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 Sujet du message: Re: Temple de Gaïa
MessagePosté: Mar 12 Juil 2011 07:51 
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Hidekazu t'écoute attentivement, et, une fois que tu as fini, se dirige vers les portes du temple.

" Un rêve hein? Bien mettons nous en route, peut-être que vous verrez quelque chose de familier. Pour ce qui est du vouvoiement, je vais essayer, mais les vieilles habitudes sont tenaces."

Il pousse d'un main une des portes du temple et sort dans la rue.

"Toutefois, je suis étonné par une chose. vous ne cherchez pas à savoir qui je suis, d'où je viens, ce que je fais ici. Faire confiance aux gens et à notre déesse est une chose, mais il faut être prudente. Donc si vous avez des questions...."

[HRP: Tu posteras ton prochain RP dans le topic des rues ]

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 Sujet du message: Re: Temple de Gaïa
MessagePosté: Ven 27 Jan 2012 19:48 
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À peine sommes-nous entrés que des regards terrifiés nous dévisagent. Naturellement, nous sommes dans un temple dédié à Gaïa, une déesse pacifiste, voir une milicienne pointant son arme sur un homme n’est sans doute pas courant. Mais soudain, j’ai l’impression d’être un monstre de la pire espèce. Les regards sont différents de ceux que j’ai croisés dans la rue. Ceux là sont emplis de dégoût et de mépris. Un terrible sentiment et je ne m’attendais pas à être touché par ce genre de réaction. Une femme nous accoste.

"Vous êtes dans un temple, veuillez ranger votre épée !

C’est impossible ! Cet homme, dis-je en désignant le balourd sanglotant, est en état d’arrestation et il est de mon devoir de le surveiller !

Pourquoi venir ici alors ? Vous feriez mieux d’aller à la milice.

Nous allons y aller dès qu’un théurgiste aura soigné son frère. Cet abrutit l’a envoûté. Très légèrement, mais suffisamment pour faire de beaux dégâts, lui fis-je en lui montrant ma blessure.

Je vois… Réglons cela au plus vite. Nous allons aussi nous occuper de vous mademoiselle."

J’acquiesce. Afin une personne qui partage le même sentiment que moi : en finir et vite ! Un homme à la longue chevelure blonde vient s’emparer du porte-document afin de s’occuper de son cas. Pendant ce temps, nous nous dirigeons vers une table, proche du théurgiste où la guérisseuse s’occupe de moi. Le frère milicien sanglote toujours et là, trop c’est trop. Je tape du poing sur la table.

"Mais bordel tu vas t’arrêter !

Je…, dis-je avant de repartir dans un sanglot. Je ne suis qu’un misérable.

Là-dessus on est d’accord !"

Il me regarde hagard, perdu. Pendant une fraction de secondes je me revois. Insouciante, prête à tout pour réaliser mes rêves, même si cela devait blesser les gens autour de moi. Cet homme est un faible, mais tout faible peut devenir fort pour peu qu’il en est la volonté. Je décide donc de mettre ma colère et ma fatigue de côté.

"On en fait tous, des erreurs. Si tu veux monter en grade il te faut acquérir de la rigueur ! Arrêtes de te dévaloriser, relèves toi et avance. Continue d’avancer quoi qu’il se passe. Rien n’est jamais définitif. Souviens t’en !"

Et soudain, miracle, il cesse de sangloter comme un bébé.

"Je m’appelle Hyros.

Elylia.

Merci Elylia."

Conversation courte, mais qui peut être changera la vie de cet homme. Le théurgiste revient avec le porte-document qui est complètement dans les vapes. Il demande sans cesse ce qu’il s’est passé. Hyros se précipite et le reprend dans ses bras. Il me fait signe d’y aller. Il est prêt à se rendre à la milice, enfin. La guérisseuse a fini et c’est avec un grand soulagement qu’elle nous voit sortir du temple richement décoré.

"Merci."

Maintenant, dernière étape : la milice.

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Un grand merci à Dame Itsvara pour la signature




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 Sujet du message: Re: Temple de Gaïa
MessagePosté: Sam 28 Jan 2012 13:19 
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Inscription: Jeu 26 Jan 2012 12:05
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Après avoir traversée avec empressement la rue de la taverne jusqu’au temple,
j'entre enfin dans la monumental enceinte de ce lieu de culte.
A peine entrée je tombe à genoux, je succombe à la beauté pénétrante de la structure.
Ce temple est le lieu le plus magnifique qu'il m’ait été donné de voir, il représente toute l’allégresse de la déesse de la lumière, j'en ai le souffle coupé.
La lumière perce le lieu de toute part grâce aux multiples vitraux d'une splendeur inégalée. Le temple est surplombé d'une immense coupole semblant toucher les cieux, un véritable défi architectural et artistique. Les nombreux piliers décorés et sculptés, les pavés de marbre et les magnifiques bas relief représentant Gaïa me cloue au sol comme écrasé par le poids des siècles que supporte notre déesse.
Il faut que je me ressaisisse je vais gêner les passants à rester au beau milieu de l'entrée.
Je m'avance donc en direction d'un tableau de Gaia la représentant veillant sur le monde de Yuimen. C'est à ce moment que j’entends une voie, une voie angélique qui chante un air qui m'est inconnu, ce chant est pratiquement imperceptible mais il m’envoûte.
Ce chant m'intrigue de plus en plus au fur et à mesure que je marche vers le tableau, je m’arrête je me retourne brusquement et surprise je n'entends plus rien, ne reste plus que le silence pieu du temple, l'entrée était vide il n'y a pas un chat... Enfin si un petit et maigrichon chaton Blanc me suit, je lui donne alors mon dernier bout de pain.
Me voilà devant le tableau de Gaia, je me mets à prier ardemment avec une concentration sans faille.

((( 1h45 plus tard)))

C'est alors qu'au milieu de mes prières une voie douce se fait entendre:

«Vas tu te décider à y aller!»

Etonnée, je pousse un petit cri qui heureusement ne me fit pas remarquer, ma concentration n'est peut être pas sans faille finalement.

Instinctivement je réponds à voix haute:

«qui est-ce!»

la voie reformule ses précédentes paroles:

«Vas tu enfin franchir le pas, donner un but à ton exode et partir pour Cuilnen?»

Je m'adresse alors au tableau de Gaia devant moi:

«maintenant? Je viens tout juste de partir de mon village natal je... je...»

Ce que je crois être Gaia coupe mes balbutiantes paroles et déclare:

«Tu rêve de Cuilnen le berceau de la poésie depuis ta tendre enfance! Tu es partie pour réaliser tes rêves briser tes chaines! Anéantis ces liens qui entravent ta soif de connaissance et ta faim inassouvissable de poésie! Délivre toi de ce qui te retient ici »

Elle a raison, si j'ai de la rancœur c'est à cause de la proximité avec mes origines, je dois partir!
Je dois découvrir! Je dois grandir!

Ma véritable exode commence maintenant, la lumière divine de la déesse m'a éclairé.

Je vais chercher des vivres j'en aurai besoin.

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L'étude du beau est un duel où l'artiste crie de frayeur avant d'être vaincu.


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 Sujet du message: Re: Temple de Gaïa
MessagePosté: Ven 17 Mai 2013 23:18 
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Assise sur un lit simple, les mains posées sagement sur les genoux, une jeune fille semblait attendre. La tête tournée vers la fenêtre, simple carreau de verre à peine assez grand pour faire entrer la lumière, elle restait immobile. La pièce où elle se trouvait, à l'image de la vitre, n'était guère plus qu'une cellule ; une petite armoire et une chaise sans fioritures accompagnaient le lit dans un dénuement proche de l'ascèse.

Luaine entrouvrit les lèvres en un léger soupir. Sa main gauche glissa sur le couvre-lit d'un blanc douteux ; le tissu rêche crissa légèrement sous ses doigts, sans que cela ne dérange les réflexions de la demoiselle. Elle finit tout de même par céder à son envie : aidée de sa jumelle, sa main défit l'attache d'une petite bourse de cuir sans prétention liée à sa ceinture, d'où aucun tintement caractéristique ne s'échappait. Les yeux toujours fixés sur le bleu du ciel, elle ouvrit l’aumônière sans regarder, faisant des gestes comme cent fois, mille fois répétés. Elle en sortit une pochette usée, l'étoffe prête à se déchirer près des coutures. Précieuse comme une relique, la vieillerie avait toute son attention : penchée maintenant sur elle, Luaine y chercha délicatement l'objet de sa rêverie. Et ce qu'elle révéla, dans la paume de sa main, aurait surpris plus d'un des prêtres du Temple : deux dents de lait roulaient tout doucement sur sa peau, tandis qu'elle imprimait à sa main un léger mouvement circulaire.

Des bruits de pas caractéristiques se firent entendre dans le couloir, se rapprochant de sa chambre. Une petite grimace se dessina sur son visage alors qu’on tapait brièvement à sa porte ; sa main se replia sur son cœur, cachant ses secrets, lorsqu’un prêtre entra. La jeune fille se leva et se retourna, face à la porte, pour accueillir le nouveau venu.

" Luaine ? Prépare-toi, j’ai une mission pour toi, annonça-t-il sans cérémonie. Rejoins-moi en bas."

Il referma la porte, l’attente d'une réponse étant superflue.

Presque contrite, la jeune fille rangea ses trésors, s'efforçant de ne plus y penser. Elle se saisit de son épée, l'attacha à sa ceinture, attrapa une vieille cape d'un bleu passé et la jeta sur ses épaules. D'un regard circulaire dans sa chambre, elle clôtura ses préparatifs.

Leste dans les escaliers, les marches volant sous ses pas, elle rejoignit à la hâte l'homme qui le lui avait commandé. Impassible, quoiqu'en réalité curieuse, aucune inquiétude ne troublait ses traits lorsqu'elle s'arrêta devant Kaman, son tuteur et prêtre responsable de sa formation. Bien que les rides soient nombreuses et sillonnent son visage, sa barbe et ses cheveux d'un brun terne ne comportaient que peu de cheveux blancs. Privée depuis longtemps de la lumière des champs de bataille, sa peau avait pris l'apparence d'un parchemin rosé, faisant de lui un grand-père avenant et souriant. Ancien Paladin de Gaïa, il avait préféré une retraite moins tourmentée et formait à présent quelques apprentis, en sa qualité de prêtre.

" Bien. Il s'agit d'une intervention un peu particulière, auprès de Monsieur Scoody, commença l'homme d'Eglise. C'est un orfèvre qui a récemment acquis richesse et bonne réputation ; aussi pour faire honneur à sa nouvelle condition, il a acheté une villa dans les beaux quartiers.

Il fit une pause, s'assurant que Luaine écoutait consciencieusement son discours. Raconter des histoires était l'une de ses occupations favorites, et l'apprentie qui lui faisait face était l'une des plus patientes et des plus avides qu'il ait pu rencontrer.

" Cette demeure fait partie d'un ensemble séparé depuis en plusieurs grandes maisons, et qui a appartenu jadis à Monsieur de Basarab. Connaissez-vous ce nom, ma fille ? "

En excellente auditrice concentrée, la demoiselle en question secoua la tête, plus pour faire plaisir à l'ecclésiastique que par réelle ignorance.

" Vraiment ? Bon, ce récit fait pourtant partie du folklore de la ville. Mais puisque tu insistes... "

Prenant une grande inspiration, Kaman poursuivit avec délectation.

Ce Monsieur était un Comte dont la famille, particulièrement ancienne, était partout respectée. C'est pourquoi personne ne s'inquiétait vraiment des lubies de ce personnage, notamment en matière de serviteurs. Car chez lui, les domestiques défilaient ; à vrai dire, on les voyait entrer, mais jamais ressortir. C'est qu'il était assez riche pour embaucher quasiment toute la ville ; et les gens de haute naissance ne font guère attention aux employés qui vont et viennent. Pourtant, un jour une servante parvînt à s'enfuir du domaine de Basarab, et ses cris percèrent le voile de la nuit lorsqu'elle arriva chez elle, dans les bas quartiers. Il semblerait qu'en fin de compte, ce Monsieur adorait tuer ses domestiques, de manières diverses et variées, qu'il est inutile d'évoquer ici. "

Il jeta un coup d'oeil à l'une des statues de Gaïa, pinçant les lèvres.

" Peu importe. La servante eut tôt fait d'avertir tous les siens, et bientôt, une procession de torches avança jusqu'à chez Basarab. La suite est facile à deviner : le Comte fut trouvé, et, livré à la populace en furie, il ne fit pas long feu. L'histoire aurait pu s'arrêter ici si son cadavre, abandonné dans la demeure, ne s'était pas tout simplement volatilisé. Certains voient ici la marque du Dieu haï ; d'autres, rien qu'un enterrement à la va-vite et passé sous silence. Mais ceci s'est passé il y a tellement longtemps, que seule la légende persiste pour faire peur aux enfants. "

Presque déçu de la fin, il haussa les épaules avant de reprendre.

" Tout ceci nous ramène à notre affaire. Monsieur Scoody a donc acheté une partie du domaine de Monsieur de Basarab, et il rapporte quelques faits assez étranges pour le déranger totalement. Bruits inexplicables, murmures, présence invisible, objets subtilisés ou déplacés... En un mot, la maison serait hantée. "

Un long silence s'installa, permettant à Luaine de prendre la parole sans risquer de couper le récit du prêtre. Sa voix fluette et douce n'enfla guère plus qu'un chuchotement, consciente qu'elle ne devait pas troubler le recueillement des visiteurs dans le lieu.

" Mon Père, vous m'avez parlé d'une mission, mais je n'en vois pas mention. Que suis-je sensée faire ? "

Kaman afficha son sourire le plus entendu, ce qui n'était jamais bon, dans son cas.

" Ma petite, tu vas me débusquer ce fantôme, et le renvoyer d'où il vient. Le repos d'une de nos ouailles en dépend ! "

Il se tapota le nez, baissant sa voix d'un cran.

" C'est qu'il vient de faire un don particulièrement généreux, et le Supérieur verrait d'un mauvais oeil qu'on perde un tel bienfaiteur.  "

Alors qu'elle allait ouvrir à nouveau la bouche, il leva la main, en signe de silence.

" Va, tu n'as besoin de rien d'autre ; sache que je t'ai choisie en toute connaissance de cause."

Les lèvres encore entrouvertes, Luaine baissa la tête, accomplit une légère révérence et tourna les talons.

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 Sujet du message: Re: Temple de Gaïa
MessagePosté: Sam 9 Nov 2013 02:17 
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Hypérion




Il reprit péniblement conscience, ouvrant un œil qui se fit aussitôt éblouir par les reflets de la lumière solaire sur les couleurs d'albâtre qui envahissaient l'endroit. Il lâcha un petit râle en refermant ses paupières. Il était encore ensommeillé, appesanti par sa perte de connaissance. Son corps lui semblait lourd, les mouvements difficiles et il peinait à retrouver ses repères. Mais, au fur et à mesure, son esprit recommençait à analyser ce qui parvenait à ses sens. Des bruits de pas, de voix... Mais ces sonorités n'avaient pas encore de sens.
Il basculait la tête vers sa droite, d'où cela semblait venir et tenta une nouvelle fois d'ouvrir les yeux. Il vit alors, à quelques mètres, un kendran endormi. Il se trouvait sur un couchage étrange qui n'était pas sans évoquer un autel. C'était une grande pièce de marbre rectangulaire et polie s'élevant jusqu'à la moitié d'une hauteur d'homme, au-dessus de laquelle était comme encastré une très légère épaisseur de tissu grisâtre sur lequel était allongé l'individu, les bras le long du corps. Il se rendit alors compte qu'il était dans la même situation, cherchant du regard le sol au plus près de lui.

Le plus surprenant dans cette entreprise qui n'avait pas de véritable intérêt, une silhouette blanche et rayonnante, telle un fantôme de lumière, traversa le coin de sa vision sans qu'il n'eût le temps de la dissocier. Après une courte disparition, l'apparition s'arrêta face à lui. Il ne vit de prime abord que la pâleur des mains qui dépassait des manches d'une soutane blanche. En levant les yeux, il scruta le visage de ce visiteur et comprit qu'il ne s'agissait d'un humain à ses oreilles pointues qui dépassaient de sa longue chevelure blonde platine.

Alors qu'il tentait de se tourner sur le côté, l'elfe l'arrêta et lui dit calmement :
"Doucement, ne forcez pas. N'essayez pas de parler, écoutez-moi. Reposez-vous donc encore un peu, le temps de reprendre vos esprits. Nous nous sommes occupés de vos blessures mais il faudra encore quelques temps à votre corps pour s'en remettre. L'acide vous rongeait grièvement au niveau de l'oreille gauche et du cou lorsque nous vous avons récupéré, mais nous avons réussi à éviter le pire, in extremis. Vous pouvez louer Gaïa pour ce miracle, plusieurs soldats n'ont pas eu votre chance... Avoir votre esprit engourdi est un effet secondaire de la reconstruction magique que nous avons dû opérer sur vous. Nous avons dû reconstruire votre carotide dans l'urgence, alors le flux du sang -et donc d'oxygène- vers votre cerveau sera plus long, durant les prochains jours. Vous risquez donc de vous sentir fatigué pendant une bonne semaine, le temps que le vaisseau retrouve sa forme originelle. Je vous conseille de ne pas faire trop d'efforts, durant ce temps. Votre amie nous a informé que vous étiez un voyageur venu d'Imiftil... Nous ne pouvons hélas pas vous garder dans le temple, mais je ne saurais que trop vous recommander de vous préserver et d'éviter de faire des efforts. Restez en ville, prenez quelques nuits dans une auberge et si par hasard vous ressentez quelques effets étranges, comme des palpitations ou une douleur vive au niveau du cou, revenez nous voir. Je vais informer votre amie de votre réveil."

Il repartit aussitôt, alors qu'Agadesh commençait à peine à comprendre de quoi il était question. Alors que l'hinïon parlait, il ne se souvenait pas. Qu'est-ce que signifiait toute cette histoire ? Il avait été blessé ? Par de l'acide ? Louer Gaïa ? Qui est-ce, Gaïa ? Des soldats ? Quels soldats ? Quels rapport avec lui ? Qu'est-ce que c'était qu'une "reconstruction magique" ? Qui était cette amie ? Il était confus. Il tâchait de se rappeler, mais tout semblait voilé. Il savait avoir les réponses, mais elles lui étaient inaccessibles. C'était une sensation frustrante. A vrai dire, il avait perdu tout ses repères. Aucun autre lieu, aucune personne, aucun souvenir ne lui venait en tête. Il se sentait juste fatigué, mais il était plutôt bien. Cet endroit lui parut aussi agréable qu'un foyer. Cet elfe avait l'air gentil. Il était curieux de voir qui était cette "amie".

Il reposa sa tête et tourna un regard vide vers le plafond. Il était paré de peintures splendides montrant une femme et des créatures mythologiques en plein combat, mais il se contenta de le fixer sans même penser que ces images pouvaient avoir un sens.

Puis, au bout d'une paire de minutes, Chanpawa arriva. Il n'eût qu'à porter le regard vers l'humoranne pour que tous ses souvenirs défilent d'un coup. Le Héqet ! La sensation d'écrasement de son poids sur lui, la douleur atroce de ses tentacules d'acides faisant fondre son oreille et longeant son cou ! Cette remémoration brutale lui faisait revivre la scène, et il ne put s'empêcher de relever son dos et de se palper ses zones touchées avec les mains. Mais il n'y avait rien, comme si tout ceci n'avait été qu'un effroyable cauchemar. Mais ça n'en était pas un, il le savait. Après cela, tout ses souvenirs précédents lui revinrent. Manisha... Comment avait-il pu l'oublier ? Sarrukin, aussi. Où était encore passé cette fichue faëra ? Sa quête, Xenaïr... Il redécouvrait soudainement tout ces traumatismes. Le déchirement de son départ du désert, à quel point il lui manquait. Ses combats contre les autres clans, Yammu, les kadus, les katrels, les créatures de la forêt blanche... La mort d'Enkidu ! Et surtout, la révélation des mystiques d'Oranan... Un malaise si profond, vécu une seconde fois...
Maudit fut-il, il se surprit à penser qu'il aurait mieux fait de rester amnésique plutôt que de devoir subir encore et encore le poids de ces fardeaux sur ses épaules.

"Contente de vous revoir ! Je vous envie presque votre sieste ! Quand vous étiez en train de vous faire tranquillement dorloter par les guérisseurs, des gros bonnets de la garde kendrane sont venus et vous savez quoi ? Ils voulaient nous envoyer en geôle ! Pour soi-disant "avoir interféré durant une procédure de protection des civils" ! Non mais mes fesses quoi ! Ils galèrent dans une bataille, on les aide et ils veulent nous faire croupir dans une cellule ! Je vous l'avais bien dit pourtant hein ! 'Faut pas les aider ces enflures de gardes. Ces héqets, c'était pas notre affaire. Mais non ! Môsieur est un guerrier et refuse de fuir le combat ! Tout ça pour se faire étaler par la première poiscaille venue. Ah, il est beau l'honneur des Ketamara ou je sais plus quoi dans le genre ! Et qui c'est qui doit tracer en ville, à pied, pour lui sauver les miches ? C'est bibiche ! Pourquoi il faut toujours que je me retrouve dans des embrouilles pas possibles moi ? Pff... Enfin, c'est quand même pas tous des salops non plus... Leurs chefs par contre... Mais y a un de leurs petits gars -qui a dû se tromper de vocation- qui a été bien gentil et vous a récupéré vos affaires jusqu'ici. Ce bleu était tout fier, vous l'auriez vu. Ça se fait massacrer à tour de bras jusqu'à l'arrivée des mages de guerre et ceux qui ont survécu se prennent soudainement pour des héros légendaires. Hé, vous savez quoi ? Du coup, vous avez fait votre petit effet vous aussi. Il parlait de vous offrir des chopes à la taverne à votre réveil. Pour le guerrier étranger, qu'il disait... Et moi, je suis quoi ? Un bidet ?"
L'humoranne râlait comme si sa vie en dépendait, on voyait que les dernières heures n'avaient pas été des plus agréables pour elle.

Agadesh fit l'effort de lui dire, d'une voix enroué :
"Mer... Merci."

"De ?"

"De m'avoir sauvé la vie."

"Bah, j'ai pas fait grand-chose. Je vous ai juste emmené ici, c'est les guérisseurs qu'il faut remercier."

"Ne refusez pas ma gratitude. Et oubliez la garde. Si c'est une chope qui vous intéresse, je peux vous en offrir assez pour remplir une oasis entière."

Elle eût un sourire gêné, à la fois tenté par la proposition mais trop honnête pour aimer avoir quelqu'un qui lui doit quelque chose de cette manière.
"Ouais, toute cette histoire vaut bien quelques bières !"

L'elfe, qui semblait avoir entendu la conversation, en profita pour intervenir :
"Il vaut mieux qu'il évite aussi de trop boire jusqu'à..."

Chanpawa l'interrompit en plein milieu de sa phrase, haussant le ton à en résonner dans tout le temple et lui disant le plus familièrement du monde :
"Ah, ça va ! On m'a assez pris le cap pour aujourd'hui alors la prêtraille elle est gentille mais elle va pas m'en rajouter une couche ! Mon ami vient d'échapper à la mort, alors si on a envie de fêter ça autour de quelques petites mousses, on ne va pas se gêner ! Qu'est-ce que t'as, t'es pas content ?"

Agadesh intervint directement :
"Pardonnez-la, elle n'a pas eu une journée facile. Mais par l'honneur des Kel Attamara, vous m'avez sauvé la vie, vous aussi, et si vous voulez une récompense pour votre travail ou simplement vous joindre à nous, que je sois damné si je vous le refuse !"

Le prêtre eut un pas de recul et dit, avec toujours le même air calme :
"Votre reconnaissance me suffira. Nous n'avons pas pour coutume d'accepter les dons des personnes que l'on soigne, ici. Nous n'agissons pas par intérêt, seulement pour rendre grâce à la gloire de Gaïa... Maintenant, excusez-moi mais un autre patient a besoin de moi. Vous pouvez partir dès que vous vous sentirez près."

"Merci, prêtre guérisseur. Votre dévotion est une bénédiction."

Il pencha la tête vers l'avant avec respect et se retira pour aller examiner le kendran d'en face.

Chanpawa chuchota à Agadesh :
"Non mais sérieusement, vous vous imaginiez aller boire une bière avec ce type ?!"

"A vrai dire, je me doutais qu'il refuserait. Un homme de foi sacrifie sa vie en l'honneur des dieux... On ne peut s'approcher des dieux qu'en se détachant des hommes... Aidez-moi, je veux m'assoir."

L'humoranne l'assista sans se questionner. Elle voyait bien qu'il n'était pas en forme. Le nomade ne put se mettre en position assise qu'au prix d'un grand effort. La tête lui tournait, il avait des vertiges et commença à frissonner. Il avait soudainement froid, ce qui lui fit remarquer qu'il était pratiquement nu car seul un drap couvrait ses parties intimes.

"Où sont mes affaires ?"

"Elles sont là.", lui dit-elle en empoignant le sac au pied de ce lit hors du commun.

"Et mon sabre ? Où est mon sabre ?"

"Pas de panique, il est ici aussi. Toutes vos affaires sont là, calmez-vous... Bon, je vais vous attendre dehors, le temps que vous vous habillez."

"Oui..."

Le nomade se sentait horriblement exténué et mit un temps fou à se rhabiller. Il n'aimait pas se sentir aussi faible, et le prêtre avait dit qu'il serait dans cet état pendant encore une semaine... Son esprit était las aussi, mais il était finalement pressé de trouver le fin mot de toute cette histoire. Il lui fallait encore trouver ce temple et, pour ça, il devait se rendre à la grand bibliothèque de Kendra Kâr.

Il finit par se lever et chercher la sortie de cet impressionnant temple en l'honneur d'une divinité qu'il ne connaissait pas. Cet endroit était si magnifique. La divinité devait les combler de milles faveurs. Il passait sous des peintures et des statues si superbes qu'il en était difficile pour lui de croire que tout ceci n'était que l’œuvre de simples mortels. Mais il commençait à apprendre de ses voyages. Il y avait peu de merveilles dans le désert car ils devaient toujours penser à leur survie mais, en dehors, le monde fonctionnait autrement. Les hommes pouvaient s'attarder à chercher le beau et beaucoup n'avaient même jamais eu à combattre. Lui aussi, s'il avait vécu dans leur univers, aurait pu être un esthète ou consacrer sa vie aux dieux...

Il sortit enfin de l'endroit par une énorme porte de bois qui aurait pu laisser passer un titan. Le soleil et les bruits de la foule s'échappaient de l'ouverture en agressant ses sens. Chanpawa l'attendait là.
"Alors, on y va ?"



Prometheus

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Playlist d'Agadesh

Quand on voyage vers un objectif, il est très important de prêter attention au chemin.
C'est toujours le chemin qui nous enseigne la meilleure façon d'y parvenir, et il nous enrichit à mesure que nous le parcourons.

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Paulo Coelho, Le Pèlerin de Compostelle


Dernière édition par Agadesh le Ven 14 Juil 2017 17:28, édité 6 fois.

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 Sujet du message: Re: Temple de Gaïa
MessagePosté: Dim 29 Juin 2014 11:57 
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Localisation: Kendra Kâr
Je ressens les sculptures diverses et variées du large pilier sous mes doigts. J’y colle mon visage afin de ressentir cette folle fraîcheur qui me soulage parfaitement. J’ai toujours senti une sorte de bienveillance dans ces lieux. Aussi loin que je me souvienne dans ma vie, c’est toujours ici que j’ai réussi à me remettre les idées en place, à me consoler, à retrouver mon chemin. Aujourd’hui encore je ne sais pas exactement à quoi cela est dû. Est-ce la quiétude des lieux, avec son architecture merveilleuse, cette douce et chaleureuse lumière omniprésente ainsi que cette fontaine si apaisante ? Ou alors mon éducation religieuse fondée sur le culte de Gaïa depuis mon plus jeune âge ? Je ne sais pas… Je n’ai pourtant jamais mis la religion au centre de ma vie. Surtout ces dernières années où on peut dire que je m’en contrefous royalement, mais ce lieu a toujours fait vibrer quelque chose en moi. Parfois je me demande si je n’ai pas complètement calqué les rares souvenirs de ma mère sur les imageries de Gaïa. Elle est décédée durant mon enfance, lors de la naissance de mon frère Léonard. Du haut de mes 4 ans j’ai été préservé longtemps de cette malheureuse nouvelle. La notion même de mort était très floue pour moi à cette époque. Ce qui explique peut-être que j’ai pu tout intérioriser et que même en me concentrant fortement je ne me rappelle pas de son image. J’ai l’impression de mélanger son visage avec celui de Gaïa. Peut-être est-ce aussi pour ça que ce lieu me réconforte. Je viens y chercher le réconfort d’une mère qui m’a manqué toute ma vie et dont je n’ai aucun souvenir de son existence. Des larmes coulent sur mon visage. Putain d’introspection à la con ! Pourquoi certaines vérités apparaissent comme des éclairs alors qu’on aurait préféré qu’elles restent enfouies à jamais ?

Que vais-je faire ? Un grand avenir s’offre à moi. On me l’a longtemps répété. Je suis l’héritier de la grande famille Kastelin qui possède une grande puissance commerciale. Je vais rencontrer le Roi afin d’essayer de redonner toute la splendeur d’antan à notre maison, de retrouver la noblesse que ni mon père ni mon grand-père n’ont connus. J’ai beaucoup d’argent, je vis dans une grande demeure et je n’aurai aucun mal à trouver une femme vu ma situation. Je possède ce que n’importe quel quidam rêverait d’avoir et je suis sur le point de cracher dessus. Suis-je le plus crétin des hommes ou le plus courageux ?

J’ai l’impression que tout l’alcool que j’ai ingurgité en ce début d’après midi bouillonne dans mon sang. Ma tête tourne légèrement. J’essaye de fixer mon regard sur la voûte du Temple représentant les grands récits mythologiques de la Déesse. Je me concentre plus particulièrement sur la grande peinture centrale où Gaïa soigne et sauve de la mort le premier et le plus important des « Enfants de Gaïa ». En suis-je un moi aussi ? La lumière se fait de plus en plus puissante et ma vision se trouble. Tout ce blanc m’éblouie et je ne vois plus que le visage brillant de cet être mystique. Je ressens mon corps très intensément. Je suis incapable de dire sur c’est de la douleur ou du plaisir mais de mes orteils à ma langue jusque dans mes cheveux, tout crépite. Des flots de liquide sortent de mes yeux, mon crâne se fend en deux sur le dessus. Mon cœur quand à lui bat lentement mais d’une puissance effroyable, ma poitrine peut exploser à chaque instant. La tête de Gaïa s’agrandit de plus en plus et remplie tout mon champ de vision. Quelle est belle et délicate. Soigne-moi Gaïa ! Sauve-moi !

Monsieur !

D’un violent flash tout disparait. J’aperçois devant moi la tête inquiète de ce qui semble être un prêtre de Gaïa.

Monsieur, vous allez bien ?

Je me rends compte que je suis allongé sur le sol, avec une vive douleur sur l’arrière de la tête. Plusieurs personnes sont autour de moi, parlant à voix basse. Le prêtre me secoue légèrement l’épaule.

Monsieur, vous pouvez parler ? Pouvez-vous vous lever ?

Ou… Oui Bien sur.

Le prêtre m’attrape le bras et m’aide à me mettre sur mes pieds. Que s’est-il passé ? A quel moment me suis-je écroulé ? A partir de quand ai-je perdu connaissance ? Combien de temps a duré cette crise ? Je sens tous les regards sur moi. J’espère que personne ne me connait. Je remercie rapidement le prêtre et sort du Temple du pas le plus vif que ma condition me le permet.

Dehors Lucius m’attend, assis par terre en train de manger une pomme. Il se gratte l’omoplate droite où son récent tatouage se trouve : un lombric dessiné de manière assez grossière. Son crâne rasé me choque toujours autant à chaque fois que je le vois depuis ce matin. Il me faudra du temps avant de m’habituer à cette nouvelle coupe de cheveux. Il ne veut pas que ces anciens camarades et professeurs de la prêtrise de Gaïa ne le reconnaissent.

C’était rapide pour une prière dit donc. T’es sur que t’as respecté toute la litanie mon couillon ?

Rapide ? Ca me rassure, je préfère ça que le contraire. Je ne sais vraiment pas quoi penser de cet épisode à l’intérieur du Temple et je préfère le taire pour l’instant.

Je ne rentre plus Lucius. Je viens avec toi.

Il s’arrête en plein dans sa dégustation et me regarde d’un air surpris.

Tu es sur de toi Emile ? T’es prêt à foutre en l’air ta vie ?

Je ne la fous pas en l’air Lucius, mais je vais la vivre, simplement.

Bha écoute moi ça m’va. Je préfère me marrer avec toi plutôt que de ne plus te voir.

Il se lève en disant ça et nous commençons à marcher dans la rue. A chaque pas que je fais, je sens comme un lourd poids au fond de moi s’alléger de plus en plus et s’envoler. Je me sens libre et heureux. Comme si j’avais fait la chose la plus folle et la plus extraordinaire de ma vie. Je crois que je souris comme un idiot.

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 Sujet du message: Re: Temple de Gaïa
MessagePosté: Mar 20 Oct 2015 12:36 
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Sans être une fervente religieuse, Anastasie connaissait bien le Temple de Gaïa pour être venu y prier un certain nombre de fois depuis son enfance. Mais c'était la première fois qu'elle y remettait les pieds, non seulement depuis la découverte de ses fluides, mais également depuis que son égoïsme capricieux avait laissé place à un altruisme aussi soudain qu'ardent. Aussi, lorsqu'elle pénétra dans le grand et majestueux bâtiment, la jeune femme eut le sentiment que ce fut la première fois. Sans qu'elle ne put dire pour quoi, elle eut soudain la sensation que ses pouvoirs lui avaient été confiés par Gaïa elle-même. Mais il n'y avait aucune prétention dans cette pensée, ce n'était pas de l'arrogance, elle ne se sentait pas d'une importance capitale, elle sentait juste que la Déesse lui avait offert un cadeau, un présent à double-tranchant pour l'extraire de sa vie monotone et égoïste. Et, silencieusement, Anastasie l'accepta.

« Que puis-je pour vous ? » demanda une voix près d'elle.

C'était celle d'un prêtre de Gaïa qu'Anastasie avait vu à plusieurs reprises à l'intérieur du temple. La petite noble lui adressa un sourire aimable.

« Je suis venu consulter votre bibliothèque. Je recherche les manuscrits sur les rituels de magie noire. »
« Que voulez-vous faire avec la magie noire ? » s'inquiéta le religieux.
« La combattre, » le rassura-t-elle. « J'ai besoin d'identifier un rituel pour retrouver son instigateur et l'empêcher de nuire. »

Le visage du prêtre s'illumina quelque peu.

« Noble entreprise que voilà. Mais pensez-vous être en mesure de chasser les forces du mal ? Ne sous-estimez pas les disciples de Thimoros, ils sont particulièrement habiles quand il s'agit de semer la terreur et le chaos. »
« Ne vous inquiétez pas pour moi, malgré les apparences, je sais ce que je fais, » fit-elle sans plus de détail. « Pouvez-vous m'indiquer la section dédiée à la chasse de la magie noire ? »
« Si votre conviction est inébranlable, alors laissez moi vous montrer le chemin. »

Et, sur ces paroles, le prêtre la conduisit à travers le temple, montant à l'étage par d'étroits colimaçons. Arrivé en haut, il se dirigea avec habileté à travers les étagères, Anastasie sur ses talons, jusqu'à arriver devant des bibliothèques gardées par un nombre impressionnant de paladins.

« Nous ne pouvons pas nous permettre d'informer les mages noirs de nos moyens pour les chasser, et encore moins de leur indiquer comment accomplir leurs sombres rituels, c'est pourquoi cette section est particulièrement bien protégée. »
« Comment savez-vous que je n'en suis pas une ? » s'enquit la jeune femme.
« Ne vous en faites pas, » la rassura-t-il avec un sourire, « disons que je sais discerner les... ''talents'' de nos invités. »

Sa remarque s'accompagna d'un clin d’œil que la petite noble comprit sans problème. L'homme, certainement adepte lui-même de la magie blanche, connaissait parfaitement l'inclination fluidique d'Anastasie.

« J'autorise cette Demoiselle à consulter ces livres, » ajouta le prêtre aux paladins chargés de garder les bibliothèques. « Bonne chance pour votre quête, » continua-t-il en direction de la jeune femme avant de disparaître dans les corridors de bouquins, en direction des escaliers menant au rez-de-chaussée.

Après quelques secondes, Anastasie rompit le contact visuel et se retourna vers la tâche à accomplir. Les paladins se relevaient plutôt intimidant – et sans doute était-ce là le but – mais au moins savait-elle qu'ils ne l'embêteraient pas, grâce à ce fidèle de Gaïa. Les livres étaient rangés par section : Nécromancie, Malédictions, Rituels de catégorie un, deux et trois, sacrifice, Dévotion à Thimoros, Dévotion néfaste à Phaïtos, Dévotion à Oaxaca...

« Rituels de catégorie un, deux et trois... » murmura Anastasie, fouillant dans ses souvenirs.

Ces codes étaient répertoriés dans « Gaïa la Chasseresse », mais ce n'avait pas été le chapitre le plus intéressant du manuscrit.

« Catégorie un... Sortilèges inférieurs, ne nécessitent que rarement des sacrifices, souvent liés à des malédictions non mortelles... » tenta de se souvenir la jeune femme. « Catégorie deux... Sortilèges supérieurs, nécessitent souvent des sacrifices en fin de rituel, souvent liés à des gains de puissances et des malédictions mortelles... Catégorie trois... Sortilèges extraordinaires, de nécromancie ou de gain de puissance, nécessitent des sacrifices exceptionnels ou tirent leur puissance des morts... »

La jeune femme observa tour à tour les étagères des rituels de catégorie trois et celles de nécromancie, sans comprendre, puis, incapable de faire la différence, se tourna vers le paladin le plus proche.

« Excusez-moi, pourquoi y a-t-il des étagères différentes pour la nécromancie et les rituels de catégorie trois si la nécromancie fait partie des rituels de catégorie trois ? »
« Les rituels de nécromancie et la nécromancie sont deux choses différentes, » répondit celui-ci. « Tout mage noir peut interagir avec les morts grâce aux rituels, mais seule une poignée possède le moyen de le faire de manière spontanée, comme un mage de lumière utilise la magie blanche. C'est la différence entre le nécromancien capable d'invoquer des morts tant qu'il a de la puissance et un mage noir qui doit user de sacrifices et de rituels pour arriver à ses fins. Par ailleurs, beaucoup de nécromanciens doivent également recourir aux rituels pour employer des sortilèges de niveau supérieur, quand la catégorie liée à la nécromancie se concentre avant tout sur l'emploi de sortilèges dit ''spontanés''. »

La jeune femme hocha la tête en guise de remerciement. Tirent leur puissance des morts... Elle savait où elle devait chercher. Et savoir que, malgré son apparent manque d'expérience, son ennemi était capable d'employer un rituel de catégorie trois, très certainement lié à la nécromancie, ne l'enchantait guère.

La fin de matinée et le début d'après-midi de la jeune femme furent particulièrement fastidieux. Épluchant les livres presque un par un à la recherche d'indices sur le but du rituel du meurtrier sans pour autant trouver quoi que ce soit de satisfaisant, sa recherche commença à porter ses fruits bien après l'heure du déjeuner, lorsqu'elle mit la main sur un livre nommé « Déchiffrer les rituels nécromantiques » et recensant une bonne partie des significations des différents codes de magie noire liés à la résurrection des morts.


« Il a directement marqué leur crâne, j'aurais dû me douter que ça avait quelque chose à voir avec la nécromancie, » murmura Anastasie en trouvant finalement ce qu'elle cherchait à l'intérieur du livre dédié aux rituels nécromantiques.

Le passage en question parlait de l'importance des os, et en particulier des crânes, dans les rituels de résurrection des morts. Généralement, les os de la personne à ressusciter étaient directement utilisés pour le sortilège, mais lorsque l'on voulait créer une entité à part l'on pouvait utiliser des ossements venant de plusieurs cadavres, les caractéristiques du revenant invoqué reflétant celles des macchabées utilisés. Cependant, si Anastasie sentait qu'elle était sur la bonne voie, le mystère restait entier, car aucune mention de la marque noire n'était faite dans le chapitre sur l'utilisation des ossements. De plus, pour un tel rituel, les os devaient être rassemblés, ce qui n'était clairement pas le cas ici.

« Donc, deux heures et toujours rien, » se lamenta la jeune femme. « A part que c'est certainement lié à la nécromancie. »

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 Sujet du message: Re: Temple de Gaïa
MessagePosté: Dim 15 Nov 2015 01:51 
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Rose-Ebène avait fini par se retrouver sans trop savoir comment le lendemain après-midi devant les portes du temple de Gaïa. Elle se sentait fatiguée, avait horriblement faim mais n'avait curieusement pas soif.

Elle découvrit un lieu d'une splendeur qu'elle n'aurait pu imaginer. Mais surtout elle se sentit emplie de sérénité. Après s'être seulement recueillie un instant, elle décida de s'avancer vers l'un des prêtres pour lui poser des questions à propos de l'emblème qui était sur son pendentif. Elle avait aboutit à la conclusion que si, comme elle le supposer, il appartenait à une famille connue de Kendra-Kâr, un prêtre pourrait la renseigner efficacement.

"Excusez-moi."

Le prêtre qu'elle venait d'interpeller se tourna vers elle avec bienveillance:

"Oui? Que puis-je pour vous?"

"Je recherche des informations sur un emblème qui appartiendrait peut être à une famille de Kendra-Kâr. Pourriez-vous me renseigner?"

Alors qu'elle posait cette question la vue de Rose-Ebène se brouilla légèrement. Elle cligna des yeux alors que le prêtre lui répondait:

"J'essaierai de vous répondre dans la mesure du possible. Cependant, si vous savez lire vous pouvez toujours jeter un oeil à notre bibliothèque. A quoi ressemble votre emblème?"

Rose-Ebène préféra ne pas lui montrer son pendentif de peur qu'il l'accuse de vol. Elle se contenta de le décrire alors que sa vue se faisait de plus en plus trouble et qu'une brûlure terrible envahissait son estomac...

(La faim.... Mon corps se révolte semble-t-il... Ce n'est rien... Je vais m'asseoir après lui avoir parlé et tout ira mieux).

Elle avala une grande bouffée d'air pour éclaircir ses idées qui s'embrouillaient. Le prêtre attendait patiemment sa description.

" Il y a une rose avec une biche et on peut lire une sorte de devise: "un combat est une danse qui se remporte avec élégance"

Le regard du prêtre se fit dur:

"Je ne sais pas où vous avez vu ça mais vous devriez éviter de chercher quoique ce soit sur cette famille. C'est une famille maudite."

"Maudite..?"

Un violent vertige s'empara d'elle. La chaleur de son ventre était maintenant sur ses tempes, puis sur tout son corps... Elle ne voyait plus rien... Elle...

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 Sujet du message: Re: Temple de Gaïa
MessagePosté: Lun 16 Nov 2015 17:25 
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Lorsque Rose-Ebène ouvrit les yeux, elle était allongée sur le sol du temple. Ses oreilles sifflaient. Elle cligna des yeux surprise. Le prêtre lui sourit.

"Vous vous êtes évanouie"

Il lui tendit un
verre d'eau. Elle commença à vouloir se relever mais le prêtre ne lui permis que de rester assise pour boire. Il lui tendit un morceau de pain.

"Je suppose que vous n'avez pas mangé depuis un moment..."

Rose-Ebène se sentit rougir. Elle caressa l'idée de refuser mais son estomac lui rappela qu'elle mourrait littéralement de faim. Pourtant ce n'était pas la première fois de sa vie qu'elle mangeait peu. Mais tout était là, elle avait toujours grignoté quelque chose au moins une fois dans la journée. On était approximativement en milieu d'après-midi. Ca faisait une journée qu'elle n'avait rien avalé.

"Mangez", l'encouragea le prêtre.

Elle obéit sans plus attendre tout en sentant qu'elle était observée par de nombreux fidèles.

(Quelle honte!)

"Comment vous sentez-vous à présent?"

"Mieux beaucoup mieux je vous remercie".

Elle ouvrit sous manteau. Elle avait encore extrêmement chaud. Elle avait oublié que son pendentif était de ce fait visible. Le soleil qui entrait par l'un des vitraux trouva judicieux d'en éclairer l'argent. Cela n'échappa pas au prêtre. Il fronça de manière presque imperceptible les sourcils. Il chuchota:

"Pourriez-vous me dire où vous avez trouvé ce pendentif?"

Rose-Ebène se sentit confuse.

"Je ne l'ai pas volé!"

Cette exclamation lui échappa. De nouveau tout les regards étaient posés sur elle.

"Pardonnez-moi... Je..."

"Je suppose effectivement que vous ne l'avez pas volé. Vous l'auriez revendu autrement et vous ne prendriez pas le risque de le porter sur vous... Ecoutez, je ne veux pas connaître vos liens avec la famille Orclairna mais vous devriez éviter de vous en approcher. Vous risqueriez de ne rencontrer que la mort."

Il glissa discrètement dans sa main quelques pièces et murmura:

"Deux choix s'offrent à vous. Si vous y tenez vraiment aller aux alentours du palais vous trouverez leur demeure. Il y a un portail en or très ouvragé et sur les piliers qui l'encadrent une biche et un loup. Vous ne pouvez pas vous trompez. Ou sinon utilisez l'argent que je viens de vous donner pour revenir chez vous."

Rose-Ebène trouva la réaction du prêtre plus que surprenante. Elle ne savait pas quoi en penser:

"Je connais cette famille. Je la connais même très bien..."

"Et vous êtes en vie"

"Si vous avez une bonne raison d'y aller, allez-y. Sinon renoncez".

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 Sujet du message: Re: Temple de Gaïa
MessagePosté: Jeu 3 Déc 2015 11:58 
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Elle rêva beaucoup, ensuite. Notamment d’une épaisse et chaude lumière qui en chassait une autre, bien plus glaciale. Il y eut comme un craquement à un moment. Ensuite, les songes obscurs laissèrent la place à la chaleur, comme si l’ensemble de son corps baignait dans une épaisse couche de chaire à la chaleur du sang tout juste sorti du porc. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, le soleil inondait la pièce où elle reposait. En se redressant le dos contre la tête de lit, elle souleva la fine mais chaude couverture crème, aux poils doux sur sa peau nue, jusqu’à sa poitrine afin de la cacher d’un possible intrus. L’odeur étrange qui se dégageait de la pièce mélangeait les épices exotiques que l’on sentait sur les étals des marchands chez qui elle achetait son encens pour ses prières à Yuimen. De plus, un feu brûlait paisiblement dans l’âtre de la cheminée en face d’elle et emplissait ce qui semblait être une chambre des agréables parfums du bois et de la peau d’orange calcinée. Une fenêtre éclairait l’ensemble de la salle. Ses vêtements en piètre état, maculés de sang et de boue, traînaient sur un coffre laqué. Son tablier, qui pendait sur un mur, devait avoir été lavé. Quelqu’un avait laissé des vêtements simples et propres sur une chaise, à côté du lit. Machinalement, elle passe ses doigts le long de ses plaies. Les deux traces de lames appartenaient déjà au passé. La peau bombée en une cicatrice nette et propre signalait une guérison totale. Depuis combien de temps dormait-elle en ce lieu ? Comment allait Bruno ? Elle trébucha, toujours endolorie, en tentant de se lever de son lit. Elle se releva et enfila à la hâte les vêtements propres lorsqu’on frappa à la porte.

« Vous allez bien ? J’ai entendu une chute. Puis-je entrer ? » La voix calme dégageait la chaleur apaisante de celui qui vit les horreurs du monde, et qui fit tout en sorte pour le changer.

«Je vais bien, merci. Je finis de m’habiller et je vous ouvre. » Les braies et la chemise sur la chaise étaient douces, comme neuves. Celui qui les lui avait disposées avait même fait attention à rester dans les tons de ses précédents vêtements. Une fois vêtue, elle se rafraîchit à la petite bassine à côté du coffre puis ouvrit la porte. Un vieil homme au menton carré, rasé de près, lui sourit tendrement lorsqu’il l’aperçut, alors qu’il lisait un épais grimoire sur un bureau.

« Vous semblez remise. Je ne m’attendais pas à vous voir debout si tôt. »

Sa longue robe de bure cerclée d’une large ceinture blanche, son pendentif, son œil bienveillant, tout indiquait qu’il était prêtre de Gaïa. Il saisit un plateau orné de quelques fruits et d’eau fraîche parfumée au sirop de rose et alla s’installer sur la chaise.

« Servez-vous.
— Pourriez-vous m’expliquer ce qui m’est arrivé ? Depuis combien de temps suis-je ici ? » Jeanne s’assit sur le lit et, après un geste de la main du prêtre, dégusta quelques vivres sur le plateau. En buvant l’eau délicatement parfumée, elle se rendit compte à quel point sa bouche était asséchée.

« Nous vous avons trouvée hier soir. » Jeanne blêmit. Elle connaissait certains miracles de Gaïa, mais là, c’était trompé la mort elle-même !

« Vous gisiez dans votre sang alors que trois malandrins prenaient la fuite. Je revenais d’un navire avec trois marins que je conduisais jusqu’ici. Ils vous ont portée au temple et je vous ai prise en charge.
— Aussi rapidement ? Je, enfin, il n’y a plus qu’une légère blessure.
— C’est, disons, un accident. Êtes-vous familière avec la magie ? Avec Gaïa ?
— Ni avec la magie, ni avec Gaïa. J’observe les rites annuels bien sûr, mais c’est Yuimen que je prie quotidiennement. Voyez-vous, je suis bouchère. »

Il jeta un œil au tablier.

« Je m’en étais douté » fit-il en un sourire à faire fondre la pierre. Tout s’adoucissait lorsque ses joues se relevaient. « Mais vous êtes pieuse. C’est bien. C’est probablement ce qui vous a sauvée.
— Je ne pense pas mériter l’intérêt du divin.
— Bien que les Dieux s’intéressent à chacun d’entre nous, je comprends ce que vous voulez dire. » Il laissait de longues pauses rassurantes entre ses phrases. Une invitation à rajouter quelque chose, vous montrant qu’il vous prenait au sérieux.

« Ce n’est pas ce que je voulais dire. Alors que je vous soignais, il y a eu comme un accident. Je tentais d’intercéder envers celle que je vénère afin de vous tirer des griffes du sommeil éternel et vous avez saisi la bourse qui pendait à ma ceinture par réflexe, à cause de la douleur. Elle contenait un fluide que les prêtres ingèrent pour parvenir à mieux communier avec Gaïa. La fiole s’est brisée et le verre a coupé en de multiples entailles votre main puis le liquide s’est répandu sur votre peau, entrant par les nombreuses petites blessures.
— C’est dangereux ?
— Loin de là. En tout cas désormais. N’importe qui ne peut ingérer ce genre de chose. Il faut une certaine expérience. Mais là, ça a même aidé à votre rétablissement, comme si Gaïa vous montrait la voie.
— Je n’ai jamais pensé à la prêtrise et n’y penserai, à mon avis, jamais, si c’est ce que vous souhaitez me dire.
— Ce n’était pas l’objectif. J’ai compris que vous ne vous pensiez pas digne de l’intérêt des Dieux, mais vous avez tout de même été touchée par Gaïa. Non pas que cela doive orienter vos décisions. C’est tout simplement un fait. J’espère que vous prendrez soin de Son don.
— Merci. » Elle se releva. La chance qu’elle avait eue la frappa comme la dague de la veille. Blême, elle se sentait coupable de ne pas être au côté de Bruno, maintenant qu’elle se savait hors de danger.

« Combien vous dois-je pour tout cela ? Ce n’est pas que votre compagnie ne m’est pas sympathique, bien au contraire, mais mon mari souffre alors que je me repose.
— Rien, vous n’avez…
— Voyons ! Pas même pour les vêtements ?
— Gardez-les. Je vous les offre avec plaisir. En compensation, j’espère juste que vous prendrez du temps pour me revoir. Je me doute que d’autres questions vous viendront après ce que vous avez vécu.
— Comment s’appelle mon sauveur ?
— Son nom est Gaïa. » Encore une fois, son visage s’illumina, comme fier d’une blague quotidiennement répétée. « Pour ma part, je m’appelle Eryn. C’était un plaisir.
— Jeanne. Le plaisir, était partagé, mais plus je me sens encore en vie, et plus j’ai l’impression de laisser mourir mon aimé. J’espère ne pas être ingrate. Je reviendrai rapidement vers vous, avec plaisir. Merci pour tout.
— Je vais vous raccompagner jusqu’au boulevard. »

Le temple accueillait le peuple à de nombreuses reprises pendant l’année pour des rites ouverts à tous, des prêches et des bénédictions, auxquels Bruno et Jeanne assistaient régulièrement. Cependant, elle regardait désormais d’un œil neuf l’immense coupole au centre du temple qui laissait, à travers de fins vitraux, traverser les rayons du soleil. Les portes de bois cerclés de bronze s’ouvraient sur la plus grande artère du sud de la ville et, devant elles, trônaient les deux magnifiques statues de la déesse. Gaïa la Voyageuse avait toujours fasciné Jeanne. L’immense sphère qu’elle contemplait l’obsédait, se rêvant alors parcourant le monde, de ses terres les plus lointaines à ses mers les plus agitées. Mais ce matin, alors qu’elle sortait du temple, ses yeux suivirent un discret trait de lumière jusqu’à l’imposant pommeau de l’épée que portait à la ceinture Gaïa la Combattante. Eryn la sortit de sa contemplation.

« Bonne journée, Jeanne. J’espère sincèrement vous revoir vite.
— Vous avez là une promesse. Merci pour tout. »


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 Sujet du message: Re: Temple de Gaïa
MessagePosté: Lun 7 Déc 2015 11:38 
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Anastasie bouscula son prisonnier sans ménagement à l'intérieur du temple, sous les yeux ébahis des quelques prêtres encore présents malgré la tombée de la nuit. L'un d'eux, que la jeune femme commençait à connaître, s'approcha. C'était l'homme qui lui avait montré la section des rituels de magie noire de leur bibliothèque deux mois plus tôt, et avec qui elle avait conversé plus d'une fois depuis.

« Anastasie ? » s'inquiéta-t-il, posant son regard à tour de rôle sur la petite noble et sur Alban. « Que signifie ceci ? »
« C'est l'homme qui tue tous les jours, » expliqua-t-elle. « L'homme que je chassais lorsque je suis venu vous voir pour la première fois. »
« Par Gaïa... » murmura son interlocuteur. « Tu l'as arrêté ? Seule ? »

La jeune femme hocha la tête en signe d'assentiment. Elle ne voulait pas trop attirer l'attention sur elle, mais elle commençait à se douter que ce serait difficile compte tenu du chaos qu'avait engendré son prisonnier.

« Mais ça ne me dit pas pourquoi tu nous l'as amené plutôt que de le confier à la milice, » continua-t-il.
« Il y a un homme à l'intérieur de ce corps qui ne devrait pas y être. Cette enveloppe ne lui appartient pas. Et jusqu'à preuve du contraire, la personne à qui elle appartient n'a rien fait qui mérite la peine de mort à laquelle celui-ci aura droit. »

Le prêtre hocha la tête à répétition, en signe de compréhension. Mais lorsque Alban commença également à comprendre de quoi il en retournait, cependant, il brisa enfin son inlassable silence.

« Non ! Non s'il te plaît Anastasie, non ! Pas d'exorcisme ! Tuez-moi, décapitez-moi, pendez-moi, mais pas d'exorcisme, par pitié ! »
« Si, » répondit-elle simplement avec flegme.

Le religieux appela deux autres curés, qui prirent le nécromancien par les bras et le tirèrent derrière eux de force, sans tenir compte de ses multiples protestations.

« C'est si douloureux ? » s'enquit la jeune femme, plus par curiosité que par inquiétude.
« Il semblerait, oui. Je n'en ai pratiqué que deux fois, mais ils ont hurlés à n'en plus pouvoir. Tu es consciente que l'homme à qui appartient ce corps est probablement mort ? »
« J'ai cru comprendre qu'il y avait de fortes probabilités, oui. Mais il vaut mieux essayer que de le pendre pour des crimes qu'il n'a pas commis. »
« Et tu sais que s'il s'est fait posséder par ce nécromancien, c'est qu'il avait des affinités avec les fluides d'ombres. Et qu'il devait probablement trifouiller du côté de la magie noire. »
« Je sais, oui. Mais il y a une différence entre trifouiller du côté de la magie noire et se retrouver à tuer des pauvres femmes pour faire revivre sa mère. Je ne sais pas si cette personne est une bonne personne, mais ne le jugeons pas pour des crimes qu'il n'a pas lui-même commis. »

Le vieil homme hocha la tête, visiblement satisfait.

« Vous ne m'avez jamais dit votre nom, » reprit la jeune femme. « Je viens ici trois fois par semaine, et je n'ai jamais pensé à vous demander votre nom. »
« Adam. »
« Je voulais vous demander, Adam... vous pensez que c'est Gaïa qui nous donne nos pouvoirs ? Vous pensez qu'elle nous choisit ? Où est-ce que c'est simplement le fruit de nos gènes et du hasard ? »
« Je n'en ai honnêtement aucune idée. J'ai longtemps pensé, comme toi, que cette question était importante. Mais elle ne l'est pas, Anastasie. Elle est même insignifiante. Quoiqu'il arrive, que ce soit Gaïa ou Thimoros qui te choisisse, que tu naisses avec des fluides de lumières ou d'ombres, que tu naisses dans la richesse ou la pauvreté, rien de tout ça ne compte. Ce qui compte, c'est ce que tu fais de tout cela. J'ai connu beaucoup de personnes avec les mêmes dons que toi ou moi, Anastasie. Mais peu étaient ceux qui, à ta place, nous auraient confiés cet homme pour donner une chance à son hôte. La plupart l'aurait amené à la milice, pensant que son sort ne les regardait pas. Les autres l'auraient sûrement exécutés eux-mêmes. Ce que je veux te dire, c'est que toutes les personnes possédant la magie de Gaïa ne sont pas bonnes. Et toutes les personnes possédant celle de Thimoros ne sont pas mauvaises. C'est seulement nos actes qui définissent qui nous sommes. »

La petite noble acquiesça doucement, assimilant les paroles du vieil homme. C'était un beau discours. Elle était contente de l'avoir entendu. Quelque part, c'est ce qu'elle voulait entendre ; elle ne voulait pas se dire que la seule raison de tout ce qu'elle faisait était le dessein de sa déesse. Elle voulait croire qu'elle était une bonne personne, et pas seulement parce que Gaïa l'avait décidé, mais parce qu'elle l'était devenu d'elle-même.

« Merci, » lâcha-t-elle enfin. « Vous pourrez vous arranger avec la milice une fois que l'exorcisme sera terminé ? Je sais que le Temple a une certaine influence, ils vous écouteront certainement. »
« Tout à fait, » promis le vieux prêtre.

La jeune femme adressa un signe de tête au dénommé Adam en guise d'au revoir, puis fit mine de partir. Mais le religieux l'interrompit.

« Tu n'as pas autre chose à me dire ? » demanda-t-il, un sourire aux coins des lèvres. « Sur ce qu'il s'est passé quand tu l'as affronté ? »

Anastasie ouvrit la bouche, incrédule. Elle sut immédiatement qu'il faisait référence au pouvoir qu'elle avait déployé pour éjecter les mort-vivants.

« Comment savez-vous ? »

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 Sujet du message: Re: Temple de Gaïa
MessagePosté: Ven 18 Déc 2015 13:44 
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Eryn la reçut dans la même chambre où elle se réveilla après le combat contre les trois brigands, quelques jours plus tôt. Le prêtre de Gaïa lui proposa de déjeuner avec lui, ce qu’elle accepta de grâce. Une salade d’endives, de noix et de pomme accompagnait une tarte au thon, couverte d’une épaisse couche de bleu fondu. Elle se régalait comme rarement ces derniers temps. Lorsqu’il apprit que Bruno venait de passer de vie à trépas, il tenta de réprimer un flot de bienveillance que sa position lui apprit à donner. Il savait que Jeanne n’entendrait pas les discours sur le passage, sur l’absurdité, sur la consolation. Il ne put se retenir de lui en prodiguer quelques-uns, mais son visage fermé montrait qu’elle les avait déjà entendus une bonne centaine de fois depuis qu’elle portait le deuil.

« Je vois bien que tu n’es pas venu me voir pour cela. Quelles questions bouleversent ton cœur auxquelles tu souhaites t’ouvrir à moi ?
— Je pensais que ce qui coulait en moi, venant de Gaïa d’après vous, m’apaiserait. Que sa bonté pourrait amoindrir la rancœur que je portais en moi auparavant et qui s’est démultipliée depuis l’agression de Bruno. Mais il n’en est rien. Au contraire, je vois cette rancœur grandir, pousser, grossir, s’étaler. La colère perce mes joues à force de voir mes dents les mordre, de peur de vociférer des injures aux lâches et aux traîtres passant tout autour de moi. J’ai cru que la vengeance était au centre de cette colère. Je réalise de plus en plus qu’il s’agit de la justice. Je me sens aussi juste qu’un bourreau, et cela m’effraie, car j’aime ça. »

Eryn caressait sa barbe blanche en plongeant son regard dans celui de Jeanne. Elle n’en doutait pas, il comprenait la pente qu’elle commençait à arpenter. « Ne vois-tu plus la bonté dans ce monde ? Notre bon roi Solennel VI maintient une solidarité et une sécurité assez importante, malgré ce qui t’est arrivé. Le nombre de personnes venues se recueillir pour ton mari ? Nos gens d’arme qui se battent à la guerre pour une cause que moi-même, adepte de la paix, trouve majoritairement juste ?
— Vos discours sont ceux de quelqu’un qui n’a pas à s’inquiéter de ce qu’il va manger aujourd’hui. Il n’y aura jamais de paix tant qu’il y aura des miséreux que les bonnes personnes considèrent comme des traîne-savates. Il y aura toujours des criminels tant qu’il y aura des pauvres, car il est toujours plus simple de voler la pomme de son voisin plutôt que de passer sa troisième journée sans manger. Mais j’ai trop de respect pour toi pour vouloir me fâcher tout en étant trop à fleur de peau pour entendre ton discours, que je comprends. Merci pour le déjeuner…
— Excuse-moi. » La coupa-t-il en posant sa main sur le bras de Jeanne qui commençait à se lever. « Laisse-moi te donner cela. » Il fouilla dans le tiroir de la desserte sur laquelle reposait le plateau contenant les restes de leur repas. Il en sortit une grosse pierre, taillée d’un symbole étrange. « Le temps file rapidement, lorsque l’on a l’âme en peine. Souviens-toi que, bon ou mauvais, calme ou en colère, en paix ou en guerre, il y a un dieu qui maîtrise tous les autres. Prends ton temps avant chaque décision. » Elle rangea l’étrange objet dans son sac et ils se saluèrent.


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 Sujet du message: Re: Temple de Gaïa
MessagePosté: Lun 18 Jan 2016 10:43 
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« Comment savez-vous ? »

Adam lui jeta un regard énigmatique, un petit sourire au coin des lèvres, avant de lui répondre.

« Disons que c'est ce que je fais. Je sais des choses. C'est comme ça. Mais revenons-en à ce qu'il s'est passé lorsque tu as affronté ses squelettes. Je suis certain que tu te poses beaucoup de question à ce propos. »

Anastasie hocha la tête, quelque peu hébétée par la faculté du prêtre. Quand elle avait affronté Alban, une forte aura de puissance avait envoyé voler les mort-vivants qu'il avait invoqué, et alors qu'elle ne savait même pas encore ce que cela signifiait, voilà que le vieil homme en avait déjà connaissance et semblait détenir les réponses à ses questions.

« Vois-tu, » continua-t-il, « tu n'es pas la première personne que je rencontre à posséder ces capacités. Bien que ce soit rare, c'est un trait commun à certains disciples de Gaïa. Je ne sais pas si c'est un cadeau de la déesse à ses disciples les plus valeureux ou si c'est la proximité avec la Déesse qui vous fait développer cette capacité à lutter contre les forces obscures, mais toujours est-il que ce pouvoir est ravageur contre les mort-vivants. Viens avec moi, » ajouta-t-il en tournant les talons.

Toujours intriguée, et avide de réponse, la jeune femme suivit le vieil homme sans un mot. Il la mena à l'étage, à travers le dédale que formaient les hautes étagères de la bibliothèque, passant par la partie nécessitant une autorisation spéciale et concernant la magie noire, avant d'arriver face à une porte en bois, tout à fait simple mais scellée d'un verrou incrusté d'inscriptions dorées et gardée de deux paladins en armure. Pour avoir déjà mis les pieds bon nombre de fois à cet étage, et même dans cette partie si particulière de la librairie, Anastasie avait déjà remarqué cette pièce anormalement bien gardée pour un endroit si libre et accueillant que le Temple de Gaïa. Mais, si sa curiosité avait été piquée à ce moment là, elle avait vite conclut que c'était un endroit abritant les secrets les mieux gardés de l'ordre et dont l'accès lui serait donc à jamais interdit ; elle avait décidé d'éviter de se torturer avec ses questions qui resteraient, selon elle, à jamais sans réponse. Mais si la situation présente lui donnait tort concernant le second point, elle n'était pas très loin de la vérité concernant le premier, comme elle allait bien vite le découvrir.

Le vieux prêtre sortit un trousseau de clé de sa poche et se saisit de la plus rouillée. Il glissa alors la petite pièce de cuivre dans la serrure et en ouvrit la porte en marmonnant quelques paroles qui échappèrent totalement à la jeune femme. Il fit alors signe à son invitée de pénétrer dans la pièce, lui laissant le soin de découvrir les lieux alors qu'il verrouillait de nouveau la porte derrière eux.

La pièce était tout à fait banale dans sa conception : des murs de la même pierre blanche que le reste de l'édifice, quelques étagères en bois en tous points identiques à celles de la bibliothèque et une table pleine de parchemins et papiers divers. C'était cependant le contenu tous ces meubles qui laissa Anastasie pantoise. Des reliques en tous genre, des livres qui semblaient aussi vieux que le Temple lui-même, des parchemins brillants d'une aura lumineuse, d'autres au contraire à la lueur terne... Tout dans cette salle sentait le secret.

Autour de la table centrale, deux fauteuils, face à face ; Adam fit signe à une Anastasie toujours bouche bée de s'asseoir dans celui tournant le dos à l'entrée alors qu'il prenait place dans l'autre.

« Il est temps, je crois, de te révéler ma fonction dans ce Temple, » commença le vieil homme avec un sourire mystérieux. « Officiellement, je ne suis qu'un simple prêtre. Mais officieusement, je suis le gardien des reliques et tomes rares du Temple de Gaïa. On me nomme le Bibliothécaire des Secrets. »

La jeune femme regarda de nouveau autour d'elle, observant avec émerveillement tous les objets rares qui les entouraient.

« Vous voulez dire que c'est la salle des trésors du Temple ? »
« Oh non, non. Ce n'est là que mon bureau. Je n'y garde que les ouvrages et items pas encore référencés, et ceux dont j'ai besoin pour mon... travail. »
« Votre travail ? » demanda immédiatement Anastasie, qui avait tiqué devant son hésitation.

Un nouveau sourire illumina le visage bienveillant du vieil homme.

« Oui, mon travail. Je suppose qu'il ne sert plus à rien de te le cacher ; accorder une moitié de confiance est aussi futile qu'insultant. De toute les tâches qui incombent au Temple, la plus ardue est celle de rassembler tous les savoirs du monde. Tous les manuscrits possibles, toutes les reliques historiques et divines du monde, tout ce qui nous permettra, un jour peut-être, d'acquérir la science infuse. »

Anastasie fonça les sourcils devant cette perspective. Tout savoir... tout sur tout... L'idée semblait autant féerique que cauchemardesque. Si une telle chose ne pouvait se révéler que bénéfique, entre les bonnes mains – et elle ne doutait pas que ce Temple soit le plus apte à manier une telle opportunité – le fait de tout savoir lui semblait pourtant étrangement triste. Comme s'il lisait dans ses pensées, Adam éclata d'un petit rire léger, les yeux brillants de ce qui semblait être une satisfaction sincère.

« Je sais ce que tu te dis : tout savoir, c'est la promesse d'une vie bien triste et monotone. Et je suis parfaitement d'accord. Mais ce qui est important dans la recherche du savoir, c'est d'avancer vers cet objectif plus que de l'atteindre. Est-il ne serait-ce que possible de tout connaître ? Chaque jour une mère invente une nouvelle comptine pour endormir son enfant, chaque jour un berger fait preuve d'une bravoure que l'on attribue pourtant, à tort, qu'aux plus grands soldats, chaque jour un ménestrel revisite un vieux conte ou une vieille légende, pour l'embellir ou la noircir... peu importe notre efficacité, le savoir se créé plus rapidement que nous le réunissons... mais l'important, c'est de tenter de tout savoir. »

La jeune femme hocha la tête ; elle comprenait la vision du vieil homme, et la partageait. En tant que Kendrane typique, elle n'avait jamais vu la Déesse – qu'elle priait pourtant de manière régulière depuis son enfance – comme la déité du savoir et de la connaissance. En fait, pour quiconque n'aspirait pas à une érudition particulière et n'était particulièrement dévot, cette religion était avant tout celle de la Lumière, c'est à dire du Bien, de la Bonté et toutes ces choses positives que représentait Gaïa. Pourtant, depuis qu'elle s'était momentanément installée dans la capitale, Anastasie avait eu recours au puits de science que contenait le Temple à maintes reprises, et commençait à comprendre l'importance que revêtait le savoir dans les préceptes de la sœur de Yuimen. Ce qu'elle ne saisissait pas, cependant, c'était la raison qui poussait Adam à lui parler de tout ceci, et ce que tout cela avait à voir avec ses talents quelque peu particuliers. Mais, encore une fois comme s'il lisait en elle comme dans un livre, le vieil homme reprit la parole pour éclairer sa lanterne.

« Pour en revenir à ma tâche, eh bien la voici : mon rôle est de trouver tous ces savoirs, tous ces objets des anciens temps, témoins d'époques révolues. Je dois découvrir leur existence, puis, quand c'est fait, les localiser. Si je te fais part de tout ceci, tu t'en doutes, ce n'est pas sans raison. Le fait est que je ne suis que le gardien de ces savoirs, celui qui sait où les chercher, puis celui qui décèle leurs secrets et enfin les range. La tâche de les retrouver, elle, incombe à d'autres. Plus vaillants. Des hommes ou des femmes d'action. Prêts à voyager, à enquêter, à pourfendre et à éradiquer, quand il le faut. Mais à la bonté, au désintéressement et à l'abnégation sans limite, car leur tâche est de ne pas céder à la tentation ; leur tâche est de ne pas céder à la tentation de tuer lorsqu'ils peuvent soigner, leur tâche est de ne pas céder à la tentation de s'offrir le fruit de leurs labeurs. Leur tâche est de ne pas céder à la tentation de ces ténèbres qui se cachent parmi la lumière. »

Il marqua un temps de pause, qu'Anastasie mit à profit pour déglutir péniblement, tant la mine soudainement grave du vieil homme l'avait impressionnée. Mais quand il reprit la parole, ses traits étaient de nouveaux doux, engageants.

« Si tu savais ce que de telles personnes sont rares... et pourtant quelqu'un répondant si parfaitement à cette description que c'en est frappant est venue frapper à notre porte, voilà peu. Pour faire des recherches sur un mystérieux assassin pratiquant la magie noire, disait-elle. C'était urgent. Parce qu'il allait tuer de nouveau, et qu'elle voulait tout faire pour l'en empêcher. »

La jeune femme rougit en comprenant l'allusion : il parlait d'elle ; elle était cette personne qui avait marché dans le Temple deux mois plus tôt pour enquêter sur Alban. Elle était cette personne «  à la bonté, au désintéressement et à l'abnégation sans limite » que recherchait Adam pour l'aider dans sa recherche du savoir, dans sa recherche de la connaissance. Mais ce que tout ceci impliquait lui donnait également le vertige, car il était clair maintenant qu'il attendait quelque chose d'elle.

« Et deux mois plus tard, la voilà de nouveau foulant les pavés de marbre de notre lieu de culte, l'auteur des méfaits qu'elle cherchait temps à empêcher entre les mains. Après tant de recherche et d'attente, après tant de victimes et de sang versé, d'aucuns auraient pu s'attendre à le voir molesté, à le voir châtié, d'aucuns auraient pu s'attendre à le voir mort... Mais... non. Aucun sévisse sur le bougre, aussi maléfique soit-il, aucune bassesse, aucune atteinte inutile à son intégrité physique... seulement la requête de le voir expulsé de ce corps qui ne lui appartient pas, pour donner à son hôte la possibilité de s'exprimer, de se défendre des faits qu'il n'a pas commis. Ha ! Vois-tu Anastasie, je t'ai dit que je savais des choses, que je voyais des choses... mais ça, même le vieillard mystérieux que je suis ne l'a vu venir. »

L'intéressée sentit ses joues, maintenant écarlates, se réchauffer un peu plus devant le visage désormais rayonnant de satisfaction d'Adam, et elle remerciait le soleil couchant de cacher quelque peu la teinte de son visage.

« Anastasie, mon enfant, » continua le prêtre, d'un ton plus grave, quoique toujours emprunt de la même bienveillance. « Ce que je vais te demander est si risqué et dangereux qu'il me peine d'avoir à prononcer ces mots, mais la nature de tes pouvoirs, si particuliers et puissants, ne laissent aucun doute : tu es la plus apte à accomplir cette tâche. »

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 Sujet du message: Re: Temple de Gaïa
MessagePosté: Lun 18 Jan 2016 10:48 
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La petite noble déglutit de nouveau, consciente que le moment de vérité arrivait : il allait maintenant lui dire pourquoi il l'avait faite monter jusque dans son bureau, pourquoi il avait tant besoin d'elle. Mais elle se trompait, il n'en fit rien ; à la place, il lui posa une question.

« Dis-moi, toi qui a reçu une éducation d'érudite, connais-tu les légendes du Chasseur d'Ombres ? »

Anastasie fouilla dans sa mémoire quelques instants avant de répondre. La religion de Gaïa occupant une place plutôt importante dans la région, elle connaissait de près ou de loin une bonne partie des hérauts de la Déesse.

« Si je me souviens bien... c'était un humain, mais l'on disait de lui qu'il vivait des siècles, et il était la terreur des nécromanciens. Mais c'est un personnage controversé, les historiens disent qu'il était inutilement cruel, et qu'il ne tolérait en aucun cas la magie noire, même lorsqu'elle n'était pas utilisée pour faire le mal. »

Adam hocha la tête, visiblement satisfait.

« Effectivement, c'est à peu près tout ce que l'on sait sur lui en dehors de ces murs. Quoiqu'il est également de notoriété publique qu'il est mort en affrontant Tal'Raban, mais a tout de même failli l'occire. Cependant, bien qu'elle soit plutôt vieille, cette histoire est parfaitement connue de notre Temple. »
« Pourquoi ne pas la dévoiler, alors ? » s'enquit la jeune femme.
« Parce que c'est un secret qui ne nous appartient pas, » rétorqua le vieil homme. « Vois-tu, après avoir achevé le Chasseur d'Ombres, Tal'Raban fit cacher ses plus fidèles reliques à travers le monde. Enfin, à travers Nirtim. Cette partie de la légende paraît souvent anecdotique ; le vil nécromant cachant le bel équipement de son ennemi mortel car il ne ne souhaite pas le voir porter par quelqu'un d'autre, qui se révélerait donc être dangereux, ça fait une belle conclusion pour cette sombre histoire. Ce que l'on sait moins, c'est que Tal'Raban n'a pas caché ces reliques « aux yeux du monde », comme les contes pourraient nous le suggérer ; non, il l'a caché à des personnes en particuliers. Des personnes qui auraient pu se servir sciemment de ces armes, car leur but suprême était l'éradication de Tal'Raban, qui atteignait alors des sommets inégalés en terme en nécromancie. Et c'est de cet ordre que vient la confusion qui fit du Chasseur d'Ombres un être si controversé. C'est de cet ordre que vient l'incompréhension des récits le concernant, le décrivant tantôt comme un être doué d'une bonté inégalée, tantôt d'un assassin sanguinaire. »

Le vieil homme laissa planer un nouveau silence, laissant le temps à Anastasie d'assimiler ces nouvelles informations. Perspicace, elle commençait à comprendre où il voulait en venir.

« Le Chasseur d'Ombres n'était pas une seule personne, » conclut-elle.

Adam esquissa une petite grimace.

« Oui et non. Disons que le héros que nous connaissons tous sous ce nom là est une seule personne : c'est lui qui a éradiqué des dizaines de nécromanciens, des centaines de créatures des ténèbres et qui a presque fait jeu égal avec Tal'Raban. Il s'appelait Isaac. Mais il n'était effectivement pas le Chasseur d'Ombres, il était l'un des membres d'un ordre se faisant appeler « Les Chasseurs d'Ombres ». Cet ordre a vu le jour pour faire face à une augmentation alarmante du nombre de nécromanciens à travers le monde. Et, lorsque Tal'Raban a commencé à se distinguer comme étant le plus fort et le plus dangereux d'entre eux (et même bientôt l'un des derniers menaçant réellement le monde), l'ordre a légèrement changé d'axe, pour avoir comme but ultime de se débarrasser du plus grand des nécromants. Seulement cet ordre était quelque peu... libre... Ils n'étaient nullement soumis au Temple, et certains ont commencé à commettre quelques erreurs d'ordre éthique. »

Anastasie fronça les sourcils. Son récit ne collait pas tout à fait avec ses cours d'histoire.

« Cet augmentation du nombre de Nécromanciens... Je croyais que c'était les Inquisiteurs Ecarlates qui l'avait endiguée. »
« Balivernes ! » s'exclama Adam, véhément pour la première fois depuis que la petite noble le connaissait. « Excuse-moi, » se reprit-il immédiatement. « Ce sujet est quelque peu... douloureux, pour nous autres prêtres... L'Inquisition est une triste page de notre histoire, qui marqua une scission de grande envergure dans le Temple, avec d'un côté les inquisiteurs et ceux les soutenant, et de l'autre les fidèles plus modérés, dont faisaient partis la plupart des Grands Prêtres. Toujours est-il que les actions des Inquisiteurs Ecarlates se résumaient à torturer de pauvres âmes innocentes et à tuer, une fois de temps en temps, quand ils n'étaient pas trop occupés à accuser de magie noire des fermiers et des pêcheurs, un nécromancien ou deux. Pendant ce temps, l'ordre accomplissait de vraies choses... Il y avait parfois des victimes innocentes à déplorer, et rien ne justifiera jamais ces pertes, mais une bonne partie des Chasseurs d'Ombres œuvraient pour la sécurité de tous, et faisaient une distinction entre les détenteurs de fluides obscurs et les êtres dangereux. »
« Vous disiez que ce secret ne vous appartenait pas, mais vous parlez d'eux au passé... Qu'est-ce qui vous empêche de rétablir la vérité maintenant ? »
« Eh bien... ce sont ces reliques, qui m'en empêchent. Pour plusieurs raisons, plus ou moins justes, plus ou moins bonnes, les Chasseurs d'Ombres voulaient rester un ordre secret. Ils n'ont obtenus la renommée que grâce aux actions d'Isaac, particulièrement exceptionnelles... et c'est leur anonymat qui a créé les quiproquos dont était victime cet homme pourtant si intrinsèquement bon. On pourrait, effectivement, partir du principe qu'ils font maintenant partis de l'histoire, et que l'on peut donc révéler leurs secrets... mais tant que ces reliques sont dans la nature, rien ne nous dit qu'une âme noble ne revêtira pas ces atours pour reprendre le flambeau et tenter d'éradiquer une bonne fois pour toute Tal'Raban, et pourquoi pas Herle Krishok et Gadory, les deux autres grands nécromanciens au service d'Oaxaca. Alors, ce secret lui appartiendra. Tant que ces reliques ne sont pas en la possession du Temple, tant qu'elles ne nous appartiendront pas, alors ce secret ne sera pas non plus nôtre. »

Anastasie hocha la tête ; elle comprenait le point de vue du vieil homme. Qui était-il pour décider de dévoiler ce que ces personnes avaient cachés tout le long de leur vivant ? Tant que quelqu'un était susceptible de s'approprier leur héritage, alors leur héritage n'appartenait pas à l'histoire.

« C'est là que tu entres en jeu, » reprit Adam. « Je t'ai dit que tu étais la plus apte à t'occuper de la tâche que je voulais te confier : eh bien c'est parce qu'Isaac, le Chasseur d'Ombres dont les équipements sont répartis en Nirtim, possédait les mêmes étranges pouvoirs que toi. C'est ce qui le rendait si efficace contre les nécromanciens : une fois qu'il avait maîtrisé cette impulsion magique, aucun mort-vivant ne l'effrayait plus, et ceux-ci se retrouvaient démunis face à ses assauts. »
« Donc vous voulez que j'aille chercher ces reliques, » conclut la jeune femme.
« Tu peux refuser, évidemment. Je t'en serais presque reconnaissant, de m'ôter le poids de la crainte qu'il ne t'arrive quelque chose par ma faute, et celui de la culpabilité si le pire arrivait... D'un autre côté... Tu sembles si pleine de potentielle... si pleine de capacités... Peu importe à quel point cette tâche paraît ridiculement dangereuse, insensée, presque, car Tal'Raban lui même s'est assuré que ces reliques ne tombent jamais dans les mains d'un être susceptible de vouloir attenter à sa vie... car nulle autre ne me semble aussi capable que toi de revenir victorieuse. »

Anastasie laissa un léger sourire orner ses fines lèvres, mais cette fois aucun rougissement ne vint parer ses joues ; les flatteries concernant sa bonté, son abnégation ou ses autres valeurs morales la laissaient désemparée tant elle n'était pas habituée à se voir encenser pour de telles qualités, mais son assurance en terme de talents pour la traque et le combat allait croissante, et son humilité ne faisait pas le poids face à sa fierté nouvelle de combattante. Elle en était capable, oui, elle aussi le sentait ; elle aussi le savait. Et c'est presque tant par fierté, par goût de l'aventure, par défi, que par générosité et abnégation qu'elle accepta la tâche tout naturellement, comme si la question ne s'était pas posée une seule seconde. Elle ne prit même pas la peine de confirmer ce que le vieil homme voyait déjà dans ses yeux. A la place, elle ne fit que poser une question.

« Et donc, où sont-elles ? »

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 Sujet du message: Re: Temple de Gaïa
MessagePosté: Mar 19 Avr 2016 19:59 
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Vous êtes conduit à travers les salles des malades, hautes et lumineuses. Des lits entourés de rideaux sont étendus un peu partout et des prêtres guérisseurs s'affairent. Vous êtes chacun installés sur un lit, côte à côte, et devez attendre quelques instants avant de pouvoir bénéficier des soins. À ta droite, Nibelung ronchonne de devoir attendre. À ta gauche, un homme semble délirer, racontant un étrange cauchemar à voix basse, de sorte que depuis ton lit, tu ne parviens pas à comprendre ce qu'il dit. Un guérisseur vient le trouver, semble vouloir utiliser ses pouvoirs... puis abandonner et se retirer la mine triste.

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