L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 31 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Re: Les marais du Nord
MessagePosté: Ven 27 Juil 2012 22:38 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 28 Juil 2010 23:17
Messages: 494
Il éclata d'un énorme rire sonore à la remarque de Loupsage, le nain aimait bien cette nouvelle tête, suffisamment pour pouvoir rire à ses dépend d'une petite pique qui était de bonne guerre. La discrétion n'était plus de mise, avec un tel vacarme ils devaient être repéré à plusieurs lieux à la ronde ! Il essuya les larmes qui coulaient de ses yeux avec son gros index aux ongles de propreté douteuse en ricanant encore.

Araksis était un nain éduqué, malgré ses apparences rustres il venait d'une famille de la petite noblesse naine extrêmement prospère et avait eut d'excellents professeurs. Dans sa jeunesse il avait été rompu aux relations humaines, à savoir remarquer les détails dans une conversation même guindé pour faire de bonnes affaires. Il nota donc le comportement de l'archer mais mit cette remarque sur le compte d'une sensibilité à la faune due à une vie au contact de la nature et la moitié elfique de son compagnon. Cela ne le surpris pas outre mesure, aussi il ne s'attarda pas et poursuivit le fil de ses pensées.

Les bourses étaient de facture modeste et rien de spécial n'était repérable dessus. A part ce qu'Araksis avait trouvé elles étaient vides.

Ca dit Exech, Dlora. Ca te parle ? A part une ville moi ca ne m'évoque pas grand chose...

_________________
Araksis Fareiss : J'ai deux haches. Une pour me battre et une pour ... bin pour me battre aussi.

Actuellement Araksis est en route


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les marais du Nord
MessagePosté: Ven 27 Juil 2012 22:57 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 4 Juil 2012 14:32
Messages: 43
Localisation: Entre Yarthiss et Tulorim
Vu le rire du nain, Loupsage se dit qu’il son arrière-train ne devait pas courir de grand risques en ce moment. Les sens de Loupsage se mirent en alerte et il devint tout ouï a son entourage, car si il y avait qui que ce soit dans les environs, il était claire que l’individu n’aurait pas de mal a les repérer.

Les deux mots q’Araksis avait prononcé ne lui dirent rien sur le coup, mais après avoir réfléchi un peu, il se rappela par le passé avoir entendu parler d’Exech.
Par contre Dlora ne lui parlait pas du tout. Il lui revint en mémoire que ce fut pendant sa détention chez les bandits qu’il avait entendu parler d’une ville de ce nom, et que ses geôliers se rendirent souvent en cette cité.
Ils avait donc du se trouver prisonnier pas bien loin de cette cité.


Une cité du nom d’Exech, j’en ai entendu parler, mais Dlora ne me dit rien du tout. Le nom de quelqu’un ?
Et pourquoi avoir cet écrit dans sa bourse, sinon le fait d’y avoir un rendez-vous sûrement ?
Serait curieux de savoir de quoi il retourne, ayant vue la gentillesse de celui qui portait cette bourse.


Il laissa passer un moment en silence, tendant l’oreille, avant de reprendre :

Je ne sais pas pour toi, mais je pense q’une visite en cette ville serait une bonne occupation. Si tu pense pouvoir me supporter pendant le voyage, je ne serai pas contre de voyager en ta compagnie, a moins que tu n’ai plus pressant a faire.

Le souvenir de ses geôliers, n’était pas des meilleurs qu’il soit, mais d’un autre coté, peut-être qu’il aurait une occasion de se venger un peu de sa détention.

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les marais du Nord
MessagePosté: Sam 28 Juil 2012 09:07 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 28 Juil 2010 23:17
Messages: 494
Araksis se leva, mit la dent dans sa poche avec la boulette de papier soigneusement replié. Sa barbe laissait deviner la courbe caractéristique d'un sourire. Et tout en époussetant ses vêtements :

Exech est une ville de brigand situé à l'ouest d'ici. Elle est pauvre, le commerce y est déplorable à cause des sommes mirifiques que demandent les guildes de voleurs qui contrôlent la ville. Il y a bien un souverain mais ce n'est qu'un homme de paille qui passe ses journées dans des occupations futiles. Il contrôle un semblant de garde trop peu payée et trop mal équipée pour être digne de confiance. Quand à Dlora ... je n'en ai jamais entendu parler non plus.

Il guetta de l'oeil l'effet que venait de faire son petit discours sur son auditeur, sa satisfaction transparaissait nettement dans sa posture.

Moi je n'ai rien de prévu, ma bourse est remplie pour quelques temps et j'ai toujours voulu voir si les salopards d'Exech étaient à la hauteur de leur réputation. Quand à te supporter si tu continu à marcher aussi vite j'ai toujours la solution de t'envoyer une hache dans les tibias.

Ses sourcils ce relevèrent en une expression d'heureuse surprise, il trouvait sa propre remarque incroyablement drôle et il parti d'un nouveau rire sonore de plusieurs minutes qu'il termina en reniflant et en s'essuyant de nouveau les yeux. Encore agité de saccades hilares il poursuivit :

Faudra acheter à grailler et à boire... le voyage jusqu'à Exech risque de nous prendre un bon moment et on est pas sur de trouver suffisamment de village sur le chemin...

_________________
Araksis Fareiss : J'ai deux haches. Une pour me battre et une pour ... bin pour me battre aussi.

Actuellement Araksis est en route


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les marais du Nord
MessagePosté: Sam 28 Juil 2012 12:33 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 4 Juil 2012 14:32
Messages: 43
Localisation: Entre Yarthiss et Tulorim
Le récit que faisait Araksis de la cité d’Exech, n’était pas vraiment un étonnement pour Loupsage, sachant que ses ravisseurs fréquentaient l’endroit. En ce qui concernait le souverain, ce ne fut pas très étonnant non plus, car vu la fréquentation de la cité, il était peu probable que celui-ci soit très efficace à l’ encontre bandits.

Pour la remarque sur sa vitesse, Loupsage souriait en répondant au nain :


Ma foi ce que tu me racontes sur Exech ne m’étonne pas outre mesure, j’ai eu des échos pendant une de mes aventures à ce sujet.
Pour ce qui est de la hache dans le tibias, a mon avis le mieux serait de me demander de freiner, car sinon tu risque de devoir me porter sur le restant du chemin si tu m’abîme les jambes.

Ce fut au tour de Loupsage de voire la réaction du Nain a sa remarque de devoir le porter. Il n’était pas sur que cela était pour plaire au nain. Et il enchaîna aussitôt, avant qu’Araksis puisse protester :

Ma foi on vas sûrement pas être les bienvenu en Yarthiss pour le moment, vas falloir faire nos achats ailleurs, mais en attendant la nature peux pourvoir un minimum a nos besoin, on trouvera bien quelques fruits, et peut-être quelques gibier. De l’eau on en trouvera sûrement aussi, histoire de se dépanner jusqu’à mieux. Tiens prends sa, tu t’occupera du ravitaillement.

Il lui envoya la bourse que le nain lui avait confiée plus tôt.

Je suppose que tu sûrement mieux la région que moi, je n’ai fait que voyager en forêt depuis quelques années.

_________________
Image


Dernière édition par Loupsage le Sam 28 Juil 2012 18:29, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les marais du Nord
MessagePosté: Sam 28 Juil 2012 14:26 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 28 Juil 2010 23:17
Messages: 494
Les trompettes claires et dorées de la gloire sonnaient déjà leur hymne dans les oreilles du nain, prêt à se faire admirer pour sa culture encyclopédique, leurs fagnons flamboyants flottaient fièrement dans un vent plein d'espoir ... lorsque l'un d'entre eux se détacha... les trompette firent des couacs et son hymne devint fiasco. Il se rembrunit et commença à grommeler des choses incompréhensibles où il était question de fesses et de ronces .. Il attrapa la bourse au vol et commença à marcher vivement vers l'ouest avec la ferme intention de ne pas se faire doubler !

_________________
Araksis Fareiss : J'ai deux haches. Une pour me battre et une pour ... bin pour me battre aussi.

Actuellement Araksis est en route


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les marais du Nord
MessagePosté: Dim 29 Juil 2012 16:14 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 27 Juil 2012 21:40
Messages: 19
Localisation: Entre Yarthiss et Tuolrim
(((Début du premier Rp d'Olaf Glimdarrow : La curiosité n'est pas un si vilain défaut ! + un sort perso à valider ! )))

["Lande Miroir", Terrier d'Olaf Glimdarrow, Lutin des Sylves]


L'Aurore montrait le bout de son nez sur la "Lande Miroir" (((nom donné pour les marais près de Yarthiss par le Lutin))). Certains animaux s'éveillaient petit à petit tandis que d'autres rentraient dans leur petit Terrier après une longue nuit de chasse.

Olaf sortait, lui aussi, de son lourd sommeil. Il s'étira d'abord puis, tira les feuilles mortes qui lui servaient de rideau. Chaque matin, le lutin appréciait regarder par la fenêtre le levé de la nature, les hirondelles qui rasent l'eau pour dégotter quelques moustiques, les jeunes écureuils bailler, mais surtout les rayons du soleil transpercer la rosée dans un éclat digne de la déesse Gaïa.

Souvent, lors de ces moments, il se remémore les grands passages de sa vie passée. Ce matin-là, tout en se préparant à aller récolter des gouttes de rosée pour boire et quelques fruits sauvages pour manger, il songea à son apprentissage auprès de son précepteur.

***


Cela se déroulait au printemps de sa vie. Le maître-Lutin avait déjà remarqué que son disciple portait quelques aptitudes à la farce ou tout du moins, avait un rapport très proche avec le fait d'enquiquiner d'autres personnes.

« Sais-tu ce qu'est la prestidigitation mon petit ? » demanda le maître.

« Je dois vous avouer qu'je n'en sais trop rien ... J'ai déjà dû en entendre parler mais, rien de bien concret ... » avoua Olaf tout penaud.

«Les dieux semblent t'avoir doté de certains pouvoirs à ce sujet. Vois-tu ce que je veux dire ? »

« Vous voulez dire qu'en plus de ma capacité de guérison, j'ai une autre capacité fantastique ... »

Le précepteur fit un oui de la tête, stoppant net la phrase du jeune lutin.

«Eh oh ! Ne t'emballes pas veux-tu ! Laisse-moi t'apprendre quelques tours ... rien de bien méchant en soi, il te suffit juste d'un peu d'entraînement. Tout d'abord, regarde. »

Il posa la main sur une pierre quand soudain, de la mousse se mit à pousser et des fleurs se mirent à éclore, transformant littéralement l'aspect du rocher en une grosse touffe d'herbe.

Olaf était subjugué. Son maître avait beaucoup de talent ! « C'est fou ! Comment faites-vous cela ?! » demanda le jeune lutin tout en sautillant d'excitation.

« Ooooh, et ce n'est que le début ! Regarde donc et tais-toi ! » répondit le maître tout en s'éclipsant dans un nuage champêtre pour réapparaître quelques mètres plus loin, derrière son élève affolé, et éclater d'un rire sonore à la vue de la tête de celui-ci quand il se retourna. En dépit de son étonnement, les yeux d'Olaf brillaient d'émerveillement et de soif d'apprentissage.
« C'est tout ce qu'il me reste à t'enseigner. »
annonça le précepteur. « Es-tu prêt ? »

Olaf referma la bouche et s'essuya le menton plein de salive collante. Bien entendu qu'il voulait tout savoir ! Quelle drôle de question !

« Bien ! Ce n'est pas sorcier, certains y arrivent du premier coup parce qu'ils sont plutôt rapides ... ! Pour le premier tour, appelons-le le « Toucher du printemps », il te faut puiser en toi la force de donner vie à du néant. Ensuite, crache sur ta main et ferme les yeux. Sens-tu ton bras vibrer de la vigueur du printemps ? »

Le jeune lutin s'exécuta du mieux qu'il pu, tenta de visualiser le néant, c'est-à-dire rien, puis cracha copieusement sur sa main droite avant de fermer les yeux. Il attendit quelques secondes puis ... rien.

« Est-ce normal que ce soit aussi long ? Je commence à avoir une crampe ... »

« Tu n'es qu'un idiot ! As-tu bien suivi chaque étape ? »

« Et bien, je dois vous avouer que j'ai un peu de mal à me représenter le néant ... Parc'que, qu'est-ce que le néant ? Ce n'est rien ! Mais est-ce que rien c'est quelque chose ? On ne peut pas se représenter rien puisque ce n'est pas quelque chose ! Enfin, si c'est quelque chose mais ... »


Le maître mit un coup de canne sur la tête de son élève. « Sombre imbécile, ce n'est pas le néant en lui-même qu'il faut se représenter, mais le manque de vie ou le trop plein de vie de ce que tu vas toucher. Ce rocher semble-t-il être empli de vie ? Non ! Alors concentre-toi un peu non d'une rainette en chaleur ! »

Olaf repris alors minutieusement son labeur. Il visualisa le creux d'énergie vitale que représentait le rocher, cracha sur sa main, la posa sur le support et ferma les yeux. Il se concentra du mieux qu'il pu puis, il sentit quelque chose gargouiller en son être, parcourir tout son corps et enfin atteindre le bout de ses doigts. Quelques touffes d'herbe apparurent sur le rocher. Le lutin sauta de joie !

« J'ai réussi ! J'ai réussi ! » criait-il tout en entamant une danse de la victoire.

« C'est bien, mais tu es encore bien loin du résultat final ! Laissons celui-ci de côté, il ne devrait pas poser de problèmes par la suite. Souviens-toi bien qu'il faut sentir l'énergie vitale de ce que tu souhaites fleurir. Passons à la « Téléportation Champêtre ». Pour celui-ci, il te faut quelques plantes communes que tu peux trouver quasiment partout puis les faire sécher ! Trouve-moi donc de la Menthe et des violettes pour ma réserve personnelle. Allez ! Hop hop hop ! »

Une fois de plus Olaf s'exécuta, retournant ciel et terre pour trouver ce que son précepteur demandait. Grâce à ses enseignements passés, cela ne fut pas laborieux. Il revint donc vite dans la clairière pour rapporter tout cela.

« Tu es plutôt rapide, c'est que je t'ai bien éduqué ! Bien ... alors, pour faire cette poudre, prend deux feuilles de menthe et une fleur de violette. Fais-en une petite boule en les roulants dans ta main puis laisse-les sécher. Vas-y, montre-moi donc comment tu t'y prends pour ce petit tour.»


Le jeune lutin allait réussir du premier coup ! Tout du moins, il en était convaincu ! Il pris la poudre de violette et de menthe et qu'il plaça au centre de sa main. Il pensa alors à ramper plus que rapidement vers le bord d'une rivière dont il n'imagina pas la distance et puis, la jeta d'un coup sec par terre, ce qui fît apparaître un nuage de fleurs. Il rampa ! oh ça oui ! Mais il ne se trouva qu'à quelques centimètres Qu'avait-il bien pu arriver une fois de plus ?

Le maître redonna un coup de bâton à son disciple. « C'est plus creux qu'une noisette là-dedans ou quoi ? Ne me dis pas que tu t'es imaginé aller si loin, près de la rivière, en si peu de temps ? Bref, pour que ce tour marche il faut que le lieu que tu visualises ne soit pas trop éloigné du lieu où tu te trouves et que tu cesses de faire la limace ! Tu es jeune, cours un peu ! Tien, essaye d'aller jusqu'à cette souche morte là-bas. »

Olaf repris sa démarche, reprenant de la poussière de fleur et de feuilles pour les placer au creux de sa main. La branche était plutôt éloignée, mais il n'eu pas trop de mal à s'imaginer là-bas en train de fanfaronner devant son maître étonné. Une fois prêt, il lança la poudre à terre. *SHOUUUUF* L'impact fut brutal. La collision avec la souche lui fit perdre l'équilibre et il tomba sur son derrière pour ensuite aller s'écraser une fois de plus au sol.

Le maître rit d'un rire sonore. « Ahahahah ! En plus de tes talents d'illusionniste, tu sais très bien imiter la fiente ! Ohoh ahahahaha ! C'est bien mon garçon ! Plus tu t'entraînera, plus tu aura de facilité à contrôler ta trajectoire ! Un petit conseil tout de même, fais-toi une réserve de poussière que tu mettra dans une bourse que tu emportera partout, même si, avec le temps, tes mains imprégneront ladite poudre ce qui te permettra de lancer ce tour en un claquement de doigts ! N'oublies pas mon jeune disciple, le temps et l'entraînement t'aideront à maîtriser ces tours mieux que moi je ne les maîtrise ! »


***


Voilà maintenant 157 ans qu'il parfait ces tours. Il aime les faire pour s'amuser des visiteurs indésirables qui passeraient trop près de son Terrier et de son arbre. Tout ce que son maître avait dit s'est produit, il peut à présent recouvrir des montagnes entières, se "téléporter" en un claquement de doigt et, de ce fait, bien rire.

Plongé dans ses souvenirs, le lutin ne vît pas la journée passer. Le crépuscule tombait à présent sur la Lande Miroir. Il tapota ses lampes-lucioles faites de fleurs séchées, quand soudain il entendit ce qui semblait être des bruits de combat, suivi de voix et de grognements. Olaf s'empressa de prendre son bâton, accrocha une de ses lanternes au bout, boucla sa ceinture à bourses pleines d'herbes en tout genre et courra en direction de la bataille ...

(((La curiosité n'est pas un si vilain défaut ! (post 1))))

((([EDIT] Sort pas encore validé par les Gm[EDIT])))

_________________



1ère aventure : "La curiosité n'est pas un si vilain défaut !"


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les marais du Nord
MessagePosté: Lun 25 Aoû 2014 17:18 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 20 Aoû 2014 16:18
Messages: 10
Localisation: Proche de Yarthiss
Le temple Oublié

Voici des jours que nous marchions, Gregory et moi, sur les routes détrempées des marais. Je ne comptais plus les tours et détours que nous avions faits. Ma motivation à le suivre s'était très vite érodée vu qu'il refusait obstinément de me dire ce qu'il recherchait dans ce cloaque. Mais à première vue ce n'était pas ici… car mise à part de l'eau, de la boue et des moustiques, il n'y avait rien, absolument rien : des étendues d'eaux stagnantes couvertes de lentilles d'eau ; des roseaux battus par les vents cachant l'horizon et d'horribles arbres tortueux semblable à des volutes de fumées pétrifiées. De loin en loin, de petites flammèches apparaissaient quelques secondes rendant encore plus inquiétant ce paysage de désolation et de décomposition.
 
De temps en temps, prit de je ne sais quelle folie, il quittait la route et partait à travers le marais. Il marchait droit devant lui et moi je le suivais, fidèle et obéissante. Malheureusement, cela ne menait à rien. A chaque fois, nous peinions à revenir sur le chemin et à chaque fois je l'entendais fulminer contre les indications erronées que lui avait fournies un type louche rencontré en ville.
 
Les jours passaient emportant avec eux notre énergie. Mais malgré mes supplications, il s'entêtait à continuer, nous emmenant toujours plus loin dans les marais, persuadé d'arriver à destination au prochain tournant ou derrière la prochaine roselière. Mais à chaque fois, le paysage finalement rencontré était encore plus désolé que le précédent. Ce fut ainsi jusqu’au cinquième jour de voyage.
 
Ce cinquième jour, nous faisions route depuis maintenant trois heures, peinant à progresser à travers de hauts roseaux lorsque Gregory s'arrêta net devant moi avec un cri de joie. Surprise, je faillis le bousculer et l'envoyer à plat ventre dans la boue. Mais par réflexe, je le rattrapai par le col et l'empêchai de s'affaler. Il ne sembla même pas s'en rendre compte. Intriguée, je me ferraillai un passage dans les roseaux pour voir ce qui l'avait tant réjoui. Ce que je vis me coupa le souffle. Devant moi s'étendaient d'énormes ruines en partie effondrées. Minéral et flore semblaient ne faire plus qu'un : les pierres étaient recouvertes d'une épaisse mousse, d'une racine voire d'un arbre. Il en ressortait une impression étrange comme seule sait le procurer d'ancienne construction en ruine dans un milieu inhospitalier.
 
Suivant Gregory, j'avançais doucement entre les décombres, grimpant, rampant ou sautant à travers les blocs de pierres taillées. Plus nous avancions, plus je me rendais compte de la dimension de ce qui avait dû être un temple avec son monastère accolé et des pavillons pour les pèlerins de passage. On pouvait encore ressentir la puissance mystique dégagée par ces vieilles pierres. Les croyants venant humblement par ici pour vénérer leur dieu devaient en ressortir pleins d'émerveillement pour ce temple qui trônait majestueusement au milieu … des marais.
 
Quel dieu pouvait se trouver à sa place ici au milieu de la décomposition et de la déchéance ? Les signes extérieurs étaient nombreux, mais étonnement on en trouvait de deux types. Certains bas-reliefs représentaient des scènes de combats et de rapines, d'autres montraient le chemin menant de vie aux enfers, d'autres encore décrivait les liens indéfectibles entres deux frères obscurs. Aucun doute ne pouvait persister, nous étions dans un temple construit à la gloire de Phaïtos et Thimoros, les dieux obscurs.

Un peu surprise de les voir ainsi réunis dans un seul lieu saint, je m'en remis à Gregory. Il me répondit qu'il y a fort longtemps les deux jeunes frères étaient réunis et qu'ils avaient créés et développés la magie obscure. C'est pour renforcer cette union et veiller à l'équilibre de la spirale que ce temple avait été bâti. Mais les aléas du temps et la perte des fidèles avaient mené à la perte de cet édifice. De nos jours, il n'y avait quasiment plus personne pour se rappeler de ce lieu perdu au plus profond des marais.

Sur ces explications, Gregory s'avança sur les parvis du temple. Il y trônait deux colonnes tenant encore une partie de voute. Les colonnes étaient en grandes parties cachées par des plantes grimpantes. Mais on pouvait encore y distinguer un grand P sur la colonne de droite et une T sur la colonne de gauche. Mon mentor déposa ses affaires contre la colonne P et avec un sourire m'informa que nous allions passer la nuit ici, à l'abri des précipitations. Il m'annonça également que dès le lendemain matin, nous allions procéder à l'exploration du temple avec comme objectif de pouvoir ramener au Grand Maître un maximum d'informations sur les rites pratiqués ici.

A l'idée d'explorer un tel bâtiment tous les tourments des jours passés à explorer les marais m'ont semblé presque insignifiants. Imaginez-vous : l'exploration d'un temple oublié de tous ! Il est rarement donné dans une vie de participer à une telle aventure ! C'est sur ses idées d'exploration et de découverte que j'entrepris de faire le repas du soir : une ration de survie agrémentée d'un mauvais vin. Mais à la vue du décor magistral qui nous entourant, la piètre qualité du repas n'était de loin pas un souci tant nous étions absorbés par la contemplation de cette merveille de jadis.

Après le repas et avant le repos, venait la prière du soir au moment du couché de Soleil. Nous nous sommes donc allongé sur le ventre les bras tendus en direction de la colonne marquée d'un "T" tel que nous le pratiquions à chaque crépuscule. Gregory commença à réciter sa prière à Thimoros d'une voix monocorde. Comme à chaque fois, je sentais en moi une élévation de mon âme. Je répétais après lui les vers de sa prière jusqu'à former un égrégore entre notre dieu, mon mentor et moi au son lancinant de la prière.

AGONIE
Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
tandis que des enfants s'amusent au parterre ;
et par l'oiseau blessé qui ne sait pas comment
son aile tout à coup s'ensanglante et descend,
par la soif et la faim et le délire ardent :
Je vous salue, mon dieu.

FLAGELLATION
Par les gosses battus par l'ivrogne qui rentre,
par l'âne qui reçoit des coups de pied au ventre,
par l'humiliation de l'innocent châtié,
par la vierge vendue qu'on a déshabillée,
par le fils dont la mère a été insultée :
Je vous salue, mon dieu.

COURONNEMENT D'ÉPINES
Par le mendiant qui n'eut jamais d'autre couronne
que le vol des frelons, amis des vergers jaunes,
et d'autre sceptre qu'un bâton contre les chiens ;
par le poète dont saigne le front qui est ceint
des ronces des désirs que jamais il n'atteint :
Je vous salue, mon dieu.

CRUCIFIEMENT
Par les quatre horizons qui crucifient le Monde,
par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe,
par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains,
par le malade que l'on opère et qui geint
et par le juste mis au rang des assassins :
Je vous salue, mon dieu.


(((Libre adaptation du poème de Francis Jammes :  "Rosaire" paru dans "Clairières dans le ciel", Paris, Mercure de France, 1906.
Si cela gène ou perturbe quelqu'un, je suis tout à fait disposé à retirer ses lignes de mon texte. Il suffit d'un simple MP et cela sera fait. Mais au vu de la signification du texte (la souffrance de Dieu en accord avec la souffrance des Croyant), je l'ai trouvé totalement en accord avec le thème de la prière. )))

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les marais du Nord
MessagePosté: Jeu 28 Aoû 2014 15:42 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 20 Aoû 2014 16:18
Messages: 10
Localisation: Proche de Yarthiss
Blessures Secrètes

Lorsque j'ouvris les yeux, je vis au-dessus de moi un ciel couleur sang et or. La pluie avait cessé et je pris ceci pour signe positif. Je me levai et ordonnai mes affaires puis je m'assis sur la première marche du parvis pour admirer le paysage s'offrant devant moi. Ma position surélevée me permettait d'avoir une vue dégagée sur des lieux. Aussi loin que portait ma vue je voyais le marais couvert de bands de brouillard brillant d'une couleur dorée. Cela contrastait fortement les couleurs sombres des arbres et buissons perçant cette couche de vapeur.

Perdue dans mes pensées, je ne fis pas attention à la présence de Gregory. Il s'assit à côté de moi et, sans un mot, passa son bras autour de mes épaules. Durant un instant, il était redevenu l'amant que j'aimais et plus le mentor que je craignais. Nous restâmes ainsi quelques minutes, serrés l'un contre l'autre, les yeux perdus dans la beauté du spectacle offert par la nature.

Image
(((Image libre de droit. Photo prise par Henri Moreau)))

C'était dans ses moments que des idées blasphématoires prenaient vie en moi. Lorsque mes yeux observaient la beauté sauvage de la nature, mon esprit se détournait durant de brefs instants de l'idéal de destruction de Thimoros pour venir rejoindre celui de Yuimen. Jamais je ne m'en étais épanchée au prêt de Gregory par peur de sa réaction. Je n'imaginais pas sa réaction à l'annonce que son apprentie avait des idées impures. Je repoussais ces pensées au fond de mon esprit et avec un peu de brusquerie, je me levais.
Je me mis à préparer le nécessaire à notre expédition dans le temple : parchemins, plumes, encre et rations de survie. Lorsque cela fut prêt, je me postai à l'entrée du temple en attendant que Gregory finisse de se préparer et vienne me rejoindre. Il prit le sac et d'un pas décidé nous entrâmes dans le temple stoppant après quelques coudées afin de laisser nos yeux s'accoutumer aux ombres.

Lorsque je pus distinguer les détails de ce qui se trouvait devant moi, mon souffle s'arrêta. La pièce à moitié effondrée rendait malgré tout la splendeur passée du temple. La nef semblait s'étirer à l'infini. On ne pouvait que s'imaginer la hauteur en regardant les colonnes écroulées. Dans le fond, on pouvait distinguer les socles de deux immenses statues entourant ce qui avait dû être le Maître Autel. Nous avancions à pas mesurés, gravissant les amoncellements de gravât du toit et des colonnes. Nous nous rendions compte que la totalité des richesses du temple avaient été emportés lorsque le temple avait été abandonné. Mais que par chance, il n'y avait quasiment pas eu de pillage. Les bas-reliefs et les gravures étaient encore présents. La plupart en très mauvais état après des siècles passés dans les marais à essuyer les pluies, les tempêtes et les assauts de la flore. Mais certaines étaient miraculeusement intactes. Laissant voir des parties de légendes ou encore de fresques représentant le quotidien du temple. Gregory notait méticuleusement l'emplacement de ses trésors alors que nous nous enfoncions toujours plus dans le temple jusqu'à arriver à la croisée du Transept.

J'entrepris d'escalader la plus haute dune de gravats afin de me rendre compte de la forme et de la grandeur de l'édifice. La montée n'était pas aisée, les gravats dévalaient la pente dès que je les frôlais du pied. Mais après un intense effort et la récompense au-dessus de mes espérances. Le bâtiment formait une croix parfaite avec pour centre le point je me situais. La travée principale semblait être celle que nous avions parcourue et suivait un axe nord/sud avec l'entrée au nord. L'axe est/ouest semblait abriter des zones de travail ainsi que des lieux de prière pour le clergé. L'extrême-sud du temple était encore couvert de son toit et elle était plongée dans une obscurité quasi parfaite. D'ailleurs à premier vu le temple devait être très obscur. Aucune fenêtre ne semblait s'ouvrir dans les murs et l'orientation de l'édifice empêchait la lumière du soleil d'entrer dans le sanctuaire. Les constructions actuelles respectaient toujours ces préceptes de construction, empêchant par là à Gaïa de pervertir ces lieux dédiés aux cultes sombres avec sa lumière.

Je redescendis de mon tas de cailloux pour décrire à Gregory ce que j'avais vu. Il prit note et traça sur un parchemin le plan du temple, indiquant par des croix les lieux abritant les bas-reliefs. Nous continuâmes d'avancer en direction du sud et l'obscurité. Cette partie du temple semblait plus préservée car le toit tenait encore, protégeant cette nef des intempéries. Lorsque nous arrivâmes plus ou moins à la moitié de la travée nous entendîmes des bruits étranges provenant du fond. L'obscurité étant instance à cet endroit, il nous était impossible de définir la provenance de ces sons. Nous nous stoppâmes et Gregory sortit de son fourreau sa dague. M'intimant le silence, il s'avança dans l'obscurité.

D'instinct, je dénouai mon fouet qui s'allongea devant moi. Mon stress monta d'autant plus rapidement qu'après deux pas mon mentor disparu totalement dans les ombres. Ma main serra plus fort la poignée de mon fouet alors que mes yeux scrutaient les environs à la recherche de Gregory. Passant les recommandations de mon maître, je m'avançai dans l'obscurité, le fouet trainant sur le sol dans un bruit de cuir frotter.

Rapidement j'eus l'impression de mouvement autour de moi. Proche de la panique, je m'immobilisai tentant désespérément d'accoutumer mes yeux à l'obscurité. Peu à peu je découvris des contours formant ce qui avait dû être un bureau ainsi que quelques meubles et étagères. Mon maître se découpait devant moi. Il semblait aux prises avec je ne sais quoi. Mais il gesticulait avec sa dague, repoussant une petite créature le menaçant avec ce qui semblait être un petit gourdin.

Je fus tellement surprise par cette scène, que je ne vis pas une autre petite forme venir planter une flèche dans le tibia de Gregory. J'entendis un cri de douleur provenant de mon mentor suivit d'un rire :

- Vous croyez vraiment repousser un prêtre de Thimoros en le piquant ainsi. Pauvres fous !

Il poussa un grognement de douleur lorsqu'il retira la flèche suivit du bruit d'un objet en bois tombant au sol. Voyant que les créatures se précipitaient à nouveau sur mon maître, je fis claquer mon fouet dans leurs directions dans un bruit sec de détonation qui résonna avec force dans le silence du temple. Les créatures se stoppèrent et aussi tôt regardèrent dans ma direction, visiblement affolées à ma vue. Elles reculèrent prestement avant de prendre leurs jambes à leurs cous.

Gregory s'avança vers moi en boitant légèrement. Il me prit par la main lorsqu'il fut à côté de moi et m'entraina à la lumière.

- C'était des Elyds… il y en avait deux… J'espère qu'ils auront compris et qu'ils nous laisseront tranquille maintenant.

Il semblait avoir mal, mais tel que le disait les préceptes de notre culte, il était interdit de soigner une blessure. La souffrance dégagée par celle-ci devait être totalement dévouée au dieu. Chose que Gregory faisait sans même une arrière-pensée. Il se mit à plat ventre devant moi et fit don de sa souffrance à Thimoros. La prière terminée, il se releva et nous continuâmes donc la visite du temple, marquant sur son parchemin tous les lieux contenant des informations intéressantes. La journée passa ainsi.

Les Elyds ne semblaient pas plus intéressés que ça par une seconde manche et ils restaient bien à l'écart de nous. Nous les distinguions de temps à autre sur des tas de gravats ou derrière des blocs de pierre. Mais dès que nous approchâmes d'eux, ils fuirent à toutes pattes.

Le soir, nous ressortîmes du temple pour rejoindre notre campement sur les parvis, Gregory semblait à bout de forces, mais il faisait en sorte que cela ne se remarque pas trop, cachant la douleur que lui provoquait sa blessure. Je préparai pour ma part le repas et je mis en place les couches pour la nuit. Puis après le repas, nous échangeâmes un moment sur les découvertes de la journée et les travaux à accomplir durant les jours suivants. Puis, tel que l'usage le voulait, nous nous mîmes ensuite à plat ventre, bras tendu vers le pilier contenant la lettre T, pour prier notre dieu.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les marais du Nord
MessagePosté: Mer 3 Juin 2015 06:14 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 25 Aoû 2012 03:24
Messages: 709
Localisation: Tulorim
<<< Précédemment.


68. Vaseuse rencontre.


Sump commença à avoir faim vers le milieu de la journée lorsque le soleil atteignait son zénith. Souffrant à chaque respiration tant l'odeur le répugnait, le Gobelin donnerait tout pour un autre gros morceau de truite-dragon, ce délicieux poisson que lui avait servi Nimbé hier à Yarthiss. Ou au moins un petit répit où il pourrait avaler quelque chose. Il se contenterait d'insectes tant il était affamé et courbatu sur sa selle. Kronh et Wace, les deux miliciens que le Sekteg avait accompagné jusqu'à la ferme abandonnée non-loin de Jarvron effectuaient des pauses à l'heure de chaque repas, eux. Mais Rondolpho avait un rythme de voyage sensiblement différent. Il ne faisait tout simplement pas de pause, comme s'il avait hâte d'en finir au plus vite avec cette corvée.
Malgré lui le Gobelin était un peu interloqué quant à l'attitude du Nain. Alors que celui-ci s'était toujours comporté à tord comme s'ils étaient les meilleurs amis du monde, Sump sentait maintenant une animosité certaine chez lui à son égard. Hier encore, dans la taverne, le Thorkin lui avait envoyé une si forte bourrade qu'elle l'avait presque sonné alors que le tonitruant éclat de rire puant la bière qui c'était ensuivi avait achevé de l'étourdir. Si pour Sump ne pas être apprécié de cet individu était plus une aubaine qu'autre chose le Sekteg ne pouvait toutefois pas s'empêcher de se demander ce qui avait bien pu changer.

Après quelques heures passées où les sabots de leurs montures continuaient de marteler prudemment les rondins plus ou moins stables installés dans la tourbe, la route finit par atteindre la mangrove inextricable qu'ils avaient aperçut au loin quelques temps auparavant. Dorénavant encerclé par cette végétation indébrouillable, la route sembla rétrécir.
C'est lorsque le ciel éclatait en un dépaysant mélange de couleurs vives que se produisit le seul événement notable de cette plate journée de voyage. Alors que le Nain et le Gobelin se débattaient contre les moustiques que le crépuscule avait réveillés, une robuste charrette renforcée apparut à un tournant. Tirée par deux solides et hirsutes chevaux, elle était encerclée par presque une dizaine de cavaliers en cuirasses et suivie de près par un mulet chargé de sac en toile mené par une jeune blondinette en haillons. Voyant ce cortège approcher, Rondolpho sembla se tendre un court instant avant de lâcher :

"Ah, ce sont les couleurs de la milice de Tulorim. Rien à craindre normalement."

Juste derrière lui, Sump se raidit immédiatement. Il n'avait pas oublié que toute milice pouvait se révéler menaçante à son égard depuis ses actes dans le Comté de Nelys. Il était toujours un criminel en fuite après tout. Cependant comme la milice de Yarthiss ne lui avait pas posée de soucis particuliers par rapport à cela, il était en droit d’espérer que celle de Tulorim autrement plus éloigné, allait faire de même. Ce fut un costaud juché sur un grand et beau coursier qui les aborda, le reste de sa troupe s'arrêtant derrière lui :

"Salutations du soir fier Thorkin, dit-il d'une voix grave et noble, Paladock Vergan, sergent de la milice de Tulorim. Puis-je connaître votre identité ?"


"Rondolpho, d'Mertar. Bien l'bonsoir Sergent."
lui répondit le Nain d'un ton bourru.

Le dénommé Paladock Vergan jeta un regard en direction de Sump qui fut prit d'une soudaine envie de déguerpir au plus vite.

"Tu sembles en bien curieuse compagnie, mon cher Rondolpho. Ferait-on mieux de nous méfier de vous ?" demanda-t-il, soupçonneux.

Sump vit le Nain se retourner sur sa selle pour lui lancer un regard morne. Puis il fit à nouveau face au sergent en poussant un soupir las :

"M'en parlez pas,
dit-il, C'est un service que je rends à un ami. Je dois escorter ce Gobelin jusqu'à la capitale où il trouvera quelque mire pour le soulager de la maladie qui le ronge. Il ne représente aucun danger, n'ayez pas d'inquiétude."

Contre toutes les attentes de Sump, cette explication sembla contenter le milicien qui haussa les épaules :

"Fort bien, dit-il, nous nous apprêtions à nous arrêter pour la nuit. Souhaiteriez-vous partager l'endroit ?"

Le Thorkin s'esclaffa en frappant ses mains l'une contre l'autre :

"À dire vrai, sergent, je commençais sérieusement à me demander si je prenais ou non le risque de coucher dans cette tourbe de malheur !" lança-il, soudain guilleret.

Le Gobelin derrière lui en revanche poussa un inaudible grognement de mécontentement. Plus il y avait de monde autour de lui, moins bien il se portait. D'autant plus qu'il s'agissait là de miliciens... Pas types de personnes avec qui il pouvait avoir des affinités loin de là...

♦♦♦


"Voilà, conclut le sergent Paladock Vergan en cassant un morceau de pain, C'est la technique des Rickmark pour acheminer des fruits sur de longues distances. Un type possédant quelques fluides de glace et tout roule. Pas vrai, petit ?"

Il envoya une bourrade dans le dos du jeune homme aux cheveux sombres assis à ses côtés qui, grimaçant plus que souriant ne leva pas les yeux de son auge à peine entamée.
Prenant de la place sur la route et assis sur quelques unes des caisses que transportaient l'attelage, les membres du convoi sirotaient un bouillon de légume mélangé au lentilles que Rondolpho avait emporté pour le voyage. Celui-ci afficha un air surpris et branla admirativement du chef, sa cuillère dégoulinante de sauce et de navets s'arrêtant à mi-chemin entre sa gamelle et sa bouche :

"Par l'Étincelle ils ont trouvé l'astuce ces types-là. Et ça leur réussit. Ils doivent en avoir des picaillons pour posséder les moyens d'une telle escorte."

Les miliciens qui n'étaient pas postés en sentinelles autour du campement opinèrent alors que le sergent s'essuyait la bouche avec une jolie serviette brodée qu'il tendit à la jeune blondinette en haillons. Celle-ci s'en saisit timidement et fit une courte révérence avant de reprendre sa place à l'écart.

"Merci Nyna, dit Paladock à l'adresse de la jeune fille avant de se tourner vers le Nain, Ça tu peux le dire. Les Rickmark sont une des plus puissantes familles de commerçants de Tulorim. Le frère de celui qui nous paye siège même au Conseil des sept."

À l'écart et dans l'ombre, Sump était assis à même le sol, une écuelle vide entre les cuisses. Ce genre de discussions le dépassait complètement et la maigre quantité de bouillon qu'on avait bien voulu lui laisser ne l'avait pas pleinement rassasié. Trop sauvage pour risquer de quémander encore un peu de nourriture il comptait bien partir chasser une fois tout le monde endormi même s'il ne savait quelles friandises on pouvait bien trouver dans ces marais. Au cours de la journée il avait bien scruté la mangrove du haut de son poney à la recherche de quelque chose qui calmerait sa faim mais hormis de drôles d'araignées orangée marchant de côté et divers oiseaux, il n'avait rien vu qui ressemblait à quelque chose de comestible. Toutefois le Sekteg se demandait si s'éloigner du camp était une bonne idée. En effet alors qu'on installait le campement et que la servante aux cheveux de paille préparait la soupe, Sump qui se tenait déjà à distance de tout le monde avait néanmoins pu entendre le sergent dire au Nain :

"Il faut avoir un courage proche de l'inconscience pour se lancer dans un tel périple quasiment seul. Toi et le Sekteg auriez pu, et pouvez toujours, tomber sur un tigre des marais, des pillards ou pire encore un clan de Kadus."

S'il ignorait complètement ce qu'était un clan de Kadus, le Gobelin savait en revanche qu'en cas de mauvaises rencontres il n'aurait pas les hauts arbres des forêts comme refuge dans ce marécage. Ce serait donc faire preuve d'un comportement suicidaire que de s'éloigner de ses protecteurs. Alors qu'il pesait mentalement le pour et le contre de cette chasse nocturne, il sentit le poids d'un regard peser sur lui. Les doigts plongés dans sa barbe d'or le sergent Vergan le fixait, un coude appuyé sur un genou.

"Quelque chose me revient, finit-il par dire en se redressant, brisant le silence qui s'était installé autour du feu, Il y a une semaine environ on a reçu un oiseau de la milice de Dehant signalant qu'un gobelin était en fuite. Il aurait volé, agressé, la routine quoi..."Sekteguement" parlant en tout cas."

Les mots frappèrent Sump au creux de l'estomac. Il le savait, il en était sûr. Les humains avaient bien un moyen pour communiquer entre eux, ils pouvaient s'échanger des informations même sur de longues distances. Tant bien même, depuis le temps ses méfaits s'étaient évidemment répandus à travers le continent même s'il ne savait pas à quel point. Les craintes que lui inspiraient la promiscuité avec tout ce qui portait le nom de milice se vérifiaient. Il était bel et bien toujours en cavale et recherché. Toutefois il n'eut pas le temps de paniquer davantage ni de faire un acte inconsidéré que le milicien se détourna avant de pousser un rire sans joie :

"Enfin y a peu de chance qu'il s'agisse du même pas vrai ? Et puis ce serait le cas, pourquoi est-ce qu'on s'en occuperait ? Nous sommes déjà en mission. Nous devons escorter ces pêches jusqu'à Yarthiss pas vrai les gars ?"

Des affirmations peu convaincues lui répondirent. Sump ne sut pas exactement s'il devait encore s'en faire ou non. L'ambiance s'alourdit toutefois nettement, le regard des miliciens étaient désormais pointés sur lui qui, aussi raide qu'un passe-lacet, retenait son souffle. Dans cette atmosphère devenue comme à couteaux tirés Rondolpho reposa lentement sa cuillère dans l'assiette qu'il avait sur les genoux puis se racla la gorge :

"J'ai un excellent vin que je gardais pour mes nuits difficiles dans le désert. Qu'est-ce qu'on fait, on l'attaque ?"

Le sergent garda un instant le silence, semblant faire face à un dilemme avant de finalement esquisser un sourire :

"Va pour une désinfection de nos blessures intérieures. Nyna, apporte-nous donc quelques godets."


Suite.

_________________
Sump


Dernière édition par BreadOOney le Mar 30 Aoû 2016 11:16, édité 30 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les marais du Nord
MessagePosté: Lun 7 Déc 2015 04:37 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 25 Aoû 2012 03:24
Messages: 709
Localisation: Tulorim
<<< Précédemment.


69. Chasse nocturne.


Toisé par le fin croissant de lune argentée Sump se leva aussi souplement que lui permettait ses multiples bobos pour se glisser dans la mangrove inextricable. Telle une ombre il se fondit à pas feutrés dans la gadoue hors de la route pour se mettre en quête d'un vrai dîner. Il avait essayé de s'en passer mais avait été réveillé au beau milieu de la nuit par un ventre grondant et un alléchant rêve mettant en scène des morceaux de barbaque géants. Il lui semblait qu'une éternité s'était déroulée depuis la dernière fois qu'il s'était adonné à la chasse et même s'il ne se trouvait pas dans sa meilleure forme ni sur son terrain favori, la faim qui le tenaillait suffisait à maintenir ardente la flamme du chasseur en lui. Les trois sentinelles chargées de la première moitié de la nuit discutaient mollement. Ils se tenaient non-loin du feu qu'ils continuaient de maintenir en vie aussi le Gobelin n'eut pas trop de mal à leur fausser compagnie sans se faire remarquer.

Une fois qu'il fut assez éloigné pour ne plus percevoir les assourdissants ronflements des hommes dans leurs tentes, le Gobelin tâcha de se concentrer le plus intensément possible sur un quelconque bruit trahissant la présence d'une proie potentielle. La chasse dans les marais ne devait pas être bien différente de la chasse en forêt or il se trouvait être un as dans cette dernière activité. Son oreille et demi parée à capter le moindre son et ses mirettes prêtes à traverser le fragile brouillard, il n'essaya même pas de se servir de son odorat, toute odeur étant camouflée derrière la puanteur suffocante des lieux.
Ses oreilles pointues se dressèrent imperceptiblement vers la droite alors qu'une grenouille venait de croasser. Ou un crapaud il n'en avait cure. Pourtant pas particulièrement friand de ce genre de viande, il avait tellement envie de manger que son pouls s'affola. Il y eut un petit instant de flottement puis il fonça. Venant de voir sauter à travers les vapeurs il se jeta dans une flaque boueuse, pourrissant sans vergogne son nouveau pantalon avant de maladroitement s'en extirper et de rechercher désespérément à refermer ses paluches sur le crapaud qui échappa à ce sort grâce à sa peau huileuse.
Il s'agissait bien d'un crapaud. Et pour le grand bonheur du Gobelin affamé, d'un pansu crapaud. Sa peau noire ébène luisait sous la clarté lunaire et semblait inviter la vingtaine de dents pointues du Sekteg à se planter profondément dedans. Venant d'échapper à son prédateur, l'animal ne profita même pas du fait que celui-ci perdait de précieuses secondes à ôter ses bottes de la tourbe pour prendre de l'avance. Il resta là, sans bouger, fixant de ses yeux globuleux un quelconque point dans l'espace, dos à son prédateur. Sump se rua sur lui.
Bien que se révélant un peu plus agile que ne le laissait supposer son apparence obèse cela ne suffit pas à éviter au gros batracien les conséquences de sa bêtise. Telles des serres, les doigts griffus du Sekteg se saisirent du crapaud après que celui-ci ait exécuté un impressionnant bond qui ne manqua pas de réveiller moult douleurs au passage, notamment au niveau des côtes. Se relevant avec sa proie bien en main, Sump la dévisagea quelques peu. Le batracien ne faisait aucun bruit, se contentant de rester impassible malgré la pression des doigts du Gobelin qui faisait gonfler ses yeux. Entre ses mains, Sump sentait le cœur agité de l'animal et le contact gluant de son épiderme qui rappelait la bouillasse partout autour. Malgré l'aspect peu ragoutant de ce repas, Sump ouvrit grand la gueule prêt à le dévorer vivant quand la terre se mit soudainement à vibrer.

Regardant par réflexe par terre, en l'air puis tout autour de lui, le Gobelin paniqué se figea avant d’enfoncer profondément un index dans une de ses oreilles pour la soulager de ce chatouillement désagréable. Un son s'élevait en plus des tremblements du sol. Un grondement sourd allant crescendo et qui semblait venir de toutes les directions ou plutôt, Sump en était de plus en plus persuadé, des entrailles de la terre. Et alors que les secousses continuaient de plus belle, faisant même remuer l'eau et que le bourdonnement s'amplifiait encore, Sump éprouva alors l'irrésistible besoin de se retourner. Il eut raison.

Quelque chose de monstrueusement énorme sortait lentement mais sûrement de la gadoue, soulevant tout ce qui était au-dessus, défigurant le paysage déjà bien désagréable. Deux énormes bras constitués de terre, de glaise et même de roche apparurent lentement encadrant une tête reptilienne affublée de deux grands trous brillant d'une lueur verdâtre. Le reste du corps encore caché dans le sol spongieux du marais, le monstre rejeta lentement sa tête en arrière pour pousser un hurlement grinçant et puissant qui monta dans des aigus incroyables sans nul doute perceptible sur des kilomètres. Sursautant tellement violemment qu'il en lâcha son crapaud, Sump dégaina sans y penser la dague dorée de sa ceinture même si elle ne lui serait d'aucune utilité ici. La seule chose bonne à faire face à cette terreur c'était de prendre ses jambes à son cou et très vite. Le fixant en lancinant sa grosse tête d'un air menaçant à présent, la créature grondait toujours, la couleur de ses yeux scintillant maintenant d'une lumière orangée plus féroce, plus volcanique. Comme il restait immobile, les yeux levés, Sump ne sut que faire pendant ces quelques secondes de flottement. Cela ne dura pas.

Sans prévenir et dans une explosion de boue et d'eau, des dizaines d'épaisses lianes jaillirent soudainement du sol tout autour de la créature des marais soulevant de leurs socles arbrisseaux et pierres. Aussitôt le petit Gobelin tourna les talons en dérapant dans la vase et se mit à galoper. Il bondit au-dessus d'une paisible mare juste avant qu'un des brutaux tentacules ne s'écrase dedans. Mais un autre le frappa en plein abdomen, le soulevant de terre et l'emportant avec lui. Poussant un pauvre cri terrifié, Sump s'envola, accroché à l'appendice à plusieurs mètres au-dessus du sol mais il n'eut pas le temps de profiter de la vue que la liane replongeait déjà vers le sol pour l'écrabouiller alors que le monstre hurlait de plus belle derrière. Une seconde avant d'être pulvérisé entre le tentacule et le plancher des vaches, le Gobelin lâcha prise et entraîné par la vitesse s'éleva à nouveau dans les airs putrides du marais. Atterrissant dans la collante boue non sans avoir traversé un petit arbuste torturé avant, il se releva aussi vite qu'il put et ignorant les traits de feu que les fines branches avaient taillées dans sa peau il se remit à détaler comme un lièvre, le frêle manche de sa dague serré dans son poing jusqu'à la douleur. Alors que partout autour de lui, les lianes fouettaient le sol avec toujours davantage d'ardeur. Il les évita en slalomant, en bondissant, en usant de toute sa dextérité de Sekteg des forêts, en puisant dans les dernières ressources d'énergie que son corps malingre cachait, l'adrénaline lui permettant d'ignorer ses côtes douloureuses.

À force de course effrénée, il parvint à semer les lianes géantes du monstre du marais qui ne le poursuivit pas, restant planté dans le sol où il était apparu. C'était là une aubaine incroyable pour Sump qui finit par s'arrêter contre un gros tronc, à bout de souffle et à demi-mort d'épuisement. Rengainant sa dague dorée, il entreprit rapidement de s'essuyer un peu le visage quand un coassement le figea. Tournant lentement la tête vers la gauche, il le vit. Le crapaud noir. Qui attendant paisiblement sur un rocher plat avec son air idiot, sa peau mouillée et ses yeux saillants. La faim ne l'ayant quitté que pour ce court mais intense moment d'adrénaline, Sump haleta quelques instants puis se rua sur lui avec tout ce qui lui restait de force. L'animal qui ne fit rien pour s'enfuir alla se laisser dévorer goulûment quand une voix fluette s'éleva :

"Donc toi, qui viens d'échapper à un Roi des marais par miracle tu vas croquer dans un crapaud Maki ? C'est intelligent."

Ses canines effilées s'arrêtant une fois de plus à quelques millimètres de sa pitance joufflue, Sump pivota vivement en dégainant, furieux et tendu comme un arc. Ce qu'il vit le laissa quelque peu interdit. Juché en haut d'un petit arbre rabougri ne mesurant pas plus d'un mètre de haut, un petit humanoïde aux grandes oreilles pointues le toisait, un grand sourire aux lèvres. Vêtu de vêtements en feuille et portant de multiples bijoux en coquillage, il avait les cheveux ébouriffés sous un bonnet décousu. Ce petit être sauta prestement de son perchoir ce qui eut pour effet de faire reculer le Gobelin, qui leva un peu plus Grifoniss et découvrit beaucoup plus ses dents pointues.

"Eh, du calme le fauve ! s'esclaffa l'inconnu les mains devant lui, C'est pas la petite bête qui va manger la grosse !"

Il ponctua sa tirade d'un grand sourire enfantin qui fut lui-même suivi par un long silence pendant lequel ni l'un ni l'autre ne bougea, l'un souriant bêtement, l'autre pointant sa lame. Ce dernier détailla plus précisément ce drôle de petit olibrius. Fait rare il était plus petit que lui, possédait un long nez fin et saillant ainsi que des yeux impressionnants. Brillants d'un atypique mélange de doré et de mauve, ils semblaient rieur et pétillaient d'une malice sans limite.

"Allons détends-toi un peu ! Je viens de te sauver la mise mon grand ! finit par s'exclamer le petit étranger, les poings sur les hanches, Une seule goutte du sang de ce crapaud dans ton gosier et tu décédais dans la minute. Vaut mieux être végétarien dans le marais du Nord parce que niveau viande c'est plutôt mortel par-ici... littéralement."

Il termina sa phrase par un ricanement qui acheva le Gobelin de le trouver infiniment agaçant. Il balança son crapaud et s'approcha de ce nouveau repas en le dévisageant avec des yeux de briffaud. Peu importe le type de viande, tout convenait à un Gobelin sauvage affamé. Sans se départir de son sourire qui s'était néanmoins tendu, le petit être recula et leva ses paumes :

"Ah, je sais à quoi tu penses mais j'aimerais d'abord que tu te poses une question toute simple et même un peu bête : Où est-ce que tu es ?"

Sump se figea et après quelques secondes regarda brièvement autour de lui sans vraiment quitter sa proie des yeux. Il n'avait effectivement aucune idée de l'endroit où il se trouvait et ne savait comment rejoindre le campement sans retomber sur le monstre qui avait failli le trucider. Bien que jouissant d'un sens de l'orientation plutôt bon, il doutait d'avoir une assez grande espérance de vie en ces lieux pour rejoindre son campement avant d'y passer.
Comprenant qu'il avait fait mouche, le gnome croisa arrogamment les bras :

"Je sais où vous avez planté la tente. Avec les copains on vous suit depuis le début mais je suis le seul qui ai eu le cran de sortir des arbres. Et je connais ce marais comme ma poche...néanmoins, j'ai moi aussi un petit soucis. Dooonc..."

Sump ne put retenir un léger grognement agacé. Il voyait la chose arriver aussi distinctement qu'un troupeau de Brok'Nud.

"...Entraidons-nous !" conclut le petit être en se tapant dans les mains.

Suite

_________________
Sump


Dernière édition par BreadOOney le Mar 30 Aoû 2016 11:19, édité 9 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les marais du Nord
MessagePosté: Lun 14 Déc 2015 04:13 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 25 Aoû 2012 03:24
Messages: 709
Localisation: Tulorim
<<< Précédemment.


70. Dans le sens du poil.


"On va vers un des endroits le plus hypra-mystérieux et supra-cachés du marais. Tu devrais être content au lieu de râler."

Précédant de quelques pas le minuscule être, Sump essayait tant bien que mal de ne pas se laisser distancer et d'écouter en même temps ce qu'il lui disait. Ce n'était pas facile. Le gnome, qui répondait au farfelu prénom de Pily-pili-Pily-pili ( le Gobelin avait d'ailleurs exceptionnellement reçu l'autorisation de juste l'appeler Pily ) était un Lutin et ne semblait pas gêné le moins du monde par les sols traîtres et gluants du marais. Ne s'enfonçant jamais dans la boue, elle ne semblait pas non plus s'accrocher à lui le faisant jouir d'une propreté brillante en ces lieux. Le Sekteg quant à lui n'avait pas autant de facilité. À chaque pas, ses bottes menaçaient de s'enfoncer dans un trou et lorsque cela arrivait il lui fallait alors forcer sur sa jambe pour se dégager avec un bruit de succion. Comme si cela ne suffisait pas, d'énormes sangsues noire et dodues s'accrochaient volontiers à sa peau et à ses vêtements pour lui sucer avidement le sang. Cela aurait été un moindre mal si le Sekteg affamé avait pu les manger mais elles se révélaient si caoutchouteuse que même ses canines aiguisées ne parvenaient pas à les réduire en morceaux. Et c'était sans compter leur goût infect.

Pendant ce temps-là Pily continuait son petit monologue sans se rendre compte des peines qu'endurait son compagnon :

"Il y a là-bas quelque chose dans quoi je taillerais une alliance digne de ce nom pour ma promise. Une fois qu'elle et moi seront mariés, on quittera cet endroit pourri et irons nous installer sur Nirtim. Le pieds non ? Qu'est-ce que tu en penses ?"

Mais Sump était trop occupé à veiller aux endroits où il posait les pieds et à déloger les suceuses de sang pour écouter avec attention de telles palabres qui ne lui étaient d'aucun intérêt de toute façon.
Plus ils progressaient, plus le brouillard se faisait épais et ce n'était pas pour rassurer le Sekteg qui trouvait les alentours de plus en plus sinistres. Cependant il constata avec étonnement qu'ils s'en extirpèrent peu à peu, la vue redevenant dégagée et limpide. Débarrassé du poids d'y voir de moins en moins clair, Sump se redressa un peu pour observer la zone. Toujours plat, quelques arbres de savane se tenaient là à travers roseaux et hautes herbes.

"Baisse-toi espèce de grand dadais ! S'ils nous voient maintenant ça va être chiant !" siffla le Lutin, le dos courbé.

Le Gobelin obéit sans tarder, se mettant pratiquement à quatre pattes non sans grimacer légèrement. Ses côtes pas tout à fait remises et ses multiples courbatures semblaient lui avoir ajoutées vingt ou trente ans.

"Maintenant c'est patte de velours d'accord ?" lui dit Pily à voix très basse, "Nous ne sommes plus très loin."

Sump continua de suivre son petit guide dont la modeste taille lui permettait de marcher presque normalement. Ils slalomèrent entre les différents bassins vaseux et autres obstacles avant de se plonger dans de très hautes herbes humides et fraîches. Sump crût y déceler une bonne odeur mais il prit cela pour un tour de son esprit. Ce serait bien une première dans ce foutu marais. Puis le Gobelin perçut des voix graves et se tendit automatiquement.

"Bon arrêtons-nous là. souffla Pily peu après, sa petite tête farceuse émergeant de la végétation. Tu vois ces types là-bas ?"

Sump écarta les hautes herbes et resta un instant stupéfait. Un petit groupe de créatures humanoïdes était installé sur les berges d'une grande étendue d'eau à une cinquantaine de mètre d'eux. Malgré l'heure de la nuit bien avancée et sa maigrelette lune, la scène était tout à fait visible grâce à la dite eau qui brasillait on ne savait comment d'une lumière immaculée. Ce lac de marais ou aucun nénuphar et autres roseaux ne poussaient dégageait un calme absolu que l'agitation des créatures installées sur ses berges ne suffisait pas à perturber. Sous un saule chevelu au tronc épais et sombre, ils étaient une dizaine rassemblés là et semblaient s'affairer à essayer de faire un feu. Apparemment tous des mâles, ils vociféraient les uns contre les autres dans un dialecte comportant beaucoup de "A" semblait-il à Sump.

"C'est un clan de Kadu qui s'est installé ici il n'y a pas longtemps comme par hasard,
lui chuchota Pily, ne fais pas de bruit, ils ont de sacrées oreilles."

Il s'accroupit ensuite de biais par rapport à Sump et désigna la zone de sa petite main :

"Dans ce lac spécial se trouvent les choses les plus précieuses du marais à ma connaissance. Des sortes de gros coquillage pas très jolis qui ont la particularité de fabriquer de jolies perles. Le plan c'est que je vais tout d'abord attirer leur attention. Benêts comme ils sont, ils se rueront à ma poursuite en gesticulant."


Les yeux de Sump restaient fixés sur les "Kadu". De là où il était, ils ressemblaient à des sortes de singes. Ses oreilles quant à elles étaient concentrées sur la voix fluette de Pily. Celui-ci prit un air exagérément sérieux et le désigna d'un petit doigt fin. Les billes de jais du Gobelin se posèrent sur lui :

"Ce que tu vas faire, toi, c'est t'emparer d'un de ces coquillages pour moi."

Nouveau sourire éclatant.

***

"Oh hé, bande de macaque, c'est encore moi ! Tentez à nouveau de m'attraper, on sait jamais ! Même si c'est pas demain la veille que vous y arriverez !"

C'est la dernière fois que Sump perçut la voix de Pily. Après quoi comme prévu, tout le groupe de Kadu s'était rué à sa poursuite en criant, en vociférant le tout dans un nuage de poussière. S'étant rapproché avec une infime précaution de leur campement primaire, le Gobelin les avait vu se précipiter comme des animaux sur Pily qui s'était enfui en rigolant. Il était étrange qu'un si petit individu puisse avoir autant de courage. À moins que ce ne soit autre chose comme de l'inconscience... Malgré le rapide aperçu que Sump eut de ces guerriers Kadu, il en avait simplement déduit qu'il n'était définitivement pas de taille à affronter ne serait-ce qu'un seul d'entre eux. Plus grands, plus lourds et plus massifs, ils avaient en outre tous apposés sur leur visage le crâne d'un animal mort et protégés leur corps de la même façon avec différents ossements ce qui leur conférait une protection en plus des peaux de bêtes qu'ils portaient.
En expirant par le nez avec détermination et sans se départir de sa prudence extrême, Sump se rapprocha à petits pas du lac, tous les sens en alerte. Il était prêt à mettre les bouts à la moindre trace d'un danger quelconque. Tant pis pour Pily. Tout ce plan-là lui rappelait un peu trop celui de Taïgon, à Yarthiss. Sauf que la dernière fois cela avait été à lui d'attirer l'attention. Et la dernière fois, il y avait dix mille yus à la clé. Dans cette affaire-ci le seul enjeu était qu'il puisse revenir sans trop d'encombre à son campement.

Il arriva enfin à proximité des berges, le cœur tambourinant. Il ne percevait plus les lointaines voix primitives des Kadus lancés à la poursuite du petit Pily. Dans ce silence paisible que l'eau pure semblait faire régner, Sump se détendit un peu. Il avança vers celle-ci. Bien que ne sachant pas nager, il eut l'envie de se jeter dedans. Tout son corps le démangeait, la boue s'étant introduite partout sous ses vêtements et un bon bain dans une eau aussi claire que le cristal ne pouvait lui faire que le plus grand des biens. Loin d'être un féru d'hygiène, c'était pourtant la première fois que Sump se sentait aussi sale. Il s'agenouilla sur la terre humide mais ses genoux la trouvèrent dure et il remarqua que ce n'était pas de la boue ou du sable sous l'eau mais bien de la pierre. Plate et d'un bleu givré, elle ne semblait souffrir d'aucune imperfectibilité et poudroyait de minuscules étoiles blanche comme incrustée de milliards de petits diamants.
Mais ce n'était pas fini. Alors que son regard glissait sur cette surface plane quasi-parfaite Sump tomba sur le coquillage que désignait Pily. Comme posé paisiblement sur la roche, on aurait dit une sorte de grosse bouche avec des lèvres jaunes en vaguelettes. Loin d'être à la hauteur de cet habitat exceptionnel, il exhibait un blanc sale et sa carapace semblait abîmée, rayée. Il en distingua d'autres de plus ou moins grande taille et de diverses couleurs dans les profondeurs de ce lac formidable. Malgré leur apparence patibulaire, Sump ne doutait pas que ces grandes lèvres cachaient un trésor.
Ses yeux miroitant les éclats de l'eau en une étincelle de concupiscence, Sump plongea doucement ses mains abîmées et d'une saleté repoussante dans cet univers de pureté et sans qu'il n'en soit étonné, trouva la température parfaite. Fraîche, douce et relaxante, elle s'alliait parfaitement avec l'atmosphère étouffante de cette nuit humide. Mieux encore la boue accumulée sur la peau du gobelin se détacha de lui et se dissout comme si la clarté de ce lieu suffisait à vaporiser toute impureté, quelle qu'elle soit. La main gauche du Gobelin elle-même, noire et fripée comme elle l'était semblait à l'aise dans cette magnificence et pour la première fois depuis des lustres Sump se sentit bien, les mains à plat sur la roche doucement rugueuse du lac. C'était comme si il y avait deux dimensions. L'une au-dessus de l'eau, l'autre sous l'eau. Sump ferma les yeux et prit la plus paisible et profonde inspiration de sa vie, l'odeur de fœtus faisandé du marais ne suffisant même plus à le déranger.

Puis le petit Gobelin fut balayé comme un fétu de paille, entraîné par une masse surgie de nulle part avec une violence inouïe à lui en briser les os. Roulant un court instant dans la poussière, Sump se retrouva bien vite écrasé par un poids, les épaules fixés au sol par deux puissants genoux brunâtres et surmontés d'une touffe de poils noirs. Il vit ensuite le crâne. Infesté de poussière, de crasse et de boue séchée l'ivoire ne brillait plus d'aucun éclat et le fixait des ses orbites béantes et profondes comme des puits, semblant absorber toute la lumière du lac. Tels deux étaux, de colossales mains griffues se refermèrent sur son cou de poulet et se mirent à serrer, le Sekteg hoquetant déjà, essayant mollement de se dégager en bougeant les jambes. Un cri monta du monstre au-dessus de lui et Sump vit des taches non-identifiées apparaître dans son champ de vision, lui brouillant la vue. Sa main droite se referma alors sur le manche de sa dague dorée qu'il planta férocement dans le bas du dos de son tourmenteur qui continua son cri en s'arquant vers l'arrière. Le Gobelin en profita pour s'éloigner en rampant et de jeter ses bottes dans le torse du Kadu tout en crachant ses poumons. Le colosse recula à peine et repartit à l'attaque. De justesse Sump roula sur le côté, passant sous les bras de son ennemi puis se releva, fit mine de s'enfuir vers la gauche avant de se jeter dans l'autre direction. Le Kadu le manqua de si peu qu'il sentit les peaux de bêtes qui l'habillait contre son épaule nu et le déplacement d'air contre sa joue.

Sprintant vers le saule et ignorant le vertige dut au manque d'air, Sump bondit contre le tronc sombre et noueux pour se saisir d'une branche et se hissa à la force de ses bras à califourchon sur elle. Cherchant brièvement le guerrier Kadu du regard en se mettant debout, Sump constata avec effarement que celui-ci venait de le rejoindre dans l'arbre par le tronc. Malgré sa taille et sa carrure autrement plus massive et musclé que Sump, il ne se montrait pas beaucoup moins agile. Le crâne fonça sur lui en un hurlement gutturale qui fit sursauter le gobelin qui trancha hasardeusement l'air avec sa dague, cédant à la panique. Une fraction de seconde avant l'impact, le Kadu s'était laissé tomber de la branche par la droite, évitant le coup et crochetant l'écorce de ses ongles griffus, se balança en-dessous d'elle pour tenter de déséquilibrer Sump qui n'en revenait pas. Cette créature était tellement agile ! Il recula pour se soustraire aux pattes du Kadu qui l'attaquait par en-dessous mais la semelle de sa botte ne rencontra que du vide. Essayant de se raccrocher au fines lianes du saule, le gobelin chuta cependant.

Sump rencontra le sol comme une poupée de chiffon et Grifoniss lui échappa de la main. Jetant son bras pour la récupérer, il n'eut néanmoins pas le temps. Le Kadu venait de bondir sur lui, ses jambes de part et d'autre de son frêle corps il le retourna comme s'il n'avait rien pesé et referma de nouveau ses serres sur la gorge du Sekteg. Les doigts noircis et affaiblis de sa main malade se plongèrent dans la terre avec la force de la mort imminente à quelques malheureux centimètres de la dague dorée pendant que l'autre main essayait d'atteindre les yeux du Kadu. Mais protégés par leur carapace d'ivoire, ceux-ci restèrent hors d'atteinte. Alors que Sump voyait de nouveau des étoiles et que l'air ne parvenait plus à ses poumons, un cri fluet lui parvint :

"EH !"

Sump vit le Kadu lever la tête et aussitôt porter les mains à son visage en se jetant en arrière tout en hurlant de douleur. Reprenant un grande goulée d'air, Sump referma ses doigts sur le manche de sa dague et s'éloigna en rampant sur le dos de cet adversaire abominable.

"Tu dors ou quoi ? Mon coquillage !" beugla Pily en affichant une mine scandalisée, un lance-pierre à la main.

Sans réfléchir Sump se rua en toussant dans le lac. Ne se souciant plus le moins du monde de la température, de la beauté ni de quoi que ce soit d'autre, il s'immergea en brisant sans scrupules la sérénité de l'eau jusqu'à se trouver au-dessus du fameux bijou au moment où un lointain tonnerre d'exclamations parvint à ses oreilles. Relevant les yeux, il vit au loin des silhouettes se ruer vers eux. Il s'agissait des autres Kadus. Jetant un bref regard à Pily qui essayait tant bien que mal d'échapper à l'autre furieux en cabriolant et feintant comme un démon, il plongea la tête sous l'eau et Grifoniss posée au sol, entreprit de se saisir du coquillage. Impossible, il était collé au sol et en plus de posséder une force physique équivalente à celle d'un moustique, les doigts de sa main gauche quasi-morte avaient perdu toutes forces. Laissant échapper une volée de bulle frustrées, il s'échina encore un court instant avant de devoir remonter à la surface, les poumons décidément mit à mal. Ignorant les Kadus qui se rapprochaient dangereusement, il inspira bruyamment et replongea. Qu'est-ce qui le faisait agir ainsi au lieu de s'enfuir ? Il l'ignorait sur le moment. Était-ce l'envie de découvrir et posséder la merveille que cachait ce gros coquillage qui lui donnait ce courage ? Où était-ce simplement le fait que sans Pily il ne resterait pas vivant assez longtemps pour retrouver Rondolpho ? Toujours est-il qu'il s'empara de sa dague et planta la lame entre le coquillage et la roche et entreprit de toutes ses forces de décoller ce maudit bijou de la nature, une veine gonflée traversant son front proéminent. L'air recommença à manquer mais il ne pouvait pas remonter à la surface. Alors que les sanguinaires Kadus étaient peut-être déjà tous là, qu'ils avaient peut-être déjà réduit Pily en charpie, qu'ils se ruaient peut-être déjà tous sur lui, il ne voulait pas lâcher le morceau. Enfin, alors qu'il allait remonter à sa surface par manque d'oxygène, la lame d'or de Grifoniss rappa durement contre la roche, la rayant tandis que le coquillage était enfin décollé.

Aussitôt Sump émergea brutalement de l'eau, courut aussi vite qu'il put vers la berge et alors que Pily se faisait enfin attraper par le Kadu infatigable, le au niveau de son aisselle. Passant sous le bras du guerrier qui se retournait fou de rage il se saisit de Pily, le balança sur son dos et alors que le reste du clan de Kadu arrivaient sur eux, s'enfuit à toute jambe.

"Il faut retrouver le couvert de la brume !" hoqueta Pily à bout de souffle et ballotté sur le dos du Gobelin qui lui-même haletait comme un forcené, le lourd coquillage serré contre lui.

Juste derrière eux, les Kadus les invectivait avec leur langage en "A" telle une armée de primates en colère. Épuisé, Sump trébucha et Pily et lui tombèrent d'une butte herbeuse, en plein dans la boue.

"Cachons-nous là, contre le versant !" lui siffla-t-il à voix basse en s'extirpant de la tourbe qui se détachait lentement de lui.

À bout de force, Sump accepta cette idée dangereuse et se laissa entraîner par le petit gnome qui le tira hâtivement par un pan de sa tunique sans manche et à peine furent-ils caché sous le versant, la végétation et la boue de la butte que le clan de Kadu sauta par-dessus pour retomber bruyamment devant eux. Bientôt, ils furent encerclés par des dos de Kadus qui bougeaient la tête de droite à gauche. Camouflés par les roseaux et l'obscurité, Pily et Sump retinrent leur souffle comme ils le purent, le gnome tremblant de tous ses membres et à la limite d'éclater en sanglot.

"Nouka nava nagga !
s'exprima un Kadu plus costaud que les autres qui portait un crâne à corne sur le visage. Il en bouscula ensuite âprement un autre : "Vaka !"

Ils se disputèrent alors tous un peu, se bousculant sèchement et plusieurs fois certains d'entre eux se tournaient pour regarder derrière, parfois directement dans la direction des deux fuyards. N'y tenant plus, Pily se couvrit le visage de ses mains en poussant un gémissement presque inaudible. À ses côtés et tendu comme une crampe, Sump avait la main crispée sur sa dague dorée et essayait tant bien que mal de contrôler sa respiration, les yeux fixés sur les Kadus.
Qui, après un long moment de tension extrême finirent par faire demi-tour, peu à peu, non sans râler.

***

"C'était génial ! GÉ-NIAL ! Tu te rends compte ? On forme un tandem de folie ! On les a entourloupé grâce à mon intelligence hors-norme et à ton incroyable habileté ! On s'est sauvé mutuellement la vie, tels des frères d'armes alors qu'on a rien en commun ! Moi un mignon petit Lutin adorable, toi un sale Gobelin moche et débraillé et pourtant, pourtant ! On s'est rencontré et on a fait un boulot du tonnerre ! Nom d'une loutre je suis sûr qu'à un moment on a communiqué par télépathie, non ?"

À ses côtés Sump inspira profondément par le nez. Ils étaient sur le chemin de son campement. Là où devait ronfler Rondolpho, bien endormi. Le Gobelin l'enviait même si il avait toujours aussi faim. Supporter ce nabot était la pire des punitions et il n'avait qu'une hâte après cette horrible et infructueuse partie de chasse : aller se coucher. Seuls point positif : la boue ne semblait plus le coller puisqu'il était recouvert de l'eau de l'étang magique. Il était ainsi plus propre que jamais et pour une obscure raison, ces vêtements n’étaient pas mouillé non plus. La magie... elle effrayait le Sekteg autant qu'elle le fascinait.

Ils finirent par arriver à bon port. Sump aurait pu se repérer depuis longtemps tout seul puisqu'il reconnaissait les lieux mais Pily ne semblait pas vouloir le lâcher. Ce n'était pas une si mauvaise chose puisque cela pourrait lui permettre de finalement obtenir une compensation pour les efforts qu'il avait fait cette nuit. La flamme obscure de l'avidité fit de nouveau brûler ses perles de charbon alors qu'il progressait.
Une fois à proximité du bivouac contenant la troupe ronflante, Pily leva les yeux vers le Sekteg à ses côté qui choisit de ne pas le regarder, la main posée sur le manche de sa dague. À des années-lumières des sombres desseins du gobelin, le Lutin branla du chef :

"Tu es génial pour un Gobelin, lui dit-il les yeux brillants d'admiration, quand tu es sorti de l'eau pour trancher le Kadu au moment où il allait me réduire en charpie, waouh, c'était la classe ! T'es trop fort."

Cela prit tellement au dépourvu le Sekteg que celui-ci, la gueule béante, tourna la tête et baissa finalement les yeux sur lui. Loin de se douter de l'émoi qu'il venait de faire naître chez le Sekteg, Pily serra le coquillage contre sa poitrine :

"Grâce à toi ma promise va être comblée. Merci beaucoup."

Étourdi, Sump regarda à nouveau devant lui, raide comme un piquet. Un silence s'ensuivit avant que Pily, un peu mal à l'aise à cause de l'immobilité soudaine de son camarade, ne toussote doucement :

"Bon, et bien je suppose que nos chemins se séparent ici. J'espère qu'on se reverra...euh... comment tu t'appelles au fait ?"

Après un court silence, le Gobelin lui répondit en carrant involontairement les épaules :

"Sump."

Sa main était désormais loin de sa dague.


Suite

_________________
Sump


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les marais du nord
MessagePosté: Mar 25 Sep 2018 23:44 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 20 Sep 2018 20:42
Messages: 121
Localisation: Tulorim
<<Auparavant

Le lendemain, nous étions devant le mausolée à l’aube, prêts à l’explorer. Wyrlan donna les dernières directives et laissa Fyly prendre la tête, suivi de Thorgrim, puis moi devant Wyrlan et enfin Bolir qui fermait la marche. Ce dernier nous ouvrit la porte à coup de pieds car elle était bien coincée et nous avons ainsi entamé l’exploration. Le début n’était qu’un long couloir dont les murs étaient décorés de fresques malheureusement usées par le temps mais malgré cela il était facile de s’imaginer l’opulence passé de l’édifice. Nous marchions depuis seulement quelques minutes lorsque Fyly s’arrêta en fixant le sol.

- Je pense qu’il y a un piège devant, ces dalles ne sont pas agencées de la même façon que le reste.

- Une idée de la nature du piège ?

Elle secoua la tête négativement puis laissa la place à Thorgrim qui examina les dalles, puis les murs contre lesquels il tapota ses doigts à différents endroit. Je me demandais comment il pouvait connaître un piège juste en tapant un mur mais je me retenais de poser la question, j'aurai probablement eu l'ai bête en la posant. Je l'entendis grogner un son inaudible avant de donner son expertise qui éclaira quelque peu ma lanterne.

- Je pense que quelque chose sort du mur, il sonne creux à plusieurs endroits, il vaudrait mieux les activer au cas où nous devions repartir en catastrophe plus tard. Reculez !

Nous avons obéis et Thorgrim jeta méticuleusement des outils sur chaque dalle. A chaque fois, des projectiles sortirent des murs dans un grincement désagréable. Je me disais qu'on avait de la chance que Fyly l'ait repéré à temps, sinon ça aurait été horrible. Lorsqu’il eut fini, il ramassa tous les objets et Fyly pris de nouveau la tête du groupe. Nous avancions plus prudemment qu’avant mais aucun autre piège ne fut décelé et rien ne s’activa à mon grand soulagement. Thorgrim avait l’air bizarrement ravi que les pièges soient encore actifs.

- Si la porte est fermée et que les pièges n’ont pas été activés, ça veut dire que les trésors sont encore là, il ne reste qu’à les trouver !

L’air enjoué du nain me tira un sourire. Il avait l’air si impatient, on aurait dit qu’il allait recevoir un cadeau ! Peu après nous avons atteint une première pièce meublée d'un simple bureau vide en son centre, mais où des dizaines de trous avaient été creusés dans la pierre et chacun de ses trous accueillait un cercueil. Cet endroit me fichait la chair de poule sans que je comprenne pourquoi. Les autres fouillèrent la pièce sans rien trouver, mais personne n’osa toucher aux cercueils, préférant éviter d’activer un piège ou une magie dissimulé. Il y avait ensuite trois chemins différents, en plus de celui d’où nous venions. Wyrlan demanda à Thorgrim de dessiner une carte tandis que Fyly traçait des indications sur les murs pour retrouver la sortie. Nous avons ensuite pris le chemin en face de la sortie et peu à peu, je me suis aperçue que l’on descendait, le sol étant légèrement en pente, tandis que le couloir s’élargissait. A un moment, Fyly s’arrêta de nouveau et chuchota.

- J’ai entendu quelque chose. Bruits de pas, quelques dizaines de mètres. Plusieurs individus.

Ils sortirent tous leurs armes. Je déglutis, un peu nerveuse. Bolir et Thorgrim prirent la tête tandis que je restais derrière eux avec Wyrlan et que Fyly fermait la marche, surveillant nos arrières, une flèche encochée. Je sentais mon cœur battre de plus en plus vite à mesure que nous approchions et ma main droite commençait à trembler. J’inspirais et expirais longuement en espérant me calmer. Je commençais à discerner correctement la fin du couloir qui laissait passer une lumière bien trop forte pour venir de torches. Soudain, Bolir fit un geste et tout le monde se baissa tandis que Fyly s’avançait. Je la vis scruter le bout du couloir avant de chuchoter.

- Des squelettes. J’en compte 5, mais il y en a peut-être plus, on ne voit pas toute la pièce.

Wyrlan jura, mais Bolir afficha un sourire réjouis et Thorgrim affirma sa prise sur son marteau, l’air déterminé. La tension monta d'un cran et je sentis une perle de sueur descendre su mon front. Peur, moi ? Oui, mais je fis de mon mieux pour ne pas le montrer, je savais dès le début dan quoi je m'engageais après tout. Le grand guerrier pris les rênes, impatient de commencer le combat.

- Enfin un peu d’action. Thorgrim et moi on s’occupe de ceux de devant, Fylyarina et la gamine, couvrez-nous, Wyrlan … bah c’est toi le chef donc …tu es d’accord ?

Ce dernier leva les yeux au ciel mais acquiesça. Il sortit un grimoire et donna le signal d’avancer. Bolir, ravi, se releva et tout le monde le suivit. A quelques mètres de la fin du couloir, Thorgrim et Bolir hurlèrent avant de charger. Surprise, je mis une seconde avant de comprendre que je devais les suivre. Je débouchais donc un peu après Fyly qui avait déjà bandé son arc et visait un squelette sur sa gauche. Thorgrim avait déjà réduit en miette le crâne d’un premier squelette d'un coup de marteau et s’attaquait à un deuxième en lui pulvérisant les jambes, tandis que Bolir en découpait un avec chaque épée, visant méticuleusement les bras puis je tronc et enfin la tête. Je puisais dans ma magie et préparais une boule de feu, attentive à ne pas toucher mes compagnons et l’envoyait sur le plus proche en lui arrachant un bras et une partie des côtes. Croyant m’en être débarrassé, je cherchais un autre ennemi lorsque celui-ci me fonça dessus, me prenant par surprise, mais Wyrlan l’accueillit avec un sort qui le réduisit en poussière.

- Sois vigilante, ils ne sentent rien donc si tu ne les réduit pas en miettes, ils attaqueront quand même.

J’expirais et me concentrais, me rappelant les conseils de Wyrlan pour ne pas gaspiller ma magie inutilement. Je préparais donc un autre sort et veillais à bien viser la tête cette fois pour l’envoyer au tapis d’un seul coup. Un squelette avançait vers moi, ses bras tendus devant comme pour me saisir. Je n’eus qu’à reculer et lancer mon sort en visant la base de sa tête. Elle explosa avec la moitié du haut du corps et ses jambes se brisèrent sous le choc avec un bruit satisfaisant. Alors que j’en réduisais un deuxième en morceau sous le nez de Thorgrim qui me cria d'un ton rageur que c’était le sien, j’entendis Fyly crier quelque chose et je me retournais. Elle pointait du doigt le couloir d’où nous venions et, en scrutant à mon tour, je compris, d’autre squelettes arrivaient derrière nous. Wyrlan jura et hurla à Thorgrim et Bolir de se regrouper. Les deux nous rejoignirent, mais ils avaient eu le temps de massacrer presque tous les squelettes de la pièce, il en restait seulement deux qui n’avaient de toute façon pas de jambes. Ils avançaient lentement en s'aidant de leur main et j'aurai eu pitié d'eux si ils n'essayaient pas de nous tuer. Bolir jaugea la situation d’un œil, mais c’est Wyrlan qui donna les ordres cette fois.

- Fyly, Yliria, vous les attaquez d’ici, le reste ce sera pour vous, Thorgrim et Bolir. En attendant surveillez la pièce pour qu’on ne soit pas surpris si d’autres rappliquent de je ne sais où.

Tout le monde obtempéra et je lançais une nouvelle boule de feu qui alla s’écraser sur le torse d'un squelette, le faisant exploser et en faisant tomber d’autres derrière lui. Du coin de l’œil je voyais Fyly décochait ses flèches a une vitesse qui me sidéra, ces flèches cassant les os et détruisant les crânes sans difficulté.. Les squelettes avançaient mais il en restait de moins en moins et Wyrlan envoya Bolir et Thorgrim finir le travail. Ils écrasèrent sans difficulté les quelques ennemis restants et tout le monde put enfin souffler. Fyly alla récupérer ses flèches, Wyrlan examina les squelettes tandis que les deux autres fouillaient la pièce pour y trouver quelque chose de valeur, mais sans succès. Wyrlan décida ensuite d’une petite pause et j’entendis Bolir se plaindre.

- Juste des squelettes ? Ce n’était même pas un échauffement ! J’espère qu’ils ont des trucs un peu plus costauds que ça, sinon je vais m’ennuyer.

Des trucs plus inétressants ? je n'étais pas sûr d'avoir envie à me frotter à aure chose pour le moment, c'était déjà pas mal pour un début.
Ayant fini de ramasser ses flèches, Fyly me rejoignit et me proposa un peu de viande séchée que j’acceptais avec plaisir, le combat ouvrait l'appétit apparemment.

- Tu t’es bien débrouillée pour un premier combat, je t’ai vu faire quelques trous dans ces tas d’os. Tu n’as pas eu trop peur ?

- J’avais peur avant le combat, mais après je n’y ai plus vraiment pensé, le feu de l’action je suppose. Mais j’ai le sentiment de ne pas avoir été très utile.

- Ne t’en fais pas, nous sommes un groupe expérimenté, ces squelettes n’avaient aucune chance. Tu as couvert nos arrières et tout le monde s'en est sorti, c’est tout ce qui importe.

- Ils n’étaient pas si dangereux en fin de compte, pourquoi Wyrlan avait l’air aussi ennuyé ?

- Détrompe-toi, les squelettes peuvent être un danger mortel pour des aventuriers imprudents. Dis-toi que nous étions cinq, dont quatre expérimentés avec un prêtre possédant une magie de lumière très efficace contre les morts-vivants. Mais si tu avais été seule ou dans un groupe de novices mal préparé tu n’aurais pas tenu 2 minutes. Et souvent les squelettes sont accompagnées de créatures bien plus puissantes, ils servent juste de chair à canon et à épuiser l’ennemi avant le vrai assaut. C’est pour ça que nous prenons une pause, on se prépare au cas où quelque chose de plus puissant arriverait. Si nous retombons sur le même genre de groupe, essaie de conserver ta magie pour l’urgence, tu t’épuiseras pour rien sinon. Ah Wyrland nous fait signe, on repart.

Je suivais donc Fyly et notre groupe reprit son chemin à travers les couloirs du mausolée. Nous avons ainsi passé deux salles complétements vides puis une troisième semblable à la première, des trous dans les murs avec un cercueil par trou. A chaque salle, Thorgrim, qui râlait car on ne trouvait rien, mettait la carte à jour et Fyly notait sur les murs la direction à prendre pour ressortir. Thorgrim découvrit plusieurs pièges dans les couloirs, mais aucun ne se déclencha, comme s’ils étaient trop vieux pour fonctionner et que le mécanisme n’avait pas résisté au temps. Après cela nous sommes arrivés dans une salle immense richement décorée qui n’avait rien à voir avec les pièces précédentes. On pouvait voir d’immenses tapisseries, des fresques en or et ivoire surmontées d’emblèmes en pierres précieuses. Même si le temps avait fait son œuvre et que la pièce était plongée en partie dans la pénombre, le spectacle était grandiose.

- Enfin, voilà pourquoi j’aime mon métier !

Thorgrim voulut avancer mais Wyrlan le retint. On pouvait voir de chaque côté une dizaine de cercueil placé debout dans un renfoncement du mur. J’arrivais à distinguer une fresque finement ouvragée sur le mur du fond, ainsi qu’un siège derrière une table où était posé un gobelet doré. Je chuchotais à Wyrlan à côté de moi.

- Cela ressemble fortement à un piège non ?

Celui-ci ne dit rien, il observait les cercueils avec méfiance, mais il approuva de la tête. Bolir trépignait d’impatience devant nous.

- Alooors ? On se les fait ? J’ai besoin d’action !

Thorgrim approuva et Wyrlan soupira. Fyly, concentrée, avait déjà encoché une flèche et observait la salle en plissant les yeux, prête à tirer sur la moindre menace. Le chef du groupe prit finalement une décision.

- Bolir, Thorgrim, passez devant, chacun un côté, les deux autres, avec moi au milieu, tirez sur le premier truc qui bouge un peu trop. Si je vous dis de vous replier vous obéissez sans discuter. Allons-y et restez vigilants !

_________________






Dernière édition par Yliria le Mar 2 Oct 2018 10:23, édité 4 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les marais du nord
MessagePosté: Mer 26 Sep 2018 00:00 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 20 Sep 2018 20:42
Messages: 121
Localisation: Tulorim
C’est avec appréhension que je m’exécutais, j'avais comme un mauvais pressentiment. Je remarquais que la salle était bizarrement construire, avec un sol légèrement en pente vers le centre et que des nombreuses rainures semblaient converger vers cet endroit précis de la pièce, formant alors un cercle. Alors que je suivais Fyly, un cri sinistre se fit entendre et je me figeais. Le cri dura plusieurs secondes, comme une longue plainte, avant de se terminer brusquement. Je ne pouvais m'empêcher de trembler.

- Bon sang mais c’était quoi ça ?

Fyly n’avait pas l’air plus rassurée que moi et Wyrlan n’était guère plus confiant, ce qui ne m'aida pas beaucoup à me sentir mieux, au contraire. Seul Bolir avait l’air content, pensant probablement qu’il pourrait bientôt taper sur une grosse bestiole, et Thorgrim restait parfaitement stoïque, les yeux rivés sur les richesses de la salle. Je m’attendais à voir surgir une horreur sans nom depuis le mur du fond, mais je me trompais, et ce fut le plus évident qui se produisit. La vingtaine de cercueils s’ouvrirent simultanément alors que j’atteignais le milieu de la salle avec Fyly. Tout le monde se figea instantanément, sauf Bolir qui soupira.

- Encore des squelettes ? Rien de plus intéressant ?

Effectivement c’était des squelettes qui sortaient des cercueils mais quelque chose chez eux était différent. Ils portaient tous une armure complète et des armes variées, des épées, haches, lances et marteaux, d’où émanait une brume noirâtre maléfique, ainsi qu’un grand bouclier métallique pour certains. Wyrlan jura une nouvelle fois.

- Des guerriers squelettes, peut-être même d’anciens chevaliers, avec des armes enchantées par la magie noire ! On fiche le camp, on n’a aucune chance à cinq contre vingt dans une pièce ouverte !

Plus facile à dire qu’à faire, car les squelettes commençaient à nous encercler. Wyrlan ordonna à Thorgrim et Bolir de foncer vers la sortie et de repousser les premiers assaillants. Ils obéirent instantanément et engagèrent le combat en vociférant, créant une ouverture par laquelle je m’engouffrais avec Fyly et Wyrlan tandis que le reste des squelettes convergeaient vers nous. Wyrlan incanta et lança un sort de lumière qui éclaira la salle, stoppant les squelettes quelques secondes, juste assez pour que nos deux guerriers puissent nous rejoindre. Bolir avait été blessé légèrement au bras dans ce court échange et mais il avait l’air de vouloir retenter l’expérience. Les squelettes se rmeient à nous suivre et nous avons donc détalé aussi vite que possible, suivant les indications que Fyly avait laissées sur les murs pour nous orienter. Je n’osais pas me retourner de peur de voir les squelettes derrière nous. Nous avons couru jusqu’à ce que nous soyons tous en sueur, avec la respiration sifflante, parvenant ainsi à rejoindre la deuxième salle où Wyrlan se retourna enfin et, voyant que rien ne nous suivait, imposa une halte. Appuyée sur le mur, je tentais de reprendre mon souffle, mes poumons me brûlaient et mon cœur battait la chamade, autant à cause de l’effort que de la peur que j’avais ressenti. Nous avons mis de longues minutes pour nous remettre de cette folle course. Wyrlan voulut ensuite s’occuper de la blessure de Bolir. Elle était superficielle mais la magie émanant des armes l’inquiétait. Il lança un sort de guérison et la plaie se referma mais il plissa les yeux, comme s’il sentait que quelque chose clochait. Il finit par nous rassembler au centre de la pièce, laissant à Fyly le soin de surveiller le couloir.

- Il faut décider de la marche à suivre. Soit on ressort d’ici, on donne les informations que nous avons découvertes et quelqu’un de plus puissant viendra nettoyer ce fouillis en récoltant les fruits de notre travail, soit on essaie de trouver un autre chemin, mais rien ne nous garantit que cela se passera aussi bien cette fois. Nous sommes un nombre impair, faisons ça à la majorité.

J'avais seulement envie de sortir mais j'attendis que les autres donnent leurs avis, je ne voulais pas passer pour al froussarde du groupe. Chacun réfléchissait dans son coin et Fyly fut la première à envisager de quitter l’endroit tandis que Bolir voulait rester et tenter une autre approche. Alors que Thorgrim prenait la parole, Fyly nous avertit que quelque chose approchait et Wyrlan la rejoignit, inquiet.

- Les guerriers squelettes ? Ils nous auraient suivis jusqu’ici ?

- Possible, mais il y a autre chose. J’ai une sensation bizarre. Je pense vraiment que nous devrions quitter cet endroit.

Wyrlan approuva et Thorgrim rejoignit leur avis, à ma grande surprise. Bolir soupira mais ne fis pas de commentaires. J'affirmais à mon tour que j'avais hâte de sortir d’ici et notre groupe reprit son chemin jusqu’à la sortie, mais en marchant cette ffois, pas question de se fatiguer davantage. Une fois dans la première salle, quelque chose nous sauta aux yeux : la sortie était bloquée. Là où il y aurait dût y avoir une ouverture, il n’y avait qu’un mur. Sans paniquer, Thorgrim colla son oreille contre le mur et tapota ses doigts de plus en plus fort, comme il l’avait fait pour le premier piège.

- La sortie est bien par-là, il y a une léger écho, mais ce mur a dû retomber lorsque nous avons alerté les premiers squelettes. Il est assez épais mais je pense pouvoir le casser avec mon marteau. Par contre cela va faire du bruit et prendre du temps.

Nous étions donc coincés pour le moment, chacun se regarda et Wyrlan dit à Thorgrim de commencer à casser le mur, ajoutant que nous devions le protéger en attendant. Il entama donc le mur en tapant dessus avec son marteau. Les coups répétés se répercutaient sur les murs des salles et couloirs vides, faisant tomber la poussière et bientôt, Fyly annonça que quelque chose approchait par là où nous étions arrivés. Alors que je pensais que les guerriers squelettes allaient arriver, ce furent des squelettes tout à fait basiques qui se présentèrent, me rassurant tout de suite, ceux-là on pouvait s'en occuper facilement. Alors que j'allais avancer pour lancer des sorts, Wyrlan me dit de conserver ma magie pour l’instant; aussi je ne fis qu’observer Bolir et Fyly. Malgré le nombre élevé de squelettes, ils ne pouvaient passer qu’à deux de fronts, ce qui réduisit considérablement leur avantage numérique comme le souligna Wyrlan. Pendant de longues minutes les squelettes se jetaient à l’assaut sans faiblir mais aucun ne put passer le mur qu’était Bolir. Il coupait les os avec ses épées, écrasait les crânes avec ses mains ou renvoyait les squelettes les plus téméraires d'un coup de pied qui leur arrachait souvent la moitié du corps. Fyly s'occupait d'achever ceux à terre ou de tirer sur ceux qui étaient coincé derrière leurs congénères. Après de longues minutes il ne resta bientôt plus aucun ennemi, seulement des centaines d'os qui jonchaient le couloir. Ils étaient impressionnants et je me demandais si un jour je serai aussi à ce niveau ... chaque chose ne son temps, sortons d'abord d'ici.

Le combat avait tourné en notre faveur mais Fyly allait manquer de flèches et lorsqu’elle voulut les récupérer, elle se ravisa, apercevant les guerriers squelettes qui se rapprochaient. Elle recula et je décidais qu’il était temps que je me rende utile, me préparant à lancer des boules de feu. Wyrlan approuva et m’épaula et lança des rais de lumière sur les squelettes. Si les premiers tombèrent, probablement car ils ne s'attendaient pas à un tel accueil, les suivants se protégèrent de leurs grands boucliers et mes boules de feu furent bientôt inefficaces contre ces murs de métal. Alors que Wyrlan me dit de reculer, un des squelettes envoya une lance sur lui. L’ayant vu, je me jetais sur le prêtre pour le pousser. Je réussis de justesse à lui éviter d’être embroché, mais la lance m’entailla sur toute la largeur du dos. La douleur fût terrible, bien plus que je n’avais envisagé, et je me recroquevillais sur le sol alors que Wyrlan se précipitait sur moi et que Bolir renvoyait la lance en insultant l’assaillant. J’avais le dos en feu et je sentais un liquide chaud imbiber mes vêtements. Je serrais les dents mais la douleur était atroce et mon esprit tout entier était focalisé dessus. Bon sang, faites que ça s'arrête ! Wyrlan incanta et la douleur reflua peu à peu jusqu’à disparaître totalement, me laissant à bout de souffle sur le sol. Fyly me prit dans ses bras et Wyrlan retourna bombarder les squelettes de rais de lumière, sans grand effet. Ils se rapprochaient et furent bientôt sur Bolir qui commença à combattre au corps à corps. Fyly m’aida à m'adosser contre le mur et alla prêter main forte au guerrier en sortant son épée. Je respirais fortement pour évacuer le stress que j'avais ressenti. J'allais bien, je devais les aider, vite. Je tentais de me relever, m'appuyant sur le mur, cherchant un moyen d'aider mes compagnons. Alors que je voyais les squelettes prendre l’avantage et commencer à déborder Fyly et Bolir, Wyrlan lança un sort de lumière qui les fit légèrement reculer, permettant à Bolir d’en abattre deux de plus. Il en restait hélas encore une dizaine et notre situation ne s’arrangeait pas. Espérant les aider, je concentrais ma magie pour envoyer des boules de feu plus petites mais plus rapide, espérant toucher les jambes ou les bras des guerriers squelettes, permettant aux deux autres de s’en débarrasser plus facilement. Je n’en eus pas le temps.

Deux choses se passèrent simultanément. D’un côté Thorgrim parvint enfin à percer le mur et de l’autre, un nouvel adversaire se présenta dans le couloir, juste derrière les guerriers squelettes qui s’arrêtèrent soudainement. Grand et filiforme, il flottait à un mètre du sol et de lui émanait une aura étrange, sombre et maléfique, comme une brume qui l’entourait et le traversait. J’entendis Wyrlan implorer Gaïa tandis que Bolir et Fyly, tous les deux blessés, reculaient. Je sentais comme un froid intense me parvenir au fur et à mesure qu’il se rapprochait et je voulus partir, être loin d'ici. Le nouvel arrivant passa au-dessus des squelettes et se tint devant nous. Je repris mes esprits, la peur reflua, me laissant totalement indécise; incapable de réfléchir je me contentais de lever les yeux vers lui et ce que je vis me glaça de nouveau. Un visage décharné sous une capuche élimée couvrant des yeux d’un rouge malsain, des joues à moitié déchirées et à la place du nez un trou d’où on pouvait voir l’os du crâne; une créature tout droit sorti d'un cauchemar se tenait face à nous. Il ouvrit les bras tandis que de sa bouche sans lèvres sortit une voix gutturale qui se réverbéra sur les murs, créant un écho monstrueux.

- Vous qui avez trépassé les limites de ce tombeau sacré, repentez-vous, soumettez-vous ou périssez et servez-nous. Nul ne saurait déranger les travaux du Maître.

Même sans connaitre cette créature, je savais qu’elle était puissante, bien plus que nous tous. Je jetais un œil à Thorgrim qui s’acharnait toujours plus sur le mur, élargissant le trou. Il fallait gagner du temps, aussi je me relevais et préparais un sort. La créature dût sentir ma magie car elle se tourna et tendit la main vers moi. Aussitôt un pic de magie sombre se matérialisa devant sa main et fonça sur moi. J’eus tout juste le temps et me jeter sur le côté pour l’éviter. Le pic transperça le sol comme de rien n’était, creusant un profond trou dans le mur derrière moi comme s'il avait coupé à travers du beurre. Fyly voulut courir à mon secours mais les squelettes s’étaient remis à bouger, l’obligeant à se focaliser sur eux. L’autre créature lévita encore plus haut et me pointa d’un doigt accusateur.

- Tu as donc choisis la mort, hybride inférieur. Ta misérable existence ne saurait être prolongée, tu vas donc disparaître, ici et maintenant.

Autour de la créature apparut un nuage de magie sombre qui grossissait à vue d’œil. Je ne bougeais pas, tétanisée face à la puissance de l’être en face de moi, j'allais mourir, cet être était bien trop puissant, nous n’avions aucune chance de la vaincre... Un cri me sortit cependant de ma paralysie.

- C’est ouvert, on décampe !!

Thorgrim avait finalement réussi à ouvrir suffisamment la brèche pour que tout le monde puisse fuir. Wyrlan et Bolir repoussèrent les squelettes et foncèrent vers le mur tandis que Fyly courut vers moi en tirant sur la créature, la faisant reculer et me releva.

- Debout, on dégage, vite !

Je lui emboitais le pas tandis que les squelettes convergeaient vers nous. J’entendis la créature hurler et je me retournais malgré moi pour voir l’immense masse sombre foncer sur nous. Vu sa vitesse, elle nous rattraperait tous avant qu’on ne franchisse la sortie. J’ai alors pris une décision stupide qui me paraissait pourtant sensée au début : je me suis arrêtée pour faire face. La créature avait lancé ce sort sur moi et j’espérais que c’était toujours le cas, comme ça le nuage n’irait pas plus loin. Je concentrais alors toute ma magie restante dans une ultime boule de feu, la plus grosse possible et, alors que le nuage était tout proche, je la lançais au milieu. Je n’espérais pas grand-chose mais je fus quand même stupéfaite de voir que le nuage l’absorba comme si de rien n’était, avant qu’il ne m’engloutisse à son tour. La fumée s’insinua en moi par la bouche et le nez, me faisant étouffer. Je me débattais en vain et, à force de manquer d’air, je me recroquevillais sur le sol, cherchant n’importe quoi pour sortir de là.

Soudainement, la fumée recula et une vive lueur émana de derrière moi. Quelqu’un me tira vers cette lueur et d’un coup, je sentis l’air frais et je pus à nouveau respirer. Je toussais et crachais alors que j’étais au sol, respirant aussi fort que je le pouvais. Bizarrement je n’entendais rien et seule cette lueur me parvenait. On me porta et on m’entraina plus loin avant de me poser délicatement au sol. Au terme de longues minutes, je finis par retrouver mes sens. D’abord la vue en apercevant mes compagnons autour de moi, puis l’ouïe, lorsque j’entendis Fyly me hurler dessus.

- Non mais qu’est ce qui t’as pris ? Tu voulais mourir ou quoi ? Tu as cru qu’on allait te laissait derrière comme ça espèce d’imbécile ? Réponds-moi quand je te parle !!

Sa voix me vrillait les oreilles et j’avais du mal à émettre le moindre son, aussi restais-je muette, consciente qu'elle avait parfaitement raison, j'avais été stupide. Wyrlan, qui était penché sur moi et utilisais sa magie, invita Fyly à aller voir ailleurs pour se calmer, ce qu’elle fit, partant d’un pas rageur et en tapant son pied contre un caillou. Wyrlan, plus calme, s’occupa de moi pendant de longues minutes, le front plissé, avant de m’aider à m’adosser à un arbre. Ma tête tournait mais j’allais mieux qu’avant. Sans rien dire, il partit s’occuper des autres qui avaient eux aussi besoin de soin, surtout Bolir. Sans m’en rendre compte je sombrais dans une profonde torpeur et me réveillais allongée, emmitouflé dans des peaux et couvertures, alors qu’il faisait nuit. Fyly n'était pas loin, probablement en train de faire son tour de garde. Elle perçut mes mouvements et se rapprocha de moi. Elle parla d'une voix calme et sereine, alors que je pensais qu'elle aller me hurler dessus de nouveau.

- Comment te sens-tu ?

- Mieux, j’ai du mal à bouger mais ça va.

Il y eût un silence gêné quelques instants que Fyly brisa d’une voix douce, mais ferme.

- Désolé de t’avoir hurlé dessus en sortant, mais ce que tu as fait était stupide Yliria, tu aurais pu mourir. Qu’est ce qui t’as pris ?

- Je pensais que comme le nuage me visait, j’aurai pu l’attirer sur moi et éviter que vous ne soyez attaqués. J’espérais que mon sort de feu me donnerait un répit mais je me suis gravement trompée. Je suis désolé, je pensais à vous sauver …

Les larmes me vinrent presque instantanément, sans que je puisse faire quoi que ce soit pour les retenir. Avais-je vraiment envie de les retenir de toute façon ? Fyly me prit dans ses bras et c’est donc en pleurs que je m’excusais en continue tandis qu’elle me rassurait et me caressait la tête. Je me sentais honteuse de pleurer ainsi mais j’avais besoin de libérer cette pression monstrueuse que j’avais accumulée après tous les événements qui s’enchaînaient. Je ne pensais plus qu'à ça. J’avais eu peur, bien plus que je n'osais l'admettre et la souffrance que j'avais ressenti dans cet endroit me terrifiait. Je ne voulais plus revivre ça, jamais! Au bout d’un long moment je parvins à me calmer mais décidais de rester dans les bras de l'elfe. Sa présence me réconfortait et j'avais grand besoin de réconfort. Elle entonna une petite chanson dans un presque murmure et je restais là, agrippée à elle, heureuse d'être sortie de cet enfer et terrifiée à l'idée de devoir y retourner.

_________________






Dernière édition par Yliria le Mar 9 Oct 2018 15:15, édité 3 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les marais du nord
MessagePosté: Jeu 27 Sep 2018 17:36 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 20 Sep 2018 20:42
Messages: 121
Localisation: Tulorim
La nuit ne fut guère reposante. Je me réveillais plusieurs fois en sueur, me remémorant le tombeau et ses horreurs avant de sombrer de nouveau sans me souvenir d’avoir tenté de me rendormir. Ce fut seulement lorsque le soleil fût haut dans le ciel que j’émergeais pour de bon, le corps et l’esprit cependant encore embrumés. Surprise de voir le soleil si haut et d’être toujours couchée, je me redressais. Personne ne m’avait réveillé ? En examinant les alentours, je vis que les autres n’étaient pas là. Le camp était intact et leurs affaires étaient encore là mais eux avaient complètement disparus. Je me levais tant bien que mal, les jambes douloureuses et tentaient de les apercevoir, sans succès. Je commençais à paniquer, ils n’avaient pas pu partir sans moi ! Il avait dû leur arriver quelque chose ! Je fouillais le camp à la recherche d’indices, mais ne trouvais rien, pas la moindre trace de lutte, pas de sang ou de morceau de quoi que ce soit. C’était ridicule ! Ils me faisaient une farce ? A force de tourner dans le camp quelque chose capta mon attention. Le tombeau ! Il avait toujours été si proche ? Normalement on mettait 20 minutes pour le rejoindre et là il était à quelques centaines de mètres. Et pourquoi je ne l’avais pas vu avant ? Quelque chose m’attirait, je devais aller voir dans le tombeau, ils y étaient sûrement et je devais les rejoindre ! Je pris la direction du mausolée en prenant la lame de Fyly au passage, pensant qu’elle pourrait m’être utile.

J’eus l’impression d’arriver très vite au mausolée, comme si j’avais eu une absence pendant le trajet. Peu importe, j’y étais, je devais juste rentrer et retrouver les autres. La porte était ouverte et les torches éclairaient le couloir. Je pus admirer les superbes fresques, couvertes de feuilles d’or et de peintures aux couleurs éclatantes, sans pour autant discerner ce qu’elles représentaient car elles me paraissaient floues. J’avançais, sur le qui-vive, attentive au moindre bruit, au moindre mouvement. Je passais le premier piège pour ensuite arriver dans la première salle. De grandes étagères emplis de livre couvraient les murs et un bureau en bois sombre occupait le centre de la pièce. Curieuse je me rapprochai, étudiant les parchemins qui remplissaient tout l’espace de travail. J’en consultais un qui m’apprit qu’un trésor était enfoui sous le trône. Thorgrim serait content d’apprendre ça. Un bruit me parvint soudain et je relevais la tête, concentrée. Un ennemi ? J’allais lui faire payer ! Un cliquetis. Il se rapprochait. J’imaginais déjà ce sac d’os et la façon dont j’allais m’en débarrasser. Je m’élançais vers la source du bruit, il ne m’échapperait pas ! Je le vis, avançant lentement dans la prochaine pièce, un arc à la main. Je me ruais sur lui et il me pointa du doigt en parlant dans une langue inconnue.

- Leel tes àl ! Zeven tevi.

Deux autres squelettes apparurent mais je les ignorais, ils allaient tous me le payer. Folle de rage, je me jetais sur le premier, assénant un grand coup de lame vertical. Le deuxième me para. Il portait deux grandes épées tandis que le troisième, un marteau à la main, se mit derrière moi. Le premier recula en vociférant.

- Mecal ito ! Ueq’t vetarri li !

Les trois m’entourèrent et j’en aperçu un quatrième au fond de la pièce qui ne bougeait pas. Je m’acharnais sur le squelette portant deux épées. Il parait chacun de mes coups, comme s’il savait où j’allais frapper, alors je changeais de tactique. Je reculais et lançais une boule de feu avant de charger de nouveau. Il esquiva la boule de feu mais je parvins à passer sa garde et à le faire tomber. Je lui sautais dessus pour le plaquer au sol. J’allais enfin pouvoir détruire un de ces monstres ! Le quatrième bougea, mais trop tard, j’abattais ma lame.

- Yliria !!

J’ouvrais les yeux, dans une plaine, sans comprendre. J’étais de nouveau dehors ? En observant autour de moi je vis Fyly et Thorgrim, marteau à la main, qui me regardaient. Je respirais difficilement, comme si j’avais fait un effort physique important et, sentant quelque chose bouger sous moi, je baissais les yeux pour tomber sur Bolir. Je me rendis compte que je tenais la lame de Fyly et que je m’apprêtais à frapper Bolir avec. Je me relevais précipitamment en lâchant l’arme. Je n’y comprenais rien ! Où étaient les squelettes ? Quand est-ce que mes compagnons m’avaient rejoint ? Bolir se releva et s’éloigna légèrement de moi. Fyly s’approcha lentement, comme si je lui faisais peur.

- Yli, tu m’entends, tu me reconnais ?

De quoi elle me parlait ? Évidemment que je la reconnaissais !

- Mais évidemment que je te reconnais, c’est quoi cette histoire ?! Quand est-ce qu’on est sorti ? Et vous étiez passé où ?

Ils se regardèrent, l’air inquiet. Wyrlan se rapprocha de moi et s’assit face à moi

- Calme toi, nous allons t’expliquer d’accord ? Viens t’asseoir.

Je m’exécutais sans rien comprendre et tout le monde se détendit. Pourquoi ils me regardaient tous comme ça ?

- Reprenons, de quoi te souviens-tu ?

- Quand je me suis réveillée vous aviez disparu, je vous ai cherché partout et j’ai décidé d’aller dans le mausolée pour vous retrouver. Je suis tombé sur des squelettes et j’allais les massacrer avant de me retrouver ici…. Quelqu’un peut me dire ce qu’il se passe ?!

- Et bien … Nous n’avons jamais quitté le camp, et toi tu n'as jamais été dans le mausolée.

Je le regardais bouche bée. Il se fichait de moi ?

- Si c’est une blague elle…

- Je ne plaisante pas Yliria. Nous étions en train d’essayer de te réveiller et brusquement tu t’es levée, tu as pris l’arme de Fylyarina, tu as marché un moment puis tu t’es retournée pour nous attaquer.

- Que … quoi ?

Je n’arrivais pas à y croire. Ça n’avait aucun sens, je me souvenais clairement être entrée dans le mausolée, d’avoir vu les fresques, le bureau avec les… Je réalisais alors quelque chose. Tout était différent de la première fois. Le tombeau trop près, les torches, les fresques, le bureau, tout était en bon état comme si quelqu’un avait remis le tombeau à neuf. Pas de sens, ça n’avait pas de sens ! Alors que j’angoissais de plus en plus, Wyrlan me posa la main sur la tête.

- Calme-toi, tu es en sécurité maintenant. Personne n’est blessé, calme-toi.

J’inspirais longuement, suivant son conseil. Tout le monde s’assit et lorsque je pus de nouveau réfléchir correctement, la solution me vint d’elle-même.

- Un rêve ? Ça me paraissait pourtant si vrai... Et d’habitude je n’attaque pas les gens alors que je dors !

- Non en effet, normalement tu baragouines des trucs incompréhensibles, mais tu ne te lèves pas. C’est tout aussi énervant, mais au moins ce n’est pas dangereux.

Je foudroyais Fyly du regard qui me répondit d’un battement de cil accompagné d’un air innocent, m’arrachant un sourire. Thorgrim me tapotait le dos en souriant tandis que Bolir eut un éclat de rire. Wyrlan resta concentré et ne se laissa pas distraire.

- Bon, raconte nous tout en détail, peut-être qu’on pourra comprendre ce qu’il s’est passé.

Je racontais donc tout. Le passage du parchemin indiquant un trésor fit pétiller les yeux de Thorgrim, comme prévu, mais rien qui puisse expliquer ma frénésie guerrière. La rage que j’avais ressentie me laissa perplexe. Jamais je n’avais été aussi furieuse de ma vie et la façon dont j’avais réagi me fit un peu peur. Wyrlan dit qu’il allait essayer de comprendre le phénomène et me força à rester couchée.

- Tu n’en as peut-être pas eu l’impression mais tu as marché plusieurs heures en plus d’avoir combattu. Je te rappelle que tu as été blessée hier et même si la magie t’as soignée, elle ne fait pas tout, ton corps porte encore le contrecoup du choc. Repose toi, nous ne sommes pas à un jour près.

Je m’avouais vaincu devant son air autoritaire et allais m’allonger lorsque nous atteignîmes le camp. Je n’avais pas envie de de me rendormir, je ne voulais pas reproduire ce qu’il venait de se passer et je me forçais donc à rester éveillé. Je profitais tout de même de ce moment pour examiner mes vêtements. Si mon manteau était intact, lorsque j’enlevais et examinais ma tunique, je fus pris d’un haut-le-cœur. Le dos était complètement déchiré sur toute la largeur et le sang séché en avait recouvert une bonne partie. La sensation entre mes doigts me dégoûtais et je ne pouvais me résoudre à l’enfiler de nouveau sans l’avoir au moins laver. Vérifiant que Wyrlan était occupé je m’éclipsais discrètement et partais en direction du ruisseau, utilisant mon manteau pour me couvrir. Je me souvenais de la route donc le trajet ne fut pas long. L’eau était toujours aussi froide mais je passais outre et frottais vigoureusement, l’eau devenant d’un rouge clair.

- Dis donc tu n’étais pas sensée rester couchée toi ?

Je sursautais ! Fyly me regardais d’un air réprobateur en croisant les bras. Comment faisait-elle pour arriver à me surprendre à chaque fois ? Je lui montrais ma tunique imbibée d’eau et de sang.

- J’essaie de laver ça, mais je crois qu’elle est complètement fichue, sans parler du trou dans le dos. Et je n’ai pas envie de me rendormir, on ne sait jamais.

Fyly examina ma tunique et en conclut qu’elle était belle et bien fichue. Elle me proposa de m’en prêter une le temps que j’en rachète une nouvelle. Elle me ramena au campement et me prêta une tunique verte, sous l’œil sévère de Wyrlan qui me surveilla le reste de la journée, me donnant l’impression d’être punie. Le soleil descendit petit à petit. En début de soirée, tandis que le ciel passait du bleu au rouge-orange, Wyrlan reprit les leçons pendant que les autres préparaient le repas. Celui-ci fut calme et Wyrlan nous demanda un peu d’attention.

- Bien, maintenant que vous êtes reposés, la question est la suivante. Retournons-nous dans le mausolée ou allons-nous sans plus tarder à Yarthiss ?

Il y eût un long silence. Au fond de moi j’étais certaine de ne pas vouloir y retourner, pourtant une petite voix me disait de tenter de nouveau, de réessayer, d’aller plus loin et de tout ravager. Je me pris la tête dans les mains et cette petite voix se tut comme par enchantement. J’entendais les autres échanger mais ne prêtais pas attention à ce qu’ils disaient jusqu’à ce que Thorgrim me tapote l’épaule.

- Yliria ? tu n’as pas répondu.

- Euh… je… je vous laisse décider.

Je ne voulais pas, mais quelque chose me poussait à y entrer de nouveau. Cela paraissait stupide et pourtant, une part de moi avait aimé la tension et les combats dans le mausolée. L'intervention de Thorgrim me ramena à la réalité et je me concentrais pour suivre la fin de la conversation.

- Bon, voilà ce que je propose : Fylyarina, tu vas faire seule la route jusqu’à Yarthiss, tu iras plus vite que nous. Préviens le commanditaire et dis-lui d’envoyer des renforts le plus vite possible. Pendant ce temps, nous surveillerons le mausolée et explorerons les deux chemins que nous n’avons pas encore emprunté, mais nous nous replierons au moindre signe de danger. Cela convient-il à tout le monde ?

Personne n’était pleinement satisfait mais ce plan permettait au moins de mettre tout le monde d’accord. Fyly empaqueta rapidement ses affaires, nous souhaita bonne chance et partit alors que la nuit allait tomber. Je la regardais s’éloigner, espérant que tout se passerait bien et qu'elle serait vite de retour. Lorsque vint l'heure de dormir, je luttais contre le sommeil pour ne pas reproduire la même chose que la nuit d'avant mais je finis quand même par sombrer, trop épuisée.
A mon grand soulagement je dormis normalement et au petit matin je repris les entraînements avec Bolir. Il demanda même à Throgrim de dessiner des figures représentant des mouvements à faire lorsque je me levais. Lorsque Thorgrim eut fini de dessiner, Bolir m’expliqua chacun d’eux avant d’ajouter :

- C’est ce que les jeunes guerriers de mon village font pour se fortifier le corps et se vider l’esprit. Cela te rendra plus forte et résistante. C’est aussi très bon quand tu as mal quelque part alors applique-toi.

J’ajoutais donc un autre parchemin à ma collection et reprenait l’entrainement sous le regard approbateur de Wyrlan. Celui-ci discutait avec Thorgrim sur la meilleure manière de procéder lors de l’exploration et ils passèrent une grande partie de la journée à y réfléchir. Wyrlan nous apprit que nous tenterions une excursion le lendemain. Je dormis assez mal ce soir-là, anxieuse à l’idée de retourner là-dedans, mais toujours avec cette petite voix dans ma tête qui me soufflait d'y aller.

_________________






Dernière édition par Yliria le Mar 9 Oct 2018 15:16, édité 4 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les marais du nord
MessagePosté: Sam 29 Sep 2018 17:42 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 20 Sep 2018 20:42
Messages: 121
Localisation: Tulorim
Nous faisions face à la porte du tombeau. J’avais une boule dans le ventre et, trop anxieuse, je n’avais rien pu avaler ce matin malgré l’insistance de Wyrlan. Celui-ci examinait le couloir, la porte étant restée ouverte après notre départ. Il nous fit signe et tout le monde entra. Je suivais Thorgrim, les deux autres étaient derrière moi. Sans Fyly, c’était à moi que revenais la tâche de repérer le moindre mouvement en face. Cela me mettait une pression dont je me serai bien passée mais, dans cette obscurité, les torches ne suffisaient pas. En avançant je reconnus le piège que nous avions déjà déjoué, annonçant que nous approchions de la première salle. En arrivant, les images du combat me revinrent en tête et je m’adossais à un mur le temps que les battements de mon cœur se calment. Les autres examinèrent les restes du combat et remarquèrent que seuls les os étaient restés, toutes les armes et les armures avaient disparus. Cette information ne me plut guère mais Wyrlan ne se démonta pas et nous prîmes le chemin de gauche, comme prévu. Celui-ci descendait également et nous faisions notre maximum pour faire le moins de bruit possible. Là encore les pièges étaient trop usés pour fonctionner, pour notre plus grand bonheur. Après de longues minutes, je pus apercevoir ce qui ressemblait à une ouverture en face de nous. J’en informais le groupe et tout le monde sortit son arme, au cas où. Nous rentrâmes dans la salle, qui ne ressemblait en rien aux autres. Ici il n’y avait aucune décoration, aucun faste, des murs blancs ou était fixés des fers, pour la plupart rouillés. Il y avait un squelette accroché à l’un des fers et je battis légèrement en retraite en le voyant. La pièce était étrange, une seule entrée qui était ouverte et pas de pièges. Le seul témoin était le squelette et cela ne me disait rien qui vaille. Tout cela était étrange. Si c’était un piège, il aurait dû s’activer… à moins que comme les autres il ne soit trop usé. J’avais beau me creuser je n’y comprenais rien. J’entendis Thorgrim tapoter sur les murs puis un grincement suivi d’un frottement. Un pan entier du mur s’ouvrit vers l’intérieur de la pièce, laissant place à un escalier. Le thorkin bomba le torse, fier de lui.

- Oho, et voilà, pas très difficile à trouver ce passage secret. Yliria, peux-tu jeter un œil ?

Peu rassurée, je m’exécutais néanmoins, la curiosité l’emportant sur la raison. Je descendis quelques marches et un petit coup d’œil me permit de voir que l’escalier était assez long et s’enfonçait profondément. Il y avait comme une odeur de moisi et j’entendais un léger bruit régulier, comme de l’eau qui goutte sur une surface dure. Je donnais mes impressions au groupe. Wyrlan se gratta le menton, indécis sur la manière de procéder puis il décida de ne pas tenter aujourd’hui et d’aller explorer l’autre chemin. J’étais bien d’accord et remontais dans la pièce. Le chemin en sens inverse se fit plus rapidement qu’à l’aller et nous arrivâmes de nouveau dans la salle aux quatre chemins et c'est à ce moment que j’entendis du bruit.

Je prévins les autres alors que j’allais vérifier le chemin que nous souhaitions emprunter. Un bruit de nouveau, régulier; des pas et qui se rapprochaient. Les trois autres attendaient mon signal pour décamper d’ici ou attaquer. En plissant les yeux, j’aperçus plusieurs silhouettes. J’en comptais six, peut-être plus. Alors que je pensais prévenir mes compagnons, j’entendis quelque chose : une voix. Ce n’était pas des squelettes ! D’autres aventuriers ? Je chuchotais l’information à Wyrlan qui décida de sortir. Nous nous hâtâmes donc vers la sortie, sans nous retourner et, avisant quelques buissons non loin de l’entrée, nous attendîmes cachés. Après une dizaine de minute, Six personnes sortirent du tombeau. Ils étaient tous vêtues de la mêmes façon : bottes et armure en cuir, avec une capuche et des brassards noirs, et ils étaient surtout tous armés jusqu’aux dents. Ils prirent la direction opposée de celle de notre campement et nous attendîmes qu’ils soient hors de vue pour sortir. J’entendis Wyrlan murmurer à côté de moi.

- Sans doute des pilleurs de tombes … On y retourne, on va voir ce qu’ils ont découverts. Restez vigilants.

Nous retournâmes dans le mausolée et prîmes à droite dans la première pièce. De nouveau un long couloir qui descendait au fur et à mesure, avec les mêmes fresques sur les murs. Le chemin me parut plus long que du côté opposé mais nous finîmes finalement par arriver dans une pièce. Celle-ci était encore inédite. Très large et longue avec des dizaines de colonnes qui soutenaient une voûte en arche d’un blanc presque immaculé, seulement terni par les années. Les murs étaient fait d'une succession de renfoncements où se logeaient des représentations de chevaliers en armure intégrale portant d’immenses épées pointées vers le sol, leurs mains sur le pommeau. De nombreux supports pour torches étaient visibles mais vides et je pouvais discerner une sorte d’autel dans le fond. Nous nous dispersâmes et je m’occupais du côté gauche. Les colonnes étaient taillées et représentaient des gens supportant le poids du plafond, leurs visages figés dans une expression de souffrance. Curieux décor pour ce qui ressemblait vaguement à un temple. Après plusieurs dizaines de minutes à fouiller, il fallut se rendre à l’évidence, il n’y avait rien, pas le moindre trésor ou de passage secret. Un peu déçue je me dirigeais vers l’autel que je n’avais pas encore fouillé, lorsque j’entendis de nouveau des pas. J’en informai les autres et tout le monde se cacha derrière une colonne, à quelques pas de la sortie. Je jetais un œil aux nouveaux arrivants lorsqu’ils entrèrent : c’étaient encore les pilleurs de tombes, au nombre de trois cette fois. J’hésitais : devait-on les attaquer ou juste les laisser passer ? Après tout ils ne nous avaient pas attaqué ni même vu, donc pas de raison de se battre.

En les suivant du regard, j’aperçus Wyrlan sortir son grimoire. On allait vraiment attaquer ? Je déglutis et me concentrais. Il me fit comprendre de ne pas bouger et j’hochais la tête, soulagée. Soulagement de courte durée lorsque Thorgrim et Bolir passèrent à l’action en hurlant. Les trois pilleurs se retournèrent mais trop tard, Bolir en embrocha un avec chacune de ses épées qui ressortirent dans le dos des pilleurs qui ne firent pas le moindre mouvement, probablement morts sur le coup. Dans le même temps, Thorgrim fracassait les jambes du troisième qui hurla en s'effondrant sur le sol, avant d'abattre son arme sur son torse, provoquant un craquement écœurant, le faisant taire. Ce fut rapide et violent. J'étais un peu choquée de la facilité et de la violence avec laquelle ils avaient tués ces hommes. Je me levais et les rejoignais lorsque je vis Bolir décapiter les deux pilleurs qu’il avait embroché et Thorgrim lever son marteau de nouveau. Il écrasa la tête du troisième dans un bruit immonde, éclaboussant les colonnes de sang et autres… Je me sentis mal … J’allais vomir dans un coin, malgré le fait que je n’avais rien mangé le matin. L’odeur et le bruit du corps écrasé par le marteau m’avait écœurés, mais voir ça m’avait achevé. Après ma … petite faiblesse, Wyrlan me tendit une gourde que j’acceptais avec joie et je veillais à bien faire le tour et à ne pas regarder les corps mais rien que l’odeur du sang me fit me sentir mal. J’allais avoir du mal à manger saignant après ça… pourquoi je pensais à de la viande… Je retournais vomir et m’adossais à une statue pour respirer, ce qui fit bouger l’épée et tomber un morceau brillant qui rebondit sur le sol, juste à mes pieds. Je le ramassais et trouva une petite pierre avec un étrange symbole noir gravé dessus. Intriguée, je montrais ma trouvaille aux autres. Thorgrim ouvrit des yeux ronds et partit tapoter toutes les épées des chevaliers de la salle. Wyrlan m’expliqua pourquoi il était aussi enthousiaste.

- Ce que tu as trouvé est une rune, c’est une pierre qui renferme un pouvoir divin et elles sont très rares et très prisées comme tu dois t’en douter. Si tu l’as trouvée c’est que tu étais destinée à l’obtenir. Garde-la, elle t’appartient.

J’étais absolument stupéfaite ! Une pierre magique divine ? Je n’avais jamais entendu parler de ça. J’examinais donc la rune pour voir si elle faisait quelque chose, sans succès. Wyrlan me précisa qu’il était préférable de la faire examiner pour déterminer sa nature et sa capacité, pour éviter des catastrophes. Je rangeais donc la rune dans mon sac, bien à l’abri, sous le regard envieux de Thorgrim, revenu bredouille de sa recherche. Après ça, nous sommes allés examiner l’autel. Il était très large et le dessous représentait de nouveau des gens supportant le haut, leurs visages figés dans une expression de douleur muette. Charmant. La partie supérieure représentait un trône sur laquelle siégeait un grand homme avec une couronne et dont les yeux semblaient nous fixer. Cet autel et cette salle me mettaient vraiment mal à l’aise et j’avais hâte de ressortir. Ce que nous fîmes. De nouveau je fis le tour pour ne pas tomber sur les … le combat et nous sortîmes, veillant à ce qu’il n’y ait personne dans les environs. Wyrlan m'expliqua enfin qu’ils avaient fait ça aux corps des pilleurs pour éviter qu'ils ne se relèvent en zombie ou squelette, pas juste par simple envie de sang. Je comprenais l'idée, mais j'avais encore du mal avec la mise en oeuvre. Après cela, il décréta que nous ne devions plus entrer dans le mausolée pour le moment, pas après avoir croisé les pilleurs, il était plus prudent d’attendre les renforts, mais que nous allions surveiller les allées et venues des pilleurs. Le reste de la semaine se résuma donc à ça : Entraînements, surveillance et leçons. La seule nouveauté fut que les leçons portèrent autant sur la lecture et l’écriture que sur la magie, Wyrlan souhaitant accélérer mon enseignement, ce qui n’était pas pour me déplaire.

Après cinq jours de cette routine, pendant un moment de repos au camp après une nuit de surveillance, j’aperçus une dizaine de cavaliers qui se dirigeaient vers nous. Paniquée, j’allais prévenir Wyrlan qui observa les cavaliers à son tour. Un sourire se dessina sur son visage.

- Il semblerait que Fylyarina ait ramené des renforts plus vite que je ne l’avais imaginé.

Les cavaliers ne furent bientôt qu’à quelques mètres et je reconnus effectivement Fyly qui chevauchait derrière un grand homme en armure. Elle descendit d’une agile pirouette et nous fit un grand sourire. Les autres cavaliers descendirent à leur tour et l’homme en armure, un grand chauve avec un barbe mal taillée, s’approcha de nous.

- Bonjour, Je suis Ticrad, chef de cette compagnie de mercenaires. Vous êtes Wyrlan ?

- C’est bien moi, enchanté, voici Yliria, mes deux autres compagnons sont en train de surveiller le mausolée, nous avons eu des soucis avec des pilleurs de tombes.

L’homme me jeta un coup d’œil dédaigneux puis reporta son attention sur Wyrlan.

- Pilleurs de tombes ? Pas un problème, on va s’en occuper. Restez à l’écart et on se charge de vider ce lieu maudit. Installez le camp vous autres !

Les mercenaires se mirent à l’œuvre tandis que Fyly nous rejoignait. Elle nous raconta que l’équipe avait été préparée au cas où et qu’elle n’avait pas eu besoin de beaucoup argumenter pour convaincre le commanditaire de les envoyer. On lui raconta donc l’épisode des pilleurs de tombes, de la rune et de l’escalier secret. Elle me félicita pour la rune, qu’elle observa avec intérêt, et fut très intéressée par l’histoire de l’escalier. Elle voulait en savoir plus, mais nous devions d’abord nous débarrasser de la menace des morts vivants, ce dont je me serai bien passée, sans vraiment l’avouer. Wyrlan alla également chercher Thorgrim et Bolir qui surveillaient le camp et qui accueillirent Fyly avec joie… enfin Bolir le fit, Thorgrim était plutôt en train de râler. Tandis que nous discutions, Ticrad revint nous voir.

- Mes gars ont presque fini, je vais donc vous demander des informations précises sur le mausolée et sur la menace que vous avez rencontrée, que l’on sache à quoi on a affaire.

Wyrlan accepta et expliqua en détail tout ce qu’on avait trouvé dans le mausolée, n’omettant pas non plus de parler du passage secret, qui n’intéressa pas beaucoup le mercenaire. Lorsqu’il eut fini, Ticrad le remercia et nous prévint qu’ils s’en occuperaient demain.

- Vous allez vous en occuper ? Nous connaissons la menace nous pouv…

- Je n’ai pas besoin de vous dans mes pattes ! Je ne remets pas en cause votre efficacité prêtre, mais la présence de sous-races dans votre groupe ne fera que nous créer des problèmes. Laissez-nous travailler et tout se passera bien.

Il avait dit ça en nous regardant Thorgrim et moi, ce qui déplut fortement au thorkin qui se leva.

- Répète un peu ça !

Wyrlan calma le jeu avant que ça ne dégénère et Thorgrim se rassit, énervé, regardant Ticrad rejoindre son groupe. J’étais tout aussi en colère, mais je savais que l’affrontement n’irait pas en notre faveur donc je serrais les poings, sans rien dire. Il se prenait pour qui ce type ? Wyrlan nous fit de nouveau signe de nous calmer et j’allais me coucher, rageuse, pour essayer de récupérer de ma nuit blanche.

Fyly me rejoignis alors que j’allais me coucher et me fis un clin d’œil avant de sortir un objet de son sac. Elle m’avait acheté des vêtements pour remplacer ceux que j’avais dû jeter. Je la remerciais chaleureusement et me changeais en lui rendant sa tunique. Voulant la rembourser elle refusa, disant que c’était prélevé dans les fonds d’équipements du groupe et pas dans sa bourse personnelle. Après ça nous avons discuté quelques temps et lorsque le soleil commença à baisser, je rejoignis Wyrlan pour les leçons. Les mercenaires avaient monté leur camp autour du nôtre et nous regardaient d’un drôle d’air, comme des curiosités. Je n’aimais guère être dévisagée mais là c’était au-delà de ça, j’avais l’impression d’être un animal inconnu qu’on essayait de comprendre. Comme je n’arrivais pas à me concentrer, Wyrlan perçut mon trouble et termina la leçon dans sa tente, moins pratique mais bien plus facile pour moi.
La soirée et la nuit continuèrent ainsi, avec repas et discussions autour du feu et rien ne vint briser le calme cette fois-ci.

_________________






Dernière édition par Yliria le Mar 9 Oct 2018 15:16, édité 2 fois.

Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 31 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016