L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Yarthiss
MessagePosté: Lun 5 Nov 2012 16:03 
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Quatrième jour de route.


Un groupe de quatre jeunes gens ... oh, excusez-moi, la pauvre narratrice que je suis oublie toujours qu'il y a un vieillard auprès de mon personnage. Je disais donc, un groupe de quatre aventuriers rangeait leur campement improvisé. Quand la rouquine, qui semblait mener la danse, eut fini de débarrasser le lieu de ses affaires, elle estima que les autres suivraient bien assez vite et s'éloigna vers la forêt. Cette dernière était dense, compacte. Les arbres qui y avaient poussés devaient être là depuis bien longtemps déjà car la jeune fille leur devinait plusieurs mètres de diamètre. Leur feuillage touffu formé un rideau opaque voilant le ciel. De lourdes racines s'entremêlaient au sol, recouvertes par une végétation luxuriante. Une fine couche de brouillard ou d'humidité, Nienna n'arrivait pas à se décider entre l'un et l'autre, parcourait le terrain. Nienna décida de longer quelques temps la forêt pour trouver une entrée plus propice à la marche. Au bout d'une heure à marcher vers le nord, ils croisèrent le chemin d'un petit ruisseau courant vers le bois. Son passage laissait un espace plat et verdoyant qui pourrait accueillir à merveille nos amis, qui viennent d'ailleurs de s'y engager.

Durant leur voyage, Nienna n'avait eu de cesse de chercher à découvrir l'identité de la femme qu'ils escortaient. Elle aurait aimé savoir pourquoi cette jeune personne - elle la supposait jeune mais que pouvait-elle en savoir après tout ? - avait fait confiance à un trio étrange qui ne se connaissait pas réellement. Vu l'argent qu'elle leur proposait, elle aurait sans doute pu se payer les services d'un groupe plus expérimenté. Chaque nuit, la rouquine guettait un mouvement de capuchon, une cape qui glisse, mais jamais leur cliente ne se dévoilait. Par moment, on pouvait apercevoir ses mains ou ses chausses, lorsqu'elle mangeait ou se déplaçait. Elle avait avec elle une sacoche de soie et cuir de facture élégante, qu'elle ne lâchait jamais également, dormant dessus et se déplaçant en le tenant fermement sur le côté de ses hanches.

Alors que le groupe parcourait ce chemin naturel mais accidenté, un animal passa en courant devant eux, l'air affolé. Perplexes quelques instants, ils décidèrent de passer outre et de continuer leur route. Soudain, trois hommes, dans la force de l'âge, apparurent, armes en main. Le premier était blond, un nez camus. La nature lui avait fiché une tête sur la poitrine de telle sorte qu'il avait la face si fort en dessous des épaules et les épaules si fort au dessus de la face qu'il était pareil à un moine bedonnant portant sa tête entre ses mains. Il n'en semblait pas moins terrible pour autant, des yeux verts à la rétine jaunâtre, un sourire mesquin plaqué sur sa grosse figure. Sur le côté droit, le deuxième homme semblait plus hautain. Son air narquois était accentué par son nez aquilin et ses dents qui semblaient presque être pointues. Il tenait une épée courte de sa main gauche et un fouet de l'autre, à moins que ça ne soit un lasso. Enfin, au milieu de ces deux énergumènes se tenait celui qui semblait être le meneur. Un jeune homme, la trentaine à peine passé, des boucles noires tombant sur un visage ayant gardé son côté enfantin. C'était pourtant le plus effrayant des trois car il n'était pas grotesque. Son côté enfantin accentuait même l'horreur du sang séché qui lui avait éclaboussé le visage et qu'il n'avait pas pris la peine d'essuyer.

Aucun des protagonistes n'avaient encore effectué le moindre mouvement, mais du côté de Nienna, on savait déjà qui étaient devenues les proies. Une flèche siffla aux oreilles de la réprouvée et tout s'enchaîna. Les chasseurs qui leur faisaient face n'étaient a priori pas uniquement chasseur de gibier, ou du moins ils devaient chasser tous les gibiers qui s'offraient à eux, quelque soit leur race. Amolaric tira son lourd marteau pendant que Bardouyl faisait de même avec sa lance. Nienna avait déjà son épée en main, elle jeta un coup d’œil à leur accompagnatrice pour se rendre compte que celle-ci tenait elle aussi comme une grande lance en main, mais elle doutait fort que cette lance coupe quoi que ce soit. Une magicienne. Elle n'eut pas le temps de chercher à voir plus de cette inconnue, le gros homme fonçait à présent sur elle, pendant que son acolyte hautain bandait son arc.


« Aucun marché, les gars. La rouquine est pour moi. Les autres dépouillaient les. »

Le gros changea instantanément de direction pour foncer sur Amolaric, qui semblait être celui dont la corpulence correspondait le mieux et qui de toutes manières avaient déjà amorcé un mouvement vers sa personne pour protéger sa compagne. Le fier marteau de guerre du forgeron rencontra la lourde épée du grossier personnage, s'en suivit le combat. Dans le même temps, le personnage narquois à l'arc n'eut pas le temps de tirer la moindre flèche, en effet son arc et son carquois s'envolèrent doucement de ses mains, se retirant délicatement dans un coin plus sombre des bois, à quelques mètres à peine de lui. Là se trouvait l'encapuchonnée, un sourire aux lèvres que seule elle savait exister. Bardouyl s'élança vers l'homme à l'arc, qui maintenant sortait une fine dague en complément de son fouet. La bande de cuir claqua l'avant-bras du jeune homme, qui ne broncha pas. Le combat s'engagea.

Pendant ces actions, les trois compagnons de Nienna ne s'étaient pas rendu compte qu'ils s'en étaient éloignés. Chacun étaient bien trop occupés à attaquer son ou ses adversaires des deux côtés du combat. Les arbres finissaient de les rendre inaccessibles les uns et les autres, de les isoler. La rouquine faisait maintenant face au meneur. Il avait un sourire satisfait plaqué sur ses fines lèvres et s'avançait doucement vers la rouquine, sa proie. Nienna recula de quelques pas pour se retrouver entre deux arbres. L'homme avait disparu. Elle regardait autour d'elle, cherchant le moindre signe qui lui indiquerait sa présence. Plus rien. Un craquement, non loin. Nienna s'enfonça dans la forêt. Elle se savait traqué mais n'avait aucun idée de l'endroit où se trouvait son groupe. Une empreinte. Un animal. Quelques minutes passèrent sans qu'elle ne sache comment réagir. Elle doutait d'elle-même. Avait-elle eut raison ? Est-ce que quitter son village avait été une bonne idée ? Comment pouvait-elle croire qu'elle ferait une guerrière convenable si à la moindre rencontre un peu dangereuse, elle avait peur. Soudain, un bruit, un mouvement rapide. L'homme venait de sauter derrière elle et d'atterrir en plein sur son dos. Elle sentit ses os craqués, mais ils ne cédèrent pas. Elle avisa son épée, cette dernière se trouvait à trois mètres. Elle ne pouvait l'atteindre. L'homme commença à la toucher de manière insistante. Il avait positionné son épée afin que Nienna ne puisse effectuer un simple mouvement sans que cela ne lui soit préjudiciable. La rouquine se débattait tant et si bien qu'elle réussit à se dégager, à grandes peines, mais de quelques centimètres tout de même. Elle n'avait pas le temps d'aller chercher son épée, elle devait agir maintenant. Elle se releva mais l'homme lui attrapa aussitôt la cheville, la faisant lourdement chuter lui. Il ne cependant pas le temps de lui attraper les hanches qu'elle lui assenait un violent coup de poing sur la mâchoire. Coup qui fut suivit d'un autre dans la trachée. Elle réussit ainsi à se relever rapidement pour lui enfoncer violemment son pied dans les côtes, à deux reprises. Un filet de sang coula des lèvres de l'homme. Il n'était pas mort, mais son erreur avait été de suivre ses pulsions, de ne pas réfléchir. Il l'aurait sans doute tué si il n'avait pas voulu en profiter avant. Nienna récupéra son arme. S'approchant de l'homme, elle se baissa pour se mettre à son niveau, léchant d'un coup de langue vif le sang coulant des lèvres de son assaillant. Elle lui attrapa les boucles, tirant comme elle pouvait pour le faire se relever et enfonça son épée dans son abdomen. Elle sentit le déchirement de chaque muscle, chaque organe qu'elle transperçait. Elle relâcha la tête de l'homme qui retomba mollement sur le sol. Un sang chaud coulait sur ses mains.

Retirant sa courte épée, elle se releva, et guetta le moindre bruit atypique pour retrouver son groupe. Elle entendit soudain le remue-ménage qu'elle n'avait jusqu'alors pas remarqué. Elle avait été comme coupée de tout dans son combat. Elle partit en direction du brouhaha, récupérant au passage l'épée longue de l'homme qu'elle venait de tuer. Lorsqu'elle fut à quelques pas du combat de ses compagnons, elle ne pu qu'assister à la mort du plus jeune. Le gros homme qui l'assaillait souriait d'un air frénétique en enfonçant ses deux dagues à plusieurs reprises dans le torse du jeune homme à terre. Le chasseur se mit soudain à suffoquer, il semblait manquer cruellement d'air. Il relâcha sa prise et s'effondra, une dague venait de se ficher entre ses deux omoplates. Nienna releva la tête pour voir qui avait fait cela. Une demoiselle, fort agréable à regarder, la fixait, le visage impassible. Elle était vêtu de vêtements de soie rose, violette ou mauve. Ses cheveux étaient d'un rose pâle avec quelques reflets mauves. Elle avait un visage doux, des yeux d'un marron si prononcé qu'on ne distinguait plus l'iris de la pupille. Elle tenait d'une main un long bâton en métal, de l'autre un sacoche de soie. L'encapuchonnée. Nienna avait mis du temps à s'en rendre compte, mais il ne faut pas lui en tenir rigueur, cher lecteur, elle n'avait plus tous ses esprits.

Elle se retrouve vite auprès du jeune homme, gisant sur ce terrain trempé d'eau et de sang. La mort l'avait déjà trouvé. Amolaric arriva quelques instants après, tenant fermement dans sa main son marteau ensanglanté. Il était blessé. Il regarda à peine leur compagnon mort pour fixer la jeune femme nouvellement dévoilée. Aucune parole ne fut échangée. On enterra le corps du malheureux. Il fut décidé que Thuringwethil garderait sa lance, tandis qu'Amolaric récupérait tout ce qui pouvait se fondre ou servir de matériaux de récupération. Nienna ne demanda qu'à garder la cape du jeune rôdeur. On partagea également les vivres des chasseurs. Le trio reprit son chemin, parcourant ce qui leur restait de route avant de sortir de cette forêt. Il faisait déjà nuit lorsqu'ils retrouvèrent la plaine. Thuringwethil avait revêtu une nouvelle cape, se cachant encore à la vue de tous, sans que Nienna ou Amolaric s'explique se besoin de se cacher à la vue de tous. Ils ne leur restaient que peu de route à parcourir et ils auraient sans doute continué pendant toute la nuit s'ils n'avaient pas eut à se battre dans la journée. Mais tous trois étaient fatiguées et ils s’endormirent bien vite. Sans oublier de se relayer ... ils étaient maintenant trop proches de la ville pour supposer ne rencontre que des bêtes.


(((Apprentissage de CCSA - Déluge - en question + acquisition d'une épée longue - avec force +3 minimum si possible, une main - et d'une cape - avec initiative.)))



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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Yarthiss
MessagePosté: Jeu 8 Nov 2012 14:12 
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"Attends..., dit-il après que je lui ai raconté mon voyage, ça voudrait dire qu'un homme s'amuse à recruter au moins deux personnes pour aller les faire combattre contre un ennemi bien plus nombreux que prévu... Pourquoi ne pas demander à une seule personne plus... compétente, sans rien lui cacher?..."

"Je n'en sais rien... Je ne comprends rien à cette histoire... Mais il faut tout de même continuer, et venir à bout de ces gobelins, car une chose est sûre : ils sont dangereux."


Le lendemain, après une nuit calme et reposante, nous faisons route sur Yarthiss. Nous pénétrons une épaisse forêt aux alentours de midi, et le soir, nous apercevons les lumières de la ville.
Nous nous installons dans la forêt, posons nos affaires et, alors que le soleil achève sa course, nous commençons la nôtre.
Nous examinons des traces variées, nous rendons sur les lieux les plus probables, selon ce qu'à déjà effectué Selvac. Nous passons la nuit à mener l'enquête.
Quand le soleil se lève à nouveau, nous n'avons toujours rien trouvé. Nous retournons à notre campement de fortune et dormons tout le jour et une bonne partie de la nuit. A notre réveil, nous constatons que nos armes ont disparu...

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Yarthiss
MessagePosté: Ven 23 Nov 2012 22:16 
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"C'est pas vrai! On s'est fait avoir comme des débutants!!! Comme des nuls! On aurait dû organiser une garde... On aurait dû faire plus attention!!! On aurait dû..."

J'apaise mon fougueux compagnon d'un geste de la main. Ce n'est vraiment pas le moment!

"Ils n'ont pas pu disparaître comme ça... Ils ont forcément laissé des traces... Il faut chercher!"

"Facile à dire! On a cherché toute la nuit sans succès! Les traces disparaissaient au bord d'une rivière qu'ils ont utilisé pour masquer leurs traces! Ils ont pu partir de n'importe quel côté, et on a vu que le cours d'eau se séparait en beaucoup de petits ruisseaux qu'on prendrait un mois à explorer juste à nous deux! Et à part ça, pas le moindre petit indice! J'y crois pas! On est des nuls! Des nuls des nuls des..."

Il s'interrompt en voyant mon visage s'éclairer d'un large sourire.

"Qu'est-ce qu'il y a? Cela te fait rire?"

"Non... J'ai simplement entendu quelque chose qui m'a beaucoup plu. Oui, vraiment beaucoup plu..."

"Comment ça? Qu'est-ce que tu as entendu?"

"Un cri... Où plutôt un signal, si j'en crois le fait que nous sommes dans une forêt de feuillus et que les Harneys Ne vivent que dans les champs."

Le visage du guerrier s'éclaire à son tour. Nous tendons l'oreille, et ne tardons pas à ouïr une seconde fois ce cri, tout proche. Silencieusement, d'un accords tacite, nous nous approchons de son origine, pour découvrir bientôt, un Gobelin, seul, perché dans un arbre au dessus d'un buisson où nous sommes camouflés. Un regards nous suffit pour voir que nous avons eu la même idée. Nous nous approchons de l'arbre silencieusement, alors que la créature est occupée à effectuer son cri, et d'un grand coup d'épaule, la faisons tomber. Mon ami l'immobilise d'une clef de bras et je lui plaque une main sur la bouche.

Quelques minutes plus tard, nous sommes tous trois réunis au campement, le Gobelin bâillonné grossièrement avec un morceau de toile.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Yarthiss
MessagePosté: Lun 3 Déc 2012 19:15 
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"Bon... Pour la dernière fois, où est votre campement?

-'Sais pas!!!

-Tu ne sais vraiment pas...?

-'Sais pas!!!


-Bon... Alyster, s'il ne sais pas, on ne va pas le forcer. On va plutôt chercher par nous même... Tu me suis...?"

Alors que j'allais ouvrir la bouche pour protester car la nuit tombait, je compris ce qu'il voulait dire.

"Bonne idée! L'obscurité jouera en notre faveur!!!

alors, on est parti! fait-il en s'approchant du Gobelin. Je détache celui-la, s'il meurt dévoré, par une bête nocturne, où quelque chose dans ce genre là... Et bien, ce n'est pas que ça ne me plairait pas, mais il ne nous servirait plus à grand chose après..."

Je le laisse faire en silence. Quand il a fini, nous ramassons deux bâtons grossièrement taillés nous servant d'armes pour le moment. Nous partons dans la forêt, laissant le feu allumé, et nos affaires éparpillées.

Nous faisons mine de partir profondément dans les bois, mais dés que nous sommes hors de son champs de vision, nous revenons contre le vent, à couvert dans des taillis, espionner le Gobelin. Et il fait exactement ce que nous espérions: après avoir (mal)vérifié que personne ne le suivait, il se rend en douce chez les autres gobelins. J'avais eu peur un moment qu'il y aille avec nos affaires, mais il n'est pas très intelligent et nos sacs sont trop lourds pour lui. Arrivé là, nous le voyons entamer une conversation animée avec... Une dizaine de créatures comme lui!!! Après avoir longuement débattu, le résultat dépassait nos plus folles espérances! Ils partent pour notre campement, avec uniquement trois Gobelins qui gardent le leur! Nous nous approchons silencieusement et repérons nos armes. Une lutte courte, mais intense s'ensuit. Nous ressortons vainqueurs, sans aucune blessure. Nos armes à la main, nous partons pour notre camp où nous trouverons les gobelins. C'est là que les choses se sont compliquées. Au campement, les gobelins n'étaient plus là. Les traces étaient cependant encore fraîches, dans la boue, résultat d'une récente pluie. Nous les suivons rapidement et ne tardons pas à trouver huit gobelins chantant leur victoire à tue-tête. Nous les suivons silencieusement jusqu'à qu'ils découvrent près de leur feu de camp éteint, les corps évanouis de leurs compagnons. Ils sont désemparés et un vent de folie s'empare momentanément de la troupe des petites créatures. C'est le moment que nous attendions. Nous passons à l'attaque.

Les gobelins sont au nombre de huit, armés qui d'une hache, qui d'un cimeterre ou d'un couteau. Le guerrier à mes côtés rugit de plaisir de pouvoir prendre enfin sa revanche. Un premier Gobelin tombe, une estafilade dans le dos. Un second, les côtes enfoncées d'un puissant coup de bâton. Un troisième, non sans m'avoir au passage égratigné le bras. alors, les créatures se ressaisissent. Elles se battent plus farouchement. Une me cause une sérieuse blessure à la cuisse une autre encore entaille le bras de mon ami... Les lames volent, les corps s'entrechoquent, les coups de pieds et de poings fusent. C'est une vraie pagaille. Nous avons eu l'avantage de la surprise, ils ont celui du nombre. Tous les combattants sont exténués. Les coups se font de moins en moins précis, de moins en moins puissants. Chacun est ensanglanté. Plus personne ne sourit. Quand enfin tombe le dernier Gobelin, c'est d'épuisement, et je l'aurais presque imité si le guerrier ne s'était pas rué sur lui (faiblement) pour lui plaquer sa lame sur la gorge.

"Je ne... Je... Je ne crois pas que... Qu'une bande de gobelins comme... Comme vous puisse être... Assez... Organisée et inventive... Pour... Faire... Tout ça... Tous ces... Vols, meurtres... Tout ce pourquoi... On est là aujourd'hui... Qui... Qui vous a... Demandé ça... Qui... Vous emploie...? QUI???

-P, Pi...tié... Je... Vous... Je vous dirai tout... Il... S'appelle... Diz. C'est un homme... Un sorcier... À ce qu'il dit... Il vit à Yarthiss. Il veut... Que nous fassions tout ça... Pour se venger.

-Pour se venger??? Vous n'êtes que les chiens de service de son égo blessé??? Que des domestiques employés pour assouvir sa soif d'une justice cruelle et ... Et INJUSTE???

-C'est que... Il paie..."

Le Gobelin n'ajoute plus rien. Il venait de s'évanouir. Mon compagnon semble bouillir de rage. Je lui pose une main sur l'épaule. Il me regarde, je lui rend son regard. Nous nous mettons en route sans un mot.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Yarthiss
MessagePosté: Sam 29 Déc 2012 22:01 
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Jamen s'était précipité hors de la ville, malgré ses bleus. Il n'avait rien de cassé, et avait eu de la chance que le chien soit là pour éloigner ses agresseurs. Il s'en était sorti quasiment indemne, et c'était une bonne chose.
Maintenant il prenait la route vers Yarthiss, ce n'était pas un chemin facile, mais pour lui qui connaissait le coin, rien était impossible. Le jeune homme avait envie de voyager, et de toute façon après ce qu'il s'était passé, il y était contraint. Il lui fallait fuir, fuir et toujours fuir pour éviter qu'on le retrouve, pour éviter d'être tué.
Le rôdeur ne savait toujours pas s'il avait tué Jaina, il n'en avait aucun souvenir, et ne devait pas être conscient de ce qu'il faisait à ce moment là. L'ivresse avait cette vertu : rendre tout le monde inconscient, irresponsable. En particulier pour lui qui supportait relativement mal l'alcool.
Il connaissait la sensation rassurante de l'ivresse, depuis la mort de sa femme. C'était bien de pouvoir se laisser aller dans un état second lorsqu'on se faisait des reproches. C'était également un moyen de se punir, se punir de n'avoir pas su empêcher l’inévitable, de n'avoir pas pu protéger sa femme. La punition, c'était les lendemains, les gueules de bois, les maux de têtes, la nausée, la sensation d'avoir le cerveau déconnecté. Il détestait les lendemains d'ivresse, le malaise qu'il ressentait dans ces moments là était désagréable. Jamen espérait ne plus jamais avoir à le ressentir, rien que pour éviter d'être à nouveau dans cette situation.

Le jeune rôdeur espérait échapper au père de Jaina, s'il le croyait responsable, il le ferait traquer jusqu'à sa mort. C'était pour ça qu'il fuyait, qu'il se retournait toutes les minutes pour vérifier que personne n'était derrière lui, que personne ne le suivait.
La route menant à la ville de Yarthiss était assez peu fréquentée, du moins celle que Jamen avait prise. Il se retrouverait dans les marécages au nord du continent, les pieds dans la boue à marcher en prenant garde à ne pas tomber, mais ce ne serait pas avant plusieurs jours de marches, et à son allure il n'irait pas bien vite. Même s'il n'avait pas de grosse blessures, le jeune homme était fatigué.
Le rôdeur s'estimait chanceux, peut être qu'un dieu avait veillé sur lui, peut être que Jaina voulait lui dire qu'il n'était pas responsable et qu'il devait trouver son meurtrier, peut être, peut être...
Son père lui avait toujours dit qu'on fait beaucoup de chose au conditionnel, et bien peu dans les temps réels. Jamen n'avait pas compris ce que ça voulait dire à cette époque, maintenant il savait, il comprenait parfaitement.
(Avec des "si" on mettrait Yuimen en bouteille... avec des peut être aussi. Je n'ai rien à me reprocher, je ne suis sûr de rien, juste des dires de trois mercenaires qui voulaient me battre à mort.)

Le jeune homme marcha jusqu'à la nuit avant de se rouler en boule dans une couverture sur le bord de la route. Il n'alluma pas de feu, par prudence, pour ne pas attirer l'attention avec de la fumée. Celle-ci était visible au loin, même la nuit. Et bien qu'un feu permettait de faire fuir les prédateurs, de manger cuit, et de ne pas avoir froid la nuit, Jamen préférait risque de se faire dévorer vivant par un loup, que de se faire retrouver par ses agresseurs. Il aurait pu continuer à marcher, mais il était trop épuisé, trop meurtri pour continuer. Alors il s'endormit dans l'obscurité nocturne, à renifler l'odeur de l'herbe sèche qui le rassurait, qui ne mourait jamais.

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Dernière édition par Jamen le Dim 27 Jan 2013 15:28, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Yarthiss
MessagePosté: Lun 31 Déc 2012 00:36 
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Au matin du deuxième jour, Jamen se sentait mieux physiquement. Des douleurs étaient toujours présentes, mais il était plus reposé, plus en forme pour marcher dans la plaine sèche autour de sa ville natale.
Il n'était pas mécontent de quitter cet endroit, que ce soit son village, ou encore la grande Tulorim, au contraire. Le jeune homme était heureux de trouver une certaine liberté, de respirer l'air pur et de n'avoir de compte à rendre à personne. De s'éloigner aussi des souvenir de son enfance, de son bonheur avec Jade, sa défunte épouse. Il pensait pouvoir oublier, ne plus se faire de reproche en s'éloignant de l'endroit où il avait toujours vécu. De la maison qu'il avait partagée avec sa femme. Peut être se trompait-il ?

En marchant, il laissa ses pensées vagabonder, et ses souvenirs remonter à la surface.
Le rôdeur en revenait toujours à elle, Jade, sa belle femme qu'il avait été si heureux d'épouser cinq ans auparavant. Il s'en souvenait comme si s'était hier ; de la fête qui avait rassemblée tout le village, de leur nuit de noce si douce et voluptueuse, de la naissance de leur fils Logan neuf mois plus tard. Jamen aimait se souvenir des bons moments passés auprès de son épouse. De leur fous-rires lorsque Jade le prenait à tricher aux carte, à leur moments de passion intime qui avaient fait naître un petit garçon. Même si ces souvenir faisaient monter à ses yeux des larmes qui lui piquaient les yeux.
(Logan est le fruit de notre amour), pensa le jeune homme.
Les deux époux avaient confectionnés ensemble le berceau de leur enfant, en bois, avec des couvertures brodées, des petits vêtements à sa taille. Jamen avait taillé des animaux dans le bois du lit, des animaux de la forêt, des cerfs, des biches, des chevreuils, des lapins et des loups. Jade lui avait même fait remarqué que ça pouvait devenir effrayant pour un petit enfant, dans le noir alors que l'on ne percevait pas bien les formes. Il s'était vexé, comme un idiot il avait été vexé, pendant plusieurs heures il s'était enfermé dans un mutisme pendant quelques heures, jusqu'à ce qu'elle vienne l'embrasser jusqu'à ce qu'il lui pardonne.
Et le plus drôle, c'est qu'elle avait eu raison, car quand Logan avait un peu grandit, après qu'il ait entendu des histoires de loup-garous mangeurs d'enfants, l'enfant avait fait de nombreux cauchemars et n'avait pas voulu retourner dans son lit avant longtemps. A cause des animaux sculptés dans le bois de son berceau.

Et puis l'enfant avant grandit, et Jade était tombée malade. Elle avait longtemps souffert, et s'était battue comme une guerrière contre la maladie. Juste avant de mourir. Depuis, un an s'était écoulé et Jamen était toujours inconsolable. Ça irritait ses proches, c'était pour cette raison qu'il était parti. Pour leur épargner sa mauvais humeur, sa tension constante. Et aussi parce que plus personne ne le supportait, ne supportait sa tristesse.
Maintenant qu'il était seul, il se sentait mieux.
Après une nuit de sommeil, comme on dit la nuit porte conseil, leur jeune homme savait qu'il n'était pas responsable de la mort de Jaina, c'était un poids en moins sur sa conscience. C'était quelque chose qu'il ne pouvait expliquer, une espèce d'instinct étrange qui le guidait, qui lui disait qu'il ne l'avait pas assassinée. Ou du moins, pas de façon consciente, pas de façon préméditée. C'était suffisant pour le rassurer, suffisant pour que la jeune femme sache qu'il ne le voulait pas, pour qu'elle pardonne et repose en paix.

Jamen s'arrêta de marcher, le rôdeur avait faim, il regarda le soleil, il était déjà très haut dans le ciel, il devait déjà être l'après-midi. Il sortit de son sac de quoi grignoter ; de la viande séchée qu'il avait emportée de chez lui et une boule de pain qu'il avait acheté à l'aubergiste. Il n'était pas encore trop dur et se mangeait facilement une fois humidifié avec un peu d'eau.
Il mangea, tout en marchant et en se remémorant les bons souvenirs du temps où sa femme était en vie. Le rôdeur avait l'impression d'être un vieillard qui ressassait sa jeunesse. Peut être que c'était ça, faire son deuil, avoir l'impression que toute sa vie, du moins la meilleur partie, était derrière soi. Penser que rien de bon ne pourrait plus arriver.
(De toute façon, c'est mal parti pour qu'il m'arrive quelque chose de bien, je suis accusé de meurtre...)
Le jeune homme soupira longuement en accélérant le pas. Plus vite il serait à Yarthiss, et plus vite il serait en sécurité. Même si on le suivait jusque là-bas, la ville était entourée d'une forêt, il serait donc dans son élément. De plus, il fallait aussi que ces hommes découvrent que Jamen était en vie, et sachent où il se cache... Ce qui laissait au rôdeur, un temps d'avance, de quoi être en position avantageuse en cas de combat.

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Dernière édition par Jamen le Dim 27 Jan 2013 16:37, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Yarthiss
MessagePosté: Mar 1 Jan 2013 15:13 
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Troisième jour de marche


La troisième journée de marche se déroula comme la seconde, tranquillement, sans heurt, sans que Jamen ne croise qui que ce soit. La plaine autour de Tulorim était étrangement calme. C'était peut être la chaleur qui dissuadait les gens de sortir. Quoi qu'il en soit, c'était plus tranquille comme ça.
Le seul bémol était l'impression quasi constante qu'on l'observait, ça rendait le jeune homme dingue parce qu'il n'arrivait pas à savoir si c'était son imagination, son sentiment de culpabilité toujours présent, ou la peur qui causait ce trouble. Parce qu'il ne voyait jamais personne. Et pourtant le rôdeur ne se sentait pas en sécurité il avait peur, s'effrayait au moindre cri d'animal, au moindre chant d'oiseau. Il détestait cette impression de ne rien contrôler, d'être à la merci du premier venu. C'était très troublant.
(Je deviens paranoïaque), pensa-t-il.

Dans la soirée, le jeune homme arriva en vue des marécage et décida de s'arrêter pour la nuit, il s'installa sur sa couverture et n'alluma toujours pas de feu. C'était peut être de la paranoïa, peut être de la folie de penser qu'il montrerait sa trace à d'éventuels ennemis, et en même temps, il jugeait cela sage puisque le père de Jaina ne s'arrêterait jamais... pas tant que l'un d'eux ne serait en vie. Et ça Jamen le savait parfaitement. Si le vieil homme ne cessait pas de le harceler, le rôdeur serait contraint d'agir. Il ne voulait pas passer sa vie à fuir, c'était hors de question.
La seule chose qu'il ne comprenait pas, c'était pourquoi le père de la jeune fille avait envoyé des mercenaires et non pas des miliciens ou des gens du village à sa recherche. C'était étrange, à moins que les membres du village n'étaient pas au courant, ou qu'ils refusaient leur aide au père de Jaina.
Jamen soupira et s'allongea sur sa couverture avant de fermer les yeux pour s'endormir.

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Dernière édition par Jamen le Dim 27 Jan 2013 19:17, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Yarthiss
MessagePosté: Mer 2 Jan 2013 00:46 
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Quatrième jour de marche


Le périple commençait à devenir désagréable en raison des marécages. Jamen avait les pieds dans l'eau toute la journée, à avancer, largement ralentit par les marécages quasiment inévitables. Même s'il avait tout fait pour marcher au bord, a un moment il n'avait plus d'autre choix que de tremper les pieds dans l'eau boueuse. Il avait retiré ses bottes, remonté son pantalon et marchait pieds nus dans la fraicheur de l'eau dans laquelle il s'enfonçait jusqu'au milieu du mollet. Le jeune homme était considérablement ralentit.
(Vivement que ça se termine, que j'arrive dans la forêt, que je me sèche en ville.)
Le rôdeur n'en revenait pas de souhaiter vouloir retrouver la ville. C'était sans doute le confort qui était avantageux dans les agglomérations. Les auberges, les lits, les repas consistants. C'était quelque chose de tellement agréable. Le jeune homme se le promettait, s'il allait en ville se ne serait pas pour longtemps. Quelques jours, tout au plus.
Soudain, une nouvelle fois la sensation d'être épié, des frissons lui parcouraient le dos et le jeune rôdeur se retourna. Jamen se retourna, trois hommes à cheval avançaient vers lui. Il les voyait de loin, dans la plaine qui précédait les marécages. Bientôt ils seraient à sa hauteur. Il sortit son arc.
Le premier qui arriva près de lui ne s'arrêta pas, il passa si près qu'il l'éclaboussa et manqua de le faire tomber. Il le laissa passer. Ce n'était peut être pas l'un des leurs. Mais l'homme revint, au bout d'un moment, alors que les deux autres approchaient eux aussi. Bientôt, il se retrouverait encerclé s'il ne faisait rien. Il saisit son arc et tira sur celui qui l'avait dépassé un peu plus tôt. La flèche se planta dans le torse de l'homme qui tomba de son cheval, dans l'eau marécageuse. Même s'il n'était pas mort, il se noierait bientôt dans l'eau, faute de pouvoir se relever à temps.

Les deux autres cavaliers semblaient approcher de plus en plus, Jamen ne savait pas quoi faire, s'il devait tirer une flèche, ou attendre. Il finit par tirer en visant la monture d'un des hommes. Le cheval se prit le projectile dans la patte rua projetant son cavalier au sol. L'archer n'eut pas le temps d'encocher une seconde flèche que le second arriva à sa hauteur, une épée à la main.
Jamen le reconnut soudain, c'était l'homme qui l'avait frappé.

-Je savais que tu étais toujours en vie ! dit-il tout en descendant de sa monture.

Le rôdeur voulu prendre la fuite, sortir du marécage humide et inconfortable, mais il était tétanisé. Derrière lui, l'autre mercenaire était arrivé, un poignard à la main, dont il déposa la pointe au milieu de son dos. Le jeune homme frissonna, paralysé par la peur.

-Je ne sais pas comment tu as fait pour échapper au chien. Tu es fort, mais tu es un meurtrier, et notre boulot, c'est de t'empêcher de recommencer.

-Je suis innocent, souffla Jamen. Je vous jure que je l'ai pas tuée, elle était mon amie.

-Ils disent tous ça. Tu as tué notre ami, tu as tué cette fille. Pour nous tu es un tueur dangereux, et on rend service à la communauté, tout en récoltant un joli pactole pour un job finalement assez facile.

Il s'arrêta un moment de parler, puis un sourire se dessina sur ses lèvres. Il saisit l'arc et le carquois de Jamen et regarda l'arme du rôdeur. Il se retourna ensuite vers son complice :

-Prend-lui son sac et attache-lui les mains ! ordonna-t-il à son complice.

L'homme s'exécuta, le premier encocha une flèche et visa son captif.

-Et tu seras sage, compris ?

Le rôdeur dut se laisser attacher les mains dans le dos. Puis ils se remirent en route, toujours dans la même direction.

-Pourquoi vous ne me tuez pas ? demanda-t-il quand ils furent sortis du marécage.

-Chaque chose en son temps, tu veux. Tu l'auras ton compte, mais pas tout de suite, on doit t'amener à Yarthiss en pleine santé. Après on verra.

-Pourquoi ?

-Tu poses beaucoup de question, on dirait presque que tu es pressé... tout ce que je peux te dire, c'est que les plans ont changés.

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Dernière édition par Jamen le Dim 27 Jan 2013 19:29, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Yarthiss
MessagePosté: Jeu 3 Jan 2013 20:41 
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Cinquième jour de marche


Dans la nuit, Jamen dormis peu, il passa une partie de la nuit à frotter ses liens contre un morceau de verre qui trainait sur le sol. Il s'était auparavant assuré que les deux hommes dormaient. Quand le rôdeur avait réussi à défaire ses entraves, il se leva, prit ses affaires dans l'obscurité et parti.
Au bout de plusieurs dizaines de mètres, le jeune homme se retourna, pour vérifier qu'on ne le suivait pas. Personne, c'était tant mieux. Au moins il pourrait regagner la ville tranquillement et se cacher dans la forêt.
Il marcha d'un pas vif jusqu'au levé du soleil, il était totalement seul dans la plaine. De plus en plus d'arbres se trouvaient le long de la route, il ne devait plus être très loin d'une rivière dont il devrait remonter le cours jusqu'à la ville.
Il se retourna soudain, en entendant le bruit de sabot de cheval claquer sur le sol, ses ravisseurs étaient à ses trousses, du moins celui dont le cheval était encore valide. Le jeune homme se mit à courir aussi vite qu'il put. De loin il vit la rivière se dessiner, celle qu'il suffisait de suivre pour arriver en ville. Il n'arriverait jamais à temps pour y plonger.
Il grimpa dans un arbre, rapidement, avant que le mercenaire qui l'avait poursuivit n'arrive à sa hauteur. Immédiatement il encocha une flèche à son arc et visa l'homme qui arrivait près de son perchoir.

-Descends de là petit.

-Vous me prenez pour un idiot ? souffla Jamen. Je suis prêts à tirer.

-T'as pas assez de cran pour ça petit. J'attendrais là, jusqu'à ce que mon ami arrive à notre hauteur, puis nous te ferons descendre et là, tu passeras un sale quart d'heure, crois-moi.

Jamen tira sur le cheval qui s'écroula, puis dans la jambe de son agresseur, l'homme poussa un hurlement, le rôdeur descendit de son arbre et parti en courant. Lorsqu'il arriva au bord de la rivière il s'arrêta pour reprendre son souffle. Personne ne le suivait, pour l'instant, encore un homme sur les deux était valide, et le premier était juste blessé.
Le rôdeur se remit en route, en marchant d'un pas rapide. Bientôt, dans la fin d'après-midi, il atteindrait la ville. Ce serait alors plus simple de se cacher.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Yarthiss
MessagePosté: Sam 12 Oct 2013 15:51 
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Cinn et Hawke s'étaient bien éloignés de Yarthiss. Le cheval commençait à peiner sous le poids des deux Sindel ... L'animal avait la langue pendante, les oreilles tombantes, il n'en pouvait plus.

"Il va bientôt falloir s'arrêter, Eclipse est trop fatigué" expliqua Cinn.

"Il s'appelle "Eclipse" ?" demanda Hawke

"Oui, c'est ainsi que je l'ai appelé. Regarde, nous arrivons aux marécages !" déclara Cinn

Hawke se pencha légèrement sur le côté, pour mieux observer le paysage. Droit devant s'étendait un marécage qui s'étalait à perte de vue.
Le sol devint de plus en plus boueux, les rares arbres étaient maintenant sans feuilles.
De la boue giclait après le passage d'Éclipse, salissant les pattes de l'animal. Plus loin, le soleil commençait à se teinter d'une lueur orangée, la nuit allait bientôt arriver.
Tout ceci rendait l'atmosphère inquiétante ...

(Eh bien, c'est pas très gai tout ça. Et puis en plus je ne sais même pas quoi faire une fois arrivé ... Sûrement trouver un moyen de se faire un peu d'argent ...) pensa Hawke en observa le crépuscule.

"Bien, Tulorim est à combien de temps d'ici ?" demanda le Sindel en sortant de ses pensées.

"Nous y serons demain soir, il faudrait passer ce marais au plus vite, si nous ne voulons pas nous retrouver face à des Elyds ..." déclara Cinn.

(Bon on va éviter de passer pour un débile en demandant ce que c'est qu'un Elyd ...)

Le pauvre destrier était hors de lui, il commença à ralentir pour finalement s'arrêter sur un lopin de terre à peu près sec.

"Bon ben c'est trop tard ... Il va falloir faire une pause ici même ..." laissa tomber Cinn en descendant du canasson.

Ils venaient d'entrer dans le marais, il y régnait une odeur fétide ... L'eau était verdâtre, et le tout était parsemé de buissons touffus.
Hawke descendit à son tour et entreprit de marcher un peu pendant que Cinn faisait boire Éclipse à l'aide d'une petite gourde en peau.
Le Sindel s'approcha d'un bosquet assez dense et écarquilla les yeux en apercevant un peu plus loin une sorte de petit animal grand de même par un mètre. S'approchant un peu plus de la créature, il aperçut alors que cette dernière avait de longues dents qui semblaient tranchantes et bien aiguisées, sa peau était verdâtre, s'accordant avec le milieu environnant.

Soudain, la petite bête se jeta sur Hawke, frappant de plein fouet la jambe de l'elfe avec son petit poing et déployant dans un même temps des ailes du même vert que sa peau.

Le Sindel reçut le coup en laissant tomber un cri de douleur.
"Cinn ! Je crois qu'on a de la compagnie !" s'écria Hawke en reprenant ses esprits tandis qu'une dizaine d'individus convergeaient vers lui.

La bête qui l'avait attaqué était parti un peu plus loin, le défiant du regard.
Hawke tourna sur lui-même pour observer ses ennemis. Onze Elyds l'entouraient, le fixant, immobiles. 
Sortant ses dagues, il sauta sur l'individu qui l'avait attaqué, la tuant d'un coup à la tête. Il vit Cinn qui arrivait enfin, courant, une dague à la main.
Les trois Elyds les plus proches d'Hawke se jetèrent sur lui. Le Sindel s'y était préparé, il chargea lui aussi les trois individus. Sa dague elfique toucha le corps d'une Elyd qui atterrit aux côtés d'Hawke, mort. L'elfe effectua un crochet gauche avec la dague de Shill, il toucha une autre Elyd qui alla rejoindre sa partenaire, au sol, l'aile coupée. Elle était encore vivante mais ça, Hawke n'avait pas le temps de s'en occuper.
La dernière bête, propulsée par son saut, frappa Hawke au niveau du torse . La bête finis sa course dans une flaque d'eau fétide.

(((Début de la tentative d'apprentissage du sort évolutifs :Cruelle Obscurité)))

De son côté, Cinn avait attaqué quatre Elyds d'un coup. Elle tendit sa main droite, et les quatre animaux se tordirent de douleurs, leurs chairs flétrissant à vue d’œil. Cinn acheva les quatre créatures avec des coups rapides et précis grâce à sa dague.

"Fais ce que je viens de faire, tend une main et visualise une partie du corps de tes adversaires ! Canalise tes fluides magiques dans tes paumes et propulse les vers tes cibles !" expliqua Cinn en s'approchant d'une autre Elyd.

Hawke hocha la tête et laissa tomber la dague offerte par Shill.
Fermant les yeux, se concentrant un maximum, le Sindel tendit le bras vers l'Elyd restante, la main légèrement fermée.
Des filaments noirs apparurent petit à petit sur son bras et se dirigèrent vers sa paume.
Ouvrant subitement les yeux, il tendit les doigts et laissa partir toute l'énergie magique.
Malheureusement, la traînée sombre disparût à mi-chemin entre lui et l'Elyd.

"Ressaye ! Tu vas y arriver !" l'encouragea Cinn.

L'Elyd n'avait pas attendu un autre essai, elle s'élança sur le Sindel en le frappant au thorax. Hawke se prit le coup de plein fouet, n'ayant pas eu le temps de le parer.
Il tomba en arrière à cause du choc et laissa tomber sa dague elfique.
L'Elyd était au niveau de ses pieds, elle s'apprêtait à lui sauter au visage.

(C'est maintenant ou jamais !) s'encouragea l'elfe.

L'elfe se redressa légèrement, écarta un peu les jambes et tandis les deux mains vers la créature qui était devant lui.
Animé par la haine et la colère, il canalisa rapidement de l'énergie dans ses paumes.
Ses deux bras s'entourèrent d'un halo sombre comme la nuit et il laissa soudainement partir toute cette énergie. Un véritable nuage noir partit soudainement d'Hawke et fonça à une vitesse vertigineuse sur le petit être qui se trouvait un peu plus loin. 
L'Elyd fût enveloppée par la nuée et ne bougea plus.

(((Fin de la tentative d'apprentissage du sort évolutifs :Cruelle Obscurité)))

Hawke se redressa et ramassa ses deux dagues.
De son côté, Cinn avait tué l'Elyd qui était à côté d'elle.
Elle rejoignit Hawke en courant. Devant lui quatre Elyds s'apprêtaient à se jeter sur lui, toutes dents dehors.
Cinn tendit les bras et accumula suffisamment d'énergie dans ces paumes pour laisser partir une traînée noire qui alla entourait un Elyd. Pendant que la créature agonisée, ses camarades s'étaient élancées. Deux foncées sur Hawke, une sur Cinn.
Hawke effectua un petit bond sur le côté droit, en fauchant une au passage.
L'autre termina son saut dans l'eau, ressortant vite, elle repris de l'élan et sauta sur Hawke.
Le Sindel l'avait suivi du coin de l’œil, quand l'Elyd allait l'atteindre, il pivota sur lui-même coupant la bête en deux.
Cinn, quant à elle avait embroché l'animal sur sa dague, en plein saut.
Un peu plus loin, l'Elyd au quelle Hawke avait coupé une aile rampait difficilement, blessée. 

"Ne l'achevons pas, cela ne nous apportera rien." dit Hawke qui l'avait remarqué.

"Bien, partons d'ici." répondit Cinn.

Cinn monta sur Eclipse et aida Hawke à s'installer. S'asseyant, les mains sur les hanches de Cinn pour ne pas tomber, il semblait pensif.

"Nous allons sortir de ce marécage et dormir un peu plus loin" expliqua la Sindel.

Comme Hawke ne répondit rien, elle demanda : "Ça ne va pas ?"

"Cela faisait longtemps que je n'avais pas utilisé ma magie ... Je t'avoue que cela ne me plaît pas forcément, je déteste enlever la vie à une créature ..." laissa tomber l'elfe après un petit silence.

"Je vois ... Je te rassure, je n'aime pas tuer, malheureusement nous n'avions pas le choix." déclara Cinn faisant galopé du mieux qu'elle pouvait Éclipse.

L'animal avait profité du combat pour souffler un peu.
Les deux Sindel sortirent du marais sans encombres. Le soleil s'était couché, la lune le remplaçait déjà, laissant s'installer l'obscurité. 
L'herbe devint de plus en plus verte, le sol de moins en moins boueux. Les quelques arbres étaient maintenant feuillus, à l'inverse de ceux du marais.
Éclipse ralentie l'allure, s'arrêta, laissant Cinn et Hawke descendre. 
Il y avait, non loin, un petit bosquet d'arbres. 
Cinn sortit un morceau de pain et un peu de fromage de la sacoche accrochée au destrier.

"Bon, on ne fait pas de feu, cela ne nous servira à rien." dit la Sindel en tendant de la nourriture à Hawke.

"Oui, je mange un bout et je vais me reposer..." déclara l'elfe en retour.

Cinn hocha la tête et alla s'asseoir contre un arbre tout en mangeant sa nourriture. Hawke resta là à contempler la lune. C'était ce soir-là, la pleine lune. Cette dernière jetait une pâle lueur sur la grande plaine.

"Merci pour ton aide, j'ai bien cru que j'allais y passer tout à l'heure." déclara Hawke, pendant qu'il s'installait près de Cinn.

"Oh, tu sais c'est normal ..." répondit l'elfe dans un sourire.

Ayant terminé tous les deux leurs repas, ils contemplèrent la lune en souriant. L'astre éclairait délicatement leurs visages fins. 
Au bout d'un moment, Hawke finit par sombrer dans le sommeil, épuisé par le combat.
Cinn en profitat pour admirer le Sindel. Avant de s'asseoir près d'elle il avait enlevé sa cuirasse, révélant un torse musclé, délicatement mouler par sa tunique. Il était toujours bien coiffé, son tatouage sous l’œil gauche ressortait avec la pâleur de son visage.

Le couvrant d'un regard protecteur, Cinn le regarda un léger sourire aux lèvres. Son regard se perdit dans le visage du Sindel. La magicienne finit par s'endormir, la tête contre l'épaule d'Hawke.

Cinn se réveilla dès l'aube. Hawke la regardait en souriant.
Voyant qu'elle s'était endormie la tête contre Hawke, elle rougit, gênée.

"Excuse moi, je ..." commença-t-elle.

"Oh, ce n'est rien. J'aurai sans doute fait pareil." coupa Hawke un sourire aux lèvres.

Un peu plus loin, Eclipse broutait tranquillement de l'herbe humide à cause de la rosée matinale.
Cinn se leva et alla chercher de quoi manger dans le petit sac accroché à la selle de l'animal. Elle revint avec un peu de pain et deux pommes.

"Bien dormie ?" demanda Cinn en s'asseyant et en tendant du pain et une pomme à Hawke.

"Oui, même si tu étais contre moi." répondit-il, un léger sourire aux lèvres.

Rougissant un peu, Cinn dit : "Nous ne sommes qu'à peu de temps de Tulorim, mettons-nous en route maintenant, comme ça on aura du temps libre en arrivant."

Hawke hocha la tête tout en croquant dans sa pomme, ayant déjà mangé son pain. Une fois le repas terminé, Hawke se leva et tendit une main pour aider galamment Cinn à se relevait. Cette dernière accepta l'aide en souriant. Hawke remit sa cuirasse et les deux elfes montèrent sur le cheval, partant d'un rapide galop. La fin du trajet se passa sans encombre, Hawke et Cinn ne discutèrent pas.
Ils s’arrêtèrent pour manger sans un mot et repartir aussitôt. Ils arrivèrent devant les portes de Tulorim.


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Eva d'Arkheval, Demi-Elfe, Enchanteresse de Glace
Baratume Vorn, Humain, Coureur des Plaines

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Yarthiss
MessagePosté: Lun 27 Oct 2014 23:27 
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La fuite de Tulorim s’est effectuée sans trop de peine, avec une facilité déconcertante même. Les deux cadavres de gardes supplémentaires que Gringoire a semé derrière lui ne sont sans doute pas de cet avis. Deux carreaux d’arbalète ont mis fin à l’existence de deux miliciens, ne faisant rien de plus que leur travail, patrouiller sur une muraille. La sorcière désapprouve le procédé, mais en silence : les circonstances l’obligent à marcher de pair avec ce libre-entrepreneur. Sous ses airs affables, sa volonté est une lame de fond qui brise tous les obstacles sur son chemin, et cette attitude, Esmé la respecte. Ils ont pu piller un cellier, puis descendre sans trop de peine le long de la muraille à l’aide du rouleau de corde pris à l’armurerie – puis abandonné sur place ; la position du bâtiment à la périphérie de la ville rend l’échappée plus facile encore : une course rapide, en veillant à ce qu’aucune patrouille ne passe par là, creuse déjà la distance entre les deux fugitifs et les habitations. Pour autant, leur salut n’est pas encore assuré. Les terres cultivées ne sont pas loin, mais elles aussi porteuses de nombreux dangers, à commencer par celui de se faire prendre. Si le jour n’est encore qu’une ligne pâle sur l’horizon, le soleil ne dardera ses premiers rayons sur la campagne quand Esmé et Gringoire seront encore probablement sur les territoires des fermiers et métayers de la ville. Peut-être les paysans déjà levés pour vaquer à leurs activités agricoles se souviendront-ils de leur passage ? Rien ne les empêcherait d’indiquer la direction qu’on suivit deux voyageurs à l’air suspect, loin des routes commerciales ; emprunter ces dernières ne serait pas plus prudent, au contraire : quelques gardes lancés à cheval sur les axes principaux ne manqueraient pas de repérer les piétons en cavale.

En attendant la progression est rendue plus difficile par le sol inégal, les deux ombres avançant d’un pas inégal en direction de l’ouest, guidées par l’aube. Esmé n’a pas de plan bien défini, sinon suivre Gringoire tant que celui-ci sera disposé à lui rendre service pour l’avoir libéré. C’est bien la seule chose à laquelle elle songe en filant sous les oliviers et les autres arbustes, plantés en longues lignes dans le sol aride.

(Il va bien me mener quelque part, ça oui. L’ouest pour l’heure… Qu’y a-t-il à l’ouest ? Yarthiss ?... N’était-ce pas cette cité qui autrefois régnait sur les terres du comté de Wiehl ?... Oui… Je crois que c’est bien de cela qu’il s’agit… Ce pourrait être une bonne idée si les relations entre les deux cités sont encore tendues… Les milices ne coopéreront pas forcément, mais je crois qu’il existe d’autres moyens de retrouver deux prisonniers évadés que les milices si on veut y mettre le prix, surtout si on ne les veut pas forcément vivants… Yarthiss, ou sinon ? … Le désert ? … Il y a un désert à l’Ouest, j’ai appris ces cartes quand elle s’entraînait à la magie et que moi je devais… Eh bien faire autre chose que de réveiller ce qui dormait en moi… Un désert… Je connais les montagnes, je connais les forêts, mais pas le désert, ça non… Et puis le désert est loin de tout, même si des gens y vivent… On se souvient de ceux que l’on croise dans le désert, mais pas dans la rue, pas toujours si on sait être discret… Je dois rester dans une ville pleine d’oreilles, des oreilles et des yeux qui vont et viennent… Je dois savoir… Je dois savoir si elle est encore à Tulorim, si elle est ailleurs, ce qu’elle fait, je ne dois pas la perdre… Et elle, elle ne doit pas me retrouver avant que moi je ne le décide… Et ce jour là on règlera nos comptes… Pour mon chat, pour mes chèvres, pour tous ceux à qui elle a dû faire subir le même sort… Et parce que je ne vais pas laisser une blondasse s’en tirer impunément après avoir ainsi perturbé ma vie… Pour avoir porté de telles accusations contre moi… Je ne vais pas la laisser s’en tirer, avec ses idéaux stupides…)

« … ous m’entendez madame Esmé ? »

« Bien sûr que je vous entends, je ne suis pas sourde » lui jette la sorcière, avec un regard lourdement désapprobateur.

« Je sais pas, vous aviez l’air… ailleurs. »

« Eh bien non, je suis là, les deux pieds dans mes bottes et prête à me remettre en marche. Vous avez décidé de la destination ? »

« Yarthiss est encore le mieux. » répond Gringoire en tendant à Esmé une outre de peau pleine d’eau. Il poursuit tandis qu’il remplit la sienne à la petite source qui sourd entre de larges pierres « J’ai quelques contacts là bas, des gens qui me doivent des services, des hommes avec qui j’ai travaillé… Et puis surtout je pourrai me procurer de l’argent. Là bas j’aviserai. Avec le port, il est toujours possible de partir. Et puis il y a encore les routes du sud du continent. » Il reste un instant accroupi, à écouter le bruissement de l’eau, humer les herbes parfumées qui ont poussé là, un peu perdu, refermant machinalement son outre pleine. « Un jour on se dit qu’on va faire son nid dans une petite ville, et puis le lendemain on se demande quel sera le chemin pour s’en aller le plus loin possible… Etranges hasards, n’est-ce pas ? »

« Moi je n’avais rien demandé à personne, et je me serais bien passée de ces hasards. » lui rétorque Esmé, peu encline pour l’heure à la conversation. « Combien de temps avant d’arriver à Yarthiss ? »

« Si nous marchons d’un bon pas… Cinq jours. Nous irons vers l’ouest. Il faudra rationner nos provisions, faire attention à l’eau, ouvrir l’œil pour trouver à manger, mais nous devrions y arriver sans avoir à trop souffrir de la faim ou de la soif. L’été s’en va déjà, ça nous épargnera les chaleurs suffocantes. »

« Pas de route ? »

Le libre-entrepreneur secoue la tête en guise de réponse négative, et se redresse, passant la sangle de son outre autour de son cou. Esmé lui trouve un air chargé, avec ces petites arbalètes de poing dont il n’a pas voulu se séparer une fois hors des murs de la milice ; elle s’abstient cependant de lui faire une remarque, ayant le pressentiment que ces armes leur seraient sans doute utiles avant la fin de leur voyage.

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Esmé, sorcière à plein temps


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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Yarthiss
MessagePosté: Mar 28 Oct 2014 16:29 
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« Vous n’avez pas chaud, habillée comme ça sous cette cagna ? »

Esmé ne prend pas la peine de gaspiller son souffle à répondre et se contente d’avancer, le regard fixé sur sa destination. Que lui importent les bavardages ? Oui, elle a chaud sous sa robe noire et sa cape, plus que de coutume sans doute, sous les assauts redoublés des vagues brulantes que le vent d’ouest balaie vers eux ; l’automne ne suffit pas à estomper les ardeurs des souffles venus des terres, des bourrasques porteuses de discrets grains de sable. Seulement, Esmé préfère de loin cuire en silence sous sa cape que de témoigner d’un quelconque inconfort à l’homme qui l’accompagne. L’image, toujours l’image, voilà ce qu’il faut à une sorcière. C’est comme son chapeau noir, sa robe noire, sa cape noire : si les gens respectent la fonction, ils doivent reconnaître celles qui l’incarnent de loin ; la hache ne faisant pas le nain, toute sorcière doit également faire ses preuves de près, sans quoi les attributs de la fonction n’auraient aucun sens. Ca, Esmé en fait son affaire, entrer dans la tête du grouillot moyen est un art dont elle maîtrise les arcanes, ses résultats avec des boutiquiers plus âgés et retors sont fort appréciables. La sorcière sait qui elle est, ce qu’elle vaut, et ne compte laisser personne la faire douter de cela. Elle sait précisément ce qu’elle vaut, et si un ego plus dur que le gravilay lui permet de faire face au monde, l’orgueil n’est pas un défaut par lequel elle veut se laisser miner. Ses petits tours de magie ont sans doute vaguement impressionné le libre entrepreneur, mais ce ne sont jamais que des tours de magie…

(Que n’importe quel vieillard en robe ayant pris la peine de naître avec des fluides peut exécuter pour peu qu’il ait assez respiré la poussière de ses manuscrits… Ce Gringoire a sans doute déjà fricoté avec des mages, du bon ou du mauvais côté de la loi, peu m’importe… C’est sans doute un coriace, à qui on a déjà fait des numéros en grand nombre… Mais avant la fin de ce voyage, je vais lui apprendre qu’une sorcière comme moi, ce n’est pas une vulgaire diseuse de bonne-aventure ou une mégère bonne à effrayer les paysans… Il connaît le chemin, soit… Il sait manier des arbalètes ; pourquoi pas, mais n’importe quelle brute sans cervelle ayant un peu d’œil et de réflexe sait le faire… Il va apprendre… Que je ne me contente pas de changer l’acier en glaise… Que ce qu’il a vu n’est que le début…)

L’après midi du deuxième jour de marche s’entame à peine alors qu’Esmé se livre à ces réflexions. Et la course du soleil se poursuit tandis qu’elle avance dans les pas de l’ancien scribe, chauffant bientôt plus leurs dos que leurs têtes. La pause du midi n’a été qu’un moment sommaire pour qu’Esmé trouve un buisson derrière lequel se dissimuler quelques instants aux yeux de Gringoire, puis pour que tous deux grignotent quelques tranches d’un pain noir et sec que firent descendre quelques gorgées d’eau. La marche de jour déshydrate les deux voyageurs, mais ils ne peuvent pas se permettre d’aller de nuit, ni l’un ni l’autre n’étant nyctalope ; aussi leurs outres se vident-elles plus vite qu’ils ne le désireraient. Les sources sont nombreuses – paraît-il – dans les plaines qui séparent les deux villes du nord de l’Imiftil, encore faut-il les trouver. Pour cela, les quelques années passées dans la garrigue sud de Tulorim donnent un avantage certain à la sorcière. Son compagnon est assurément un voyageur, que ses jambes peuvent porter loin, et son coup d’arbalète est assez sûr pour percer un lièvre surpris à la tombée de la nuit, mais il manque encore d’assurance en milieu sauvage : c’est un rat des villes avant tout.

Les indices ne manquent pas pour trouver de l’eau, dès lors qu’on sait les observer. Le vol des oiseaux qui plongent parfois pour chasser la myriade d’insectes qui ne manquent pas de se loger dans la moindre flaque, les traces des animaux venus s’abreuver, une végétation plus dense, où des plantes plus gourmandes sont autant de signes que peut lire l’œil averti.

« C’est la mer que je sens ? »

« Ouaip… Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais on a obliqué vers le sud-ouest depuis ce matin, peu mais assez pour nous tenir éloignés de la côte. Il faudra accentuer cela demain, pour éviter les marais que l’on trouve un peu plus à l’ouest d’ici. Une vieille route s’y perd, et pourrait nous mener à Yarthiss, mais je préfère que nous nous en tenions à tracer la nôtre dans cette brousse. »

« Pas la route, pas la côte. Au moins nous arriverons discrètement. Si nous ne nous perdons pas… » fait remarquer la sorcière d’un ton dur.

« C’est vrai. Mais croyez moi, ainsi nous ne pouvons pas nous perdre. J’ai déjà fait le chemin dans le sens inverse une fois. Certes, j’étais à cheval, et accompagné, mais je sais ce que je fais. J’ai autant envie que vous de m’en sortir, si ce n’est plus. J’ai une affaire à faire tourner, voyez-vous. »

« Et moi une vengeance à mener. Vous voulez jouer à qui a le plus gros enjeux ? Non ? Je vous fais confiance pour me mener à destination, et je ferai tout pour vous aider. Maintenant, marchons, j’aimerais autant trouver un véritable abri pour la nuit. »

Avant la tombée de la nuit, les deux fugitifs trouvèrent une source – un mince filet d’eau qui se frayait un chemin entre les pierres, qu’un orage suffirait à transformer en ruisseau pour quelques jours – et plus loin un assemblage d’arbustes bas et de buissons qui leur fournit un abri sommaire mais suffisant à leurs yeux : une masse sombre avec laquelle confondre leurs silhouettes endormies, il ne leur en fallait pas plus, car le vent ne les menaçait guère, et le ciel vierge de tout nuage révélait un magnifique étalage de constellations.

Malgré le relatif confort de leur situation, Esmé et Gringoire ne dorment que d’un œil. De nombreux dangers les guettent sur la plaine, et les pires ne sont sans doute pas les miliciens de Tulorim soucieux de mettre la main sur leurs anciens prisonniers.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Yarthiss
MessagePosté: Mer 29 Oct 2014 18:12 
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Je me souviens… Man Grenotte, sous ses airs de grand-mère débonnaire, avait un esprit d’une acuité rare, que je suis encore loin d’atteindre… A l’époque je ne savais pas, mais maintenant que le temps passe et m’apprend, les choses deviennent plus évidentes. Elle savait que mes fluides obscurs feraient partie de moi jusqu’à la fin de mes jours, elle disait toujours que comme un couteau, la magie n’est ni bonne ni mauvaise, cela dépend de l’usage que l’on en fait. Quand je lui parlais des dieux, elle riait sans me moquer, et me rassurait toujours en me rappelant que dans l’ombre règnent deux dieux.

« Ta vie, c’est tes choix, c’que tu fais. Va pas mett’ la faute sur l’dos des dieux, te crois pas plus importante que tu l’es, Esmé. Les dieux sont jamais v’nu t’nir la main d’un mourant à ma place, les dieux ont jamais passé l’pas d’ma porte pour m’donner une potion miracle pour soigner l’petit qui crevait d’fièvre. Ca, y z’ont mis sur l’monde d’quoi faire, le mal et le bien, et j’les r’mercie bien bas pour ça. Pour tout l’reste, respecte les dieux comme tu respectes les gens, et laisse-les à leurs affaires, à leurs héros. Occupe toi de ceux sur c’bas monde, y t’donneront bien assez d’souci. Bon, assez parloté, va donc surveiller l’feu sous l’alambic : une bonne flamme mais pas trop d’braise. »

Rejeter cette ombre en moi ? Jamais. Mais je ne pouvais ignorer ce que ma famille avait fait de moi durant ces quinze longues années. Comment je fus mis en nourrice, alors que ma mère avait toujours donné le sein au reste de ses enfants. Avait-elle peur pour moi, que les fluides en elle s’écoulent dans mon corps si frêle et viennent en menacer l’équilibre fragile ? Ou peur pour elle ? Je n’ai jamais su, ce n’étaient pas des choses dont nous devions parler. Un pareil rejeton dans une si noble lignée a entrainé des tabous que personne ne se risquât à briser.

Man Grenotte sentait quand les choses clochaient. Les nuits où les cauchemars me tourmentaient, elle était là pour me réveiller, pour me tenir la main malgré ce qui irisait ma peau, pour prendre le risque. Ca a duré les premières années, et puis elle a enfin pris la décision qui s’imposait.

« T’as des gens comme ça, si y sortent pas c’qu’y z’ont, y peuvent pas vivre. T’as des gars, si y restent assis toute la journée, y d’viennent fou, y dorment pas, y doivent abatt’ leur arbre, fend’ des bûches, r’tourner, la terre, c’que tu veux, faut qu’y s’épuisent. Quand c’est pas l’corps qui va pas, des fois c’est dans la tête : çui qu’en a gros sur la conscience, si y parle pas, si y s’met pas en paix avec c’qu’il a fait. Souviens toi, des fois les choses d’la vie, ça tient qu’à ça : faut savoir quand c’est bon d’garder, quand c’est bon d’laisser aller. Toi, t’es pareille. C’que t’as là, au fond d’toi, des fois faut qu’tu l’sortes. J’te d’mande pas ton avis. Tant qu’t’es sous mon toit, tu fais c’que j’te dis, parc’que c’est pas l’jour où ça va m’péter au nez qu’y faudra que j’m’en occupe. »

Cette femme avait une sorte de bravoure chevillée au corps, quelque chose qui aurait pu la conduire à aller réprimander un ours qui aurait eu l’audace de venir saccager ses ruches, sans qu’un seul frisson ne lui traverse l’échine. Alors le trop plein de magie d’une jeune femme ne l’inquiétait pas plus que ça. Avec tout le savoir glané ça et là au cours de son existence, et surtout une solide dose de bon sens, elle m’a amené à apprendre par moi-même à canaliser mon énergie. Quand j’avais fini toutes les tâches de la journée, elle me collait sur une souche et m’observait du coin de l’œil tout en écossant des pois, ou d’autres activités exigeant peu de réflexion et de force qu’elle se réservait pour admirer le déclin du jour sur les montagnes. Mes débuts ressemblaient à tout sauf à de la magie… Ou tout du moins l’idée que s’en font la plupart des gens. Pas d’effets, pas de semblant de formes, rien, juste cette émanation qui m’habitait depuis l’enfance et que je n’avais parfois pas su réprimer, à la grande horreur de mes proches avant que je quitte la demeure familiale… Un souffle sombre, délétère, incontrôlé… J’avais déjà vu une ou deux fois Man Grenotte à l’œuvre dans son lien avec la terre… Tout de suite quelque chose d’autre, ça oui ! Sans esquisser un geste, sans murmurer la moindre formule elle pouvait dresser une colonne de roche et la projeter vers un sanglier solitaire ayant la mauvaise idée de venir fouiller du groin ses plants de navets. Une grosse frayeur, sans plus, elle ne tuait jamais les bêtes, mais je la soupçonnais d’en être parfaitement capable. Sans le savoir – ou justement, en le sachant très bien mais en ne laissant rien paraître – elle m’a inspirée, guidée sur le chemin du contrôle de mes pouvoirs, son attitude a attisé ma volonté pour que je reprenne le pas sur cette part de moi-même.

Les heures furent longues, assises sur cette souche, et les nuits tombaient bien avant que je ne parvienne au moindre résultat. Hors de question de baisser les bras pour autant, car Man Grenotte m’observait, et par son regard je me jugeais. Ma progression fut semblable à ces stalactites qui se forment sous les toits : une à une, les gouttes de neige fondue par le soleil viennent geler à nouveau, plus bas. Au début, ce n’est rien, une bosse de glace qui ne laisse rien présager de son avenir ; les jours passant, on l’oublie, jusqu’au jour où la lumière vient jouer d’une manière différente dans cet épieu de glace, pour nous le révéler dans toute sa splendeur menaçante. Ainsi vint un soir où l’ombre fut plus distincte, plus matérielle, et prit forme sous mes yeux, aboutissement de plusieurs mois d’efforts. Au lieu de ce brouillard que j’expirais autrefois, une main noire s’étirait devant moi, tendue vers le vide comme en quête d’une cible.

« Ben voilà qui fait froid dans l’dos. J’crois qu’t’en auras fini avec les cauch’mars pour un bout d’temps avec c’que tu viens d’nous faire… Aller, rentre, l’fond d’l’air appelle un bon feu. Tu verras Esmé, l’plus dur c’est l’premier sort, l’premier vrai qu’tu dois maîtriser. Après les choses d’viennent plus facile, ça oui. C’est comme coudre : quand tu connais les points, tu peux t’faire des robes, des bas, des gants, et tout, et tout. Aller, va donc faire chauffer de l’eau, on va s’boire un peu d’tilleul. »



Esmé sait qu’elle ne trouvera pas le sommeil ce soir malgré la fatigue de la marche, et cette certitude a fait remonter les souvenirs alors qu’elle mange ses tranches de pain, avec un fromage jaune dur comme la pierre en guise d’accompagnement. Pour une fois, Gringoire ne cherche pas à bavarder, la marche de la journée lui a scié la langue autant que les jambes. Aucun incident notoire n’est venu troubler ce troisième jour de voyage, sinon qu’ils n’ont trouvé aucune source pour reconstituer leurs réserves d’eau, aussi boivent-ils avec un plus grand sens de l’économie. Cet état de fait rend nerveux le libre entrepreneur, qui n’a pas voulu allumer de feu.

« C’est pas normal, pas normal du tout. On aurait au moins dû entendre des chiens, voir des feux… Enfin ils ne nous ont quand même pas laissés partir comme ça ? »

« Sais pas » confesse Esmé, dans un murmure. « Pas que vous. Y’a moi. Et l’autre… Si ils ne nous poursuivent pas, c’est qu’il y a autre chose en œuvre, et c’est peut-être pire… »

« Eh bien s’il faut se battre, je me battr… » Gringoire manque de s’étrangler lorsqu’Esmé tend la main devant elle, le regard dans le vague. Une ombre s’est allongée au bout de ses doigts pour former plus loin une main dont les serres se fermaient dans la nuit comme pour saisir le vent. Après quelques secondes, l’apparition s’évanouit, et les traits d’Esmé se font moins tirés. Tous les souvenirs qu’elle a fait remonter de son passé se dissipe sous les étoiles, la pression dans son corps se relâche et sa voix retrouve sa fermeté.

« S’il faut se battre, nous ferons ce qu’il faut. Mais maintenant il faut dormir. Inutile de s’inquiéter aujourd’hui d’un lendemain sur lequel nous n’avons aucune prise. Bonne nuit. »

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Yarthiss
MessagePosté: Lun 3 Nov 2014 16:50 
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« Vous sentez ce courant d’air froid ? » lance Esmé sans ralentir sa marche, humant longuement l’air qui lui vient du Nord, du large.

« Ca vous inquiète ? »

« Non… Mais je n’aime pas ça. Jusque là, nous n’avons eu qu’un vent chaud d’ouest. »

« Bah, ce n’est que du vent, il faudra peut-être se trouver un abri pour la nuit » jette Gringoire par-dessus son épaule, citadin peu sensible aux influences climatiques, tant qu’elles ne lui déversent pas des seaux d’eau sur le crâne, ou des tombereaux de flocons.

« Je n’aime pas ça » se répète Esmé dans un murmure. Les présages, les signes de la malchance la laissent froide, et elle n’y croit guère ; seulement ne pas croire ne signifie pas pour autant faire fi de tout pressentiment, et de toutes les indications à sa disposition, aussi vaseuses soient-elles. Les renseignements nécessitent d’être pondérés, et en l’absence de toute vie croisée sur cette plaine, il est normal d’accorder un peu plus de crédit que de coutume aux incidents mineurs. En fait, Esmé appréhende plus une averse qu’un quelconque malheur, voire un mauvais rhume lié au changement brusque de température ; aussi resserre-t-elle les pans de sa cape autour d’elle pour couper le vent coulis et coule-t-elle ses pas dans ceux du bandit.

Vers la fin de l’après-midi, ils aperçoivent au loin une haute palissade, de laquelle émergent quelques toits, des cheminées fumantes, et tout autour des cultures. Gringoire s’empresse de corriger sa trajectoire, malgré les réserves de pain et de biscuits qui se font de plus en plus maigres ; l’eau ne manque pas encore, et il préfère serrer d’un cran sa ceinture plutôt que de laisser une trace de son passage sur laquelle pourraient s’appuyer d’éventuels poursuivants – même si l’absence de signes de traque le préoccupe actuellement plus qu’une chasse à l’homme. La sorcière ne fait pas de commentaire, se refusant à donner un signe qui pourrait être interprété comme de la faiblesse en soulevant la question des réserves ; elle n’est de toute manière pas très friande des contacts humains superflus, surtout lorsque ceux-ci sont susceptibles de soulever des questions gênantes. Elle les connaît un peu, les villages isolés : la curiosité est vive, la méfiance envers les étrangers tout autant, et nul doute que le passage d’un couple de voyageur aussi étrange que celui qu’elle forme avec le libre entrepreneur. Alors quand le tout vient se greffer sur certains sentiments mauvais, ou les logiques tordues d’éléments prétendument brillants, c’est une chaîne d’ennuis assurée pour individus de passage.

La présence d’un village est au moins le signe qu’ils approchent de la cité de Yarthiss ; par temps troublé, rien de plus normal que de ne pas s’installer trop loin d’une cité importante, ne serait-ce que pour une question d’approvisionnement. Les arbres ayant servi à l’édification de la barricade, par exemple, viennent très certainement de la forêt de Yarthiss ; de tels fûts ne pouvaient se trouver dans la plaine du nord de l’Imiftil.

« Chiérie de vent ! Le soleil qui nous cuit toute la journée et celui-là qui va nous glacer les os toute la nuit ! Un coup à choper la crève avant d’arriver à destination ! Par les tétons bleus de Yuia, manquerait plus qu’on se gèle les miches au point de passer deux semaines au lit ! »

Esmé lève les yeux au ciel en entendant le blasphème, se demandant une fois de plus comment les hommes faisaient pour jurer par de telles parties de l’anatomie des dieux – quelles têtes tireraient-ils s’ils entendaient leur compagnes invoquer les roustons roussis de Meno ? Sans doute le font-elles d’ailleurs, la sorcière avait déjà entendu des paroles bien plus vertes dans la bouches de femmes jugées par leur communauté comme des plus respectables ; jamais en présence d’hommes cependant, ce qu’Esmé n’a de cesse de déplorer.

« Une nuit, ce n’est qu’une nuit, et ce n’est que vent. Si on arrive à s’abriter, nous pourrons sans doute nous en tirer sans attraper le mal. » Esmé redoute moins le vent, mieux habillée que son compagnon, mais la perspective de devoir compter sur un malade – un homme malade qui plus est – ne la ravit guère. Allumer un feu reste possible, le libre entrepreneur a de l’amadou et un briquet à silex dans sa besace, les buissons et les herbes sèches ne manquent pas. La prudence relègue cependant cette perspective à la dernière place des actions à envisager, prudence paradoxalement exacerbée par le fait que rien ne la justifie depuis qu’ils ont franchi les murs de la milice de Tulorim.

Une heure de marche s’étire dans le crépuscule avant que Gringoire n’ouvre à nouveau la bouche pour lancer d’un ton réjoui : « Eh bien le voilà, notre abri ! »

Le dôme de terre se dresse, solitaire sur l’horizon, excroissance étrange sur la plaine dépourvue jusque là de tout relief significatif. Nulle végétation de le couvre, rien n’est venu pousser à son abri, et Esmé commence à douter qu’un animal ait creusé des galeries dans ce monticule. L’ensemble la dérange, à commencer par l’opportunité d’une telle découverte. Et de ses entrailles, au plus profond d’elle, là où se loge l’ombre, monte un frisson qui lui remonte l’échine, avertissement qu’elle ne peut ignorer.

« J’ignore si c’est une bonne idée, mais j’ai un doute soudainement. Poursuivons notre chemin. »

« Hors de question de continuer à me geler les miches pendant encore une partie de la nuit. » rétorque Gringoire. « Nous avons l’opportunité de nous abriter, et je ne vais pas m’amuser à crapahuter dans le noir au risque de ne rien trouver pour un doute. Vous avez peur soudainement ? »

« Non, pas peur. Mais je crois que ce n’est pas une bonne idée. »

« Eh bien continuez sans moi, si cela vous chante. Moi je dormirai ici. Et ne tirez pas cette tête, je ne vous demande pas de vous terrer dans un trou à gobelin, ou d’aller taquiner un troll dans sa caverne. On ne risque pas grand-chose au grand air. On peut même inspecter les lieux si ça vous rassure. »

Le frisson n’étant plus qu’une impression, les convictions d’Esmé se trouvent rattrapées par la réalité. Son doute s’effiloche comme elle considère les lieux, dépourvus de toute marque, de tout avertissement.

« Vous avez quoi à tourner comme ça ? Vous voulez marquer votre territoire ? »

« Très drôle, très drôle » Malgré la pique, la sorcière continue son tour du tertre, sans rien trouver, à sa grande déconvenue. « Je cherche des signes, des marques, quelque chose. »

« Et vous avez trouvé quelque chose ? » raille le libre entrepreneur.

« Non. »

L’évidence l’emporte un peu plus sur l’instinct. Rien n’avertit le voyageur que le lieu qu’il foule n’est pas une simple coïncidence géologique, sinon l’absence de toute autre végétation d’une herbe rase et malingre ; encore pourrait-on imputer cela à une mauvaise terre, ou à un autre phénomène naturel, songe Esmé.

« Bon, installons-nous pour la nuit. »

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Yarthiss
MessagePosté: Lun 3 Nov 2014 19:32 
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Qu’est-ce qui éveilla Esmé ? De longues nuits de veille auprès de malades, de mourants, de parturientes, de nourrissons guettés par les ténèbres l’avaient sans doute rendue plus attentives aux sons, même légers, inhabituels dans l’environnement où elle s’endort. A moins que les fluides d’ombres en elle n’aient tressailli à la perception de la magie à l’œuvre par cette nuit glaciale. Toujours est-il que la sorcière s’est sans doute levée au bon moment, alors que de la terre commençaient à émerger de squelettiques silhouettes.

« Debout ! Va falloir se battre ! » crie-t-elle en secouant d’un coup de pied dans les bottes Gringoire encore endormi, harassé par la journée de marche.

« Quoi ? Quoi ? » demande le bandit désorienté. Comme Esmé, il a acquis des habitudes propres à sa profession, et sa confusion à l’éveil ne dure que quelques secondes, aussi ne tarde-t-il par à repérer les formes humanoïdes qui émergent du tertre. « Par les balloches de Kubi, c’est quoi ce bordel ? C’est vous qui avez fait ça ? »


« Bien sûr que non. »

Les ombres sont maintenant au nombre de quatre, quatre créatures dont les deux humains ne doutent plus de la nature, malgré la faible luminosité prodiguées par la lune et les étoiles. Exhumés de leur tombeau, ce sont quatre squelettes qui déploient leurs membres décharnés pour en faire tomber les mottes de terre dont ils sont encombrés. Ont-ils déjà repéré les deux vivants ? Esmé n’a aucun doute là-dessus, persuadée que leur seule présence a tiré d’un repos éternel ces âmes damnées ; Gringoire en fiche, il a déjà armé une de ses arbalètes, encoché un carreau et tire.

La pointe d’acier vient se ficher dans la brigandine de cuir en décomposition du cadavre le plus proche, la traverse sans rencontrer de véritable résistance et se loge entre deux côtes. La forme titubante ne semble pas éprouver la moindre gêne, et un juron échappe au libre entrepreneur lorsque celui-ci réalise qu’il lui faudra en venir au corps à corps pour tenter de mettre en pièce ces assemblages d’os retenus par une sombre magie.

Esmé a porté la main au poignard qui pend à la ceinture de sa robe, l’arme offerte par le mercenaire qu’elle a sauvé avant l’automne. Plutôt que d’agir déjà, elle observe. Première conclusion : les squelettes sont lents, et elle pourra certainement leur en remontrer si elle se montre assez vive et mobile. Deuxième conclusion : ces squelettes, de leur vivant, ne tenaient certainement pas le même rang, deux sont vêtus comme de simples écuyers, et n’ont d’autres armes que leurs phalanges nues, tandis que les deux autres portent des cottes de mailles rouillées et brandissent des épées courtes et les poignées de rondaches dont le bois s’est depuis longtemps décomposé. Troisième conclusion : quelque chose dort encore sous le tertre, quelque chose de pire, de bien plus puissant.

Le coup de poing peut aussi bien être un coup de griffes, tant les doigts décharnés sont semblables à des serres ; un bon réflexe permet à Esmé de parer le coup en interposant la lame de son poignard, mais celle-ci parvient à peine à marquer l’os, et la sorcière sent la puissance de la frappe vibrer dans son bras, appuyée qu’elle était d’une magie sombre à même d’animer la carcasse menaçante. Un rapide coup d’œil, tandis qu’elle recule de quelques pas, lui assure que les squelettes armés sont encore assez loin, sur les pentes du tertre, comme attendant un ordre ; Gringoire de son côté malmène plus efficacement le mort qui l’assaille, ayant abandonné les arbalètes pour un solide coutelas.

La deuxième frappe est plus précise, plus assurée, mais surtout plus rapide, comme si le marionnettiste retrouvait de l’assurance. La kendrane se penche pour esquiver le coup, et balance un solide coup de pied dans la rotule du squelette. (Comme disait ‘Man Grenotte, de bonnes bottes peuvent faire plus de dégât qu’un coup d’épée, pour peu que l’on sache où frapper.) Et la sorcière compte bien démettre son adversaire articulation par articulation, à coup de bottines ferrées, si celui-ci s’acharne. Il n’en ira sans doute pas de même pour les deux cadavres armés, mais ceux là, elle compte s’en occuper plus tard. « Un problème à la fois… »

« On doit fuir, ils sont pas rapides, on peut les semer ! » Le cri de Gringoire n’est pas marqué par la peur, et sa proposition ne relève pas de la lâcheté : simplement, dans ses affaires, il a appris que se battre pour rien n’a aucun sens. Et Esmé n’est pas loin de partager son avis. Seulement, tandis qu’elle esquive une tentative de son adversaire pour lui décoller la tête des épaules, elle ressent le heurt violent d’une vague d’angoisse, déferlement dont le cœur n’est autre que le tertre. Le libre entrepreneur l’a aussi compris, mais il n’en a pas saisi le sens aussi bien que la sorcière : à chacun son domaine d’expertise.

« Non ! Surtout pas ! Le pire est encore sous terre, à venir ! Il faut tenir ! Il faut tenir ! » l’avertit Esmé, s’efforçant de ne pas laisser la panique transparaître dans sa voix.

« Ben tenez si ça vous chante ! ». Un coup de coutelas vient disloquer les vertèbres du squelette, la force l’emportant sur la magie, le débarrassant pour l’occasion de son principal adversaire. Les deux cadavres armés n’ont pas encore bougé, renforçant le malaise d’Esmé. « Moi je sauve ma peau. »

Les coups pleuvent sur Esmé, qui, moins exercée au maniement des armes que son compagnon de voyage, se borne à esquiver plus qu’à parer, la plupart du temps en reculant. A mesure que ses pas l’éloignent, elle sent pulser une magie inquiétante au cœur du tertre, dont les effluves épuisent ses résistances de secondes en secondes. Le bandit, insensible à ces influences, se saisit de ses arbalètes, balance sur son dos son sac saisi à la lanière et s’élance vers l’ouest, désireux de mettre la plus grande distance entre lui et le tertre, sans même un regard pour la sorcière. Sur la butte, les deux guerriers relevés attendent toujours.

A dix enjambées à peine, voilà qu’un ombre s’élance de la terre, un bras puissant, une main sinistre, une maîtrise de l’obscurité qu’Esmé connaît, mais qu’elle n’atteindra probablement jamais. Comme on saisit au vol un moucheron, l’excroissance de ténèbres cueille dans la nuit le gredin en fuite, le happe et le tire à la fois vers l’élévation du terrain. Pas un cri, pas un bruit humain ne vient troubler le silence de la nuit, retentit seul un sifflement macabre ; les lèvres d’Esmé sont closes, de sa gorge ne peut monter un cri.

« Oh et puis merde ! » Crier rallume en elle une flamme, celle de sa colère. « On m’a foutu en taule, une garce est venue pourrir mon existence, et maintenant les morts s’y mettent ? Ah ça non ! Je vais vous faire passer l’envie de me ruiner l’existence avec vos affaires ! »

L’absurdité de la situation lui passe par-dessus la tête, une chape de détermination se coule dans son esprit, neutralisant la frayeur, les questionnements, tout ce qui entraverait son action. Dans l’opacité du monde endormi, il n’y a maintenant plus qu’une femme en proie avec les forces de l’univers qui l’entravent. Le squelette désarmé subit une pluie de coups de couteau, peu efficaces mais assez prononcés pour le faire reculer. Les deux autres ne bougent pas, et tant mieux, se dit la sorcière ; elle compte bien leur infliger le même traitement qu’au premier s’ils s’avisent de lui chercher des noises. Gagner n’est même plus en ligne de compte, pas plus que survivre : pour la femme qui se dresse contre les morts, seule compte l’action. Mourir n’est pas une option, elle n’envisage même pas son trépas : ses ennemis ploieront, voilà tout ce qu’elle envisage.

Et comme elle frappe, elle arme son coup, cherche la bonne position. Ne se souciant plus de la décence, de ce que pourraient penser les spectateurs ou, pire, de ce qu’ils pourraient voir, elle lance plus haut son pied que la première fois, et y canalisant toute son énergie, le dirige vers le torse du cadavre animé. Sous l’impact d’un bel ouvrage de cordonnerie, conçu pour corriger autant que pour assurer de longues marches confortables au propriétaire, et du ki soutenant le coup, les côtes volent en éclat, prélude à l’effondrement complet de la structure osseuse que la magie quitte dans un souffle.

Débarrassée de son opposant le plus proche, Esmé se risque à jeter un coup d’œil au corps allongé de Gringoire : pour ce qu’elle peut en voir, il pourrait aussi bien être mort. Aucun mouvement n’attire l’œil, pas un son, pas une plainte ne vient à ses oreilles, et il fait bien trop sombre pour qu’elle puisse percevoir le soulèvement de sa poitrine – c’est à peine si elle distingue assez les mouvements des squelettes pour les éviter.

« Eh ben venez donc, charognes ! Venez donc tâter de mes bottines ! Au lieu de vous en prendre à un pareil gringalet, essayez donc de voir ce que c’est que de réveiller une sorcière ! »

La provocation est vaine, mais vibre de sincérité, tant la sorcière est déterminée à corriger ces morts-vivants, comme un met une fessée à un gamin trop insolent. Pour elle, il n’y a pas de distinction dans l’offense, tous ceux qui se mettent en travers de son chemin doivent subir le même sort. La colère ne l’aveugle pas en submergeant ses peurs, en lui ôtant tout esprit d’analyse, elle alimente des penchants qui conduisent Esmé à opposer à ce qu’elle a sous les yeux sa propre vision du monde, et qui dans le même temps lui donnent la détermination pour tenter de faire coïncider le monde avec la vision qu’elle en a.

Peu au fait de la subtilité d’un tel raisonnement, qu’ils ne peuvent concevoir, faute de cerveaux adaptés à la réflexion, les deux squelettes armés se mettent en mouvement vers la sorcière, avec une lenteur plus inquiétante que risible. Et au même moment, la terre se soulève une nouvelle fois.

La pierre du tombeau jaillit vers le ciel, repoussée par la magie comme s’il ne s’était agit que d’une simple feuille morte, pour retomber à une dizaine de mètres du tertre, volant en éclat sous la violence de l’impact. Les deux guerriers morts-vivants s’arrêtent, s’écartent, pour laisser la voie libre à un cadavre autrement plus imposant que ceux qui l’ont précédé. Son armure sombre n’a pas subi les assauts du temps et de la nature combinés, aussi vierge de toute souillure qu’au jour de sa forge, elle paraît absorber le peur de lumière que dispensent les astres, si bien que la silhouette se découpe plus nettement dans la nuit, ténèbres plus profondes que les ténèbres, que si mille flambeaux l’avaient illuminée. Ses mains, coulées dans deux gantelets hérissés de piques, soulevaient deux lourdes lames faites du même métal que l’armure, incrustées de gemmes opalescentes. Le casque, élément le plus impressionnant de l’ensemble sans doute, figurait la gueule ouverte d’un dragon, une gueule ouverte sur un crâne d’ivoire, aux orbites creux au fond desquels brûle une lueur de braise.

« Tu mourras, femme. »

« Ca, c’est ce que tu crois, parce que tu es trop mort pour te servir de ta cervelle. »

Et comme Esmé prononçait ces mots, un objet la survola, achevant sa course en arc de cercle derrière le mort-vivant en armure. Un fracas de poterie brisée et un liquide à l’odeur entêtante se répand, pour aussitôt s’enflammer au contact de l’air, embrasant les deux squelettes restés en retrait. Avant que la sorcière n’ait le temps de réaliser ce qui vient de se passer, et d’identifier l’origine de ce projectile pour le moins étrange, le chevalier noir frappe le sol de ses épées, provoquant un souffle qui projette la kendrane vers l’arrière, lui coupant la respiration et lui brisant quelques côtes au passage. Quand, après quelques secondes de désorientation, Esmé parvient à se remettre à genoux, non sans douleur et une toux violente qui lui fait cracher du sang, elle distingue une autre forme qui s’est avancée derrière elle. Brandissant une longue épée, il fait s’abattre sur lui une colonne de lumière, avant de se fendre vers le colosse en armure. Ce dernier parvient à parer la lame, mais ses propres armes se brisent dans un jaillissement d’étincelles.

« Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ? » souffle Esmé, avant de s’évanouir.

_________________
Esmé, sorcière à plein temps


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