et m'assister?"

"Il ne nous paie pas, nous nous contentons d'aider la résistance." répondit le grand chauve édenté.

"Votre fille, en revanche, nous paie cinq-cent yus chacun. Le temps que vous finissiez ce que Lamin a demandé."

Cinq-cent... C'était bien moins que ce que l'on promettait à Hivann pour cette mission, même si c'était une forte somme pour un mercenaire. Le mage ne pouvait s'empêcher de penser que cela serait dangereux pour lui et qu'ils demanderaient un fort pourcentage lorsqu'ils en auraient l'occasion. Pour contrer cela, ce n'était pas sorcier: il fallait être plus généreux encore. Seulement, s'ils étaient loyaux, cela serait un gros problème.

"Et quelles sont vos convictions vis à vis de la résistance?"

"Vous vous aventurez sur un terrain dangereux, Ser. J'ai beau ne pas apprécier Lamin, je ne compte pas abandonner la résistance pour autant."

"Le Grand Lamin n'est pas la résistance. Il n'en représente qu'une petite partie. Chaque homme ici pourrait bien en être."

"Ce n'est que de la curiosité, Karl. Il ne faut pas le prendre tout ce qu'il dit sérieusement!" clama Tôhko, en tentant de rattraper le coup.

Un silence passa. Personne n'était dupe. Toutefois, ils savaient tous qu'entamer des hostilités ne mènerait à rien ici. Seul le colosse chauve devait se sentir exclu, puisqu'il continuait de manger son ragoût sans écouter les autres. Karl Wjran, lui, ne quittait pas Goont des yeux, qui semblait être tout à fait déterminé. Et ce dernier reprit la parole, sans vraiment chercher à en savoir plus sur leurs convictions. Manifestement, ils étaient assez intelligents pour comprendre que soutenir la résistance ne les rattachait pas forcément au nouvel ennemi du mage. Autrement, ils auraient pu agir de manière déjà bien plus hostile.

"Contre la totalité de vos services, je vous donnerais ma part. Deux mille cinq cents yus pour chacun d'entre vous."

Ser Goont semblait conclure le marché, sans imaginer un seul instant qu'on puisse refuser son offre. Et il était vrai que cela faisait tellement d'argent que n'importe quel homme sensé aurait accepté. Mais Wjran était plus intelligent que cela. Ses deux compagnons devaient sans doute le savoir aussi, car ils ne tentaient même pas de s'imposer par leurs propres choix. Le chauve mangeait alors que le voleur observait les deux interlocuteurs. Tôhko, quant à elle, n'eut même pas le courage de se manifester. Même si elle était déçue par le comportement de son père, qui sacrifiait le quart de l'argent qu'elle avait réussi à accumuler pour lui.

"C'est un prix généreux, c'est vrai. Je ne connais pas beaucoup de personnes -aussi riches soient-elles- capables de dépenser autant de yus pour des mercenaires. Mais qu'est-ce qui vous fait dire que nous allons de suite accepter? Nous vous escorterons: nous pourrions aussi bien décider vous tuer et prendre la totalité de l'or que vous aurez avec vous. D'autant plus que si notre chef reste en vie, nous continuerons de suivre la résistance. Et nous gagnerons de l'argent par nous-même. Par la même occasion."

"Je ne compte pas démanteler la résistance, Sire Wjran. Ce que je veux, c'est donner une leçon au Grand Lamin. Et à tout Dahràm par la même occasion. Vous ne quitterez pas la résistance en faisant ce que je vous demande de faire. Je veux que vous mettiez ma volonté bien avant celle de votre employeur. Je veux que tous sachent que personne n'a le droit de jouer avec un Goont. Qu'il s'agisse de moi, de Tôhko, de tous les enfants que j'ai avec moi, ou même de mon fils qui est en Ynorie. A ce moment là, croyez-moi, nous pourrons clairement parler de comment organiser la résistance. Mais là, en sachant qu'il y a cet homme qui se moque de ma famille... En sachant qu'il pourrait bien être capable de jouer avec la vie de ma fille... Non, je ne compte pas aller plus loin que cette auberge. Cela dépend de vous, désormais."

"Vous n'avez pas le choix, Ser Goont."

"Non, Sire Wjran. C'est vous qui n'avez pas le choix. Vous avez besoin de moi pour créer cette diversion, et vous avez aussi besoin de moi pour savoir comment utiliser ces explosifs. Car vous n'aurez pas de "premier essai". Dès que l'un d'entre eux explosera, les troupes d'Oaxaca réagiront à l'instant."

Un silence se fit. Il y avait un point sur lequel Goont n'avait aucune garantie: c'était bien qu'il reste en vie au moment où il devrait s'exiler. Comme l'avait dit Karl, ces mercenaires pouvaient très bien décider de tous les tuer pour récupérer leur or, une fois que ce travail serait fait. Cette possibilité n'était pas à écarter, mais elle n'était pas encore immédiate. Le mage de terre avait encore un peu de temps pour y penser. Toutefois, il sentait malgré tout quelque chose qui lui donnait la conviction que ces hommes-là le laisseraient en vie. Après tout, tuer Hivann et ses enfants reviendrait à annuler toutes les transactions faites par Tôhko.
Wjran réfléchissait. Il n'était sûr de rien quant à la sincérité de son interlocuteur, mais il se rendait bien compte qu'il marquait de nombreux points. Cette réflexion fut coupée par l'intervention de la jeune femme qui demanda à voir son père en privé.

Un étage plus haut, les deux Goont s'isolaient dans la chambre où Hivann avait justement récupéré un semblant de ses fluides. Mais ils ne s'étaient pas écartés pour qu'il puisse recevoir un autre cadeau. L'alchimiste prit un air très en colère et éleva la voix, sans même vraiment prendre en compte le fait que les mercenaires, plus bas, pouvaient éventuellement l'entendre.

"Est-ce que tu es malade? Je fais tout pour t'écarter de cette ville! Tu aurais pu tout aussi bien obéir et te taire! Et toi, tu décides de te faire des ennemis! C'est complètement inconscient de ta part!"

"Je ne t'ai pas remerciée pour l'encens que tu as créé, Tôhko. Il m'a ouvert de nombreuses portes qui me semblaient closes à jamais. Et il m'a fait de nouveau réaliser que je n'étais plus l'homme faible qu'on m'avait contraint à devenir. Je n'ai plus à me plier devant qui que ce soit désormais. Et tu n'as pas à le faire non plus. Tu es une Goont. Et les Goont ne se soumettent jamais. Tu as décidé d'aider la résistance? Soit. Cela n'inclue pas que tu doives devenir leur servante. S'ils se permettent de mal me traiter, ils n'hésiteront pas à faire la même chose avec toi. J'aurais beau quitter cet endroit... Si tu restes, tu finiras mal. Alors si je dois partir, il faut qu'on me craigne, et qu'on sache que personne ne doit s'aviser de te faire du mal. A toi, comme à tes frères et sœurs."

"Tu deviens paranoïaque, papa! Ils ne me feront pas de mal! J'ai été la première à les aider."

"J'ai passé ces dernières années dans ce milieu et tu le sais. Je ne suis pas paranoïaque, Tôhko. Je te prédis que si l'on ne s'occupe pas de ce problème maintenant, quelqu'un de notre famille va être victime de persécutions."

"Tu n'en sais rien!"

Hivann n'avait toujours pas repris son sourire. D'un air encore dramatiquement sérieux, il fixa sa fille et la pointa sévèrement du doigt.

"Sois gentille, Tôhko. Ferme-la, et laisse faire ton père. Je ne le répèterai pas."

La jeune femme recula jusqu'à se coller contre la porte d'entrée. Elle ne reconnaissait pas son père, même si elle ne cessait pas de l'aimer pour autant. Pendant un moment, elle avait même cru qu'elle serait soufflée violemment. Mais bien entendu, cela ne se passa pas. Goont n'avait jamais frappé ses enfants, et il ne commencerait pas maintenant. Puis elle acquiesça d'un hochement de tête, et Hivann reprit enfin le sourire qui lui faisait tant défaut depuis le rendez vous avec le Grand Lamin.
Il s'apprêta à ouvrir la porte, mais il s'arrêta immédiatement pour chuchoter quelque chose à l'oreille de Tôhko. Une chose à laquelle personne ne se serait attendu.

"Maintenant, je vais avoir besoin de toi jusqu'au bout, ma fille. Parce qu'en décidant que j'aiderai ton sale petit rongeur à emmerder Oaxaca, tu as omis le fait que j'aie déjà perdu beaucoup de choses. Y compris mon savoir de la pyrotechnie."

Leurs regards se croisèrent. Il ne perdit pas son sourire, mais elle, en revanche, semblait complètement anéantie.

"C'est exact, ma fille. Je n'ai absolument aucune idée de ce que je vais bien pouvoir faire. Alors ce soir, tu vas devoir m'apprendre tout ça très très vite."

La belle Ynorienne était restée dans la chambre, se laissant glisser sur le mur pour s'allonger sur le sol quand Hivann retourna voir les mercenaires. Durant sa rencontre avec le Grand Lamin, il avait immédiatement compris que s'il ne se rendait pas unique, il allait perdre toute chance de partir de Dahràm et même de rester en vie. C'est pourquoi il prétendait jusqu'au bout qu'il avait ces connaissances. Ce mensonge n'avait même pas paru improbable pour sa propre fille: il avait donc toutes ses chances de manipuler les mercenaires autour de lui, avec ce petit secret.

"Nous avons bien réfléchi, dit Wjran en accueillant le mage. Nous acceptons votre offre."

Hivann élargit encore plus son sourire qui devint presque communicatif: les mercenaires sourirent aussi en prenant un air satisfait. Ensemble, ils recommencèrent à manger (ce qui ne plaisait pas vraiment à l'Ynorien, mais soit) et furent un peu plus loquaces. Ils parlèrent tous un peu d'eux, de quelques anecdotes, et se permirent même de casser un peu de sucre sur le dos du Grand Lamin. Tôhko, quant à elle, finit par les rejoindre seulement vingt bonnes minutes plus tard.
Deux heures passèrent, tant la discussion allait bon train. Et quelqu'un en particulier entra dans l'auberge. Le comportement général ne fut pas celui des badauds présents dans la taverne du Gros Néral, lorsque la créatrice d'encens était venue. Mais il y eut tout de même un peu de mouvement. Il s'agissait de Taé. Cela faisait au moins deux semaines qu'elle n'était pas revenue à Dahràm. Et cela se voyait, puisqu'elle était arrivée avec un porteur et trois lourdes valises. En tout cas, elle n'alla embrasser ni son père, ni sa sœur. Ces deux-là restèrent à leur table tandis qu'elle se tenait debout devant eux.

"Taé! Cela faisait si longtemps que tu n'étais pas revenue! Pourquoi toutes ces valises? Tu restes cette fois-ci?"

"Ce sont mes costumes et accessoires. Je reste pour un moment, oui. Je n'avais plus d'argent et nulle part où aller après Kendra Kâr."

"C'est bien que tu sois là, parce que justement, nous parlions avec ta sœur de déménager à Mertar pour un moment. Tôhko nous a trouvé un petit nid de meilleur qualité et moins cher..."

"Moins cher, hein... Je ne suis pas étonnée."

Un ange passa. Même les mercenaires ne savaient pas quelle place prendre dans cette conversation. Mais cet ange-là fut vite décapité par Taé, qui renchérit immédiatement.

"Tu connais un certain Lenny?"

En entendant ce nom, Goont sentit son sang ne faire qu'un tour. Ce qu'il avait prédit il y avait de cela quelques heures était en train de se produire. Sans même savoir ce qui était arrivé, il sentit une violente colère bouillonner en lui. Il eut énormément de peine à se retenir quand il répondit:

"Et bien oui, je crois voir de qui il s'agit... Que s'est-il passé?"

"Je mangeais avec mon porteur à l'auberge des voyageurs. Je ne savais pas vraiment où aller... Il est arrivé et a commencé à me parler."

Elle marqua une pause. Mais pas vraiment volontaire cette fois-ci. Ce n'était pas parce qu'elle ne voulait pas parler à son père. A ce moment là, c'était bien par gêne. Le porteur s'avança pour prendre part à la conversation, mais Goont l'arrêta d'un signe de la main avant de demander à sa fille de continuer, sans quitter son sourire.

"Il a dit... qu'il n'imaginait pas qu'une des filles de Goont pouvait être une fille de joie... Puis... Il a dit que j'avais de la crème au coin des lèvres... Et qu'il en rajouterait un peu."

Un silence bien plus pesant se fit. Le grand chauve aux cicatrices avait cependant commencé à sourire, mais le coup de pied discret que le voleur lui infligea le stoppa net. Tôhko et Wjran avaient posé leurs yeux sur Goont. L'Ynorienne, un regard horrifié. Le mercenaire, un air approbateur, comme attendant des ordres. Mais Hivann ne fit rien. Il se leva doucement, s'approcha de Taé et posa ses deux mains rassurantes sur ses épaules.

"Écoute... J'ai travaillé au port avec lui, il fut un temps. Il est bête comme ses pieds, et il a un humour plus que vaseux, mais il ne t'aurait pas fait de mal. Ça va aller. Je vais aller lui parler et il te fera ses excuses."

La jeune fille fit un hochement de tête, manifestement mal à l'aise. Aussi bien par rapport à cette mésaventure que vis à vis des mains dont elle était actuellement prisonnière. Goont farfouilla ensuite dans sa petite sacoche et lui remit la clé de sa chambre, qu'il gardait jusqu'à son retour.

"Va te reposer, la rassura-t-il. Ce voyage a dû être épuisant."

La jeune fille s'en alla immédiatement dans sa chambre, suivie par son porteur qui laissa ses valises à l'entrée. En deux minutes chrono, elle avait fermé sa porte à clé, la séparant définitivement de son père, de sa sœur et des trois guerriers. Goont n'attendit pas plus longtemps pour allumer son encensoir avec la bougie qui se trouvait sur la table qu'ils avaient partagée. Il se dirigea ensuite vers la sortie, suivi mécaniquement par ses trois compagnons et même sa fille.

"On va à l'auberge des voyageurs. Je compte sur vous pour me garder en vie. Mais par dessus tout... qu'aucun d'entre vous ne s'avise de toucher à Lenny. Il est à moi."

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Suite de l'auberge des voyageurs

Le groupe était rentré au "domicile" des Goont en silence. Et il n'y avait pas que Tôhko qui était prise d'un profond malaise en voyant le sang dans lequel trempait son père. Ce dernier ressentait lui aussi un mal étrange. Ce n'était pas le sens de l'acte en lui-même: Lenny méritait bien ce qui lui était arrivé. C'était le fait d'avoir agi par en personne. Autrefois, le pouvoir qu'il possédait l'écartait de ce genre de situation. Mais maintenant qu'il avait eu l'occasion d'agir de ses propres mains, Hivann avait une certaine satisfaction. Il se rendait compte en fait que si auparavant, il avait été un excellent mage... Ses capacités n'avaient jamais eu l'occasion de servir à quelque chose de concret. Ses connaissances, oui, avaient permis d'autoriser des sorts ou de superviser quelques assauts contre les orcs. Au moins, on ne lui avait pas pris son sens de la stratégie. Mais la puissance de ses fluides était presque toujours restée en lui. Seulement à utiliser pour un "au cas où".
L'agression de Lenny lui avait enfin permis de les libérer. Certes, ce n'était qu'une puissance infime. Mais il avait expulsé ses fluides pour la première fois depuis plusieurs années. Ce n'était pas un mal qu'il ressentait en fait. C'était une étrange satisfaction. Aussi, s'il avait gardé un visage grave de son départ de l'auberge jusqu'après le tabassage du jeune homme, il avait pris de nouveau un grand sourire lorsqu'il réalisa que désormais, il était libre d'utiliser ses fluides comme bon lui semblait. Peu importe les rangs qui lui faisaient défaut: il trouverait bien assez d'argent pour s'occuper de ses enfants d'une autre manière. Et il était encore futile de chercher maintenant à faire la course au pouvoir quand il avait l'occasion de redécouvrir tous ses pouvoirs. Quitte à offrir un quotidien important à ses enfants, il pouvait le faire en faisant usage de la Terre!
Mais bien entendu, il ne fallait pas faire trop de projets aventureux maintenant. Il avait une priorité pour l'instant qui consistait à fuir Darhàm et mettre sa famille en sécurité. Et encore, il lui fallait en finir avec le groupe du Grand Lamin. Il lui restait simplement à apprendre comment utiliser ces explosifs. Tôhko lui apprendrait. Et peut-être même qu'en apprenant les bases, il allait se remémorer le reste. De la même manière dont il avait réussi à apprendre seul comment créer une stalactite à partir de son encens.

"Restez bien aux alentours de l'auberge s'il vous plait. Quand il fera nuit, je veux qu'il y ait toujours au moins l'un de vous debout pour faire le garde."

Les mercenaires hochèrent de la tête, et les deux Goont entrèrent dans l'auberge. Ils s'enfermèrent très vite dans la chambre du père de famille afin de discuter des prochains évènements. Le mage n'avait pas rangé l'endroit depuis l'épisode de l'encens magique. Il prit alors un petit moment pour ramasser la bougie, le livre, ainsi que la table et le tabouret qui étaient éparpillés sur le sol. Cependant, il n'y avait pas du tout de poussière ou d'encens malgré la violence de ce sort.
En ayant reposé le livre sur la table, il s'y était installé pour consulter quelques uns de ses notes. Il se souvenait bien y avoir noté quelques projets concernant les fusées de feu, mais il n'était pas vraiment sûr d'avoir eu le temps d'étudier la chose assez précisément pour réussir à exploiter ne serait-ce qu'un des explosifs. Il profita aussi de ce moment pour être multitâche et frotter les petites projections de sang sur sa robe avec l'éponge qui lui servait à sa toilette matinale.
Après dix petites minutes, Hivann tomba sur un vieux schéma un peu effacé. L'encre avait toutefois suffisamment tenu pour laisser une explication relativement claire de la constitution d'une fusée de feu. Ce n'était pas si sorcier, mais manipuler la chose était dangereuse.

"Tu as trouvé quelque chose? demanda Tôhko. Laisse moi jeter un œil."

Elle se pencha sur le plan et commença à réfléchir en pointant successivement quelques points précis du doigt. Après quelques petits marmonnements, elle pensa à voix haute.

"On sait qu'il y a quatre types de feux d'artifices. Les petits, les moyens, les grands, et les artifices du maître. Dans cet ordre, ils sont plus ou moins dangereux. On devrait en recevoir des grands et ceux du maître, ça me paraît logique. Les moyens pourraient encore être exploitables, mais les petits ne serviront à rien. Cela dit, la structure doit être la même."

Tôhko n'avait toujours pas quitté son paquetage depuis la rencontre avec le Grand Lamin. C'était sans aucun doute un réflexe de marchand que de toujours garder ses affaires sur soit. Ainsi, elle laissa tomber son sac pour farfouiller longuement (encore une fois) à l'intérieur. Elle en sortit un petit tube d'une vingtaine de centimètres de long et de cinq de diamètre. Une tige en sortait et à son sommet, il y avait comme un chapeau conique, sans aucun doute pour augmenter l'effet de propulsion dans l'air.
La vendeuse sortit ensuite de son sac deux longues pipes qu'elle bourra d'un tabac rouge sang. Quand elle craqua une allumette, Hivann prit peur, mais bien entendu, sa fille le rassura à l'instant.

"Ne t'inquiète pas! Je ne vais allumer que les pipes. C'est ma première de la journée. Je ne tenais plus."

Elle lui tendit la seconde pipe qu'elle avait allumée, et le mage la prit bien volontiers. Il prit une grosse bouffée du tabac qui circula bien vite dans ses poumons et à travers ses narines. Son palais goûtait une saveur fruitée, légèrement acidulée, et il avait l'impression recracher la fumée d'un bouillon qui aurait impliqué des pommes, du vin et de baies de Kimflier. Si bien que la faim qu'Hivann ressentait, ayant sauté le déjeuner ignoble, s'était estompée immédiatement.

"Des baies de Kimflier... Très bonne idée, ma fille. Je n'ai même pas soif en fumant ce tabac! J'espère que tu m'en auras laissé dans cette maison en Mertar!"

Tôhko lui sourit, assez fière de ce qu'elle créait. Puis elle sortit finalement un couteau de son paquetage. Se penchant de nouveau, elle posa sa pipe sur un coin de la table et commença à découper la fusée de feu dans le sens de la longueur. Il y avait une forte quantité de poudre noire à l'intérieur, mais aussi d'autres poudres colorées en spirale. Sur la zone colorée, il y avait aussi cinq petits tubes qui faisaient le tour de la tête de la fusée. Hivann comprit assez vite que c'était ainsi que la poudre s'échappait pour créer une spirale d'un feu multicolore dans le ciel.
A la base, la tige rentrait par le cul de la fusée en un point pour se diviser en plusieurs petits fils.

"Tu vois la tige ici? Elle prend plusieurs branche pour accélérer la combustion et projeter encore plus vite le feu d'artifice. Le fait est qu'on recherche une explosion, et pas une projection."

La jeune femme prit une autre bouffée de son tabac et montra cette fois-ci l'intérieur de la tête de la fusée en dégageant le chapeau avec sa lame. Une important quantité de poudre noir s'en dégagea et dévoila une plaque de fer à la base.

"Tu vois ici? Il y a plus de poudre, mais de manière encore plus concentrée. Et surtout, tu remarqueras qu'elle est d'avantage isolée. C'est de cette manière que les feux d'artifices créent des traînées de couleur pour exploser dans les airs. Mais je ne vois pas comment faire pour faire sauter la tête en priorité..."

"Il n'y a pas besoin. On peut faire sauter la base si on arrive à isoler le cul de la fusée assez bien. L'explosion sera colorée, mais toute aussi efficace."

"En fait, l'isolation est importante, mais tu remarqueras qu'il y a beaucoup moins de poudre sur dans le tube par rapport à la tête."

"L'un n'empêche pas l'autre je crois. Il y aura une première explosion, plus faible. Et la seconde devrait suivre successivement, avec plus de violence. Je crois qu'en partant du principe que l'on cherche à faire exploser ces feux d'artifices plutôt que de les "utiliser", la chose ne devrait pas être trop compliquée."

Sur cette conclusion, Goont prit une petite pincée de la poudre colorée et en fit une petite traînée de dix centimètres environ sur un coin propre de la table. Il emprunta ensuite une allumette, la craqua et enflamma la poudre qui brûla en à peine trois secondes. Elle ne laissa derrière elle qu'une petite trace noire sur le bois, apparemment indélébile.

"Cette poudre brûle aussi bien à l'extérieur de la fusée. Ce sera grandement utile. On pourra déclencher les explosions à distance avec ça... Bien que je ne sache toujours pas ce qu'ils veulent qu'on attaque."

"Les instruments de torture devant le Temps de Thimoros."

"Un sacré projet, je ne peux que l'avouer." Admit Hivann après un petit moment de silence approbateur.

Trois heures passèrent pendant lesquelles ils discutèrent plus précisément du plan. L'isolation de la base des fusées posait problème, car ils ne pouvaient pas trafiquer leur structure aussi vite. Il était aussi très compliqué de voir comment créer une plaque similaire à celle sur la tête pour isoler la base de la même manière. Surtout qu'ils n'avaient toujours pas pu voir les artifices en question.
Après toute cette réflexion, ils convinrent finalement qu'il ne s'agissait pas tant de causer de gros dégâts aux troupes d'Oaxaca, mais de créer un attentat symbolique, qui fasse réagir les résistants. L'explosion devait donc être bruyante et capable d'alerter un maximum de personnes aux environ. Il ne fallait donc pas une explosion brève, mais bel et bien les propriétés du feu d'artifice.
Les instruments de torture étaient surélevés, sur de grandes estrades de bois. Et ils étaient aussi tous constitués d'éléments de cette matière là. Tôhko et Hivann décidèrent donc que les feux pourraient être utilisés à la verticale, sous les estrades. En fixant bien l'explosif, la projection des étincelles en masse provoquerait un incendie, et l'explosion finale détruirait les pieds et ferait s'effondrer les objets de mort.
Du moins, c'était une éventualité.

Il était six heures du soir quand du mouvement se fit entendre dans l'auberge. Un des mercenaires (le voleur) avait même frappé très vite à la porte de Goont.

"Vos enfants!" criait l'homme encapuchonné.

Il n'eut même pas le temps de renchérir que Goont poussa violemment la porte avant de dévaler les escaliers. En quelques secondes, il se retrouvait face à une jeune fille aux allures de garçon. Elle portait une tenue bien sale et avait encore un peu de crasse sur son front. C'était Sujima, sa plus jeune fille. A ses côté se trouvait Lùthian, une énorme bosse déformant son visage. Il n'avait rien de cassé et encore toutes ses dents, mais il était suffisamment amoché pour être inconscient.

"Que s'est-il passé? Enfin!"

"Des résistants! sanglotait Sujima. On était en train de rentrer à la maison quand ils nous ont attaqués! Lùthian a essayé de s'en occuper, mais ils étaient beaucoup trop nombreux... Ils... Ils savaient qu'on s'appelait Goont!"

"C'est pas tout, coupa le grand mercenaire chauve de manière inattendue. En tapant vot' fils, ils ont répété un truc. "D'la part du Grand Lamin" qu'y disaient!

Taé avait elle aussi commencé à accourir dans le hall de l'auberge. Mais cette fois-ci, Goont ne fit aucunement l'effort de cacher ce qu'il ressentait. C'en était trop désormais. On lui avait déjà manqué de respect à lui, puis à sa fille. Et maintenant, on s'en prenait physiquement à son fils.

"Faites allonger votre frère, qu'il se repose. Tôhko, je te charge de t'occuper de lui."

Les filles s'exécutèrent à l'instant. Mais au moment où l'aînée s'apprêtait à rejoindre ses sœurs, son père l'attrapa par la manche. Il plongea un regard empli de colère dans les yeux de l'alchimiste.

"Tu les prépares. On part dans la nuit."

Elle hocha la tête, les larmes aux yeux, et s'en alla immédiatement. A ce moment là, Goont passa la porte de l'auberge et s'adressa à ses trois compagnons. Il avait déjà une idée très claire de ce qu'il allait faire ce soir.

"Où sont cachés les feux d'artifices? Et combien y en a-t-il?"

"Chez Shurdriira, quat' caisses de cinq fusées. Et des grosses!" répondit le grand chauve.

"Vous savez où se trouve la base du groupe résistant du Grand Lamin?"

"Une zone dans les égoûts, fit Karl. Elle est assez éloignée de celle de la résistance en elle-même, si c'est votre question principale. Et ils n'y vont que tard dans la nuit, vers quatre heures.

"Très bien... Très bien... Nous allons agir ce soir et très vite. On a donc dix heures pour faire tout ça. Ce n'est pas insurmontable. Je sais que la résistance veut détruire les estrades devant le Temple de Thimoros. C'est bien ce que nous allons faire, mais nous garderons une caisse pour nous et pour faire plus grand encore. On va faire d'une pierre deux coups en faisant chuter Oaxaca, mais aussi le gang du Grand Lamin. Vous aurez bien assez l'occasion de vous partager la fortune de son groupe en faisant ce que je vous demande de faire."

Il y eut une petite pause. Les trois mercenaires se regardèrent longuement, apparemment incertains. Et Wjran décida finalement pour eux. Tour à tour, il fixa d'abord le voleur, pour le grand guerrier en hochant de la tête:

"Lür, Porick, cet homme ne nous a pas seulement montré ce qu'était le respect et le pouvoir. Il a défendu, et défend toujours sa famille jusqu'au bout. J'aurais aimé avoir sa force lorsque mes enfants m'ont été pris. Je ne vais pas vous forcer, et vous le savez déjà, ce sera une mission extrêmement risquée. Mais de mon côté, j'accepte de lui obéir, peu importe la bourse que l'on m'offrira à la fin."

Goont fut très étonné. Il savait qu'il avait réussi à mettre ces hommes de son côté, mais jamais il n'aurait pensé que c'était par éthique que l'un d'entre eux se rangeait avec lui, maintenant. Les deux autres hommes sourirent, puis ils répondirent.

Très bien, j'accepte.

"Aussi!"

Goont regarda ses trois compagnons, fier de savoir qu'ils lui obéiraient après autant de temps sans avoir d'hommes à son service. Et surtout, il était content de savoir qu'avec eux, il aurait l'occasion de venger ses enfants.

"Voilà le plan..."

_________________
Multi de Ziresh et Jôs.

Ser Hivann Goont, Archer-Mage niveau 10.


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 29 Nov 2012 18:59 
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L'astre solaire commençait à s'éveiller dans le ciel grisâtre; la cime des montagnes s'illuminaient à peine sous ses rayons de faible intensité. Les jambes du jeune homme s'enfonçait involontairement dans la neige. La poudreuse rentrait sans peine sous les vêtements d'Ulram; elle s'agglutina autour de ses bottes de peau. Une certaine moiteur envahit ses chaussettes troués. Avec cette humidité à l'intérieur des bottes de fortune, le froid mordit fortement les doigts de pied de l'humain. Malgré, ses pieds à moitié gelés, Ulram continua la descente vers la vallée.

Blotti entre ses bras, la petite Taïga ne faisait pas grand bruit. Elle s'amusait à mordre profondément les avants-bras du phalange de Fenris. Les fines gouttes de sang, sortant de sa peau, se transformèrent immédiatement en glaçons à la couleur pourpre. Le pelage blanchâtre du louveteau ne frissonnait pas au contact du froid; normal pour une louve des montagnes.

Ulram claqua sur son museau pour calmer son instinct sauvage. Ces pieds lui faisait assez mal comme ça;alors il ne fallait pas que les dents de sa compagne de voyage lui fasse de nouvelles douleurs. Tout d'un coup, le jeune homme glissa sur une plaque verglaçante. Son corps dévala telle une luge le long de la pente enneigée. Sa chute se finit en rouler-bouler sur un chemin caillouteux. Son corps tomba inanimé sur les cailloux du sentier montagneux.

Des heures plus tard, Ulram se réveilla sur un lit de plume où des puces n'avaient pas dues faire leurs nids depuis bien longtemps. Une douleur lui enflamma le crâne; de longues bandelettes blanches entouraient toute sa tête. (Qu'est-ce que j'ai mal! Mais, où suis-je?) Il jeta divers regards dans toute la petite pièce; c'était la première fois qu'il voyait des murs en pierres et une porte en bois. Il avait impression d'étouffer dans cet environnement fermé. Ulram se leva péniblement de la pailliase; il enfila lentement ses affaires. Des cris aigus, provenant d'une de ses bottes fourrées, retentirent dans la chambrée. C'était la petite louve qui avait trouvé refuge à l'intérieur de la chaussure.

« Qu'est-ce que tu fais là? Sors de là! » chuchota-t-il en tapotant sa botte. Taïga bondit de celle-ci. Elle sauta sur le lit de fortune pour y faire du grabuge. Ulram prit la direction de la porte; la boule de poil lui emboîta le pas. Franchissant le seuil de la porte, les deux compères descendirent un escalier en colimaçon. Il aboutissait sûrement à la pièce principale de la maison. Une trentaine de marches après, Ulram et sa louve arrivèrent dans un salon moyennement décoré de bibelots en tous genres. Au fond de la pièce, une cheminée dominait le peu de meubles du salon. Une chaleur bienfaisante se dégageait de ses quelques braises rougissantes.

« Enfin, tu es réveillé! »
« Qui va là? »

Une forme se décolla de la pénombre. Elle se dirigea vers le jeune homme et le petit animal. Un être de forte corpulence avec des jambes aussi courtes que l'épée d'Ulram se présenta à sa vue. (Ouah, c'est quoi ça...?) Ulram sursauta sur place lorsqu'il vit la personne de petite taille.


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 29 Nov 2012 19:11 
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« Euh! Bonjour... qui vous êtes? Et surtout, qu'est-ce que vous êtes? »
« Mon garçon, je vois que tu t'es rétabli de ta chute! C'est bien... Dans le coin, on m'appelle souvent le poivrot; mais pour toi, ça sera juste Zoltan. Je suis un thorkin; j'imagine que c'est la première fois que tu dois en voir un. C'est quoi ton nom? »

(Un thorkin, eh ben! On voit de tous chez les sédentaires...) Le jeune phalange de Fenris n'avait jamais un nain de sa vie. Logique, après tout, sa tribu n'avait jamais eu de contact avec d'autres races.

« Je m'appelle Ulram, c'est tout ce que vous avez à savoir de moi! Où je me trouve?»
« J'ai bien compris. Mon petit Ulram, tu te trouves à Darham, la ville de tous les crimes » raconta-t-il en rigolant dans sa barbe.
« Par Fenris, je ne suis pas Henebar. Argh! Quelle merde... »
« Oh, c'est sûr!Je pourrais peut-être aider. Cependant, il faudra que tu me rends un service. C'est comme ça que ça fonctionne par ici. »
« Si vous pouvez m'aider à rejoindre Henebar, pourquoi pas! »
« Demain soir, il faudra que tu emmènes ce paquet vers la colonie naine de Truglon à un dénommé Demetor. Je te conseille de ne pas l'ouvrir aux risques d'avoir des problèmes. C'est tout ce que j'ai à te dire. Entre temps, je t'offre le gîte et le couvert! »

Avec ses mains boudinés, il donna une carte de Darham et de ses environs avec une croix rouge qui désignait sans aucun doute la colonie. Le nain retourna s'asseoir et ralluma sa pipe au coin de la cheminée. Ulram comprit à peu près ce qu'il devait faire. Le fenrisois fixa le gros colis et se demandait ce qu'il pouvait avoir dedans. Il tendit les bras vers le paquet. Son action fut arrêtée par le saut de Taïga sur ses bras.

Le jeune homme alla s'asseoir dans le deuxième fauteuil usagé; des bouts de ressorts plus ou moins dissimulés dans les recoins du coussin piquaient le bas de son dos. Le nain se leva pour insuffler une nouvelle vie aux braises à moitiés éteintes. Une belle flamme d'un bon mètre se dégagea du tas de cendres. Enfin, Ulram put se réchauffer convenablement tout son corps frigorifié par sa trépidante cavalcade dans les montagnes de Nirtim.

Une idée germa à l'intérieur du cerveau de l'humain; il décida d'aller faire un tour dehors. Il voulait voir à quoi ressembler la vie d'un sédentaire dans une ville. Se levant tranquillement, Ulram mit son louveteau dans son sac et prit la direction de la porte.


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 25 Juil 2013 19:18 
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Un petit changement de plan...

L’odeur de la ville agressait les narines de Therion, bien que les effluves soient moins pénétrantes que celles d’Omyre, peut-être parce que compensées par les vents marins. L’odeur du large plaisait au Liykor, elle évoquait pour lui l’après-territoire, les lieux par delà les marais, les montagnes, les plaines, les lieux où ceux de sa race, à sa connaissance, vivaient et mourraient. Parfois il lui était arrivé de courir jusqu’au rivage, là où l’eau se mêle à la terre pour créer un paysage d’une beauté menaçante, des nappes scintillantes, des îlots herbeux, quelques rares dunes. Mais l’endroit était mauvais pour la chasse, n’y évoluaient que des nuées de volatiles qui pour être attrapés demandaient de se mouiller ; le sel et le sable nécessitaient d’apporter des soins supplémentaires à la fourrure de terrien du Liykor, si bien qu’il avait bien vite abandonné la domination de cet espace à des mâles trop faibles pour espérer conquérir des territoires de chasses plus accueillants et giboyeux.

Pourtant, il avait aimé l’odeur du large, sans jamais éprouver le besoin de prendre la mer. La retrouver à Dahràm éveillait chez lui des sensations agréables. Cependant, l’heure n’était pas à s’abandonner aux souvenirs des chasses fructueuses, mais à se concentrer sur les nouvelles proies. Et également sur celui qui ouvrait la voie aux prédateurs. Therion lui trouvait l’attitude d’un rongeur effrayé, à toujours se retourner, à jeter des coups d’œil derrière son épaule, à trembler au moindre bruit de chat effrayé qui détale dans une ruelle. Dans le même temps, sa connaissance des humains et de leur comportement se limitait à bien peu de choses : un rapide combat ou une débandade face à une embuscade de colosses lupins surgis des ombres. Aussi prit-il le parti de ne rien dire à personne : le Garzok commandait, il devait savoir ce qu’il faisait, et si ce n’était pas le cas, il prendrait très mal qu’un Liykor, une race « inférieure », vienne lui dire quoi faire. Therion en avait appris assez long sur les Garzoks pour être à peu près certain de ça.

La nyctalopie du Liykor lui permettait de confirmer les impressions que sa truffe lui avait communiqué de prime abord. Façades lépreuses, toits fuyants, mal entretenus et battus par les tempêtes, des ruelles servant de caniveaux, des rigoles pleines d’ordures qui attendent le prochain orage pour être évacués par la furie des eaux, des déchets humanoïdes le nez dans le caniveau, morts, ivres ou trop pauvres pour s’assurer un toit, la faune urbaine clandestine, charognards, proies et chasseurs confondus. Et par-dessus cela, pas même un vernis, ni même l’effort de voiler la misère sous un filet de salubrité : les entreprises des uns et des autres avaient du s’effondrer lorsque les troupes d’Omyre avaient pénétré dans la ville, et, à l’image des remparts, la décrépitude générale semblait gagner la ville. Dans ce marasme citadin, la population appliquait des règles simples de survie : se rencogner dans l’ombre, tourner la tête au moment opportun, baisser les yeux ou bien afficher que l’on n’a rien vu. Si des observateurs avaient remarqué le groupe en arme circulant dans la cité, les plus avisés s’empressèrent de l’oublier, les plus intéressés de rapporter l’information à qui la paierait bien ; de ce dernier point, les membres de la Compagnie du Serpent étaient bien conscient, la mission devait se faire vite, très vite, avait-on insisté lors de la réunion de planification…

Les derniers bruits signalant la présence du second groupe s’étaient évanouis depuis plusieurs minutes. Evoluer en territoire conquis réduisait considérablement la prise de risque, mais ne pas pouvoir compter sur la moitié du groupe en cas de pépin rendait Therion quelque peu sceptique quant à la tournure que prenait la mission.

(Les chasseurs se séparent parfois, mais les chasseurs communiquent toujours… Comment savoir si le gibier s’enfuit ? De quel côté ? Est-ce un mâle puissant ? Un vieux épuisé ? Une femelle et son petit ? Combien sont-ils ? … Ils comptent sur la chance… Et sur ce guide qui n’est pas de la meute… La chance… Le Père et la Mère ont donné aux Liykors la force, des membres puissants, des crocs et des griffes acérés, mais aussi la capacité de réfléchir… Le Père et la Mère n’ont pas donné la chance aux Liykors… La chance, c’est ce dont les proies ont besoin… La chance de ne pas se trouver sur le territoire de chasse du Liykor affamé… La chance de croiser le prédateur qui a déjà une proie dans la gueule… La chance est pour les faibles à l’esprit embrumé…)

« On est arrivé. Ils se cachent dans la maison juste devant, celle qui a une porte à moitié arrachée. Il n’y a pas d’autre entrée, les fenêtres ont été condamnées il y a longtemps, et le toit ne supporterait pas le poids d’un homme, même pas d’un gamin. »

Au loin retentit une série de cris étouffés par la distances et les bâtiments, qui mirent tous les soldats sur leur garde. Des regards assassins coulèrent vers le guide, qui leva les mains dans un geste qui se voulait apaisant, et s’empressa de se justifier.

« Ce n’est rien, probablement un règlement de compte entre bandes, mais il faut agir vite, sinon il se peut que les dissidents à l’intérieur se décident à bouger si ils l’ont entendu, craignant qu’on s’en soit pris aux leurs. »

« Ce sont peut-être les leurs… Ou les nôtres… »

« Non non, la seconde planque est plus éloignée, nous avons dû arriver les premiers. Aucune chance que ce soit vos camarades. »

(Il a la voix qui tremble… Un peu…La porte est trop petite, je ne passerai pas les épaules, et la pièce est encore trop petite pour ceux qui sont censés s’y trouver, plus nous, et nos armes, et se battre… Cela sent…)

Un mouvement brusque du guide qui s’apprêtait à filer dans une ruelle fit réagir Therion, juste à temps pour probablement lui sauver la vie. Un carreau d’arbalète, tiré des toits, se ficha dans sa cote de maille au niveau de l’épaule droite : la résistance du métal retint la pointe, qui ne pénétra qu’une partie des muscles épais du Liykor, ignora l’os et par chance ne sectionna aucune vaisseau sanguin d’importance. Le projectile n’était pas du modèle des armes de guerre, il n’aurait pas arrêté un humain dans sa course, et encore moins une montagne de chair et d’os comme un Liykor noir ; Therion acheva son mouvement avec moins de fluidité et de précision qu’il l’avait espéré. Au lieu de retenir par le col le guide, il ne put que le pousser en avant, le faisant trébucher ; ayant heurté au terme de sa chute un élément solide dissimulé par la boue de la ruelle, il gisait inanimé, neutralisé.

Dans la rue, la troupe se réorganisait pour donner l’assaut. Un Woran gisait, une bonne longueur de bois et d’acier dans le crâne. Un des Garzoks était touché à la cuisse et saignait abondamment, mais conservait assez de force pour lever son bouclier en guise de couverture. Le Garzok-chef, un des plus grands de la compagnie, équipé d’un glaive et d’une javeline, se recroquevillait derrière le Shaakt et le Woran survivant qui dressaient eux aussi des pavois entre leur corps et les projectiles. Un coup d’œil en arrière lui assura que Therion était en état de se battre : le Liykor venait de briser le fut du carreau un peu au dessus de la chair, et poussait un hurlement de mauvais augure. Ignorant la seconde salve qui venait ponctuer le temps de rechargement des armes, il s’élança dans une course vers la porte, suivi par ses compagnons d’armes qui beuglèrent avec lui, dans leurs dialectes respectifs, les premières paroles édifiantes venues à leurs esprits paniqués pour se donner du cœur au ventre. Le panneau de bois qui fermait la masure, déjà en passablement mauvais état, vola en éclats dans un craquement lugubre lorsque le Liykor arriva au terme de sa course.

La suite releva du massacre. Les cottes de maille donnèrent l’avantage aux soldats de la Compagnie du Serpent Noir face aux cinq humains qui n’avaient pas eu le temps de tendre leurs arbalètes, et n’avaient à opposer aux javelines et aux glaives que quelques armes blanches bonnes pour les bagarres de tavernes et de rues que pour venir à bout d’hommes de guerre entraînés et protégés par des maillons d’acier. Dans les deux camps le fer trouva sans peine la chair, et tous furent éclaboussés du sang des uns et des autres. Au final, aucun des assaillants ne resta sur le carreau, mais ils étaient salement amochés. Le Garozk-chef ordonna de briser les arbalètes, de trop mauvaise qualité pour que cela vaille le coup de les emporter, et de dépouiller les cadavres de leurs effets précieux et des dernières armes. Therion passa à sa ceinture un coutelas et deux couteaux dentelés de marin, et ressortit pour uriner contre un mur tandis que ses camarades évacuaient l’espace réduit, non sans avoir défiguré sommairement leurs adversaires tombés, histoire de laisser une sale impression à ceux qui les retrouveraient. Parmi les cadavres, aucun ne semblait être celui que le petit groupe était venu chercher. Alors qu’il rassemblait ses esprits, Therion remarqua une nouvelle odeur, toute fraîche, qui venait de se manifester ; les sphincters des morts s’étaient relâchés, la pisse et la merde empuantissaient l’atmosphère, mais dans la maison, quelqu’un venait de libérer sa vessie. Quelqu’un de bien caché, qui ne s’était pas manifesté au cours de la rapide boucherie.

« Chef… Y encore quelqu’un dans la baraque… »

« Pardon ? Y’a cinq putain d’cadavre, ça oui ! »

« Un vivant. Caché. Il vient de se pisser dessus. »

En effet, il restait un survivant. Soigneusement dissimulé sous un tas de couvertures crasseuses. Ils avaient gardé le guérisseur avec eux.

Le retour des chasseurs blessés

_________________
* * *




La faim chasse le loup du bois...


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mar 12 Nov 2013 12:39 
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La maison dans laquelle vivait Bou et sa sœur était située en plein cœur du quartier résidentiel de la ville. Elles tenaient une petite échoppe vendant tout un tas de produits pharmaceutiques à base de plantes. Torse nu, Sildarim serrait les dents tandis que Bou recousait sa blessure avec du fil et une aiguille. Malgré ses gestes doux et assurés, c'était très pénible.

Mais cesse de gigoter !! Je n'arriverai jamais à terminer si tu bouges autant.

Désolé… Vous vivez seules ici ?

Oui, autrefois cette maison appartenait à notre père, mais il a été tué il y a un an dans un raid conduits par des orcs. Maintenant il n'y a plus que Koa et moi.

Navré pour ton père. La vie n'est pas trop difficile pour deux femmes seules dans cette ville ?

Et bien, notre père était un riche marchand et à sa mort il ne nous a pas laissé démunies. C'est grâce à sa fortune que nous avons pu ouvrir cette boutique. Par contre nous avons dû apprendre à nous défendre, Dahram n'est pas une cité très sûre.

Pas franchement efficace votre entraînement, à en voir les circonstances de notre rencontre !

Durant un instant, les yeux de la jeune femme lancèrent des éclairs, puis quand elle vit le grand sourire du semi-elfe, elle comprit qu'il la taquinait et ses traits se radoucirent. C'est alors qu'il eut un sursaut et laissa échapper un cri de douleur, tandis qu'elle répondait d'un ton innocent:

Oups, j'ai légèrement touché le muscle. Ca a fait mal ?

Le semi-elfe pouffa, tentant d'éviter de trop bouger:

Je suppose que je l'ai mérité. Comment êtes-vous tombées aux mains de ces shaakts ?

Et bien, nous cherchions des herbes en forêt, et il est vrai que nous nous sommes aventurées plus loin que ce que nous avions l'habitude. Koa se trouvait à une dizaine de mètres de moi, quand l'un d'entre eux a surgi de nulle part et l'a attrapée. J'ai dégainé mon épée et couru dans sa direction pour l'aider, mais ils m'attendaient. Après cela, ils nous ont enchainées et on est parti en direction de Caix Imoros.

Vous ont-ils… violentées ?

Non ils n'ont pas porté la main sur nous. Je comprends quelques rudiments de leur langage et leur chef semblait penser qu'il pourrait tirer un meilleur prix de notre vente si nous arrivions à destination bien portante. Il semblait très content de "ses prises" pour reprendre ses mots…

Je suis désolé, l'esclavagisme est une abomination.

Le semi-elfe caressait machinalement sa marque, ce qui n'échappa pas à la jeune femme.

Tu as été esclave ?

Oui, mais je ne tiens pas à en parler.

La jeune femme respecta son silence et termina de le recoudre sans rien ajouter. Quand ce fut fait, le rodeur la remercia et se dirigea vers la porte, il avait des choses à faire en ville.

Sild... Merci de nous avoir sauvées Koa et moi.

C'était la première fois qu'elle l'appelait par son nom. Il hocha la tête et sortit.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Sam 12 Avr 2014 03:54 
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Aucune clochette n'annonça la venue du nouveau client, seul le grincement de la porte résonna. Vec' releva son chapeau, prenant connaissance des lieux. Visiblement il devait être le premier visiteur de la journée, peut-être même du mois.

-Charmant.


Précaire, la salle était minuscule et s'entassaient difficilement dans les coins pas plus de trois tables. Le comptoir orienté vers l'entrée occupait facilement le tiers de l'auberge, et aucun propriétaire ne donna signe de vie. La lumière traverserait difficilement les carreaux crasseux de deux fenêtre, à côté de le la porte. Le tout enveloppé d'un brouillard de poussière fit regretter à Vec' son choix. Amorçant un pas dans l'auberge, une odeur âcre désagréable vint combler le tout, agressant les narines plissées de l'encapé. Son appétit se tassa légèrement alors qu'il demandait, la manche sur le nez:

-Quelqu'un vie-t-il encore dans ce trou?


S'avançant jusqu'au comptoir, faisant tourbillonner la poussière dans son sillage, il se pencha par dessus et découvrit un escalier descendant dans le recoin.

-Oh! Appela Vectelion en observant une vaisselle visiblement inutilisée.

Il eut comme réponse un bruit de pas approchant, ne se sentant pas rassuré plus que cela. S'accoudant un instant, il se questionna sur l'utilité d'un lieu pareil, situé dans un tel arrondissement de Darhàm. Vec' entendit le tavernier engager l'escalier qui menait à la salle à manger. Il était clair que dans une cage à lapin pareil, l'encapé ne s'attirerait aucun ennui, fut-ce même si la milice toute entière le recherchait.

C'était sans compter la venue du propriétaire, qui se dévoila sur les dernières marches des escaliers...

-Qui va là? Lança le propriétaire, laissant apparaître des les dernières marches une tignasse blanche en bataille.

-Euh...

En voyant monter un homme de la quarantaine, Vectelion eut le souffle coupé par une impression de déjà vue. Des yeux verts clairs aux paupières lourdes, le visage frappé de cicatrices, l'individu affichait un air fatigué... une robe mauve tombait sur ses épaules, couverte de poussière et usée par le temps. L'encapé aurait vraiment dit qu'il sortait d'une semaine de cachots.

A cette image, Vectelion fit tilt et se bloqua. Son interlocuteur eut visiblement la même réaction, ne finissant même pas de monter les escaliers. Passant un livre qu'il tenait d'une main à l'autre, il pointa lentement son visiteur du doigts, le regard perçant.

-Nous nous connaissons, murmura-t-il d'une voix grave.

Ne remettant pas son nom, Vectelion savait au moins où il l'avait rencontré: dans les cachots de Darhàm, alors que le Capitaine Valtor le séquestrait. Il habitait la même cellule que lui et avait été condamné à mort s'il se rappelait bien. Réalisant que les Kor Sand'Hor n'avaient jamais eut vent de sa connaissance, Vec' porta la main à l'intérieur de son manteau, prêt à dégainer son surin. Après plusieurs semaines d'absence, il ne devait faire confiance en personne.
Aussitôt, le propriétaire leva les mains dans un signe de paix:

-Vous ne me remettez visiblement pas, calmez-vous.

-Vous étiez aux cachots il y a de cela trente-deux jours... vous étiez roué de coups par les gardes à mon départ.

L'homme leva les sourcils, impressionné:

-Quelle précision, et qu'avez-vous tant attendu pour pouvoir me rendre un tel compte aujourd'hui?

Vec' réfléchissait à toute vitesse. C'était la dernière personne au monde qu'il pensait revoir un jour. Et merde, comment s'appelait-il déjà?

-Ma liberté... tout comme vous, si je me souviens bien.

-Ah cette heure là je ne rêvait pas de liberté mais d'une mort rapide et douce, rétorqua l'autre sans ciller.

-Et qui vous a "malheureusement" arraché de ce rêve? Lança l'encapé, se laissant un temps de réflexion.

-Certainement mon témoignage dans le procès de Valtor, le capitaine de l'époque, Vous avez dû le croiser.

L'intérêt de Vectelion grandit un peu, il tendit l'oreille.

-J'ai été relaxé deux jours après votre départ des cachots, la veille de l'exécution de Valtor et d'une autre crapule liée à lui, lâcha l'homme sur un ton véridique

C'était donc vrai, Valtor avait réellement été exécuté. Ainsi que son frère Daguiero, la "crapule" dont parlait le propriétaire de l'Alambic Acide. Vectelion tenta de décrypter le visage de son interlocuteur, ne décelant aucune fausse parole. Après tout, cet homme ne lui avait jamais causé de tord, seulement porté compagnie durant son court arrêt aux cachots.
Son ancien compagnon de cellule prit un air amusé en voyant Vectelion aussi tendu:

-Vous décidez-vous à me donner une mort rapide Monsieur Vectelion?

Le coeur de Vec flancha devant son oeil malicieux: lui se souvenait de son nom. Il devait agir, prendre une décision. Serrant le pommeau de sa lame, il se voyait déjà bondir sur le comptoir et attraper le col de la robe mauve. C'était le moyen le plus sûr de garder son nom dans l'ombre...
Mais trop curieux, il éloigna les doigts de sa lame et fit comprendre au propriétaire qu'il n'en ferait rien. Ignorant toujours son prénom, il lâcha simplement:

-Mais qui êtes-vous réellement?

L'homme eut un sourire:

-Il est vrai que nous n'avons pas beaucoup parlé dans ce trou.

Finissant enfin de monter les marches, il joignit le comptoir face à son visiteur. Traçant un sillon dans la poussière, il se frotta les doigts contemplant les filament s'agiter dans un rayon de lumière:

-Je suis Laspher Forlegar, fit-il, levant le voile dans l'esprit de l'encapé. Dernier descendant du clan Forlegar...

Il reporta son attention sur Vec':

-... que vous ne connaissez certainement pas, je me trompe?

En effet, ce titre ne lui rappelait personne, encore moins le nom d'un clan. A Darhàm, s'il avait effectué bon nombre de besogne, il ne s'intéressait que très peu aux familles et autres associations.
Devant l'air interdit de l'encapé, il conclut prestement:

-Que puis-je pour vous?

-Euh...

Vectelion savait bizarrement d'avance qu'il ne trouverait ici aucun mets savoureux, aucune boisson rafraichissante. L'odeur ambiante en était déjà une preuve.

-Hé bien... commença-t-il moitié confus, j'imaginais me tenir dans une auberge. Mais votre clan ne semble pas être spécialisé dans les arts culinaires.

Jetant un regard à la porte d'entrée, Laspher cita le panneau qu'affichait son taudis:

-Ah, "Pour le choix des goûts". C'est accrocheur n'est-ce pas? Mais si vous êtes en quête de nourriture je ne pourrais vous satisfaire.

Il approcha sa tête et murmura l'air malin:

-A moins que vous ne vous suffisiez de cigüe, d'acide xénocide, d'arsenic et autres venins mortels...

Vec' tourna les yeux vers le livre à la reliure abîmée que tenait le Forlegar, l'air volontairement perplexe, attendant la suite:

-Le clan des Forlegar formait uniquement des alchimistes, expliqua l'homme.

L'odeur fétide trouva son explication, le rez-de-chaussez déserté aussi. Et puis...

-L'Alambic Acide, je n'ai pas besoin d'en savoir plus, constata-t-il.

-Hé oui, fit Laspher dans un sourire qui étira les cicatrices de son visage.

-Mais que faisiez-vous donc dans les cachots de Darhàm?

Et surtout en quoi était-il inquiété dans la condamnation de Valtor?

-Une broutille, répondit l'alchimiste d'un geste impatient de la main. Aujourd'hui j'ai gagné ma liberté, c'est tout ce qui importe. Vous devez ressentir le même sentiment si je ne m'abuse?

Vectelion ne répondit pas. Devant cette réaction, Laspher pouffa de rire.

-Laissez-moi donc mettre mes talents à votre service, Monsieur Vectelion. Vous savez, nous retrouver ainsi alors que la mort nous pendaient au cou est quelque chose d'incroyable. Et à en voir votre allure ainsi que vos réflexes (il observa l'endroit du manteau qui cachait le surin), vous n'êtes certainement pas un voyageur...

-J'imagine, Répondit Vec', incertain.

-Alors... laissez-moi vous inviter! Cet endroit n'est pas plus une auberge que je ne suis cuisinier, mais je peux tout de même vous offrir ce service: nous trinquerons à notre rencontre dans cette vie!

Et sans ajouter un mot, Laspher fit volte-face livre en main, incitant son invité à le suivre.
La confiance, l'ultime balance dans la tête de Vectelion qui oscillait encore. D'abord Ganéus, puis Vectelion, puis ce Laspher Forlegar... Vectelion hésita une seconde.
Mais comme l'avait si bien dit Alanaël à l'évocation de leur propre accord: "nous avons tous deux besoin d'une carte secrète." A la vue de l'Alambic Acide, Laspher avait tout d'une "carte secrète". Une carte bien à lui, car il fallait toujours couvrir ses arrières lors d'un pact, fut-ce avec Zewen lui-même.

Sans réfléchir plus, il emboîta le pas de l'alchimiste.

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