Après leur course, ils arrivèrent, guidés par Miha dans un quartier résidentiel où les maisons tombaient en ruine. Leurs propriétaires étant trop occupé à travailler pour nourrir leur famille n'avaient guère le temps de s'occuper de leur résidence. Devant une maison encore plus délabrée que les autres, Miha s'arrêta, ils étaient arrivés à son refuge.

"On y est." Soupira-t-elle tout en reprenant son souffle. "Laisse-moi y aller la première et je t'enverrais mon écharpe pour que tu puisses monter sans escalader."

La jeune femme s'approcha d'une des fenêtres du premier de la maison en pierre. La fenêtre en question était assez large pour y laisser passer un homme et, comme elle n'avait plus de vitre, cela facilitait la tâche. De plus, il y avait un tonneau juste au-dessous, Miha n'eut qu'à monter dessus pour ensuite prendre appui sur les pierres abimées de la maison et se glisser habillement sur le large rebord de la fenêtre. On voyait bien qu'elle n'en était pas à sa première ascension. Arrivée en haut, elle se laissa tomber de l'autre côté sans un bruit. Entrer par la porte principale aurait été plus simple, mais l'escalier s'était effondré rendant l'accès de l'étage du dessus impossible. Elle défit l'écharpe qu'elle avait autour du cou et l'attacha à une poutre non loin de la fenêtre. Comme ça, une fois jeté dehors, il y avait assez de tissus pour s'agripper et monter sans trop d'effort. Elle fit irruption à la fenêtre et conseilla à Alistair de faire attention aux lattes manquantes du plancher.

Arrivé en haut, on pouvait voir ce qui ressemblait à une grande chambre. Le mobilier se consistait d'un matelas de paille posé à même le sol, d'une table tremblante, de deux chaises tout aussi balancées et d'un vieux tapis poussiéreux. Sans oublier l'énorme trou où se trouvait l'escalier et les nombreuses lattes manquantes. C'était la seule pièce de l'étage constituant autrefois la chambre des maîtres. Ce n'était pas vraiment le genre d'endroit rêvé pour habiter, mais ça dépannait et convenait parfaitement à Miha.

"Ce n'est pas vraiment chaleureux, mais au moins c'est en sécurité." Précisa-t-elle avec un sourire qui rendait sa chaleur à la pièce une fois qu'Alistair fut monté.

Leur longue course les mena dans un vieux quartier en ruine, où l'on pouvait remarquer que certains morceaux des maisons manquaient à l'appel. Miha s'arrêta devant une maison plus délabrée encore que la plupart des autres battisses et grimpa agilement jusqu'au premier étage. Plus tard, Alistair vit la longue écharpe tomber près de lui. Il s'en servit comme d'une corde et monta à la force des bras jusqu'en haut, aidé par le mur.

Quand il eut rejoint la jeune semi-elfe, il observa les alentours, et remarqua avec dépit qu'il n'y avait qu'un seul matelas. Pour conserver son image de bienfaiteur auprès de la jeune femme, il devrait la lui laisser, par galanterie, et dormir sur le tapis couvert de poussière. A moins que... ? Il pouvait aisément se faire passer pour plus bête qu'il n'en avait l'air, ou au moins plus naïf, et il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas goûté la chair d'une femme.

Pour la première fois de la soirée, il observa Miha et ne put retenir un sourire de contentement. A regarder de plus près, c'était une très belle fille, et aux formes pulpeuses. Elle avait l'air d'être tombé sous son charme, et peut être, avec deux ou trois stratagèmes supplémentaires, arriverait-il à la convaincre de lui céder son corps, au moins l'espace d'une nuit. Préférant éviter qu'elle ne surprenne un de ces regards, Alistair détourna les yeux du corps généreux de la semi-elfe, et décida de s'afficher une mine incrédule.

"Nous allons devoir dormir dans le même lit ?" Commença-t-il. "Mais..."

Il avait changé sa mine par un visage outré, voir peiné de devoir rompre l'intimité d'une demoiselle, et il pria qu'elle serait trop bonne pour le faire dormir sur le tapis, et trop coquette pour y prendre elle même position pour la nuit.

"C'est vraiment gênant", ajouta-t-il, "mais je ne vois pas comment l'on pourrait faire autrement."

Une fois en haut, Alistair sembla regarder les alentours, alors que Miha s'attendait un commentaire sur l'apparence des lieux, le manipulateur la fixait en souriant. Elle ne savait que penser de ce regard songeur, car oui elle l'aperçut, mais n'y fit pas très attention. Ce qui la préoccupait vraiment, c'était de savoir comment remercier cet homme pour l'avoir tirée d'un éventuel viol et se reposer. Miha n'avait pas vraiment réfléchit à comment elle en était rendue à fuir les gardes de la ville et de presque être peut-être morte et abusée. Pour elle Alistair lui avait sauvé la vie et elle lui était redevable.

"Nous allons devoir dormir dans le même lit ?" Commença-t-il en la sortant de ses réflexions non réfléchies "Mais..." Il prit un regard sceptique et même un peu peiné avant d'avouer que c'était gênant, mais qu'il ne savait comment faire autrement. Miha n'avait jamais vraiment comprit pourquoi les filles et les garçons ne dormaient pas dans la même pièce, et encore moins le même lit, sauf quand ils étaient mariés ensemble. (Les principes de la religion!) Avait-elle supposée, mais comme elle n'était pas croyante..! Elle n'avait pas compris que s'était pour une question de valeur morale.

"Pourquoi ce serait gênant?" Le questionna-t-elle avant de reprendre sans lui laissez vraiment le temps de répondre. "Et puis, si tu restes de ton côté, je ne vois pas pourquoi ce serait mal"
Sur ce, elle lui fit en sourire sincère, témoignant de son ignorance.

Miha ne semblait pas vraiment d'accord avec les propos d'Alistair. A peine eut-il finit d'exprimer son "désarroi" qu'elle lui demandait, sans la moindre arrière pensée, ce qu'il trouvait gênant. Après quoi, elle ajouta qu'il n'aurait qu'à se tenir de son côté et elle du sien. Comprenant que ce point était gagné, Alistair se risqua à une tentative de charme plus osée.

"Ce n'est pas que je trouve gênant de partager ma couche avec toi, c'est que je m'attendais à ce qu'une demoiselle s'offusque de ne pas posséder un minimum d'intimité. Mais ça me plait bien, comme ceci. Qui ne voudrait pas partager la couche d'une si charmante dame, fusse-ce purement amical ?"

Comme à son habitude, il avait revêtit un sourire adéquat à la situation. Et celui-ci allait très bien de paire avec son discours. Il laissait voir à quel point cela l'enchantait de dormir avec elle. Il savait qu'il jouait avec le feu. Elle pouvait tout aussi bien le prendre à la rigolade comme très mal. Mais la seule chose qu'il pourrait perdre serait une nuit de plaisir, car il pourrait toujours la manipuler autrement pour se servir d'elle comme guide. Et cette nuit, s'il ne jouait pas de pareille façon, il ne la gagnerait pas non plus, donc autant prendre le risque de la choquer.

Le ciel et son vieux soleil brillait de mille feus, rien n'aurait pu assombrir cette belle journée qui s'annonçait, si ce n'est peut-être les souvenirs de notre cher Kejdiel. Il est né dans une famille maintenue en vie par l'emploi de son père qui n'était autre qu'un forgeron tout comme il l'est aujourd'hui. Il ne peut nier aujourd'hui que cela n'est pas influencé sa vie. Quand son père était encore vivant il portait un grand intérêt à la force de vivre qu'une personne pouvait avoir. Il disait souvent que si un homme n'était pas capable de se porter il ne servait à rien. Cela se matérialisait par la facilité qu'une personne avait à faire des tractions, puis plus la personne était âgée, plus cela avait un rapport avec la force de frappe et la vitesse qu'elle pouvait présenter au combat alors qu'elle disposait d'une armure plus ou moins légère.

Quoi qu'il en soit ce n'est plus un problème aujourd'hui. Il est vrai que son père est mort, mais ce n'est pas cela la raison. Si Kejdiel est devenu forgeron, c'est pour pouvoir s'intégrer plus facilement au cours de ses possibles déplacements. Il aime ce travail, c'est vrai, mais dans le fond son désir le plus profond se base sur le culte de son corps. N'allait pas croire qu'il est narcissique, pas du tout. Il a juste porté un grand intérêt au développement de son corps et bien sûr de son esprit. Cela commença par le simple fait que son père le poussait à l'entrainement, mais cela reste surtout l'influence du coté physique. De l'autre, son ami Elrik fut d'une grande importance car grâce à son aide, les parents de ce dernier enseignèrent à Kejdiel à écrire et donc lire.


Bien qu'il voit encore son ami quelques heures par an, tout ceci n'est plus que du passé. Désormais il se débrouille seul. Il a l'âge d'être un homme alors il se comporte comme tel. Il dispose aujourd'hui d'une petite forge à laquelle est collée une petite baraque en bois où seul le pan de mur servant de cloison entre la forge et la maison est de pierre. Son petit commerce n'est pas très fructueux, mais au moins il permet de vivre à l'abri et de nourrir.

Il était à peine six heures quand notre jeune ami s'est réveillé, il n'avait plus de cinq heures de sommeil derrière lui. Car après une longue journée à la forge, il se consacre à son corps et du peu d'argent qu'il a en « trop » il se permet d'acheter des livres. Il arrête donc de travailler le soir afin d'éviter les ennuis avec ses voisins. Il sorti jusqu'à la source d'eau la plus proche, de cette dernière il puisa de quoi se faire une toilette, ainsi qu'assez pour avoir de quoi boire au cours de la journée sans que pour autant l'eau soit gaspillée.

« Ce qu'il y a de bien quand l'on se lève tôt, c'est qu'il n'y a personne pour vous déranger. »

Il y a plus ou moins deux heures de passage. La première est juste avant l'aube quand les paysans et autres personnes n'ayant que peu de moyen sont obligées de travailler dans des conditions qui laissent largement à désirer. Puis ensuite leurs femmes et enfants qui s'occupent des foyers et qui rejoignent ensuite leur patriarche


Une fois revenu de cette course au lever du jour, il se rend chez lui. Il se lave le visage et les bras. La « grosse » toilette, il la fait le soir. Cela évite de salir trop rapidement les draps dont il a dû travailler durement pour les acheter. Puis il se prépare de quoi manger. Ce qui se résume à un bout de pain sec dans une purée de céréales bouillit la veille et s'il en a les moyens mélanger avec un peu de lait. Ensuite, quand tout ce qui concerne sa petite personne est réglé il commence à travailler. Ce qui tombe vers les alentours de huit heures du matin bien tassé. Il commence par chauffer le fer, une fois blanc le frappe et accessoirement se met à chanter... :

« C'est le son des tocsins qui dès le matin... » Tsssink Tsssink Tsssink « réveil l'abruti qui n'a pas de dessein... » Tsssink Tsssink Tsssink « Il prend son arme en main... » Tsssink Tsssink Tsssink « croyant que cela... » Tsssink Tsssink Tsssink « changera son destin. »

Une fois de retour au sein de la dure réalité, c'est-à-dire au bout d'une demi-douzaine d'heures de travail. Il s'arrêta les courbatures au bras ainsi qu'au niveau des omoplates. Durant cette soirée son ami Elrik passa le voir. C'était très rare, mais il s'inquiétait des conditions de vie de son ami. Ils discutèrent une bonne partie de la soirée quand Elrik arriva enfin au sujet qui l'intéressait. Il était réalité là pour conseiller Kejdiel sur le fait d'aller rendre visite au plus grand forgeron de la cité. Il disait que se serait peut-être une chance pour lui d'obtenir de la renommée aux yeux des diverses familles de Tulorim . K répondit simplement que ce n'était pas son habitude d'aller quémander de l'aide surtout pour une question de « réputation ». Elrik lui donna quand même une lettre signé de la main de son propre père.


Le lendemain matin comme à son habitude il s'occupa de lui, puis se rendit à la forge de ce fameux forgeron que tout le monde nomme « Larzuk ».

Alistair revêtit un de ses sourires charmeurs en assurant à la jeune femme qu'il était ravi de partager son lit. Miha ne s'en étonna pas outre mesure, elle connaissait l'attirance des hommes envers les femmes. Et même si elle ne comprenait pas pourquoi s'était déplacé, elle se méfiait un peu de ce qu'il y avait dans l'esprit de ce personnage.

Miha rougit encore tout en entortillant une mèche de ses cheveux blonds autour de ses doigts, jamais personne ne lui avait dit quelque chose d'aussi ressemblant à un compliment. Elle laissa sa mèche de côté, en s'avança vers Alistair les mains une dans l'autre et les bras tendu vers le bas. Un geste timide, mais mignon.

L'idée de le remercier pour lui avoir évité quelque chose d'atroce lui parcourait toujours la tête. Essayant de regarder Alistair le plus possible dans les yeux, elle dit doucement :

"Et puis, après m'avoir sauvé, je ne peux pas vraiment te laisser dormir par terre."

Elle lui sourit, encore une fois avec gentillesse.

"Fait comme chez toi, je sais que c'est pathétique comme lieu de vie, mais j'ai rien de mieux."

Alistair apprécia la rosissement des joues de Miha comme une autre victoire. Encore une fois il l'avait charmée avec ses belles paroles, et elle semblait maintenant plutôt troublée. Comme pour appuyer ses pensées, elle entortilla une mèche de ses cheveux autour de ses doigts et joua brièvement avec. Puis elle s'approcha légèrement du voleur, tendant ses mains entremêlées vers le sol.

"Et puis, après m'avoir sauvé, je ne peux pas vraiment te laisser dormir par terre."

Elle lui adressa un sourire plein de gentillesse et l'invita à s'installer comme il le désirait. Obéissant, il défit sa cape elfique et l'étala sur le matelas. La nuit serait fraîche, et elle ne serait pas de trop pour les réchauffer. Par ailleurs, elle était large mais pas assez pour couvrir tout le lit, ce qui les obligerait à se serrer dans le lit. Sans pudeur, Alistair se dévêtit jusqu'à ne porter plus que son sous-vêtement puis s'installa dans le lit sans un mot, éreinté par sa journée de marche fortes en actions.

"Je ne pense pas que les gardes nous recherche plus d'une soirée pour une simple tentative de vol en plein marché. Sinon ils n'auraient que ça à faire toute la journée, vu l'endroit."

Alistaire prit cette remarque à la lettre, il défit sa cape et l'étendit sur le matelas de paille. Miha le regardait faire, se disant qu'il devait être très fatigué pour vouloir se coucher tout de suite. Par contre elle fut surprise quand il se dévêtit presque entièrement ne gardant que ses dessous, gênée, elle détourna les yeux. Elle comprenait maintenant ce qu'il y avait de gênant au fait de partager un lit avec une personne à moitié nue et qu'en plus on venait juste de rencontrer. Il prit place dans le lit sans rien dire, et quand il fut confortablement installé, il exprima le fond de sa pensée : "Je ne pense pas que les gardes nous recherchent plus d'une soirée pour une simple tentative de vol en plein marché. Sinon ils n'auraient que ça à faire toute la journée, vu l'endroit."

Miha ne put qu'acquiescer tout en détournant le regard du torse du jeune homme. Elle par contre, se contenta de retirer que ses chaussures avant de prendre place auprès d'Alistair. Une fois couché de façon à faire dos à l'autre occupant du lit, Miha réfléchit longuement avant de prendre parole.

"En même temps, c'est un peu de ta faute" Elle avait réalisé qu'Alistair y était pour beaucoup dans cette histoire.

Miha ne retira que ses chausses, à la grande déception d'Alistair, avant de prendre place dans le lit, dos à lui. Il serait sans doute plus difficile qu'il ne l'avait d'abord pensé de profiter de son corps. Il s'allongea alors complètement et ferma les yeux. Il s'occuperait d'elle une autre fois. Pour l'heure il était trop fatigué, et de toute manière il avait certains projets pour elle.

"En même temps, c'est un peu de ta faute"

Le voleur déglutit péniblement et se tourna vers elle. Il posa une main sur son épaule, et fit mine, par un long silence, de regretter. Silence qui lui permit de réfléchir de la conduite à tenir.

"Désolé, j'ai agit sans réfléchir, j'avais besoin de m'enfuir, et j'ai pensé que tu pourrais m'aider. Désolé"

Il avait parlé d'une voix faible, faussement peiné de la tournure qu'avaient pris les évènements.

Miha le sentit bouger derrière elle, mais ne s'attendait pas à ce qu'il pose la main sur son épaule. Elle tressauta légèrement et quelques instants plus tard, il brisa le long silence d'une voix basse et quelque peu attristée.

"Désolé, j'ai agi sans réfléchir, j'avais besoin de m'enfuir, et j'ai pensé que tu pourrais m'aider. Désolé"
Miha ouvrit les yeux se retourna et s'assit pour pouvoir regarder son interlocuteur en face. Elle avait bien réfléchi, et plus elle y pensait plus elle se disait et croyait que c'était de sa faute. Ça la frustra quelque peu, mais pas au point de s'engueuler avec Alistair. C'était simplement son caractère habituel, rien de quoi on devait bien s'inquiéter. Son attitude avait effectivement choqué la jeune femme, mais pas de la manière qu'il s'y attendait.

"Tu crois vraiment qu'un fille comme moi pourrait t'aider?" Dit-elle en fronçant les sourcils et sur un ton plus dur que celui d'Alistair.

"Regarde autour de toi et dis-moi ce que tu en pense!" Cette fois-ci un peu plus doucement, mais toujours en colère.

Elle dévisageait l'humain en attendant sa réponse.

A sa grande surprise, les paroles qu'il prononça eurent l'effet inverse de celui escompté. Tout d'abord, elle se retourna vers lui et se redressa, pour le regarder en face. Une lueur de colère commença à grandir en elle, et il vit avec appréhension.

"Tu crois vraiment qu'un fille comme moi pourrait t'aider?" Dit-elle en fronçant les sourcils, sur un ton cassant. Puis, se calmant légèrement : "Regarde autour de toi et dit moi ce que tu en pense!"

Tout d'abord, Alistair dut se contenir pour ne pas montrer la colère qui commençait à bouillir en lui. Il avait comme une envie de la gifler, mais il s'abstint. Il avait encore besoin d'elle, et de sa confiance. Aussi, il se composa une mine pitoyable et marmonna doucement quelques mots d'excuses.

"J'avais besoin d'un guide, je ne me suis pas trompé... Désolé pour tout, c'est à cause de moi tout ça."

Il resta là, allongé sur le ventre, espérant qu'elle se calmerait et éviterait de mettre son for intérieur en rogne. Il savait qu'elle avait raison, mais cela ne l'empêchait pas de sentir de l'agacement à ce qu'elle le lui reproche. D'abord car il ne supportait aucune remontrance, et aussi car il se rendait compte qu'elle n'était pas si charmée qu'il n'en avait eu l'impression.

Miha regretta ce saut d'humeur, elle ne voulait pas vraiment dire ça, mais elle était un peu frustrée. Sa frustration s'estompa peu à peu et se transforma en malaise, les excuses d'Alistair y aidèrent beaucoup. Elle avait eu l'impression de le blesser et elle n'aimait pas faire de la peine aux gens. Elle baissa les yeux de honte, mais Alistair ne le vit pas vu qu'il s'était retourné sur le ventre. Elle se laissa retomber sur le dos sans douceur et fixa le plafond.

"Je... je suis désolée..." Balbutia-t-elle. "Je n'aurais pas dû..." Cette fois, elle avait prononcé ces mots avec une toute petite voix dans laquelle on pouvait lire de la tristesse. Elle se risqua à jeter un œil dans la direction du voleur pour voir s'il boudait toujours.

Alors que la jeune semi-elfe s'excuse, tandis qu'Alistair rumine toujours ses pensées, un cri perçant vient soudain déchirer le silence de la nuit.

Il meurt aussi vite qu'il est né, comme si la personne l'ayant poussé avait soudainement cesser d'exister, pour laisser place à un silence des plus macabre... Vous vous dévisagez en silence, ne sachant trop que faire, lorsque vous entendez des bruits de pas à l'étage en dessous de vous. La porte d'entrée ne semble pas avoir été forcée, et bien que l'escalier reliant les deux étages ne soit plus utilisable, vous ne vous sentez pas rassurés pour autant... Les bruits de pas s'arrêtent aussi soudainement qu'ils ont commencé, pour laisser à nouveau place au silence de la nuit.

Alors qu'elle se résignait à laisser tomber et dormir, un hurlement strident transperça la monotonie de la nuit. Miha ouvrit grand les yeux sur l'effet de surprise. Elle jeta un regard mal assuré vers Alistair, après quelques secondes, des bruits de pas font grincer le plancher d'en bas. Ceux-ci cessèrent aussi soudainement qu'ils étaient apparus. Dans un mouvement de panique silencieux, Miha se jeta au cou d'Alistair. Elle tremblait d'angoisse, elle craignait à nouveau que quelqu'un s'en prenne à eux.

"J'ai peur!" Murmura-t-elle le plus faiblement possible au cas où la personne inconnue soit toujours à l'étage du dessous.

Tout en serrant un peu plus fort le cou d'Alistair, Miha essayait de se rassurer en se disant qu'il n'y avait personne en bas ou un quelconque animal comme un gros chien. Bien sûr, elle ne le pensait pas, dans son imaginaire elle voyait un monstre assoiffé de sang et s'attendait d'un moment à l'autre à voir surgir par un des trous du plancher une patte munie de griffes tranchantes.

"Je... je suis désolé..." Balbutia la jeune semi-elfe. "Je n'aurais pas du..."

"Laisse, tu as raison, c'est entièrement ma faute." Répondit Alistair, fier d'avoir réussi à la faire culpabiliser.

C'est alors qu'ils entendirent tous deux un grand cri venant au dehors de leur logement improvisé. Le voleur regarda la jeune femme de manière éloquente : si ce bruit était bien le hurlement d'une personne, ils devraient s'en aller à l'instant pour éviter de s'attirer des ennuis de toutes sortes. C'est alors que des bruits de pas se firent entendre au rez-de-chaussée, suivit d'un bruit tout juste plus fort, avant de s'arrêter aussi rapidement.

Alistair esquissa un geste pour se redresser, mais Miha l'en empêcha en se jetant à son coup, morte de panique. Telle une fillette apeurée, elle lui murmura quelques mots à l'oreille, comme si elle souhaitait qu'il la rassure.

"J'ai peur!"

Elle parlait à voix basse, peu désireuse de se faire entendre par la personne qui se trouvait à l'étage en dessous. Alistair l'attrapa alors par les hanches, un peu trop bas qu'il n'aurait fallu, mais sans que cela soit flagrant, et repoussa délicatement la semi-elfe. Au passage, il glissa accidentellement l'une d'elle sur ses fesses, mais ne préféra pas s'appesantir dessus, peu désireux de la voir le lui reprocher par la suite. Se retirant de l'étreinte de la semi-elfe, il se releva subrepticement, enfila ses vêtements en hâte et ceignit sa dague à sa ceinture, avant de s'aventurer vers les escaliers. Ceux-ci étaient véritablement cassés, mais il ne lui serait pas impossible de descendre.

"Si tu veux m'accompagner ne fais pas un bruit." Murmura-t-il à Miha en se tournant vers elle.

Puis, refaisant face à l'obscurité des marches défoncées, il prit son inspiration, pas tellement rassuré que ça non plus. Il posa une main sur la rampe et évalua la solidité. Celle-ci tiendrait bien sous son poids, et elle le porterait à mi-chemin sans grincer. Aussi, il se laissa glisser sur la moitié du trajet, s'arrêtant quelques mètres avant l'endroit où elle s'était rompue. Il se laissa tomber sur le côté, s'accrochant aux marches cassées avec ses mains, puis chuta au sol dans un bruit sourd.

Devant lui, un homme se trouvait de dos, les rayons lunaires éclairant son corps ensanglanté. Cependant, ce n'était pas le sien que l'on pouvait apercevoir sur ses vêtements, mais ceux de l'elfe blanche allongée près de lui, baignant dans le luiquide sombre et évocateur quant à sa santé.