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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Lun 30 Aoû 2010 01:32 
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Thomajan avait réalisé le trajet d’une traite, accompagnant la caravane de vins et de bêtes vers Tulorim. Le temps n’était pas aux escales, il ne s’agissait pas d’un voyage de plaisance, au contraire ; si le jeune homme n’avait aucune affaire l’attendant à la capitale du comté, il n’en allait pas de même pour son père qui devait honorer les commandes de ses clients. Tous payaient bien, et avaient les moyens de payer, mais cherchaient toujours à verser une somme plus réduite que ce qui était convenu ; pour ce faire, il était bon de s’appuyer sur n’importe quel prétexte : retard de livraison, bête à l’air malade, fruits gâtés, laine sale… Aussi la bonne marche des affaires de Nydeil Beadan reposait-elle sur une base solide : se tenir à ce qui était convenu, et ne jamais laisser à ses clients un motif d’insatisfaction. L’arc en main, les flèches battant dans leur carquois non loin de sa cuisse, à portée de bras, le fils de Wiehl inspectait le chemin qui s’ouvrait devant lui, comme il l’avait fait depuis le domaine paternel ; les routes n’offraient pas une sécurité suffisante pour qu’un convoi de denrées alimentaires puisse être acheminé sans une escorte à même de dissuader une partie des bandits de grand chemin, et à repousser l’autre, plus intrépide. Le chef de convoi ne crachait jamais sur un bon archer, et voyait toujours d’un bon œil la compagnie d’un des fils de son maître, qui avaient déjà tous au moins connu une escarmouche ; au-delà de leurs talents de combattants, communs à de nombreux Wiehls, c’était leur présence qui comptait, car les hommes se sentaient honorés que les fils de Nydeil Beadan se mêlent à eux et partagent les dangers de leur métier, aussi donnaient-ils le meilleur d’eux même.

Une fois entré à Tulorim, la caravane s’était divisée suivant les ressources convoyées : les fruits, les légumes, la laine et le cuir allèrent au marché, toujours sous bonne garde, où les clients pourraient venir chercher leur commande, les jeunes bœufs furent conduits jusqu’aux abattoirs, les trois chevaux aux écuries. Gardes et convoyeurs suivirent la marchandise, si bien que Thomajan se retrouva seul avec sa monture, ses armes et ses bagages.

(Eh bien, me voilà seul, sale et fatigué. Il ne me reste plus qu’à me rendre chez oncle Addruc pour lui remettre les messages de mon père. Si par malheur il est occupé, tante Sceyla risque de me mettre le grappin dessus, et m’empêchera de le voir avant d’être propre, parfumé et rasé. Bien qu’elle soit parfois envahissante, surtout lorsqu’il s’agit de me présenter aux filles de ses amies, je ne vais pas refuser ce soir de me plier à ses quatre volontés.)

Thomajan sourit en se remémorant les lamentations de sa tante au sujet des voyages : « après chaque bain, vous déposez tant de poussière dans le bac que je pourrais y faire pousser des orangers ! » se s’exclamait-elle lorsqu’elle hébergeait ses neveux. Il ne fallait pas voir là l’expression de son mécontentement, mais au contraire de l’amour qu’elle leur portait : elle se désolait de les voir arriver dans un si piètre état, et les plaignait de tout son cœur, s’imaginant les mille tourments qu’ils subissaient à chaque expédition, tourments qui ne dépassaient pas les frontières bien closes de son esprit, sinon dans le flot de parole dont elle accablait tout nouvel arrivant.

Perdu dans ses pensées, il ne prêtait guère attention aux maisons entre lesquelles il passait, dont le groupement constituait le quartier bourgeois où résidait son oncle Addruc. Si les demeures se distinguaient de celles des bas quartiers par leur taille, et leur aspect soigné, elles ne présentaient pas entre elles de différences notoires. Blanches, des murs épais destinés à conserver la fraîcheur et barrer le passage à la chaleur accablante, des fenêtres en nombre suffisant pour offrir de la luminosité dans les pièces et permettre l’aération, mais trop peu nombreuses pour que les rayons du soleil transforment les résidences en four pour leurs habitants. L’après-midi ne touchait pas encore à sa fin, aussi n’avait-t-il croisé que quelques serviteurs, un ou deux bourgeois pressés, peu disposés à supporter les chaleurs de l’été, ainsi qu’une patrouille veillant à ce qu’aucun mendiant ne vienne importuner les fortunés de la ville. Ayant connu la fraîcheur des montagnes, Thomajan savourait le vent du large qui lui apportait un certain réconfort ; le quartier des bourgeois, situé sur la côte, bénéficiait le premier de cette bénédiction du large, qui portait un parfum de sel et de mer que seul un habitant des terres intérieures était à même d’apprécier à sa juste valeur, tant les Tuloriens y étaient habitués. Cet air maritime paraissait également au service de la couche la plus aisée de la population : le souffle chassait en permanence tous les relents fétides des latrines et les odeurs vers le sud, épargnant ainsi aux nez délicats les remugles des ruelles les moins bien entretenues, les émanations des écuries, les effluves de cuisine et tout ce qui pouvait constituer l’empreinte olfactive d’une cité.

Guidé par l’habitude, Thomajan n’hésita pas un instant avant de s’engager sous le porche d’une demeure cossue, sans lâcher la bride de son cheval, soulever le lourd heurtoir de fer, un anneau de métal pris entre les mâchoires d’une tête de carnassier aquatique, et le laisser retomber par trois fois. Un des serviteurs vint tirer un petit panneau de bois, révélant une grille ouvragée, présentant non pas un quadrillage impersonnel, mais un entrelacs de petites fleurs à cinq pétales des montagnes – fantaisie de sa tante, comme le poisson était celle de son oncle. Le valet, Thomajan le constata au visage poupon inconnu découpé par les courbes de fer, devait être nouvellement employé dans la maison, aussi ne reconnut-il pas le neveu du maître, et pria donc le voyageur de bien vouloir patienter, le temps qu’il prenne conseil auprès d’un membre du personnel plus ancien. Cela fut fait en si peu de temps que le jeune provincial n’eut pas l’impression d’attendre véritablement, et il n’adressa pas le moindre reproche au garçon, qui loin d’avoir été incompétent, s’était montré d’une prudence exemplaire, nécessaire à une vie tranquille dans une cité où la loi et l’ordre sont des mots, mais pas encore des principes chevillés au corps de certains des habitants. Le vieux serviteur qui prit le relais connaissait Thomajan Beadan depuis l’enfance, et si la relation entre les deux hommes ne pourrait probablement jamais s’affranchir des contraintes de leurs âges et de leurs situations fort éloignées, elle était aussi cordiale qu’ils pouvaient se le permettre sans se gêner mutuellement.

"Eh bien Théobald, qu’est-il arrivé à votre belle livrée bleu-marine ? Vous portez maintenant un vert qui me semble bien plus printanier que les goûts de mon oncle !"

"Oh monsieur, je l’aimais cette livrée, j’ai porté toute ma vie ces couleurs, et mon père les portait lorsque votre grand-père tenait la maison. Mais madame votre tante nous a annoncé qu’elle ne tenait pas à vieillir au milieu de serviteurs qui prenaient dans l’ombre des airs de fossoyeurs, alors elle nous a fait refaire à tous de nouvelles tenues, plus adaptées à ses goûts."

"De fossoyeurs !" s’exclama Thomajan avec un éclat de rire, tandis que son interlocuteur, sans doute blessé dans sa fierté que sa maîtresse le voit comme tel, conserva une mine triste, aidant le visiteur à retirer son manteau, avant de le brosser et de le pendre dans les vestiaires du hall. "Je reconnais bien là les envolées de ma tante. Enfin, il faut admettre que cette couleur vous rajeunit un peu, et vous met plus en valeur que l’ancienne."

"Certes monsieur, elle présente cet avantage. Souhaitez-vous que je fasse prévenir votre oncle que vous êtes arrivé ?"

"S’il n’est pas à la maison, ce n’est pas la peine, il a été mis au courant de mon arrivée, aussi ne s’étonnera-t-il pas de me trouver ici à son retour."

"Thomajan ! Mon petit ! Que tu as triste mine ! Encore ces voyages éprouvants… Théobald, veuillez porter ses affaires jusqu’à sa chambre habituelle, et faites préparer un bain d’eau tiède, des serviettes, et un nécessaire de toilette."

"Oui madame."

Tandis que le serviteur s’éloignait docilement avec les bagages – un sac à dos de cuir, deux couvertures roulées et maintenues par deux cordons – la tante détailla son neveu avec un œil critique, chargé de bonnes intentions, comme le savaient tous ses proches, qui pouvait décontenancer dans un premier temps tous les nouveaux venus. Elle portait une robe légère rose pâle, très appropriée sous un climat si chaud, qui mettait en valeur un physique qu’elle entretenait avec soin, refusant de laisser le temps prendre une emprise trop importante sur elle. Ce qui avait séduit l’oncle de Thomajan était un visage fin, à l’image du reste du corps, une douceur réservée qu’elle dissimulait sous un flot de paroles et de reproches concernant tout ce qui ne sauterait jamais aux yeux d’un autre qu’elle. Ses sandales ne faisaient qu’un bruit léger sur les dalles fraiches du couloir lorsqu’elle mena son neveu jusqu’à la pièce où elle avait coutume de recevoir ses invités les plus proches.

Une ouverture se découpait dans le plafond, close à cette heure par des volets à persiennes qui laissaient filtrer des rayons de lumière où dansaient les inévitables volutes de poussière auxquelles la maîtresse de maison ne cessait de faire la guerre, sans grand succès ; cela l’occupait, et maintenait son personnel dans un état de constante vigilance : gare à qui ne vaquait pas à ses tâches avec suffisamment de zèle et d’efficacité ! Malgré son hostilité envers tout ce qui pouvait troubler son intérieur bien tenu, elle ne fit aucune remarque sur la tenue de son neveu qui avait connu les rigueurs du voyage, les routes couvertes de terre desséchée, si fine qu’à chaque pas les hommes et les animaux en soulevaient de petits nuages, qui immanquablement se déposait sur les pelages, les vêtements, les cheveux, les peaux. Rien ne venait troubler la tranquillité de l’espace, il n’y avait ni tenture, ni plante qu’un courant d’air pouvait faire bruisser, tout juste un bassin où évoluaient divers poissons d’eau douce, mais leurs rondes incessantes ne produisaient pas le moindre son perceptible par l’oreille humaine. Le dépouillement de cette pièce contrastait avec le caractère actif et sans cesse changeant de la femme qui l’avait faite aménager, et loin d’être une excentricité, c’était une facette de sa personnalité qu’elle ne dévoilait que par ce biais. Pour seul ameublement, la pièce comptait deux fauteuils et une table basse, garnie en prévision de l’hôte attendu : un plateau de gâteaux divers et fruits secs, une coupe de fruits savamment empilés, une carafe d’eau fraîche, deux verres de métal, cinq petites fioles contenant autant de sirops pour parfumer l’eau. Sceyla Beadan invita Thomajan à s’asseoir et à se servir ; le jeune homme s’empressa d’obéir tandis que son hôte prenait place à son tour, conscient que toute politesse mal placée n’attirerait que des regards courroucés ; de plus, il avait le ventre vide, et refuser de croquer dans ces pêches juteuses, ou de grignoter quelques-uns des merveilleux biscuits qui lui étaient servis relevait du sacrilège.

"Tu n’as quand même pas fait le trajet à pied mon garçon ! A te voir, j’en ai bien l’impression."

"Non ma tante, ne vous inquiétez pas, un de vos serviteurs s’est chargé de mon cheval à mon arrivée ici. J’ai chevauché tout au long du chemin."

"Bien, bien… Et comment va votre famille ? Je n’ai pas eu le plaisir de venir vous voir lors du dernier voyage de ton oncle ; que veux-tu, il faut que quelqu’un tienne la maison !"

"Tout le monde va bien ma tante, ma mère et mon père vous transmettent leurs plus chaleureuses salutations, et me chargent de vous rappeler que vous êtes la bienvenue, aussi n’hésitez pas à leur rendre visite quand bon vous plaira. Mon frère travaille dur pour être à la hauteur de mon père dans la gestion du domaine, et apprend tout ce qu’il doit savoir pour faire évoluer le patrimoine familial lorsqu’il l’aura entre ses mains. Ma sœur n’a encore laissé son cœur à personne. Pour ce qui est de Grarec, j’espérais justement prendre de ses nouvelles durant mon séjour, qui sera court, je le crains."

"Eh bien, eh bien… Vous devez tous avoir une petite vie bien occupée. La mienne et celle de ton oncle sont sans doute plus calmes, malgré tous les petits inconvénients que présente la ville. Mais tu ne resteras pas longtemps dis-tu ? Combien de temps exactement ?"

"Je suppose que tout le travail confié par mon père à nos gens sera terminé demain dans la journée, et comme il est question de prendre la route à l’aube pour tenter d’arriver avant la nuit, puisque nous pourrons aller à un train plus rapide que celui d’une caravane chargée… Il me faudra donc vous quitter après-demain, probablement avant que toute votre maison ne soit éveillée."

"Soit, soit." Elle s’accorda un soupir triste, comme si la perspective de se lever un matin pour constater que l’invité avec qui elle conversait le soir précédent s’était envolé sans un bruit l’attristait. Pourtant, elle s’était habituée à des départs si matinaux, alors que tous dorment encore : ses neveux et son mari procédaient toujours ainsi pour gagner le domaine de Nydeil Beadan, car un convoi délesté de toutes ses marchandises pouvait espérer gagner le petit village à la tombée de la nuit. "Ainsi tu restes jusqu’à après demain… Je n’aurai pas le temps d’inviter quelques amis ce soir, et je suppose que tu te coucheras avec le soleil demain. Tant pis, ce sera pour une autre fois… J’avais pourtant pensé à une jeune fille absolument charmante et…"

"Ma tante, je vous remercie de penser à moi, mais n’ayez crainte, il se peut que je m’établisse comme Grarec à Tulorim."

"Ah ? Te serais-tu décider à embrasser une carrière ? Et quel domaine a retenu ton intérêt ?"

"Je comptais intégrer la Milice."

"La Milice ! Je suppose que si cela te plaît, je ne saurais te dissuader. En parlant de la Milice…"

Thomajan se laissa bercer par les récits de sa tante, toujours friande de potins, au point qu’elle demandait à ses suivantes de lui faire des comptes-rendus sur ce qu’elles apprenaient par leurs semblables d’autres maisons. C’était sa manière à elle de se constituer un monde fascinant dans cette ville qu’elle trouvait toujours trop petite ; plusieurs fois son mari lui avait proposé de s’installer ailleurs, pour y développer de nouvelles affaires, mais elle avait toujours refusé : cette ville était trop petite, mais il s’agissait de sa ville, et elle n’était pas disposée à la quitter si rien ne l’y contraignait. Théobald revint deux heures plus tard, signalant sa présence lors d’une pause de la tante Sceyla par un léger toussotement, pour annoncer que la chambre de Thomajan était prête, et surtout pour s’enquérir de l’heure à laquelle le dîner devait être servi. La maîtresse de maison prit conscience qu’en s’adonnant à la transmission de tout son savoir si durement acquis sur les affaires ayant eut de près ou de loin un rapport avec la Milice à Tulorim, elle avait laissé sa demeure évoluer sans aucun contrôle, demeure qui pouvait aussi bien avoir pris une direction fâcheuse. Tout son personnel s’était conformé aux consignes qu’elle leur répétait jour après jour, aussi tout était parfaitement en ordre, mais par acquis de conscience, elle se décida à tout vérifier. Thomajan s’amusa de voir cette femme passer en un instant du rôle de tante attentionnée à celui de dragon dominant son antre, prête à réduire en cendre du regard quiconque ayant le malheur de perturber le monde qu’elle s’acharnait à bâtir et maintenir.
Le fils de Wiehl se glissa lentement dans l’eau du bain, soupirant d’aise en la sentant à une température qui par cette saison ne pouvait-être qu’agréable.

(Décidément, ce Théobald est une perle. Depuis que je viens ici, jamais je n’ai eu à me plaindre de la température du bain. Je n’ai jamais eu à me plaindre de quoi que ce soit d’ailleurs. Toujours un accueil formidable, de bonnes choses à manger, des distractions tombant à point nommé… Il faut admettre que même l’obstination de ma tante à me trouver une fiancée est payante, puisque j’y gagne de belles rencontres avec des créatures qui, ma foi, ne sont pas désagréable à regarder. Qui sait, je trouverais peut-être celle qui saura toucher mon cœur une fois installé à Tulorim. C’est là que mon frère a trouvé son bonheur, ainsi que mon père, mon oncle… Pourquoi pas moi.)

Et il se perdit dans ses pensées, se frottant distraitement afin de triompher de la crasse qu’il avait eu le temps d’accumuler durant le voyage. Rien n’avait changé dans la pièce, certes petite, mais confortable et chargée de souvenir. Le lit, trop grand dans ses premières années, avait enfin la bonne taille, quoi qu’il n’eut pas été changé ; les tentures représentant des scènes de chasse ne lui faisaient plus peur dans le noir, au contraire, il passait de longues minutes à les admirer avant de moucher sa bougie, fasciné par le savoir-faire des brodeuses qui avaient rendu la tension du moment avec un talent rare ; le coffre au pied du lit contenait toujours des figurines de bois, abandonnées depuis quelques années déjà pour d’autres loisirs : il était maintenant fait à l’image des soldats avec lesquels il s’amusait plus jeune, et peut-être allait-il faire de cet ancien jeu un métier. Sorti du bain, il se frictionna énergiquement avec une serviette déposée à sa disposition sur un tabouret, non loin du baquet ; sous la petite fenêtre, garnie d’épais barreaux de fer pour prévenir toute effraction, une petite table avait été disposée, on y avait placé une bassine d’eau qui avait refroidi pour devenir non plus bouillante mais chaude, un rasoir. Contrôlant le tranchant de la lame en y laissant glisser le gras de son pouce, il l’estima assez affutée pour se débarrasser du poil clairsemé qui lui couvrait les joues, la gorge et le menton, ce qu’il fit avec diligence, sans pour autant réussir à éviter les inévitables coupures, à mettre sur le compte du doigté douteux de l’inexpérience. Aussi n’apprécia-t-il que plus le baume apaisant et cicatrisant qui achevait de compléter le nécessaire de rasage. Louant la prévoyance de Théobald, il se l’appliqua avec un vif soulagement, puis lava dans l’eau moins claire du bain ses mains que le produit avait rendu grasses ; une fois parfaitement sec, il tira de son sac des vêtements appropriés à la vie en ville : un pantalon en coton bleu-nuit, une chemise de lin blanche, des bottes de cuir sombre plus basses que celle qu’il portait communément lors de ses voyages, et un veston léger assorti au pantalon, brodé de discrètes arabesques d’un bleu plus clair, qui rendaient la tenue moins austère. Il laissa de côté la longue dague qu’il destinait à l’accompagner lors de ses excursions en ville, estimant qu’il ne risquait rien dans la maison de son oncle, et enfin rejoignit la salle-à-manger après une brève séance de méditation, lorsque retentit la cloche annonçant le dîner.

Il n’y avait pas d’invité, aussi le repas eut-il lieu en famille. L’oncle de Thomajan était un homme grand, à la peau claire, les yeux d’un bleu profond, qu’avait frappé d’une calvitie précoce : plutôt que de voir ses cheveux disparaître peu à peu, et grisonner par la même occasion, il avait pris le parti de damer le pion au temps et de les raser complètement. Quant à sa forme, elle ne pouvait être meilleure : plutôt que de se laisser aller à son statut de marchand, il conservait une allure de guerrier en se livrant régulièrement à des exercices avec les jeunes en formation, son moyen à lui de ne pas s’empâter. Moins puissant que dans sa jeunesse, sa musculature et son expérience faisaient tout de même de lui un combattant honorable ; sa joie de vivre et sa bonne humeur n’ayant pas été entamées par le cours des années, il faisait également un hôte de valeur. Sa table était toujours garnie de mets raffinés, et sa cave des meilleurs vins de la région et d’ailleurs.

"Alors comme ça, tu veux t’engager dans la Milice, mon garçon. Pourquoi pas, tu peux y faire tes armes, et il sera toujours temps de faire demi-tour si tu t’aperçois que cela ne répond pas à tes attentes. Tu sais qu’il y aura toujours une place pour toi sur les navires que j’affrète, si tu souhaites vivre des aventures et voir du pays…"

"Merci beaucoup mon oncle, mais je ne crois pas avoir le pied marin… Vous vous souvenez de ma précédente expérience maritime je suppose ?"

"Oh que oui." L’homme partit dans un éclat de rire à ce seul souvenir, que sa femme partagea sous la forme d’un sourire poli ; son neveu se contenta de ne pas paraître trop gêné. "Désolé, je ne voulais pas me moquer de toi, mais tu étais vraiment drôle, à vouloir rester debout et garder ton repas dans ton estomac malgré le mal de mer qui te tiraillait. J’avais l’impression que tu allais exploser à tout moment ! Et ce n’était qu’une petite croisière sur la côte. Ah ! Mon garçon, ton discernement t’honore. Tu feras un meilleur archer que marin, à ne pas en douter. Alors, que prévois-tu de faire de ton court séjour parmi nous ? Je doute qu’éplucher des comptes avec moi soit une activité pour un jeune homme comme toi, pas plus que de rendre visite aux dames du quartier pour prendre le thé." Il coula un regard vers sa femme. "Même si certaines ont des filles absolument charmantes."

"Mon oncle, il me faudra d’abord rendre visite à mon frère, et lui remettre des messages de toute la famille, et quelques présents. Ensuite, je devrai aller récupérer le cadeau que m’a fait mon père, vous savez, l’arc."

"Oui oui, je me souviens, nous sommes allés ensemble prendre les mesures. Et à part cela ?"

"Aller à la milice, au marché pour faire quelques achats, et sur les recommandations de mon père me rendre pour la famille aux temples de Yuimen et Gaïa. Je compte rendre visite à mon frère en priorité, puis chercher l’arc, mais pour le reste…"

"Il est toujours bon de s’attirer les faveurs des dieux, gagne leur domaine en premier lieu. Après, va au marché, tu déposeras tes achats à la maison sur le chemin du retour, et tu te rendras à la Milice en dernier lieu ; tu ne sais pas combien de temps cela te prendra. Libre à toi de voir comment tu comptes t’y prendre, mais ce programme me semble le plus adapté à ton séjour restreint."

"Et je me fierai à vos conseils mon oncle, jusque là, je n’ai jamais eu à me désoler d’avoir suivi vos recommandations, il n’y a aucune raison pour que cela commence demain."

"Cela fait longtemps que je ne t’ai pas vu tirer à l’arc, mais en tout cas, tu parles bien pour un gamin qui a passé plus de temps à la campagne qu’à Tulorim. Allons, goûte moi ce vin, il est aussi vieux que toi. Ne me regarde pas avec ces yeux là Sceyla ! A son âge, il peut bien boire quelques verres !"

Grisé par le vin autant que par la fatigue, le ventre plein et la bouche encore piquetée des saveurs d’épice des gâteaux et de la douceur entêtante de la liqueur, Thomajan se déshabilla avec hâte, et se laissa tomber sur son lit, s’endormant presque aussitôt. Il n’avait pas remarqué que ses vêtements avaient été emportés, ainsi que le baquet et le nécessaire de rasage ; il oublia de fermer les volets qui cachaient la pièce aux regards indiscrets.

_________________


Dernière édition par Thomajan le Lun 18 Oct 2010 12:43, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Ven 3 Sep 2010 00:20 
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Matthwew était chez lui, sa maison était commune aux autres habitations des ruelles aux aspect de labyrinthe. Dans le coin nord est, il y avait un lit fraichement refait et dans le coin nord est, il y avait également un lit, mais il y avait encore quelqu'un qui dormait à l'intérieur, confortablement installé c'était une vieille femme au visage serein, rêvant de son fils. Au sud il y avait une cheminée pour se chauffer et en face de la cheminée, une table en chêne et deux chaises créés à partir du même bois. Le jeune homme aux cheveux rouge écrivait sur un bout papier, destiné à sa mère, sa tendre mère qui l'a élevé deux fois suite à son amnésie. Il était prêt à partir à l'aventure, mais il n'était pas prêt à dire adieu à sa génitrice.

Mère,

Je n'ai pas eu le courage de te dire au revoir, je suis désolé.

Je pars à l'aventure avec mon épée et mon bâton, je ne pars pas seul, mais avec le souvenir que j'ai de toi, dans ma tête et dans mon coeur.

Je t'aime

Matthwew



Il aurait préféré écrire une lettre, mais le temps lui manquait, le soleil allait bientôt se lever et sa mère avait l'habitude de se réveiller à la première lueur de l'astre solaire. Il franchissait la porte de sa maison, en regardant pendant une minute à l'intérieur, comme pour dire adieu à la maison qui l'avait vu grandir.

Il était habillé d'une d'un haut rouge foncé en lin et d'un pantalon rouge clair fait de la même matière, ses chaussures était en cuir noir, il avait également une ceinture de la même couleur à sa taille et un bandeau bleu lui tenait les cheveux. Il tenait son bâton à la main et son épée était accrochée à sa ceinture. Avant de partir, il prit soin de prendre son sac dans lequel il y avait une importante trousse de secours.

Il envoyait un baiser un sa mère et fermait la porte délicatement derrière lui.


==========> Suite les ruelles

_________________
Matthwew - Mage - Humain


Dernière édition par Matthwew le Dim 5 Sep 2010 21:57, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Ven 3 Sep 2010 16:38 
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Le jeune mage aux cheveux rouge arrivait à l'adresse indiquée par la jeune fille. Il vérifiait deux fois l'adresse avant de frapper. Il se demandait à qui il allait avoir à faire dans cette maison similaire à la sienne. La porte s'ouvrait après une bonne minute d'attente, un homme l'avait ouvert, c'est un grand barbu, dénué de cheveux et de sourcils, il avait l'air de quelqu'un sortant tout droit d'un asile psychiatrique, il était grand, mais pas très costaux.

"Ho bonjour facteur, entrez, entrez" L'homme étrange le prenait pour un livreur de courrier, le mage eut un moment d'hésitation".


"Mais je ne suis pas le,..."

"Je vous en prie, j'ai préparé du thé".

L'homme lui coupait la parole et le laissait entrer. La pièce était un vrai fouillis, il y avait une tonne de livres au sol, des alambics, des mortiers pilon et d'autres choses étrange que Matthwew n'avait jamais vu avant ou avait entendu parler.

"Monsieur Tziend c'est cela? Vous êtes écrivain?"

"Mais enfin vous le savez mon bon facteur".

"Vous vous trompez de personne".

L'homme paraissait effrayer et chercher à l'aveuglette quelque chose sur sa table. Il sortait un couteau rouillé qui était certainement plus vieux que lui.

"Qui êtes-vous? Que voulez-vous?

"Du calme, je ne vous veux aucun mal, j'aimerais consulter l'un de vos livres"

"Hein? Jamais tu ne consulteras mon livre, tu veux le voler hein?"

"Mais non enfin"

"Mais si"

Matthwew paraissait agacé par la folie du vieil homme.

"Ecoutez-moi, j'ai été agressé il y a cinq ans dans une ruelle, depuis j'ai perdu la mémoire et je pensais que retrouver mon agresseur me permettrai de retrouver mes souvenirs".

L'homme était anxieux, il dévisageait le mage, il le regardait de haut en bas et de bas en haut. Il finissait par lâcher son couteau et chercher une feuille de papier.

"Jeune homme, vous devez me prouver votre valeur en me rapportant une liste d'ingrédient très dangereux à rapporter, je vous fais confiance, maintenant partez".

Il poussait Matthwew à la porte et la fermait à clé. Quel homme étrange, il avait donné une liste de choses à allez chercher. Le mage était vraiment agacé. Il regardait la liste, énervé.


Quatre tibias de squelette
Vingt-trois épine noire de hérisson gris
Cinq feuilles de Selav


(Bon on va s'attaquer à la Selav, puis les hérissons et enfin les squelettes).

Il partait en direction des alentours de Tulorim, plus précisément la garrigue.

==========> Les alentours de Tulorim

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Matthwew - Mage - Humain


Dernière édition par Matthwew le Mer 8 Sep 2010 12:56, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Dim 5 Sep 2010 03:01 
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Localisation: Kendra-Kâr
Nous étions arrivés à l’une des choses qu’Isaak m’avait promises. Sa demeure était située dans un quartier plus ou moins respectable de la ville. L’intérieur me laissa perplexe. Contrairement à son aspect extérieur qui laissait à désirer, l’intérieur était en bonne état. La propreté n’était pas une tâche accomplie religieusement, mais était vivable. Il me fit rapidement visiter les lieux avant de disparaitre sans prévenir, me laissant seule dans le salon. J’observai la composition de la pièce. Un divan devant une table basse et un fauteuil faisait face à un foyer, ce devait être agréable de passer des soirées assises là près d’un bon feu. Au mur, il trônait quelque portraits, en les examinant de plus près, je leurs trouvai des ressemblances avec mon hôte. C’était sans doute des membres de sa famille. Je m’apprêtais à aller explorer la maison en douce, lors de ma visite guidé, on avaient passé devant plusieurs portes sans les ouvrirent. Je me demandais ce qu’elle pouvait bien contenir. Je me demandais aussi où j’allais dormir et où Isaak allait faire de même, je n’avais pas vu de chambre non plus. Peut-être que ces porte qui étaient des chambres, ou une en était et j’allais dormir sur le canapé. Je sursautai quand on s’adressa à moi. C’était mon hôte, il était réapparut derrière moi sans prévenir et sans aucun bruit, me tirant de mes réflexions.

« Je t’ai fait peur? » Me demanda-t-il avec un sourire d’une ambiguïté à se demander s’il en était fier ou simplement bouleversé.

Bien sûr qu’il m’avait fait peur! Il arrivait comme ça derrière moi sans avertir alors que c’était silencieux et que je pensais.

« Vous? Me faire peur, bien sûr que non. J’ai simplement été surprise par votre approche et … » J’essayais de m’en sortir du mieux que je le pouvais, mais il ne me laissa pas terminer, mon ébauche d’excuse.

« Pardonne moi de t’avoir laissé seule, je préparais une chambre pour qu’elle puisse t’accueillir convenablement. »

Sur ce, il me conduisit à ma chambre. Comme je l’avais supposée, c’était une de ces mystérieuses portes que j’avais vu plus tôt. Il me fit entrer en me disant que c’était là que j’allais dormir. Puis il me souhaita une bonne nuit et repartit. Je l’entendis entrer dans une des portes d’à côté. Ce devait être sa chambre à lui. J’entrai dans mes appartements et refermai la porte sur mes pas. En effectuant un tour sur moi-même, j’observai le décor quelque peu lugubre, mais élégant. Les tissus du lit, des rideaux et du tapis étaient dans les tons de rouge, ressortant avec les meubles ébène. Un chandelier à l’unique bougie à la cire rougeâtre posée sur une coiffeuse tout aussi obscure que les autres meubles, baignait la pièce d’une lueur suave. J’ouvris la commode, l’odeur m’indiqua qu’elle n’avait pas été ouverte depuis longtemps, mais un unique vêtement y était suspendu. C’était une robe de nuit blanche, je me demandais à qui elle appartenait, elle n’était certainement pas à Isaak. Je doutais qu’il porte des vêtements de femmes pendant ses temps libres. Elle devait autrefois appartenir à un membre de sa famille. Il ne m’en voudrait pas si je l’empruntais, sinon, il ne l’aurait pas laissez à ma disposition. J’enfilai donc cette tenue de nuit, me dénudant de ma robe noire. Je m’observai dans la glace, cette tenue était vieille et porter du blanc était différent. Pour dormir ce serait parfait. J’éteignis donc la bougie d’un souffle et allai m’étendre dans le lit. Mes idées se brouillèrent et je tombai endormie.

J’ouvris soudainement les yeux, mon cœur battait fort dans ma poitrine. Un bruit m’avait réveillé brusquement. Je me hissai hors du lit, sur la pointe de mes pieds nus j’allai jusqu’à la porte et tendis l’oreille, mais rien ne se laissait entendre de l’autre côté. Je sortis dans le couloir sans faire de bruit, le sol froid sous mes était un contacte désagréable. Je ne distinguais presque rien tant il faisait noir, j’aurais dû prendre cette chandelle, au moins j’y aurais vu quelque chose. J’avançai à pas lent, mal assuré et guidé par mes sens. Juste quand je commençais à me dire qu’il n’y avait personne et que c’était mon imagination qui me jouait des tours, je vis une ombre passé si vite qu’elle disparut avant que je puisse déterminer de quoi il s’agissait. Je me retournai brusquement en direction d’où elle était passée. Rien. Il n’y avait rien, je commençais à paniquer, les bruits et les ombres ne sont que rarement le fruit de l’imagination. Ma respiration se saccadait, je cherchais cette silhouette sans la voir. Je tressautai, un coup de vent venait de passé derrière moi. Je me retournai aussitôt, il n’y avait toujours rien. Quesque c’était? J’allais retourner à ma chambre et me cacher sous les draps, mais une lame m’en empêcha, me stoppant net.

« Mais que vois-je là, une intruse. » Dit-il d’une voix calme ou l’on pouvait discerner de la colère.

C’était un shaakt qui tenait la lame, il n’avait pas l’air d’être de très bonne humeur.

« En plus, elle porte ce qui était à ma sœur. » Il me jeta un regard mauvais et son ton colérique s’accentua. « Qui t’as permise d’entrer, tu es venue nous voler c’est ça! Je vais t’apprendre à prendre les affaires de ma sœur!»

Il me saisit par le bras. J’en avais marre de me faire prendre ainsi, je résistai à sa force, mais pas pour bien longtemps.

« Lâchez-moi! Je n’ai rien fais, je n’ai rien volée! Lâchez-moi! » Je criais pour qu’il me laisse tranquille.

« Alors, tu es la nouvelle putain d’Isaak? » Il murmura presque cette phrase, de peur de se faire entendre.

Je le regardais comme si il venait de dire quelque chose de tout à fait impossible. Cependant, les paroles d’Isaak me revinrent en tête. Je ne savais toujours pas dans quoi je m’étais embarquée en acceptant.

« Vous êtes fou! Laissez-moi! Laissez-moi je vous dis!»

« Luen! Laisse-la ! »

C’était Isaak, alerté par mes cries, il était sorti de sa chambre pour voler à mon secours. L’elfe noir lâcha ma main et rangea sa dague, mécontent. Je me jetais presque dans ses bras, mais je retins cette envie en m’agrippa seulement au bras de mon sauveur. Le shaakt quand à lui, avait la main sur la garde de son arme et me regardait avec le même air mauvais qu’auparavant.

« C’est vous qui l’avez amené, ce n’est pas une intruse? » Demanda-t-il. Sa voix était beaucoup moins agressive quand il s’adressait à Isaak. Je sentais qu’il voulait ajouter quelque chose sur le fait que je sois peut-être sa favorite, mais il n’en fit rien.

« Oui, c’est moi. Je ne veux plus que ça se reproduise c’est clair? Tu ne voudrais pas tuer Miha, ta coéquipière? » Il était autoritaire face au shaakt et celui-ci semblait le respecter. Mais sa dernière phrase s’avéra ne pas lui plaire.

« Quoi! Vous osez remplacer ma sœur par elle! » Sa colère se réanima et il serra les poings.

« Oh oui que j’ose, tu n’as pas à discuter c’est un ordre! » La voix d’Isaak était forte, mais il reprit calmement. « Tu sais bien qu’elle n’est plus des nôtre, tu vas devoir t’y faire. »

Ces mots semblèrent apaiser l’elfe noir en colère et ses poings se décrispèrent lentement.

« Vous avez raison, comme toujours. J’ai du mal à accepter qu’elle soit partie. Je… je vais aller me reposer. » Avant de quitter le couloir pour aller à sa chambre, il me lança un dernier regard noir de ses yeux violets. Visiblement, il ne m’appréciait pas. Être sa coéquipière ne présageait rien de bon. D’ailleurs, j’étais en équipe avec lui pourquoi?

« Tu devrais en faire de même. » Dit Isaak en se dégageant de moi.

J’acquiesçai et me dirigeai à ma chambre, et Isaak s’engagea à ma suite. Sans doute voulait-il me faire part de quelque chose. Il me fit signe de m’assoir sur le lit avant de rallumer la bougie. Je m’assis et il vient se poser à côté de moi à une distance respectable. Il se racla la gorge avant de prendre la parole.

« Ne t’inquiète pas pour Luen » Commença-t-il. « Il a du mal à se faire à l’idée que sa sœur soit morte. Au fond c’est un gentil garçon. Quoi qu’il ait pu dire, je suis certain qu’il ne le pensait pas. » Il était désolé de l’attitude du shaakt envers moi et essayait de l’excuser.

Ce que m’avait dit l’elfe me tracassait, je décidai donc de lui faire part de mes craintes.

« Il a dit que j’étais votre nouvelle putain, j’aimerais avoir plus d’explications? Car je n’en ai pas la moindre intention. »

C’est d’une voix incertaine que je lui en fis part. Il me regarda d’un air sévère, je regrettai presque aussitôt cette initiative.

« Il n’a jamais été question que je te traite de la sorte, je te l’assure. Jamais je ne te demanderai de telles choses. Je crois que Luen m’en veut parce que sa sœur et moi, nous étions éprit l’un de l’autre. C’est pour ça qu’il a dit ça, il croit que sa mort ne m’affecte pas parce que je me suis remis à vivre. Et pense que de ce fait elle m’était simplement utile que pour mon plaisir. Quand elle est morte, ça m’a fait pourtant bien du mal, mais lui ne s’en remet tout simplement pas. Au fond, il ne fait qu’exprimer son chagrin. C’est un gentil garçon, je ne lui en veux pas, et il ne faut pas lui en vouloir.»

Tout en parlant, il m’installa sous les couvertures, comme un père le ferait avec sa fille. Je commençais à comprendre le type de relation qu’il entretenait avec ses recrus. Un règne de confiance aveugle et d’autorité. Le fait qu’il me confiait une partie de son histoire et ce qu’il pensait me laissais croire que comme Luen j’allais devenir, sans le vouloir ni le savoir, dévouée et soumise à cet homme. Ce qu’il me confia me rassurai, sans ajouter autre chose, Isaak me souhaita une bonne nuit avant de partir et d’éteindre la bougie au passage. Ce ne fut pas long avant que je me rendorme.

Le lendemain, je me réveillai d’une nuit sans rêve et me levai sans attendre. Je repris mes habits habituels, fis une brève toilette et descendis à la cuisine. J’y trouvai Isaak et Luen prenant un déjeuner rudimentaire. Les chuchotements cessèrent quand je rentrai dans la pièce, les deux hommes me regardèrent sans rien dire, puis Isaak brisa le silence devenu lourd en me saluant. Il m’invita à venir manger. J’acceptai volontiers, je n’avais pas mangée plus d’une pomme depuis la veille. J’avais à peine commencée à entamer mon repas qu’Isaak se leva et nous demanda de le rejoindre plus tard au salon. Il quitta la cuisine, me laissant seule avec Luen. L’ambiance était lourde de tension. Notre petite escarmouche de la nuit précédente donnait un mauvais départ à notre relation, si Luen et moi ne nous entendions pas, nous ne formerons pas une équipe très coopérative. Je me demandais qui de nous deux allait céder en premier et dire le premier mot. À mon grand étonnement, ce ne fut pas moi, mais lui.

« Pardonne-moi pour hier. » Avait-il grommelé d’une voix quasiment inaudible, que je dû me concentrée pour comprendre ses dires. Je ne savais quoi répondre, ce shaakt m’avait tout de même traité de putain. Pourquoi ferais-je comme si rien ne s’était dit? Il avait du culot, mais d’autre part, je comprenais qu’il ait pu dire ces propos dénigrant sous le coup de la colère.

Enfant, je refoulais moi-même des sentiments haineux envers certains et certaines de mes camarades à l’orphelinat. Sans jamais exprimer ce que je pensais de ces gamins qui se moquait méchamment de mes oreilles plus pointues que la normale. Ils avaient tous abouti là pour les mêmes raisons que moi et la plupart avait eux aussi une difformité quel contre. Trop de mauvais souvenir me rappelaient à quel point je détestais cet endroit. Vivement que cette vieille baraque ai été dévoré par les flammes!

D’un coup de main dans le vide je chassais ces souvenirs de ma tête et affirmais à Luen que c’était oublié. Malgré le fait que je ne sois pas convaincue de la sincérité de ce qu’il avançait, oublier ce mal entendu permettrai à notre relation de recommencer du bon pied. Je terminais mon repas dans la solitude, l’elfe avait quitté la pièce après s’être fait pardonné auprès de moi.

Les deux hommes affichaient une mine sérieuse, Luen était assis sur le canapé et semblait tendu. Était-ce ma présence qui le rendait comme ça ou tout simplement le fait qu’il savait qu’Isaak allait nous demander quelque chose? Je m’assis à côté de l’elfe aux longs cheveux blancs à la demande du maitre des lieux. Celui-ci était assis dans le fauteuil près du feu éteint et son visage sérieux n’aspirait pas à la plaisanterie. Je savais que les deux avaient discuté avant que j’arrive, mais j’ignorais quel avait été leur sujet de conversation. Peut-être était-ce pourquoi le shaakt s’avérait nerveux. Il avait quelque chose à nous demander c’était évident. J’étais un peu stressée à l’idée de ce qu’il pouvait nous ordonner de faire, toutefois, je fus rassurée quand il nous l’expliqua le plan le plus précisément possible.

En attendant l’heure fatidique avec excitation et une certaine inquiétude, je m’occupais le reste de la journée en balayant. Dépoussiérer et nettoyer un peu l’endroit ça ne ferait pas de mal à personne et ça me permettais de me sentir utile.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Dim 5 Sep 2010 03:45 
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J’arrivai dans un quartier résidentiel mal famé. Les maisons tombaient en ruines. Avec un peu de chance pour moi, elles étaient vides. J’en trouvai une qui semblait en pas trop mauvais état et me faufilai silencieusement à l’intérieur. Aucune lumière. Je restai figée devant la porte, attendant que mes yeux s’habituent à la pénombre. Lorsque je parvins à distinguer des formes, je compris deux choses : Cette maison était vide, et elle l’était depuis longtemps. Bien. Je retirai ma cape de mes hanches pour m’enrouler dedans. Puis, je me rendis dans un coin éloigné de la porte. Je n’étais pas habituée au confort. Aussi, je me couchai tout bonnement sur le sol, un bras sous ma tête, et m’endormi ainsi en quelque minutes.
Un bruit léger me fit ouvrir les yeux, juste à temps pour que je voie quelqu’un entrer. La maison n’était pas déserte, alors? Je restai aussi immobile que possible. Avec un peu de chance, ma présence ne serait pas remarquée et je pourrais partir dès que l’autre serait assoupi. Mais il semblait que la chance avait quelque chose contre moi, car une bougie éclaira soudainement la place. Un homme se situait entre la porte et moi. Il était grand, élancé, mais surtout inquiétant. Ses cheveux noirs, du moins me semblaient-ils l’être, tombaient en masse sur ses épaules. Cependant, je pus voir ses yeux. Deux yeux noirs et froids, rivés sur moi. Il savait que j’étais là. Il avança rapidement vers moi et je me redressai vivement, tous mes sens alertes. Je voulus expliquer la raison de ma présence, mais l’homme posa la chandelle sur un petit meuble crasseux que je n’avais pas remarqué et me saisis. Le sol disparut de sous mes pieds alors qu’il me tenait contre le mur, avec un sourire inquiétant. Il me tenait par la gorge, mais ne serrait pas, ce qui ne m’empêcha pas de suffoquer. Il me fixa un moment de ses yeux noirs, puis me lâcha. Je m’écroulai sur le sol et me redressai aussitôt sur mes pieds.

« Je ne savais pas que l’endroit était habité », m’excusai-je platement. « Je suis désolée, je vais partir. »

Je voulu le contourner, mais il ne me laissa pas faire. Mon unique pas m’avait rapproché de lui, mais je m’efforçai de ne pas reculer. Pas question, il l’interprèterait comme un signe de faiblesse.

« Allons, je ne laisserais pas dormir une consœur dans la rue! » dit-il d’une voix grave.

Je le regardai, sans comprendre, puis je remarquai qu’il avait les oreilles pointues. Un semi-elfe, devinai-je. Comme moi.

« Non, ça va, je ne voudrais pas m’imposé », répondis-je.

Il bloqua mon avancée à nouveau.

« J’insiste », dit-il.

(J’avais cru remarquer!) songeai-je, agacée. Il saisit ma main et je fis un effort surhumain pour rester immobile. Il y avait un truc pas net avec ce mec, j’en étais sûre. J’acquiesçai de mauvaise foi à sa demande. Je n’avais pas le choix, de toute façon. J’attendrais qu’il dorme pour partir. Il récupéra sa bougie de sa main libre et me força à le suivre dans un escalier que je n’avais même pas remarqué. Je fis taire l’angoisse qui me saisissait. Alors que l’homme me faisait dos, j’étirai mon bras pour saisir le couteau dissimulé dans mon dos. Je calculai rapidement mes chances, dégainai vivement pour entailler le bras de l’autre. De surprise, il me lâcha. Je pris la direction opposée et m’enfui rapidement au dehors, dans la nuit noire. L’instant d’après, il était à mes trousses. Je courus rapidement, mais il n’y avait aucun doute qu’il était plus rapide. Mais l’obscurité m’aidait, puisque mes vêtements, ma cape aussi, étaient sombres. Je me dissimulai dans l’ombre en espérant ne pas être vue. Il passa droit devant moi comme une flèche. Discrètement, je partis de l’autre côté. Qui qu’il soit, j’étais maintenant persuadée qu’il ne me voulait pas du bien. D'un pas traînant, la fatigue m'assomant, je me rendis à une autre demeure, qui semblait aussi déserte, et je m'affalai sur le plancher, sombrant rapidement dans le sommeil.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Dim 5 Sep 2010 14:47 
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(« Je ne vous avais encore jamais rencontrée… pourquoi tant de mystère autour de votre personne ? » - « Je ne fais pas de mystère… Pas consciemment du moins. » - « Durant toute la réception je vous ai vu glisser au travers de la salle, esquivant chaque homme faisant mine de vous approcher, refusant la conversation des autres demoiselles, sans toucher à un seul de ces délicieux plats, sans tremper vos lèvres dans le moindre verre… Pourquoi donc ? » - « Pourquoi… pourquoi… pourquoi ! Ne connaissez-vous donc que ce mot ? Ne vous demandez pas pourquoi, profitez ! Ma compagnie ne vous est-elle pas agréable ? N’appréciez-vous pas ce moment ? » - « Ce moment est d’une rare beauté, je l’avoue. Vous avez raison, profitons-en. » - « Vous êtes bien timide… osez… s’il vous plait. » - « Os…)

"Monsieur Thomajan, votre tante m’a demandé de vous avertir que le soleil s’est déjà levé, qu’il serait temps de vous lever. Elle a fortement insisté sur ce dernier point !"

Ouvrant péniblement les yeux, Thomajan cherchait des bras le corps de la jeune femme qui progressivement s’était rapprochée de lui, au point qu’ils avaient mêlée leur chaleur et leurs battements de cœur. Il cessa ses tâtonnements en tirant de l’oreiller sa tête lourd, qu’il plaça dans la trajectoire du rayon lumineux dispensé par la fenêtre : l’éblouissement contribua à l’éveiller, plus que les coups répétés de Théobald contre la porte de bois, l’astre du jour n’ayant pas autant de délicatesse pour les hommes endormis que le dévoué serviteur. Thomajan ne l’entendait plus, cependant, il le soupçonnait de rester debout derrière la porte de chêne, guettant le moindre signe d’accomplissement de sa mission pour s’en aller préparer une collation digne d’un banquet en guise de petit-déjeuner.

"Théobald, je suis réveillé, je ne me rendormirai pas… Vous pouvez-donc vaquer à vos occupations, et prévenir ma tante de ne pas s’inquiéter."

"Monsieur désire-t-il quelque chose de bien particulier pour son petit-déjeuner ?"

"Non Théobald, merci ; je m’en remets à vous. M’avez-vous déjà entendu émettre une remarque négative sur la qualité de ce que vous avez pu me servir ?"

"Jamais monsieur, monsieur a toujours été très bon. Merci monsieur."

Le serviteur ne retint pas le sourire de fierté qui lui montait aux lèvres ; l’essentiel de son bonheur venait de la satisfaction de ses maîtres quant à son travail, effectué avec la rare habileté des hommes avides de toucher à l’excellence en leur domaine. Le salut qu’il effectua entrait dans le domaine des réflexes, car Thomajan aurait été bien incapable de percevoir le mouvement à travers le panneau de bois ; s’ensuivit un demi-tour souple et élégant, que l’on n’aurait pas attendu chez une personne de son âge, peu incongru toutefois puisque les bonnes paroles du jeune homme lui étaient allées droit au cœur.

Ce dernier leva une première jambe lourde, la reposa hors du lit, ramena la seconde à ses côté, se redressant dans le même mouvement. Assis sur le bord de son lit, il prit sa tête à deux mains, tira la peau de son front, espérant sans doute dans le même temps conserver ses paupières hautes. Le reste de son visage subit un traitement identique, et ainsi s’éveilla progressivement à mesure que sous la peau le réseau nerveux transmettait à nouveau divers signaux : irritation là où la lame avait couru la veille, douleur d’une pression trop forte sur les pommettes, tiraillement agréable aux tempes. Avec les sensations revenaient les souvenirs, et une par une les pièces du puzzle qu’avait été la précédente journée se mettaient en place pour constituer une fresque parfaite ; les projets évoqués lors du repas se détachèrent sur le fond des évènements ancrés dans le passé, aussi prit-il conscience de n’avoir que trop dormi, et se leva-t-il d’un bond.

La matinée commençait invariablement par les exercices de maintien physique enseigné durant l’enfance, alliant souplesse et force, un moyen de mettre en branle la mécanique humaine au seuil de la journée. Pour tous les hommes exerçant un métier physique, ils offraient un échauffement avant d’entamer le labeur, la plupart attaquaient donc leur activité avec une plus grande vivacité. Dans le cas de Thomajan, la pratique de ces assouplissements relevait d’une hygiène de vie, d’une discipline qui lui paraissait nécessaire à la bonne conduite de son existence : le manque de contraintes aurait tôt fait de le changer en paresseux empâté s’il ne s’en fixait pas pour demeurer un fier fils de Wiehl, à la hauteur de la réputation de ceux de son sang. Cela lui demandait généralement plus d’une dizaine de minutes, mais moins d’une vingtaine, et les cas de dépassements étaient à mettre sur le compte d’excès la veille : plutôt que de laisser son corps au repos lorsqu’il le sentait moins réactif, Thomajan lui imposait un effort plus important en veillant à demeurer dans les limites du raisonnable. Une fine pellicule de sueur le recouvrait à la fin de la séance, son cœur s’était légèrement accéléré et une légère chaleur s’était logée dans chacun de ses muscles ; mieux, son appétit aiguisé se manifestait par de sourd grondement au niveau de son estomac. Cependant, il était hors de question de se présenter dans un tel état à sa tante sans prêter le flanc à d’acides remarques : à table, la sueur n’était pas la bienvenue. Aussi se résolût-il à user du cordon pourpre qui pendait du plafond non loin de son lit ; une première impulsion signalait aux serviteurs l’appel d’un des résidents, une seconde leur permettait d’identifier la cloche qui avait tintinnabulé, afin de gagner dans les plus brefs délais la bonne pièce. Et il en fut ainsi : peu après la seconde impulsion, un garçon vint s’enquérir des besoins de l’invité ; celui-ci ne désirait qu’une bassine d’eau fraîche, du savon et deux linges, pour se rendre plus présentable avait-il dit.

Thomajan imbiba le premier des deux linges et le passa méthodiquement sur tout son corps pour emporter un maximum de sueur ; il le trempa dans l’eau, l’essora, et recommença encore une fois avant de le frotter au savon pour ensuite se frictionner énergiquement le corps, et se rincer sommairement une fois l’opération convenablement effectuée. Le second linge servit au séchage. De par le bon choix du savon, il portait désormais sur lui l’odeur des plantes de la garigue, un assemblage dont les fragrances étaient assez masculines pour qu’il ne se ridiculise pas en sortant se mêler à la population. Un parfum, si agréable soit-il, n’habillant pas son homme, il revêtit les vêtements de la veille, encore propres et relativement peu froissés, appropriés pour ce qu’il envisageait de faire dans sa journée ; de toute manière, il n’avait pas d’autres tenues que celle là, comptant sur les fonds donnés par son père pour le voyage en cas d’un besoin véritable nécessitant l’acquisition d’un costume de meilleure facture. Enfin prêt, il prit avec lui son sac, souhaitant partir immédiatement après son premier repas de la journée, sans faire un crochet par sa chambre.

La table dressée présentait un assortiment des fruits de saison provenant des meilleures exploitations de la région, ainsi que des divers pâtisseries que pouvaient vendre les pâtissiers où se fournissait la tante Sceyla ; Théobald, lui, savait que les jeunes garçons de passage de dédaignaient pas les viandes froides, les œufs, les fromages frais et les épaisses tranche de pain : des mets consistants qui tenaient au ventre lorsque l’on n’avait encore aucune idée d’où on pouvait prendre son prochain repas. C’était pour ainsi dire le cas de Thomajan. Mâchant avec contentement une épaisse tranche de bœuf, sirotant une excellente infusion tonique épicée à souhait, il repassait mentalement le trajet qu’il lui fallait effectuer pour mener à bien tous ses objectifs de la journée. A tête reposée, le plan de l’oncle Addruc lui semblait en effet la meilleure organisation. Mais tout d’abord, la famille et l’arc !

En route vers le quartier des artisans

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Dim 5 Sep 2010 20:32 
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Je n’avais pas revue mon coéquipier depuis que nous avions reçu les directives que nous devions suivre à la lettre. J’avais errée dans les rues de Tulorim pendant environ trente minutes avant de me rendre au lieu de rendez-vous. C’est ainsi que sous mon ample cape noire, j’attendais Luen à quelques mètres d’où nous nous rendions. La nuit était fraîche et peu éclairée, une odeur de pluie lointaine se rapprochait tranquillement. Une minute passa, puis une autre, mon cœur battait trop fort à mon goût et trahissait ma nervosité. Je ne comprenais pas trop pourquoi, j’avais l’habitude de faire ce genre de chose. Sous mes propres ordres c’était beaucoup moins angoissant qu’en suivant les directives de quelqu’un d’autre. Finalement, Luen arriva. Il avait attaché ses longs cheveux sur sa nuque, de façon à ce qu’ils ne lui nuisent pas pendant notre mission. Nous nous lancèrent un bref regard mal assuré et nous dirigions à l’endroit indiqué. C’était notre première mission en équipe, et j’ignorais, malgré le plan infaillible d’Isaak, si nous allions réussir. Il n’y avait pas de raison pour que cela se produise, mais si jamais nous formions une équipe incompatible, il y avait de faible chance pour qu’Isaak soit déçu et qu’il nous en voudrait par la suite.

La première partie du plan, était de monter sur le toit et d’entrer par une fenêtre. J’atteignais presque le sommet, quand un de mes pieds glissa, me faisant perdre mon appui. C’est avec chance que j’attrapai la bordure du toit. Si j’avais été quelques centimètres plus bas sur la paroi, je me serais écrasée en bas, me cassant surement plusieurs os. Je lâchai un soupir de soulagement et me hissai sur le toit à la force de mes bras. Luen, qui était déjà en haut paraissait découragé de me voir louper ainsi un simple escalade et de devoir faire équipe avec moi. Il devrait s’y habituer!

Désigné pour ouvrir la fenêtre pendant que Luen montait la garde, je me glissai sous la lucarne avec ma dague et débloquai le loquet. Une fois ceci fait, je fis signe à mon camarade qu’il pouvait venir et m’infiltrai à l’intérieur. La résidence était celle d’un escroc, qui avait fini par faire un peu d’argent avec les objets de valeurs qu’il volait et revendait pour trois fois leur prix d’origine.

J’atterris en douceur sur le planché d’un couloir étroit et je vérifiais que la voie était libre. Luen descendit à son tour. Normalement, le propriétaire de la demeure était en voyage pour affaire, mais on n’était jamais assez prudent.

La seconde partie du plan, était de rechercher et de prendre un objet en particulier et de ressortir comme on était entré, c’est-à-dire, sans que personne ne détecte nôtre présence. L’objet en question était un parchemin contenant des renseignements sur une chose qu’Isaak avait refusé de nous mentionner. Il pouvait se livrer à nous, tout comme il pouvait nous préserver dans l’ignorance. Furtivement, nous commencions à fouiller les lieux, je pris la droite et la personne qui me trouvait pathétique la gauche. J’ouvris une porte au hasard, elle débouchait dans une chambre, mais rien de particulier ne laissait croire que notre bout de papier ce trouvaient là. Je répétai la même action sur une autre porte, quand mon coéquipier m’interpella discrètement.

Dans une chambre plus grande que celles, que j’avais visitée, il y avait sur un bureau une multitude de documents éparpillés. Je les parcourais attentivement, celui que nous cherchions était marqué d’un sceau représentant une étoile dans le creux d’un croissant de lune et la marque était d’un vert d’eau. Une couleur facilement distinguable parmi les rouges, les bleus, les noirs et les verts ordinaires. Pendant que je cherchais, Luen surveillait les alentours.

Le shaakt tendait l’oreille, attentif au moindre bruit qui pouvait paraitre suspect. Son ouïe fut alertée par un faible ronflement. Il fit le tour de la pièce à la recherche de la provenance de ce bruit. Il aperçut une jeune femme endormis par terre. Avait-elle tombée du lit pour se retrouver entre le matelas et le mur? Non, en regardant bien, on voyait que le lit n’avait pas été défait et que juste à côté, une fenêtre était entrouverte. Cette jeune femme avait dû entrer comme nous, et tomber endormi sur le plancher, trop épuisée pour se rendre quelques centimètres plus loin, sur le lit. Luen avertit Miha qu’ils n’étaient pas seul et que si cette personne se réveillait et devenait une nuisance, il allait mettre fin à ses agissement. Il se plaça dans un recoin sombre à proximité de la dormeuse, et dégaina sa dague discrètement.

J’entendis Luen me dire quelque chose, mais je trouvai finalement le parchemin et ne portai pas attention à ce qu’il me disait. Le papier était dissimulé dans un coffret en bois muni d’une serrure. Je la cassai avec ma dague et elle émit un clappement sonore. Je récupérai ensuite le parchemin et le dissimulai dans mes poches.


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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Lun 6 Sep 2010 03:25 
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Je fus à nouveau tirée du sommeil par un claquement sec. Cette fois-ci, je n’ouvris pas les yeux aussitôt, mais je sentais ma vie menacée. J’ouvris un œil, qui était dissimulé derrière mes cheveux encore noircit. Je vis deux silhouettes. Un homme et une femme. Un elfe noir et une humaine… non, une semi-elfe, comme moi. Je bougeai un peu, comme si je ne faisais que remuer dans mon sommeil, mais j’avais approché ma main d’un de mes couteaux dissimulés. Je n’avais pas de chance, aujourd’hui… Vraiment pas. Je restai immobile, m’assurant qu’aucun des deux n’avait perçu mon mouvement comme une menace. Mes doigts se refermèrent lentement sur le manche de mon couteau. Je bondis vivement sur mes deux pieds en m’éloignant de l’elfe noir et de la semi-elfe, m’approchant de la fenêtre. Je pourrais sortir par là si les choses se corsaient. Je tins mon couteau devant moi. Ce n’était qu’un mouvement défensif, et un adversaire avisé le remarquerait et me laisserait tranquille. J’espérai. Je n’avais vraiment pas choisi le bon quartier pour dormir. Je fixai le shaakt. C’était lui qui me menaçait. Mais du coin de l’œil, je surveillai aussi la fille. Elle devait avoir mon âge, mais les assassins n’avaient pas d’égard pour leur compagnon, et ils ne ressemblaient pas tous à des assassins. Celle-ci ressemblait d’ailleurs à une fille trop naïve. Le gars, par exemple, lui il avait l’étoffe d’un assassin. Je me tenais sur mes gardes, le fixant farouchement.

« Je ne sais pas qui vous êtes, mais je ne vous veux pas de mal », tentai-je. « Si vous me laissez gentiment partir, ce sera parfait. Sinon, je n’ai pas l’intention de me faire massacrer. »

C’était vrai. J’avais eu ma dose de combat, et je n’avais pas envie de me battre. Or, il était hors de question que je me laisse tuer après la journée que j’avais eue.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Lun 6 Sep 2010 07:25 
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La jeune femme couchée au sol se réveilla, sans doute dû au bruit de la serrure meurtri. D’un geste fluide elle s’éloigna vivement de Luen qui adoptait maintenant une position offensive et un regard mauvais. Lui répliquant, elle tenait un couteau droit devant elle et fixait l’elfe noir à la manière d’un fauve. Luen remarqua qu’elle jetait des regards furtifs en direction de Miha, signe qu’elle n’était pas rassurée même si cette dernière semblait ne pas leur porter attention.

« Je ne sais pas qui vous êtes, mais je ne vous veux pas de mal » Commença la fille. « Si vous me laissez gentiment partir, ce sera parfait. Sinon, je n’ai pas l’intention de me faire massacrer. »

Je me retournai prestement au son de cette voix inconnue pour apercevoir une semi-elfe en position défensive, menacée par la lame de mon coéquipier. C’est alors que je compris dans les grandes lignes ce que m’avait dit Luen lorsque que je ne l’écoutais pas. Je voyais dans ses yeux violacés que malgré ce que la jeune femme affirmait, s’il le fallait, il allait se débarrasser de cette gêneuse. La fille disait aussi qu’elle ne se laisserait pas tuer bêtement. Je ne pouvais pas prendre le risque que l’un de nous deux soit blessé ou qu’il assassine cette innocente, son cadavre représenterais une preuve de notre infraction. Surtout, je ne supportais pas l’idée qu’un autre meurtre puisse être commis en ma présence, c’était contre mes principes.

« Te laisser partir pour que tu aille raconter ça, hors de question. Je préfère mettre fin à ta vie maintenant plutôt que tu nous dénonce ! » Il parlait d’une voix agressive et ne mâchait pas ses mots.

Le shaakt allait abattre sa lame sur la jeune femme. Bien qu’elle soit armée et n’avait pas l’air d’une trouillarde, elle n’était pas de taille contre lui. Même si elle lui résistait un peu, il la détruirait sans effort, pareillement à la manière que l’on coupe un bout de fromage. Je m’élançai entre les deux faisant face à Luen, sans prendre la peine de dégainer, adoptant une posture défensive. Ainsi, l’autre de sang mêlé pourrait juger de mes intentions pacifiques. Elle disait qu’elle ne nous cherchait pas d’ennui, donc, il n’y aurait aucune conséquence dramatique à mon geste. Si toute fois elle disait vrai. En fait, la seule chose que je craignais vraiment, était la réaction de Luen face à mon intervention. Se moquerait-il de ma présence et continuerait son geste meurtrier, nous fauchant toutes les deux. S’il agissait ainsi, il se ferrait chauffer les oreilles par Isaak et mieux valait ne pas l’avoir à dos.

« Mais vous êtes fou! Elle vient de vous affirmer qu’elle ne voulait pas d’embrouille. »

L’elfe noir rabaissa sa dague et me regarda durement. C’était la deuxième fois que je le traitais de fou. Ça ne lui laissait pas une bonne impression de moi. Mon acte et mes paroles presque criés ne lui plaisait pas et ça se voyait à la lueur de colère dans ses yeux. Décidément, je n’étais pas en bonne position pour qu’il me considère un peu plus.

« C’est toi qui est folle de te mettre sur le chemin de ma lame! » C’était une réplique plutôt véridique, il aurait très bien put pour poursuivre son mouvement et m’entailler. « Écarte-toi! » Cette fois, il me donnait un ordre, se crispant un peu plus sous l’effet de la rage qu’il éprouvait envers moi.

« Pas question, je ne vous laisserais pas la tuer! » J’accompagnai mes dires d’un pas posé en avant, tout en soutenant son regard de braise et en serrant les poings. « Vous devrez me tuer aussi pour ça. Et je doute qu’Isaak apprécie beaucoup. » J’accentuai ma réplique d’un sourire fier et sournois.

C’était très odieux de ma part, je devais me montrer plus forte que lui, mais peut-être se balançait-il de ce qu’Isaak pensait et qu’il allait m’écouter? De ce que je savais de la relation qu’ils entretenaient, Isaak était comme un maitre et Luen lui devait respect et fidélité. Si Isaak désirait quelque chose, il l’obtenait, quoi que ce soit. Et la nuit précédente, il avait ordonné à Luen de me garder en vie. Donc, il ne me tuerait pas.

Les yeux pourpres du shaakt voulaient me brûler vive, j’avais gagné. Il émit seulement un grognement, il ne pouvait pas s’opposer à la volonté d’Isaak. Il ne rangea pas son arme, mais endossa une position moins agressive. On aurait dit que le simple fait de prononcer le nom d’Isaak suffisait à le calmer, malgré ses yeux qui souhaitaient ma mort de tout cœur. Je décrispai les poings à mon tour, la colère de l’elfe s’était apaisée, je n’avais plus de raison d’être tendue. À moins que ma congénère décide de retourner la situation. Je me retournai vers elle affichant un sourire vainqueur presque imperceptible, espérant que Luen retienne ses envies de me poignarder.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Lun 6 Sep 2010 16:22 
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Du coin de l’œil, je vis l’autre fille se retourner vivement vers moi, mais ne sembla pas vouloir m’attaquer. L’autre, par contre, je n’étais pas prête à en dire de même. D’une voix agressive, il me dit qu’il était hors de question qu’il me laisse partir pour éviter que aille raconter ce qui s’était passé, et qu’il préférait mettre fin à ma vie plutôt que de prendre le risque que je les dénonce. Il leva sa lame pour attaquer et je me préparai à bloquer. Cependant, je savais que la puissance des elfes noirs était supérieure à la mienne. Je ne pourrais pas résister longtemps. Le shaakt s’immobilisa, et moi aussi, surprise. La fille s’était mise entre nous deux, pour éviter l’attaque. Soit elle était suicidaire, soit simplement timbrée, mais ce n’était pas une bonne idée qu’elle avait. Elle me faisait dos et me protégeait de son corps. L’autre aurait très bien pu poursuivre sa lancée sans tenir compte d’elle, et si j’avais eu de mauvaises intentions, j’aurais facilement pu la tuer. J’eus envie de la repousser, n’ayant pas besoin d’aide, mais je m’abstins. Elle ne voulait pas d’affrontement entre l’autre et moi, et je n’avais pas envie de me battre. Je devais faire taire un peu ma fierté, pour une fois.

« Mais vous êtes fou! Elle vient de vous affirmer qu’elle ne voulait pas d’embrouille. » dit la fille au shaakt.

À ma surprise, il baissa son arme, mais je voyais à son regard que ça l’aurait arrangé de la tuer en même temps, d’autant plus qu’elle n’avait pas tiré d’arme. L’elfe noir répliqua que c’était plutôt elle qui était folle de s’interposé ainsi, et il lui ordonna de se pousser. Je me tins sur mes gardes, juste au cas où elle obéirait à cet ordre. La fille répliqua alors qu’il était hors de question qu’elle le laisse me tuer. Elle fit un pas vers luis, et ajouta que pour ça, il lui faudrait la tuer, et elle doutait qu’Isaak apprécie. Isaak? C’était qui, celui-là? À en juger par la réaction du shaakt, probablement leur chef ou leur maître. Je devais concéder que, même si elle avait l’air naïve et un peu timbrée, elle ne manquait pas de cran. Sinon, elle était complétement inconsciente, ça restait à voir… Le regard du shaakt était incendiaire, mais il sembla renoncer à la perspective de me tailler en morceaux et adopta une position moins agressive, mais je me doutais bien qu’il avait encore envie de me tuer. J’étais mieux de le garder à l’œil, juste au cas… Puis, la fille se tourna vers moi, et je perçu un petit sourire vainqueur sur ses lèvres. Je fis un effort pour lui adresser un petit sourire de remerciement et lui dit :

« Merci… J’avoue ne pas comprendre vos motifs, mais merci. » Je regardai l’autre et lançai à son intention : « Au fait, je n’ai pas l’intention de me livrer à la garde pour vous dénoncer, je n’irais pas les voir. Vous n’êtes pas les seuls qui soyez rechercher! »

Je poussai un soupir, puis jetai un regard à ma congénère.

« Vous avez eu de la chance que mes intentions aient été aussi pacifique que je l’ai dit. Si ce n’avait été qu’une mascarade, j’aurais pu vous tuer sans problème, et je crois que votre compagnon ne m’en aurait pas empêchée. Soyez prudente, dans le métier, on ne tourne jamais le dos à nos adversaires. »

Je savais que mes paroles pouvaient ressembler à des menaces, mais ce n’en était pas. Un simple avertissement, pour éviter que cette fille se fasse tuer par le premier vrai malfrat qu’elle rencontrerait.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Mer 8 Sep 2010 04:25 
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La jeune femme me remercia de l'avoir défendu contre les pulsions meurtrières de mon compagnon, puis s'adressa à celui-ci.

« Au fait, je n’ai pas l’intention de me livrer à la garde pour vous dénoncer, je n’irais pas les voir. Vous n’êtes pas les seuls qui soyez rechercher! »

Elle soupira avant de me regarder.

« Vous avez eu de la chance que mes intentions aient été aussi pacifique que je l’ai dit. Si ce n’avait été qu’une mascarade, j’aurais pu vous tuer sans problème, et je crois que votre compagnon ne m’en aurait pas empêchée. Soyez prudente, dans le métier, on ne tourne jamais le dos à nos adversaires. »

Je la fixai analysant ses paroles, c'est vrai que j'avais été stupide en agissant ainsi. Derrière moi je pus entendre un genre de grognement, c'était la manière à Luen de démontrer qu'il était quelque peu en accord avec la fille. Je n'en doutais pas, avec toutes les impressions négatives qu'il me donnait.

« Aller, vient Miha! » Il accompagnait ses mots d’un air insistant, il était toujours contrarié.

J’avais envie de rester, cette personne semblait bien sympathique avec ses grands yeux verts, qui luisaient presque dans le noir tellement ils étaient étincelant. Je me retournai de nouveau vers le shaakt, son expression faciale en disait long sur son humeur.

« On a ce que l’on cherchait, fichons le camp! »

Il insistait encore, comme si le peu de temps que j’avais pris pour me retourner et le regarder suppliante avait été trop long à son goût. Je me retournai de nouveau vers la fille. J’allais dire lui que j’étais désolée de devoir la quitter comme ça, mais je me sentis levée de terre. D’un geste sans douceur, Luen me balança sur son épaule. Je protestai, essayai de me défaire de son emprise sans y parvenir, sa force était trop grande face à la mienne. Son impatience et sa colère était à un très haut niveau. Nonchalamment, il s’avança à la fenêtre avec moi sur l’épaule et s’adressa à la jeune femme.

« Tu ferais mieux de nous oublier. Si tu parles, tu ferais mieux de te tenir sur tes gardes! »

C’est dans une regard noir envers la semi-elfe qu’il quitta la pièce.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Mer 8 Sep 2010 14:35 
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De retour chez le vieil homme, Matthwew eu les idées plus ou moins remise à neuf, mais beaucoup de questions se bousculèrent dans la tête du jeune mage. Le vieux mage, l'installa couché sur le dos et lui ordonna de ne pas bouger et de ne pas parler, il marmonna quelques choses que Matthwew n'avait pas comprit, mais il le marmonna plusieurs fois et une lumière blanche sortait de ses mains et alla se loger sur la cicatrice du mage.

"Tu restes immobile encore, je suis désolé, mais tu vas encore avoir la cicatrice, je vais juste refermée la plaie".


Le jeune mage fut encore surpris de la puissance du vieux qu'il pensait fou. Il se fichait de la cicatrice, ce qu'il lui importait c'était de pouvoir bouger convenablement.

"Je devine tes questions mon ami, alors je vais te répondre sans que tu me les poses, je ne suis pas fou, j'ai fait semblant. Je t'ai tout de suite reconnu, mais l'homme qui t'a agressé est très puissant, c'est le fils d'un homme très puissant, Erald Morziok".

Au fur et à mesure du récit, Matthwew était de plus en plus sous le choc, mais également de plus en plus à l'écoute du mage. Il sentait la blessure se refermait, le mage continua à parler tout en appliquant son sort.

"Il possède des quantités importantes de mines de l'or et de diamant, il est très riche et très influent sur les autorités de Imiftil. Sont fils quant à lui c'est une autre paire de manches, c'est un lâche et un piètre combattant, il t'enviait beaucoup et t'a agressé par surprise. Il s'appelle Edouard Morziok".

Matthwew plongeait dans le désespoir lorsque la nouvelle lui parvint, il n'était plus trop sur de vouloir retrouver la mémoire si sa vie serait mise en danger par les gardes de cette espèce d'enfant pourri gâté.

"Si je me suis fait passer pour fou, c'était pour te tester, pour voir si avait les qualités requises pour te venger. Les feuilles c'était pour la prudence, si tu avais été trop vite, tu aurais été empoisonné. Les épines pour la patience, car sans patiente tu serais parti bien vite en abandonnant tout espoir. En ce qui concerne les squelettes, tu as bien choisi de t'attaquer aux squelettes animé, cela représentait la force et le courage et quel courage, même avec cette blessure tu n'as pas failli, mais je ne pouvais pas savoir que les squelettes formeraient qu'un et que tu te ferais agressé dans la ruelle, je suis désolé".

L'homme avait fini son récit, Matthwew avait de nouvelles questions, mais il ne pouvait pas parler. Une heure plus tard, l'homme avait fini de lui inoculer les soins.

"Tu peux parler mon ami".

"J'ai bien comprit votre histoire, je comprends et vous en remercie, mais comment vous saviez que j'étais au cimetière et que je me suis fait agressé".

"Sache une chose, je connais beaucoup de gens ici, qui me divulgue des informations sur tout ce qui se passe en ville".

"Où es Edouard"?

Matthwew prit un air sérieux, il s'était relevé et regardé le mage droit dans les yeux.

"Tu es venu pour cela, il est à Kendra Kâr sur le continent de Nirtim, il habite un manoir gigantesque. Mais, tu vas avoir besoin de stratégie et de la potion que je vais te préparer avec les ingrédients que tu m'as rapportés. Ce n'est pas le coup que tu as reçu qui t'as fait perdre la mémoire, mais la magie la masse de ce fourbe d'Edouard, c'est comme ci il t'avait fait perdre le pouvoir de connaître des sorts, mais je vais retirer cette malédiction"

Le vieux mage s'en alla prêt de ses ustensiles d'alchimie avec le sac du jeune mage, il écrasa les tibias jusqu'à ce qu'ils soient réduit en poudre, ça avait prit une bonne heure, Matthwew regarda attentivement et demanda s'il pouvait être utile, Tziend lui interdisait d'approcher s'il faisait la moindre erreur, la potion pouvait avoir l'effet inverse.

Il enleva les épines des deux hérissons. Il mit la poudre de tibias dans un récipients, les épines et enfin il ajouta les feuilles. Il rajouta tout de même une quantité suffisante d'eau qu'il avait fait bouillir auparavant. Il mélangea le tout et se tourna vers l'amnésique.

"Tous tes pouvoirs seront rendus lorsque tu auras tué cette infâme fils de riche. Tu as appris un seul sort pendant toute ton amnésie, c'est un blocage et il faut y remédier maintenant sinon tes anciens sorts ne reviendront pas. Tu dois la boire entièrement et bonne chance surtout".

Le mage était sincère, car le liquide avait une odeur de vieilles chaussettes moisies mélangée à des excréments de putois. Il but difficilement le breuvage, voulant vomir à chaque fois, il se rappela l'enjeu de l'onction. Une fois la potion finie, il se couchait dans le lit sur les recommandations du mage.

Avant de s'endormir, il se fit un court résumé des événements. Il avait récolté ces objets pour retrouver la fonctionnalité totale de l'apprentissage de ses anciens sorts, l'homme qu'il devait tuer était faible mais influant et en tuant l'homme qui l'avait rendu amnésique, il récupèrerait ses sortilèges perdu. A force de réfléchir, il tomba endormit dans les bras du dieu du sommeil.

A son réveil, le mage avait disparu, il était midi, son ventre criait famine et il y avait un objet sur son visage, c'était un bout de papier.


Cher Matthwew, ne mange rien, ne bois rien, la potion doit agir encore et tu dois être à la diète, viens me rejoindre dans les égouts à quinze précise, prends la bouche d'égout prêt de la Taverne de Tulorim. Je t'ai laissé des habits de rechange à ton goût.

Tziend


Le jeune mage se leva et prit ses affaires, il avait totalement récupéré de sa blessure, il ne changea pas vêtements, il était sale, il avait besoin de se laver, ça ne servirait pas beaucoup vu qu'il allait dans les égouts.

========> Les égouts

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Jeu 9 Sep 2010 00:22 
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La jeune femme me regarda intensément. J’entendis le shaakt pousser un grognement qui pourrait sembler approbatif, mais je doutais.

« Allez, viens Miha! » dit-il à la fille d’un ton insistant.

Ladite Miha se retourna pour le regarder, puis elle se tourna à nouveau vers moi. Elle parut sur le point de dire quelque chose, mais je le compris à son visage. Heureusement, d’ailleurs, car le shaakt la souleva et la jeta sur son épaule comme un vulgaire sac à patate. Je sentais son énervement et ne dit rien, malgré son envie de le remettre à sa place. La semi-elfe protesta face à ce traitement qu’on lui infligeait, alors que son bourreau l’entraînait vers la fenêtre comme si ce qui arrivait était tout à fait normal. Il me regarda avec un regard noir, que je ne me gênai pas de lui rendre, et me dit que je ferais mieux de les oublier, et que si je parlais, j’aurais tout intérêt à être sur mes gardes. Je ne dis rien. Franchement, il n’en valait pas la peine. Je plantais mon regard dans celui de la fille, puis elle fut entraînée par son compagnon. Je ne comprenais pas pourquoi elle traînait avec un type comme ça, mais ça ne me regardait pas. Dans un coin de mon esprit, j’enregistrais cependant son visage et son nom. Peut-être la reverrai-je un jour…
Je poussais un profond soupir et m’adossai au mur. C’était la deuxième fois en une nuit qu’on tentait de me tuer. Un nouveau soupir. Je ferais mieux d’aller ailleurs. À mon tour, je quittai la maison, sans même penser à voler un petit quelque chose. Une fois en bas, je réfléchis. Il faudrait que je m’occupe.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Dim 12 Sep 2010 07:42 
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Transporté vulgairement, je tentais toujours en vain de descendre de l’épaule du shaakt. Il marchait habilement sur les toits, malgré la charge que je représentais. Somme toute, je me laissai transporter tel un sac de farine, me débattre ne servais à rien. Son corps fin n’était pourtant pas dépourvu de force et cachait des muscles bien dessinés. J’en fus agréablement surprise quand je m’accrochais à lui plus fermement lorsqu’il descendait sur un toit de niveau inférieur. Nous touchions finalement terre, qu’aussitôt il me déposa avec plus de douceur que pour s’emparer de moi. Je regardai autour de nous, les bâtisses avaient l’air délabrées et inhabitées. Un endroit parfait pour commettre un meurtre. Je chassai cette idée, il aurait très bien pu se débarrasser de moi avant d’arriver ici. De toute façon, il était bien trop fidèle à Isaak pour lui désobéir.

Nous nous toisions, ses yeux violacés me jetaient un regard sévère. Je ne savais plus comment je devais réagir, il me giflerait si je lui disais ma façon de penser, atténuant ainsi sa colère dans la violence. Je n’avais pas envie de me retrouver avec sa main sur mon visage, je restai donc silencieuse, le dévisageant aussi. Les yeux de Luen s’adoucirent, sans pour autant être dépourvus de froideur, ils s’accompagnaient bien avec la nuit devenue fraiche et la pluie qui tombait.

« Cette fille avait quand même raison, on ne tourne jamais le dos à un adversaire. » Me reprocha-t-il.

Dans sa voix coléreuse, on distinguait une pointe de tristesse. Ce qui me laissai perplexe, comment pouvait-il éprouver de la tristesse alors qu’il aurait voulu faire comme si je n’avais pas été là et tailler cette fille et moi en deux? J’arquai un sourcil, soulignant mon incompréhension face à cette once de cœur. Il avait raison, tout comme la semi-elfe, mais je répliquai quand même, oubliant la possibilité d’une gifle.

« Je n’avais aucune raison de ne pas le faire. » Je baissai la tête et relevai les yeux, comme si je craignais encore plus de remontrance.

« N’importe qui aurait pu prendre ta vie sans problème! Tu ne réfléchis dont jamais! » Ce n’était pas une question, mais bien une critique.

Je lui rendis un des nombreux regards durs qu’il m’avait jeté plus tôt. Le shaakt serra les poings et d’un pas menaçant se rapprocha de moi. Je portais une main sur le manche de ma dague et la sortais de quelques centimètres, juste au cas où il envisagerait de devenir violent.

« Du calme! » Lui ordonnai-je sur un ton insistant et quelque peu inquiet tout en posant une main apaisante sur sa poitrine.

Ce toucher eut l’effet escompté et il la repoussa du revers de la main.

« Tu ne comprends pas, c’est comme ça que je l’ai perdu! C’est comme ça qu’elle est morte ma Anna!» Des larmes perlèrent dans le coin de ses yeux, à moins que ce soit la pluie qui donnait cet effet. Il s’empressa de les faire disparaitre.

Ces phrases pleine d’émotion fut comme un couteau planté droit dans mon cœur. Il venait, sans le vouloir, de m’avouer que malgré le fait qu’il ne m’aimait pas, il ne voulait pas me voir périr comme Anna, sa sœur. Ça me touchais et je lâchais ma dague. Son agressivité s’était résignée, elle ne m’étais plus nécessaire.

« Je suis désolée, je ne voulais pas vous faire revivre un chose aussi terrible. Je ne savais pas. »

Je me sentais maintenant mal de l’avoir poussé à bout comme ça, je baissai les yeux honteusement. Je me rendais compte que je n’avais fait que le blesser depuis le début. Enfin, depuis le début de notre mission…

« Arrête d’être aussi sentimentale! »

(Quoi?) C’était lui qui venait d’essuyer des larmes, pas moi! Je le regardais incrédule. Plus tôt il voulait ma mort, il y a une minute il était sur le bord des larmes, et là il me critiquait. Ça n’avait presque pas de sens.

« Premièrement, il va falloir que tu apprenne à mettre tes sentiments de côté. » Maintenant, il me donnait un conseil, à moins que ce soit une exigence, je ne le savais plus vraiment. On aurait dit qu’il faisait des efforts pour paraitre d’avantage sympathique.

« Aller, on rentre. Tu as le parchemin? » Demanda-t-il en me faisant dos et en commençant à avancer.

Je plongeais une main dans la poche où je l’avais déposée le dit parchemin. Je fus contrainte de remarquée qu’il n’y avait rien. D’un geste nerveux, je parcourus le fond de la cavité du bout des doigts. Je relevai la tête vers Luen avec un air totalement perdu. C’est à ce moment que je vis le bout de papier dans sa main, tendu avec arrogance.

« Deuxièmement, ne jamais faire confiance à personne. » Me dit-il avec un sourire sarcastique, ne se retournant que de moitié.

Le bougre! Il me l’avait subtilisé lorsqu’il m’avait déposé. Je m’élançai derrière lui. Le rattrapant, je marchais face à lui de reculons. De manière à pouvoir lui adresser quelques mots.

« On en reparlera. » L’avertissais-je avant de me retourner pour voir où je mettais les pieds.

Comme seule réponse j’entendis un « pff! » découragé. La fine pluie qui tombait devint plus forte, on aurait dit des clous qui tombaient du ciel. Malgré quelques coups d’œil furtifs jeté en direction du shaakt, pas un mot ne fut échangé lors du trajet de retour.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Dim 12 Sep 2010 13:42 
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Venant du quartier bourgeois

« Ah ! Je ne vous attendais plus ! Venez, venez, votre arc n'attend que vous en revanche ! »

Thomajan avait gagné l'atelier de mémoire, et ses souvenirs s'étaient avérés meilleurs qu'il ne l'espérait de prime abord. Il hésitait quelque peu à demander son chemin à un Tulorien inconnu, ne sachant pas trop où son informateur le mènerait, et si les intentions de ce dernier s’avèreraient véritablement honnêtes. L'endroit ne payait pas de mine, c'était un bâtiment bien modeste, loin de rendre honneur au talent de celui qui y passait le plus clair de son temps : l'homme, petit, courbé, tout de nerf, de muscle, et de cheveux blancs lui tombant jusqu'à la taille, créait de belles pièces en quantité suffisante pour vivre, mais loin de lui permettre de s'enrichir. Cet individu singulier prétendait prendre moins de risque à être pauvre plutôt que riche; peut-être avait-il raison, il se gardait bien d'énoncer ses convictions à ses clients, qui étaient la plupart du temps plus soucieux de la qualité de leur commande que des choix de vie de celui qui l'exécutait.
Les outils soigneusement alignés sur les murs fascinaient Thomajan, plus que les divers machines ayant pour fonction de courber les arcs, tresser les cordes, éprouver la résistance de ceux-ci : une vie de savoir-faire et d'exigence, d'investissement financier et, plus important, humain. Bien des lames avaient dû être réalisées sur mesure par les forgerons du quartier pour des tâches précises, accordées à la force de celui qui s'en servait. Tout ce qui pouvait apparaître à certains comme un fatras de bric et de broc n'avait en effet aucune valeur sans l'homme à même d’y trouver une utilité, sinon celle du métal au poids. Alors que le fils de Wiehl se laissait aller à la contemplation d’une corde en cours de tressage, le propriétaire de la boutique revenait d'un recoin où se trouvait l'arc non encordé ; avec un ahanement, il l’encorda d’un geste sûr.

« J'ai adapté sur cet arc une nouvelle corde de mon invention, dont la particularité réside dans un nouveau trempage : le revêtement la rend moins sensible à l'humidité, ainsi qu'à l'usure lors de l'encochage de flèches grossières. J'en ai glissé une de rechange dans l'étui de l'arc ; tout cela est compris dans le prix, ne vous en faîtes pas ».

Le fils de Wiehl était aussi surpris que lors de sa première visite : ce vieillard - car tout dans son physique témoignait d'un âge déjà bien avancé - pouvait soudainement manifester une force surprenante, sans parler de la vivacité d'un gamin facétieux. Cela devait toucher au travail, se disait Thomajan... L'artisan tendit au jeune homme l’arc court à double courbure, un sourire satisfait aux lèvres.

« Voici votre arme, je vous laisse l'évaluer. »

Thomajan se saisit de l'arc avec respect, surpris au premier abord par la facilité avec laquelle il se logeait dans sa main - pourtant l'artisan lui ait fait serrer un bloc d'argile lors de sa précédente visite, pour prendre l'emprunte de sa paume, obtenir le positionnement exact des doigts, et sculpter le bois en conséquence. La réalisation avait pris plusieurs mois, pour la bonne et simple raison que le père de Thomajan avait exigé pour son fils un arc composite, plus long à réaliser, naturellement bien plus cher ; peu importait, Nydeil Beadan considérait que le cadeau pour l'entrée de son fils dans la vie d'homme méritait d'être un artefact d'une bonne facture : il fallait y mettre le prix, pour une excellente raison.

« Âme en mélèze, contrecollée de tendon, corne sur la face interne. Une arme dont, en toute modestie, je peux être fier. Le vernis appliqué au bois supporte la chaleur, et dans une certaine mesure l’humidité. Prenez garde à la pluie : si le vernis vient à s’user, elle attaquera la colle, et votre arc perdra de son efficacité, ou se décomposera tout bonnement. Conservez toujours votre arc dans son étui de cuir, désencordez-le dès que cela est possible, tenez le loin de l’eau, et je pense que tout ira pour le mieux. »

« Merci pour vos sages conseil, et pour la qualité de votre travail. »

« Pas de remerciements inutiles, votre père m’a payé le prix que j’avais fixé pour ce travail – et d’avance ! – je serais un bien mauvais homme si je n’avais pas honoré sa commande, et par la même sa confiance. Et pour ce qui est des flèches, je vous en ai placé vingt dans un carquois ; dix ont des têtes verticales, dix des têtes horizontales ; toutes les pointes sont forgées dans un acier excellent, mais là aussi, évitez de les exposez à l’humidité, graissez-les régulièrement ; l’encoche est une pièce d’os sculpté, poli, pour éviter l’usure de la corde, mais vous pouvez vous contenter de flèches dont l’encoche est taillée à même le bois. Lorsque vous aurez à les remplacer, présentez votre arc à un fabriquant compétent, il évaluera la rigidité nécessaire pour votre force ; si vous ne pouvez le faire, sachez qu’un arc pour quelqu’un de votre force requiert des flèches d’une rigidité importante. Le mieux serait encore que vous puissiez essayer les flèches que vous comptez acheter, mais ça… »

Tandis que l’artisan prodiguait ses conseils, Thomajan, sans relâcher son attention, testait la tension de son arc ; il ramenait d’un geste sûr la corde jusqu’à son œil, tenait la position, les doigts pincés sur une flèche imaginaire, puis l’accompagnait vers son point de repos, ne souhaitant pas tirer à vide. Le fabriquant ne produisait pas les plus belles pièces de la ville, celles qui permettent à leur possesseur de parader devant leurs amis, ni les arcs dotés de certains raffinement comme des viseurs, des stabilisateurs et autres techniques relativement en vogue chez les amateurs de tir à l’arc sur champ ; cependant, ses productions épurées conservaient un charme naturel, presque bestial, où l’instinct et la pratique de l’archer comptaient autant que l’arc en lui-même.

« Alors, satisfait ? »

« Je crois que le mot est faible, c’est véritablement une merveille ! »

« Oh, vous êtes jeune, vous voyagerez, vous verrez peut-être mieux. Mais j’espère que lors de vos pérégrinations, cet arc vous sera d’un bon secours, et qu’il servira à l’exécution d’actes honorables. Je ne suis qu’un modeste artisan, je ne peux guère être poursuivi pour l’usage que vous allez faire du fruit de mon travail, mais je détesterais vous savoir recherché pour un assassinat perpétué à l’aide de mon arc et mes flèches. »

« Pourtant, vous avez accepté – mais une commande est une commande, je vous l’accorde – de me fournir dix flèches à têtes horizontales. »

« Tout homme a besoin de se défendre par les temps qui courent… »

« Votre sagesse vous honore. »

Quelques politesses suivirent l’échange, dérivant vers des sujets moins malheureux que mort d’homme, mais guère plus joyeux. Ils évoquèrent les impôts, d’éventuelles conséquences qu’aurait une hausse sur la tranquillité de la ville. Le vieil homme devait retourner à ses arcs, Thomajan avait hâte de retrouver son frère, aussi ne tardèrent-ils pas à se souhaiter mutuellement une bonne journée et une continuation longue sans encombre dans l’existence.

Du fabriquant d’arc à l’atelier de forgeron où œuvrait Grarec, il n’y avait qu’une distance relativement faible à vol d’oiseau, plus importante si l’on prenait en compte le dédale du quartier des artisans. Thomajan serrait à présent contre son torse son sac et l’étui de son arc dans lequel il avait glissé son carquois : malgré les bretelles qui retenaient les deux bagages, il ressentait l’encombrement, et espérait à chaque pas ne pas tomber sur un quelconque voleur, sans quoi toute poursuite était à exclure, ainsi que tout affrontement, chargé comme une mule qu’il était, tout en maudissant son manque élémentaire de prudence. Il passait devant les boutiques, au dessus desquelles se trouvaient les logements de la plupart des propriétaires ou tenanciers des commerces, sans prêter plus d’attention que cela aux marchandises présentées sur les étals, sous la bonne garde de gaillards armés patibulaires, peut-être d’anciens criminels reconvertis dans la protection pour s’assurer une source de revenu plus sûre et plus régulière. La présence d’yeux attentifs devait dissuader à cette heure de la journée les rapines, qui devaient se concentrer sur le marché plus bondé et par là même plus difficile à surveiller.

L’enseigne de la forge représentait un serpent de feu se tordant entre l’enclume et le marteau, crachant des flammes tandis que déjà sa queue se changeait en lame d’épée ; Grarec avait expliqué à son frère lors de sa précédente visite que cette enseigne, relativement récente, était l’œuvre de sa fiancée, qui chaque jour affinait son talent pour le dessin et la peinture avec les moyens à sa disposition. Le frère de Thomajan, plutôt que d’aller dépenser une partie de son salaire dans des futilités, lui achetait du papier, du fusain, des poudres de couleur, du vernis ; elle lui rendait bien cette générosité, son âme étant de toute manière d’un naturel doux et calme à ce qu’avait pu en voir Thomajan, Grarec n’avait pas besoin de lui faire tant de cadeau, c’était simplement la reconnaissance de ce qu’il appelait un talent en devenir, et une petite preuve d’amour comme une autre.

La forge possédait une porte à doubles panneaux qui coulissaient le long des murs, mais ils étaient pour l’heure grand ouverts, et une vague de chaleur se répandait jusque dans la rue, donnant une vague idée de la fournaise qui devait régner à l’intérieur. Un martèlement régulier parvenait aux oreilles des passants, rythmé par une logique connue du seul artisan. Celui-ci n’avait pas remarqué l’entrée de son frère dans la forge, tout concentré qu’il était sur son ouvrage : sa main gauche serrait une lourde pince noire qui mordait une tige de métal lumineux, dont la couleur coulait progressivement du jaune incandescent vers un rouge de plus en plus sombre. Un marteau massif tombait sur la barre, Grarec la tournait tandis que se levait son bras droit, et une nouvelle face s’offrait à la masse tandis que s’amorçait le mouvement de descente vers l’enclume. Une simple chemise de coton à laquelle on avait retiré les manches protégeait le torse du frottement désagréable du lourd tablier de cuir, tout en laissant à son porteur une liberté de mouvement suffisante pour toutes les actions à réaliser dans la forge. Celui-là qui bandait tous ses muscles luisant de sueur là où la suie ne les couvrait pas affichait une carrure plus large que la normale, nécessaire à l’exercice de son métier, ses cheveux étaient tondus pour qu’ils ne le gênent pas dans son travail, ses poils rasés pour ne pas roussir lorsque la peau s’approchait trop de la fournaise, la peau rougie par endroits, marqué à d’autres de brûlures. Peu à peu, sous le battement inlassable de l’acier contre l’acier, après des plongeons dans le lit de braise, l’outil prenait forme sur la surface gris mat de l’enclume : un burin au profil octogonal pour une meilleure prise en main du sculpteur. Grarec délaissa son lourd marteau d’ébauche pour en choisir un plus petit pour modeler la pointe, harmoniser les surfaces ; sur l’établi à proximité de l’espace de travail, il y avait une collection d’outils, une forêt de manches hérissée à portée de main, chaque excroissance de bois marquée d’entailles désignant au premier coup d’œil sa fonction à l’initié, même si la partie fonctionnelle se perdait dans la pénombre. Occupé par les opérations de martelage, chauffage, trempage, le forgeron avait laissé le soin à un apprenti d’amener des seaux de charbon, de l’eau, d’actionner le soufflet pour conserver dans la forge une température idéale au travail du fer. Ni l’un, ni l’autre n’avaient remarqué l’étranger appuyé contre le pilier de l’entrée, jusqu’à ce que le maître forgeron et propriétaire ne revienne à son atelier, et salue le nouveau venu. Grarec entendit les appels de son maître d’apprentissage, et sourit à son frère, sans pour autant laisser sa tâche pour aller le saluer : en ouvrier consciencieux, il acheva son ouvrage, laissant le soin à son futur beau-père de faire la conversation à Thomajan. Une fois la forme finale du burin obtenue, Grarec l’estampilla de la marque de l’atelier et le posa sur une table où reposaient déjà quelques semblables de différentes tailles. Son maître le gratifia d’un sourire ainsi que d’une forte tape sur l’épaule pour lui exprimer son assentiment, et l’invita à prendre du temps pour converser avec son cadet, mais point trop cependant car il restait un certain nombre de commandes à honorer, avec des primes à la clef si la livraison se faisait avant les délais impartis : une paire de bras supplémentaire dans la forge ne serait donc pas de trop.

Grarec emmena Thomajan jusque dans la cour où reposait un baquet d’eau de pluie dans lequel il plongea ses mains et sa figure afin de se rafraîchir et reprendre une figure humaine, puis ils allèrent s’asseoir sur un banc à l’ombre d’une avancée de toit.

« Ziacia, amène-nous quelques-uns de tes merveilleux biscuits, un pichet d’eau fraîche et deux gobelet s’il te plaît » appela le citadin d’une voix forte.

La fiancée s’exécuta et apparut rapidement avec un plateau qu’elle déposa non loin des deux frères, avant de les rejoindre sur leur invitation insistante, un peu gênée de se trouver en présence d’un membre de la famille de son promis. Autant Grarec était brun et fort, autant Ziacia était blonde et délicate, chose rare sous ces latitudes, autant lui était sale et suant après son labeur, autant elle semblait fraîche et reposée dans sa simple robe beige brodée de petites fleurs des champs au niveau des ourlets. Ses bras hâlés nus révélaient des muscles légèrement dessinés sous la peau, preuve qu’elle ne rechignait pas à prendre part aux tâches ménagères lorsque son cher et tendre travaillait le métal. Elle ne prit guère part à la conversation, sauf lorsque Thomajan lui posait une question, ou lorsque Grarec la prenait à témoin : sa timidité naturelle n’en faisait pas une bavarde à la manière de la tante Sceyla.
Le temps s’écoula trop vite au goût des deux frères, mais ils avaient pu s’échanger les informations nécessaires à leur tranquillité d’esprit ; Thomajan remit les lettres et les cadeaux, Grarec confia au campagnard des messages, quelques menus bijoux pour leur mère qu’il forgeait lorsqu’il en avait le temps, un beau couteau de chasse pour leur père, et une promesse de rendre prochainement chez la tante Sceyla pour lui présenter Ziacia. Quand le cadet exprima son projet de regagner la demeure de l’oncle Addruc, l’aîné le toisa d’un œil critique, et annonça qu’il l’accompagnerait pour éviter qu’il ne constitue une cible trop facile pour un voleur aventureux. Ce serait pour eux un temps supplémentaire pour échanger quelques propos sans importance. Ils se mirent en chemin après que Grarec ait troqué son tablier de cuir pour une veste brune, grossière, et noué à sa ceinture le fourreau d’un glaive large.

Vers les ruelles pour gagner le quartier bourgeois

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Dernière édition par Thomajan le Lun 18 Oct 2010 12:57, édité 2 fois.

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