Le doux silence du temple de Gaïa était d’un repos incroyable, loin du tumulte de la ville de Kendra kâr, loin de toutes ces agressions perpétuelles du monde extérieur. Ici, plongé dans ma méditation, paisiblement assise sur les genoux eux-mêmes sur un coussin confortable, je m’égarais dans les limbes de mes pensées. Conserver une paix intérieure était d’une grande importance, d’une part pour une santé de fer et d’une autre, par ma condition de guérisseuse, je me devais d’être d’une pureté exemplaire. Limpide comme le Crystal. Saine.

De faibles murmures s’élevaient dans la fraîcheur du temple, dont je ne fis même plus attention au vu du stade de ma méditation. Les yeux fermés, ma respiration lente, mais profonde, j’ouvrais mon âme à Gaïa en ce lieu saint, baignée dans la lumière de sa bienveillance.

J’étais sereine ici dans l’étreinte de Gaïa, ces lieux respiraient la vie, mais bientôt il me faudra sortir de ma transe. Le temps n’avait plus de valeur en cet instant. Je ne sais depuis combien de temps je suis assise là.

L’esprit tombe à genoux sur le sol. Il lâche son arme et bascule la tête en arrière, il ouvre la bouche en grand et se met à pousser un hurlement provenant des fins fonds de son organe vocal. Au fur à mesure le cri devient de plus en plus intense. Les vibrations de l’air sont de plus en plus fortes, mon corps commence à faire la même chose. Je regarde Jack et Michel, ils sont à genoux, ils se bouchent les oreilles avec leurs mains.

Je n’arrive plus à tenir, je n’ai jamais entendu quelque chose d’aussi intense. Mon corps se met à trembler par l’impact de l’onde sonore. Je relève mes lames et malgré les convulsions de mes mains, je plante ma lame à travers sa gorge afin d’en finir rapidement. L’acier a transpercé les cordes vocales laissant un énorme trou béant surtout que les lames sont ressorties au niveau du point d’intersection des clavicules.

Le calme revient rapidement, les prières du prêtre deviennent de plus en plus fortes. J’arrive même à les comprendre maintenant. Elles sont empreintes d’une grande tristesse, elles parlent de souffrances et de morts. Des larmes coulent de mes yeux tellement, le prêtre touche mon cœur profondément. Je vacille puis tombe lourdement sur le sol.

J’ouvre les yeux, je suis pendu par les bras, les jambes complètement fléchis sur le sol. Je me redresse, je regarde le prêtre, il y a du sang sur ses mains, mais je ne vois aucune blessure. Il s’agit de mon sang. Le gout salé de mes larmes arrive à ma bouche, mon visage est inondé de larme. Le prêtre pose une dernière fois les mains sur mon vêtement. Et il me dit qu’il vérifie juste que l’âme a bien été expédiée dans le royaume de Phaïtos.

Il ne ressent rien et moi de même, je n’entends plus du tout sa voix ou ses cris. Le vieil homme retire les entraves, je m’écroule dans ses bras en larmes. Je lève les yeux et lui dis :

« Merci mon père, vous m’avez rendu la liberté que j’avais perdu. Que Rana et Gaïa guident mes pas à travers le monde. Que chacune de mes actions soient bonnes. »

Le prêtre me répond humblement qu’il n’a fait que son devoir et surtout qu’il y avait assez de bonté dans mon corps pour que je sois sauvé. Je sors des yus de ma bourse et les place dans ses mains. Je lui explique que je souhaite que cet argent soit utilisé par le temple pour aider les gens. Il me répond d’un simple sourire.

Je me redresse et récupère mes armes que je replace à ma ceinture puis je quitte la pièce. J’avance à travers la grande salle, il n’y a plus aucun bruit. Tout est calme. Je m’arrête un instant, m’appuyant sur une colonne. Ma vision s’est noircie un court instant, je ne voyais plus rien et mes jambes étaient comme du coton. Cela est certainement dut à la grande quantité de sang que j’ai perdu. Quand je regarde mon armure, mes affaires, elles sont tachées de rouge. Le combat a été rude, même si c’est que des parties de moi, qui ont effectué cet affrontement, leurs blessures étaient aussi les miennes. Trois êtres, trois personnalités et une seule vie.

Je me sens mieux, j’aperçois une personne qui attire mon regard dans toute l’assistance, une jeune femme. Ce qui m’a frappé, c’est la noirceur de ses cheveux. Je tends ma main devant moi, juste à côté de la silhouette se trouvant à environ cinq pas. La même couleur, ma peau et sa chevelure sont toutes aussi noires. La seule chose que je peux voir d’elle. C’est ça robe bleu comme le ciel lors du soleil couchant. Elle est agrémentée de toutes sortes de babioles. Cela me fait sourire, car je n’en vois pas la réelle utilité.

Je décide de reprendre mon chemin, quand tout à coup le voile noire. Plus de son, plus d’image, les jambes cédant sous mon poids. Je m’écroule sur le soleil dans un grand fracas. Laissant mon sang s’écouler sur le marbre blanc du temple.

Quelque chose m’extirpa soudainement de ma méditation en y mettant un terme bien plutôt que prévu. J’ouvris mes yeux brutalement en sentant une présence derrière moi. Je fis volte-face, toujours agenouillée sur le sol, avant de découvrir visiblement un shaakt étendu face contre terre, inconscient et en pleine hémorragie.

Ma réaction fut instantanée. Je me levai d’un bond et tourna le malheureux sur le dos de manière à voir où il été blessé. Difficile de voir en un coup d’œil, il avait du sang partout. Plusieurs prêtres me vinrent en aide aussitôt voyant l’état assez grave du Shaakt.

Ne réfléchissant pas une seconde de plus, les prêtres et moi mêmes tendirent nos mains au dessus de l’inconscient avant de demander grâce à Gaïa.

Me plongeant dans ma concentration de manière à accueillir les énergies salvatrices de Gaïa, extrêmement dense en ces lieux saints, je commençai à formuler en langage Elfique, la prière de soins :



Un doux courant d’air chaud souffla entre nos mains pour venir caresser les blessures du Shaakt. Très vite, ses plaies se refermèrent de part et d’autre sous le souffle de Gaïa.

Merci, mes frères pour votre bonté. Auriez-vous un endroit plus confortable pour notre ami malchanceux ? Je crains fort que la rudesse du sol marbré lui redonne ses blessures, demandais-je avec humour.

Sous un rire amicale, l’un deux m’aida à transporté l’inconnu dans une petite pièce silencieuse et discrète, soigneusement installé sur un lit modeste.

Ne vous en faites, je veillerai sur lui jusqu’à son réveil. Il devrait se rétablir vite.

M’asseyant à son chevet, je me plongeai dans la lecture de « Les sept voies de Gaïa » en attendant son réveil. Avant de commencer ma lecture, je ne pus m’empêcher de me remémorer certains détails de cette scène si vite expédiée. Certains des prêtres venus aux soins de l’inconnu semblaient s’y être résignés. Peut être parce que c’est un Shaakt, qu’ils apparaissent dans l’esprit des gens comme étant des âmes malfaisantes, sadique et manipulateur. Peut être, oui, que le mystérieux Shaakts était de ce genre là, mais peu importe. J’aurai le mérite d’avoir propagé la parole de Gaïa.

J’attendais son réveil avec une certaine impatience, curieuse de savoir qui j’avais soignée. Affichant un visage serein, comme à mon habitude, je me replongeai dans la lecture de mon livre, en conservant une certaine attention sur l’inconnu jusque là, inconscient.

Je suis dans un rêve, des souvenirs remontent à la surface. Je me vois au bord d’un lac avec Flora. Nous rions tous les deux, des moments heureux. Je me rappelle de ce moment, nous étions partis à la pêche en début de matinée. J’ai décidé de prendre une journée de calme et de repos aux côtés de Flora. La balade jusqu’au lac avait été bien plus longue que prévu. Nous avions plaisantés tout le long du chemin. Nous nous étions lancés dans une partie de chasse contre une troupe de sanglier. J’avais le droit d’utiliser ma canne à pêche uniquement alors que ma douce et tendre pouvait prendre sa dague recourbée.

Nous étions arrivés en milieu d’après-midi au bord du lac. J’avais installé ma canne avec un vers de terre trouvé par terre. Flora avait lancé des restes de sanglier pour appâter le poisson. Nous nous étions allongés sur le sol pour regarder le ciel. Il était d’un bleu éclatant. Après un bond moment, je m’étais endormi jusqu’à ce que ma fiancée me réveille en ce m’étant au-dessus de moi pour m’embrasser. Un bien doux réveille. Je ne m’occupais pas de ma canne, je profitais juste du moment.

La nuit tombait rapidement, un magnifique clair de lune nous illuminait. Flora avait retiré sa veste et son pantalon pour se baigner. Je ne l’ai pas rejoint, car je déteste l’eau, j’ai toujours cette peur de me noyer. Puis quand elle était sortie de l’eau, je la prenais dans mes bras puis il commençait à retirer mes vêtements. Je faisais de même avec ce qu’ils lui restaient. Puis nous avions passés une folle nuit d’amour.

Quand je vois la scène des larmes montent à mes yeux quand soudain, je vois en éclat dans un bosquet non loin. Je ne l’avais pas vu à l’époque. Ma mémoire avait dut enregistrer ceci grâce à ma vision périphérique. Je me dirige vers cette lueur. Huit ombres commencent à se dessiner, puis quelques visages. Il s’agit des assassins qui ont tués Flora. Il n’y en a qu’un que je ne vois pas, celui que je n’ai pas encore retrouvé. Je continu de m’avancer pour essayer de le reconnaitre. Son visage est encore un peu dans la pénombre. Il ne me reste encore que quelques pas pour le reconnaitre. Mais avant que je puisse voir sa face, je me réveille.

J’ouvre les yeux, je suis dans un lit. Je me redresse en transpiration et commence à protester dans ma langue maternelle.

« Shu, ele Usstan guuan phor. Wun fol unboin lu' Usstan zhaunau l' jindurn. Usstan orn'la inbal tlus izil ulu kku ussta vharc. Usstan orn'la elgg ukta, Usstan swariy ukta. »

Je regarde autour de moi, je vois une jeune femme. Un visage d’une beauté elfique, il y a bien longtemps que je n’ai pas vu une elfe. Ce qui me turlupine le plus sur le coup, c’est pourquoi elle m’aurait aidé. Je regarde mon corps, il n’y a plus de trace de blessures. Il ne me reste que des cicatrices, serait-elle donc une guérisseuse ? La jeune femme lit un livre. Je m’adresse à elle :

« Je suis désolé de vous avoir dérangé. Je vous remercie de m’avoir soigné et d’avoir veillé près de moi. Je m’appelle Daio. J’aurais juste une petite question. Pourquoi une elfe aurait aidé un Shaakt ? »

C’est en plein milieu du chapitre Conspiration et contrôle du chakra que l’inconnu se réveilla soudainement, un peu hystérique et déboussolé. Attendant calmement qu’il reprenne ses esprits, il m’adressa ces mots :

« Je suis désolé de vous avoir dérangé. Je vous remercie de m’avoir soigné et d’avoir veillé près de moi. Je m’appelle Daio. J’aurais juste une petite question. Pourquoi une elfe aurait aidé un Shaakt ? »

Me redressant de toute ma hauteur, je fus agréablement surprise de découvrir un elfe pas si noir que le laisse présumer son espèce.

Enchantée, Daio. Je suis Gally, une semi-elfe. Tu es en sécurité ici. Ne t’inquiète pas, Gaïa veille sur nous.

Néanmoins, je fus surprise d’entendre sa question. Il est vrai que les Shaakts ont très mauvaises réputation et surtout chez les Hinïons, mais ici nos différents n’ont pas lieu d’être. Puis, Daio m’a l’air différent, empreint d’une réelle sensibilité. Chose rarissime chez ses semblables. Décidemment, Gaïa ne me l’avait pas amenait pour rien. Il y avait toujours une raison aux choses qui nous arrivent.

Tout simplement parce que tu étais en danger et que c’est mon devoir de guérisseuse de te soigner. J’ai prêté le serment de Gaïa. Je dois donc le respecter.

Quand bien même s’il était vraiment un Shaakt au cœur aussi noir que la nuit, il y avait toujours les redoutables Paladins pour assurer notre protection à tous ici. Cependant, la raison de son état assez grave dans lequel il m’est apparu demeurait un mystère pour moi. La plupart des guérisseurs sont de nature assez désintéressés, mais moi je suis bien trop curieuse pour réprimer l’envie de demander la raison de sa venue.

Puis-je savoir ce qui vous a amené ici au temple de Gaïa ? Demandais-je maladroitement. Oh, ne vous en faites pas. Si vous ne vouliez pas me répondre, ce n’est pas grave, mais je suis assez curieuse, ponctuait avec un sourire.

Le voilà toutefois en pleine forme, légèrement désorienté, mais rien de bien grave. Une autre question piqua mon intérêt. Sentant Daio ouvert à la conversation, je lui demandai :

Et que comptez-vous faires maintenant, Daio ?

La jeune elfe se relève, elle est vraiment grande. En même temps, je suis toujours assis sur le lit. J’ai le temps de mieux la regarder. Elle est vraiment belle, mais il y a un, je ne sais quoi qui me paraît de différent pour ceux de sa race. Peut-être sa compassion envers moi ou encore le fait qu’elle est veillé à mes côtés pendant un bon moment certainement. Je regarde les draps blancs un instant comme un signe d’humilité puis je la fixe à nouveau dans les yeux. Elle me dit :

Enchantée, Daio. Je suis Gally, une semi-elfe. Tu es en sécurité ici. Ne t’inquiète pas, Gaïa veille sur nous.

Voilà ce qui me semblait étrange chez elle, elle n’est pas une sang pure. Elle est un fin mélange entre un être humain et un elfe. Il s’agit sûrement de son côté humain pour cette compassion, cette gentillesse à moins qu’elle est suivi une éducation très large d’esprit. Que dire à par merci. Je ne sais pas quoi lui dire. Quand je la regarde, elle semble parler intérieurement. Je ne peux pas savoir ce qu’elle se dit, j’espère juste qu’il n’y a rien de méchant dans ses paroles. Puis elle me dit

Puis-je savoir ce qui vous a amené ici au temple de Gaïa ? Oh, ne vous en faites pas. Si vous ne vouliez pas me répondre, ce n’est pas grave, mais je suis assez curieuse.

Ses paroles me font rire quelques instants, il y a une telle innocence, une telle gentillesse dans ses mots que cela me paraît presque irréel. Elle n’a pas connue la dure réalité du monde. Elle ne sait pas que nous vivons dans un monde où l’on peut rencontrer un ennemi à chaque recoin de rue. Par contre, on peut aussi faire de magnifiques rencontres. Se trouver des alliés, des amours, des amis, je ne pourrais décrire tout ce qui peut nous arriver. Elle reprend avant même ce que je dise quoi que ce soit :

« Et que comptez-vous faires maintenant, Daio ? »
Je prends une grande inspiration avant de lui répondre :

« Je vais vous répondre, je n’ai rien à cacher sur ma présence dans ce lieu. C’est le mal qui a guidé mes pas dans le temple. Ma cape était habitée par un esprit maléfique et j’ai eu besoin de l’aide d’un haut prêtre de Gaïa pour l’expédier dans les limbes. *un petit rire s’échappe* On peut dire que le mal m’a emmené vers le bien. Je plaisante, mon but va répondre à votre deuxième question. Je cherche à libérer mon peuple du joug d’Oaxaca et de fédérer les peuples contre elle. Donc après, je pense que je vais faire un tour à la milice pour y monter en grade et obtenir une audience au près du roi de Kendra Kar. Et vous que voulez-vous faire gente-dame ? Pour avoir voyager sur les terres de Yuimen, je peux vous assurer qu’il existe des lieux très dangereux. Je pourrais vous les indiquer, mais je vous suis quand même redevable. Vous m’avez sauvé la vie donc je vais vous aider avant de faire quoi que ce soit, c’est une question d’honneur pour moi. »

Le récit de l’elfe noir me réconforta. Gaïa me l’avait amené à moi, ici dans sa demeure pour que je lui vienne en aide. Il œuvrait pour notre déesse bienveillante, il voulait la rédemption de son peuple. Une noble cause ou une utopie ? Etait-ce vraiment l’influence d’Oaxaca qui en était la cause ou simplement leur nature profonde ? Une question que je n’osai pas poser à mon interlocuteur, faute de vouloir le vexer, probablement. Qui plus est, étant un domaine dont je n’étais pas vraiment bien au fait.

Je suis heureuse de vous avoir trouvé, Daio. Votre but est tout à fais louable et je prierais pour que Gaïa vous accorde sa force dans votre quête.

Les derniers mots de Daio étaient quelque peu embarrassants pour moi. Bien que cela soi compréhensible, il se sentait redevable que je lui ai sauvé la vie. Une sorte de dette. Un donné pour un rendu. Voilà qui rendait mes services monnayables, socialement. Quelle ironie, j’ai prêté serment à Gaïa pour œuvrer pour la vie et voilà que mes actes sont accompagné d’une dette de vie. Je ne peux ni refuser, ni accepter. Essayant de me remémorer les principes des ouvrages que j’ai pu lire dans la bibliothèque du temple à ce sujet, je tentai de clarifier cette situation.

Et bien, maître Daio, poursuivais-je d’un air gêné, je ne saurai pas contre un peu de compagnie.

Inutile de gamberger d’avantage, si cela est une question d’honneur pour lui, autant ne pas l’offenser la dessus. Pour venir en aides aux autres, il faut savoir accepter l’aide d’autrui. Il n’y a rien de quantifiable, seulement un échange humain.

Outre cette psychologie, je devais m’avouer que j’avais besoins de quelqu’un comme Daio. Une personne avec plus d’expérience du monde extérieur. Plongé dans le tumulte et des tourments du monde extérieur, mes capacités seraient limitées.

C’est d’accord, disais-je en abandonnant mon air embarrassé pour un sourire radieux, je ne peux souiller votre honneur en refusant votre aide et puis d’ailleurs, j’ai plus besoins de vous que vous de moi. J’ai encore quelques affaires à régler ici au temple, mais ce ne sera pas long, rassurez vous. Je dois m’entretenir avec les prêtres du temple. Je ne veux pas vous faires perdre votre temps précieux, si vous avez quelques choses à faire, faites le en mon absence. Vous m’avez l'air pleinement rétablit.

Adressant un dernier sourire à mon nouvel ami Shaakti avant de quitter la pièce, je me dirigeai vers la salle communale du temple, dans l’espoir de trouvé rapidement les hauts prêtres de Gaïa pour leurs demander conseil à propos de l’ampleur du mot « aide ». En tant que guérisseuse, je me devais d’être au clair avec mes limites.

Posant un premier pas dans le hall d’accueil du temple, je percevais plus que jamais les flux magiques salvateur de Gaïa. Cette légère palpation douce et chaleureuse qui submergeait mon être entier. Ma vie au service de la vie.

-Message Guilde pour Gally -

Alors que tu pénétrais dans le hall du temple où des prêtres et prêtresses accueillaient les gens du peuple, leur assurant une guidance dans les difficultés de la vie, un jeune garçon d'une douzaine d'années s'approcha de toi. Il t'était bien connu, s'agissant d'Aman, un orphelin qui avait été recueilli un peu plus d'un an auparavant.

"Gally! Gally! Mère Natachiel a demandé à te voir!"

Il avait l'air essoufflé, comme s'il t'avait cherché pendant un moment. Tu connaissais bien Mère Natachiel: c'était une femme qui avait passé de nombreuses années sur les routes et les champs de bataille, aidant les hommes au plus près de la souffrance. Cela lui avait coûté l'usage de ses yeux, mais ne l'avait pas rendue aigrie pour autant. C'était vraiment une femme respectable, dévouée à son prochain.

"Elle t'attend dans la salle des chapitres. Beuh, tu es pleine de sang!"

La salle des chapitres donnait sur la cour intérieure du temple et était plutôt réservée aux prêtres qu'aux apprentis.

« Tient, Aman. Pourquoi est-il si agité ? » Pensai-je en découvrant le petit garçon tout excité se dirigeant vers moi.

"Gally! Gally! Mère Natachiel a demandé à te voir!"

Reprend ton souffle, mon garçon.

Mère Natachiel. Voilà qui était assez inhabituel. En principe, c’est moi qui demande à l’à voir pour ces sages conseils, rarement l’inverse. J’admirais beaucoup cette femme. Elle n’avait pas froid aux yeux et c’est bien cela qui lui à valut ces dizaines d’années sur le terrain, tantôt au cœur des batailles, tantôt dans une ville lambda. Finalement, pour mes questions, c’était bien elle dont j’avais besoins.

"Elle t'attend dans la salle des chapitres. Beuh, tu es pleine de sang!"

Merci, Aman. Oh ! Tu as raisons… répondais-je en voyant mes mains couverte de sang. Passe le bonjour à sœur Fyrandia.

Chaque orphelin au temple de Gaïa, avait une prêtresse référente de manière à mieux prendre en charge tous ces petits monstres dans une dimension plus humaine. Fyrandia, que je n’avais pas vu de la journée, était sa référante.

Terminant de me sécher les mains près de la fontaine prévu à cette effet, je me dirigeai vers la salle des chapitres. Un endroit dont je n’étais pas souvent invitée. Parvenu devant l’entré de cette grande pièce avec une vue imprenable sur la cour du temple, je lançai :

Toc ! Toc ! Toc ! Sœur Natachiel ? Vous m’avez fais demander ?

-Message Guilde pour Gally -

La prêtresse, qui avait atteint un âge remarquable pour une humaine, te fit signe d'entrer. Elle avait certes perdu la vision, mais il avait toujours semblé qu'elle compensait cela par d'autres sens bien plus développés. Nombreux étaient les enfants à s'être fait prendre en train de faire des pitreries alors qu'elle ne les voyait pas.

"Gally, entre donc mon enfant."

Elle te fit signe de venir t'asseoir à côté d'elle, sur un petit banc de bois. Un peu plus loin deux moines s'entretenaient à voix basse, plus pour ne pas gêner que pour cacher quoi que ce soit. Une fois assise, la femme prit ta main dans les siennes:

"Tu es devenue une femme Gally. Cela fait si longtemps que tu es dans ce temple, parmi nous. Il te reste encore tellement à vivre."

La vieille femme semblait nostalgique dans ces propos, mélancolique même. Cela voulait bien dire qu'elle avait quelque chose de sérieux à énoncer. Elle prit une inspiration, serrant toujours ta main avec douceur.

"Quel est notre rôle, selon toi? Je veux dire vraiment, au fond de nous, pourquoi existons-nous?"

Assise tout près de la doyenne, prêtant une oreille attentive à ces mots, une certaine tristesse s’empara de moi. Natachiel était une femme apaisante et remplit de bonté, mais il été rare de la voir si empreint de nostalgie.

"Tu es devenue une femme Gally. Cela fait si longtemps que tu es dans ce temple, parmi nous. Il te reste encore tellement à vivre."

Je ne pus réprimer un long soupir suite à ces paroles. Me rappeler mon âge me ramène à un fardeau que je vais devoir encore porté pendant très longtemps : j’ai hérité de la longue durée de vie des elfes.

Oui, le temps semble insaisissable. J’approche les 85 ans, je suis bientôt en âge de battre de mes propres ailes. Seulement, ce temps qui s’écoule inexorablement semble trop long et éprouvant pour moi. J’ai vu bon nombre de mes camarades se faire rattraper par les années avant de se rendre au royaume de Gaïa et cela m’attriste. Il n’est pas vraiment aisé d’avoir une vie si longue si c’est pour voir la plupart de nos proches vieillir avant moi.

Le regard triste, je m’égarai dans mes souvenirs, me remémorant le visage des prêtres humains qui suivirent les mêmes cours que moi dans ce temple. Même si mon éducation s’est faite principalement chez les Hinïons, je partais souvent en pèlerinage dans le temple de Gaïa. Des liens s’établissaient puis mourraient au fil des années avant que ces personnes s’éteignent à jamais. Oui, mon sang Hinïons était plus un fardeau qu’autre chose.

"Quel est notre rôle, selon toi? Je veux dire vraiment, au fond de nous, pourquoi existons-nous?"

Une question sur laquelle il m’arrive fréquemment de méditer. Cependant, une telle question de la bouche d’un personnage aussi éminent que la Mère Natachiel était une question qui allait en amener un autre bien plus sérieux. J’étais inquiète pour cette veille dame.

Un est tout. Tout est un. Nous faisons partie d’un tout, le monde. Même si nos efforts semble insignifiant compris dans cet échelle, il est très important de le faire. Le monde est régi par un équilibre. Il y à ceux qui détruisent et qui blessent donc il en faut qui construisent et qui soignent. Nous, en tant que guérisseuse, nous nous devons d’influencer le monde à notre portée pour symboliser l’espoir et la vie. Gaïa nous à tous choisit, lors de nos initiations. Elle nous accorder ces dons : les dons de soigner et panser les blessures de ce monde. Voilà ce que je crois, doyenne, ce que mon éducation, mes études, mes méditations et les rites pour Gaïa m’ont appris.

Plongeant mon regard pétillant dans celui de mon illustre interlocutrice, je lui demandai avec le plus grand des sérieux :

Vous m’avez l’air troublé, Natachiel, y a-t-il autre chose que vous désirez me dire ?

Pour moi, cela ne faisait aucun doute …

-Message Guilde pour Gally -

Mère Natachiel t'avait écouté avec attention, ne perdant pas un seul mot. Sentant l'inquiétude en toi, elle tapota tes doigts doucement, avant de te répondre d'une voix douce:

"Tu as raison mon enfant, nous sommes un tout et nous faisons notre part pour que le monde aille mieux. Tu as encore raison, tu as appris tout cela ici, parmi nous. Tu es une enfant intelligente, mais il y a quelque chose qui te manque. Vois-tu, la vie n'est pas quelque chose de simple. Il n'y a pas toujours d'un côté ceux qui détruisent et de l'autre ceux qui construisent. Mais cela tu ne peux guère l'apprendre ici."

Elle marqua une pause, un sourire léger naissant sur ses lèvres. Elle était plus jeune que toi au final, pourtant émanait d'elle une sagesse qu'il te serait bien difficile d'égaler. Elle était plus jeune mais paradoxalement sa vie avait été bien plus longue, bien plus remplie. Les êtres humains avaient cette faculté de grandir si vite, physiquement mais aussi spirituellement.

"Je pense qu'il est temps pour toi de prendre ton envol, de quitter la protection du temple et de découvrir le monde par toi-même. Ici il est facile de trouver Gaïa, mais je ne crois pas que la facilité soit faite pour toi, Gally. Je ne dis pas tout cela innocemment cela dit, les personnes de mon âge ne le font que rarement. J'aurais besoin de toi, pour un travail particulier. Il me faut une jeune âme de confiance, capable de toujours retrouver sa voie et de faire ce qui est juste."

Elle interrompit ses paroles, te laissant le temps de les assimiler et de t'exprimer, ne semblant pas vouloir t'imposer sa volonté.

Les conseils de la veille dame s’imprimer en moi au fur et à mesure de ses paroles. Puis, elle en vint à me proposer un travail. Me jugeant quelqu’un de confiance, elle avait apparemment besoins d’un service.

Depuis toujours, mes pensées sont tournées vers le monde extérieur. Je sais que la vie est différente dehors, plus difficile, mais plus réaliste qu’en ces murs. J’attends cela avec impatience. Devenir une prêtresse expérimentée et avisée ayant été confrontée aux vrais tumultes de l’univers comme vous, Doyenne. Je suis plus que prête, Mère Natachiel, à être à la hauteur de ce que vous me demandez.

Il est vrai qu’ayant vécu tantôt en ces mûrs tantôt dans la citée Hinïons, ma vie, jusqu’à maintenant n’à rien de bien trépidante ni exaltante. Dans mes paroles, il y eut une vraie volonté de réussir et la flamme de la détermination brillait dans mes yeux bleus verts. Je désirer plus que tout quitter cette vie aseptisée pour explorer ce monde.

-Message Guilde pour Gally -

La vieille femme sourit en entendant une telle motivation. Elle exprima ensuite le fond de sa pensée, présentant les raisons de ta présence ici.

"Dans cette ville, tout comme un peu partout sur Nirtim, un groupe de personnes pratiquant la magie s'est formé, cela fait tout au plus trois ans. Ce qui est étonnant, c'est que les mages aident la population, ne cherchant à priori pas leur profit. Cela intrigue plusieurs d'entre nous et nous ne savons pas vraiment qu'en penser. Aussi j'aimerais que tu rejoignes ce groupe, pour en savoir plus sur eux et sur leurs réels motifs."

Ce qu'elle te demandait n'était ni plus ni moins que d'infiltrer une organisation de mages et de les espionner. Elle avait eu l'air grave en expliquant cela à voix haute, très certainement perturbée elle-aussi par le côté déloyal de la chose. Ceci dit, le bien de tous était quelque chose d'important, qui devait parfois demander des sacrifices.

"Le nom de cette organisation est la Nouvelle Obédience de la Magie. Ils ont ouvert une faculté à Kendra Kâr, à priori ouverte à tous. Je ne te demande pas de prendre des risques, simplement d'en faire partie quelques temps et de me donner ton ressenti. Rien de plus, ni de dangereux."

Des mages altruistes aux services du peuple ? Effectivement, voilà qui est digne d’inquiétude. Peut être que c’est vrai, après tout. N’ayez crainte, Mère Natachiel, je vous tiendrez informer dès que je serais parmi eux.

Une guilde d’utilisateur de la magie au service de la population ? Si jamais leurs motivations sont fondées pourquoi pas ne pas être membre permanent de leur guilde ? Tournant la tête vers un groupe d’orphelin en train de jouer dans les couloirs du temple, je lâchai un profond soupir. La vie ici allait toutefois me manquait, particulièrement les personnes avec qui j’ai tissée des liens. Seulement, l’aventure me manque encore plus et restez ici serait me mentir vis-à-vis de mes motivations. Rentrer dans cette organisation magique serait la possibilité de parcourir le monde, aux côtés de ses membres.

Si honnête soit leurs activités, ce serai pour moi l’opportunité de m’envoler parmi eux. Quand et où pourrais-je rencontrer un des leurs ?

Il m’était difficile de retenir mon impatience grandissante…