Ils entrèrent donc dans la maison d'à côté. Koriga les mena à un trou qui semblait indiquer que quelqu'un avait voulu ouvrir un couloir pour doubler sa maison.
Mais ils s'arrêtèrent avant de passer à travers, entendant une discussion dans la pièce d'à côté.
Deux personnes, des orcs au son de leur voix, discutaient de l'arrivée prochaine d'un nécromancien de Tal'Raban. Azra serra les dents. Il fallait attaquer maintenant !
Le gobelin l'avait bien compris et il donna le signal de l'attaque. Le groupe se précipita en avant. Les deux hommes furent complètement pris par surprise. Aléria en balaya un d'un coup d'épée et l'autre fut écrasé par Rendrak avec un hurlement aiguë.
« Si on espérait les surprendre, c'est fini ! »Ils étaient dans une petite pièce classique. Il y avait un escalier pour monter à l'étage et un autre pour descendre dans la cave. Comme cet accès était fermé par une trappe, ils en déduisirent que c'était là que se cachait le groupe.
« Je vais crocheter la serrure. » proposa le gobelin.
Rendrak se présenta.
« Ma méthode sera plus rapide. »En deux coups de pied, il avait défoncé la trappe et toute l'équipe se jetait dans la cave. Ils débouchèrent directement dans la pièce ou les bandits étaient encore occupés à chercher leurs armes en catastrophe. Seul le guerrier noir qui dirigeait le groupe était déjà prêt. Son masque d'ossement sur le visage, son armure semblant absorber la lumière, il tentait d'organiser la défense en catastrophe, mais sans paniquer.
« Chargez ! » hurla Aléria.
Rendrak poussa un hurlement d'outre tombe qui figea un instant l'assistance. Puis, il fonça en faisant tournoyer son crochet. L'arme faucha un garzok qui peina à se relever.
De son côté, Azra passa aussi à l'action. Il commença à se concentrer, s'efforçant de mobiliser ses pouvoirs réticents. Bientôt, les sombres fumerolles des fluides d'ombres commencèrent enfin à courir le long de son corps.
(Pourquoi est-ce si compliqué ?)À sa grande surprise, Arek répondit :
(Tu as été victime d'une surcharge de fluide et de Chandakar qui s'en est nourri. Il a emporté une parti de tes pouvoirs au passage.)(Comment ça, il s'en est nourri ?)
(Il dévore la magie. Voilà pourquoi tu dois le combattre. Mais nous pourrons en reparler plus tard.)Ce n'était en effet pas le moment. Azra avait enfin réussi à réunir ses pouvoirs. Une vague de ténèbres s'étendit sur le champs de bataille, s'insinuant dans les cœurs et amollissant les muscles.
« Sorcellerie ! » s'exclama un garzok.
C'est une mauvaise idée de perdre du temps à dire des choses inutiles. D'un geste vif, Rendrak déploya son crochet comme un fouet et l'objet frappa du revers le crâne du garzok qui se fendit. Pendant ce temps, Koriga, sombre comme la nuit, se glissait furtivement pour couper des tendons et même des gorges quand il le pouvait. Un bandit tenta de s'opposer à Aléria, mais elle fit sauter son épée d'un coup de pied avant de l'écraser sous sa propre lame. Puis, elle s'attaqua au chevalier sombre. Celui-ci se révéla plus coriace. Évitant habillement les attaques, il tentait de percer de sa propre lame l'armure de la jeune femme. De toute évidence, il était plus doué qu'elle, mais pas de beaucoup.
Azra fouilla des yeux le réduit, jusqu'à voir enfin le bâton trois-crâne qui reposait contre un mur, au milieu des coffres de butin. Il commença à se glisser vers lui... et fut interrompu par une poigne féroce.
« Toujours pas mort ? T'es pire qu'un cafard ! »Gorak souleva le jeune homme comme un fétu de paille. Il le tenait à la gorge, le laissant suffoquer. Impossible de se défaire de l'étreinte puissante, et la lame d'une épée s'approchait du visage du garçon.
« Je vais régler ça comme j'aurais dû faire depuis longtemps... » gronda-t-il avec fureur.
Mais un hurlement le fit se retourner. Il lâcha Azra juste à temps pour encaisser la charge de Rendrak qui l'envoya rouler par terre. Les mâchoires du liykor claquaient violemment à deux doigts du visage du barbare, mais il parvenait à maintenir suffisamment de distance pour ne pas se le faire déchirer par les crocs féroces.
Azra, à quatre pattes et tentant de se remettre, recommença à progresser vers le bâton, maudissant sa faiblesse et son manque de vigilance. Il fallait qu'il se reprenne !
Mais une question le taraudait... et si c'était aussi l'absence de Chandakar qui l'affaiblissait ? C'était ridicule, mais cette idée lui glaça le sang. Peut-être en était-il arrivé à un stade où il perdait toutes ses forces sans la liche...
Il atteignit finalement le bâton. Les autres avaient besoin de ces renforts !
Il vit alors Magoult qui se cachait derrière une caisse. Le jeune orc bondit... mais Azra réagit plus vite. Il esquiva le coup de hache qui le manqua de peu et sa main saisissait déjà au passage, une lampe à huile posé sur une autre caisse. Il la fracassa sur le crâne du garzok qui recula, sonné et légèrement brûlé. Azra vit une dague, une des armes volé à la milice. Son sang ne fit qu'un tour : il la prit et transperça la gorge du jeune garzok.
« Cette fois-ci, c'est bien fini entre nous ! » ricana le nécromancien, satisfait de sa vengeance.
Puis, il se jeta enfin sur le bâton. Aussitôt, il concentra son pouvoir dedans. Il avait déjà réussi à le faire sans Chandakar, il y arriverait à nouveau !
Il fallut forcer de toute son âme, mais assez vite, l'objet répondit et, pas très loin de Rendrak et Gorak qui roulaient par terre, apparu Rendrak, deuxième du nom.
« Évidemment, si je reviens des limbes c'est qu'il y a du grabuge... faut pas se faire d'illusions... »Il poussa un soupir à fendre l'âme et balança négligemment son propre crochet de Phaïtos, éventrant littéralement un guerrier qui tentait d'acculer Koriga dans un coin.
Le gobelin ne se gêna pas pour terminer son adversaire, adresser un signe de tête à Azra avant de repartir au combat. Les choses tournaient indiscutablement mal pour les brigands. Leur chef était pris au dépourvu par la magie noire de la fanatique qui lui permettait de compenser son infériorité au maniement des armes, et Gorak avait réussi à se relever mais semblait ne pas réussir à prendre le dessus sur son adversaire. Il lui avait cassé plusieurs côtes mais était lui aussi couvert de plaies.
Azra vit alors un garzok qui tenta de venir en aide au chevalier sombre. Il se préparait à attaquer Aléria par le flanc. Le sang du garçon ne fit qu'un tour. Il repensa à ce que lui avait dit la combattante sur la haine. Plus que de la haine, c'était de la frustration qui s'accumulait depuis trop longtemps. Il en avait marre. Marre de cette vie de chien. Marre de risquer sa vie à chaque instant. Il se sentait diminué en l'absence de Chandakar, il se sentait faible et inutile. Sa victoire contre lord Kaïn ne relevait-elle pas de la pure chance ?
Ces brigands l'avaient traités comme un minable petit vers de terre... et cela le touchait grandement car c'était justement ainsi qu'il se voyait.
Il s'efforça de contrôler sa haine, de la focaliser sur celui qui voulait tuer Aléria. Puis, il se précipita en hurlant. Il le renversa à terre et se mis à le bourrer de coups. Au début, il en reçu aussi en retour. Des mains aux ongles pointus tentèrent de le repousser, de récupérer l'arme qui avait été lâché. Le garzok était fort, et Azra crut qu'il allait échouer, mais en se concentrant, il dépassa ses limites, perdant toute humanité au profit d'une folie furieuse. Ce garzok allait payer pour tous les autres. Alors, il retrouva la force de frapper, de frapper plus encore. Il frappait sans s'arrêter, un déluge de coup qui cette fois-ci ne s'interrompait pas.
Il s'arrêta enfin au bout d'un moment. Non pas parce qu'il n'avait plus entre les mains qu'un cadavre inerte, ni parce que ses doigts de la main droite, non protégés, étaient abîmés, mais parce qu'il était épuisé et qu'un hurlement le fit enfin sortir de sa folie.
Le maître des bandit avait finalement réussi à prendre le dessus, mais un peu tard. Koriga s'était glissé dans son dos et avait enfoncé sa dague juste à la base du casque, sectionnant les vertèbres cervicales. Le guerrier était mort avant même de toucher le sol.
Voyant cela, Gorak poussa un hurlement de rage, et c'était ce cri qui avait sorti Azra de sa torpeur. Voyant ses plans et son commerce ruinés, la brute fut prise d'une furie apocalyptique. Rendrak2, qui venait d'achever son dernier adversaire, tenta de l'intercepter, mais déjà, le liykor original était soulevé et précipité contre le mur. Il y eut un craquement d'os écœurant et les deux liykor disparurent en même temps dans un nuage de cendre.
Il était trop tard pour rattraper Gorak, le garzok s'était déjà enfui.
Le silence tomba dans la pièce. Le groupe pataugeait pratiquement dans le sang. Aléria hocha la tête de mauvaise grâce pour remercier Koriga, mais elle ne semblait pas avoir vu qu'Azra l'avait sauvé lui aussi.
« Prenons ce qu'on peut et partons ! » s'exclama le gobelin.
Ils fouillèrent rapidement la pièce, récupérant un peu d'or, se partageant du matériel. Ils n'avaient guère le temps de marchander, aussi, ce fut Koriga qui ramassa le plus, il semblait avoir une longue expérience pour ce qui était du pillage. Aléria ramassa un beau paquet d'arme et du matériel magique. Azra se dépêcha de récupérer son propre équipement, heureusement les bandits n'avaient pas eu le temps de le vendre. Il retrouva également les armes qu'il avait récupéré sur le voleur à la peau noire. Cela plairait peut-être à la milice de les récupérer... Enfin, il s'intéressa au guerrier noir.
Aléria protesta qu'elle avait fait presque tout le combat et seul le risque de l'arrivé prochaine d'un nécromancien les décida à ne pas se disputer et à partager rapidement. La guerrière du chaos récupéra l'épée et l'armure, ainsi que jambières et brassières. Azra dû se contenter des spalières et du heaume, mais il admettait bien volontiers que la qualité des pièces valait bien de n'obtenir qu'elles.
Les spalières étaient formées d'une séries de lamelles de métal noirci qui fournissait une excellente protections aux épaules. Azra remarqua bien vite qu'elle étaient parfaites pour lui, offrant à la fois une protection et une aisance de mouvement presque surnaturelle. Les lanières étaient solides de sorte qu'elle tenaient bien l'épaule, permettant de mieux encaisser les chocs lorsqu'il frapperait de ses poings.
Le heaume était encore plus intéressant. L'acier noir se mêlait à un crâne qui formait comme un masque ricanant pour le porteur. Il était aisé de comprendre pourquoi Aléria n'en voulait pas : le simple fait de regarder le masque donnait froid dans le dos ! Après l'avoir combattu, elle voulait sans doute s'en tenir aussi éloigné que possible. L'objet étant clairement enchanté, Azra le pris aussitôt. Une charnière permettait de relever le masque, ce qu'il fit. S'il était vraiment enchanté, mieux valait ne l'abaisser que contre ses ennemis.
Une fois le pillage en règle, ils repartirent à la hâte, ne voulant pas s'attarder ici.
détente