L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville
MessagePosté: Mar 14 Juin 2011 18:05 
-->Depuis le cimetière

Ils avançaient serrés l’un contre l’autre, cachés sous leur cape dissimulatrice en longeant les murs. À plusieurs reprises, ils crurent s’être faits interpeller par un garde pour les réquisitionner, mais il n’en fut rien, heureusement. À mesure que les ruelles défilaient, Depheline songeait de plus en plus au fait que la vie dans cette cité miteuse n’avait plus rien à lui apporter. Travailler pour les orques sans même une piécette en retour. Cela revenait, purement et simplement, à de l’esclavage. Non, il était hors de question de se faire attraper par les gardes pour remettre de l’ordre en ville après le carnage des morts vivants. Ils avaient assez donnés.

Ils traversèrent un pont puis longèrent le port en se fondant, sans bruit, à travers les caisses de chargement. Depheline faisait de son mieux pour ne pas se faire repérer et scrutait les alentours avec attention. Ce fut juste au moment où la jeune femme et Serpent jetèrent un coup d’œil par-dessus leur épaule que de derrière une cargaison surgie un Garzok massif portant les insignes d’Oaxaca.

« On peut savoir ce que vous faites là, à filer en douce ? Vous devriez être comme tous les autres, en train de remettre de l’ordre à Dahràm sous les ordres de quelqu’un comme moi, chiens ! »

La magicienne jeta un coup d’œil désemparé à son compagnon, elle qui n’avait plus une once de magie en réserve. Ils n’étaient pas en mesure de se dresser contre les ordres de ce garde hostile qui semblait prêt à en découdre à la moindre incartade, l’épée pointée dans leur direction. L’esprit de la jeune femme était toujours en alerte même si son corps était moins vif, et sans plus attendre, elle attrapa Serpent par le rebord de sa cape pour l’entraîner dans une véritable course effrénée.

« Viens, on le sème dans les petits coins sombres de Dahràm Est ! »

Rassemblant ses dernières ressources pour s’élancer, la magicienne n’était pas en mesure de dire combien de temps elle allait pouvoir tenir ainsi, un point de côté ayant déjà commencé à se faire sentir au bout de quelques dizaines de mètres. Mais l’orque n’était pas rapide, harnaché de plaques de cuir et de métal comme il l’était. Rageant et hurlant, d’autres miliciens ne tardèrent pas à se joindre à lui.

Les ruelles se succédaient et les deux acolytes n’en finissaient plus de s’engouffrer dans les boyaux qu’ils rencontraient. Mais la distance qu’ils avaient réussi à établir initialement entre eux et les orques s’amenuisait. Leurs dernières forces tendaient à disparaître lorsqu’à quelques mètres devant eux, Depheline aperçue une enseigne de boutique en piteux état, qui indiquait néanmoins que de la magie était à vendre ici.

« C’est …notre seule chance…, il faut y aller… Serpent ! »

À bout de souffle, la rousse eut du mal à parler. Néanmoins, elle accéléra une dernière fois pour arriver à hauteur de la boutique et ouvrit à la volée la porte de l’endroit qui était heureusement ouvert, entraînant sans ménagement Serpent avec elle alors que la porte claquait déjà derrière eux.

« Cachez-nous, vite... On vous en supplie... Nous avons... de quoi acheter de... vos produits... magiques, mais cachez...nous... d'abord... »

Depheline s'effondra alors à même le sol, au pied d'une longue table recouverte de produit en tout genre, sa vue se brouillant de points lumineux caractéristique du malaise imminent. Elle n'avait même pas pris le temps de voir s'il y avait bel et bien quelqu'un dans la boutique.

--> Vers la boutique magique aux milles et un lampions


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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville
MessagePosté: Ven 1 Juil 2011 03:54 
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Les oreilles tendues pour capter les conversations, Sköll marchait d'un pas lent sans prendre la peine d'éviter les passants qui s'écartaient d'eux-mêmes de son passage. Pour l'instant, il se contentait d'aller à l'aveuglette dans l'espoir que son odorat capta le fumet d'un bon repas. Dans le pire des cas, ils pourraient également se rabattre sur les rats qui grouillaient un peu partout dans les longs couloirs sinueux, mais ce ne serait qu'une solution de dernier recours. Seuls les dieux savaient ce que les vermines pouvaient bien manger dans ces rues sales et délabrées. Sans parler des maladies qu'ils portaient probablement. Rien que d'y penser lui donna des frissons de dégoût. De temps en temps, il tombait sur une autre ruelle et devait choisir de poursuivre sa route ou de prendre une chance en changeant son trajet. Une quinzaine de minutes plus tard, il se rendit compte qu'il tournait plus ou moins rond. Il décida finalement d'anbandonner ses vaines tentatives pour trouver son chemin et de s'informer auprès d'un des nombreux marins qui semblaient se trouver dans les parages.

Malheureusement, il essaya de se renseigner sans grand succès, puisque ses interlocuteurs potentiels l'évitaient comme la peste. Certes, Sköll n'avait peut-être pas l'air innofensif, mais il n'était pas un monstre. Enfin, selon son propre code de vie, il n'en était pas un. Laissant son agressivité animale prendre le dessus, le liykor noir attrapa brutalement le marin le plus proche par l'épaule dans l'optique de le forcer à lui révéler ce qu'il voulait savoir. Toutefois, ce dernier se glissa hors de sa prise comme une anguille et s'échappa en courant dans une autre ruelle alors que les autres occupants quittaient également la rue d'une manière précipitée. Poussant un grognement d'agacement profond, le guerrier du nord entra en chasse et le poursuivit pendant une bonne trentaine de secondes jusqu'à ce qu'il tombe sur une ruelle complètement déserte. Manque de chance, sa cible lui avait échappé. Un cri de rage s'éleva de sa gorge et se perdit dans le silence des murs de pierre et du sol légèrement boueux. Au beau milieu du passage, il prit de grandes respirations autant pour reprendre sa respiration normale que pour calmer ses élans agressifs. Il poursuivit son chemin vers la gauche et il déboucha finalement sur une grande route qui serpentait entre les maisons en direction des remparts d'un côté et qui conduisait au fleuve de l'autre côté. Si son sens de l'orientation ne le trompait pas, ce qui serait plutôt surprenant, il avait descendu le fleuve vers l'intérieur de la cité.

Alors qu'il s'apprêtait à bifurquer vers la gauche pour prendre le pont, il croisa une patrouille de la milice. Celle-ci était composée de cinq individus portant ce qui devait être les couleurs de la ville: le rouge et le noire. L'homme en tête qui était probablement le supérieur du groupe remarqua aussitôt la présence du prédateur et avança à grands pas rapides dans sa direction. En arrivant à sa hauteur, il dégaina son épée courte d'un seul mouvement, puis tenta de l'ouvrir de l'épaule gauche jusqu'à l'abdomen. Surpris par cette attaque soudaine, Sköll évita de justesse la lame qui n'effleura que sa fourrure. Il s'était laissé tombé vers l'arrière, puis il était immédiatement retourné sur ses pieds en effectuant une roulade. Sa main était sur la garde de sa propre arme alors qu'il terminait le mouvement et elle avait quitté son fourreau, lorsqu'il fut de nouveau debout. Juste à temps pour bloquer la lame de son attaquant qui n'avait pas perdu une seule seconde après son premier échec. Le contact des deux lames provoqua un claquement métallique retentissant qui provoqua la confusion générale.

Sköll, en fâcheuse posture, se permit un coup d'oeil pour déterminer la précarité de sa nouvelle situation. Certains habitants avaient dégainé leurs armes respectives par réflexes alors que les quatre membres restants de la milice s'approchaient pour venir en aide à leur supérieur, même si leurs visages trahissaient leur incompréhension. Ils n'étaient pas les seuls, puisque le jeune guerrier du nord se demandait également pourquoi on cherchait à le tuer. Voyant la distraction de sa cible, le fou furieux grinça des dents tout en portant une autre attaque en direction du visage cette fois-ci. Son manque d'attention aurait pu lui être fatal, mais le liykor avait déjà reculé de quelques pas, se mettant pas la même occasion hors de portée de l'épée courte. Il tenait encore à la vie et il savait pertinemment qu'il ne pourrait pas vaincre cinq adversaires. Surtout qu'il avait déjà du mal avec le premier qui n'était pas exactement un débutant à en juger par sa technique. Par conséquent, il préférait tenter de les semer plutôt que de mener un combat perdu d'avance. Alors qu'il s'apprêtait à tourner les talons, son agresseur donna un ordre à ses subalternes de sa voix caverneuse.

« Ne vous en mêlez pas, c'est une affaire personnelle... »

Ces simples mots attirèrent l'attention de Sköll qui pour la première fois regarda vraiment le visage du milicien. Une capuche dissimulait en partie ses traits, mais il distinguait aisément sa mâchoire carrée, ses yeux bleus, son début de barbe et son teint bronzé. Toutefois, cela ne lui disait absolument rien. Est-ce que cet homme le confondait avec un autre membre de sa race? Ce ne serait pas étonnant, puisqu'il lui arrivait régulièrement de ne pas reconnaître les différences entre certains humains. Avec l'espoir que tout ne soit qu'une simple méprise, le liykor s'empressa d'éclaircir ce mystère. Sans ranger son épée qu'il tenait d'une seule main, il lui posa une simple question.

« On se connait? »

Un son étranglé sortit de la gorge de l'homme alors qu'il semblait chercher ses mots. Finalement, il abaissa sa capuche pour dévoiler le reste de son visage: des cheveux bruns foncés qui atteignaient la base de son cou. Ce qui n'aida pas Sköll qui cherchait pourtant activement dans sa mémoire. Il n'était jamais venu à Dahràm alors il ne savait pas vraiment par où commencer. Alors que le guerrier ouvrait de nouveau la bouche pour répéter sa question, au risque d'offenser le milicien une seconde fois, celui-ci pointa du doigt sa joue droite où se trouvait une cicatrice particulière. Quelques secondes de réflexion furent suffisantes pour que le jeune liykor se souvienne enfin de l'occasion où il lui avait donné cette balafre.

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Blood and Darkness are only tiny fragments of the world.
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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville
MessagePosté: Ven 22 Juil 2011 12:35 
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L'odeur de paille mouillée et de boue stagnante d'urine et d'eau croupie me frappe en même temps que la lumière matinale. Sortie du bazar du magicien, avec empressement, je ne me suis pas préparé à la différence de température et de luminosité. Face à la farandole de lampion de la boutique du sorcier, le soleil pâlichon ressemble plus à une lune affable, et le froid mordant lacère ma peau sous ma chemise. En frissonnant silencieusement, je resserre ma cape autour de moi et rabat ma capuche. La fatigue doit jouer un rôle dans cette lassitude que je ressens, mais pas seulement, dans ma bouche bouillonne la bile noire de l'amertume et de la colère.

Une fine pluie couvre le bruit de la ville en éveil, crépitant sur les chaumes et les toits de planche et de paille des masures du quartier. Depheline émerge à son tour de la baraque du lanceur de sort, et me regarde un instant, attendant le choix de notre destination.

«On va passer par le marché de Darhàm, on y trouvera quelques choses à manger. Ensuite on se prépare un sac de voyage et on prend la route. Je pense retourner à Kendra Kâr. Cette ville est ingrate et je ne resterai pas plus de temps qu'il n'en faut pour se préparer à un départ! Nous dormirons à la belle étoile!»

Puis d'un bon pas, j'engage la marche dans les ruelles, drapée de ma belle cape blanche elfique, mettant tout mon art de la dissimulation et de la discrétion en avant.

Évitant une cinquième patrouille de Garzok braillant, ruminant et grognant. Je ne peux m'empêcher de grincer des dents:

« Je suis un héros! Et je suis obligé de me cacher comme le dernier des voleurs! »

Je refrène péniblement, la sombre envie bouillonnant en moi, de me jeter sur un de ces idiots verts et de l'égorger comme un porc qu'il est. Prenant la main de Depheline, tendu et nerveux, je l'entraîne avec moi vers le port, là ou le marché matinal est le plus grand. Les rues sont longues, sombres, puantes, écœurantes et l'envie d'éradiquer cette ville de ma vue et de mes souvenirs se fait de plus en plus pressante. Je dois sûrement fatiguer nos faibles réserves d'énergie temporaire, mais il me faut un autre vent sous le nez que celui vicié qui s'immisce dans mon masque. Je lance tout de même à Depheline qui se demande sûrement où je l'emmène :

« On va au marché du port. À cette heure, il y'a beaucoup de marin et de clients, Caché dans la foule, les Garzoks ne nous trouverons pas, et pour moi, ça sera l'occasion de mettre à profit d'autres talents de ma panoplie. Et de laisser ma signature à cette ville »

Je souris pour moi-même, mon masque reflétant les pâles rayons du soleil alors que je marche vivement. Caché derrière ce rideau de fer, l'expression de mon visage signifiait la satisfaction, la jubilation intérieure que l'on ressent lorsqu'on trouve un moyen de se venger d'un affront.
Quoi qu'il advienne, je suis décidé à faire payer à Dahràm sont manque de courtoisie, de reconnaissance et en nature croquante et nourrissante. Serpent le roublard va frapper.

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Serpent Ménestrel (origine Voleur) Niveau 15
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    ¤ Il est beau ¤ Une navigatrice dans la quête 27
    ¤ Il est fantastique ! ¤ Un tavernier de Dahràm
    ¤ rchhhtll blll rll !! ¤ Le dieu pieuvre des mines de Lebher
    ¤ Il est trop rapide pour moi ¤ Le Dragon Noir d'Oaxaca
    ¤ Il m'a faite danser, et j'ai aimé ça ¤ Silmeria, l'anima noire


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     Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville
    MessagePosté: Sam 23 Juil 2011 20:49 
    Depheline était silencieusement sortie de la boutique magique. Elle avait jeté nombre de coups d’œil furtif autour d’elle et en avait conclu que la voie était libre, du moins, pour le moment. Il lui sembla que le temps s’était quelque peu figé, leur destin remis entre les mains de Serpent qui était le seul à savoir où leurs pas devraient les mener par la suite. Et justement, il annonça que sa décision était prise : après s’être rendus au marché pour faire des provisions de voyage, ils partiraient en direction de Kendra Kâr. Cette ville était, comme toutes les villes du reste du monde d’ailleurs, totalement inconnue à la jeune magicienne. Sa vie isolée à Dahràm ne lui avait jamais permis de beaucoup se cultiver et elle était donc impatiente d’en apprendre plus sur cette ville.

    Pourtant, l’heure n’était vraisemblablement pas aux questions sur le voyage, car le voleur s’élançait déjà en direction du marché qui, il fallait l’espérer, saurait vendre ses denrées habituelles compte tenu de tout le remue-ménage dont Dahràm avait été victime. La jeune femme avait du mal à s’imaginer ce qu’un sac de voyage devait contenir pour leur permettre de mener à bien de longs déplacements en terre inconnue. Elle comptait donc manifestement sur les connaissances de son compagnon pour lui en apprendre plus sur la chose.

    À plusieurs reprises, sur leur trajet, ils croisèrent des gardes en train de patrouiller. La magicienne se réjouissait des capes de dissimulations qu’ils portaient tous les deux sur leurs épaules, car en se cachant derrière quelques tonneaux ou contre un mur, immobiles, ils semblaient ne jamais attirer l’attention de personne. Ensemble, ils reprenaient alors leur petit bonhomme de chemin, le cœur battant.

    Mais au bout de la cinquième fois, Depheline entendit enfin la voix du voleur masqué, qui lui annonçait ses états d’âmes quelque peu mégalomanes. Elle eut bien sûr envie de le réconforter, mais quelque part, elle eut un peu peur de lui et de l'aggressivité qu'elle percevait dans ses propos. Bien sûr, elle n'était pas dirigée vers elle, mais son énervement pouvaient très bien se retourner contre sa personne.

    « Un héros ? Tu es mon sauveur, c’est déjà beaucoup, tu sais. J’ai peur que tu ne t’attires des ennuis en voulant sans cesse te montrer tu sais… Mais je comprends, cette ville est infecte... »

    Elle réfléchit quelques instants, le temps pour Serpent de la prendre par la main et de lui arracher un petit « Hé ! » de surprise. Elle poursuivit alors, pour essayer de le détendre :

    « Puis en tant que héros, tu as le devoir de m’apprendre à voler, tu te rappelles, c’est toi qui m’avais dit que tu me formerai ! Alors pas de bêtise ! »

    Depheline détestait être brusquée ainsi, mais elle était ravie de voir que le marché était déjà à portée de vue, au bout de la rue. Elle était à la fois curieuse de découvrir ce que son ami réservait à la ville, mais elle aurait bien sûr préféré qu’il s’exprimât plus clairement afin qu’elle sût si elle devait l’en empêcher ou au contraire se montrer complice.

    « Tu m’expliqueras tout avant, n’est-ce pas ? »

    Le doute qui s’était installé en elle était très fort, et elle avait l’impression que si jamais quelque chose tournait mal pour eux, il en serait fini de leurs projets de voyage et de découvertes du monde, pour devenir de véritables héros. Il était important de ne pas brûler les étapes et elle avait l’impression que Serpent n’en avait pas vraiment conscience.

    Se refusant à lâcher sa main, éprouvant du plaisir à ce contact presque intime, la rousse se stoppa et l'invita à poser ses yeux dans les siens. Elle voulait lui communiquer son inquietude et son émoi, juste avant de se méler aux personnes du marché...


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     Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville
    MessagePosté: Sam 13 Aoû 2011 23:13 
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    Depheline tire mon bras et stoppe un instant la montée d'adrénaline que me procurait la fugace excitation de l'interdit enfreint. Elle me fixe dans les yeux et semble vouloir me transmettre ses craintes, ses mains agrippées aux miennes comme si je m'apprêtais à la laisser seule au détour d'une ruelle.

    Assez rapidement mais sans méchanceté, j'ôte mes mains des siennes et détourne le regard. Ce genre de regard couvant, bienveillant et apeuré à la fois a tendance à me mettre mal à l'aise et quelque part réveille en moi une pointe d'agacement. Est-ce par excès de fierté, ou encore une attitude de protection face à un souvenir d'enfance trop taquin et douloureux venu chambrez mon esprit ? Je ne sais pourquoi mes réactions sont aussi abruptes, mais ce besoin de réclusion et de fermer mes sentiments envers les autres s'enclenche comme un automatisme. Aussi je lui réponds presque aussi succinctement et d'un ton sec :

    « Écoute, je sais ce que je fais, ce genre d'activité auquel je m'adonne est comme la manipulation des essences magiques. Soit tu t'y connais et tu t'y mets, soit tu ne sais pas et tu apprends. Dans les deux cas il faut avoir confiance en soi et s'attendre à ceux que Zewen influence la donne. Cesse de t'inquiéter! »

    Je reprends la route sans attendre, le pas leste. Il est vrai que je ne reconnais pas ce sentiment qui me pousse à me fermer aux autres, mais nul doute que celui qui nourrit le feu ma vengeance est l'orgueil.

    Lorsque nous arrivons sur le marché du port, l'odeur de poisson et de mollusque tout frais péché viens agiter nos narines de dégoût. Le matin trop froid pour les promeneurs et rend le marché, contre ce à quoi je m'attendais, bien calme. Seul quelques marins à la pauvre mine et une poignée de rombières marmonnantes hantent le marché encore endormi. Les vendeurs ne prennent pas le risque de crier, de peur d'attirer une patrouille de Garzoks au crâne engourdi par l'alcool de la veille et aux penchants pour la bastonnade. C'est dans ce décor miteux que ma noble silhouette Kendranne, drapée d'une magnifique cape blanche virevoltant comme une plume, se peint devant le regard cloqué de fatigue des Darasmois. Cette Image gracieuse aurait pu sembler avenante si mon sombre masque n'instillait pas dans le regard des passants une méfiance craintive.

    Depheline me suit comme mon ombre, en moins discret. Brave jeune femme pleine d'espoir et de rêve, elle semble voir en moi, une espèce de messie venu la sortir des bas-fonds pour la menée vers haut. Techniquement, c'est aussi ainsi que je vois les choses, bien que l'intérêt en soit purement égoïste,je désirais la former, elle et d'autre, à ma philosophie de vie.

    Je passe non loin d'un étal à légumes, en jauge la qualités de son contenu et en prenant bien soin de ne pas afficher mon masque à la vue du marchand, soigneusement encapuchonné, je m'en éloigne tranquillement en prenant Depheline par le bras.
    Je m'assieds prestement sur un tonneau à l'écart et murmure à la rouquine en indiquant brièvement l'étal du maraîcher.

    « Voilà l'oiseau qui a les plus belles plumes de toutes la basse-cour, et vu l'abondance de son panache, il n'en prendra pas ombrage qu'on le singe avec quelques-uns de ses propres atours »

    Je sais que la jeune rousse est assez futée pour déceler dans mes propos surprenants, l'image du vendeur de légumes et de ses biens.
    .
    « Aussi voici comment va se dérouler la chasse, appâte l'oiseau avec du beau grain, il aime particulièrement le blé doré »

    Avec calme et naturel je confie à Depheline ma bourse de Yus et ajoute avec une touche de malice.

    "Plus de grain attire le crève-la-faim."

    Reprenant un air sérieux je poursuis les directives déguisées, qui aux oreilles du manant prennent l'air d'une discussion de collectionneurs Ornithophiles.

    « Ensuite chante au petit piaf sont air favoris, il aime entendre parler d'oiseau commerçant et de grand nid riche, et surtout de blé dorée. Pendant que tu attises son appétit, je procède aux singeries et ni une ni deux, nous voilà remplumé et prêt à lever les voiles! »

    À la fin de la phrase, je guide de ma main la bouille de la jouvencelle, de façon à ce qu'elle voie le petit escalier de pierre qui mène sur un minuscule ponton sur le fleuve traversant Dahràm. Quelques barques rongées de bernacle, attachées grotesquement par des cordes élimées et usées par l'eau semblent nous attendre sagement.

    Que Zewen nous chérissent et que rana souffle sur nos voiles terminé-je.

    Je me redresse lentement et enjoins Depheline à divertir le marchand. Je ne débourserais plus un yus pour Dahràm.

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    Serpent Ménestrel (origine Voleur) Niveau 15
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      Dernière édition par Serpent le Mar 13 Sep 2011 12:55, édité 1 fois.

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       Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville
      MessagePosté: Lun 15 Aoû 2011 21:26 
      Depheline n’était qu’à moitié rassurée par les explications de son compagnon. Avoir trop confiance en soi n’était jamais une bonne chose et pouvait mettre la personne dans de sales situations. Néanmoins, la jeune femme sentait bien qu’elle n’était pas en position pour lui dire de telles choses, car elle n’était pas encore dans son élément et aurait donc manqué cruellement de crédibilité. Si Serpent se plaisait à la mettre en garde contre la magie, naïvement. Depheline, elle, ne souhaitait pas paraître déplacée.

      Voyant Serpent déjà s’éloigner, elle ne pouvait que lui faire confiance et se reporter à son avis d’expert. Toute son allure traduisait la fierté et le raffinement. Cela lui faisait quelques fois qu’en une telle ville chaotique, il pouvait attirer des regards envieux et mal attentionné du simple fait de sa prestance et de ses vêtements clairs et lumineux. Bien trop lumineux.

      Elle soupira nerveusement et pénétra dans le marché calme, en cette matinée. La plupart des habitants de Dahràm avaient été réquisitionnés par les Garzoks d’Oaxaca pour remettre un peu d’ordre dans ce taudis citadin et les commerçants n’avaient donc pas beaucoup l’occasion de vendre, depuis les derniers incidents.

      C’était avec beaucoup de surprise que l’humaine constatait que les regards se posaient parfois sur elle, alors que Serpent n’attirait l’attention de personne. Bien loin de comprendre les aptitudes des gens de l’ombre, elle n’avait pas imaginé une seule seconde qu’il s’agissait là d’un don qu’elle allait également devoir développer.

      D’étal en étal, la rousse se demandait sur laquelle d’entre elles le choix de Serpent allait se porter. Depheline éprouvait de la pitié pour le commerçant qui serait la victime des vols de son compagnon. Les temps étaient durs pour tout le monde et à voir les habits peu raffinés des marchands, il ne faisait aucun doute que chaque yus était précieux pour eux.

      Soudain, Serpent se retourna, s’approchant de la magicienne pour lui empoigner le bras doucement. Elle aurait pu croire là à une douce attention, réponse à celle qu’elle lui avait adressée avant d’entrer dans le marché, mais il n’en était rien. Elle comprit vite qu’il souhaitait simplement l’éloigner des oreilles indiscrètes pour lui annoncer les détails de son plan. Apparemment, le maraîcher avait retenu ses faveurs…

      Sans trop comprendre la raison initiale qui avait poussé Serpent à lui faire don de sa bourse, elle accepta ce présent sans poser de question. Il devait sans doute s’agir d’un stratagème visant à faire croire qu’elle possédait beaucoup d’argent, mais elle n’avait pas encore développé le sens des voleurs et avait donc été incapable d’imaginer un plan par elle-même.

      Une fois encore, Depheline pu constater avec soulagement que son ami prenait soin de lui fournir d’amples explications. Il avait, elle devait bien l’avouer, un certain don pour la rassurer et semblait donc déjà bien la connaître. L’analyse des personnalités devait être une qualité requise pour être un bon voleur, songea-t-elle alors en esquissant un sourire en coin. Il n’était forcément bien vu de témoigner franchement de ses émotions dans ce coin de marché, sous peine de risquer d’attirer l’attention des gardes et la méfiance des commerçants.

      Puisque tout semblait prévu, même la sortie de secours au cas où les choses se mettaient à tourner au vinaigre, la magicienne se retourna vers le marché en adoptant un air pensif et redressa ses épaules en arrière avant d’afficher un port altier digne des plus nobles personnalités que Dahràm ait été en mesure de voir. Sa bourse mélangée à celle de Serpent l’instant d’avant était bien visible à sa taille et tintinnabulait à chacun de ses pas.

      (Espérons que notre petite affaire fonctionne et qu’aucun malotru ne vienne m’importuner avant pour me couper la bourse. Nous serions vraiment dans l’embarras…)

      Ravalant ses inquiétudes, force fut de constater que personne n’avait encore réellement prêté attention à elle, jusqu’à son arrivée à l’étal du commerçant dodu en pleine transaction avec un client. Dans cette ville, chaque yus était précieux et même pour quelques maigres patates douces et carottes achetées, l’individu essayait de se montrer le plus avenant possible. Il n’y avait donc aucune raison pour que son attention ne soit pas retenue lorsque la jeune femme brandirait sous ses yeux sa bourse bien pleine.

      Quelques secondes s’écoulèrent, durant lesquelles l’apprentie de Serpent vit ce dernier se placer en bonne position pour commettre son méfait. Il était donc tant d’entrer en scène, et Depheline se pencha sur l’étal pour commencer à tâter la marchandise. Il était vrai que les mets étaient d’une extrême fraîcheur et cela mettait l’eau à la bouche à l’humaine. La situation était plutôt cocasse, lorsque l’on avait conscience qu’elle n’avait pas souvent eu le luxe de se payer de telles denrées.

      « De belles prunes bien juteuses… Des pommes rougies juste à point… Quant à ces artichauts, mh ! Le choix va être rude…», murmura la demoiselle, armée de ses manières surjouées. Du coin de l’œil, elle sentait déjà le regard intrigué du vendeur, qui sentait probablement en elle un potentiel financier intéressant.

      « Et tout cela pour un prix très séduisant ! », intervint l’homme bedonnant d’une voix qui se voulut confidentielle. Ce devait être une de ces techniques ridicules pour pousser les pauvres gens à acheter et il sembla à Depheline que le meilleur comportement à adopter était de rentrer dans le jeu. Alors, ses yeux papillonnants se plongèrent dans ceux du commerçant et un ravissant sourire lui fut adressé.

      « Je vais alors sans doute dévaliser vos marchandises, mais laissez-moi d’abord compter combien j’ai sur moi ! »

      La magicienne entreprit de compter nerveusement ses yus, en observant les manœuvres avisées de Serpent du coin de l’œil, alors que le marchand conservait à présent ses yeux rivés sur les sous. Il était loin de se douter que ses propos pouvaient également être pris au sens propre du terme et Depheline en éprouvait une certaine sensation de plaisir à ainsi comploter.

      Mais la belle rousse ne comptait pas s’arrêter là dans la diversion, et d’un geste faussement maladroit, elle laissa tomber à terre une partie de son argent qu’elle s’empressa de vouloir ramasser, bien évidemment aidée par ce marchand bien étrangement bienveillant. La magicienne pu constater que quelques piécettes s’étaient étrangement volatilisées dans les manchettes longues du vendeur bedonnant, mais elle ferma les yeux sur ce détail sans importance car c'était là un bien moindre mal face aux économies qu'ils allaient faire. En quelque sorte, ils étaient ainsi quitte.

      Toute la pression qui avait pesé sur ses épaules s’était maintenant dissipée, car elle savait qu’accroupi à ses côtés, l’individu n’avait plus aucune chance de contrôler les faits et gestes de Serpent, aussi discret que possible.

      « Merci beaucoup de votre aide ! On n’a pas souvent l’occasion de se faire aider, dans cette satanée ville. En général on nous aide plutôt à alléger notre charge, si vous voyez ce que je veux dire… J’évite généralement de venir ici pour cette raison d’ailleurs, mais aujourd’hui j’avais décidé de changer un peu mes habitudes ! »

      Lorsqu’elle eut recouvré la totalité de leur argent mis en commun si l’on exceptait les quelques yus que s’était appropriés le marchand, la jeune femme se redressa et rencontra le regard de son acolyte. Visiblement, le méfait avait été accompli car déjà il s’était éloigné de l’étal. Faisant alors mine de se rappeler un élément très important, la magicienne, l’air gêné témoignant d’ailleurs un réel malaise, se recula finalement de l’étal.

      « Je reviendrais sans doute plus tard, il m’était totalement sorti de la tête qu’une course importante auprès d’un ami m’attendait dans les environs. Quelle idiote… »

      Et elle virevolta sans laisser le temps au marchand désarçonné de répondre. Réalisait-il déjà le coup monté qui lui avait été joué ou ressentait-il simplement la frustration de ne pas avoir pu vendre ses produits en grande quantité à une femme qui semblait avoir de quoi lui acheter beaucoup. Aucun des deux compagnons n’avait réellement envie de le savoir et c’est d’un pas bien décidé qu’ils s’élancèrent en direction du fleuve, comme cela avait été convenu initialement. Ils ne se rapprochèrent que plus loin. Fièrement, Depheline déclara alors :

      « C’était bien ? On forme une sacrée équipe, pas vrai ? Montre-moi ce que tu as trouvé ! »

      Déjà ils s’étaient installés à bord d’une vieille chaloupe qui fuyait, mais cela valait encore mieux que de retraverser toute la ville en se cachant des gardes qui cherchaient des volontaires désignés pour faire le sale travail qu’eux-mêmes se gardaient bien de faire. Le monde d’Oaxaca était décidément bien plus écœurant et mauvais que toutes les sombres manigances que Serpent et Depheline allaient pouvoir mettre au point ensemble…


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       Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville
      MessagePosté: Jeu 25 Aoû 2011 13:44 
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      Depheline part en direction de l'étal du maraîcher, pour ma part je fais un léger détour en arc de cercle,je m'arrête à un stand odorant, laissant l'illusion au vendeur de poisson qui m'examine de son œil torve, que je m'intéresse à ses soles miteuses et ses truites malades.
      Le fait que je sois masqué semble le mettre mal à l'aise et il jette son regard huileux vers ma cape blanche, cherchant ou mes mains se dissimulent, craignant la rapine.

      J'entends Depheline ferrer son gros poisson et me détourne du poissonnier, qui soulager, s'en retourne à ses maquereaux et à ses grand-mères. Je me dirige vers l'étal du maraîcher qui semble obnubilé par l'argent que possède ma complice. Sous ma cape, je fais passer mon sac à bandoulière devant moi, l'ouvrant d'un habile doigté et me préparant à là récolte.
      Dans un bruit similaire à un signal, quelques yus de mon acolyte se répandent au sol, excitant le vendeur de légume qui se rue à quatre pattes par terre, comme un porc à l'heure de la gamelle.

      Et avec précision, mes mains surgissent des pans de ma cape entrouverte et attrapent avec habileté les fruits et légumes frais de mon choix, trois melons d'eau ici, cinq pommes, quatre grosses carottes et pour finir une botte de radis. Juste a temps, le gros bonhomme se relève, et je sens l'adrénaline envahir mon corps alors que mon forfait se termine, mélange d'excitation et de peur. Je me retire avec le cœur bouillant, satisfait de mes actes. Je descends les escaliers de pierre menant au ridicule petit ponton de bois, ou deux barques dorment paisiblement, retenue par des cordes effilochées par l'humidité.

      Ma comparse rousse me rejoint vite, et je choisis la barque la moins abîmée, à proprement parler, celle qui coulera le moins vite. Tranchant la corde d'un coup de griffe et d'un mouvement de cisaille, je laisse le bateau suivre le cours du fleuve.

      « On a de la nourriture pour deux jours, si tu n'es pas trop viande » dis-je avec une pointe d'orgueil dans la voix. C'était là un beau larcin et je constatais avec fierté mes progrès depuis mon arrivé dans cette ville puante.

      « à nous l'horizon et l'aventure » complété-je avec une voix rêveuse.

      La ballade au fil de l'eau se poursuit,peu charmante, passant sous un pont, proposant à nos vues écœurées des bouches d'égout vomissant débris, ordure, déjection et même morceaux de cadavres divers. L'odeur d'eau impure, souillée me fait remonter le cœur au bord des lèvres.
      Comme si ça ne suffisait pas, la barque prenait l'eau, et salissait mes bottes en daim. À peine six minutes se sont écoulées depuis que nous avons pris la voix de l'eau, ou plutôt que nous constatons les voies d'eau, dans la vielle coque de la barque. Il est évident que l'aventure finira sa course sur les pierre grise du port de Dàrham, ou sur les pierre verdâtre du fond du fleuve. Le choix est vite fait, est à l'aide de nos mains, nous tentons de diriger notre frêle esquif vers la terre ferme. Par chance le courant n'est pas très puissant et avec quelque brassée, nous atteignons notre but.

      « Nous revoilà au point de départ, quelle évasion minable » marmonné-je, alors que je pose à nouveaux le pied sur ce sol détestable.

      Ma voix semble blasée, déformée par le métal de mon masque. D'ailleurs ce dernier m'étouffe, il semble aussi chaud que mon corps, et pendant un instant je reste immobile et muet, en proie à un état second. Mes yeux se voilent pendant quelques instants, et une intense chaleur envahit mon crâne, comme après une longue nuit de lecture. Un murmure sifflant à mes oreilles, un bourdonnement léger mais constant, je crois entendre une voix...

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      Serpent Ménestrel (origine Voleur) Niveau 15
        "Oaxaca contre-attaque." (Quête 30)

        Réputation :
        ¤ Il est beau ¤ Une navigatrice dans la quête 27
        ¤ Il est fantastique ! ¤ Un tavernier de Dahràm
        ¤ rchhhtll blll rll !! ¤ Le dieu pieuvre des mines de Lebher
        ¤ Il est trop rapide pour moi ¤ Le Dragon Noir d'Oaxaca
        ¤ Il m'a faite danser, et j'ai aimé ça ¤ Silmeria, l'anima noire


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         Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville
        MessagePosté: Lun 29 Aoû 2011 20:37 
        Au loin sur le marché relativement calme et silencieux, Depheline crut entendre les exclamations soudaines du marchand qu’ils avaient royalement berné. Mais à la vitesse où leur barque abîmée dévalait le torrent du fleuve se jetant dans la mer, elle pouvait être rassurée, personne ne viendrait leur demander de restituer leur butin.

        Les cris ne furent plus qu’un bon souvenir de cette victoire éclatante lorsqu’ils arrivèrent au bord de mer, débarquant sur le port au milieu des immenses structures de bois qu’étaient les grands bateaux amarrés. Comparés à leur bicoque d’infortune, ils semblaient de majestueuse carrure. Les pieds dans l’eau jusqu’à mi-mollet, Depheline ne pouvait s’empêcher de pester après cette idée saugrenue qu’avait eu Serpent.

        « Tu parles d’un point de retrouvailles ! Une barque cassée dans laquelle on aurait pu couler… Et pour quoi ? Pour un marchand qui ne s’est rendu compte du vol qu’au bout de cinq minutes passées ! Foutue ville, vivement que l'on arrive à Kendra Kâr… »

        Marmonner pour elle-même contre les idées de son ami commençait à devenir une habitude. Heureusement, Serpent ne semblait presque jamais y prêter attention, et tout était finalement mieux ainsi. Quitter cette vieille carcasse désossée avait au moins eu le mérite de redonner le sourire à la pauvrette glacée jusqu’au sang et c’est avec satisfaction qu’elle découvrit un groupement de personne attroupé autour d’un beau bateau bien entretenu. Il ne devait pas être originaire de Dahràm car en bien trop bon état. Peut-être appartenait-il à une haute personnalité au service d’Oaxaca…

        Suite au port...


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         Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville
        MessagePosté: Lun 26 Sep 2011 21:45 
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        Le soleil commençait à se lever quand Sevothyr, Raftael, Ernest et Fluron partirent du magasin de Pachak le lendemain matin. Chacun portait un paquetage sur leur dos, où étaient rangées des affaires personnelles et vivres. Ils marchèrent en ligne, dans les sombres et sales ruelles de Dahràm. Aucun ne parlait, seul l'écho de leurs pas et les grognements qu'émettaient quelques rares ivrognes endormis sur les pavés troublaient le silence pesant.

        Au bout d'un moment Sèvothyr prit la parole :
        "Je n'ai obligé aucun d'entre vous à me suivre que je sache, à moins que vous ne m'accompagniez juste pour me dire au revoir, auquel cas je suis navré de voir dans quel état cela vous mets et je ne vois alors pas pourquoi vous avez amené vos affaires.... A moins que ce ne soit pour camper sur le port en attendant mon retour ?" "

        Il prit un air faussement touché et ému mais aucun de ses trois compères ne lui répondirent, ce fut Ernest qui brisa le nouveau silence peu de temps après.
        "C'est juste par rapport à Pachak..... ça m'embête un peu pour lui qu'on parte tous comme ça comme des voleurs."

        Le demi-elfe éclata d'un rire ouvertement moqueur.

        "Au fond il était un minimum correct avec nous !"se défendit le jeune humain à lunettes." "C'est vrai quoi il ne nous battait jamais, ne nous enchaînait pas, nous avions nos loges, notre espace et n'étions pas sous-nourris..."

        "Oui c'est vrai on vivait comme des princes maintenant que j'y pense, on avait même... "

        Ernest ne le laissa pas continuer :
        "-Oh c'est bon !..... C'est juste que je me demande comment il va se débrouiller sans nous maintenant et donc que je m'inquiète... "

        "-Ben au moins maintenant il apprendra plus à se débrouiller seul, enfin à peu près puisqu'il peut toujours compter sur le bon vieux Caldor et ... " Il retint un autre rire. " le brillant Grubash..!"

        Nouveau moment de silence, Sevothyr tourna la tête vers Raftael, il était sûr que ce dernier pensait comme Ernest, mais heureusement son désir de partir, de vivre pleinement sa vie l'avait emporté, du moins pensa t'il... (Avoues que tu n'aurais pas supporté rester tout seul là-bas mon pauvre ami).

        La petite voix aigue de Fluron le tira de ses pensées quand il bégaya :
        "Au m...moins notre ca...cadeau d'adieu pou.. pourra lui remonter le m..moral. "

        Sevothyr tourna vivement la tête vers lui :
        "Votre quoi ?! "

        Fluron poussa un petit cri à cause de la brusque réaction du demi-elfe et ce fût Raftael qui expliqua :
        "Nous lui avons laissé sur une table tout le peu d'argent qu'il nous laissait garder et que nous possédions. Certes ce n'est pas grand-chose, seulement une vingtaine de pièces" (C'est sûr qu'il n'allait pas nous donner plus, le peu qu'il nous offrait était juste pour nous donner une illusion de liberté imbécile) "mais c'est symbolique. "

        Sevothyr leva les yeux au ciel (C'est pour ça que vous m'aviez demandé de monter en premier pour « vérifier si la voie était libre »), puis Raftael lui murmura vu qu'ils étaient côtes à côtes :
        "Et à propos je me suis permis d'y rajouter le contenu de la troisième bourse que nous avons gagné."

        "Que j'ai gagné tu veux dire ?!" (C'était donc lui) Le demi-elfe avait bien pesté en la cherchant dans ses affaires le matin même avant de partir.

        Le bel humain ne répondit pas et continua sur sa lancée.
        "D'ailleurs c'est bizarre j'ai trouvé que la bourse avait incroyablement réduit de volume. "

        Sèvothyr émit un claquement avec ses doigts.
        "Grubash ! Je savais bien qu'il était plus intelligent qu'il le laissait paraître." Même s'il était mécontent il ne put s'empêcher au fond d'être soulagé, heureusement que Raftael n'avait pas continué sa fouille plus loin car il serait sûrement tombé sur l'autre bourse qui était la réserve personnelle du demi-elfe.

        Et tant mieux pour Sevothyr, Raftael n'insista pas. Un nouveau silence plana sur le petit groupe qui n'était plus qu'à quelques rues de l'auberge. Quand ils arrivèrent Zarachy les attendait déjà devant, seul.
        "Allons qu'est-ce que c'est que ces têtes d'endormis, je veux plus de motivation là !" Grogna t'il quand il les vit arriver. Il frappa d'un coup sec ses mains l'une contre l'autre, le bruit du choc des gantelets métalliques agressèrent les tympans des quatre compères qui grimacèrent.

        Ernest et Fluron répondirent par un pâle sourire.

        "Nous partons maintenant." Il leur fit signe de le suivre et se dirigea vers le port.

        "D..dans quoi em.. embarquerons nous s..sire ?" Demanda le demi-gobelin le regard pétillant et impatient.

        "Un petit navire marchand avec lequel je suis venu" Il posa ses yeux gris sur le visage étonné de Fluron. " S'assurer de la protection des marchandises lors des trajets faits aussi parti de nos contrats. "

        Visiblement le petit demi-gobelin avait espéré embarquer dans un grand galion. Ernest dit alors à en rajustant ses lunettes sur son nez pointu :

        "Ca alors vous avez dû visiter plein de villes ! "

        "On peut dire ça "

        Il leur parla vite fait durant le court trajet de Kandra-Kar et Eniod, qui selon lui étaient des villes ennuyeuses à mourir.

        -> On embarque !

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         Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville
        MessagePosté: Mer 11 Jan 2012 00:24 
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        Vectelion passa le reste de la journée à errer dans les rues de Dahràm. Discret, furtif, il usait les pavés de la ville maudite à marcher, l'esprit embrumés dans de sombres desseins. Rowl... l'idée de trouver cet homme et de l'assassiner le déroutait quelque peu. Et aussi, pourquoi Ander l'avait-il payé en avance? Des questions qui plongeait l'encapé dans le doute. Autant faire le travail le plus rapidement possible.

        Avant la tombée de la nuit, Vectelion avait questionné plusieurs personnes, aux coins des rues. Bien sûr il n'était pas commun de demander informations aux inconnus que l'on croise, mais si Rowl était connu, peut-être la populace en savait-elle un peu sur le personnage. Mais sa chasse fut bien peu utile. On le renseigna simplement qu'il y avait un trafic d'esclaves dans un des sombres lieux de Dahràm, la Cour-aux-rats. Ce nom n'inspirait guère Vectelion, mais il se promit d'aller enquêter au plus vite à cette endroit.
        Remontant ses lunettes sur son nez acquilin, l'encapé se dirigea dans une ruelle sombre, à l'abri des regards et loin de toute compagnie.

        Suite

        _________________


        Dernière édition par Vectelion le Dim 25 Mar 2012 05:39, édité 3 fois.

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         Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville
        MessagePosté: Mar 28 Fév 2012 18:11 
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        Les Adieux de Klaus




        Après tout ces évènements, Klaus resta pendant un bon moment chez Mercurio, comme colocataire. De toute façon, il n'y avait toujours aucun loyer à payer depuis la mort violente du propriétaire et ça ne semblait pas être demain la veille que des sbires d'Oaxaca daignent s'intéresser à ce genre de législation, ce n'était pas leur genre.

        Même s'il avait d'abord eu quelques craintes, Mercurio avait rapidement remarqué que sa vie était trop vide pour souffrir d'un manque d'intimité avec un squatteur dans son foyer. Sa libido se vidait dans les bordels de la ville et rien n'avait de valeur chez lui.

        Il se rendit vide compte que Klaus était atteint de la même solitude que lui, et n'avait donc pas à craindre que celui-ci fasse venir tout les clochards de la ville pour une fête surprise à coup de vinasse infâme.

        Même si ce fut assez lent, une certaine amitié se mit même en place entre les deux compères, l'alcool aidant. Si Klaus n'était pas ce que l'on pouvait appeler une fée du logis, il restait souvent dans l'appartement et s'occupait comme il pouvait. Il récupéra un lit digne de ce nom et volait à l'étalage quelques denrées et autres biens en insistant sur le fait que c'était pour payer son loyer.

        Mercurio avait beau insister sur le fait que Klaus lui avait sauvé la vie et qu'il ne lui devait rien, il n'y avait rien à faire et il ne cessait de ramener du bric-à-brac dont Mercurio ne savait que faire. Il faut dire qu'à part l'alcool et traîner dans les rues de la ville, le pauvre n'avait pas de loisirs. Il ne savait pas lire et n'avait pas les moyens de se payer des filles de joies, et s'occuper à Dahràm n'était pas facile.

        D'ailleurs, il fallait croire que tout les jours, le retour de Mercurio de chez le rebouteux était l'évènement quotidien de sa journée. Il s'attacha rapidement à lui, alors que l'inverse fut plus laborieux. Si sa bienveillance et son amitié était évidente, celui-ci avait un côté un peu trop pot-de-colle pour Mercurio. Insistant toujours pour boire et fêter la tombée de la nuit des jours où l'humoran, harassé de travail, n'aspirait qu'à se reposer, avait quelque chose d'énervant, mais une telle gentillesse excluait le fait de l'envoyer balader sèchement et il devait trouver quelques excuses pour ne pas l'accompagner.

        Avec le temps, Mercurio, qui commençait à se faire un pécule assez conséquent en tant qu'apprenti du rebouteux, pouvait largement se payer tout ce qui lui chantait à lui et à son hôte. Ils allèrent souvent faire le tour des tavernes et autres maisons closes à ses frais, mais ça ne le dérangeait nullement. Mercurio vivait de peu et, à vrai dire, il trouvait qu'il gagnait presque trop d'argent. Il n'avait jamais eu des goûts de luxe et ne ressentait avoir besoin de rien de plus que de sa petite vie, de quoi manger, de quoi boire et où dormir. Le reste lui avait toujours semblé superficiel. Au bout d'un moment, une certaine confiance s'est établi et Mercurio lui laissait même un peu d'argent de poche.

        Puis, au bout de huit mois de collocation, alors qu'ils étaient devenu potes comme cochon, Klaus eût une sorte de révélation. Il confia à Mercurio avoir rencontré un prêtre de Moura qui était bon avec lui. Il le convertit à sa foi, lui appris à lire, à écrire et à compter. Il finit même par se raser la barbe et s'acheter des livres sur des légendes marines et sur les techniques maritimes. Il buvait aussi de moins en moins d'alcool, jeta ses vieilles défroques pour des habits plus conventionnels... En quelques mois, il changea du tout au tout.

        Mercurio fut même étonné de voir, qu'au bout d'un moment, se fut à son tour de motiver Klaus pour aller se pochetronner au petit soir.

        Puis, un jour, il annonça à Mercurio qu'il avait pris la décision de s'engager sur un navire. Pas un de ces navires de pirates non, mais un grand navire de commerce respectable dirigé par une compagnie marchande d'un des nobles de Tulorim qui faisait dans le commerce d'épices. Il disait devoir quitter cette ville qui avait une mauvaise influence sur lui, qui l'avait laissé sans but depuis sa naissance.

        C'était louable et même plus que compréhensible pour Mercurio.
        Les adieux se firent en toute simplicité, chacun se souhaitant le meilleur pour la suite. Il se sentit perdre un ami, alors que le navire marchand quittait le port paisiblement, et il lui fallut un bon moment pour se remettre de ce soudain vide qui le ramenait à sa vie passée. Il se sentit d'un coup effroyablement seul...

        Heureusement, Alkrim était toujours là...



        La Mort du Rebouteux

        _________________

        Playlist de Mercurio

        A propos, j'ai trouvé la morale de la fable que ton grand père racontait,
        celle du petit oiseau que la vache avait recouvert de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué...
        C'est la morale des temps nouveaux.
        Ceux qui te mettent dans la merde, ne le font pas toujours pour ton malheur
        et ceux qui t'en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur.
        Mais surtout ceci, quand tu es dans la merde, tais-toi !

        --------------------
        Jack Beauregard (Henry Fonda), Mon nom est Personne, écrit par Sergio Leone, Fulvio Morsella et Ernesto Gastaldi


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         Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville
        MessagePosté: Dim 25 Mar 2012 06:48 
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        Suite de la Cour-aux-Rats



        L'air frais du matin déchirait les poumons de Vectelion. A sa suite, pas moins de quatre hommes le pourchassait, avides de le capturer. L'instinct dictait à l'encapé les voies de Dahràm qu'il prenait, la peur, elle, lui fouillait les entrailles.
        Vec' prit un nouveau chemin sombre et buta malheureusement contre un mendiant. Dans une cacophonie d'insultes et de jurons celui-ci maudit l'homme au chapeau de le dérangé de si bonne heure mais l'homme en noir était déjà repartit, ses poursuivants bousculant une deuxième fois le clochard. Ils se rapprochaient de lui, et lorsqu'une impasse surprit Vectelion, celui-ci ne pu que recharger son arbalète et voir quatre mastodontes fondre sur lui. Mettant en joue son arme, Vec' défendrai chèrement sa peau. A deux bonnes douzaines de mètres, il réussi à loger un carreau dans la hanche d'un des gorilles. Tirant sur la languette, Vectelion tira un autre carreau sur une deuxième cible.

        -Allez! Souffla-t-il.

        Manque de chance, le trait frôla l'épaule de l'homme sans le blesser. Vec' n'aurait pas le temps de tirer un troisième trait. Trois colosses lui fonçait dessus, un quatrième arrivait. L'homme au chapeau jeta son arme de tir et mis son avant bras en garde. Ses trois ennemis s'immobilisèrent en même temps. L'un était armé de deux couteaux, le deuxième d'un marteau et le dernier d'une épée courte. Dans un chuintement, Vectelion dégaina sa lame, prolongement de son bras. Il luttait pour que la panique ne l'emporte pas sur son courage. Saisissant l'initiative, il attaqua le premier. D'un revers, il visa le possesseur du marteau. D'un geste presque calculé, l'homme leva le manche de son arme dans lequel le métal se ficha. Déstabilisé, Vectelion retira son bras mais trop tard. Dans le même mouvement l'homme lui asséna un coup de marteau sur son épaule opposé. La douleur explosa dans tout son bras, l'encapé craignit d'avoir la clavicule fracturée. Il fléchit sous la douleur et les deux autres hommes se jetèrent sur lui, l'immobilisant sans problèmes. Après quelques secondes, l'homme au chapeau se rendit.

        Dans un ricanement, le colosse au marteau le toisa de haut:

        -Pas de chance, nargua-t-il. Allez, on l'emmène. Prenez son arbalète et désarmez-le de sa lame. S'agirait pas qu'il s'enfuit.

        Les ordres exécutés, Vec' ne pu que suivre le groupe, les mains attachées dans le dos. L'homme à qui il avait logé un carreau à la hanche lui cracha même au visage... Bah... une journée comme une autre à Dahràm dirait certain...

        _________________


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         Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville
        MessagePosté: Mar 31 Juil 2012 05:08 
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        Tinòndil indiqua au groupe un guérisseur plus loin dans Dahràm: Le Rebouteux. Les Cerbères prirent la direction. Malgré la fine pluie réapparue qui transformait le sol en vrai bourbier, Seymour ressentit une vague de bonheur en regardant autours de lui: même si Dahràm n'était pas la ville la plus sécuritaire, il s'y sentait comme à la maison. Si Hern' n'était pas dans cet état, il serait déjà à une table en train de siroter une bière. Thorik sembla partager son idée car celui-ci s'approcha et lui murmura après un coup de coude discret:

        -Le dernier à finir la prochaine pinte paye sa tournée!

        Seymour éclata de rire et repondit:

        -Tu joues avec le feu!

        -Haha! S'exclama le nain en lui flanquant une tape dans le bas du dos.

        -Plus tard bande de moules! cria Lou en tête de colonne. Herny est au plus mal, on va le conduire chez un guérisseur. Tinòndil tu m'accompagneras, les autres vous attendrez dans un périmètre de vingt mètres autours de la baraque.

        -C'est laquelle comme baraque? Demanda Chester qui tenait la civière avec Bud.

        -On y sera bientôt, répondit Tinòndil.

        Autours d'eux, les Dahrans les observaient d'un oeil critique. Une troupe transportant un blessé, tous armés pour la guerre, devait faire un spectacle bien étrange. Les Cerbères n'en avaient que faire. Les regards s'attardaient encore plus sur Seymour. Le métissage de sa race suscitait encore la curiosité des passants. Le demi-elfe s'était forgé un moral d'acier en ce qui concernait le sujet.

        -C'est le vieux Rebouteux qui va traiter Hern'.

        -Pfeu c'est quoi ce surnom? S'énerva Chester. Le Vieux Rebouteux? Quel guérisseur s'appellerait ainsi?

        -Et quel boulet s'appellerait Chester? Rétorqua Jedidiah' exaspéré.

        Lou fit volte-face et pointa Chester du doigt avant qu'il n'argumente. Il lui imposa le silence tel que.

        -Tu l'ouvres encore une fois, mais juste une fois, s'énerva-t-il, tu accompagnes notre ami Hern' chez le Vieux Rebouteux. Au moins tu pourras juger toi-même de son expérience et lui poser toi-même la question.

        -Oui M'sieur, répondit Chester d'un air penaud en baissant la tête.

        Lou lâcha un grognement approbateur.

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        Dernière édition par Seymour le Dim 2 Sep 2012 17:45, édité 1 fois.

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         Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville
        MessagePosté: Sam 1 Sep 2012 01:59 
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        Même si le soleil avait traversé suffisamment fort les volets de la chambre de Goont pour le réveiller, il était encore très tôt le matin. Un vent très frais s'était levé, hérissant les poils sur la chair mise à nu du grand guerrier chauve. Quant au vieux mage, ce froid léger lui importait peu. D'une part parce que la soie de son kimono le tenait bien au chaud, mais aussi parce qu'il avait encore l'esprit occupé par beaucoup de choses: la magie qui revenait en lui, l'inconnu auquel il allait bientôt devoir se confronter... Mais lorsque le groupe passa près des instruments de tortures dont certains arboraient encore leurs victimes, comme des trophées sanglants, il se rappela fatalement qu'il avait fait exactement ce que sa fille condamnait. Un instant, même, il crut voir le visage de l'un de ceux qu'il avait dénoncés aux troupes d'Oaxaca. Cela le conduit à fixer ses yeux vers le sol.

        "Levez les yeux, entendit-il derrière lui. Levez les yeux et regardez. Il n'y a que ceux qui regrettent et ceux qui ont tout perdu qui regardent parterre. "

        C'était un des guerriers qui l'accompagnaient. Les deux qui avaient commencé à le suivre s'étaient rapprochés. L'un restait assez discret, et avait manifestement un équipement que l'on aurait pu attribuer à un voleur. Mais l'autre, l'homme qui lui avait parlé, avait un physique bien particulier. C'était un vieil homme, au visage bien plus marqué que celui de Goont (qui l'était pourtant déjà pas mal). Il portait une armure lourde, dont l'apparence lui donnait l'impression qu'elle était bien usée par le temps et les combats. Mais sa facture avait l'air exceptionnel. Une longue barbe atteignait le haut de son plastron et dissimulait maladroitement une cicatrice qui devait partir du bas de la joue gauche pour se terminer sur sous l’œil droit, marquant un fossé sur l'arcade de son nez. C'était une gueule cassée, et pourtant, il tenait fièrement le pommeau de son épée et restait droit.
        Quand Hivann s'est retourné pour voir qui lui adressait donc ces mots, le vieillard ne décrocha pas son regard de lui. Il continua.

        "Regardez là-bas, fit-il en indiquant le bout de la rue. Il y a une semaine, mon meilleur ami est passé là-dessus. Et avant hier, ce sont mes deux fils qui y ont été. Mon plus jeune enfant n'a pas eu le temps de hurler quand on a lâché les poids à ses jambes."

        Hivann n'avait pas réussi à comprendre immédiatement de quoi l'homme avait bien pu parler. Mais après seulement quelques pas, un schéma infâme se traça dans sa tête pour lui expliquer le fondement de l'instrument de torture. Un cône de métal en pointe. Fort heureusement, il n'y avait personne pour illustrer plus salement son utilité... Mais les troupes d'Oaxaca n'avaient pas pris la peine de retirer le sang et les excréments qu'il y avait au sommet de la pointe. Même les poids, de chaque côté de la chose, étaient souillés par le sang, les selles et la peur.

        "Vous n'avez encore rien perdu, Ser Goont. Vous avez votre fille, tous vos enfants. Et surtout, vous nous apportez beaucoup d'espoir. Soyez en fier. C'est un peu grâce à vous si je ne regarde encore devant moi."

        A ces seuls mots, Hivann n'avait que deux envies: pleurer et s'excuser. Il n'y avait pas que sa fille qui l'avait troublée en lui confiant la mission d'aider les résistants. Cet homme là aussi l'avait touché. Une sensibilité incroyable se dégageait de lui, et le frappait violemment aux tripes. Il nous pouvait s'empêcher d'imaginer que les deux jeunes hommes qu'il avait envoyés à la Mort étaient ses enfants, ou d'autres proches.
        Des sueurs froides firent leur apparition sur son crâne lisse. Il ne savait quoi lui répondre. Seule une question avait gouverné ses lèvres, tandis qu'il ravalait son malaise.

        "Quel est votre nom?"

        "Karl Wjran."

        "Je m'en souviendrais."

        Ce nom était déjà gravé dans son esprit. Goont s'était rendu compte d'une chose assez étrange en rapport avec son passé d'escroc. Jamais, au début, il ne s'était retrouvé confronté avec les victimes de ses propres méfaits. En validant certaines sorts contre de l'argent, il avait inévitablement risqué d'autres vies. Il en était de même pour les potions, les parchemins, et bien d'autres encore. Mais cela importait peu, puisqu'à ses yeux, cela servait avant tout à son bien-être et celui de ses enfants. Ici, c'était la même chose. Mais la différence était qu'il se retrouvait confronté à ses propres méfaits.
        Personne n'en avait conscience, hormis lui-même. Il s'était senti mal en quittant Tôhko, mais il n'y pensait plus alors qu'il se retrouvait face à l'encens magique. Maintenant, en traversant chaque rue, il serait forcé d'y penser. Il se demanda un moment où s'était envolé son esprit opportuniste. Mais il se rappela bien vite que s'il allait travailler pour les résistants, ce n'était pas par pur bénévolat.

        La marche avait été longue, mais l'épisode du cône de sang avait été le seul épisode notable, puisque chacun était resté muré dans le silence. Sans doute par respect pour les morts, si ce n'était pas par peur de trop respirer l'air putride qu'agrémentaient les cadavres de par leur présence. Contrairement à ce qu'il imaginait, Goont n'avait pas terminé son périple dans les égouts. Tous s'étaient simplement rejoints dans un cul de sac. Un endroit accessible que si l'on en connaissait le chemin, puisqu'il fallait emprunter trois portes pour être dans la cour que constituait les quatre bâtiments autour.
        Tôhko était là, ainsi que sa propre garde rapprochée (ainsi, les trois hommes qui accompagnaient Goont n'étaient qu'une infime partie de ce qui constituait la protection de sa fille). Il lui fit d'ailleurs un signe de tête discret, mais témoignant bien de sa reconnaissance quant à l'acte magique qu'elle lui avait conféré. S'ils avaient été seuls, il l'aurait embrassée. Il y avait aussi beaucoup d'autres personnes, toutes à l'apparence assez peu élaborée. Ils avaient tous le faciès d'un mercenaire malfamé. Seul l'un d'entre eux, un jeune homme excité, portait une armure propre, un visage d'ange et une dentition parfaite. Sa seule apparence trahissait les mensonges qu'il proférait, selon lesquels il aurait combattu un groupe d'Oaxaca à lui seul.
        Mais enfin, il y avait surtout un autre homme. Il était d'une apparence assez discrète, mais son simple placement, légèrement en avant et en retrait de ses compagnons, témoignait de son rang assez haut dans le groupe qui était constitué ici. C'était un homme plus jeune que lui, mais il y avait quelque chose dans son regard qui dégageait une certaine intelligence. Des yeux sombres, très perçants. Et contrairement à l'énergumène qui le précédait, il était loin d'être aussi m'as-tu-vu. Il ne portait pas d'armure, seulement une redingote d'un cuir très usé, et aussi deux poignards de chaque côté de sa taille. Sa barbe mal entretenue et ses longs cheveux gras ne prenaient pas le dessus sur le charisme qu'il y avait en lui.

        "Ser Goont, je présume? Les gens autour de vous m'appellent le Grand Lamin."

        "Dois-je me contenter de cela?"

        "Il n'y a pas de significations à chercher. Je suis un bon maraudeur, je suis discret, et je suis bon nageur! Enfin, qu'importent nos titres, vous n'êtes pas ici pour débattre de cela, n'est-ce pas?"

        Le Grand Lamin se leva et invita le mage à l'accompagner dans sa marche. En fait, ils ne firent qu'un tour de la cour dans laquelle ils se trouvaient, leurs troupes respectives les suivant lentement. Le maraudeur avait un plan bien en tête.

        "Je ne pense pas avoir besoin de vous faire un topo de la situation de la ville. Vous avez déjà eu bien de la chance de survivre jusqu'ici, surtout avec toutes beautés (Il montra le kimono, la Pierre d'Oubli, ainsi que l'encensoir d'argent qui décoraient le vieux mage). Mais vous avez vu ce qu'il se passe dehors. Vous devez connaître la ville, et savoir que c'est le berceau de tous les mercenaires. Je ne peux pas dire le contraire, nous ne sommes pas tous blancs, loin de là. Mais plus que des criminels, nous sommes des aventuriers. Ces troupes d'Oaxaca, ce ne sont rien de plus que des monstres. Je ne suis pas du genre à discuter les choix des gens en terme de religions, mais lorsqu'il s'agit de vénérer un dieu par adoration du mal, je pense que la réflexion n'a pas lieu d'être.

        Il fit une petite pause, cherchant l'approbation de Goont, qui ne répondit que par un petit signe de tête.

        "Tôhko nous a beaucoup aidés. Nous aurons bientôt ce qu'il faut pour agir pour de bon et marquer Dahràm. On saura enfin que la résistance est bel et bien là. Quant à vous, elle a beaucoup tenu à ce que vous participiez à toute cette entreprise. Mais vous vous doutez bien que votre nom ne soit pas inconnu pour tout le monde, Ser Goont... Je ne vais pas vous faire agir directement contre Oaxaca. En revanche, je vais vous attribuer une tâche plus que cruciale."

        Tôhko se rapprocha. Cela commençait manifestement à la concerner. Le Grand Lamin continua son discours, dévoilant son plan.

        "Vous avez une certaine spécialité en République Ynorienne. Les feux d'artifices."

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        Dernière édition par Hivann Goont le Lun 3 Sep 2012 20:24, édité 1 fois.

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         Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville
        MessagePosté: Dim 2 Sep 2012 20:34 
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        Effectivement, en Ynorie, les feux d'artifices avaient une grande notoriété. Même avec son âge avancé, Goont continuait d'apprécier grandement ces spectacles pyrotechniques. Mais il savait aussi, bien entendu, que les composants des feux d'artifices pouvaient faire de formidables explosifs s'ils étaient utilisés comme tel. Lui-même avait déjà pensé à exploiter ces propriétés et créer quelques petits instruments... Mais la République Ynorienne était bien stricte là-dessus.

        "Les feux d'artifices ne sont pas faits pour tuer" dit-il, sans avoir l'air pour autant convaincu.

        "Leur usage initial ne signifie qu'on ne peut pas les en détourner. Vous devriez comprendre ça. Vous avez bien transformé des poisons et des parchemins mortels en tout un tas de Yus."

        Le Grand Lamin avait un air terriblement supérieur en disant cela. Un air qui avait le don de mettre Goont sur les nerfs. Mais cet homme là avait malheureusement raison. Un petit mercenaire réussissant à tenir aussi facilement tête à un mage qui, fut un temps, avait été le meilleur de sa République. Malgré tout, il n'allait pas lui tenir tête sur le plan de "ce qu'il avait fait de mal auparavant".

        "Je ne parle pas seulement d'éthique. Vous avez dit vous-même que les feux d'artifices étaient une spécialité Ynorienne. Combien d'Ynoriens connaissez vous à Dahràm, vraiment? Je ne sais pas ce que vous comptez faire sauter, mais il est évident qu'une fois que l'explosion aura retenti, les troupes d'Oaxaca s'en prendront à ma famille!"

        "C'est plus ou moins une des raisons pour lesquelles je vous ai convié."

        "J'ose espérer que ces mots ne constituent pas une menace. Vous le regretteriez."

        Ser Goont avait serré le poing alors que sa fille le rejoignait pour poser une main rassurante sur son épaule. Le Grand Lamin, lui, riait à gorge déployée. Le plus humiliant était surtout d'entendre toute sa troupe derrière lui, l'accompagnant dans son hilarité. Le mage n'avait cependant pas retiré son sourire habituel, même s'il bouillonnait de l'intérieur. Si l'on commençait à le voir énervé et perdre son calme, il perdrait surtout sa notoriété.
        Petit à petit, le Grand Lamin cessa de rire, puis il reprit sa marche, faisant encore le tour de la cour.

        "Bien sûr que non, ce ne sont pas des menaces, Ser Goont. J'entends autre chose par là. Je sais que vous voulez quitter Dahràm. Et vous êtes Ynorien. Vous pourriez réceptionner les feux d'artifices, les installer, peut-être même les déclencher... Et une fois ce travail fait, je vous promets deux choses: Beaucoup d'argent pour votre fuite. Et une protection."

        Hivann avait du mal à croire cet homme. En fait, il pensait qu'il devait y avoir nécessairement anguille sous roche. Mais d'un autre côté, il faisait pleinement confiance à sa fille et ne l'imaginait pas être manipulée aussi facilement. En tout cas il n'était pas dupe: cela lui apporterait suffisamment pour s'éloigner de cette ville de malheur, mais l'acte n'allait pas servir uniquement à démontrer la présence croissante des résistants.

        "Ainsi, en m'éloignant, j'attirerais une partie des troupes d'Oaxaca et vous aurez le champ libre pour vous imposer un peu plus. Malin. Mais vous n'espérez tout de même pas que j'accepte de servir d'appât, n'est-ce pas?"

        "C'est là que Tôhko intervient", répliqua le mercenaire, plein d'assurance.

        La belle Ynorienne sortit une carte de son gros paquetage. Le temps qu'elle réussisse son entreprise, les deux personnages, tels des hommes d'affaires, s'affalèrent sur des chaises autour d'une petite table. On leur apportât même une gourde de vin chacun. Gourde que Goont refusa poliment: le vin de Dahràm était d'une qualité déplorable.
        Tôhko déploya donc la carte qui recouvrit les trois quarts de la table. Dessus, une belle représentation du continent. Une araignée violette était tracée au de la ville de Dahràm, ainsi que sur Omyre. Puis la jeune femme pointa du doigt la ville pour suivre un traçage en pointillés, jusqu'au centre même du continent.

        "En fuyant, nous partirons immédiatement vers les Duchés des Montagnes. Nous constituerons un groupe assez conséquent. Puis au milieu des montagnes, nous nous séparerons. Taé, Sujima, Lùthian et toi partirez vers Mertar. Sire Wjran fait partie des rares personnes qui connaissent le chemin jusque là-bas. Le reste du groupe tracera sa route jusqu'à Kendra Kâr pour brouiller les pistes. Tu devras séjourner peut-être quelques mois dans la capitale des nains, et une fois que tu te seras fait oublier, nous te déplacerons dans une autre ville. Je pense à Kendra Kâr, mais ça pourrait être aussi bien Bouhen ou Cuilnen. Je crois que ça dépendra surtout de toi."

        Le plan prenait une consistance qui ressemblait bien à ses propres stratégies. Goont reconnaissait bien là sa fille et commençait à tanguer vers l'acceptation de cette mission. Mais malgré toute la sécurité qu'on lui garantissait, il restait un détail qu'il ne pouvait omettre.

        "Et toi, Tôhko?"

        "Tôhko restera avec nous, Ser Goont, enchaîna le Grand Lamin sans l'ombre d'une pitié. Du moins, elle va rester avec nous et continuera les transactions depuis la République Ynorienne pour entretenir la résistance."

        La réponse ne convint pas à Goont, qui abandonna son sourire pour adopter un regard à la fois grave et comportant une petite pointe de colère. Pourtant, il savait bien qu'ils étaient loin de pouvoir la manipuler. Si elle restait dans la résistance, c'était par conviction. Et cette idée des feux d'artifices ne pouvait venir que d'elle, pas de petits aventuriers, quand bien même auraient-ils pu assister à quelques spectacles lors d'un passage en Ynorie.
        Hivann poussa un soupir et regarda la carte plus attentivement. Il n'avait pas besoin de rester dans une longue réflexion pour en conclure qu'il s'agissait d'un excellent plan. Bien sûr, il n'aurait pas à risquer sa vie s'il se contentait de vivre de manière honnête, mais il n'avait pas envie d'attendre des années pour changer d'air. Il lui fallait partir vite, avec beaucoup d'argent, et dans un endroit qui lui permette de gagner de nouveau suffisamment pour se refaire une vie. Il avait toutes les précisions concernant une partie de sa récompense. Mais il lui manquait encore une information.

        "Combien?"

        Le Grand Lamin prit un sourire encore plus large qu'auparavant, comme s'il était persuadé que Goont ne pourrait refuser cette offre. Et dans une voix lente, presque suave, il énonça le chiffre.

        "Sept mille cinq cents Yus."

        C'était une forte somme, même pour une famille.

        "Chacun."

        Effectivement, l'offre ne pouvait pas se refuser. Goont fit un sourire incontrôlable en entendant ce chiffre. Ce total de trente mille yus était bien proche d'un capital qu'il savait atteindre à l'époque où il travaillait comme consultant. Mais il fallait le dire, la manière dont ces pauvres mercenaires pouvaient récupérer autant d'argent lui échappait.

        "Et comment pouvez-vous me garantir vous possédez cet argent? Les feux d'artifices sont déjà coûteux."

        "Nous sommes des aventuriers, Ser Goont. Nous voyageons, nous trouvons des trésors, nous les vendons, et nous recommençons. Chacun ne possède pas nécessairement un capital très élevé. Mais en constituant la résistance, nous avons largement ce qu'il faut, d'autant plus que contrairement à vous, Ynoriens, nous savons nous contenter du minimum, et pas du superflus coûteux. Et puis Tôhko vous a garanti un bel arrangement en effectuant toutes ces transactions. Contre ses potions et toutes sortes d'outils, elle nous a fait promettre de vous protéger. C'est aussi elle qui va louer la maison que vous aurez à Mertar."

        "Tu vas te ruiner pour moi, ma fille..."

        "Ne t'inquiète pas pour moi. Avec la mort de mon mari, j'ai eu bien assez pour organiser tout cela," assura Tôhko en souriant timidement.

        C'était peut-être trop beau pour être vrai. Mais c'était la meilleure opportunité que Goont pouvait avoir depuis au moins trois mois. Cela ne restait toujours pas honnête, mais il ne pouvait pas offrir un train de vie aussi misérable au reste de sa famille. Surtout pas à Dahràm, où il pouvait risquer sa peau rien qu'en sortant un peu trop bien habillé. Dans tous les cas, même s'il acceptait, il gardait une bonne dose de méfiance en lui. Il savait que si l'on jouait avec lui, il retournerait la tendance. Et à ce moment-là, ses propres jouets, il n'hésiterait pas à les casser.

        "Vous savez que si vous me décevez, vous le regretterez. N'est-ce pas?"

        "J'aurais pris vos menaces bien plus au sérieux il y a quelques mois, "Monsieur" Goont. Je vous fais une offre alléchante. Ne me faites pas changer d'avis."

        Ces paroles, pleines d'une condescendance insupportable, décidèrent immédiatement Goont dans l'idée que ce Grand Lamin le regretterait à un moment. Il ne venait pas seulement de se moquer d'un homme qui fut puissant, il venait d'insulter son titre ainsi que sa famille. Personne ne contraignait un Goont. Cela dit, il avait bien raison sur un certain point: sans la magie qu'il exerçait autrefois, Hivann était impuissant. Mais ce n'était pas un frein pour autant. Il ne tressaillit pas, face à cette emprise inévitable, qui fit pouffer de rire les mercenaires autour de lui. Il savait qu'au fond, la vengeance était un plat qui se mange froid. Et il aurait l'occasion d'en savourer chaque bouchée à un moment ou un autre.
        Un silence se fit. Il fut si lourd que les mercenaires comprirent vite qu'il y avait quelque chose de dangereux qui se jouait entre les deux personnages. Il n'y en eut qu'un, assez idiot, pour hausser la voix et devenir immédiatement un ennemi aux yeux de Goont. C'était "l'homme au visage d'ange". Celui qui avait de belles dents et ne possédait aucune cicatrice. Il n'avait rien dit de plus que quelques injures, mais il énerva immédiatement tout le monde. Suffisamment que pour le mage connaisse son nom.

        "Lenny, ta gueule!" avait crié l'un mercenaires, clouant de suite le bec du jeune malotru.

        Le silence dura encore un peu plus longtemps, et enfin, Goont répondit. Car il n'avait pas encore la possibilité de plier celui qu'il y avait en face de lui.

        "Très bien. J'accepte. Que dois-je faire?"

        Encore une fois, le Grand Lamin étira ses lèvres pour montrer son sourire toujours aussi condescendant et énervant.

        "Je savais que vous feriez le bon choix! Vous commencerez demain, Ser Goont. Les hommes que votre fille vous a confiés vous accompagneront et vous donneront la plupart des indications."

        Hivann s'en contenta. Puis il s'éloigna, doucement, tandis que sa fille affichait clairement un certain malaise en le suivant. Les trois mercenaires qui l'avaient escortés accompagnèrent sa démarche, et enfin, il tourna le dos à ses "employeurs". Mais au moment même où il s'apprêta à passer la porte qui les avait menés dans cette cour si isolée, la jeune voix impétueuse du gamin retentit de nouveau.

        "Eh Goont!"

        Encore un silence, mais cette fois-ci, il sembla bien qu'aucun des mercenaires présents n'approuvait la témérité inconsciente du garçon. Malgré tout, il continua.

        "J'adore ta robe!" fit-il en pouffant bêtement de rire.

        L'idiotie de cette plaisanterie ne fit rire personne. Pas même les ennemis du mage. En revanche, elle avait alimenté la haine de ce dernier. Ce garçon avait déjà un comportement insupportable. Et c'était maintenant la deuxième fois qu'il lui avait fait outrage. La troisième fois, Hivann ne le louperait pas.
        Il passa la porte, dans un silence mortuaire.

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