Trajet 1CONTENU POUVANT CHOQUERNuisibleComment une quelconque vie pouvait vivre dans cet environnement ? Comment s’habituer à ces conditions horribles, cette saleté, cette eau si verte et mortelle. Y’ avait –il quelconque vie dans cet étrange endroit ? Quelles seraient ces créatures qui peupleraient un tel lieu si néfaste ? Les raisons qui pousseraient quelqu’un à habiter dans les parages devraient être vraiment folles. Le danger doit rôder sans cesse, ici. Bêtes et plantes dangereuses sont sûrement les pires problèmes des habitants de cette région. Personne, personne ne pourrait s’accommoder à cet entourage auquel il faut toujours se méfier. Même y passer la nuit tels des maraudeurs serait une tâche demandant attention et précaution. Rare sont ceux, d’après Exhen, à s’aventurer dans ces parages. De part cette chaleur atroce qui s’empare des muscles et les engourdissent, d’autre part un danger animal pouvant s’avérer être fatal même pour les plus forts.
Le semi-elfe ne comprenait pas pourquoi le conducteur avait décidé de faire escale ici. C’était dangereux, et loin d’être confortable. Ils devraient prendre garde toute la nuit, peut-être même Exhen devrait-il se lever en pleine nuit et défendre ses compagnons, car pour l’instant aucun des humains avec le quel il se trouvait n’avait l’air de savoir se défendre. La nuit s’était abattue sur Imiftil. Les torches placées sur les côtés de la diligence étaient très utiles et permettaient au conducteur de bien voir les alentours de la route, et d’apercevoir les dangers. A n’importe quel moment un terrible animal pouvait leur sauter dessus, dérangé par le bruit des roues et du chahut des chevaux. Le conducteur était habitué à ce genre de voyage, il ne passait pas soucieux, à l’inverse d’ Exhen. Il observait par la fenêtre les alentours, essayant de deviner des formes suspectes mais en finissant à chaque fois par conclure que c’était tout simplement des vieux troncs obscurs. La famille non plus ne s’inquiétait pas, sans doute étaient-ils passés par ce même chemin à l’aller. Exhen s’interrogea sur la position où ils se trouvaient par rapport au continent. Il déduisit qu’ils avaient peut-être déjà traversé la moitié de la route qui sépare Yarthiss de Tulorim. Une journée de plus serait sans doute suffisante à terminer ce voyage.
La forêt qui bordait la route se laissait traverser par des rivages lents et silencieux. Leurs eaux ne laissait paraître aucune ombre, la nuit camouflait les quelques animaux qui s’aventuraient dans les buissons et Exhen, pendant ses quelques minutes d’observation du territoire, ne put parvenir à apercevoir des choses vivantes bouger.
« Pas un chat… »Il s’était mis à l’idée de partir en quête de nourriture ce soir-là. Les gibiers qui l’intéressaient étaient alors les proies les plus inoffensives… Un lapin, un rat de forêt… Un peu de viande sur le feu ferait l’affaire et lui changerait des fruits qu’il devait manger toute la journée. Les vitamines lui seraient très utiles et cela lui ferait du bien. Et puis il ne voulait pas accepter le repas offert par le conducteur. Même si cela était compris dans le voyage, les envie d’Exhen restaient de s’entraîner au combat par la chasse, au début contre des animaux non dangereux. La chasse demeurait très utile pour l’entraînement du semi-elfe, et il songeait déjà à comment s ‘améliorer, lorsqu’il aurait atteint un niveau bien plus haut.
« Existe-t-il des endroit spécialement pour cela. Des centres d’entraînement, ou de magie. D’enchantement ? »Son expérience dans ce domaine ne lui permettait pas de savoir cela. Il n’avait jamais su comment son grand-père » s’était procuré ce savoir, cette maîtrise des armes et du combat. Il se disait, lorsqu’il était petit, qu’Argus était né comme ça, avec ce don. Mais aujourd’hui, Exhen est quasiment sûr qu’il existe des endroits pour se battre et s’améliorer. Dans les grandes villes qu’il traverserait il cherchera.
La diligence arriva lentement dans une sorte de place naturelle. Un grand rond de terre formé par Dame Nature fit office de campement pour « l’équipe ». On aurait dit que cet endroit avait été aménagé spécialement pour ce genre d’arrêt. Le sol était moins dur que la route, plus confortable mais il valait tout de même mieux un bon drap épais pour ne pas se faire mal au dos. Le conducteur, qui pensait à tout pour ses clients, ouvrit une sorte de petite trappe sous la diligence, vers l’arrière. Il en sortit un gros paquet de draps d’un tissu qui avait l’air du même genre que la chemise d’Exhen, et le posa par terre dans un bruit sec. Il se frotta les mains comme pour s’en retirer de la poussière que lui avaient mis les draps, puis les déplia un à un en faisant bien attention à ne pas faire de plis. Il y en avait cinq. Il les mis en rond en laissant environ deux mètres de diamètre » au milieu, sans doute pour faire un feu, pensa Exhen. La famille et le semi-elfe étaient sorti et admiraient l’homme faire sa besogne.
La nuit était pleine. On ne voyait même pas la cime des arbres. Tous les bruits de la nuit, des animaux, s’emparaient de place dans un tumulte naturel qui enchantait les oreilles des personnes s’y trouvant. Les criquets, les grenouilles, les oiseaux, tout ça plaisait eux voyageurs car ils se rendaient alors compte combien la nature était belle. Et cela leur changeait des bruits de la ville qui souvent leur bouleversait leur sommeil. La lune n’était pas pleine mais elle rayonnait tout de même dans le ciel où les étoiles paraissaient des millions. Il n’y avait pas de nuage. La chaleur était moins pesante qu’à l’arrivée dans les marécages. La fraîcheur avait été apportée par la nuit. Et bientôt il fallait même s’armait d’un vêtement en plus pour ne pas trembler de la tête aux pieds. La famille s’habilla chaudement pour le repas. Le conducteur avait en effet mis en place un feu au milieu qui réchauffa les voyageurs, assis chacun sur leurs draps et causant de banalités ressortiers à chaque repas avec des invités. Le genre de banalités qui remplit bien une discussion avait des personnes qu’on ne connaît pas trop encore. Une aventure ou deux, quelques anecdotes rigolotes, de peurs ou des expériences qui nous laissent de bons ou mauvais souvenirs… Exhen écoutait pour l’instant, la discussion du père avec le conducteur. Exhen s’en fichait un peu, pensant à comment il irait ce soir chercher à manger tout seul, dans les environs. Il ne devait pas s’aventure trop loin, pour ne pas se perdre. Il devrait mémoriser son chemin, et faire attention à où il mettrait les pieds. Le hululement des animaux rappelait au semi-elfe son enfance. Il avait souvent dormi à la belle étoile. Dans son jardin. Cela lui rappelait une bonne époque.
La mère complétait les explications de son mari en ajoutant des remarques qui faisait détourner le regard du conducteur. Il paraissait étrangement intéressé, captivé par les paroles de ses clients. Machinalement il acquiesçait par les mouvements les fins de phrases du père. Dés fois il s’aventurait à raconter lui aussi ses histoires du passé » mais tout de suite il était coupé. Son attention restait pointée vers le père qui parlait fort. Le père avait des tas de choses à raconter, sa famille l’écoutait aussi, même si elle connaissait déjà toutes ces anecdotes par cœur. Ils étaient tous polis entre eux, mais pas vraiment vis-à-vis du conducteur, qui ne pouvait pas dire un mot. Il attendit alors à moment de silence pour placer une phrase qu’il cherchait à exprimer depuis déjà quelques minutes.
« Je vais vous chercher de quoi manger. »« Ne vous en faites pas pour moi, je m’occupe moi-même de mon repas. Je reviens dans la soirée, ne vous en faites pas pour moi. » Annonça Exhen du même ton que celui du père, pour bien faire comprendre aux autres ce qu’il s’apprêtait à faire.
« Des carnivores rôdent près de marécages, non loin d’ici. »« Je ne chasse pas ce genre de prédateur. Un lapin me suffira, ou bien deux… je verrais là-bas s’ils sont plutôt grassouillets ou non. »Le conducteur, qui avait dévoilé auparavant son identité, Erwan, se retourna rapidement en direction de son gros sac qu’il tenait derrière lui puis sortit quelques morceaux qu’il mît à cuire au-dessus du feu. Des barres noires suspendues soutenaient les aliments qui grillaient doucement, en crépitant. L’odeur fut délicieuse.
« Etes-vous certain de… »Exhen fit un geste de la main exprimant son refus net. En se levant, il souhait bonne appétit à la famille ainsi qu’au conducteur, qui l’épiait curieusement. Exhen s’apprêtait à entrer dans les fourrés, à limite de la place naturelle, lorsqu’il entendit un appel venant du centre.
« Attendez, j’aimerais faire partie de cette partie de chasse nocturne, si vous n’y voyez pas d’inconvénient. »« Perceval, que te prend-il !? » rétorqua la mère bruyamment, interrompant le silence qu’il eut après la réplique du fils.
« Grandir. Connais-tu ce mot, maman ? » Répondit Perceval.
La mère, bouche bée, ne sut quoi répondre. Quel outrage, pensait-elle lorsqu’elle vit son fils s’avançait vers Exhen.
« Alors, qu’en dites-vous, j’ai mon arc dans mon sac. Il se trouve dans la diligence, sous notre banc. Je vais le chercher. »Il revint quelques secondes après, arc à la main, carquois dans le dos, sourire aux lèvres. Exhen haussa les épaules. Les deux partirent dans la nuit.
La mère, insultée, énervée, mangea sa cuisse de poulet en s’en mit partout. La famille était gênée, le conducteur riait intérieurement d'un fait auquel il avait pensé. Un fait légèrement stupide...
« Elle mange ce qu’elle est. Une maman poule. »____________________
Le duo parti, un lien invisible s’était crée entre les deux êtres sans qu’ils ne s’en aperçoivent. Ce lien allait peut-être durait éternellement, peut-être pas. En tout cas, les deux futurs amis commençaient pour leur première fois une action collective, en équipe. Leur but était à eux deux le même : avoir conscience de leur réel niveau. Ils pourraient ainsi envisager telle ou telle chose pour s’améliorer. Il y a un début à tous. Cette chasse nocturne serait prétexte de la découverte de ce début. S’ils étaient vraiment destinés à être ce genre de personne, ils allaient bientôt le savoir, en fonction de leur comportement suivant la situation. On ne sait pas ce qu’il pouvait arriver dans ces lieux dangereux, même s’en trop s’éloigner, des accidents sont si vite arrivés. Les alentours sont pleins de bêtes agressives, en plus. Le conducteur l’avait confirmé tout à l’heure, avant d’arriver sur la place naturelle, l’agora. De toute façon, un tel lieu ne pouvait être très amical. Exhen s’en était déjà douté. Mais la curiosité de la découverte de ces terrains ainsi que l’envie d’accomplir sa première action ayant un rapport avant le combat l’avait poussé à entreprendre cette chasse, à la base tout seule, sans cet invité encore pas très bien connu.
Ils marchaient doucement, se faufilant entre les buissons et les troncs morts, évitant les carrés de boue, de sables mouvants qui dés fois laissaient dépasser des petits t’as d’os, sûrement d’un animal désespérément tombé dans ces pièges à malheureux. Pour le moment, ils tentaient de ne pas déranger le fond sonore de la nature, en évitant de faire craquer des branches, de parler fort. Ils passaient inaperçus et c’est ce qu’ils recherchaient.
Ils savaient que la chasse était art furtif qui demandait concentration et attention, ainsi que larges précautions.
La chasse était transmise à la plupart des familles ayant au moins un membre faisant partie d’un ordre militaire. La chasse est la première étape dans une carrière militaire. Elle forge un enfant, le prévenant de la violence du monde. La chasse demande beaucoup d’insensibilité, de la barbarie. Un sang-froid est exigé. Ce sang-froid qui plus tard sera le principale atout d’un guerrier – quand je dis guerrier je sous-entends tout ce qui y touche que ce soit du magicien jusqu’à l’archer – car il n’y a pas que sa force et sa dextérité qui comptent, mais bien d’autres choses qui sont mises en jeu. La chasse apprendra cela à chaque petit ayant rêvé comme Exhen. Ce rêve qui touchait la plupart de enfants, qui se réalisaient pour les plus persévérants et les plus motivés, quelque soit le chemin qu’ils prenaient. Exhen ayant choisi le chemin de l’apprentissage par lui-même, sans aide spécifique. Les plus courageux préfèrent en général ce chemin, même si c’est sans doute le moins aisé. Le résultat en est bien meilleur. Ceux qui sont passés par cette voie restent les plus talentueux dans une armée, les plus utiles dans un groupe et les plus compétents dans une équipe. Moult apprentis ne sont plus des nôtres, à cause des multiples dangers auquel ils avaient fait face. Certes, il faut prendre des risques, mais ne pas non plus foncer dans le tas. L’apprentissage doit être lent, mieux vaux y passer plusieurs dizaines d’années que y perdre la vie au bout de quelques mois d’impatience. C’est aussi cela, le bon côté d’un guerrier : la patience.
La patience fait partie du sang-froid, elle s’apprend et s’agrandit durant la chasse. La seule caractéristique non apprise à la chasse et la force. A part contre des gros gibiers tels que de sangliers ou des loups, la force reste la plupart du temps inutile. A quoi bon forcer son arme sur un lapin, si pour faire ensuite griller des copeaux de chair ? Au niveau de sa force, Exhen songeait à la bâtir et la doubler – ou même mieux encore la tripler ! - au fil du temps. S’il accomplissait une carrière de guerrier, chaque jour pour lui compterait comme un jour d’entraînement physique, non ? Argus n’avait sans doute pas eu besoin de se muscler plus qu’un autre, porter une armure lourde ainsi qu’une arme non moins légère – comme Eruadan, sa masse d’armes – feraient office de poids permettant une croissance considérable du potentiel physique d’Exhen. Sion poids vestimentaire ? Pas pour l’instant. Mais un débutant comme lui ne saurait quoi faire d’une armure renforcée qui le contraindrait à ralentir chacun de ses mouvements. Il en portera une plus tard, lorsqu’il aurait acquit une certaine expérience. Et qu’il se sera lassé de ces vieux habits en cuir non très résistants à une arme bien coupante.
« Avez-vous déjà chassé ? « Non. Silence. »Exhen sut qu’il fallait rester discret. Les animaux ne parlent pas, mais ils savent que l’humain oui. Il fallait rester furtif dans ces bois sombres. De plus, ils auraient tout le temps de discuter le lendemain. Ils devaient cette nuit-là se consacrer totalement à cette chasse. Il ne fallait changer de sujet, et une discussion ne rendrait pas cela facile.
« Arrêtons-nous quelques secondes » Chuchota Exhen lorsqu’il s’était discrètement approché de son compagnon.
A présent, un large 300 mètres les séparait de l’agora, leur point de départ et d’arrivée. Au milieu du rien, deux êtres côte à côte écoutaient attentivement, sans faire aucun bruit – même leur respiration était coupée – en observant les quelques arbustes qui pouvaient abriter des petits gibiers inoffensifs. En-dehors du vacarme naturel des dizaines d’animaux bruyants, les deux remarquèrent ce bruit inhabituel. Exhen essaya de catégoriser ce son. Des pas. Un petit craquement de bois. Cela n’était pas très loin. Et même les bruits se rapprochaient lentement. Le même bruit à peu près qu’eux lorsqu’ils marchaient au début, sans faire attention à ne pas passer par les parterres habilités à attirer produire un certain son non discret. Perceval et Exhen observaient dans la même direction. Une ombre bougeait, mais ils semblaient aux deux hommes que ses mouvements montraient que la chose ne les avait pas remarqués. Elle semblait recroquevillée. Environ de la taille de Perceval, ils crurent à un ours qui s’étaient mis debout quelques secondes, ou bien pire encore… Un monstre encore inconnu pour les deux jeunes gens.
Perceval prit son arc, dont le fil était mis autour du dos de sorte que l’arc en lui-même tenait tout seul. Le fil partait de l’épaule gauche, derrière, et finissait sur la hanche droite. Pas très esthétique, mais pratique. Et puis il faisant nuit. Aucun regard jugeur. Une flèche fut placée et vissée vers cette ombre suspecte.
Exhen fit un signe de main pour indiquer d’attendre encore un peu. Il tenait son arme à la main, au cas où.
L’ombre se rapprochait maintenant de face au duo. Plus rapidement. Lorsqu’elle se trouvait à quelques mètres, elle grogna de manière bizarre. Elle tenta de se retourner pour fuir mais à ce moment elle tituba puis tomba en agonisant bruyamment. Dans le bas du dos, le sang coulait jusque dans l’gerbe humide alentour. La flèche en bois profondément enfoncée touchait le système nerveux de la cible. Dans un râle de souffrance, elle tentait désespérément de se relever. Exhen ne devinant pas de quoi il s’agissait, il prit son arme à deux mains et avec un effort considérable, la leva et l’abattit sur leur gibier.
Un craquement bizarre suivi d’éclaboussures de sang dégoûta un peu Perceval, qui s’agenouilla pour reprendre ses esprits. Exhen avait le visage rouge. Maintenant, l’animal était couché. Le sol, envahi par ce liquide brillant, ramassa les morceaux d’os qui étaient emportés par les petites vagues de sang. Exhen recula car il ne voulait pas être assaillit par cette montée de liquide. Il contourna le corps et s’en approcha sur le côté. Il le tira par les bras ensanglantés jusqu’à Perceval. L’humain, éclairé par la lune, reconnut alors cette cible. Elle avait tout l’air d’être un chasseur. Exhen balbutia quelque chose d’incompréhensible. Il lâcha le corps qui se déposa dans un bruit mou sur le sol.
Perceval commença à pleurer de cette tragédie. Exhen reprit son sérieux, il le gifla.
Perceval dût également se rendre compte que la faute était à « pas-de-chance ». Exhen, avec conviction, extirpa de la ceinture deux petites sacoches qui renfermaient quelque chose. Il les laça dans son sac à lui puis avertit Perceval qu’il se faisait tard.
Très bouleversé, le duo rentra lentement, ayant mémorisé » leur chemin à l’aller.
« Tu connaîtras bien pire que ça. » Lui expliqua le semi-elfe.
Perceval ne parlait plus. C’était la première fois déjà qu’il tuait un être vivant. Mais en plus un humain. Cela resterait sans doute gravé à jamais dans sa mémoire. Exhen, apparemment résolu à ne pas montrer extérieurement ses émotions, restait quand même profondément frustré par l’incident.
(… La vie nous réserve parfois des surprises. Il faut savoir les prendre comme elles arrivent. Ne pas être la victime. Ne jamais être la victime des évènements. …)Au retour, les deux « chasseurs » ne surent pas préserver cette tranquillité gardée à l’aller.
En quelques minutes à peine ils arrivèrent au campement. Exhen s’était nettoyé le visage avec de l’eau des marécages. Elle puait, mais cela ne faisait rien. Il avait également nettoyé son arme du sang qui la collait. La famille dormait déjà lorsque le duo arriva en essayant de ne pas les réveiller. Le feu n’était pas encore éteint. Le conducteur dormait aussi, sur l’avant de sa diligence, attachée aux chevaux qui étaient étalés par terre. L’odeur et l’état de la grille du feu expliquaient que le repas avait été correctement servi. Exhen prit une des deux poches trouvées sur le corps, l’ouvrit et en tira une pate blanche coupée à un lapin. Cela lui suffirait. Il pensa à son ami qui le regardait.
En effet, Perceval avait tout de même fait sa part des choses. Il en méritait donc autant.
Exhen sortit cette fois ci la tête dont les yeux étaient exorbités. Il y avait assez de viande là-dedans pour nourrir un petit gosier comme celui de Perceval.
Une fois les morceaux mis à cuire, ils s’allongèrent respectivement à leur place. Exhen s’allongea en repensant aux évènements de la soirée et Perceval l’imita. Perceval était bien plus choqué que le semi-elfe, et cela se voyait. Mais Exhen avait cinquante ans, en âge humain. Sa sensibilité avait quasiment disparue. De nombreuses expériences l’ont autrefois habitué à ce genre de violence.
Ils mangèrent rapidement, fatigués par le voyage de la journée et par cette chasse nocturne. La viande était bonne et Perceval mangea toute la tête sans exception. Trier ne lui disait rien du tout, malgré le goût amer des yeux et de la bouche.
Ventres remplis, ils se dirent chacun bonne nuit poliment sans trop discuter. Exhen remonta le drap jusqu’à hauteur de ses épaules et plongea dans un profond sommeil. Il s’était habitué au tumulte des oiseaux et des criquets. Avant de s’endormir, le semi-elfe pria intérieurement pour le chasseur malheureusement mort. Il respecte les défunts.