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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Sam 12 Juil 2014 21:00 
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Le cris de l’animal obtint l’effet désiré.
Celui visé devant N’Kpa lâcha son arme et plaqua ses mains sur ses oreilles, de douleur, un des assaillants de Nellia se jeta par la fenêtre. Le troisième se tordait de souffrance laissant à Nellia l’opportunité de réagir. Malheureusement cette dernière elle aussi subissait l’attaque auditive.

Le denier, celui qui c’était prit le coup de pied se redressa et tenta une attaque sournoise. Mais c’était sans compter sur l’instinct de la bête et sur son agilité. Le pied partit partit avec force, mais rencontra le vide.
Le lémurien venait de faire un bond sur le coté. Rapide, il sauta sur le dossier du fauteuil, bondit au cou, crocs et griffes en avant de l’infortuné, mais non moins acharné soldat.

Attaque : Prise à la gorge (voir sur la fiche de N’Kpa)

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Dim 13 Juil 2014 22:25 
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N'kpa : réussite
Milicien : réussite

N'kpa attaque le milicien à la gorge avec une telle vivacité qu'il ne réagit pas. L'étreinte dur un instant, alors qu'il se débat, il perd du sang, Mais finalement d'un coup rageur il frappe l'animal et le projette contre le mur. Le milicien est maintenant essoufflé, il se tient le cou. Nellia et les deux autres miliciens sont à terre toujours prostrés par le cri du lémurien.


N'kpa : -6pv

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mar 15 Juil 2014 07:13 
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L’animal s’agrippait au cou de sa victime. Ses crocs, dans sa rage, déchiraient les chairs de sa victime. L’animal goutait au fluide carmin et tiède avec une sorte de plaisir malsain qui réveillait les instincts félin de l'Humoran.
L’homme se débattait, quand soudain, il arracha la teigne qui s’agrippait à son cou et l’envoya dans les airs à la rencontre d'un mur.
Il porta la main à son cou en titubant, il respirait mal et perdait abondemment du sang.

N’Kpa groggy quelques instants se secoua et zieuta l’épée du premier assaillant par terre. Elle reprit forme humaine dans son plus simple apparat, bondit sur l’arme et s’en empara.
A ses pieds se tordait encore de douleur le propriétaire. Elle allait l’embrocher pour diminuer le nombre de bandits, mais retint son geste.
Tuer de sang froid n’était pas dans ses convictions. Elle frappa du plat de l’arme sur le coté du crâne, puis s'essuya d'un revers de bras sa bouche maculée de sang.
N'Kpa était méconnaissable, ses cheveux étaient en bataille, ses oreilles annonçaient clairement sa colère et ses yeux n'étaient plus que deux puits de haine.
Le fluide carmin avait coulé de sa bouche au cou jusque sur sa poitrine qui pointait fièrement sa jeunesse.
Elle se tourna vers le blessé qui se tenait le cou, arma son bras tenant l’épée, prête à lui lancer dessus s’il bougeait.
Grondant comme un fauve :

Rendez vous ou je termine le travail !

CC Lancer (voir fiche)

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 17 Juil 2014 19:20 
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L'homme jauge la guerrière et répond avec un ricanement gutturale et étouffé par le sang dans sa gorge.

Se rendre, c'est vous les meurtrières. Vous devez être jugé et vous ne sortirez pas de Darham. Les autres miliciens arrivent, la milice ne se rend pas devant le crime.

Il crache du sang, chancelle et tombe mort. L'autre est inconscient après ton cou d'épée et le dernier à disparu.
Très vite tu entends du bruits, d'autres soldat vont arrivés. Nellia reprend ses esprits doucement.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Sam 19 Juil 2014 00:19 
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Les quelques mots du milicien agonisant interpelèrent N’Kpa « … c’est vous les meurtrières… » Le reste de sa phrase passa presque sans intérêt. ((Pourquoi nous accuser de meurtrières?… ) La jeune femme ne comprenait pas. Naïvement, elle ne faisait pas la relation entre ce qu’il se passait dans de la ville ou les relations et l’image de l’ile maudite d’où elles arrivaient.
Le port de leur collier incrusté à leur cou était probablement un signe distinctif et pas des plus en vogue dans la mode mondaine Darhanaise.
Quoiqu’il en soit, l’homme s’effondra mort. N’Kpa sortit de sa réflexion aux sons des tumultes dans la rue. Elle tourna la tête vers Nellia, le dernier milicien avait disparu. Par où s’était-il enfui? Nellia sortait difficilement de sa torpeur.
La porte de la chambre était entrouverte. Une pensée fila en direction d’Asthurian, quel était son rôle là dedans?
D’après ce qu’elle pouvait avoir entendu, il n’était pas en accord avec le vilain nain qui lui avait rendu visite. Il risquait gros en les ayant hébergé, mais que pouvait-elle faire? Pouvait-elle lui faire confiance et comment pouvait-elle l’aider si ce n’était en quittant les lieux au plus vite?
Le temps jouait contre elles et Nellia n’était pas encore remise. Le choix était fait. (Décidément je déteste les villes... Sauf Cuilnen ! ... ) Son coeur frappait sa poitrine de stress.

Nellia bouge toi. Vite les autres arrivent, habilles toi ! il faut filer au plus vite si on veut s’en sortir !

Tout en s’écriant, elle laisse l’épée du milicien et enfilait déjà l’armure d’Amalya. Comme chaque fois, c’était un réel plaisir, vite fané par l’urgence de la situation. Cette armure détenait un secret qu'elle n'avait pas découvert. Ses jambes se moulèrent dans les bas et elle termina par les gants de soie. D’un geste d’expert elle noua ses longs cheveux en une queue de cheval, ajusta les deux sabres dans son dos.
Elle récupéra sa besace et son regard se posa sur la robe. Deux secondes d’hésitation suffirent. Elle s’en empara, la roula tant bien que mal et en fit un baluchon qu’elle jeta sur ses épaules.

On va filer par les toits... mais avant, je veux savoir si Asthurain va bien?

Pourquoi s’inquiétait-elle du dandy? … Elle ne savait pas…
Un regard vers Nellia et sans attendre, elle sauta vers la porte tendit l’oreille et jeta un oeil…

Etrangement, plus que de raison, la faim se mit à la tirailler. La nouvelle de la disparition de l'ile et l'image de la perte de son amant l'avait suffisamment troublé pour la priver du repas. Maintenant que l'adrénaline coulait à flot dans ses veines, son estomac criait famine...


HRP : Action : Si la voie est libre, elle file vers la chambre bureau d'Asthurian. Sinon, demi-tour et les toits…


Les geôles de la milice

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Dernière édition par N'Kpa Ithilglî le Ven 25 Juil 2014 18:32, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Dim 20 Juil 2014 00:08 
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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Sam 21 Fév 2015 16:58 
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Il ne me faut pas longtemps pour retrouver ma monture et survoler la cité vers l'Est. La pluie redouble d'intensité, et j'entends au loin les échos du tonnerre. Mais mon esprit est affuté. Je doute que l'ynorien me rende Dae'ron si j'en fais juste la demande. Ce serait trop beau. Toutefois, il me faut prendre ce risque. Si je m'étais précipité à Yarthiss alors que je devais consulter les archives, cela aurait pu très mal tourner. Je ne prête qu'une légère attention à l'eau qui ruisselle sur ma forme, imprégnant encore plus ma tenue. Au moins, cela a l'avantage de diluer le sang qui m'a éclaboussé.

Quand j'ai trouvé la propriété, la seule des environs comme ceci d'ailleurs, puisque les bâtisses les plus proches sont des taudis agglomérés à quelques mètres d'écart, j'en plisse les yeux. Ce n'est pas une résidence de pauvre, c'est certain. En plus de l'enceinte et du bâtiment principal sur deux niveaux, il y a comme une sorte de grange perpendiculairement à la construction. Un autre corps de bâtiment achève de fermer l'endroit. Mais il est lui de plain-pied et tout en longueur le long de l'enceinte. Le tout encadre une cour pavée mais boueuse où circulent quelques silhouettes, se hâtant à cause de la pluie. Le grand portail est fermé, signifiant que les visites ne sont sans doute pas attendues.

Là encore, j'incite mon oiseau à se poser sur le rebord d'une fenêtre du logis, à l'abri. Il me faut évaluer la situation. Si cela se trouve, le géant d'Ynorie traite mon congénère avec respect et... Et l'a tiré de sa situation miséreuse. Dae'ron profite peut-être d'un bon bol de soupe chaude pendant que je me glace dehors.

( ... À d'autres. )

Je ne parviens pas à me duper. L'optimisme n'est pas dans ma nature. Malgré la pluie, je vole à bonne distance du sol, observant des silhouettes s'activer dans cette grange. Un hennissement en échappe, m'apprenant la présence de chevaux dedans. Mais j'en fais fi, je ne suis pas là pour cela.

Je me laisse descendre au niveau de la porte d'entrée et tape du pied dessus à plusieurs reprises. Tout d'abord rien ne bouge, puis mes spirales entendent des pas lourds à l'intérieur. Quand la porte s'ouvre, elle donne sur un individu massif, au teint entre brun et vert. Il est presque assez grand pour que son casque frôle le haut de la porte. Une armure épaisse et en mailles couvre sa silhouette. Ses yeux noirs cherchent la source du bruit puis finissent par me voir. Un grondement lui échappe et je constate la présence d'un fourreau double à sa ceinture. Après un instant pour me détailler, l'immense garde crispe son visage à crocs. Il m'avertit que l'endroit est fermé aujourd'hui.

"Je dois voir le maître des lieux.", fais-je sans animosité.

Suspicieux, il me demande à quel sujet avec un accent tellement guttural que j'ai parfois du mal à discerner certains mots. Sans franchement mentir, je lui réponds avoir une affaire en suspend avec lui, mais la brute ne bouge pas de sa porte. Je tente d'autres approches, mais à part un tressaillement léger quand je mentionne un congénère, je ne parviens pas à tirer grand-chose de lui. Je suis dans une impasse et de plus en plus contrarié quand une autre voix fait partiellement se retourner le géant.

Dans le faible espace que ce dernier laisse, j'aperçois un jeune humain vêtu bizarrement. Il porte une sorte de robe plaquée contre lui, et maintenue par une ceinture assez épaisse. Pas le moindre bouton. À se demander comment ce bout de tissu le couvrant du cou aux chevilles fait pour ne pas glisser. Yeux sombres bridés, chevelure noire en queue-de-cheval haute, il me remarque et affiche un air surpris. Lui aussi m'indique que le cabinet de curiosité est fermé à cause du temps, chose qui me froisse encore un peu. En prime, on me fait attendre sous cette pluie pesante...

"Je suis à la recherche de quelqu'un qui me ressemble, arrivé ici il y a peu. Tu blâmeras Luovik pour le dérangement."

Le jeune humain ne parvient pas à masquer assez vite son expression. Ce que je lui dis lui fait d'abord écarquiller les yeux puis froncer le nez. Lui aussi se vexe que je le tutoie, et m'indique que, par politesse, je devrais me décoiffer. Je me fiche pertinemment de la bienséance, mais trempé pour trempé, j'ôte mon casque et lui colle la vision de ma balafre dans les dents. L'arrivant me scrute. Il semble observer ma tignasse blonde collant à cause de la pluie, mais arrivé à ma marque faciale, il affiche une expression de dégoût. Son attitude change immédiatement. Il hausse le ton pour dire que j'ai du me tromper d'adresse, m'assure qu'il n'y a aucun aldryde ici, et sur un signe me fait clore la porte au nez. Un bruit léger contre le panneau de bois me donne l'impression d'être observé.

Je replace mon casque, attends un instant devant cette porte, puis fais mine de partir. Je dépasse l'enceinte, en longe le côté extérieur puis reviens. Ce géant en robe et souliers de bois s'est vendu. Je n'ai jamais mentionné le nom de ma race, et son empressement à me faire partir n'en est que plus suspect. D'ailleurs, il n'a même pas semblé surpris de rencontrer quelqu'un comme moi. Quand je pense à la perplexité que j'ai fait naitre à Yarthiss, son absence de réaction ne fait que me rendre plus méfiant.

Mes ailes me portent autour de la maison, à la recherche d'un point d'entrée. Il y aurait bien le conduit de cheminée, mais la fumée qui en sort m'incite à ne pas tenter ma chance. J'examine les lieux une poignée de minutes avant de me décider. Le toit est percé de petites avancées aux volets clos, sauf une. Une lucarne donnant sur les combles. Prudemment, je me pose sur le fin rebord, avisant les quatre petits carreaux. L'intérieur est sombre, mais je ne décèle pas le moindre mouvement.

Un bref examen de la paroi à vitre, et je tente ma chance. Mes mains glissent sous le rebord de bois et tentent de le soulever. Un rictus me vient quand le coulissement vertical se fait sans bruit, me laissant l'espace de passer. J'en esquisse une grimace amusée. Quel géant aurait l'idée de bloquer une lucarne à cette hauteur ? Aucun, et c'est ma chance. Alors qu'un coup de tonnerre se fait entendre dans le lointain, je passe sous le battant dont je retiens la chute pour ne pas faire de bruit. Ce n'est pas parce qu'il ne semble y avoir personne que c'est forcément le cas.

( Mon aldron, va falloir faire preuve de discrétion. Et cette fois, c'est pour entrer dans les profondeurs d'un manoir... Si ce n'est pas ironique. )

Alors que j'ai passé plus d'une dizaine d'années à vouloir me faire la belle d'un lieu de vie humain, me voici à faire l'inverse quelques mois plus tard.

( Concentre-toi. )




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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Sam 21 Fév 2015 23:16 
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Vivement, j'observe les lieux. La lucarne m'a fait déboucher sur ce que je pense être un petit dortoir. Je discerne un lit, un meuble avec une bougie éteinte mais pas de porte. En levant le nez, je comprends que la pièce fait presque la totalité de la surface sous les combles. Cette chambre n'est séparée de la suivante que par des paravents rigides. Alors que je donne un coup d'aile pour voler par-dessus, j'entends une toux sur ma gauche. Un coup de tonnerre masque l'impact quand je me pose sur l'une des séparations. Deux géants se trouvent dans la chambre voisine. L'un est allongé, l'autre essore et place un linge mouillé sur son front.

Bien, je n'ai pas été vu. Je sens toutefois ma poitrine protester et prudemment, je m'éloigne un peu. Si je prends trop d'altitude, l'alité risque de me voir, et je n'ai pas de temps à perdre. Vivement, je cherche un point d'accès et trouve un escalier de bois, pas très large, qui semble descendre.

( Je dois être dans le quartier des domestiques. Aucune chance que Dae'ron s'y trouve. )

Prudemment, je m'approche des marches et sens mon liquide de vie ne faire qu'un tour. Une silhouette de grande taille est en train de monter. Tête baissée, la créature ne m'a pas encore vu. Faisant volte-face, j'avise l'un des lieux de repos et plonge le long d'un paravent. Un genou à terre contre le pied de lit, je retiens mon souffle. Certes, je pourrais utiliser mon pouvoir des ombres pour me camoufler, mais si je dois à un moment ou à un autre affronter par exemple le garde de l'entrée, mieux vaut éviter de le solliciter maintenant.

J'attends, écoutant l'écho se répandre sur le plancher de bois. Le domestique garde les yeux baissés et ne se redresse que pour aller rejoindre les deux autres. À voix à peine audible, je comprends que l'arrivant demande des nouvelles. Aucun intérêt pour moi. J'avise les escaliers encore une fois et mon nez se fronce. La configuration des lieux m'est inconnue. Il me faut procéder avec prudence. Le plus simple est encore de faire un tour rapide à l'étage puis de descendre ensuite. Le mâle brun est peut-être traité comme je l'ai été. Un animal mis dans une cage plus grande, pour divertir son geôlier. Mais il peut très bien aussi être utilisé comme une décoration vivante sur une épaule.

( N'y pense pas. Reste concentré. )

Rien dans les voix insupportables des géants ne me donne la moindre indication. Pas le choix, je dois me débrouiller sans. Le raclement d'une autre chaise m'indique que l'intrus ne compte pas bouger de là. Sortant de ma cachette, je m'accole au paravent, jetant un regard par-derrière. Mon instinct me donne le départ, et je décolle en un mouvement vif vers les premières marches. Coeur battant, spirales aux aguets, je parcours l'accès jusqu'à sa moitié et m'abrite derrière l'un des piliers de la rampe.

De là, j'ai un visuel sur un couloir à ma droite, une sorte de petit salon avec quelques fauteuils bas et une table en face, sur lequel donnent plusieurs portes, et un autre escalier plus large et descendant sur ma gauche. Est-ce de me retrouver dans un lieu puant la richesse ou l'humain voire simplement le bruit de la pluie, je l'ignore, mais je ne suis vraiment pas à l'aise. Non, il y a aussi le fait que ma tenue me colle désagréablement et que les lieux ne sont pas spécialement bien éclairés. Il y a tout juste une ou deux lanternes au niveau des accès.

Regard vers les combles puis le couloir. Aucune présence notable. Si je dois me cacher rapidement, je devrais avoir la place de me glisser sous un des sièges. Prudemment, je laisse mes ailes me faire descendre jusqu'au pied de l'accès. Le couloir donne sur une unique porte avec une serrure massive. Des ombres nombreuses se trouvent dans le corridor, pouvant me donner une cachette au cas où. Coup d’œil par-dessus mon épaule, écoute qui ne révèle que de vagues échos et le son humide, puis je vole jusqu'à la porte.

Il faut quelques instants à mon regard rivé au trou de la serrure pour s'habituer à la pénombre de l'autre côté du battant. Ce n'est pas une pièce, c'est encore un escalier, mais ce dernier est fait en pierres contrairement au deux autres. Un accès de service peut-être ? Pour que les maitres des lieux ne croisent pas la route des domestiques ? Possible. Les grandes gens sont capables de toutes les fantaisies pour ne jamais faire comme tout le monde.

Alors que je me retourne, le grincement de l'escalier de gauche s'élève. Serrant les dents, je pousse mes ailes à me faire longer le mur puis plonge résolument sous l'un des sièges. Là encore, je m'efforce d'en placer le pied entre moi et le champ de vision de l'arrivant. Une lueur accompagne ses pas, et j'ai juste le temps d'apercevoir sa trogne avant que sa démarche ne le cache à ma vue. C'est l'ynorien qui m'a fait fermer la porte au nez.

Sans un son, je regarde ses pieds porteur d'étranges chausses en bois. Ce ne sont pas des sabots, trop ouverts pour cela. Encore une facétie de géant, sans doute. Les jambes avancent à mon niveau et s'arrêtent subitement devant moi. Coïncidence ? Par précaution, je plonge lentement la main dans ma manche, attrapant mon arme. Sans quitter ces formes du regard, j'y place un projectile. S'il m'a repéré, je dois être prêt à tenter de le faire taire rapidement.

De longues secondes s'écoulent, tout comme l'eau de ma tignasse entre mes ailes. Finalement, après avoir arrangé quelque chose sur la table, l'arrivant se dirige vers l'une des pièces jouxtant l'endroit. Il en fait jouer l'ouverture et la porte est poussée vers l'intérieur. J'y discerne vaguement du mobilier style chambre lorsque son éclairage s'approche de quelque chose. Mon regard se plisse et je manque de sursauter lorsque les marches menant aux combles grincent à leur tour. Immobile, je sais que le deuxième géant ne peut pas m'avoir vu.

Ses pieds, bottés eux, me passent devant. Je l'entends dans un timbre masculin s'adresser au jeune maître, lui demandant s'il a besoin de quelque chose. L'ynorien lui assure que non puis, alors que le domestique se retourne, il change d'avis. Il lui demande de préparer des boissons chaudes pour le maître et lui. Le serviteur en prend note, mais alors qu'il se prépare à partir, il se ravise. Un brin de bon sens lui fait demander s'il doit apporter les boissons en bas. L'ynorien prend un ton glacé, lui rappelant que seuls le maître, lui-même et quelques gardes sont autorisés en bas. Ma suspicion augmente. C'est peut-être là que je devrai chercher, si ces pièces-ci sont vides. L'humain de l'ouest semble se radoucir suite à la tension que son commentaire a fait naître et assure qu'il apportera le tout lui-même.

Une salve sonore se fait entendre, mais ce n'est encore que le tonnerre. Sauf que cela signifie que cette saleté électrique se rapproche. Après le départ du domestique, l'ynorien semble faire du tri sur son bureau, comme à la recherche de quelque chose. Ma mâchoire demeure crispée pendant les éternelles minutes qu'il passe là. C'en est au point qu'une grande partie de la flotte logée dans mes vêtements semble répandue au sol. Heureusement que je suis planqué.

( Tu vas te bouger, oui ? )

Mais non. Pire, il s'assoit et se met à rédiger quelque chose. Le ciel gronde encore et le temps me semble affreusement long. Je ne perds pas mes réflexes, notant de possibles recoins où me tenir si je dois bouger rapidement. L'inaction et l'humidité me donnent un peu froid, mais je m'efforce de ne pas en tenir compte. Un déplacement d'air est de trop, et je ne parviens qu'à masquer partiellement un éternuement.

( Par mes ailes ! )

La figure au bureau cesse de racler son papier un instant. Je sens mon muscle cardiaque ralentir et raffermis ma prise sur mon arme. Ses chausses de bois claquent sur le sol alors qu'il sort de la pièce. Il émet un son interrogateur et de gorge. Ma respiration se fait lente, tendue. Un violent frisson m'étreint quand tour à tour, le géant éternue aussi et lâche un objet par terre. Une sorte de pinceau, qui a le malheur de rouler au sol juste sur ma gauche. Un juron lui échappe et il pose un genou à terre, tâtonnant sous le fauteuil. Courbé, je regarde par-dessus mon épaule et m'éloigne de sa paluche aussi vite que possible, mais un brutal mouvement de celle-ci effleure mes ailes.

Sa main recule d'un coup. Il m'a senti, et je me colle à un autre pied du fauteuil, souffle coupé. Sa forme s'abaisse brutalement, et je devine le contour de sa tête sur ce fond d'éclairage faible à la bougie, inexplicablement laissée sur le bureau. La surprise me laisse sans voix, mais mon instinct m'indique de ne surtout pas me mouvoir. Le géant ne bouge pas, et je finis par comprendre qu'il ne me voit pas à cause de l'angle et de la pénombre. Il reste là à peine quelques instants, bientôt interpellé par le domestique intrigué par sa posture. Les doigts de l'ynorien effleurent le sol et finissent par agripper la forme de la brosse.

Mes spirales m'apprennent que les géants parlent de façon anodine, et que le serviteur a apporté un petit plateau avec lui. Figé, je regarde leurs jambes aller et venir jusqu'à ce qu'ils se séparent. L'humain en robe de chambre ferme la pièce, et sort un objet dans un tintement métallique en se dirigeant vers la porte du couloir. Ce n'est qu'après avoir entendu la clé jouer dans le mécanisme que je m'autorise un mouvement. Une faiblesse me parcourt, et je comprends que j'ai retenu mon souffle pendant tout ce temps.

Mon cœur pulse brutalement, et je pousse un soupir. J'aurais pu lui planter une fléchette dans la tronche, mais bonjour la discrétion par la suite. Si je le rate pour une raison ou une autre, il crie, ameute ses gardes et domestiques, et l'alerte est donnée. Même chose si je le tue et que son corps est inévitablement découvert. Me mouvoir dans la bâtisse ensuite et en faire sortir le brun aurait été impossible.

( Allez, reprends-toi. Ce n'est qu'un incident de parcours. )

Après avoir massé rudement une aile pour la débarrasser de sa crampe, je m'efforce de retrouver une respiration normale. Je suis loin d'avoir mené ma tache à son terme.



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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Dim 22 Fév 2015 17:56 
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De la tension crispe certaines parcelles de mon corps. Et j'ai un peu froid aussi. Me déplacer en étant trempé n'aide pas franchement. Avec prudence, je parviens à faire jouer quelques poignées de porte, les entrebâillant lentement. Fort heureusement, ou malheureusement, aucune trace de vie dans lesdites pièces. Quelques chambres, une étude, une salle dotée d'une baignoire mais pas de cage où serait retenu le brun. Ce premier étage ne donne rien. Il me faut donc me diriger vers le rez-de-chaussée.

À peine ai-je approché de la rampe du deuxième escalier que je comprends la difficulté. En bas, les cliquetis métalliques indiquent au moins deux personnes équipées d'armures. Je ne dois d'ailleurs qu'à mes réflexes de plonger à couvert d'un montant de bois alors qu'une silhouette massive déambule devant l'escalier. Le garde de l'entrée me passe devant, une lanterne à la main. Le temps s'est encore assombri, ce qui est à mon avantage pour des déplacements discrets.

Une fois qu'il est passé, je m'approche du bas des marches en me laissant glisser plutôt que de voler. Arrivé là, je constate que l'accès donne sur une vaste salle meublée de plusieurs longues et massives tables rectangulaires, ainsi que d'une large cheminée. Auprès de cette dernière, deux silhouettes de grandes-gens se réchauffent, grondant sur le temps pourri. Des reflets métalliques laissent penser que ce sont des hommes d'arme. Une large porte en face de moi, ouverte, laisse apercevoir des tas d'objets, et surtout cette porte d'entrée particulière où j'ai été refoulé. À ma droite, une autre salle d'où émanent des effluves de nourriture. Le garde que j'ai vu passer s'y dirige.

La disposition des lieux est à mon avantage. Regard bref aux alentours, puis je plonge à couvert des tables. Dès que j'ai rallié cette cachette, j'avance prudemment vers la porte ouverte. Repérage uniquement. La pièce est mal éclairée, mais j'y aperçois des silhouettes familières. Des têtes de sanglier montées en trophées, des oiseaux empaillés, des sortes de draperies aussi. Il y a apparemment des meubles avec une partie en verre où sont stockés des collections. Je n'arrive pas à voir lesquelles, mais ma spirale auditive me fait comprendre qu'il n'y a personne là-bas.

( Mais de l'autre côté, cela ressemble à une cuisine. Aucune raison pour que Dae'ron y soit. )

Perplexe, je commence à me demander si Luovik ne m'a pas menti. Cela ferait beaucoup de coïncidences entre lui et l'attitude de l'ynorien, mais ce n'est peut-être que cela. Cette pensée fait naitre un doute. Où est justement passé cet humain porteur de plateau ? Il n'est pas dans cette pièce, et les seules voix que j'entends venant de la cuisine sont les grondements du chien de garde de l'entrée, et des piaillements féminins incompréhensibles.

Revenant sur mes pas, j'avise cette pièce qui, même close, laisse échapper de fortes odeurs de cuisson. Cela ne serait pas logique. Traverser un lieu de préparation d'aliments pour rejoindre une autre partie de la demeure ne conviendrait jamais à des riches. Se mêler au peuple fait partie, avec la non-satisfaction de leurs caprices, des choses qu'ils ne tolèrent pas. Aucune chance d'y trouver ceux que je cherche. Mes yeux sombres tombent alors sur une porte non loin de l'escalier, avec la même serrure massive qu'à l'étage. Mon sourcil se hausse légèrement.

( Qui aurait l'idée de protéger un accès menant seulement à l'étage ? À moins que... )

Je veux en avoir le cœur net, mais avant d'avoir pu bouger une plume, je perçois des pas. Ce n'est pas le plancher de cette pièce qui résonne, c'est un vague écho dont l'origine est difficile à cerner. M'assurant avoir toujours ma sarbacane à portée de main, je suis tendu. Le feu de cheminée craque, les voix bourdonnent, la pluie accompagne le cri vif du tonnerre, mais je n'ai de spirale que pour ce son qui vient d'en face.

Enfin, un cliquetis métallique se fait entendre et la porte s'ouvre sur l'ynorien. Derrière lui, j'aperçois l'escalier de pierre alors qu'il peine à tenir son plateau éclairé d'une bougie d'une main, et à retenir la porte de l'autre. L'accès monte bien vers l'étage, mais il descend aussi en colimaçon autour d'une colonne minérale. Il y a donc bien un niveau de plus sous la surface. Je sens revenir une pointe d'espoir à l'idée que l'endroit possède encore un secret à dévoiler.

Fortement, la voix du porteur de robe résonne, ordonnant qu'on vienne le débarrasser de sa charge. Mon visage pivote, avisant les jambes des uns et des autres, puis se pare d'un rictus. Visiblement, ce jeune maître n'a aucune autorité sur ses gardes. Ces derniers l'ignorent complètement et vont même jusqu'à émettre des rires de gorge aux injures minables qui leur sont lancées. Vexé, l'humain claque ses chausses de bois au sol sur un "rustres" plutôt comique... En laissant l'accès à l'escalier ouvert.

( C'est maintenant ou jamais. )

Yeux rivés sur le dos de l'homme, j'avise la porte, puis encore l'humain et finalement je bloque mon souffle, prends un appui avant de m'élancer vers l'accès de pierre. À peine ai-je franchi la porte que je donne de puissants battements d'ailes pour monter la voie. Des alcôves sont présentes dans la colonne de pierre, vides. Je me pose dans l'une d'entre elles, y accole mon épaule et attends. J'ignore ce que je vais trouver en bas, et si le géant finit par revenir sur ses pas, je ne veux pas prendre le risque d'être vu.

Et je patiente, me frictionnant les manches humides alors que mon corps grelotte un peu. La pierre est froide et un léger courant d'air est perceptible. Il va falloir que je me bouge avant d'être engourdi. Mais même si mon corps proteste et réclame de la chaleur, mon esprit reste focalisé sur ce qu'il y a de plus prudent à faire. Contraint d'attendre, cela me permet au moins de retrouver mon calme. Je ne pense plus que vaguement à la catin que je viens de tuer et à l'elfe blessé. Quelque part, je sens que j'aurais du faire plus. La satisfaction de ces actes est déjà partie.

Mes muscles se raidissent aux soudains pas boisés. Je me suis déconcentré un instant, et peux encore ressentir la crispation dans ma gorge. Il faut vraiment que j'arrête de rêvasser. L'ynorien grommelle et me tourne le dos, donnant un tour de clé dans la lourde serrure, son éclairage dans l'autre main. Il se tourne alors dans ma direction, m'obligeant à reculer pour ne pas être vu. Mon cœur cogne deux fois avec lenteur et force, mais finalement le géant descend les marches rocheuses. Je camoufle un soupir à cela et suis le son de ses pas. Quand je pense qu'il s'est assez éloigné, je prends mon envol, allant me jucher dans la niche suivante. La lueur de sa bougie m'incite à ne pas aller trop vite.

Peu importe où va déboucher cet escalier, si seuls quelques gardes et les maîtres des lieux y sont autorisés, ce niveau sera encore le moins dangereux à parcourir. Reste à savoir si celui que je cherche s'y trouve bien.



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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Dim 22 Fév 2015 20:56 
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L'escalier plonge encore et encore sous terre pendant de très longues minutes. Les parois de pierre sont interminables et j'ai l'impression que les murs se rapprochent. Je n'aime pas cela, mais je suis plus préoccupé par la lueur qui me précède et les courants d'air frais. J'ai froid dans ma tenue humide, mais je n'ai pas le luxe de disposer du temps pour la sécher. Enfin, après ce qui me semble être une éternité, l'escalier débouche enfin sur une salle. Une nouvelle fois, je me colle dans une niche, observant l'endroit. Mes sourcils se froncent en voyant l'ynorien poursuivre tranquillement sa route, mais je me fiche éperdument de lui.

La pièce découverte est toute en pierre, comme un souterrain soigneusement travaillé, mais parfaitement éclairée de nombreuses lanternes et lustres. Le plafond est même voûté. Deux rangées de colonnes soutiennent le tout. Mais le plus déstabilisant est de voir que la quasi totalité du lieu est encombré. Où que mon regard se pose, je découvre un animal. Un cheval, un mouton, un bouloum perché sur une branche et des créatures que je ne connais pas. Malgré la présence de tout ceci, la pièce est totalement silencieuse, immobile, comme figée.

Après m'être assuré que l'ynorien est hors de vue, je me déplace jusqu'à une vache massive et brune, en posture assoupie. Il ne me faut que quelques instants pour comprendre que j'ai affaire à une bête empaillée. Tout son être donne l'illusion du vivant, mais ses yeux grands ouverts n'ont rien de naturel. Un frisson brutal me dévale l'échine. La salle est remplie de ces choses macabres. Toutes ces créatures ont été vivantes et ne sont plus que statues à présent. C'est entre effrayant et fascinant.

Toutefois, découvrir une telle collection me laisse perplexe et je jette un coup d'oeil à l'escalier emprunté. Jamais ces bestioles n'auraient pu descendre par là, et c'est d'autant plus vrai que je découvre la dépouille empaillée d'un gigantesque sanglier, non, d'un brok'nud un peu plus loin. Est-ce que cela veut dire qu'il y a un autre passage ? Et qu'est-ce qu'ils en font de tous ces animaux ? Est-ce juste une collection comme certains amassent tenues ou verroterie ?

Des échos de voix me parviennent d'une autre salle sur ma droite, suivis de rires. Immobile, j'aperçois finalement deux silhouettes. L'une est celle du porteur de robe, l'autre est plus petite et voûtée, mais elle lui ressemble un peu. C'est un deuxième ynorien, sauf que lui arbore de longues moustaches et une tunique un peu plus normale. Je les regarde attentivement alors qu'ils traversent perpendiculairement à mon point d'arrivée, se dirigeant dans un court couloir à ma gauche. Discrètement, je passe entre les pattes d'un loup et m'approche du couloir.

Là aussi, il y a assez de créatures empaillées pour que je puisse me glisser entre le mur et elles. Une forte odeur huileuse les imprègne, me piquant le nez. J'ai la bonne idée de le pincer et de respirer par la bouche. Me faire remarquer maintenant serait stupide. Intrigué, j'observe les deux humains poser un objet recouvert d'un tissu sur une sorte de piédestal, puis le dévoiler. J'hésite à qualifier ce que je ressens entre horreur, dégoût et incrédulité. La bête empaillée est immonde. Une tête de jeune canidé dotée d'un bec, des oreilles en pointe, six pattes qui ont l'air dotées de sabots et partant du dos jusqu'au bout de la queue reptilienne, des écailles faisant des stries sur les flancs. Est-ce là une bête rare ? Inconnue ?

J'ai du mal à en détacher les yeux quand j'entends les géants commenter dessus. Le vieux pointe du doigt la jonction entre le bec et le reste de la tête, disant au plus jeune qu'il s'améliore, mais qu'on voit encore que ce n'est pas tout à fait cela. Solennellement, le vieillard déclare que son assistant a voulu utiliser trop de bêtes différentes et qu'il doit se contenter de moins, avec plus d'efficacité.

( Fabriquer des créatures de toute pièce ? Encore une idée stupide. )

D'un autre côté, s'il tient un cabinet de curiosités, plus le contenu est sensationnel, plus il se fait connaître. Moi, cela me dérange. J'ai beau avoir mis à mort aussi bien des animaux que des êtres pensants, l'idée de manipuler des cadavres comme cela me laisse perplexe. Mes yeux sombres parcourent le pan de salle que je vois. J'y découvre des oiseaux à fourrure, des lapins dotés de cornes et de pattes de coq et autres bestioles inexistantes que les deux grandes-gens créent eux-même. Un sombre pressentiment me vient, mais je l'écarte vivement de mes pensées. J'en aurais trouvé trace ici.

En les voyant revenir sur leurs pas, je me fige derrière un sanglier bloqué dans une posture de hurlement silencieux, et les laisse passer. Ils retournent vers le passage menant à la salle à droite de l'entrée, et je leur emboite le pas. Maintenant que j'ai changé de lieu, j'aperçois un autre couloir donnant sur une porte massive, et faisant face à l'escalier de pierre. Une autre pièce, peut-être ? Ôtant la main de ma figure, je me cache une nouvelle fois auprès d'une bête morte et suis saisi par une odeur puissante. Dérangeante et familière même. Mon expression s'assombrit quand j'arrive à mettre le doigt sur ce qui a attiré mon attention. L'air est lourd, mais surtout...

( Eurk. )

Il pue le sang et la mort.



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Dernière édition par Nessandro le Lun 23 Fév 2015 18:17, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 23 Fév 2015 18:16 
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[:attention:] Ce rp contient un passage tendant vers le gore, qui peut déranger les lecteurs sensibles.





Tout en gardant les deux humains à l'oeil, j'avise rapidement le mobilier et opte pour ma prochaine cachette. Un trophée de chasse, une tête de cerf aux bois bien développés, domine l'ensemble de la salle à droite de l'entrée. Tant qu'ils me tournent le dos, j'y vole en retenant mon souffle et y pose un genou, repliant les ailes. L'odeur sanguine imprègne l'endroit et me fait mettre le revers de ma main noire contre mon visage. J'ai beau me dire que traiter des cadavres cause forcément ce genre d'effets secondaires, quelque chose me dérange.

Mes yeux sombres balaient la pièce. Contre le mur de gauche, un meuble à l'allure de large chaise est recouvert d'un drap. Des étagères flanquent la pièce, et une autre porte me fait presque face. À ma droite, je vois une sorte d'établi où se trouvent alignés de nombreux objets métalliques et brillants. Un frisson me dévale l'échine. Je n'en ai que rarement vu lorsque la grosse moche devait se faire soigner, mais j'en reconnais certains. Une scie de chirurgien, des couteaux, du matériel de suture aussi. Finalement, les professions entre soigneur et dépeceur de cadavres n'ont pas l'air bien différentes.

Les ynoriens s'activent, attirant mon attention sur eux. Ils sont de part et d'autre d'une table un peu incurvée vers l'intérieur, sans doute pour travailler sur un nouvel animal. Sauf que quand j'y porte le regard, je découvre une forme humanoïde de leur taille. Un elfe mâle, nu et à peau bleue. Mes yeux se plissent. Ils traitent aussi d'autres cadavres que ceux de créatures dénuées de pensées ?

Le plus vieux demande à son assistant ce qui leur est réclamé cette fois, et ce dernier d'indiquer nonchalamment plusieurs organes à destination d'une cliente connue. Une rebouteuse sans doute. Ces gens-là sont pire que les chirurgiens. Eux pensent concocter des remèdes miracle à partir de morceaux de bestioles ou de plantes plus dégoutants les uns que les autres. L'ynorien âgé émet un rire, et je le vois resserrer une sangle autour des chevilles du cadavre.

( Pff ! Il a peur que ce mort s'échappe ? )

Immobile, j'assiste au choix du vieux. Il s'empare d'une lame fine et se penche, entaillant apparemment du sternum au nombril de l'elfe. Du sang s'écoule abondamment de la plaie infligée. C'est seulement à son geste que je suis perturbé par un détail. Je n'arrive pas à l'identifier quand enfin mes yeux sombres se posent dessus. Alors que la peau elfique puis sa musculature sont entaillées en profondeur, je comprends avec effroi que les doigts et les orteils de l'individu fléchissent. Immédiatement, je braque mon attention sur le torse du sanglé. Le vieillard se place dans mon champ de vision, m'empêchant de voir plus, mais je suis certain de ce que j'ai constaté.

( Ce géant... Il... Il respire encore... Ce malade charcute un individu en vie ? )

J'ai fait de même envers le semi-elfe mais pour récupérer des informations, pas pour... Pour un sordide commerce de morceaux humanoïdes. Comprendre ce qui se passe me provoque un haut-le-cœur, et je suis heureux de n'avoir rien avalé récemment. La sensation glacée de ma tenue mouillée n'est rien par rapport à ce que je perçois maintenant. Je savais les humains fous, mais pas à ce point.

Je détourne les yeux vers la droite alors que le moustachu provoque un son immonde, ses mains plongeant dans l’humanoïde ouvert. Aucun cri, aucune larme. À croire que l'elfe n'est pas du tout conscient ou pire, qu'il est paralysé. Pourtant, son corps réagit instinctivement à la douleur. Ses muscles fléchissent, ses talons tentent de s'enfoncer dans la table métallique pour échapper à son bourreau, en vain.

L'atmosphère me prend aux tripes et je braque mon attention vers le mur au-dessus de l'établi. Mauvaise idée. Ce que j'y distingue me paralyse presque. Des trophées, encore, mais immondes. Des mains humaines, des pieds de coloris différents. Seule une sorte de tableau sous verre ne semble guère à sa place dans cette collection d'horreurs. Intrigué, je l'examine en détail, perturbé par deux points noirs à proximité d'un dessin de papillon. Mes plumes se hérissent quand mon esprit parvient, après un long moment d'incrédulité, à identifier ce que c'est. Deux grains de beauté. Ce tableau est en réalité un morceau de peau tatouée et mise sous verre.

( Ugh ! )

Je mors brutalement ma manche pour étrangler le son horrifié qui m'étreint. Mais plus que le dégoût, c'est la peur qui m'envahit. Pas pour cet elfe pour lequel il est déjà trop tard, mais pour Dae'ron. Je ne l'ai toujours pas vu. Est-ce qu'il serait...

Dans un tintement de verre, le jeune en robe apporte un bocal rempli d'un liquide un peu flou. Un geste simple me cause une paralysie temporaire. Je comprends que l'aîné vient d'y plonger le cœur de l'elfe. Et ce dernier bat encore une fois, une deuxième, une troisième, teintant le liquide clair de sang à mesure qu'il s'en vide. Ma gorge se noue à cette vision. Le cabinet de curiosité, s'il sert vraiment, n'est qu'une façade ou au moins une raison partielle à la richesse de ce duo. Dahràm jouit d'une mauvaise réputation, et la disparition de quelques malheureux doit rapidement être oubliée. L'aubaine pour ces monstres.

Le jeune humain se déplace, vérifiant d'autres bocaux où le sang échappé de l'elfe s'écoule en gouttes lentes. J'ai la nausée, mais je la combats en laissant ma haine gagner en puissance et la supplanter. Immobile, j'assiste à la boucherie sur ce cadavre bleuté de grande taille. Le foie est extrait, examiné. Un échantillon en est pris puis goûté avant d'être complimenté car sain, tout comme d'autres morceaux puants. Et à chaque fois, une liste est cochée par le plus jeune. Le binôme est rôdé à cet exercice, attestant d'années de pratique.

Une partie de moi est sidérée. Les mouvements du boucher semblent aussi fluides qu'une danse. Aucun geste n'est superflu dans l'extraction des organes, et si ma haine n'était pas mon ressenti principal, une pointe d'admiration pourrait être distinguée. Comme si de rien n'était, le vieux trouve dommage de ne pas avoir de mélodie en travaillant, indice pour que le porteur de robe se rapproche de l'établi. Là, il soulève un tissu, dévoilant une cage. Mon cœur manque de s'arrêter.

Pas une cage, une souricière. À l'intérieur, une silhouette avoisinant ma taille, pâle et dotée d'ailes claires. Le doigt de l'ynorien plonge entre les barreaux, poussant la forme étendue sur son flanc, mais cette dernière n'y réagit que par un son dégouté. J'entends la voix humaine s'en amuser, disant qu'il n'a pas l'air de supporter l'odeur présente. Le duo émet un rire aussi innocent que s'ils s'amusaient de quelque chose d'adorable. Mais mon attention est toute tournée vers cette forme emprisonnée. Ma colère gronde. Je n'ai aucun doute.

C'est Dae'ron.



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Dernière édition par Nessandro le Dim 1 Mar 2015 19:27, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 23 Fév 2015 23:21 
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Mes yeux sombres ne parviennent pas à se détacher de la silhouette du brun. Je l'ai enfin retrouvé, mais dans quel état est-il au juste ? L'ynorien le pousse encore du bout du doigt et j'aperçois la main pâle tenter de repousser l'intrus. Ma haine prend le dessus. Je vais les tuer ces humains, tous les deux ! Mais alors que je me suis résolu à le faire et vise le vieillard, je sursaute en entendant un son de cloche. Le plus jeune se précipite vers le mur de gauche et attrape un cordon pendant près du meuble couvert. Il tire dessus deux fois et annonce jovialement l'heure du repas.

La nouvelle me fait pousser un souffle contrarié. Les tuer maintenant signifierait alerter leurs sous-fifres. Et ils sont apparemment nombreux et bien équipés. Mon instinct me hurle d'en faire fi, mais mon esprit m'indique que c'est là l'opportunité parfaite pour sortir mon congénère de ce guêpier. Tout mon corps tremble de cette lutte entre ma violence et mon esprit, mais je parviens à me contenir et mieux, à trouver un brin de calme. La corruption qui avait atteint ma mâchoire est repoussée légèrement tandis que le côté scintillant de mon autre main grimpe sur mon poignet. Les deux humains, après avoir examiné le corps elfique sous tous les angles, comme pour ne pas rater un détail, ôtent une lourde cale de pierre, et poussent la table vers un angle de la pièce. Une large trappe est ouverte, amenant une odeur fétide dans la salle. Les restes sanglants y sont déversés comme de vulgaires ordures.

Mes spirales écoutent. Il faut bien quatre ou cinq secondes avant que la masse de chair n'atteigne une surface liquide. Ma peau se hérisse. Avant que le panneau de bois soit rabattu, je suis certain d'avoir entendu des mouvements frappant la surface liquide. La main ensanglantée du vieillard tapote la souricière, promettant de descendre quelque chose pour le prisonnier. La voix qui lui répond est faible, mais familière. Mon cœur bondit dans ma poitrine en entendant ce son dont je suis à la recherche depuis des jours.

"Inutile.", siffle le brun d'une façon étranglée.

Le boucher émet un rire puis rabat violemment le tissu et tend le bras, demandant implicitement à être soutenu par son complice. Immobile sur ma tête de cerf, le visage sous casque masqué par ma manche trempée, je reste attentif. J'attends de ne plus percevoir les échos de leurs pas sur les marches de pierre avant de voler sur l'établi. La souricière est encore plus petite que je le pensais, m'arrivant à peine à la hanche. J'en retire prestement le tissu et mets un genou à terre.

D'abord, ce sont les ailes du protecteur qui me font face alors qu'il se tient le flanc d'une main. Il pousse un souffle peiné mais demeure immobile.

"Dae'ron ?", lance-je sans brusquerie.

Aucune réaction de sa part, puis il se retourne, le regard acéré. Mais quand il me voit, son visage change subitement d'expression. Il se pare d'incrédulité, de soulagement, d'émotion. Le protecteur secoue négativement la tête, bouche ouverte, puis bascule sur ses genoux pour me faire face. Je souffre de le voir faire. Dans cet espace étroit, il peut à peine se tenir à quatre pattes sans que ses ailes heurtent le sommet de sa prison.

"Ne... Nessandro ?", demande-t-il en détaillant mon visage, le regard embué.

Sa main sort de la cage, se tendant vers moi. Elle tremble, m'envoyant un frisson certain entre les ailes. Avant d'en avoir conscience, j'ai agrippé entre les deux miennes ces doigts un peu froids. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête, mais je ne veux pas lâcher prise. Moi qui n'aime pas les contacts, me voici en train d'enserrer sa paume comme un objet fragile.

"C'est toi ? C'est bien toi ?", s'enquiert-il faiblement, la voix brisée par les larmes qu'il retient fièrement. Son autre main vient rejoindre les nôtres, comme pour se convaincre de quelque chose. Mes yeux sont sondés en attente d'une réponse, de certitudes.

"Eh ! ", me moque-je. "Tu connais d'autres aldrydes capables de se pointer dans l'antre d'un boucher humain ?", ironise-je, en particulier pour masquer mon trouble à son insistance.

Le protecteur émet un rire faible, encore empli de doutes quant à ma présence et son visage se crispe, comme pour contenir son émotion. Mais c'est bientôt une grimace qui le fait souffler, et je finis par remarquer une large trace entre gris et bleu partant du milieu de ses côtes droites à sa hanche. Mon propre visage affiche ma colère à cette vision. Je me redresse, gardant contact avec lui jusqu'à être debout, puis je repousse le reste du tissu. Un hoquet d'angoisse lui échappe, mais quand je sens son regard sur moi alors que j'examine sa prison, il se calme.

Cette souricière est basique. Une fois la proie entrée, elle ne peut plus ressortir car la trappe en biais est maintenue par un puissant ressort. Ce dernier peut être manipulé de l'extérieur pour faire se mouvoir le piège. Sans attendre, je me pose rudement dessus, range ma sarbacane et fais jouer le mécanisme. Dae'ron rampe et s'extrait enfin de sa prison. À peine est-il debout que je m'élance à ses côtés, examinant sa silhouette. Il est plus pâle que dans mon souvenir et a perdu quelques bons grammes. Sa blessure m'inquiète. Quand est-ce arrivé ? À cause de qui ? Ma colère reprend le dessus. J'ai des envies de meurtre et sens mon visage s'assombrir. Quand je me redresse, sur le point de l'interroger à ce sujet, il fait quelque chose qui me prend de court.

"Uwa ?", laisse-je échapper honteusement, alors que le brun me dépassant d'une tête se jette à mon cou.

Yeux écarquillés, je le sens trembler contre moi et enlacer mes épaules comme avec désespoir. Mon muscle cardiaque émet un battement sourd à son attitude. Mon regard passe de gauche à droite tant je me sens pris au dépourvu. Qu'est-ce qu'il fait ? Qu'est-ce qui lui prend ? Est-ce qu'il va plus mal que je le pensais ? Mon rythme cardiaque me met mal à l'aise et je focalise mon champ de vision devant moi. J'aperçois alors la collection horrible accrochée au mur. Le brun a été témoin de tout cela. Lui qui n'aime pas les conflits ni la violence gratuite, il a assisté au meurtre de victimes incapables de se défendre. Il a déjà participé à de nombreux combats, il n'est pas aussi sensible qu'un bleu en la matière. Mais là, voir des êtres pensants traités comme des morceaux de viande a du grandement meurtrir son cœur de protecteur.

Mon front se plisse et j'hésite longuement à le toucher. Si je suis parti, c'est justement pour ne pas m'attacher davantage à lui, et là, tout est à refaire. Mais en y réfléchissant, ma relation avec lui est devenue complexe depuis le jour où j'ai décidé de l'épauler dans sa quête. Je ne peux plus défaire ce qui a été fait, et j'ai un tas de questions à lui poser. Un soupir m'échappe. Je lève mon poing lié à l'orbe lumineux, hésite et serre les dents. Finalement, yeux mi-clos, j'obéis à cette pulsion que j'ai combattu à Bouh-Chêne. Lentement, j'appose ma main contre son épaule tremblante, la frottant de manière rassurante. Je ne sais vraiment pas quoi dire ou faire dans ces circonstances. Soutenir moralement quelqu'un m'est aussi étranger que de me montrer sympathique.

"Ils peuvent revenir.", annonce-je distraitement. "Tes ailes ?"

Sans un mot, le brun étend ses membres de plumes et vole un peu au-dessus de l'établi. Il est affaibli et cela se voit. Yeux plissés, je passe sous son bras gauche et le soutiens, mais j'hésite à enserrer sa taille car ce serait appuyer sur sa blessure.

"Brrr... Ta manche est froide... Vas-y.", me rassure-t-il. "Ma magie minable a soigné le plus grave. Ce n'est plus qu'un bleu impressionnant maintenant.", me fait-il en tentant un sourire distant. Ses paroles de dénigrement envers lui-même m'amènent à penser qu'il a du tenter quelque chose ici, pour aider une victime. Mais que cela n'a servi à rien.

"Tes affaires ?"

"Un sac, là.", fait-il en désignant une sacoche rebondie pendant à un fil métallique de la souricière. Un simple geste et il l'a enfilé autour de lui. "Mais... Plume d'Argent...", commence-t-il tristement.

"T'attend, arrimée au bagage de Lyïl.", coupe-je avant qu'il n'ait terminé. Je le sens me regarder avec stupéfaction. "Je t'expliquerai. "

Je déploie mes ailes, mais avant d'avoir pu décoller, Dae'ron enserre ma main.

"Non, attends !", m'arrête-t-il. "Il y a d'autres prisonniers dans la pièce voisine. On ne peut pas les laisser là."

"Hé ! C'est pour toi que j'ai risqué mes plumes, moi, personne d'autre.", gronde-je, en scrutant la porte.

"Je... Je t'en suis reconnaissant. Mais...", commence-t-il en se mordant la lèvre. "Tu as vu ce qui s'est passé. Tu sais ce qu'il va leur faire. On ne peut pas... Je ne peux pas..."

Tout le corps du protecteur se raidit et il me scrute avec une expression désespérée, sondant mes yeux sombres des magnifiques siens. Il a beau être affaibli, il est toujours le même. Sa force de caractère se lit encore dans son regard.

"Je t'en prie.", ajoute-t-il sans me quitter des yeux.

Ma mâchoire se serre en une grimace désapprobatrice. Je pousse un grondement agacé, assailli d'injures par mon instinct me disant de rapidement fuir cet endroit malodorant. Et puis, c'est un souffle résigné qui m'échappe quand je suis frappé par son expression blessée. Il semble aussi ne pas espérer de réponse positive de ma part. Il commence à me connaître.

Et pourtant...

"Alors toi... Tu m'en auras fait faire des choses...", grommelle-je, peu avant de deviner de la surprise puis de la joie sur le faciès du protecteur.

Pris au dépourvu par son expression, j'ai du mal à masquer un air boudeur et un léger bleuissement. Je suis conscient que je ne réagis pas comme avant, et cela m'agace. Il y a encore quelques semaines, j'aurais fais fi de son avis et l'aurais tiré de là, quitte à l'assommer moi-même. Mais même si voler des vies et avoir recours à la torture pour le retrouver ne m'a pas gêné, lui faire sciemment du mal semble bel et bien au-dessus de mes forces.

Il faut croire que j'ai vraiment changé. Par sa faute.




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Dernière édition par Nessandro le Jeu 26 Fév 2015 20:57, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 26 Fév 2015 20:57 
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La porte n'est pas verrouillée et s'ouvre quand notre poids joue sur la poignée. La pièce n'est pas éclairée, mais à peine avons-nous progressé d'un battement d'ailes qu'un grondement se fait entendre, accompagnant des odeurs atroces de mauvaise hygiène. Lorsque mes yeux s'habituent à la pénombre, ils m'apportent l'image de cages empilées les unes sur les autres, de différentes tailles et jouxtant des cellules. Quelques animaux sont présents, mais l'attention du protecteur est accaparée par un endroit où deux formes se distinguent.

J'ai du mal à croire ce que je vois. Une créature ressemblant vaguement aux monstres du conte maudit est agenouillée là. Un humanoïde semblant fait d'écorce blanchâtre et striée comme du bouleau, de hautes branches à peine ponctuées de feuilles pour chevelure. Entre ses bras aux mains ressemblant à des cordelettes déroulées, il y a un autre être à l'allure elfique. D'assez petite taille, oreilles pointues, peau tirant sur le vert, deux grands yeux inquiets et au visage acceptable. Perplexe, je jette un regard à Dae'ron.

"Aldryde Dae'ron dehors ?", fait soudain entendre la chose-arbre, ses grands yeux verts braqués sur mon congénère. "Aldryde aider oudio et bébé taurion ?"

( Ah, ça ! Un arbre sans racines et qui parle en plus. Moi qui croyais avoir tout vu... )

"On va vous sortir de là !", promet le protecteur avant de regarder le mur à notre gauche. "L'arrogance rend négligent."

Je suis son regard, découvrant un cadre sur lequel sont accrochées plusieurs clés. Il ne faut que quelques instants pour trouver la bonne et faire sortir les deux êtres de leur cellule. Aucun des deux n'est en forme. Ils tiennent à peine debout, surtout l'enfant qui nous regarde avec effarement et incrédulité, mais sans émettre un son. Non loin, une voix ensommeillée s'élève, venant d'une autre cellule.

"Enfin la bouffe ?"

Encore une créature inconnue. Cela ressemble à un humain tout juste adolescent, en a la couleur basanée de peau, mais a des oreilles de félin noires et une queue de chat de la même teinte. Et cette chose en a les mimiques, léchant le dos de sa main avant de s'en frotter le visage. Quand ce géant en tunique défraichie se rend compte que les autres prisonniers sont sortis, il se rue contre ses barreaux.

"Eh ! Eh ! Blaguez pas ! J'veux sortir aussi !", clame le bruyant éveillé.

"Boucle-la !", siffle-je. "On aura l'air fin si la garde rapplique !"

"Meuh ! Ça va, ôte-toi l'balai qu't'as dans..."

Un regard mauvais de ma part l'interrompt, surtout quand je menace de balancer la clé. Mon geste manque de faire pouffer Dae'ron.

"Tes réactions m'avaient manqué.", m'avoue-t-il avec un léger sourire. "Lui aussi. On ne laisse personne.", se reprend-il avec sérieux.

"Animaux aussi ?", demande l'arbre en s'emparant de la clé, et allant ouvrir péniblement à l'humanoïde félin.

"Vaut mieux pas.", fait ce dernier en s'extrayant de sa prison. "Z'ont rien bouffé d'puis des jours. J'veux pas me retrouver nez à nez avec ces ratissas affamés. C'est carnivore ces trucs."

"Et je doute qu'ils tiennent en place.", ajoute-je en raffermissant ma prise sur le brun. "Et maintenant ?"

"T'es venu par où, l'oiseau ?", questionne le félin en tapotant sa tenue.

"Aldryde.", corrige-je. "L'escalier passant au milieu de la demeure. Mauvais plan en sens inverse."

"Ouais. J'comprends c'que tu dis, le piaf. Ben il reste le monte-charge. C'est par là qu'ils ramènent des trucs.", fait le félin avant de partir à grandes enjambées vers l'autre porte. Il vaut mieux, car il commence à me taper sur les nerfs.

"Vous pouvez marcher ?", s'inquiète Dae'ron en avisant le taurion à peine protégé d'un tissu aux hanches, venu se réfugier contre l'arbre mouvant.

"Marcher oui. Pas courir. Pas assez forces pour.", répond le bouleau pensant en rendant son étreinte à l'elfe.

Laissant finalement les animaux à leur sort, notre quatuor rejoint le félin humain qui tire sur l'un des anneaux de fer de la porte massive. À peine cette dernière est-elle entrouverte qu'une rafale froide nous frappe. Là aussi, aucun éclairage. De toute façon, vus les courants d'air qui me font éternuer plus d'une fois et ravivent la sensation glacée de ma tenue humide, aucune flamme ne peut tenir longuement. La salle est sombre, mais un éclat lumineux attire mon regard en hauteur. Un puits de pierre nous surplombe, rectangulaire et large, bardé de longues cavités verticales régulières. Les murs sont aussi travaillés que ceux de la salle aux empaillés.

En baissant le regard, je finis par identifier une plate-forme épaisse. Des manivelles se trouvent de part et d'autre, apparemment encastrées dans les veines artificielles. Voilà donc le soi-disant monte-charge ?

"Eh ?", fait le félin en braquant son regard à pupilles verticales sur Dae'ron et moi. "Vous croyez qu'y a du peuple là-haut ?", demande-t-il en tendant l'index au plafond. "Parce que j'me souviens qu'ça débouche là où ils gardent leurs canassons. Si y'a du monde, on est mal."

J'échange un regard avec le protecteur, y lisant une idée semblable à la mienne.

"Il n'y a qu'une façon de le savoir.", fais-je avec un grondement agacé. L'oudio semble comprendre mes intentions puisqu'il offre son épaule au brun sans que j'ai besoin de tout expliquer.

"Nessandro.", fait subitement ce dernier en retenant un instant mon poignet. "Sois prudent.", me conseille-t-il, pendant qu'il rive son regard à mon casque. J'émets un bref signe positif du chef en réponse, retenant un commentaire sur l'évidence de ce que j'ai fait jusque-là.

Me défaire de la chaleur de Dae'ron me cause un frisson brutal et une certaine impression de vide. Il va me falloir être vigilant car mon corps a du mal à reprendre le dessus. Moins je passerai de temps dans ce lieu froid, mieux cela vaudra. Un bref regard en l'air et je m'élève, remontant le long conduit minéral. L'escalier en colimaçon doit parvenir à la même profondeur, mais parcourir cette ouverture béante va bien plus vite. Retenant mon souffle, je longe la paroi et finis après de longs instants par en atteindre le sommet.

Le puits est surplombé par la toiture que je reconnais comme étant celle de la grange. L'ouverture est entourée de panneaux coulissants en bois, sans doute pour éviter à des crétins une chute mortelle. Main posée sur la garde de ma dague-croc, je tends mes spirales aux sons ambiants et m'élève un peu plus. Mes bottes se posent sur le rebord de bois auquel est accolé un poteau massif. Lentement, je me décale, avisant l'intérieur du bâtiment.

Je dois m'assurer que la voie est libre.




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MessagePosté: Sam 28 Fév 2015 14:59 
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La première chose que je vois est que la pluie tombe toujours avec force, percutant la toiture dans des bruits sourds. La grange est assez vaste en fait, dotée de plusieurs poteaux épais pour soutenir un demi-étage d'où dépassent des brins de paille. À ma gauche, j'aperçois une charrette de petite taille. Sur ma droite se trouve un trio d'emplacements pour chevaux. Deux d'entre eux s'y tiennent avec indifférence, le troisième se faisant brosser par une petite silhouette. C'est d'ailleurs la seule que je vois dans la pièce. Je ne bouge pas encore. Si je le fais, je risque d'attirer son attention sur moi.

Mes yeux sombres repèrent des harnachements suspendus sur des clous aux différents poteaux. Des pièces de cuir genre licol et rênes. Nouveau regard sur la silhouette. Maintenant que j'y fais attention, sa petite taille et son visage clair et un peu rond m'indiquent qu'il s'agit d'un jeune. Humain, forcément, mais à peine au crépuscule de l'enfance. Dans sa tunique longue et trop grande, il doit se tenir sur un marchepied pour atteindre le dos de la bête. Quand il en descend, je songe qu'il est temps de le neutraliser, mais un éternuement que je masque de justesse m'oblige à me figer.

Un mouvement attire soudain mon attention à l'entrée du bâtiment, sur une silhouette de domestique. Grognant à cause de la pluie, cette dernière repère l'enfant et se met à copieusement lui crier dessus. L'adulte parle si vite et si mal que je ne comprends pas un traitre mot de ce qui est dit. L'enfant s'en approche, bafouille quelque chose et se raidit quand une main s'élève pour le frapper. Le coup ne tombe pas mais un morceau de pain lui est fourré dans les mains. Sur ce, l'adulte lui tourne le dos, grommelant quelque chose.

( Sans cette hésitation, je me faisais surprendre... )

Le garçon arrache péniblement une bouchée sèche puis fourre son repas dans un repli de sa tenue. Il revient alors près de la bête, me tourne le dos et se met à brosser son autre flanc. Regard vers l'entrée. Personne. Cette fois-ci, j'agrippe ma manche, tâtant ma sarbacane, quand je pense subitement à quelque chose. L'elfe et l'arbre vont avoir du mal à se déplacer, et il reste aussi le portail à franchir. Si le moindre garde fait un minimum attention, cela tournera mal, et je sais que Dae'ron ne les laissera pas tomber. Je ne peux pas me permettre de le voir en mauvaise posture maintenant.

Grimaçant, je change de tactique et avise le long filin de cuir servant de guide. Cela fera l'affaire. Vivement, j'ai décroché celui-ci et ai pris de l'altitude, me tenant au-dessus de l'enfant tout en étirant mon nouveau moyen de persuasion. J'inspire lentement puis bloque mon souffle. Au moment où le garçon lève un peu le nez, comme ayant senti mon mouvement, j'agis. Je me laisse descendre d'un coup, passe le cordage autour de sa gorge, me pose abruptement entre ses omoplates et resserre ma prise.

Le jeune palefrenier n'a pas le temps d'émettre un son, son souffle bloqué. Il trébuche et finit postérieur au sol, agrippant son cou désespérément. Je pourrais le briser, mais j'ai autre chose en tête.

"Gamin !", lui lance-je avec froideur alors qu'il se débat et griffe la pièce de cuir. "Est-ce que tu tiens à ta vie ?"

Le petit tente de parler mais ma poigne l'en empêche. Je réitère ma question et le vois hocher violemment la tête.

"Alors fais exactement ce que je te dis, et tu la garderas.", promets-je au niveau de son oreille. "Compris ?"

Nouveau hochement de tête et je desserre un peu ma prise, pour lui permettre de respirer. Après une quinte de toux, il se met à renifler mais m'obéit. Sur son dos, j'approche du puits et fais signe aux prisonniers. Pendant que le grincement des manivelles s'entend à peine à cause de l'eau torrentielle, je guide le gamin et lui fais atteler le cheval le plus frais à la charrette. Par moments, je resserre la pièce de cuir alors que ma monture humaine jette un regard à l'extérieur, comme espérant avoir de l'aide.

Le monte-charge arrive à notre niveau, débarquant ses passagers à la surprise de l'enfant. Ce dernier se fige après avoir ajusté la dernière sangle. Sans les regarder, je devine leurs yeux dans ma direction.

"Nessandro ?", m'interpelle le brun. "Qu'est-ce que tu as fait à ce petit !", s'offusque-t-il soudain.

"T'aurais préféré que je le tue ?", lance-je de façon glacée.

"Non ! Bien sûr que non ! Mais...", commence le protecteur.

"Et il va nous aider encore un peu, hein ?", grince-je en l'interrompant et en tirant le cuir en arrière, devinant des larmes silencieuses poindre.

"J'avais deviné qu't'étais pas commode, mais t'en prendre à un mouflet...", se désole le félin.

"Tch !", fais-je entendre en claquant la langue.

"Nan mais bon, il bosse pour un monstre alors y'doit pas être totalement innocent non plus.", poursuit-il.

"Boucle-la et aide les deux autres à monter.", ordonne-je en poussant l'enfant le long de la sortie, sentant le vent froid me percer les ailes. Là, à pleins poumons pour dominer la pluie, je siffle les deux notes destinées à Lyïl.

L'oiseau devait être sur le qui-vive, car il m'a entendu et nous rejoint en quelques battements d'ailes. Après avoir effectué un cercle gracieux dans la grange, il se pose sur la charrette et garde les ailes déployées. À peine mon bel animal a-t-il aperçu Dae'ron venir lentement à côté de lui qu'il émet un sifflement enjoué, lui lissant une aile, comme avant. Le léger sourire du brun en réponse me cause un peu d'inconfort, puis le protecteur aperçoit l'éclat de sa lance de jet et la récupère. Je le devine se tourner vers moi, mais je l'ignore. Il y a plus urgent.

"Dernière épreuve, traverser cette cour.", fais-je plus pour moi-même qu'un quelconque interlocuteur.

L'idée est simple. Dae'ron restera perché sur mon harney, car il me faut garder le contrôle de ma monture humaine. Les trois prisonniers de grande taille se cachent sous le tissu rigide couvrant la charrette, et le gamin va diriger le véhicule jusqu'au portail. Ensuite... J'aviserai.

"Pas de blague, compris ?", intime-je au palefrenier avec une traction sur le cuir. Ce dernier pâlit mais acquiesce encore une fois.



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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Sam 28 Fév 2015 19:07 
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Tendu, je lève à peine un oeil alors que Dae'ron dirige Lyïl hors de la grange. Après un cercle rapide au-dessus de la cour, le protecteur nous fait signe d'avancer. Les rênes claquent, le cheval émet un son mécontent puis ses sabots frappent bientôt les pavés avec force et rapidité. Regard à gauche, à droite, puis vers le portail dont j'aperçois déjà la difficulté. Pas de serrure mais une épaisse poutre qui le maintient fermé. L'enfant seul ne pourra pas ouvrir.

Alors que nous avons presque atteint la sortie, les portes des baraquements et du manoir s'ouvrent presque simultanément. Des gardes en armure en émergent, lames au clair, et se hâtant vers nous. Leurs voix sont couvertes mais je devine qu'ils nous somment de nous arrêter.

"Le chat ! L'arbre ! Sortez de là et ouvrez le passage !", m'entends-je ordonner avant de relâcher ma monture humaine, sans oublier de lui donner un coup entre les omoplates. La chose lui fait faire un bond maladroit hors du chariot.

Ma sarbacane en main, j'ajuste un tir, mais la fléchette ne fait que rebondir sur l'armure du garde. Entre cette pluie infernale et leur équipement, en venir à bout semble impossible. Il me faut juste gagner du temps, pour permettre aux autres d'ouvrir la voie. La lance de Dae'ron percute la jambe du soldat de droite, mais en le déstabilisant à peine. Ils se rapprochent encore, et les fuyards arrivent tout juste à pousser la cale. Pas le choix.

Trempé mais décidé, je me rue droit sur les gardes de gauche, à la hauteur de leurs visages casqués. Le premier lève sa lame en parade en me voyant préparer un tir, le deuxième tente de me frapper. J'esquive aisément le coup. Je ne suis pas le seul à être gêné par la pluie. Arrivé pile entre eux, je rassemble et déploie mon énergie noire, volant le peu de lumière qui les entoure. Le manque de visibilité les fait hésiter, et je prends immédiatement de l'altitude pour me mettre hors de portée. Regard rapide vers mon congénère.

Sa cible a opté pour une fronde et tente de toucher le protecteur monté. Mais Lyïl et Dae'ron se comprennent bien et l'oiseau suit exactement les indications de son cavalier. Aucun des projectiles ne parvient même à effleurer l'une de leurs plumes. Mieux, sa lance parvient à passer entre deux protections du garde et lui frapper durement l'épaule.

Au moment où mon sortilège se dissipe, le bruit sourd de la poutre heurtant les pavés se fait entendre. Mes adversaires reprennent leur course, m'ignorant totalement. Ils trop loin pour empêcher l'ouverture du portail, mais assez près pour bientôt pouvoir rattraper la charrette. Sollicitant mon pouvoir une nouvelle fois, je me concentre pour épouvanter le garde le plus proche. Ma magie se manifeste, une ombre cauchemardesque rattrape et paralyse ma cible. L'autre chute, manquant de peu s'assommer contre le véhicule, sa cheville frappée par Plume d'Argent.

La voie est ouverte, les prisonniers à bord. Le félin agrippe férocement les rênes et les fait claquer sans ménagement, hurlant un son vif au passage. L'animal démarre au quart de tour, tirant la charrette avec brutalité. J'ai à peine le temps de les voir faire qu'un sifflement précède un coup inattendu et douloureux contre l'arrière de ma jambe. Le garde à la fronde m'a pris pour cible et a réussi incroyablement à me toucher. Un inconfort certain accompagne la peine, mais je n'y prête que momentanément attention. La haine m'envahit, tout comme l'envie de lui faire la peau. Avant d'avoir pu esquisser une riposte, Dae'ron entre dans mon champ de vision. Le harney vole vite, un peu en-dessous de mon niveau.

"Viens !", m'ordonne soudain le protecteur en tendant son bras libre, retenant une grimace avec difficulté.

Mes pulsions meurtrières sont supplantées par mon instinct. Je me vois inexplicablement répondre à son appel, agrippant sa main à son passage. Repliant les ailes alors qu'il me tire derrière lui, j'atterris abruptement sur la sacoche de ma monture et m'y cramponne. Le vent change de sens, amenant l'eau à nous frapper dans le dos, m'engourdissant tant je la trouve froide. Mon regard descend sur la forme de l'enfant qui nous scrute de ses grands yeux, la lanière de cuir encore contre son cou. Lyïl prend de la hauteur, et nous repérons vite le chariot fou, qui est parvenu à passer la porte Est. Malgré le temps horrible, nombreuses sont les silhouettes observant la direction prise par le véhicule. Mon cœur bat rudement, en particulier quand j'avise le dos ailé du protecteur. Je suis venu le chercher, et il est là, pile devant moi. Pourtant, je n'arrive pas à m'en féliciter. Plus tôt nous nous serons éloignés de la ville, mieux cela vaudra. Dahràm est à éviter, surtout vu les cadavres que j'ai laissé dans mon sillage.

Un nouvel éternuement m'échappe alors que la chaleur de l'action se dissipe. Sous les directives de mon congénère, le harney prend de la vitesse, rattrapant la charrette. Ses trois occupants nous aperçoivent et nous font signe.

"Whouuuu ! Houhou !", hurle le félin contre le vent. "Ca, c'est c'qui s'appelle avoir eu chaud ! Merci les gars !", déclare-t-il jovialement en faisant un sourire immense et trempé par la pluie.

Nous sommes sortis de l'antre de ce boucher humain, mais le souvenir des bandes sillonnant le pays me laisse songeur. Un frisson me dévale l'échine en sentant le vent froid mordre chaque fibre de ma tenue trempée. La première chose à faire sera de trouver rapidement un abri. Une soudaine lassitude m'envahit, mais je la combats de toutes mes forces.

Nous ne sommes pas encore tirés d'affaire.



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