Je m’enfuis dans un refuge que moi seul peut atteindre, c’est en sorte mon jardin secret. Pendant des années et des années, je m’y suis enfui dans les heures les plus sombres de ma vie. L’intérieur du temple de Gaïa disparait progressivement pour laisser place à un immense champ de lavande. Le soleil illumine ce lieu, il y a bien longtemps qu’il n’avait daigné se montrer car pendant des années, j’ai connu ce lieu morne, pluvieux et couvert de nuages noirs. Peut être que ceci est en partie dû à ma descente dans l’enfer de l’alcool.
Je lève la tête pour admirer le ciel qui est d’un bleu azur et seulement quelques nuages ressemblant à des moutons se promènent à l’intérieur. Les rayons du soleil me réchauffent la peau et c’est alors que je vis que mes mains sont celles d’un humain. Des doigts fins et boudinés, quand à la peau, elle est d’une teinte brune. Je les pose ensuite sur mon visage, je n’ai plus aucun poil, je possède un nez et une chevelure. Je suis abasourdi par ce que je vois et ce que je sens.
(Pourquoi cette apparence ? Ici je suis humain et dehors, je suis woran, pourquoi ?)
Après mûr réflexion, l’évidence me saute aux yeux. Je suis celui que je désire à l’intérieur de mon jardin secret. L’odeur de la lavande vient chatouiller mes narines, cette odeur de fraîcheur vient apaiser mon esprit. Je regarde ce champ qui s’offre à moi, il est magnifique car les couleurs vont du gris-vert pâle pour les feuilles au mauve pâle voir violet pour les délicates fleurs. Je marche entre les rangs laissant mes mains se glisser à la surface des fleurs. Au loin, je peux voir une forêt luxuriante faite de feuillus ce qui rajoute son charme grâce aux différentes nuances de vert. A l’époque, cette forêt était plus proche de la vision cauchemardesque, elle ressemblait aux arbres que l’on pouvait voir après le passage de Sukmal. Des arbres, qui comme les êtres vivants, laissaient des squelettes fait de bois inerte.
(Un tel changement, en si peu de temps. C’est inimaginable, la déesse Gaïa m’aurait offert la sérénité en même temps que son don. Mais comment dois-je considérer mon apparence, comme une bénédiction ou comme une malédiction ?)
Les doutes subsistent en moi malgré la beauté du paysage. Je passe ma main devant mon nez et je prends une profonde inspiration pour sentir à nouveau le doux parfum de la lavande. En effet, j’ai quitté le champ sans m’en rendre réellement compte. Je suis à l’orée de la forêt qui se révèle n’être qu’un simple bosquet qui en son centre possède une charmante chaumière.
Celle-ci est de la plus simple construction possible. Des murs en pierre rouge viennent soutenir le toit qui est fait avec de la chaume ainsi qu’une simple et modeste cheminée. De grandes fenêtres servent à inonder l’intérieur de lumière quand à la porte d’entrée, elle est faite d’un bois couleur acajou. Cela me change de la vision du caveau recouvert d’épines et de plantes desséchées.
Des larmes coulent le long de mes joues, je tombe à genoux tellement d’émotions m’envahissent. La joie est une arme des plus dévastatrices, voir mon enfer se transformer en paradis par l’action d’une déesse et sûrement d’une simple femme, cela n’est pas descriptible. Je ne sais pas quoi dire, il n’y a rien de plus merveilleux que de voir ceci. Je ferme les yeux un instant, mais les parfums s’emparent de mon odorat et de mon esprit.
Je pousse la porte de l’habitation et à l’intérieur, je découvre un simple fauteuil recouvert d’un tissu aussi blanc que la neige et d’une table en bois massif. Sur celle-ci est déposé un journal à la couverture de cuir avec les inscriptions suivante « L’épique histoire de Hawk » et en dessous « Quand un guerrier devient doucement un guérisseur ». Mes doigts viennent effleurer la dorure des pages puis j’ouvre la première de couverture. Je lis quelques lignes et vois qu’il y a comme contenu ma vie. Je feuillète les pages pour voir si mon avenir est inscrit à l’intérieur. Les pages s’enchainent jusqu’à arriver à une page blanche. Je me permets de lire celle juste avant, la peur m’étreignant car je peux très bien y lire ma mort. La surprise est grande quand je lus la dernière phrase :
« Hawk était pris de peur de lire la page précédant la blanche, mais l’étonnement s’empara de lui quand il lut ce qu’il était en train de faire à cette instant. »
Je referme le livre pour m’installer dans le fauteuil. Il raconte ma vie passé sans raconter ma vie future.
(Cela veut-il dire que notre vie n’est pas écrite à l’avance alors que notre passé est conservé noir sur blanc ?)
Cette pensée philosophique me fait sourire, de nombreux sages ont certainement déjà réfléchi à cette question sans y trouver la réponse. Je regarde la pièce qui est vide et pourtant sur chaque mur, il y a des cadres qui semblent attendre des tableaux. Je jette un œil derrière moi et là je vis le visage de Zephreina en peinture. Les larmes montent dans mes yeux, la seule femme qui m’a considéré comme je suis à l’intérieur et non à l’extérieur. Je crois que même si elle divaguait sur son dieu Zewen et le grand dessein qu’il a décidé pour elle. Je souris et dis :
« Je te sauverais, je te le promets. »
Les cadres doivent atteindre que je rencontre les gens qui changeront ma vie et qui me guideront vers mon destin de guérisseur.
Je glisse une main dans ma sacoche et en sors les deux parchemins que j’ai acquis chez Moboutou. Le nom de chacun est inscrit dans des lettres d’or sur un scellé de cuir, l’un est bénédiction et l’autre est illusion d’optique. Je les pose avec délicatesse sur la table puis je sors la bouteille que l’on m’a offerte. Je la regarde avec curiosité du fait qu’un liquide blanc et translucide à la fois se trouve à l’intérieur.
(Qu’est ce c’est ? Me donner une bouteille, c’est gentil, mais à quoi cela peut m’aider ?)
Je l’ouvre et respire, il n’y a pas d’alcool à l’intérieur, par contre la paix s’empare de moi. Je ne sais rien de ce liquide, mais il semble ne pas être dangereux. J’en boirais quand la soif me tiendra. Je saisis l’un des parchemins et défais avec soin l’anneau de cuir pour l’ouvrir. Une fois, le papier blanc déroulé, des symboles m’étant inconnu si trouvent écris.
(Comment lire quelque chose que je ne connais pas. Je ne suis pas multilingue.)
Quand à ma grande surprise, les dessins se mirent à changer, à danser même comme par magie et à s’écrire dans ma langue, celle de mon peuple. En entête se trouve le nom du sort, il s’agit de celui de bénédiction puis en dessous une sorte de poème que je mis à lire sans aucune raison à voix haute :
« Quand le danger apparait, que l’espoir semble perdu. Mais que ta foi subsiste, fais appel à ta déesse. Elle verra si ta foi en elle est vraiment profonde. Si c’est le cas, elle viendra t’aider et touchera de sa grâce la personne que tu désigneras. »
Je comprends les grandes lignes, mais je ne saisis pas ce que je dois faire exactement. L’espoir, je viens de le retrouver pourquoi disparaitrait-il ? Il n’y a que dans un combat où je pourrais mourir ou perdre un compagnon, c’est plutôt à cet instant que je perdrais espoir. Alors peut être que c’est qu’à ce moment que Gaïa pourrait m’aider en venant toucher celui que je désire de son pouvoir. De quel pouvoir viendra telle toucher la personne ? Je ferme les yeux pour me mettre à prier et à espérer.
(Gaïa, je fais appel à votre pouvoir. Je vous prie de bien vouloir me toucher de votre grâce pour que je puisse survivre à l’affrontement auquel je devrais faire face. Je vous supplie de m’aider car je serais votre disciple sur cette terre et je sauverais les vies qui devront être sauvé.)
J’attends quelques instants sans que rien ne se passe. Je n’ai pas dû être assez convaincant au près de Gaïa, je dois lui prouver ma foi, lui montrer que je suis vraiment digne d’elle, que le don qu’elle m’a déjà confié, n’a pas été une erreur. Je dois être comme les dévots et les prêtres que j’ai vu dans son temple, un fidèle. Je décide alors de mettre un genou au sol et de joindre mes mains pour dire à voix haute pour qu’elle m’entende de n’importe où :
« Gaïa, déesse de Lumière, toi qui a accepté de me donner le don de soigner. Je te supplie de m’aider à nouveau, je souhaiterais être touché par ta bénédiction pour pouvoir lutter contre le mal existant dans le corps de chaque être vivant. J’offrirais ma vie pour toi afin que le bien subsiste dans ce monde. »
Et là, je ressens une sensation de chaleur naître en moi. Mes veines sont parcourues par la magie, elles deviennent blanches en partant de mon cœur jusqu’aux extrémités de mon corps. La chaleur prend ensuite le même parcours pour que je sois enfin entouré d’un doux halo de température. Je peux voir mes cheveux devenir poivre et sel. Le pouvoir de Gaïa m’envahi, je le sais, je le ressens car il émane de bonté et de paix.
(En quoi je suis devenu plus puissant grâce à Gaïa ?)
Je me relève pour me déplacer dans la pièce et essayer de voir ce qui a changé hormis mon apparence. C’est alors que quand je pousse sur mon pied pour me redresser, celui-ci s’enfonce dans le plancher. Je suis devenu plus fort, le pouvoir de Gaïa m’a rendu plus fort alors que j’ai fait le souhait de ne plus combattre. J’effectue quelques mouvements dans la pièce et j’observe mes muscles, ils sont plus développé qu’à d’habitude. Les veines en sont saillantes, j’aurais presque l’aspect d’un barbare.
Le sort se dissipe après plusieurs minutes et tout revient à la normal, mes cheveux sont à nouveau noir et mes veines sont à nouveau bleu. Je reprends le parchemin et le regarde à nouveau, les écritures ont disparu et pour qu’une ligne apparaisse en plein milieu. Elle dit ceci :
« Que se soit en force, en précision, en magie, en esquive. Gaïa vous aidera dans le choix que vous aurez fait. »
(Je peux devenir meilleur dans la discipline que je désire. C’est mieux pour respecter mon souhait de ne plus tuer.)
Je remercie la déesse Gaïa pour m’avoir accepté de m’offrir un nouveau don. Et je saisis immédiatement la bouteille pour fêter cet évènement et je la descends en une seule rasade.Une sensation étrange m’envahi, je suis heureux, quasiment euphorique. Cette sensation de bien-être est étrange, c’est comme si j’avais consommé des drogues. Je regarde mes mains, elles ont les doigts qui deviennent blanc.
(Que m’arrive-t-il ?)
En douce chaleur étreint mon cœur, un peu comme lors de ma rencontre avec Zephreina. C’est curieux de ressentir tout ceci après avoir bu c’est fiole. Je ne pense pas que Moboutou aurait cherché à me droguer. Mais pourquoi ce liquide me provoque ces impressions, ces sensations. Soudain un livre apparait à côté du roman de ma vie, il est totalement différent car sa couverture est dans un papier rigide. Un livre d’une grande simplicité, il y a marqué dessus « Guide de la magie et des fluides»
(Je sens que ceci va mettre utile étant donné mon ignorance dans ce domaine.)
J’ouvre la première page et je lis les premières lignes. Elles expliquent comment fonctionne la magie dans le corps des êtres vivants. Apparemment tout le monde ne peut pas utiliser la magie, il faut avoir naturellement un don en soi. Ce don est expliqué par la circulation d’un fluide dans un système parallèle à celui du sang. Il existe des fluides pour chaque élément, il est possible de posséder deux fluides dans son corps à la seule condition qu’ils ne soient pas contraires. La quantité de fluide circulant dans le corps permet de lancer plusieurs fois un sort.
(Toutes ces informations dansent dans ma tête. C’est de la folie d’essayer comprendre tout ceci.)
Je feuillette les pages pour voir si l’on parle des fioles remplies de liquide d’une pureté étincelante. Je trouve la page qui parle justement des fioles, il s’agit donc d’un fluide de lumière. Cela me permet donc d’augmenter ma limite de lancement de sort et il peut y avoir des manifestations physiques de l’absorption de fluide. Ceci explique donc le fait que mes doigts soient devenus blancs.
Je referme le livre et il disparaît aussitôt. Il réapparaîtra certainement une autre fois que je viendrais m’enfuir ici. Je pense qu’il est grand temps que je retourne dans le monde réel et que j’aille converser avec le père supérieur, lui demander vers quelle voie je dois m’orienter. Je détends à nouveau mon esprit jusqu’à revenir dans le temple de Gaïa. Je regarde mes mains, elles sont de nouveau des pattes griffues, mais le poil est devenu blanc sur les doigts. J’observe mon reflet dans l’eau de la fontaine et j’ai la tête d’un woran.
(Je sais qui je suis, peu importe mon apparence)
Je cherche du regard le père supérieur, il est certainement dans le hall parmi tous les dévots qui se sont réunis ici. Je déambule sans le trouver, je n’aurais pas cru que l’entrée de ce temple soit si grande que je ne puisse pas retrouver une personne. Une prêtresse s’approche de moi, elle est habillée d’une longue robe blanche maintenu à la taille par une ceinture rouge et or. Les manches remontent jusque sur le dos de ses mains et à cet endroit on peut observer un dessin représentant une fleur de lys dorée. Elle porte une cape en velours rouge avec des pictogrammes blancs dessus. Dans sa main gauche, elle détient un bâton noueux avec une sphère verte comme l’émeraude en son sommet. Elle est humaine, des yeux verts, un petit nez en trompette, une petite bouche et des longs cheveux noirs comme l’ébène, qui sont attachés par une couronne de fleurs. Elle dégage une sensation de sécurité, c’est alors que je peux voir à sa ceinture, une épée à la garde argentée et au fourreau blanc comme la neige.
Une fois à ma hauteur, je m’agenouille devant elle pour lui montrer mon respect. Elle pose sa main sur mon épaule et me demande de me relever. Elle dit :
« Que recherchez-vous mon fils ?
-Je suis à la recherche du père supérieur, mais je ne le trouve pas.
-Il s’est retiré dans ses appartements. Il était très fatigué.
-D’accord rien de trop grave j’espère. Je voulais lui demander de me guider vers une nouvelle voie à prendre.
-La voie que vous devez suivre est celle de votre cœur.
-Mais si je ne sais pas.
-Je sais que vous trouverez laissé Gaïa vous guidez et soyez patient, votre chemin se montrera bien assez tôt. »
Je ne peux pas répondre à sa réponse. Elle a raison, je ne dois pas demander mon chemin, mais le découvrir par moi-même. Je reste quand même perdu dans une ville qui m’est inconnue et trouver son chemin est bien plus difficile.
« Je vous remercie ma sœur. J’ai juste une question.
- Posez-la.
-Pourquoi portez vous une épée dans ce temple ?
-Je suis une paladine, c’est pour ça. Je suis le bras armé de Gaïa sur cette terre.
-Merci ma sœur. Que la paix soit sur vous. »
Elle me rend mon salut et se retire. Je me retrouve à nouveau seul, je ne sais pas dans quel direction regarder, mais je dois sortir de ce temple si je veux pouvoir sauver Zephreina. Je vais peut être commencer mes recherches par le temple de Zewen.
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Dernière édition par Hawk le Dim 8 Aoû 2010 16:49, édité 3 fois.
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