A peine un petit coup d'œil me suffit a repérer le gros bonhomme que Pulinn m'a demandé de retrouver. Après tout, la description qu'elle m'en a fait dans le temple des plaisirs est on ne peut plus vrai : Bedaine proéminente, crâne clairsemé de cheveux roux, et des yeux d'un vert profond. Tout est là sauf son attention, toujours tournée vers la statue du Dieu flamboyant plutôt que vers moi et mon entrée fracassante... Être dévot à ce point, ça me rendrais presque malade...

(Bah, au moins il aime la bonne chère, ça rattrape un peu sa bêtise...)

Écartant de mon chemin les badauds encore choqués par ce qui vient de se passer et qui m'empêchent d'accéder à mon objectif, je viens faire le pied de grue près du Père Cohel, m'appuyant contre une rambarde et le laissant au moins finir sa prière. Je suis peut-être un rustre mais pour une fois faisons preuve d'un peu de savoir-vivre. Après tout il faut qu'il m'ait à la bonne si je veux faire fouetter l'autre abruti...

Lorsqu'enfin ses dévotions sont terminée, ce qui représente un certain temps, je me redresse et me racle la gorge :

"Ahem... Père Cohel? Excusez-moi de vous déranger en pleine séance de spiritualité mais je dois vous parler... si possible en privé. J'ai un message à vous remettre de la part d'une ancienne connaissance..."

Message PNJ

Le Père Cohel, car c’est plus que probable que ce soit lui puisqu’il ne dément en rien le nom par lequel tu le nomme, semble surpris d’être ainsi interpelé dans son petit train-train quotidien. Il lève un sourcil en te regardant, puis d’un air faussement ascète, t’affirme :

« Allons, je n’ai aucun secret pour mes frères religieux. La maison de Meno est une grande famille. De quoi s’agit-il ? »

Il ne compte visiblement pas bouger de sa position, sous la statue flamboyante du dieu du feu.

"Rooh faites pas l'imbécile avec vos faux air de saint !! Tous les mêmes ces prêtres, que ce soit de Meno ou d'ailleurs il n'y en a pas un pour relever l'autre !! Ça m'énerve à la fin!! Réagissez, les dieux n'existe pas !! Tout est une question de fluide et lois physiques!! Bande de ....!!!"

Oui, c'est plus ou moins ce que j'aurais voulu lui dire, malheureusement, il faut que je me retienne si je veux pouvoir mener ma mission a terme... Moi et mes faux airs de chevalier servant... je t'en foutrai moi du chevalier servant ! Bref, même si le père Cohel, à moitié éberlué par mon interpellation, prend ça à la rigolade, je ne pense pas que Pulinn soit enchantée que je dévoile à tout va les raisons de ma présence ici ! Il va falloir que je lui face comprendre qu'il est vraiment nécessaire de parler en privé...

"Écoutez mon Père, je me doute que votre grande et belle famille est très importante à vos yeux et que sa confiance en vous risque d'en prendre un coup si vous lui faites de cachoteries mais c'est une affaire très importante concernant une de vos connaissance... comment dire... très plaisante et fraiche..."

Ne pouvant faire mieux que ça, j'espère sincèrement que ce gros lourdaud va comprendre sinon je risque de ne pas en finir...

Message PNJ

Le prêtre ouvrit des yeux surpris à ta description de sa soi-disant connaissance.

« Vous êtes sûr que tout va bien, messire ? Vous semblez divaguer… Enfin… j’accepte de vous suivre à l’écart, mais vous m’intriguez. Suivez-moi. »

Il semblait perplexe, et assez mal à l’aise. Il t’entraîna dans la sacristie du temple, une petite pièce à l’arrière du bâtiment religieux, déserte. Il ferma la porte derrière vous, et puis se retourna vers toi à nouveau.

« Voilà, voilà. Allez-vous donc me dire ce que vous me voulez, désormais ? »

On dirait que plus je parle et plus mon interlocuteur me prend pour un demeuré... Il y a de quoi avoir des envies de meutre ! Je suis pourtant clair non? Toute personne connaissant Pulinn aurait fait la même description que moi si la discrétion devait être de mise... Rajoutant une couche à mon désarroi, le père Cohel me demande si je me sens bien... Enfin, il me propose tout de même d'accéder à ma précédente requète et me mène vers une petite pièce à l'écart de la salle principale. Bien entendu, ce n'est pas du fait du secret de ma mission qu'il accepte finalement de nous mener dans un endroit calme mais plutôt parce-qu'il pense que je suis un fou échappé de l'asile... J'ai tout de même droit à un dernier petit coup de couteau avec sa nouvelle question... A croire que je suis ici pour l'harceler... N'étant plus à ça près je me lance et lui annonce d'emblée la couleur :

"Père Cohel, c'est votre amie Pulinn qui m'envoie ! Bien que je ne sois pas pratiquant, j'ai accepter de venir en ces lieux afin de vous porter son invitation au Temple des Plaisirs. La Dame blanche voudrait vous revoir mais elle m'a dit que l'accès à cet édifice lui était interdit, j'ignore bien pourquoi d'ailleurs... En tout cas, ma mission est accomplie, le message est passé ! Après, si vous l'acceptez, je veux bien vous mener jusqu'à elle et nous pourrons discuter un peu sur le chemin. Vous vous rendrez peut-être compte que je ne suis pas l'homme que vous pensez que je suis..."

Message PNJ

Au nom évoqué de Pulinn, le père Cohel s’empourpre, et se fait soucieux de ce qui vous entoure, comme si l’évocation même de ce nom au sein du temple allait lui attirer les foudres de Meno. Ou ses flammes, plutôt. D’une voic nerveuse et murmurée, il te répond.

« Pulinn ? Sacré non d’un bouloum, pourquoi ne l’avoir dit plus tôt ! Bien, bien, je vous suis, allons-y. »

Et il te suit jusque dans les rues qui mènent au Temple…

[HJ : tu peux directement poster ton arrivée au Temple. Ou dans les rues, si tu veux poursuivre la discussion avec ce cher père Cohel.]

Durandor franchit les lourdes portes du temple encore ouvertes en ce début de soirée. Il connaissait bien les lieux, pour les avoir fréquenter à maintes reprises ces dernières années. En vain, si l'on considérait le dernier refus des Fils des Flammes. Quoi de plus perturbant pour ces derniers que de devoir faire face depuis de nombreuses années maintenant à l'éternel requête d'un être ayant à peine vieilli. Le médaillon qu'ils ont offert au Thorkin est leur dernière tentative en date pour lui faire comprendre qu'ils n'appartiennent pas au même monde. Or, ce dernier n'ayant rien à envier à une mule, le voici maintenant qui se présente à nouveau devant l'autel. Celui ci, déserté pour l'heure, ne vit qu'au rythme du crépitement de la flamme qui l'habite.

(Un simple colifichet ! Ma foi ne vaut-elle donc pas plus, à leurs yeux ?)

Mettant genoux à terre, Durandor posa son marteau devant lui, tel qu'il le faisait depuis toujours.

"Meno, père de la Flamme, sois remercié pour tous les dons que tu nous as fait."

Il vérifia alors rapidement qu'aucun témoin indésirable n'était présent, puis poursuivit, un ton plus bas.

"Meno, je te montrerai ma foi. Tu pourras alors juger par toi même si je suis digne d'être un de tes Fils."

Posant les yeux sur son marteau, il poursuivit.

"Meno, par ce marteau je réaliserai d'innombrables exploits en ton nom."

N'ayant pas l'habitude de discourir ainsi, surtout avec une présence puissante, respectée et immatérielle, il ramassa en hâte ses affaires et se dirigea vers la sortie, tête basse. Il se retrouva rapidement sur le parvis du temple, sans plus d'idée qu'en y entrant, mais nettement plus motivé. Il se joignit alors au flot des habitants de la cité, se laissant porter inconsciemment vers le début de son périple.

Suites des rues de KK

Les portes du temples se dressaient devant le contingent de fidèles mené par le diacre Holonust. Si rassurantes, si accueillantes, le félin prit alors la tête du groupe désireux d'entrer en premier dans la maison de son dieu. Arrivé en son intérieur, suivit par le reste des soldats et fidèles qui se dispersèrent à l'entrée, le fauve s'approcha de l'autel éclairé des lueurs orange feu des torches. Il s'agenouilla directement, déposant ses biens à ses côtés.

(Maintenant, tu es chez toi)

Alors qu'Holonust respectait religieusement les louanges du woran neige, d'autre fidèles venus prier tournèrent un regard intéressé vers le nouveau venu.
Si proche. Oui, il était si proche à présent de retrouver tous ceux qu'il aimait, survivant et vainqueur des aventures sur Nosvéris, Nirtim avait un gout de victoire, comme si rien à présent ne le séparait de l'accomplissement de sa vengeance. Maverick mort, cette pensée remontait grandement son moral même si ce dernier ne possédait que peu de pouvoir finalement. Cette prière demandait au dieu du feu d'éclairer un peu plus son chemin, de le protéger dans la bataille qu'il allait bientôt engager.

Holonust n'intervint aucunement pendant l'heure qui s'écoula, Zénith non plus d'ailleurs. La faera aussi se recueillait, Aztai sentait la foi de son compagnon au travers de leurs esprits solidement liés. Bercé dans une transe intérieure où Meno prenait l'entière attention, le woran neige ne voulait plus se réveiller. Il redoutait toujours les évènements à venir, il doutait de pouvoir réellement endosser son rôle de fidèle devant les légions ennemies.

(Tu n'es pas un fidèle comme les autres)
(J'ai accepté cela depuis un moment, mais la raison laisse ma confiance incertaine par moment...)
(C'est devant un dieu que tu te dresses, il est normal d'avoir des doutes)
(Je me dresse devant un dieu... rien que cette idée aurait de quoi me faire trembler)
(Tu es soutenu par un dieu toi aussi, la balance n'est peut-être pas si déséquilibrée que cela)
(Nous verrons cela au moment venu, en attendant je dois me préparer)

-Puis-je vous conduire dans vos appartements? Demanda Holonust en voyant le fauve se relever. J'imagine que vous n'aviez pas prévu de logis avant votre arrivée.

-Votre invitation est la bienvenue. D'autant plus qu'il me faudra un peu de temps avant de me lancer à la recherche de mes amis, que Meno les ai gardé du malheur.

-Je vous présenterai ensuite à quelques personnages importants du corps de la Lance Ardente de Kendra Kâr, nous sommes fiers de vous recevoir en notre temple. Un guerrier tel que vous mérite honneur, vous nous inspirez en tant que guerrier, et en tant que fidèle.

(Dis-donc, bientôt il va te brosser la fourrure!)
(Laisse, je veux profiter de ma notoriété et du soutient qu'ils peuvent m'apporter. Ce sont des alliés de poids, des frères d'armes qui combattent la même cause que nous)

Prenant une des portes qui conduisaient dans les appartements intérieurs, Aztai suivit le diacre dans des couloirs similaires à ceux du temple d'Henehar. Les murs étaient marqués par des représentations légendaires, des paroles et des textes religieux étaient inscrits ici et là, inspirant au tigré un réel confort.

-Vous allez rencontrer le Capitaine Agron, ainsi que notre supérieur l'Archiprêtre Moerio. Ils sont impatients de vous rencontrer et je pense que cet entretien pourra vous être bénéfique.

-Dois-je m'équiper? Demanda simplement Aztai.

-Rien que pour cette relique dont le diacre Erigius nous a parlé, oui je souhaiterai moi-même vous voir revêtu comme en temps de guerre!

Dans un rire, le félin lâcha:

-Alors pour vous je vais enfiler mon habit de bataille!

Fraîchement installé dans sa chambre, le fauve avait une heure pour se préparer. Se délestant de ses affaires, il prit quelques longues minutes pour se relaxer et exposer intérieurement ses projets. Il se devait inéluctablement de retourner sur Ambervalle, qui devait n'être qu'à présent un champ de ruines, témoin de la bataille qu'avait engagé les fauves et les fidèles d'Oaxaca. Il enviait ce moment depuis longtemps, trop longtemps. A présent que les portes se dressaient devant lui, il n'osait en pousser un battant de peur de connaître la vérité.

Son nouveau logis comprenait une simple couche, par terre, et une armoire de quoi exposer ses biens personnels. Il était situé dans un couloirs adjacent à celui qui menait vers les appartements militaires, traversé par de nombreux soldats en uniformes.

(Ils t'ont vraiment réservé un accueil digne de ce nom!)
(Oui, et je vais rencontrer et le capitaine de la Lance Ardente et l'Archiprêtre du temple, je dois paraître au meilleur de ma forme!)

Alors il commença a s'équiper de pied en cape. Laissant son plastron en cuir de côté, il sortit l'armure resplendissante de l'ordre Flamboyant. S'en équipant soigneusement, il fit tomber sa cape par dessus et fixa les épaulettes de Meno durement acquises il y a maintenant plus d'un an.

-Ca en jette!

Il fixa son ceinturon, assurant que sa lame coulissait correctement dans son fourreau. Aztai avait décidé de ne pas s'équiper d'Ascalon mais simplement de son épée en fulminaire. Il s'empara de ses protections pour les avants-bras et tibias, et enfin, remit fièrement sur son crâne le casque qui ne laissait entrevoir que sa gueule de fauve et ses yeux bleus.

(Tu ferais pâlir les dieux ainsi vêtu!)
(Pour l'instant je me contenterai simplement du capitaine et de l'archiprêtre)

Son passage dans les couloirs du temple ne passa pas inaperçu. Les reflets rougeoyants de son armure, rappelant inlassablement Meno, faisait tourner l'oeil de plus d'un soldat. Même les prêtres le saluaient, visiblement honorés de l'accueillir en leur sein.

(Ma parole, c'est une seconde famille que je vais trouver là!)
(j'avoue être très... déconcerté)

Arborant fièrement son attirail, le félin endossa le costume de guerrier pour de bon. Il alla même jusqu'à bomber le torse pour paraître encore plus inquiétant du haut de ses deux mètres...

(Tu vas finir l'air ridicule si tu continues...)
(Laisse, je gère!)

Il reprit sa concentration, traversant une grande coure intérieure d'où s'entrainaient quelques jeunes recrues. Il sillonna quelques couloirs et en vint aux quartiers officiels. Un garde s'enquit d'annoncer sa présence au moment même de l'avoir vu, chose qui amusa un peu plus le félin... et désespera encore la faera.
Arrivé au pas de la porte, il se vit accueillit dans un bureau militaire où prônaient une table, une armoire et quelques chaises. Une carte étaient étalée, elle montrait clairement des objectifs stratégiques, à coups de fusain sur le papier. Aztai ôta son casque, relevant la tête pour saluer à nouveau le diacre Holonust. A ses côtés se tenait un homme rondouillard au regard vif. Ses traits chaleureux égayaient largement son sourire en coin.

(Est-ce son aura que je sens?)
(Toi aussi? Oui, ce sont des fluides de feu qui émanent de son corps. Cet homme est très puissant...)

-Archiprêtre Moerio, voici parmi nous Aztai, véritable fléau né des mains de Meno lui-même. Aztai, veuillez pardonnez l'absence du Capitaine Agron, il n'est toujours pas revenu de mission.

-Alors nous avons un héros parmi nos allié, commença l'archiprêtre en tendant sa main.

-Le terme n'est pas approprié, s'exclama le fauve en empoignant chaleureusement celle de l'Archiprêtre.

-Pourtant déjà les rumeurs vous ont baptisé! C'est un héros que nos soldats voient en vous. Votre aventure à Henehar à posé bien des questions au sein de la communauté, le message que nous avons reçu a été rendu publique.

-Je ne poursuis qu'une vengeance personnelle, le hasard fait simplement...

-... que nous avons les même ennemis, conclut le religieux.

Après un moment de réflexion:

-Vous êtes sûrement quelqu'un de très persuasif, admit-il sincèrement, et une seule idée me laisse penser que nous pouvons unir nos forces dans le combat à venir.

-A venir? Le combat est à nos porte, présentement!

-Non, il y a d'abord mon combat. J'arrive au terme de ma vengeance, je serai bientôt assez...

Il hésitait, cherchant son mot; puissant? fort?

-Assez mûr, pour m'élever au moment propice et frapper la bête à la gorge!

L'archiprêtre prit un ton tout autre, ce n'était plus un fidèle mais un guerrier qui parlait:

-Alors vous comprendrez que les conséquences ne seront que plus désastreuses, et que la guerre deviendra votre espace d'expression, animé par le désir de vaincre et de défendre. Dans le sang vous forgerez la légende, avec votre lame vous façonnerez les lignes du destin, gravées dans la chair de vos ennemis...

Ces paroles inspirèrent Aztai qu'il en garda le silence un moment. Touché par une telle tirade, ces mots avaient éveillé en lui le combattant qu'il était, la bête qui se réveillait à l'aube de la bataille. Ses yeux fixèrent ceux de l'archiprêtre, et ce dernier fut satisfait de l'ampleur de ses paroles.

Le diacre reprit la parole, rompant l'épais silence qui s'était installé:

-Hum... la Lance Ardente compte à elle seule près quatre mille hommes qui sillonnent le continent. Et je ne parle que de Kendra Kâr, soit notre plus gros quartier général.

-Pourquoi m'informer vous de cela? Interrompit le félin.

-Vous gagnerez votre bataille, mais notre guerre, à tous! C'est ensemble qu'on peut lui faire la peau!

-Je disais, reprit ponctuellement le diacre, quatre mille hommes sur Kendra Kâr ainsi que plus du double dans le reste des villes du continents.

De museau le fauve évalua le chiffre, et l'image d'une extraordinaire vague de combattants s'étendait danS sa tête.

(On ne gagnera pas seuls...)
(Hum)

-Nous ne vous apportons que notre soutient, rien d'autre. Nous sommes honorés de pouvoir contribuer à votre cause qui est la notre, depuis toujours.

L'archiprêtre invita le diacre à poursuivre.

-Un ordre va être divulgué à votre sujet. Afin de pouvoir préserver votre protection indirectement, sans interférer dans votre voyage. Retenez simplement cette phrase...

(C'est quoi, un jeu de piste?)
(Ecoute!)

-Meno, je suis ton fils!

L'archiprêtre laissa échapper un sourire amusé devant l'air décontenancé de son hôte.

-Grâce à nos troupes, nous sillonnons presque librement tout le continent. Ce message est celui à divulguer en cas de besoin, en cas d'aide. Nos éclaireurs sont de véritables aigles, cette idée tient la route.

-Oui elle la tient, mais elle me laisse complètement sceptique...

-Vous m'ôter les mots de la bouche. Tout coïncide pourtant j'ai l'impression que l'ensemble ne va pas.

-Cela ne coûte rien, tentez seulement de transmettre ce message à qui veut l'entendre: seuls les hauts dignitaires, et vous à présent, comprennent son sens; les soldats eux ont été mit au courant de l'importance de ce message seulement: Meno, je suis ton fils!

(Un bon stratagème, et tu ne les auras pas dans tes pattes pour ta vengeance)
(Mais je devrai revenir, il me faudra des hommes)
(Ils seront à tes côtés lorsque ce moment arrivera)

-Meno je suis ton fils! J'espère alors ne jamais avoir recourt à ce message de détresse!

Alors qu'il se retirait de son entretien avec le grand prêtre du temple, Aztai fut raccompagné par le diacre Holonust jusqu'à sa chambre. Attirant toujours le regard à son passage, le fauve avait l'esprit bouillonnant de pensées, il en eut du mal à suivre ce que le fidèle lui disait:

-Nos armées sont capables de tenir tête à nombreux ennemis, l'entraînement des recrues est difficile mais porte ses fruits.

-Quand vais-je pouvoir rencontrer le Capitaine Agron? J'aimerai vraiment le voir avant mon départ pour Ambervalle.

Ces derniers mots emportèrent avec eux une vague de volonté intense que le diacre capta:

-Vous semblez déterminé. Le Capitaine Agron devrait être de retour ces jours-ci, sa mission a dû lui coûter plus de temps.

-Qu'elle était-elle, si je puis me permettre?

-Protection d'un convoi pour nos troupes postées au nord du continent.

-Le nord? Territoire ennemi... fit sombrement le tigré.

-En effet, d'où l'importance de confier cela au capitaine en personne. Au nord... nous perdons le plus de soldats dans cette zone, le combat est rude et les escarmouches contre les bataillons ennemis nous coûtent beaucoup. Mais nous tenons bon, nous montrons à ces chiens d'Omyre et de Caix Imoros que la Lance Ardente compte bien jouer son rôle dans cette guerre. Quelques troupe de Kendra Kâr nous assistent, envoyant eux aussi des renforts lorsque nécessaire. Ainsi nous pouvons prendre d'assaut des convois, des positions... c'est une bataille de tous les jours. Nous avons quelques espions et assassins glissés dans les villes adverses.

(Quelle confiance il te porte, dévoiler ainsi des objectifs stratégiques militaires)
(Tant mieux, je sais ainsi où sont mes alliés)
(Vrai!)

-Le capitaine Agron, reprit le diacre, est quelqu'un de très impulsif, vouant sa vie entière au combat, et c'est un fidèle depuis sa naissance ici, au temple même. Il sera honoré de votre présence à son retour, c'est certain!

Aztai se remémora le Capitaine de la Lance ardente d'Henehar, Mephistos. Un homme sans aucun doute plus puissant que le félin, il devait en être pareil pour Agron. Son impatience grandissait de le voir de ses yeux bleus.

-Alors j'attendrai, fit le fauve, arrivé devant sa chambre. C'est un plaisir de loger ici, au temple de Meno le plus important du continent.

-Vous pourrez y laisser vos biens si vous le désirez, cette pièce vous appartient à présent même lors de votre absence: ordre de l'Archiprêtre.

Le félin s'inclina de reconnaissance et congédia le diacre, toujours aussi heureux d'accueillir le woran qui avait invoqué la volonté de Meno deux semaines plus tôt à Henehar...

Il fallut attendre quatre jours pour enfin rencontrer le Capitaine Agron.
Si l'impatience titilla le félin durant ce délai, il put aussi prendre du temps pour lui et ainsi se reposer. A la manière d'une tortue, la Lance Ardente était sa carapace et il avait l'esprit en paix pour réfléchir. Aussi le fauve aimait se promener dans tout le temple, priant régulièrement à l'autel. A son passage, aucun soldat ou fidèle ne manquait de le saluer, salut qu'il rendait avec plaisir. Même sans son arsenal il restait un des fidèles les plus impressionnants, sa taille dominant celle des hommes du temple. Même les supérieurs hiérarchiques aimaient venir le rencontrer pour échanger quelques bonne paroles sur Meno et la confiance qu'ils portaient tous en Aztai. Ce dernier fut surprit de sentir une certaine pression sur ses épaules, mais il n'en laissait rien paraître: woran de fer et d'acier dans la maison de Meno.

Le fauve se levait régulièrement tôt pour profiter des premiers rayons du soleil. S'aventurant près des zones d'entrainements, il avait remarqué que son approche motivait à chaque fois les soldats qui parfaisaient leurs habilités. Amusé, il revenait régulièrement observer l'évolution des recrues en soldats de la Flamme; restant pourtant qu'un simple spectateur, il attirait parfois plus l'attention que le combat que s'engageaient deux hommes pour mettre à l'épreuve leurs techniques...
Et puis, le matin du quatrième jour, un solide gaillard s'approcha de lui. Les yeux se tournèrent en sa direction alors qu'il tendait au fauve un glaive identique à celui qu'il portait à son ceinturon.

(Cela ressemble à un défi!)
(Ca va me dérouiller un peu)

Le félin s'empara du glaive, arme très répandue dans les rangs, et l'homme recula dans un sourire de gratitude. Pouvoir ainsi mesurer sa force avec leur nouvel allié le poussait à plus d'efforts, c'était inéluctable. Aztai s'avança pour faire face à son opposant, qui jeta un oeil au torse velu mais nu du woran tigré. Aussi tôt il porta sa main aux sangles de son plastron et les arracha, laissant tomber son armure dans un claquement: armes égales!
L'homme se mit alors en garde; Aztai ressortit ses griffes antérieurs et creusa la terre de quatre sillons poussiéreux. Autours d'eux, le régiment matinal se massait pour observer l'affrontement. Le fauve sonna alors la charge dans un rugissement bestial qui rappela à l'assemblée la nature de sa race. Le milicien tint ses positions, prêt à accueillir son adversaire, toujours concentré. Alors qu'il franchissait ce qui le séparait de l'homme en moins de temps qu'il ne faut, il déchargea dans son bras armé une vague de ki prête à être libérée. Le revers qu'il préparait laissa le milicien trouver la bonne parade, et les lames s'entrechoqueraient très vite. Lorsque l'acier rencontra l'acier, le tigré relâcha toute son énergie cumulée dans son bras, et indirectement son glaive. L'impact fit un effet de surprise, et une volée d'étincelles accueillit ce premier coup. Sous la force, le fidèle recula et trébucha à moitié.

(Tu n'y vas pas de main morte!)
(Que crois-tu qu'ils attendent de moi?)

Le woran neige aurait pu enchaîner derrière et sans aucun doute mettre à mal encore plus le soldat, mais il n'en fit rien. A la place, il l'invita du regard à prendre l'assaut à son tour. Ce dernier ne se fit pas attendre, il chargea à pleine vitesse le fidèle velu, levant son glaive dans une frappe marteau. La parade d'Aztai, d'un deuxième revers, mit hors concours l'attaque de l'humain qui dans son élan, se retrouva avec la patte libre du woran cernée de griffes à la gorge. Il élança nouveau son bras armé pour se défaire du colosse qu'était le félin, mais encore une fois sa lame n'atteint pas sa cible, coupé par celle du tigré. Ce dernier le repoussa vivement d'un coup de patte antérieure et contrattaqua. Ce vif retournement permit à Aztai de prendre une fois pour toute le pas sur le soldat qui para une fois, deux fois, mais lâcha son glaive au troisième temps. Le public salua le désarmement et fut enfin conquis lorsque le fauve écorcha le flanc de l'homme d'un coup de griffes. Le grognement de douleur sonna la défaite du fidèle, qui n'avait rien à rougir de sa prestation. Aztai termina le spectacle, il mit à genoux son ennemi et posa ses cinq griffes sanglantes sous sa gorge.

(Il n'en ont pas perdu une miette!)

Une vague montante de satisfaction emplie peu à peu les troupes spectatrices, gonflées par la venue de nouveaux curieux: prêtres comme soldats. Alors qu'il tenait son adversaire sous sa coupe, quelqu'un interrompit la scène en flanquant une grande claque dans le dos du félin:

-Quelle leçon, vraiment!

Aztai relâcha son prisonnier et fit volte-face. Devant lui se tenait un solide jeune homme, il ne dépassait certainement pas la trentaine. Ce qui était encore plus étonnant, c'était l'armure dont il était flanqué. Serties de gemmes brillantes, elles ne laissaient aucun doute sur l'identité de l'humain: le Capitaine Agron.

(Quelle jeunesse!)
(Oui j'avoue être étonné aussi...)

Le tigré s'inclina devant son interlocuteur:

-Capitaine Agron, j'avais hâte de vous rencontrer.

-Moi aussi, et redresse-toi, toutes ces courbettes ne sont que futilités haha!

La fougue du jeune capitaine déstabilisa un instant Aztai, avec lui l'ambiance était moins pompeuse qu'avec les autres hauts hiérarchiques du temple.

-Je reviens de mission pour entendre qu'un héros attend mon retour depuis plusieurs jours. J'ai alors accéléré mes troupes, quoique quand il s'agit de retourner au temple elles sont déjà très motivées... s’esclaffa-t-il.

-J'avoue avoir été impatient de vous rencontrer, la pensée simple du Capitaine Méphistos à Henehar m'inspirait déjà en vous une... fidélité d'acier.

-Mm... alors comme ça vous partez en guerre? Demanda-t-il soudainement.

-Euh... un bien grand mot qui me semble malheureusement convenu. Il s'agit d'un peuple, le mien, et je ne pourrai avancer sans avoir tout donné contre eux!

-Je remarque que vous pensez à l'idée d'avancer sans eux donc? Quoiqu'il arrive, vous avancerez...

-Euh...

Prit au dépourvu, Aztai n'avait jamais vraiment pensé à cette option. En même temps, s'en remettrai-t-il vraiment?

(Il est futé...) Marmonna Zénith à la lecture de ses pensées.
(...mais que ferais-je réellement si tous tombent?)
(Tu ne t'apitoieras pas comme maintenant, la haine prendrai le pas)

-Je... reprit le fauve, perdu, je... les détruirai tous...

-Hum... répondit le capitaine d'un air intéressé, et visiblement convaincu. J'ai répondu la même chose au Diacre Holonust, j'avais à peine neuf ans. Je n'étais qu'un enfant, et je suis capitaine de la Lance Ardente, le militaire le plus gradé et le plus compétent! Alors que serez-vous? Que seras-tu Aztai?

Son prénom résonna comme un glas, un glas qui sonnait la mort d'un mensonge: celui qu'il ne pourrait continuer si son peuple mourrait, même si Waor, son meilleur ami, Rudy, son père, Gaora ainsi que l'Ancien et les autres délaisseraient leurs âmes à Meno. Aztai, lui, devrait continuer et brandir les armes face à un danger d'encore plus grand, mais la haine et la foi l'animeraient! Son fardeau avait déjà commencé et le sang tâchait déjà ses griffes...

-C'est la soif de combat qui m'anime, je suis devenu un maître en mon domaine, comme le sont les forgerons dans la conception de nos armes de guerre. Car j'ai accepté ça (il se rapprocha et posa sa main sur l'épaule velue du félin) je fend les armées ennemies et brandi les couleurs de la liberté et de l'éradication d'Oaxaca et de ses chiens.

-Hum... pour l'instant ma tâche reste la protection de mon peuple... il posa à son tour sa patte sur l'épaule du Capitaine Agron: mais rien ne m'empêche d'enfiler ces couleurs, et entamer avec mes crocs la cheville de l'ennemi!

(Parole de woran!) Commenta la faera de Meno.

Durant les trois prochains et derniers jours, la position d'Ambervalle prônait dans son esprit. Il lui fallait se préparer car une fois arrivé là-bas, tout allait basculer, il le pressentait.
La plupart du temps enfermé dans ses appartements, il ne mettait que matinalement le museau dehors, se renfermant rapidement sur lui-même. Porteur de la concentration nécessaire avant une bataille, ici l'une des plus importantes de toute sa vie. Ambervalle devait être reconstruite, elle devait abriter à nouveau les worans de Meno. La peur de ne pas retrouver ses proches en vie chatouillait sans cesse le félin, qui faisait de son mieux pour tenir son esprit clair et solide.
Zénith gardait souvent le silence, lui aussi acteur majeur des évènements à venir.

A l'aube du troisième jour, Aztai acheva les derniers préparatifs. Ses affaires étaient en sécurité, il pouvait partir avec le minimum vital, et prit soin de rien oublier. Revêtu du plastron de cuir, il se couvrit de sa cape. Ascalon dans le dos, épée à la ceinture, seule l'armure de L'ordre Flamboyant et les épaulettes de Meno l'encombraient. Impensable était l'idée de remettre ces éblouissantes reliques... calées dans la sacoche du plastron légendaire, le présent de Lictaria et les babioles qui allaient avec complétaient le bagage du fauve.
Fin prêt, il se dirigea vers les portes du temples qu'il n'avait pas franchit depuis plus d'une semaine. Guidé par la colère, il allait bientôt déclarer ouvertement son désir d'anéantissement du mal, en mettant à bas le Monarque...
Accompagné des hautes figures du temple, Aztai fit volte-face pour saluer ses hôtes et alliés. Le Capitaine Agron, le diacre Holonust et l'Archiprêtre Moerio qui s'approcha pour serrer la patte du tigré. En même temps, il y déposa un petit parchemin enroulé sur lui même, ficelé par un lin brillant de fluides magiques... Le fauve releva la gueule et fit signe d'incompréhension.

-Nous avons un message à remettre, et nous serions honorés que vous le fassiez pour nous.

-Oh... je ne pense pas avoir le temps de me détourner de ma quête...

-Vous ne vous détournerez nullement de votre chemin initial, je vous le promet!

-Ah... et qu'est-ce donc? Fit le woran en observant son fardeau.

-Hum... un message, une prière... crée des fluides de nos mages les plus puissants. Son destinataire, et bien vous trouverez sans aucun problème de qui il s'agit le moment venu.

Pas certain de saisir, le félin fourra le message dans sa poche, hochant la tête:

-Soit, je m'y appliquerai.

Il regarda une dernière fois le Capitaine et le diacre, qui échangèrent chacun un sourire respectueux:

-La soif de tuer! Clama le gradé, brillant de son armure sertie. Nous nous retrouverons, au front de la guerre!

-Nos pensées sont tournées vers vous, fit le diacre plus calmement.

-Par Meno, je reviendrai victorieux ou non.

L'archiprêtre eut un petit rire. Il posa sa main sur son plastron, au niveau du coeur, et s'exclama le regard pétillant:

-Il se réveille, bientôt même nous ne pourrons rivaliser avec!

Car il était l'Archirpêtre du temple, et de par la puissance de ses fluides, il ne laissait pas Aztai douter de quoi il parlait. Le fauve l'avait bien compris, et affirmer que non serait reculer, lui qui avait été si loin dans sa recherche de pouvoir...

-Laissons le bouillir un peu encore, sa venue n'en sera que plus déterminante!

Suite des rues de KK

Comme promis, les cinq kendrans escortèrent le trio sans histoire. A peine ralentis, il avait fallut jouer les gros bras contre certains habitants retissant, notamment un ivrogne matinal qui n'eut pour simple retour qu’une tournée de baffes. Ailleurs ce pauvre animal aurait pu finir exécuté, avait pensé le félin en le voyant s'étaler dans la poussière. Si le trio avait ainsi pu arriver sans encombre, l'estomac du fauve avait été malmené par les alléchantes odeurs de cuisine. Les rôtis lui avaient fait de l'œil et le champion avait préféré concentré son regard sur les habitants plutôt que sur les mets appétissants de leurs étalages. Si personne n'avait franchit le cordon de garde pendant la traversée de Kendra Kâr, les regards intéressés auraient pu se compter par milliers... dans le lot beaucoup de curieux, mais le woran avait décelé nombreux fidèles de Meno. L'arrivée d'un nouveau champion de Meno en ce monde avait de quoi remuer les ragots, surtout lorsqu'il s'agissait d'une espèce de monstre de fourrure... enfin pour certains. Car malgré les représentations hâtives d'Aztai, ce dernier fut touché par l'étincelle de vie qui habitait le regard de ses frères de foi en l'apercevant. Parmi cette communauté, sa communauté, tous courbèrent l'échine à son passage, allant jusqu’à fendre la foule pour le voir de plus près. Assurément les gardes avaient encore joué là un rôle important, retenant certains fils de Meno de venir s'agenouiller aux pieds du grand tigré. La vénération que semblait lui porter un morceau de la ville lui redonna un peu de cœur, et il ne manqua jamais de remercier les adorateurs de la flamme se pressant (presque) à ses côtés. Des louanges, des remerciements, des demandes de bénédiction et des promesses de longue vie... le félin et sa petite escorte furent bientôt suivis par une véritable foule. Des chants et des hourras saluèrent ainsi l'arrivée du nouveau Champion à son temple.

-Nous sommes arrivés messire, s'exclama le garde en tête, couvrant les vivats des fidèles.

-Oui c'est ça! Lança Aglaë. Des soldats du temple vont venir prendre votre relève, en attendant dites à votre collègue de déposer Octave.

Le champion remercia ce petit monde distraitement, les yeux rivés sur le temple. Oubliant un instant le monde autour, il soupira d'aise, scrutant les magnifiques sculptures qui ornaient les murs de la maison de Meno. Le chemin qui menait à l'entrée principale s'étendait devant lui sur une centaine de mètres, il distinguait le portail du temple bardé de plusieurs gardes de la maison de Meno. Pendant le trajet, Aztai avait cherché des yeux la cime du temple, hâtif et anxieux à la fois. Le soldat rescapé n'avait pas ouvert la bouche durant tout le trajet, n'esquissant même pas un regard à son Seigneur. Dans son uniforme complètement dévasté il faisait peine à voir, les fidèles eux même l'avaient parfaitement ignoré, à l'instar d'Aglaë.

Les oreilles bourdonnantes par cette cacophonie, Le félin ne su où donner de la tête pendant un moment. Le carrefour qui menait au temple de Meno était noire de monde et cette situation l'oppressait de plus en plus. Tandis qu'Aglaë examinait un Octave déposé à la volée sur le pavé, les cinq kendrans préservait difficilement une distance respectable de la populace du champion. Des dizaines de personnes, les plus proches du tigré, tendaient les bras le visage radieux: longue vie au Champion! Meno soit loué! Une femme insistait lourdement auprès d'un des gardes pour venir admirer de plus près "la dernière création de Meno".

-Seigneur Aztai! Fit alors une voix puissante au dessus de la foule.

Sans qu'aucun ordre ne suive, l'écho de cette voix suffit à séparer la foule en deux. Le bruit métallique caractéristique de la ferraille militaire annonçait déjà la couleur. Sous les yeux de centaines de fidèles, un escadron tout en armure avançait fièrement depuis les battants ouverts du temple. D’un pas unique, le régiment se sépara pour former deux haies d’honneur. La prestance des soldats de Meno était saisissante. Leurs armures aux reflets orangés luisaient de mille feux, allant avec le reste de leur accoutrement. Sous une peau saillante, leurs bras nus mettaient en avant la puissance de leurs muscles. Lame au côté pour tous, beaucoup avaient ajouté une ou plusieurs armes à leur inventaire. Il montait de ces rangs une férocité sans pareil, amplifié par le regard d'acier qu'affichait nombreux d'entre eux. Tous portaient leur casque sous le bras gauche, les yeux déjà rivés sur Aztai. Si la majorité de cette escadron composait des humains, le woran neige ne manqua pas deux liykors, quelques thorkins et autant d’elfes, ainsi que quelques rares femelles.
Tous tenaient leur menton relevé, l'allure fière, et les yeux ébahis du félin tombèrent immanquablement sur le militaire seul en tête, le chef d'orchestre de cette troupe. A quelques détails près, l'accoutrement du capitaine était identique à celui de ses hommes. Des plaques d'armures finement ouvragées tombaient de ses épaules et offrait une protection de haute qualité, bras nus à l'instar du reste de l'escadron.

(Tu ne m'avais pas menti) Souffla Aztai à sa faera.

(N'est-ce pas? Nous avons des hommes aussi de notre côté jeune félin)

Le chef de ce comité d’accueil s’avança avec entrain vers le grand woran. D'un geste impatient il congédia la piteuse garde kendrane qui venait de servir le félin. Sur ce, pas moins de dix soldats de Meno quittèrent les rangs pour venir prendre leur place, écartant encore plus la foule du Champion et de ses deux acolytes. Aglaë avait gardé le silence depuis le début, observant avec émerveillement le petit numéro des fidèles de la Flamme. Auprès d'Octave allongé à ses côtés, elle porta autant d'intérêt au gradé s'avançant vers le tigré. Quand au rescapé, il ne pipait mot, grand spectateur silencieux de la scène. S'il avait besoin de soins urgents jugeait le tigré, l'homme ne fit pas mine de se s'en soucier quand à lui. Non il avait visiblement l'esprit un peu ailleurs... pas étonnant après les récents évènements.
Ne s'attardant plus sur l'état du survivant, Aztai pu enfin dévisager discrètement le nouvel arrivant, impatient à présent.
Une coupe en brosse blonde, une mâchoire démesurément carrée et des yeux d'un bleu délavé, le colosse qui se présenta au félin avait vu la guerre, et de près! La longue cicatrice sous sa gorge en témoignait, et la brulure qu'ornait le haut de son épaule ne méritait aucune explication. Notant un détail lorsque que son interlocuteur lui sourit, ce dernier avait une dentition impeccable, douteux pour un militaire de son rang.
La foule, silencieuse, attendait avidement qu'il prononce les premiers mots, ce qui annoncerait enfin l’arrivée de leur champion. Comme s'il avait attendu des années pour prononcer ses paroles, le grand blond gonfla le torse:

-Seigneur Aztai! Lança-t-il d'une voix portante et sans faille, moi Alan Serjin, j'endosse en ce jour et sous l'œil de Meno l'armure de Lieutenant de la Garde Personnelle du Champion de Meno!

(Quel nom pompeux!) Ne put se retenir Aztai, alors que son Lieutenant se frappait le cœur du poing pour alourdir ses mots.

(Le décor va avec tout le reste Seigneur! Les coutumes n'ont pas changées après plus de mille cinq cent ans)

-Par cet acte, continua Alan Serjin, je mets ma vie et celle de mes hommes, tous hauts gradés de la Lance Ardente au service personnel du Champion Aztai. Deux cent cœurs battrons à la cadence de celui que Meno à forgé pour vous, que nos vies lui appartiennent!

Sur ce, tous se frappèrent du poing sur le coeur, témoignant une éternelle fidélité au woran neige. Alors que ce dernier s'approchait du Lieutenant Serjin, il lui posa une patte sur l'épaule, rivant son regard dans le sien. Plus grand d'une bonne tête, Aztai ne doutait cependant pas des compétences de son vis-à-vis, une aura guerrière entourait cet homme. Alors qu’il cherchait ses mots, incertain, l’apparition d’un petit troupeau aux portes du temple l’interrompit. Plusieurs silhouettes aux couleurs de Meno remontaient le chemin du temple, incitant de nombreux fidèles à tirer leur révérence à leur passage. Attirant l’attention de son nouveau lieutenant, le fauve lui dit assez bas pour qu’il entende :

-Je vous remercie Lieutenant Serjin, malheureusement mes obligations ne me permettrons pas de m’exprimer à mes hommes tout de suite. Comme vous le voyez (il désigna le groupe remontant le chemin) les diacres m’attendent, et l’Archiprêtre Moerio ne doit pas être loin.

Serjin opina du chef, fier :

-Nous apprendrons vite à vous connaître, Seigneur, la guerre nous appelle tous. Priez notre père pour nous.

Et il se retira parmi ses frères d’armes.
En voyant arriver sur lui le cortège de diacres (personnalités venant après l’Archiprêtre) le félin aurait autant préféré se retrouver sur un champ de bataille avec son lieutenant. Ce monde était nouveau, trop nouveau, heureusement l’appréhension était masquée par l’excitation d’un tel évènement.

Les hauts battants se refermèrent derrière le champion, coupant court aux vivats de la foule et aux encouragements des différents frères et sœurs de la maison de Meno. A son grand étonnement, les diacres avaient laissés leurs discours pompeux pour simplement inviter leur champion à franchir le seuil du sanctuaire, lui souhaitant la bienvenue.
Le résonnement se tût, et Aztai pu enfin se réconforter d’un moment de silence.
A sa grande surprise, le temple avait entièrement été vidé, du moins la salle principale où trônait l’autel de Meno. Derrière, un gigantesque brasier crépitait et remplissait la salle d'une chaleur accueillante. Ses volutes de fumée s'élevaient pour mourir dans le ciel apparent. Les bancs de prière qui avait accueillit lors de ses précédentes visites les fidèles de la Flamme étaient déserts ; aucun homme en armure ne montait la garde sous l’œil bienveillant du Père, et le félin ne put s’empêcher de partager son ressentit :

(Est-il normal de vider cette partie du temple uniquement pour que je puisse prier?)

Il était moitié gêné moitié fasciné alors que ses pupilles parcouraient avidement les gravures, les sculptures et autres statues, dont certaines semblaient presque le saluer de son retour. Du fer, du bronze, de l'or, de l'onyx, du Xyul sur lesquels resplendissaient milles reflets... le métal était à l'honneur.

(En ce jour, tu pries pour la première fois notre Père dans sa demeure, et auprès de ses enfants)

(Les fidèles?)

(Oui, les fidèles)

(Ils semblent déjà m’accorder une confiance sans équivoque, je lis sur leurs regards l’espoir et la sûreté)

(Et c’est normal. Ta venue signe une nouvelle ère pour les fils de la Flamme, mais soulève hélas de nombreuses questions au sein du clergé)

(Hum, Mulciber le précédent champion…)

(Oui. Sa trahison a entaché la lignée des Champions de Meno, il a laissé un héritage… souillé, aux yeux de certains. Les membres du clergé ne seront pas tous prêts à te faire confiance, malgré les apparences publiques. Certains tenteront même de t’amadouer afin de te manipuler, et ces-là sont les plus dangereux. Mulciber à brisé la confiance qui devait être acquise, à présent qu’un nouveau Champion de Meno foule cette terre, l’ordre des choses est déstabilisé et les remous que tu provoques, malgré toi, te poseront autant de problèmes qu’ils n’en résoudront)

Une fois de plus, Zénith venait à lui seul d’apaiser les appréhensions de son woran tigré, insufflant comme lui seul pouvait la confiance nécessaire pour mettre une patte devant l’autre.

-Je dois absolument avoir des réponses, se chuchota-t-il en portant le regard vers l’autel de Meno.

Et il les aurait, les habitants de cette demeure avaient toutes les réponses, il en était certain. De la marque qui ornait sa paume aux actes de Mulciber.
Laissant derrière lui tous ses soucis, il porta la patte à son ceinturon et avança d’un pas sûr et rapide. Son cœur s’embrasait à mesure qu’il approchait de l’autel, ses pupilles courant le long des runes taillées à même la pierre blanche, lisse comme du verre. Les émotions du woran neige se mêlèrent plus encore à ceux de sa faera, il sentait leurs cœurs pulser au travers du croc qui pendait à son cou. Ne pouvant empêcher ses yeux de scruter la maison de Meno, Aztai se sentait étranger à tout cela, il doutait. Cependant, il régnait en ces lieux une atmosphère incroyable qui embrasait sa foi, le poussait à prier et se libérer de son enveloppe charnelle. Le temple, battit telle une cheminée géante, montait à une hauteur vertigineuse et les rayons de midi projetaient sur les parois des reflets chaleureux à l’œil. Une cinquantaine de torches, dont les statues de bronze reflétaient les feux, émanait dans l’air une odeur braisée, caressant le museau du félin.

Il n’entendit pas son arme tomber que lui-même tombait à genoux, caressant l’autel d’une griffe. A cette distance, la chaleur produite par l'énorme foyer ardent aurait été peu supportable pour un humain, mais Aztai n'en était pas un. Au contraire, elle l'enveloppait et venait chauffer sa fourrure, le faisant transpirer à point. En cet instant, l’absence des fidèles étaient appréciable et il en remercia silencieusement les coutumes. Dans un ronronnement de gratitude, il fit ce qu’il aimait appeler ouvrir sa foi, plongeant alors dans un monde intérieur, une véritable transe dédiée à Meno. La patte toujours posée sur la surface de l’autel, il avait les yeux mi-clos et un demi-sourire flottait sur ses babines. Sa fourrure entière se hérissait au flux des vagues de frissons qui le transportait, et son esprit voyageait avec Zénith sur le flot de pensées et d’émotions.

(Meno…) Priait-il, évasif (Meno… invite-moi dans ta demeure, sers-moi ton meilleur nectar et réponds à mes interrogations…)

Puis il rit doucement de son audace, si seulement c’eut été aussi simple.

(Tu peux toujours prier!) Lui rétorqua Zénith d’une voix lointaine. (Il n’y a qu’a moi qu’il réserve cela…)