Je suis dans le temple, les personnes circulent à leurs guises. Ils discutent avec des prêtres, ils font leurs prières, ils brûlent des cierges comme si ces lumières allaient expier leurs fautes. Un bruit de murmure se fait entendre, il y a tellement de personnes qu’un simple murmure devient vite aussi bruyant qu’une foule dans un amphithéâtre.
A chacun des pas que je fais, je peux voir que les gens s’écartent pour me laisser passer. J’ai l’impression d’être un pestiféré. L’avantage dans ma solitude et dans la crainte que j’inspire, c’est que l’on me laisse passer tranquillement. Des regards qui me transperceraient comme des dagues ou encore des flèches, se dirigent sur moi à chaque instant.
(Si l’envie m’en prenait, je pourrais tuer tout le monde en quelques battements de cœur. Je ne suis pas un monstre, juste un incompris.)
Je regarde dans toutes les directions à la recherche d’un prêtre qui pourrait m’aider. Il faut que le pouvoir de Gaïa traverse l’esprit maudit, qu’il le bannisse aux plus profonds des limbes. Je n’en peux plus de vivre avec cette envie de sang. J’en deviendrais fou ci-cela continu encore longtemps. J’entends cette âme tourmentée hurler tout au fond de moi. Elle disait, du sang, du sang du sang, DU SANG. A chaque minute, il prend un peu plus d’emprise sur moi, j’essaie de freiner au maximum son envie. Mais à un moment, je ne peux plus tenir le coup. Il prend le dessus, il puise dans mon énergie, ma vitalité. Si je ne me dépêche pas, il va bientôt falloir que je me remette à tuer, si je veux survivre.
Je m’empêche de poser une de mes mains sur un des pommeaux d’épées. Si je fais ceci, dans la seconde qui suit, je suis dans le meilleur des cas enchaîné par un quelconque sort et dans le pire, la garde viendra me tuer.
Je finis par trouver un prêtre. Je m’en approche et lui dis :
« Je vous prie de m’excuser mon père, j’ai à vous parler. -Vous êtes dans la maison de Gaïa, je suis là pour vous aider mon fils. Peu importe votre race.
- je sais mon père, Gaïa m’a déjà sauvé la vie un bon nombre de fois. »
Je ressens un mensonge dans sa voix. Ma présence semble le déranger. Même si je suis dans un temple, je ne suis pas forcément le bienvenu. Il se force tout bêtement à m’accepter malgré ma différence, car il est un prêtre de la déesse bienfaitrice.
« – Mon père, ma cape est possédé par un être malfaisant. En échange d’une grande puissance, il me prélève ma vie si je ne le nourris pas de sang. Je ne supporte plus de vivre ainsi. Jusqu’à maintenant, j’ai évité les villes et je tuais des animaux afin d’étancher sa soif. Je ne veux pas vivre reclus de toute civilisation. »
Le prêtre me fait signe de le suivre, nous nous retirons dans une autre pièce. Elle est toute petite, une statue de Gaïa la voyageuse se trouve en son centre. La pièce est éclairée par la lumière extérieure à travers des vitraux. Chacun d’eux représente la déesse entrain de combattre les forces du mal. Sur certains vitraux, on peut voir des Shaakts au service de Phaïtos attaquer des villes qui sont sous la protection de Gaïa. Le prêtre referme la porte en partant. Que ce passe-t-il ? J’entends le bruit d’un verrou se fermant.
(Comment veulent-ils que l’on accepte mon peuple, si l’on voit ce genre de scène dans un temple. Et surtout si les prêtres réagissent comme ça, qu’il m’enferme.)
Je m’approche de la porte, je passe la main sur le bois afin de trouver une imperfection qui pourrait m’aider à l’ouvrir. Rien, même pas un nœud dans le bois. Je donne des petits coups avec la phalange de mon index pour essayer d’estimer l’épaisseur de la porte. Un bruit sourd se fait entendre. Je ne pourrais pas l’ouvrir facilement. Je pourrais toujours la défoncer avec un Rana Slash, mais est-ce que ceci serait bien intelligent de ma part. Non, si je fais quoique ce soit, je commencerais par m’attirer les foudres de Gaïa et je ferais penser que je suis hostile au temple.
Je piétine dans la pièce, je tourne et retourne autour de la statue. Plus je l’observe, plus je remarque de choses. Les vêtements sont tellement bien taillés que l’on pourrait croire qu’ils sont en mouvement et réel. La sphère qu’elle tient dans la main représente en fait les terres de yuimen. Je peux voir les montagnes de Mertar ou encore les duchés des montagnes. Puis je regarde ses yeux. Ils sont profonds, ils ont l’air vivant. Ils sont surréalistes, je deviens complètement fou. Ils me fixent, je ne me sens pas à l’aise. Je marche encore quelques instants dans la salle puis l’envie me prend de vouloir toucher la sphère. Je mets en contact ma main avec la pierre en fixant la statue dans ses organes visuels.
A cet instant précis, je sens une chaleur me parcourir. Puis des hurlements se font retentir. Je regarde dans toutes les directions, il n’y a personne. Les cris sont de plus en plus fort, il n’y a toujours personne. Je sens la cape se resserrer contre ma peau, des fils pénètrent ma peau. Les hurlements sont ceux de l’esprit maudit. C’est de pire en pire, je tombe à genoux, ma main reste collé à la sphère, je n’arrive pas à la retirer. Je regarde sur le sol, je vois du sang coulé, pas n’importe lequel, le mien. Je serre les dents afin de ne pas hurler.
Je commence à revoir tous les crimes que j’ai commis dans ma vie. Des formes aux visages de ces hommes ou ces femmes apparaissent. Je tourne la tête, les âmes de ces morts m’entourent, chacun a un regard de tueur. Il s’approche de plus en plus, leurs mains tendues vers moi. Je suis incapable de bouger, une main est bloquée par la sphère et l’autre ne veut pas bouger. Les ramifications de la cape ont pénétrés tout mon corps.
Tout s’arrête d’un coup, les âmes, ma main collée et les effets de la cape. La serrure vient de s’ouvrir, la porte s’ouvre d’un grand coup. Je tombe à la renverse, je me retourne pour voir ce qui pénètre dans la pièce. Un vieil homme habillé de blanc avec une grande barbe blanche, des cheveux grisonnants et des yeux d’un bleu glacial. Je me relève en m’appuyant sur la stèle de la statue. Mon armure est tachée de mon sang. Le vieil homme prend la parole :
« Que s’est-il passé ici ?
- Je suis désolé mon père. J’ai touché la statue de la déesse Gaïa et à cet instant ma cape a réagi. Elle est habitée par un monstre, un ancien shaakt qui a changé la couleur de sa cape grâce au sang de tous ceux qu’elle a tué. Je vous en prie, expédier son âme dans les limbes profonds du pays de Phaïtos. Je ne veux pas tuer, je veux vivre normalement, comme vous ou comme vos fidèles.
- Je vais vous aider, jeune shaakt. Si vous aviez été habité par l’esprit de Thimoros, vous auriez été tué par la statue de la déesse. Ecartez les bras et les jambes car je vois que ceci ne va pas être de tout repos.. »
Je ne réponds rien et m’exécute immédiatement. Il sort des chaines de petites cavités du mur. Il m’attache les bracelets aux poignets et aux chevilles. Si je ne lui faisais pas confiance, je croirais qu’il veut m’emprisonner. Il me retire mes armes, les pose dans un coin. Il m’explique qu’il préfère qu’elles soient loin pour éviter tous problèmes au cas où l’esprit prendrait le dessus sur moi. Puis il prend le temps de m’expliquer ce qui va se passer.
« Voilà, je vais apposer mes mains sur la cape. Le pouvoir de Gaïa qui se trouve en moi va vous traverser. Le but est que l’esprit qui habite votre habit soit complètement inondé de lumière. Le but est d’expier ses fautes et de lui accorder le pardon afin qu’il trouve le repos éternel. Cela risque d’être vraiment douloureux. L’âme va fouloir s’infiltrer en vous, pour se cacher au plus profond de vous, elle va chercher à se terrer pour survivre. La douleur que vous allez éprouver, ne sera pas comparable à tout ce que vous avez connu.
-[color#BF0000] Je suis prêt si cela peut me libérer, j’en durerais toutes les douleurs possibles.[/color] »
Le prêtre fait un signe de la tête pour dire qu’il était d’accord. Je serre les dents, je sens ses mains se poser contre moi. Il commence à prononcer des paroles qui me sont incompréhensibles. La pièce devient de plus en plus lumineuse, de l’énergie parcourt toute la pièce. La statue de la déesse commence à rayonner. La cape se rétracte sur ma peau et de nouveau des ramifications pénètrent mon corps. Mes muscles se contractent, mais les chaines m’empêchent de plier mes bras. Les hurlements de l’esprit résonnent à nouveau dans ma tête. Le douleur se repend en moi comme de l’alcool se faufilant par mon sang. Les incantations sont dites de plus en plus fort, tout devient trouble à mes yeux, je pousse des hurlements. Du moins, je crois, car ma bouche est ouverte, mais plus un autre son que les incantations et les cris de l’âme se font entendre.
Mes doigts se crispent ainsi que mon visage. Des tremblements me secouent le corps, des spasmes incontrôlables. Mes membres à se mouvoir tout seul, la cape prend le contrôle sur moi. Quand tout à coup, j’entends en éco un hurlement, non plutôt un cri, une protestation.
« Non, jamais tu prends le contrôle. Nous sommes trois et nous sommes bientôt le déchiré. »
Les voix de Jack et Michel prennent le dessus sur les hurlements de l’âme. Le prêtre relâche son attention pendant une petite seconde. La cape en a profité pour prendre encore plus le contrôle, mon corps ne répond plus à aucun des ordres de mon cerveau. Je lutte encore quelques instants puis je tombe dans une espèce de coma.
[i]((((Même si je tombe dans le coma, mon esprit reste toujours conscient. Je suis dans les confins de mon être. J’entends de bruits de combat. Quand j’avance, je vois Jack et Michel combattre ensemble contre un être, un autre Shaakt équipé d’une armure noire et d’une arme de l’hast. Il gère parfaitement son combat, il donne de la difficulté à mes doubles. Les trois personnes sont mutilées, quand je regarde l’emplacement des blessures de Jack ou de Michel. Je pose mes doigts sur mon corps et remarque à l’instant que leurs taillades et les miennes sont placés aux mêmes endroits. Ils sont moi et je suis eux. Mon destin et le leurs sont liés. Je dégaine moi aussi mes lames et me lance dans le combat.
Les coups pleuvent sur l’esprit. Il éprouve des difficultés maintenant pour se défendre. A trois contre un, le combat est complètement inégal. Sur quatre coups, il doit arriver à en bloquer trois. Mais chacun des coups qu’il prend et des plus meurtriers. Nous n’avons quasiment plus de blessures qui apparaissent sur nous. A un moment, je hurle :
« Que le pouvoir de Gaïa te transperce. »
Les paroles du prêtre arrive jusqu’à moi. Mes lames commencent à rayonner d’une lumière blanche pendant quelques instants. Puis la seconde d’après, la lueur devient noire en partie. Je ne comprends pas pourquoi, mais je repère une ouverture dans la défense de l’esprit. Je plante mes deux lames dans son corps en espérant qu’il disparaisse. ))))
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Trois êtres distincts pour une seule âme et une destinée
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