Il suivait Loupsage avec application marchant dans ses pas autant que possible, se courbant pour passer sous une branche plutôt que risquer la casser, dégageant patiemment sa barbe lorsqu’elle s’empêtrait, même son estomac ne produisait plus que des gargouillis étouffé comme si il était conscient qu’il avait lui aussi quelques efforts à fournir s’il voulait être sustenté. Son visage était grave, sérieux, concentré, ses sens en alerte, il essayait d’entendre tous les bruits qui l’entouraient. Pour donner une idée de la force avec laquelle il prenait sur lui il n’émit qu’une bordée d’injures étouffées sur les origines elfique de Loupsage lorsque celui-ci oublia de retenir une branche qui revint de plein fouet dans le visage.
Lorsque l’archer lui demanda de se baisser et d’écouter dans une direction il mit un genou dans la terre meuble du marais et s’orienta vers les grognements sourds qui leur parvenaient. Retenant sa respiration, cette attente tendu le ramena à son ancienne vie de voyou à Roch Armath où lui et sa bande attendaient, cachés dans un tunnel sombre et armés de gourdins, le passage d’une bande rivale pour les passer à tabac. Quelle époque stupide, effréné dans l’oisiveté, quelles folies et quelles bêtises n’avait-il pas commit, que de chagrin pour ses parents de voir leurs fils ne pas suivre leurs espérances, l’avenir qu’ils lui avaient préparé. Quelle abnégation de ses frères et sœurs de supporter leurs propres problèmes pour soulager leur père et leure mère qui avaient déjà bien assez de soucis avec le troisième de la famille. Et quel stupidité avait habité ses jeunes nains de se croire les rois de la ville car ils savaient cogner plus fort que la moyenne, car on changeait de trottoir en les croisant, car de temps en temps il parvenait à semer la garde dans les ruelles infinies et archéennes de la cité torkhine. Il poussa un léger soupir à se remémorer ainsi tout son passé qui n’était pourtant pas si vieux que cela deux années environ le séparait des beuveries gargantuesques auxquelles il s’adonnait, faisant bruler des plantes illégales dans de grandes jarres au milieu de leur repère pour oublier des soucis qu’il se créait lui-même. Ses volutes de fumées blanches, montant lentement vers le plafond de la salle, venant s’écraser mollement dans la mer paisible d’oubli que formait leur accumulation … lorsque les drogues brulaient c’était-il rendu compte que ses son propre bonheur qui se consumait ? La promesse d’une vie paisible, respectable et prospère ? Lui qui avait eut les meilleurs précepteurs, les meilleurs vêtements, les meilleurs bières, les meilleurs relations, les meilleurs draps et les meilleurs lit du simple fait de sa naissance aisée se retrouvait ici, mal habillé, mal équipé, mal nourri, mal à l’aise avec son passé, malheureux avec sa conscience, inquisitrice impitoyable qui venait le tyranniser dès qu’il s’offrait le loisir de se laisser aller à ses pensées.
Alors qu’il ruminait les sombres pensées éveillées par le contact froid de son genou avec la boue un mugissement de douleur le tira de ses rêveries sombres. Il se redressa légèrement pour voir ce qui se passait, sa crête aussi voyante qu’un drapeau dépassa du buisson qui lui cachait l’animal. Une sorte de bête incroyable dont le pelage, les crocs et le jeu des muscles annonçait une force et une férocité incroyable. Elle venait de saisir un sanglier à la gorge la proie se débattait encore mollement de plus en plus faible à mesure que la vie la quittait par son système sanguin rompu, à chaque battement, son cœur expulsait son existence sauvage. Le prédateur maintenait fermement sa victime, encaissant stoïquement les derniers élans de fureur désespéré, attendant que tout se calme et s’apaise afin que lui-même puisse se nourrir et vivre. Mais un mouvement inhabituel dans son environnement attira son attention, la crête rouge du nain se mouvait dans l’air telle la roue d’un paon, voyante, provocatrice. La bête lâcha son déjeuné, s’arqua sur ses pattes et parti à toute allure vers ce qui devait être une entrée fort satisfaisante à son repas.
_________________ Araksis Fareiss : J'ai deux haches. Une pour me battre et une pour ... bin pour me battre aussi.
Actuellement Araksis est en route
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